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Hikana
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CHAPITRE ONZE

SUN

AprĂšs avoir passĂ© la journĂ©e Ă  essayer d’entraĂźner les Stars, je suis bien la seule Ă  ĂȘtre restĂ©e tard sur la glace.

J’ai, en quelque sorte, sĂ©chĂ© les cours, me vint-il Ă  l’esprit.

Rien de bien mĂ©chant : Ă©tant la meilleure Ă©lĂšve de Princeton, je sais que cette journĂ©e, je la rattraperai sans difficultĂ©. Cameron m’a envoyĂ© les rĂ©visions et les fiches, prises depuis son tĂ©lĂ©phone, par mail, pour que je ne loupe rien.

Cameron est une jeune femme incroyable, bien que l’idylle qu’elle a eue avec mon pĂšre n’ait pas tenu. Il l’a sĂ»rement quittĂ©e en dĂ©couvrant qu’elle Ă©tait bien trop jeune pour lui, et a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas poursuivre, sĂ»rement Ă  cause de son statut social.

Je vois dĂ©jĂ  les gros titres sortir sur les magazines et sur les rĂ©seaux sociaux : Andrew, le multimilliardaire : passionnante idylle avec une Ă©tudiante de l’universitĂ©.

Il est seize heures et il n’y a plus personne. Tout le monde a dĂ©sertĂ© les lieux, tandis que je me suis entrainĂ©e sans relĂąche pour me familiariser avec le patinage et les patins usĂ©es de l’universitĂ©.

Je termine le dernier axel que m’apprĂȘte Ă  exĂ©cuter.

Je prends de l’élan et glisse sur la courbe extĂ©rieure de mon patin gauche. Mon regard reste fixĂ© droit devant, pour prendre une bonne bouffĂ©e d’oxygĂšne.

Le froid de la plaque de glace mord mon nez et mes joues rouges. Je ne suis pas d’habituĂ©e Ă  la fraicheur hivernale.

D’un mouvement souple, je plie le genou, ouvre les bras de façon coordonnĂ©e puis lance ma jambe libre vers l’avant pour un arc prĂ©cis, celui que maman utilisait pour tromper ses ennemis. Le silence de la patinoire est inaudible, seuls les lames de mes patins Ă©mettent du bruit. Mon corps quitte le glace s’élĂšve dans les airs, les bras refermĂ©s contre ma poitrine, je me sens presque capable de toucher le ciel. Je fais un demi-tour sur moi-mĂȘme et avant l’atterrissage, en arriĂšre mon pied droit retouche une nouvelle fois la patinoire. Mon genou amortit l’impact et les bras se dĂ©ploient en grand pour stabiliser la sortie.

Maman tu peux ĂȘtre fiĂšre de moi. J’ai enfin rĂ©ussi Ă  surpasser les dĂ©mons qui me tourmentaient depuis notre accident. J’ai compris qu’il faut se battre pour avoir ce qu’on veut.

Cette annĂ©e, je peux retourner dans une patinoire et je suis prĂȘte Ă  dĂ©molir les Warriors.

Une fois mon spectacle terminĂ©, je me dirige dĂ©libĂ©rĂ©ment vers les vestiaires pour prendre une douche. Je tire le battant du casier et j’attrape mes affaires. Un bruit surgit de nulle part, mes yeux se posent sur les interstices de la porte en mĂ©tal. À ma gauche, une silhouette se tient adossĂ©e contre les compartiments et son soupir brise le silence de la salle.

Qui peut bien ĂȘtre restĂ© ? Je n'ai vu personne entrer.

Alors que je repousse le battant, je surprends Jagger en train de jeter un regard dans ma direction.

— Qu’est-ce que tu fous ici, Jagger ? lui demandĂ©-je.

— Et toi, pourquoi t’as repris cette Ă©quipe ? Pourquoi t’es revenue au hockey ? me questionne-t-il intriguĂ©.

— Je te pose des questions, moi ? Non. Alors Ă  l’avenir, Ă©vite de venir me faire chier.

En quelques grandes enjambĂ©es, il rĂ©duit la distance entre nous. Il saisit ma main, prĂȘte Ă  lui dĂ©crocher une claque, et la plaque violemment contre le casier.

Ses lĂšvres frĂŽlent lobe de mon oreille avant de me susurrer :

— Je crois que finalement je vais l’aimer cette Sun.

— Ne t’y habitue pas trop, Jagger. J’ai un vrai don pour la vengeance et pour les coups bien placĂ©s.

