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Hikana
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CHAPITRE TREIZE

SUN

Assise sur le banc en dehors du restaurant, je grille une cigarette comme si cette substance pouvait calmer mes nerfs en Ă©bullition. Finalement lorsque Caleb me disait que je lui prenais la tĂȘte pour rien, qu’il n’y avait rien entre Bethany et lui, c’étaient des conneries. À cet instant, j’ai juste envie de devenir une vraie saloperie, celle que personne n’a jamais rencontrĂ© de sa vie.

La tĂȘte penchĂ©e en arriĂšre, mes prunelles se figent sur les Ă©toiles blanches qui scintillent par milliers dans le ciel obscur puis une tĂȘte apparaĂźt juste au-dessus de ma tĂȘte.

— Tu devrais manger, me dit Jagger qui contourne le banc urbain en fer forgĂ© pour prendre place Ă  mes cĂŽtĂ©s.

— Franchement, Jagger, n’aie pas pitiĂ© de moi.

— Non, je pensais qu’un peu de compagnie ne te ferait pas de mal, Sun, me lance-t-il.

Je ne vais pas lui dire que cette histoire avec Caleb, j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© l’éviter, voire ne jamais la rencontrer. J’étais tout simplement aveuglĂ©e et lui voulait juste coucher avec moi.

— Je ne vais pas me laisser mourir de faim ! rĂ©pliquĂ©-je en posant ma tĂȘte sur son Ă©paule. Merci d’ĂȘtre lĂ .

Lorsque je lÚve les yeux vers Jagger, il a déjà les yeux rivés sur moi. Mes prunelles détaillent scrupuleusement les traits gravés de sa mùchoire musclé. Cet échange est de courte durée et est interrompu par la sonnerie de son portable.

— Encore elle, putain ! siffle-t-il, agacĂ©.

Sans lui demander son avis, j’arrache son iPhone de ses mains, puis rĂ©ponds Ă  l’appel.

— Allî ?

— Il est oĂč Jagger, je dois le voir au plus vite ! Et toi tu es qui ?

Bethany ! Je ne vais pas gĂȘner pour me venger encore une fois et Jagger, l’air tranquille pose son bras sur mes Ă©paules.

— Dis Jagger, pourquoi Bethany est tout affolĂ©e au bout du fil, tu lui as fait quelque chose Ă  par avoir dĂ©couvert que son fameux ami de Princeton, c’était son mec ?

Tout Ă  l’heure, Jagger m’a expliquĂ© la situation. Caleb n’a jamais Ă©tĂ© l’ami de Bethany, comme elle l’a prĂ©tendu Ă  la sororitĂ©. Elle a lĂąchĂ© Jagger, stipulant que c’était pour l’universitĂ©, mais c’était pour ĂȘtre dans les bras d’un autre.

La voix de Bethany est tellement forte qu’elle me force Ă  Ă©carter mon oreille du haut-parleur.

— Je vais te tuer espĂšce de connasse ! Je n’ai jamais trompĂ©, Jagger, t’as compris ! Si je dĂ©couvre qui tu es, t’es morte !

Pourquoi certaines personnes refusent-elles d’assumer leurs actes et prĂ©fĂšrent-elles accuser les autres lorsqu’elles sont confrontĂ©es Ă  leurs responsabilitĂ©s ?

Ensuite, Jagger m’avoue que son grand-pĂšre a dĂ» demander Ă  ce qu’on clĂŽture rapidement le compte bancaire de Bethany. AprĂšs ce qu’elle a fait, il ne peut clairement pas la pardonner et ce n’est pas dans ses habitudes d’accepter les infidĂ©litĂ©s de la Londonienne.

— Oh, tu lui as coupĂ© les vives ? Me dis pas que tu n’as plus d’argent, Bethany.

— Un conseil salope, ne joue pas avec mes nerfs et Ă©vite de traĂźner autour de mon mec et passe-moi l’autre connard.

Bethany ne sait plus trop ce qu’elle dit. Un coup Jagger est son mec puis il suffit d’une seule seconde pour l’insulter.

Lorsque Bethany commence à devenir trÚs agressive, Jagger reprend la conversation et lui répond :

— Écoute, j’en ai rien à foutre de tes problùmes, ce n’est plus le mien.

— Mais Jagger, tu sais que tu es le seul homme que j’aime !

— Ouais, c’est ça ! MĂȘme Sun arrive Ă  montrer ma queue, rien qu’en matant son petit cul, lui balance-t-il avant de lui raccrocher au nez.

Suite Ă  ses mots, je lui jette un regard et le frappe dans l’épaule.

— Tu es un enfoirĂ© ! Pourquoi tu mets mon prĂ©nom dans tes histoires de cul ?

— Je veux qu’elle comprenne ce que ça fait d’ĂȘtre trompĂ©e ! rĂ©plique-t-il tout en s’approchant de moi.

D’un seul coup, je n’ai pas le temps de comprendre ce qui se passe autour de moi. Des lĂšvres chaudes et humides se pressent lĂ©gĂšrement sur les miennes, et un bruit, celui d’une photo prise avec un tĂ©lĂ©phone, retentit dans mes oreilles.

Mais qu’est-ce que
 Jagger ?

D’un geste brusque, je le repousse pour mettre fin Ă  ses baisers. Confuse de ce bordel, la seule rĂ©plique qui me vient Ă  l’esprit :

— Mais qu’est-ce que tu fous ?

