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Hikana
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CHAPITRE QUATRE

SUN

D'un pas pressĂ©, car Adam m'attend devant le portail, je mets ma veste beige, prends mon sac et enfile mes nouvelles baskets. Avant d'ouvrir la porte pour sortir, je vĂ©rifie une derniĂšre fois que les trois petites gamelles que j’ai trouvĂ©es sont bien remplies, afin que Rainbow ait suffisamment Ă  manger et Ă  boire pendant la journĂ©e. Je n'ai trouvĂ© que du jambon et du blanc de poulet, que j'ai dĂ» mixer. J'ai ajoutĂ© un peu de lait entier dans l'une, et de l'eau dans la derniĂšre, comme si en une nuit, je m'Ă©tais dĂ©jĂ  attachĂ©e Ă  lui.

Quand Jagger sort Ă  son tour, je m’assure qu’il ferme bien la porte derriĂšre lui, pour Ă©viter que Rainbow ne s’échappe ou se noie dans la piscine. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Eliot, le chien de Jack. J’ai Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  retrouver son corps sans vie dans le petit lac, car je me rendais souvent lĂ -bas pour observer les poissons, Ă  la campagne, avant que maman n’achĂšte ce petit chalet pour passer des vacances en famille aprĂšs un tournoi mondial de hockey.

Cette scĂšne m’a traumatisĂ©e, surtout lorsque j’ai pris un bĂąton pour ramener ce qui flottait dans l’eau et que j’ai dĂ©couvert que c’était Eliot. Il avait sĂ»rement couru aprĂšs les liĂšvres sauvages qui traversaient la cour qui conduit au bassin.

Rassurée, je monte du cÎté passager dans la voiture d'Adam, tandis que Jagger prend place derriÚre moi.

Comme Ă  mon habitude, je me place devant, mais Jagger est lĂ , maintenant.

— On Ă©change de place, si tu veux ? Tu seras plus Ă  l’aise devant ! lui dis-je.

— Non, je suis bien ici ! Ah, tiens, je pense que tu en auras besoin, rĂ©pond-il en me tendant ma ceinture dorsale.

— Eh bien, au moins, un gentleman pense Ă  ta ceinture ! C’est pas comme si je ne t’avais pas averti un million de fois de la prendre, je me sens comme un enfoirĂ©.

— Ça va, mon meilleur ami m’a sauvĂ© la vie une fois, je ne dirai rien ! rĂ©pliquĂ©-je en posant ma tĂȘte sur son Ă©paule.

— Sauver la vie ? T'as de la chance que la famille Suan ait jetĂ© l'Ă©ponge sur toi, Sun. Avec le scandale que t'as fait Ă  Carter Suan et son grand-pĂšre, ils sont mĂȘme plus riches que les Sullivan et plus que ton pĂšre.

— Ouais, mais on Ă©vite de gĂ©rer une voiture quand on sait mĂȘme pas conduire ! Ce connard a failli me faucher Ă  une intersection, il connaĂźt mĂȘme pas les clignotants ni les feux rouges !

Alors que la voiture d’Adam roule sur la route principale, Jagger intervient dans la discussion :

— Comment ça se fait que tu connaisses des Suan, Sun ? m’interroge Jagger.

Je lui explique, bien que je ne sois pas vraiment Ă  l'aise de lui en parler, que je devais rejoindre le chauffeur d'Andrew devant son entreprise avec Adam. Mais cet abruti de Carter Suan a failli me buter alors que j'avançais avec Adam vers le bĂątiment de Blossom. J'ai fini par lui coller une gifle quand il est sorti de la voiture, mĂȘme si Adam essayait de me retenir.

— Comme mon frùre jumeau t’a dit, t’as eu beaucoup de chance, parce que cette famille est pire que ton pùre quand il pùte les plombs. Ne va pas trop les provoquer si tu les re croise un jour, ils sont du genre à faire vivre l’enfer à ceux qui se mettent en travers de leur chemin. La torture, ils connaissent.

Je pense que mĂȘme Jagger aurait peur si cette famille venait Ă  me torturer pour m’avoir confrontĂ© Ă  cette derniĂšre.

