Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Hikana
Share the book

CHAPITRE DOUZE

JAGGER

La boßte blanche soigneusement emballée dans du papier cadeau rose, je la tiens fermement dans mes bras.

Et si elle la refuse ?

Ne sachant plus quoi en penser, je finis par hausser les épaules.

Le regard rivĂ© sur le carreau, je pousse un soupir et je regarde Ă  peine le paysage qui s’offre Ă  moi et qui dĂ©file sous mes yeux. Je privilĂ©gie de protĂ©ger Sun et la tenir Ă  l’écart, plutĂŽt que de la laisser entre les griffes de cette folle de Bethany.

Si je n’avais pas entendu leurs voix Ă©touffĂ©es dans le vestiaire des cheerleaders, puis surpris Bethany en train de mordre sa lĂšvre pour ne pas crier sous les coups de rein de l’ex de Sun. Et aprĂšs leur baise fiĂ©vreuse, j’ai vu ces deux-lĂ  comploter salement sur le dos de Sun.

D’aprĂšs ce que j’ai compris, Bethany m’a menti depuis le dĂ©but. Aucune capitaine de l’équipe des cheerleaders ne lui a passĂ© le flambeau. Elle a simplement repris l’histoire de Sun et de sa meilleure amie, Cameron, pour me faire croire et faire croire aux autres qu’elle avait du talent. Mais aprĂšs avoir vu ses chorĂ©graphies Ă  l’universitĂ©, je peux avouer qu’elles sont un dĂ©sastre. Certaines filles ont fini avec une jambe cassĂ©e, d’autres avec un bras foulĂ© en l’espace de deux semaines.

Bethany lui a dĂ©jĂ  tout pris, et pourtant, je ne comprends toujours pas ce qu’elle cherche encore chez Sun. Sa beautĂ© ? Son corps attirant ? Ou sa dĂ©termination face au surnom que lui donnent tous les Ă©tudiants ?

Le silence dans l’habitacle est soudain rompu par la voix grave d’Andrew, qui me tire de mes pensĂ©es.

— Tu es sĂ»r que tu n’as rien fait Ă  Sun ? Ma fille m’a appelĂ© une fois, mais j’étais en rĂ©union, et quand je l’ai rappelĂ©e, elle n’a jamais dĂ©crochĂ©. C’est mĂȘme pour ça que je suis rentrĂ©, quelques jours.

Je roule des yeux au ciel, exaspéré. Andrew préoccupé par le silence radio de sa fille.

— Tu n’aurais jamais dĂ» me demander de surveiller, Sun. Ça n’a fait que lui attirer des problĂšmes.

Suite à mes propos, Andrew se tourne légÚrement vers moi, le regard acéré.

Sa voix tranche l’air tendu de la voiture.

— Comment ça, des problùmes ? Tu peux m’expliquer, Jagger ?

Mon dos s’enfonce un peu plus dans le siĂšge quand je lui avoue que Bethany a partagĂ© son plan diabolique avec l’ex de Sun.

Maintenant, je vois que Bethany et le fameux Caleb sont tous les deux les mĂȘmes.

Je me rends compte qu’il y a quelque chose de bizarre chez ce type.

— Cameron ? l’interpellĂ©-je alors qu’Andrew est littĂ©ralement collĂ© Ă  elle.

— Oui, Jagger ?

— L’autre jour, tu m’as bien dit que Sun ne connaissait pas son copain avant que Bethany ne lui prĂ©sente lui et son fameux ami ?

— Alors dĂ©jĂ  Caleb Ă©tait l’ami de Bethany, elle n’a rencontrĂ© que lui. Elle lui a fait tout un tas d’éloges sur lui Ă  la sororitĂ©. Sun a dĂ©couvert qu’il l’avait trompĂ©e pendant une soirĂ©e universitaire avec Bethany, dit-elle comme si elle n’était pas Ă©tonnĂ©e. D’ailleurs, j’avais dĂ©jĂ  prĂ©venu Sun de faire gaffe Ă  ce type, je le sentais pas.