— Faire comprendre à Bethany qu’elle m’a perdue.

— Il y a plein d’autres meufs du bahut ou des riches fortunĂ©es qui sont presque Ă  te courir aprĂšs, et c’est moi que tu vas venir embrasser ?

Je suis en colĂšre contre moi-mĂȘme, j’ai aimĂ© ce moment avec lui. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Merde !

Est-ce que je cherche du rĂ©confort parce que j’ai appris que mon ex ne me voyait qu’un plan cul sans aucune valeur ?

— Ne te mĂ©prends pas, Sun. C’est juste pour faire comprendre Ă  Bethany. Si je t’aimais rĂ©ellement, ce n’est pas ce vulgaire baiser que je t’aurais donnĂ©.

Mais quel enfoiré !

ÉnervĂ©e, et n’ayant pas envie de lui en dĂ©coller une, je me redresse du banc et entre dans le restaurant.

— Mais Sun ! Tu vas oĂč comme ça ?

— Chez ta mùre pour lui demander comment elle a fait pour avoir un fils aussi con que toi !

Mais c’est quoi leur problĂšme, Ă  tous ces mecs ? J’ai bientĂŽt vingt-deux ans, et ok, je suis peut-ĂȘtre un peu vieux jeu comme fille, mais je ne suis pas comme ceux de ma gĂ©nĂ©ration, influencĂ©s par les gens des rĂ©seaux et qui se tapent tout ce qui bouge.

Depuis que je suis rentrĂ©e au restaurant, je ne compte plus les verres de cocktails que j’ai vidĂ©s, mais suffisamment pour me rappeler des lĂšvres de Jagger sur les miennes. Cela fait une heure, et lui, il ne s’est toujours pas excusĂ© ni mĂȘme m’adresser la parole.

Je quitte le comptoir, puis me dirige vers l’arriĂšre-cuisine, oĂč Jagger, Andrew, Cameron et Jack Ă©clatent de rire.

En fait, est-ce que je suis la seule Ă  ĂȘtre troublĂ©e par ce baiser ?

Je les ignore complĂštement et ouvre le placard oĂč Jack range ses alcools forts. Je m’empare de la bouteille de whisky et me sers un verre. Un trĂšs gros, mĂȘme.

— HĂ©, Sun ! Tu ne vas pas boire un verre rempli de whisky ! s’exclame Jack.

— Faites comme si j’étais pas lĂ  ! J’ai un dĂ©mon Ă  combattre dans mon esprit.

Andrew se prĂ©cipite pour m’arracher le verre des mains.

— SĂ©rieux, Sun ! Qu’est-ce qui te prend ?

Je n’aurais pas dĂ» autant boire, je le sais. Mais toutes ces choses que j’ai encaissĂ©es en silence, je pouvais plus les garder pour moi.

Parce que le jour oĂč j’ai Ă©tĂ© convoquĂ©e chez le directeur, mes proches ont eu du mal Ă  me croire Ă  propos de cette foutue vidĂ©o. MĂȘme Andrew.

— Je suis dĂ©solĂ©e


— Tu es dĂ©solĂ©e de quoi, Sun.

— Quand je t’ai appelĂ© parce qu’on m’avait fait passer pour une salope devant un tas Ă©tudiants, on m’a envoyĂ© une adresse et je me suis rendue sur le lieu du rendez-vous


Je n’arrive mĂȘme pas Ă  lui dire la vĂ©ritĂ©. Les mots me manquent.

— Et donc, tu es allĂ© voir qui exactement ?

Mon regard se plante dans ses yeux. Andrew devine directement la personne que j’ai vu sans me dire une phrase.

— D’accord, il t’a demandĂ© quoi en Ă©change pour qu’il t’aide ?

Je ne peux pas lui dire pour le contrat qu’il me lie à Angelo Suan.

— Rien, il va essayer de trouver la personne qui a créé la vidĂ©o.

— Sun
 Croix-tu qu’aprĂšs avoir trouvĂ© le coupable, tu te sentiras mieux ?

Cela l’emmerde ou quoi que je cherche celui, qui m’a fait un putain de coup tordu ?

— Ouais, comme ça on arrĂȘtera de m’appeler la voleuse de Princeton !

*

* *

Le regard perdu sur le miroir de la coiffeuse, je jette mollement la derniùre valise au sol et traüne des pieds jusqu’à mon lit.

Depuis que Jagger a posĂ© ses lĂšvres sur les miennes, il n’a pas dit un mot et m’a Ă©vitĂ©e toute la soirĂ©e. Pourtant, il Ă©tait du mĂȘme avis qu’Andrew pour que je rentre Ă  la villa.

Dans ma chambre, seul mon soupir résonne en écho dans la piÚce. Mon corps s'écrase sur le matelas pendant que Rainbow se voue à une lutte acharnée contre mes cheveux.

À l’instant oĂč j’éteins la lumiĂšre de la lampe sur la table de chevet et que je m’installe correctement pour dormir, j’entends la porte s’ouvrir Ă  la volĂ©e, puis se refermer trĂšs rapidement. Pourtant, quand je sens quelqu’un se glisser dans les draps, une main vient frĂŽler ma poitrine avant de remonter vers mon visage.

— Je suis dĂ©solĂ©, Sun, me dit cette voix familiĂšre. Je ne suis pas Ă  un homme pour toi. J’espĂšre que tu oublieras vite ce qu’il s’est passĂ© ce soir.

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