— Alors je n’ai pas besoin de t’expliquer pourquoi j’ai racontĂ© ça devant l’autre lĂ . On se revoit bientĂŽt sur le terrain, capitaine des Stars !

*

* *

Café à la main, je porte le gobelet à mes lÚvres et déguste la boisson chaude.
La nouvelle recette aux noix de pĂ©can est une tuerie ! J’avais dĂ©jĂ  adorĂ© celle aux noix la semaine derniĂšre. Puis, par gourmandise, je me suis fait plaisir en prenant deux cookies au chocolat blanc et quatre au caramel pour calmer mes envies, une fois mes huit heures passĂ©es Ă  patiner et Ă  jouer au hockey toute seule, sans manger.

Ouais, je devrais aussi prendre des barres protĂ©inĂ©es, au lieu d’ĂȘtre accro Ă  mon placard rempli de toutes sortes de sucreries. Les bonbons, une bonne dose de drogue, suffisamment pour risquer de finir avec un diabĂšte de type quatre.

Je sors du coffee shop oĂč j’ai bu un cafĂ© au caramel avec Angelo et traverse la rue juste en face de moi pour aller au petit magasin de sport et regarder les modĂšles de patins.

Adam, Ă  mes cĂŽtĂ©s, ne comprend toujours pas ma dĂ©cision de reprendre le hockey alors que j’ai tout abandonnĂ© du jour au lendemain.

— C’est trùs simple ! Je veux me venger et donner une bonne leçon à Jagger.

— Ne joue pas trop au feu, tu vas risquer de te bruler, Sun ! Ma famille du cotĂ© de ma mĂšre peut-ĂȘtre qu’elle est sympa, mais attention au loup qui


Il n’a pas le temps de finir sa phrase que je le coupe soudainement :

— Au dĂ©but, je voulais m’en prendre Ă  la famille Sullivan, lui avouĂ©-je sincĂšrement. Mais je me suis dit que je devais me dĂ©brouiller pour rendre la monnaie de sa piĂšce au capitaine des Warriors.

Faire perdre l’équipe de mes adversaires !

Soudain, une question tournoie dans mon esprit. Pourquoi, ce matin, Jagger n’a-t-il pas dit Ă  ses coĂ©quipiers que j’étais la fille d’Agathe Miller ? L’hockeyeuse mondialement connue pour ses tirs incroyables et son don cachĂ© pour marquer le but de la victoire quelques secondes avant la fin du temps imparti.

Ce mec est bien mystĂ©rieux
 Qu’est-ce qu’il cherche au juste ? Surtout avec moi ?

DÚs qu'on franchit les portes de l'enseigne dédiée aux sportifs, je prends le temps d'observer les lieux.

Une multitude de rayons s'Ă©tendent devant moi. Ils sont organisĂ©s par catĂ©gories. PrĂšs de moi, mes yeux perçoivent des chaussures de foot, des vĂȘtements de running, des planches de surf et des raquettes de tennis. Chacun des articles est dĂ©limitĂ© par des pancartes suspendues en hauteur, reliĂ©es au plafond par une ficelle. Les Ă©tagĂšres sont chargĂ©es d'articles et d'odeurs neuves.

Je laisse mon regard se promener sur les produits, à la recherche de la section hockey et patinage artistique. Une fois au fond du magasin, je trouve mon bonheur quand je tombe sur les crosses et les palets. Mais c'est alors que mon attention se porte sur une paire de patins, juste à cÎté, bien exposée sur une étagÚre. Elle est magnifique, avec ses couleurs bleues et blanches, comme la tenue de mon équipe.

— Est-ce que vous cherchez quelque chose en particulier ? nous demande la jeune femme qui a surgit derriùre nous.

— Oui, avez-vous cette paire de patins en taille 5,5, s’il vous plaĂźt ? dis-je en pointant le patin exposĂ© du bout de mon doigt.

— Attendez deux minutes, je vais vĂ©rifier en rĂ©serve s’il en reste.

Pendant que la jeune femme se dirige vers l’entrepĂŽt oĂč ils stockent la marchandise, Adam met un casque de hockey sur glace sur sa tĂȘte, ajuste la visiĂšre et prend un air grave.

— Alors poupĂ©e, tu me crois comment ?

— Incroyable moche ! Je te prĂ©fĂšre dans ta tenue de quarterback t’es plus sexy !

Face à notre complicité profonde et indéfectible, un éclat de rire nous échappe. La jeune vendeuse revient, un sourire en coin quand elle nous voit en train de rigoler.

— Excusez-moi de briser cette bonne ambiance, il nous reste qu’une paire en 5,5.

— Je vous la prends ! rĂ©plique une voix familiĂšre.