Les meilleures amies quand elles n’arrivent pas à sentir le copain de leurs copines, ça se voit tout de suite.

Le coude posé sur la bordure de la portiÚre, ma main vient frotter mes yeux, comprenant certaines choses grùce à Cameron.

Putain
 Je viens de capter. Mais quelle salope !

Je me disais bien qu’il y avait un truc louche quand Bethany a voulu s’inscrire Ă  Princeton, comme ça, du jour au lendemain. Elle a mĂȘme demandĂ© l’autorisation Ă  mes grands-parents pour y aller. Et eux, vu qu’ils ne l’ont jamais apprĂ©ciĂ©e, ils ne se sont pas fait prier pour la foutre dehors. Ils l’ont fait avec plaisir.

Par contre, elle m’en a parlĂ© le jour oĂč elle a reçu une rĂ©ponse positive du directeur de l’acadĂ©mie. Je me rappelle, elle m’avait dit qu’elle avait un ami lĂ -bas, et qu’elle ne se sentirait pas perdue.

Tu m’étonnes
 Si c’était pour se perdre dans son plumard, ouais, elle ne risquait pas de se sentir dĂ©boussolĂ©e.

Sans attendre, je saisis mon tĂ©lĂ©phone et passe un appel sur Messenger Ă  mon grand-pĂšre, qui, malgrĂ© l’heure, deux ou trois heures du matin chez lui, est dĂ©jĂ  rĂ©veillĂ©.

— Bonjour, mon petit-fils adorĂ©. Je me suis demandĂ© quand est-ce que tu allais me donner des nouvelles, fait-il, en rĂ©fĂ©rence Ă  l’altercation qu’on a eue Ă  l’aĂ©roport avant mon dĂ©part pour le New Jersey.

Toutes nos disputes tournaient autour de Bethany. Mon grand-pĂšre me disait des choses qu’il ne pouvait pas accepter venant d’elle. Et moi, j’ai juste Ă©tĂ© un parfait connard, aveuglĂ© par cette fille. J’ai eu de la pitiĂ© pour elle. Sa mĂšre passe son temps Ă  offrir son corps Ă  tous les types d’Angleterre, et son pĂšre est un junkie accro Ă  la cocaĂŻne et au whisky.

Au dĂ©but, je me suis intĂ©ressĂ© Ă  elle parce qu’elle avait des maniĂšres qui me rappelaient une ancienne amie du Minnesota. Mais avec du recul, je comprends que c’était moi qui projetais cette relation sur les autres, comme si je cherchais Ă  combler un vide qui me collait Ă  la peau. Cette amitiĂ©, ou du moins ce que je croyais ressentir, n’a fait que me hanter.

Pourquoi, aprĂšs toutes ces annĂ©es, n’ai-je toujours pas rĂ©ussi Ă  tourner la page ?

— Oui, je vais bien, papi. Je voulais te demander une chose, si tu veux bien sĂ»r.

— Me dis rien, tu veux que j’achùte une robe de mariage ?

Il est vrai que je voulais venir au New Jersey pour demander la main de Bethany. Deux ans sans la voir, Ă  part quand elle rentrait pour les vacances scolaires. Et Ă  plus de cinq mille six cents kilomĂštres, elle me donnait Ă  peine de ses nouvelles. J’ai quittĂ© Londres pour en avoir le cƓur net, pour savoir si ce qu’on avait valait encore quelque chose. Mais en revoyant Sun, ce jour-lĂ , parmi la fratrie des pom-pom girls
 c’est Ă  ce moment-lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  douter de mon choix.

Mon sourcil se lĂšve, puis un fou rire retentit dans la voiture.

— Une robe ? Tu veux que j’en fasse quoi avec que je la porte ?

— Ah oui, il a enfin lĂącher la sorciĂšre, rĂ©plique Andrew derriĂšre moi.

Un sourire esquissé vient élargir les lÚvres de Papi quand il apprend la bonne nouvelle.