*

* *

De façon habituelle, dĂšs qu’Adam arrĂȘte la voiture sur le parking de l’universitĂ©, je me penche vers lui pour lui dĂ©poser un baiser, puis je sors rapidement du vĂ©hicule. Ma meilleure amie, Cameron, m’attend assise sur le petit muret en briques.

Elle et moi avons voyagé ensemble au mois de juillet. Nous avons passé un mois en Arizona, rien que toutes les deux. Pour notre prochain voyage, nous avons décidé de découvrir le sud de la Corée. Je suis une grande admiratrice des dramas coréens, ainsi que des samgak gimbap, ces triangles de riz enveloppés dans une feuille de nori.

Sinon, en Arizona, nous avons beaucoup marchĂ© pour explorer Antelope Canyon et le parc Saguaro. À Tucson, nous sommes restĂ©es plusieurs jours et avons passĂ© de nombreuses soirĂ©es avec des inconnus, Ă  boire quelques verres avec eux, enfin, plusieurs verres tout au long du sĂ©jour. Ces moments sont restĂ©s inoubliables, et j’ai pris des photos pour en garder un souvenir.

Pour me dire bonjour, Cameron me prend tendrement dans ses bras, excitĂ©e par cette nouvelle annĂ©e. Moi, en revanche, j’apprĂ©hende cette fameuse rentrĂ©e.

— HĂ©, il y a la voleuse de Princeton qui vient d’arriver ! lance une fille en criant assez fort pour que tout le monde l'entende.

D’un Ɠil observateur, je remarque que les groupies de Bethany sont de plus en plus nombreuses à Princeton.

— Franchement, le quarterback et son frĂšre jumeau n’ont pas honte de la ramener sur le campus avec eux ? Moi, je l’aurais laissĂ©e se dĂ©merder dans sa merde ! Je suis sĂ»re et certaine que c’est elle qui m’a volĂ© mon tĂ©lĂ©phone, il y a deux ans, s’écrie une autre.

— On ne devrait pas dire n’importe quoi, on n’est mĂȘme pas sĂ»r que ce soit elle qui a volĂ© les examens.

— La nouvelle capitaine des cheerleaders a créé un groupe avec tout le monde pour nous prĂ©venir de faire attention Ă  elle.

J’essaie de rĂ©pondre, de remettre les choses au clair, mais une fille m’interrompt aussitĂŽt. L’annĂ©e derniĂšre, on avait bossĂ© ensemble sur une exposition sur les bombes nuclĂ©aires. Notre projet Ă©tait si fou que mĂȘme les professeurs de chimie et de sciences n’en revenaient pas : on avait rĂ©ussi Ă  crĂ©er une bombe de peinture qui avait Ă©claboussĂ© la plupart des Ă©tudiants dans la salle.

— Faites pas attention Ă  la capitaine, souffle la geek. Elle a tout manigancĂ© pour s’approprier ce que Sun avait, ce qu’elle ne pouvait pas avoir.

— Je confirme que Bethany ne m’a pas eu comme meilleur ami, lance Adam qui vient Ă  ma recousse. Qui voudrait d’une nana qui s’est tapĂ©e la grande majoritĂ© des mecs de ce campus et l’ex petit ami de Sun quand elle Ă©tait encore avec lui ?

Adam balance l’info alors qu’il ne fait mĂȘme pas attention Ă  Jagger, qui est juste Ă  cĂŽtĂ© de lui.

Le fait est que je me souviens de cette scĂšne avec Caleb et Bethany dans le mĂȘme lit, je m’énerve et je serre les poings.

J’ai juste entrouvert la porte de sa chambre durant une soirĂ©e fortement alcoolisĂ©e, et je l’ai vue, elle, en train de sauter Ă  fond sur lui, et lui qui gĂ©missait comme un connard. Ce soir-lĂ , je n’ai pas dormi Ă  la sororitĂ©. J’ai appelĂ© Andrew pour qu’il vienne me chercher, en pleurs, au point que mĂȘme Andrew voulait tuer Caleb de m’avoir trompĂ©e.

Le lendemain, Caleb a niĂ©. Il n’a pas compris pourquoi je l’ai lĂąchĂ© comme une merde devant tout le monde et me suppliait encore de lui donner une chance sans savoir la raison de notre rupture.

