Le réveil sonna à peinen, Nora ouvrit les yeux avant même qu’il n’ait eu le temps de vibrer plus de trois fois.
Elle resta quelques instants allongée, immobile, les yeux fixés sur le plafond blanc de la chambre.
La lumière du midi filtrait doucement à travers les rideaux tirés, diffusant une clarté paisible qui tranchait avec le tumulte intérieur de la veille.
Lucy dormait encore recroquevillée dans sa couette, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller et un léger souffle régulier s’échappait de ses lèvres entrouvertes.
Nora se leva sans bruit, attrapant un gilet avant de sortir doucement de la chambre. Ses pas l’emmenèrent sans réfléchir vers la cuisine commune mais elle ne fit que remplir une tasse d’eau chaude avant de s’asseoir à la table, les mains autour du mug avec un regard perdu.
Elle repensait à Lucas, à son visage pâle, ses mains tremblantes, le regard brumeux qu’il avait posé sur elle la veille. Elle voulait croire Lucy et penser qu’il était simplement "touché" par sa présence mais elle savait que ça ne pouvait pas être le cas.
Elle sortit son téléphone machinalement mais aucun message, ni de Lucas, ni de Matteo. L’inquiétude recommença à s’immiscer doucement sous sa peau.
Elle vouliat lui écrire juste pour prendre des nouvelles mais ses doigts restèrent suspendus au-dessus de l’écran, elle effaça les mots qu’elle venait de taper, trois fois. Elle soupira en se frottant le front, puis elle entendit des pas légers dans le couloir. Lucy apparut, l’air encore ensommeillé, traînant ses pantoufles jusqu’à la cuisine.
- Comment tu vas après ce sommeil ? , grogna-t-elle en bâillant.
- J’ai mal dormi.
Lucy ne dit rien et s’assit en face d’elle les yeux encore à moitié fermés.
- Tu penses à lui hein ?
Nora ne répondit pas tout de suite, elle hocha la tête lentement.
- Tu veux qu’on repasse le voir ? proposa Lucy.
Nora baissa les yeux vers son mug à moité vide.
- J’attendrai un peu… Juste… voir s’il donne des nouvelles.
Mais même en le disant elle savait qu’elle n’attendrait pas si longtemps.
Elles étaient encore dans la cuisine lorsqu’un la sonnerie du téléphone de Nora retentit, elle baissa les yeux et l’écran affichait “ Maman “.
Un air surpris traversa son visage, elle hésita une fraction de seconde avant de décrocher.
- Allô ?
- Nora ?
- Oui maman… tout va bien ?
- Je suis devant l’université, je peux te voir ?
Le cœur de Nora manqua un battement, elle se redressa instinctivement.
- Devant… l’université ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’avais besoin de te parler en personne, c’est important, tu as un moment ?
Nora jeta un coup d'œil à Lucy qui la fixait maintenant avec attention. Elle tourna les talons, s’éloignant dans le couloir pour parler plus discrètement.
- Maman… qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?
- Oui oui rien d’alarmant mais j’aimerais te parler en face, je suis sur le banc près de l’entrée principale, tu peux venir ?
- D’accord… j’arrive donne-moi cinq minutes.
Elle raccrocha doucement les sourcils froncés.
Lucy l’attendait à la porte de la cuisine, bras croisés.
- Kira ? demanda-t-elle, devinant la situation.
- Oui elle est là devant l’université et elle veut me parler.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non, c’est bon… Je vais y aller seule, je te tiens au courant.
Elle attrapa rapidement son gilet et sortit dans le couloir. Son cœur battait plus vite qu’il n’aurait dû, elle descendit les escaliers à vive allure et franchit les portes du bâtiment.
Le soleil filtrait timidement à travers les stores de la chambre, une lumière pâle dessinait des rayures sur les draps blancs.
Lucas ouvrit lentement les yeux, cette fois il n’était plus désorienté. Il tourna doucement la tête, grimaçant légèrement
La pièce était vide, aucun signe de Matteo, ni des filles. Juste un petit plateau sur la table roulante couvert d’une cloche en plastique, probablement le petit déjeuner qu’il n’avait pas encore la force de toucher.
Il resta allongé un moment fixant le plafond, la scène de la veille défilait en boucle : Nora à son chevet, son regard inquiet, ses mains maladroitement posées sur les siennes. Lucy, silencieuse mais attentive. Matteo, épuisé mais solide comme toujours.
Son cœur se serra, Nora était venue.
Elle s’était inquiétée pour lui mais il n’arrivait pas à décider si cela avait un sens nouveau… ou si c’était juste une réaction normale face à un malaise aussi brutal.
Il soupira, se redressant un peu avec effort. Sa gorge était sèche, sa tête encore un peu lourde mais il allait mieux, pas assez pour courir un marathon mais assez pour réfléchir avec lucidité.
Un léger coup à la porte le sortit de ses pensées, il répondit d’une voix un peu rauque
- Entrez…
Un infirmier entra, souriant poliment.
- Bonjour Lucas bien dormi ?
- À peu près… Je crois.