— Si un jour j’apprenais que tu allais avoir un enfant, je ne serais mĂȘme pas aussi heureux qu’en ce moment. J’espĂšre que tu as compris tes erreurs, Jagger. J’aimerais savoir
 comment tu as eu ce dĂ©clic ?

— DĂ©solĂ©, grand-pĂšre, c’est assez personnel, lui rĂ©ponds-je en poussant un ricanement.

Je mords ma lÚvre en regrettant un peu mes mots, mais ça le fait rire.

— Ce dĂ©clic ne serait-il pas
 une autre femme ? Bien meilleure que Bethany, peut-ĂȘtre ?

Sa question me percute de plein fouet. Confus, je secoue la tĂȘte.

— Non, pas du tout. Mais j’ai appris qu’elle m’avait trompĂ©. Avec plusieurs Ă©tudiants, apparemment, Adam ne s’est pas gĂȘnĂ© pour le dire Ă  tout le monde Ă  la rentrĂ©e. Je peux pas faire comme s’il ne s’était rien passĂ©.

Je ne pardonnerais jamais une tromperie bien que la femme soit la plus riche du monde.

Papi reste figĂ©, les yeux Ă©carquillĂ©s derriĂšre ses lunettes. Son sourire s’efface, remplacĂ© par une expression incrĂ©dule.

— Quoi ?! rĂ©pĂšte-t-il, estomaquĂ©. Elle t’a fait ça ? Et tu es restĂ© avec elle aprĂšs ça ? Mon pauvre garçon, tu mĂ©ritais tellement mieux.

— Ne t’en fait pas, je suis bien entourĂ©, mais peux-tu arrĂȘter de lui envoyer de l’argent et le compte que tu as ouvert pour elle.

— Trùs bien, Jagger. Je m’en charge dùs que possible.

Elle n’a pas besoin de notre famille pour aller voir ailleurs, donc elle n’a pas besoin de moi pour l’entretenir non plus. Profite du peu d’argent qu’il te reste avant de revenir Ă  la rĂ©alitĂ©, celle dont je t’ai sorti. Quant Ă  moi, je vais te faire comprendre ce que tu as perdu en trahissant ma confiance.

*

* *

Lorsque le chauffeur se gare sur le parking du restaurant, je me précipite pour sortir hors de la berline avec le cadeau collé à mon bras et entre par la porte arriÚre du bistrot.

Jack sursaute quand la porte s’ouvre Ă  la volĂ©e tandis qu’il se trouve le nez plongĂ© sur les diverses bouteilles posĂ©es sur l’étagĂšre dans l’espoir de trouver un bon vin pour ce soir.

— Bonjour, Jack.

— Bonjour, Jagger. Comment tu vas depuis la derniùre fois ?

— TrĂšs bien ! Tu sais oĂč est Sun ? J’aimerais lui parler en privĂ©.

— Normalement, elle est au bar, elle prĂ©pare des cocktails pour nous tous.

— Parfait, merci !

Je m’élance sans attendre et je longe le couloir qui mĂšne Ă  la cuisine du restaurant. En entrant dans la grande salle, une voix douce et traĂźnante attire mon attention. Elle fredonne une chanson. À quelques pas de moi, Sun s’affaire Ă  disposer des verres sur le comptoir pour faire les cocktails, puis elle pousse un bĂąillement.

— Ses invitĂ©s se font dĂ©sirer ou quoi ? Je suis crevĂ©e, moi !

Je ne peux m’empĂȘcher de pouffer de rire.

La soirĂ©e semble bien organisĂ©e et elle a sĂ»rement aidĂ© son pĂšre au restaurant aprĂšs s’ĂȘtre entraĂźnĂ©e Ă  la patinoire. Je l’ai vue de mes propres yeux, donc je peux dire qu’elle a du talent pour le hockey.

En revanche, en ce qui concerne le reste, c’est difficile Ă  dire. Elle n’a que les bases qu’elle a apprises de sa mĂšre avant qu’elle n’arrĂȘte.

Soudain je m’approche vers elle puis met ma main sur ses yeux.

— Est-ce que j’ai une tĂȘte Ă  jouer, Jagger ?

