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LylliaBrume
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Chapitre 3

Le matin, pour une fois, je me réveillai à l’heure. Mon réveil vibrait faiblement sous mon oreiller, comme un petit animal caché. Une idée de génie que j’avais eue la veille pour éviter que les sbires de Camille ne viennent encore me le débrancher pendant la nuit. Elle commençait vraiment à pousser le vice un peu trop loin… et j’en avais assez de me faire engueuler dès 8h du matin.

Je m’étirai doucement, un peu fière de ma victoire. Dans la pièce encore un peu sombre, Lou était déjà levée, assise en tailleur sur son lit, les cheveux attachés en un chignon flou, un cahier ouvert sur les genoux. Une tasse fumante posée à côté d’elle laissait s’échapper une douce odeur de vanille. Elle révisait sérieusement pour un contrôle de maths qui approchait, un stylo coincé entre les dents.

Quand elle me vit émerger de sous mes couvertures, elle haussa les sourcils, moqueuse.

Que vois-je ?! dit-elle en écartant les bras comme si elle accueillait un miracle.
— La Belle au bois dormant s’est réveillée en avance ? C’est un miracle... ou alors tu as juste hâte de danser avec le nouveau...

Je grognai en tirant ma couette sur ma tête.

— Tu dis n’importe quoi. J’ai juste planqué mon réveil sous l’oreiller pour éviter que Camille me fasse un mauvais coup. Rien à voir avec Kay.

Mmhm… répondit-elle, faussement convaincue.

Je me levai à contre-cœur, enfilai mon sweat gris sur mon pyjama, et m’approchai du miroir accroché à l’armoire. Mes cheveux ressemblaient à un nid de corbeaux. Parfait. Je tentai de les dompter avec un élastique pendant que je demandais :

— On commence par quoi comme cours aujourd’hui ?

Lou releva les yeux de son cahier.

— Ce matin, on a maths, anglais et histoire de l’art. Puis cette aprèm : cours de répertoire... Ah non, pardon. Pas pour toi.

Elle me lança un regard malicieux par-dessus sa tasse.

— Toi, tu as rendez-vous avec le beau gosse du conservatoire urbain. Chanceuse.

Elle éclata d’un petit rire. Toujours dans son délire de romance, persuadée que ma vie allait devenir un roman d’amour dès que je poserais les yeux sur Kay dans un studio vide.

— Arrête. Tu sais très bien que c’est juste un entraînement libre. C’est ce qu’a dit Madame Farnier, répliquai-je en croquant dans une pomme.

— Un entraînement libre avec un mec mystérieux, stylé, que tu ne connais pas, et qui t’a déjà glissé une phrase dramatique à l’oreille hier. Ouais ouais, très neutre tout ça…

Je levai les yeux au ciel.

— Tu vas encore me coller ça pendant combien de temps ?

— Jusqu’à ce que tu avoues que ce duo va changer ta vie, déclara-t-elle en pointant son stylo vers moi comme une épée.

Je ricanai.

— Tout ce que je veux, c’est faire cette chorégraphie, prouver ce que je vaux et me faire repérer par la compagnie. Plus vite je le connaîtrai, plus vite ce sera fait, et il pourra repartir dans son école de danse underground ou peu importe où il vit.

Lou plissa les yeux, le menton dans la main.

— T’as l’air de vouloir qu’il reparte très vite, mais je suis prête à parier que d’ici une semaine, tu l’auras ajouté à ton carnet de croquis, avec un petit cœur griffonné sur le côté.

Je lui lançai mon coussin.

— Dans tes rêves.

Elle le rattrapa d’une main et sourit, espiègle.

— Ou dans les tiens…

— Jamais de la vie.
Je me tournai vers elle avec un soupir théâtral.
— D’ailleurs, tu peux m’aider à me faire un chignon ? Mes cheveux ressemblent à de la paille ce matin...

Lou se leva aussitôt, ravie d’avoir une excuse pour délaisser ses révisions. Elle attrapa une brosse noire à manche doré posée sur une étagère, puis se plaça derrière moi avec l’assurance d’une coiffeuse professionnelle.

— Assieds-toi là, ordonna-t-elle en tapotant le tabouret devant le miroir. Et ne bouge plus. Je vais transformer ce champ de bataille en œuvre d’art.

Je m’exécutai, sage comme une image. Elle commença à démêler mes cheveux avec douceur, tirant parfois légèrement sur une mèche récalcitrante.

— On se demande pourquoi tu veux un de mes chignons magnifiques, ajouta-t-elle d’un ton innocent.
— Ce serait pas pour impressionner une certaine personne dont le prénom commence par un K et finit par un Y ? J’ai tort ?

Je la fixai à travers le miroir, les yeux plissés.

— Tu t’arrêtes jamais ?

Elle répondit par un petit sourire satisfait qui illumina son visage. Elle adorait me taquiner, surtout quand elle sentait qu’elle avait visé juste.

Jamais.
Elle me fit un clin d’œil en terminant d'enrouler mes cheveux en un chignon serré et élégant, avec quelques mèches douces laissées volontairement floues autour de mon visage.

— Voilà. Parfait. T’as la tête d’une ballerine étoile prête à conquérir le monde — ou un certain garçon mystérieux.

Je me levai, inspectai le résultat dans le miroir, et grimaçai.

— Il est trop bien fait. On dirait que j’ai un rendez-vous galant.

— C’est pas faux, glissa-t-elle en haussant les sourcils.

— C’est juste un entraînement, insistai-je.

— Ouais, ouais. Dis ça à ton cœur qui bat plus vite depuis hier, me répondit-elle en attrapant son t-shirt de danse.

Je changeai de sujet en attrapant mon propre sac, cherchant une tenue confortable pour les cours du matin. J’enfilai un legging noir, un pull en maille fine, et glissai mes chaussons dans mon sac. Lou avait déjà opté pour son jogging bleu clair préféré et un crop top blanc qu’elle portait sous un gilet en polaire.

— Bon, on va être à l’heure ou pas ? dis-je en mettant ma montre.

— À l’heure ? C’est un mot qu’on n’utilise plus depuis que t’es née, non ?

Je lui lançai une chaussette en pleine figure.

— T’es bête.

Bête mais brillante, répondit-elle en s’enroulant une écharpe autour du cou.
— Allez, en route. Si on traîne, je vais commencer à croire que tu veux être en retard pour tomber sur Kay "par hasard" dans les couloirs...

Je soupirai longuement en attrapant mon sac.

— Si tu continues comme ça, je vais écrire "NON" en rouge sur mon front.

— Ça rendrait bien avec ton chignon ! s’écria-t-elle en ouvrant la porte.

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