Comme quoi l’amour ne se rĂ©sume pas juste Ă  la communication
 Il faut aussi la fidĂ©litĂ© sinon autant rester cĂ©libataire et coucher avec n’importe qui.

Lorsque nous passons les portes de l’universitĂ©, nous assistons Ă  une vĂ©ritable vagues d'hystĂ©rie entre les meufs de toutes classes confondues. Elles parlent Ă©galement du nouveau qui vient de faire son entrĂ©e aux cĂŽtĂ©s de son frĂšre jumeau. Je peux lire sur les bouches pulpeuses des filles des mots inaudibles, mais assez dĂ©chiffrables :

« Plus que beau qu’Adam », « un dieu », « canon », « soirĂ©e », « il doit avoir une grosse dans son caleçon ».

La derniĂšre, je pourrais confirmer qu’il en a dans son pantalon. Je me suis mĂȘme demandĂ© s’il n'allait pas me rĂ©veiller pour me proposer de coucher avec lui quand il se frottait Ă  moi. Pendant un moment de la nuit, ses mots glissaient doucement dans mon oreille, mais je ne faisais semblant de dormir, j’écoutais ce qu’il me disait. MĂȘme Caleb n’a jamais osĂ© me dire des choses pareilles.

« Pourquoi ton pÚre a eu une aussi belle fille comme toi ? »

« Je sais mĂȘme plus ce que je suis en train de faire. »

« Putain, cette fille est devenue trop bonne. »

Un classique. Les mecs, aujourd’hui, ne veulent plus des filles : ils veulent des trophĂ©es. Des piĂšces rares dans leurs collections d’ego. J’ai failli rire. Mais j’ai continuĂ© de faire semblant de dormir. Et puis, j’ai bougĂ©. Pas par peur. Juste parce que son souffle chaud contre ma clavicule commençait Ă  vraiment me dĂ©ranger. Ce que je voulais, en vrai, ce n’était pas ses compliments salivants ni son dĂ©sir. Je voulais juste comprendre ce qu’il avait voulu dire, plus tĂŽt, sur ce banc. Quand il m’a regardĂ©e droit dans les yeux et a lĂąchĂ© que j’avais bousillĂ© la vie de quelqu’un. J’ai fait en sorte de ne pas comprendre ce qu’il foutait dans mon lit. Juste pour pas Ă©veiller ses soupçons.

Un rictus se dessine sur mes lùvres charnues et s’efface de mon visage quand je vois Lewis et sa clique qui recommencent à s’en prendre à Pablo.

Sans avertir Cameron, je me rue vers les garçons et me met entre les deux pour protĂ©ger Pablo contre ses demeurĂ©s d’homophobes.

Tout le monde a compris que Pablo prĂ©fĂšre les hommes. Et je ne tolĂšre pas que des gens soient dĂ©gueulasses avec lui juste parce qu’il est diffĂ©rent. MĂȘme le pote de mon frĂšre est gay. Je lui criais souvent dessus quand il tapait sur sa batterie pendant mes rĂ©visions. Mais je ne l’ai jamais jugĂ© pour ce qu’il est.

Pablo, c’est l’Espagnol Ă  la gueule d’ange. Trop beau pour passer inaperçu, trop timide pour survivre Ă  ce genre de campus. À Princeton, les mecs aiment ceux qui parlent fort, qui s’imposent, qui Ă©crasent les autres pour exister.

— Foutez-lui la paix, bordel ! grommelĂ©-je.

— Ta gueule, petite pute ! Enfin... la voleuse de Princeton.

Pardon ? Comment il vient de m’appeler, lui ?

Il n’a mĂȘme pas le temps de comprendre que mon genou lui explose dĂ©jĂ  les burnes. Un cri lui dĂ©chire la gorge, et il s’effondre comme une merde, se tordant de douleur au sol.

— La voleuse de Princeton, comment elle a Ă©clatĂ© les couilles de Lewis, j’aimerais pas prendre ce coup de genou.

Les murmures me parviennent, surtout ceux d’un mec qui parle Ă  peine, mais pile assez pour que toutes les tĂȘtes se tournent dans ma direction.

VoilĂ , la nouvelle Sun ! Faites-moi chier une fois et je vous rĂ©serve la mĂȘme chose !

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1 Comment

1 month
Voilà il faut les choquer😂
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