— Comment sais-tu que c’est moi ? lui rĂ©ponds-je.

Au lieu de s’écarter, elle pointe droit devant elle, vers le grand miroir oĂč nos deux silhouettes se reflĂštent.

— Je me demande pourquoi tu continues encore à traüner avec moi. Aprùs, tu vas aller raconter à tout le monde que je te veux dans mon lit.
La boĂźte posĂ©e sur le comptoir, j’enlace sa taille et l’attire contre moi. Mes lĂšvres frĂŽlent son oreille. Sun remue lĂ©gĂšrement les Ă©paules, frissonnante.

— Pour ton info, je ne suis pas un connard comme tout le monde peut croire juste parce que j’ai du caractĂšre et des tatouages. AprĂšs ce que j’ai entendu, je devais te protĂ©ger.

Un soupir lourd s’échappe de la bouche de Sun. Elle se retourne brusquement, me forçant Ă  reculer contre l’évier.

— Je sais me battre et me dĂ©fendre ! J’ai pas besoin que tu me protĂšges, ça ne te servira Ă  rien.

Son regard lance des Ă©clairs, mais je ne bouge pas. Mon index s’élĂšve presque de lui-mĂȘme, frĂŽle le coin de ses lĂšvres pour enlever un petit morceau de citron restĂ© lĂ .

Elle reste une femme magnifique.

Non, mais qu’est-ce que je raconte, moi ?

— Par contre, tu ne sais toujours pas manger, Sun, dis-je avec un demi-sourire.

— Alors comme ça tu n’es pas un connard et donc tu m’as protĂ©gĂ© de quoi en fait ?

Je lui dois bien la vĂ©ritĂ©. Depuis la patinoire avec l’autre, cette image n’arrĂȘte pas de me hanter.

— Bethany Ă©tait au courant de ta relation avec Caleb ?

— Non, il Ă©tait bizarre Ă  ce sujet. Il ne voulait pas qu’elle le sache avant qu’elle l’apprenne par une nana, pourquoi ?

— Caleb et Bethany Ă©taient dĂ©jĂ  en couple quand tu t’es mise avec lui. Elle s’est vengĂ©e parce que pour elle tu lui a volĂ© son mec.

Voilà, c’est dit.

— Je te demande pardon ?! hurle-t-elle.

Elle crie tellement fort qu’Andrew et Cameron se ramùnent en vitesse pour voir ce qu’il se passe entre nous.

— Jagger, qu’est-ce que tu fais à Sun ?

— Merci ! Du coup, je ne suis pas une folle narcissique ni une jalouse maladive. Ce n’était pas normal de voir Bethany assise sur ses genoux et que lui ne disait rien. Mais au moment oĂč il allait me voir il me passait pour une folle.

Dans un geste rapide, Andrew se jette dans les bras de sa fille. Il recule un peu pour prendre son visage dans ses mains, mais elle fuit son regard.

Depuis que je lui ai dit la vĂ©ritĂ© sur Caleb et Bethany, Sun n’est plus la mĂȘme.

Elle sait désormais que son tout premier copain était un vrai connard avec elle.

Il m’a fallu du temps Ă  moi aussi pour oublier mon premier amour. Et encore, je ne suis pas sĂ»r de l’avoir vraiment oubliĂ©.

— Pourquoi es-tu partie de la villa avec la plupart de tes affaires ?

— Je vais revenir, papa. Mais toi, dit-elle en se retournant vers moi, si tu veux me protĂ©ger, prĂ©viens-moi avant ou utilise ton cerveau deux minutes, je veux pas que mon rival sur la glace devienne mon pire ennemi. Puis, je ne suis pas sĂ»re que je vais gagner contre toi car tu t’es amĂ©liorĂ© dans le hockey contrairement Ă  moi, j’ai tout arrĂȘtĂ©, mais je ferais en sorte que les Stars vous dĂ©molisse.

Attends c’est vraiment une menace qu’elle vient de me faire ?

Comment this paragraph

Comment

No comment yet