J'ai juste le temps de me retourner et dĂ©couvre Jagger qui s’intĂšgre Ă  notre petit groupe alors qu’il n’est pas invitĂ© et se rapproche de moi.

— C’est ma rivale sur la glace, je lui dois bien ça.

En entendant ses paroles, je croise les bras sur ma poitrine et lui dĂ©coche une Ɠillade meurtriĂšre.

— Tu deviens lourd, Jagger ! Pourquoi t’irais m’acheter des patins, sĂ©rieux ?

— J’en ai juste envie, Sun ! balance-t-il en arrachant la boüte des mains de la vendeuse. Et oublie pas que ton pùre rentre ce soir.

Un souffle moqueur franchit mes lĂšvres, accompagnĂ© d’un haussement d’épaules.

— Ça me fait une belle jambe. Garde tes patins, je prendrais les usĂ©s de l’universitĂ© !

Je tourne les talons sans lui accorder un regard et embarque Adam avec moi. Son frĂšre est un vrai parasite. Un jour, il finira peut-ĂȘtre par comprendre que je ne suis pas sa distraction.

Jagger a bien une copine, non ? Sinon, il doit vraiment s’emmerder avec cette fille pour traüner ici.

Avant de partir pour rentrer chez Jack, je jette un coup d’Ɠil vers Jagger, qui se dirige vers le comptoir pour payer les patins avec sa carte bancaire.

Il doit sûrement essayer de se faire pardonner.

Mais pourquoi change-t-il de comportement ? Est-ce qu’il essaie de se jouer de moi, ou est-ce qu’il flippe juste Ă  l’idĂ©e qu’Andrew finisse par l’apprendre ? Ou bien c’est quelque chose d’autre que j’ignore ?

*

* *

AprĂšs le rush du soir dans l’établissement, j’encaisse les derniĂšres commandes passĂ©es par les clients, juste avant la fermeture du restaurant de Jack. Du dĂ©but Ă  la fin de la soirĂ©e, je suis restĂ©e aux cĂŽtĂ©s de Jack, dĂ©bordĂ© par les demandes incessantes des convives qui affluaient sans relĂąche dans l’enseigne.

Toutes les deux minutes, la porte effleurait le grelot, signalant une nouvelle arrivĂ©e, et n’arrĂȘtait pas de s’ouvrir.

Depuis que mon beau-pĂšre a ouvert son propre restaurant, je n’avais jamais vu autant de monde. C’était bien la premiĂšre fois que je voyais ce lieu aussi plein Ă  craquer.

Les ampoules suspendues Ă  l’envers baignent la salle de leur lumiĂšre jaune. La tĂ©lĂ©vision, encore allumĂ©e mais sans le son, diffuse des images muettes d’un match de foot. Des notes de musique s’échappent doucement du poste radio, oĂč l’on entend une vieille chanson nostalgique.

Je mets hors tensions les appareils et me dirige vers le meuble de service.

Je m’empare du nettoyant multi-usage au citron et au magnolia, puis je frotte Ă  l’aide de mon torchon les taches laissĂ©es par les clients, aprĂšs qu’ils ont sirotĂ© leur whisky ou leur vodka. Ensuite, mon regard glisse sur les verres Ă  alcool suspendus Ă  l’envers sous l’étagĂšre du bar Ă  cocktails.

Ma main attrape le chiffon posĂ© juste Ă  cĂŽtĂ©, et je frotte la derniĂšre tache sur le grand comptoir en bois verni. PlutĂŽt que de jeter l’eau des carafes dans l’évier en inox, je la verse dans les pots de fleurs, histoire qu’elles en profitent un peu, elles aussi.

Jack oublie souvent de les arroser, et je suis la seule Ă  lui rappeler qu’il faut au moins penser Ă  donner de l’eau de temps en temps pour qu’elles ne finissent pas Ă  la poubelle comme la plupart qu’il a achetĂ©es.

Une fois que tout est propre dans le restaurant, j’éteins les ampoules. Les jambes lourdes, je me regagne l’arriĂšre-cuisine, prĂȘte Ă  goĂ»ter le nouveau menu que Jack nous a concoctĂ©.

— Bordel ! Je suis crevĂ©e de cette journĂ©e, moi !

Juste au moment oĂč je m’écroule sur la chaise, je remarque cinq assiettes dĂ©jĂ  dressĂ©es sur la table. Les deux premiĂšres sont pour nous, mais les trois derniĂšres
 ne me dites pas que Jack a invitĂ© d’autres personnes au lieu de passer la soirĂ©e entre beau-pĂšre et fille ?

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