- Parfait, le médecin va passer dans moins d’une heure pour vous examiner à nouveau… Et oui ton ami a laissé quelques affaires pour vous… et ce petit mot, dit-il en déposant un petit papier plié sur la table de chevet.
Lucas le prit avec curiosité, c’était l’écriture de Matteo.
"Repose-toi mec, je passerai te voir plus tard. PS : Tu as intérêt à finir ce plateau et n’essaye même pas de faire le malin avec moi ."
Lucas esquissa un sourire faible mais sincère, c’était du pur Matteo. Il se rallongea un instant, le mot toujours en main, il pensa à Nora, s’était-elle rendormie ? Allait-elle revenir ? Allait-elle lui écrire ? Il n’osait pas trop espérer mais quelque part, il le voulait.
Nora descendit les marches de l’entrée principale de l’université les yeux cernés par la fatigue et l’inquiétude marquée par la nuit mouvementée. Le téléphone toujours à la main, elle balaya l’esplanade du regard jusqu’à reconnaître une silhouette familière.
Sa mère était assis sur un banc, serrant contre elle son gilet en laine comme si le tissu pouvait la protéger d’autre chose que du froid.
- Maman ! l’appela Nora en arrivant à sa hauteur.
- Bonjour ma chérie, répondit-elle doucement, avec un sourire fatigué.
Elles s’étreignirent brièvement puis s’éloignèrent ensemble de l’agitation du campus. Le silence s’installa quelques secondes jusqu’à ce que sa mère le brise, la voix un peu tremblante.
- Je suis désolée de débarquer comme ça… mais il fallait que je te parle en face, je ne voulais pas te le dire au téléphone.
- Tu m’as fait peur, murmura Nora. Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est la boulangerie, dit-elle simplement et ce mot suffit à figer Nora.
Sa mère inspira profondément comme pour rassembler son courage.
- Tu sais que j’ai tenu aussi longtemps que j’ai pu après le décès de ton père… Mais la caution bancaire que j’avais prise pour son traitement… elle nous étrangle Nora. J’ai payé une bonne partie grâce aux ventes, au sacrifice de tout confort mais il en reste encore beaucoup.
- Tu m’avais dit que c’était sous contrôle, répondit Nora dans un murmure douloureux.
- J’ai voulu te le faire croire mais ce n’est plus le cas. Les fournisseurs refusent de livrer sans engagement. Il ne me reste plus assez pour renouveler les stocks et tout ce qui rentre dans la caisse repart aussitôt à la banque. Il n’y a plus rien pour faire tourner la boutique et maintenant je dois faire un choix.
Elle s’arrêta et fixa Nora avec des yeux humides où se mélangeaient fatigue, honte et résignation.
- Je vais vendre la boulangerie.
Un coup sourd résonna dans la poitrine de Nora, elle baissa la tête comme si la nouvelle l’avait frappée physiquement.
- Tu… tu veux dire, définitivement ?
- Oui je n’ai plus le choix, je vais la faire tourner encore un mois ou deux si tout se passe comme prevu, tout juste le temps d’organiser la vente, ranger et voir si un repreneur sérieux se présente. Ensuite… c’est fini.
Nora sentit sa gorge se nouer. Ce lieu c’était plus qu’un commerce, cétait leur histoire, leur foyer… C’était le rêve de son père.
- Et toi ? Tu vas aller où ? demanda-t-elle la voix brisée.
- Chez mes parents, répondit sa mère avec un sourire triste. À la ferme, ta tante Mary a insisté. Je vais l’aider avec les enfants et on partagera les frais. Ce sera… une autre vie… Peut-être moins dure.
Le silence s’installa de nouveau, Nora fixait le sol.
- Tu ne fais rien de mal maman, souffla-t-elle. Tu t’es battue comme une lionne.
- Et toi aussi mais maintenant il faut penser à l’avenir, le tien surtout. Tu n’as pas à porter ce poids ma chérie, tu es déjà loin, tu fais des études, tu construis quelque chose et tu ne dois pas te sentir coupable de ne pas pouvoir tout sauver.
Nora serra les mâchoires, elle sentait ses émotions monter en elle. Elle aurait voulu faire plus, elle aurait voulu trouver une solution mais elle savait que sa mère avait raison.
- J’aimerais que papa soit là, dit-elle enfin, la voix brisée.
- Moi aussi, répondit sa mère en l’attirant dans ses bras.
L’étreinte fut silencieuse, douloureuse mais nécessaire.
Après le départ de sa mère, elle resta un moment immobile figée sur le trottoir comme si ses jambes refusaient de la porter.
Les mots résonnaient encore dans sa tête martelant chaque recoin de son esprit : "vendre la boulangerie", "deux mois, voir moins", "retourner vivre à la ferme"...
Elle inspira profondément mais l’air semblait soudain trop lourd, chargé d’une tristesse qu’elle n’avait pas anticipée.
- C’est donc réel ?
Le sol s’était dérobé sous ses pieds, doucement, silencieusement mais irrémédiablement et avec lui, une partie d’elle-même, une part de son enfance et de son identité.
La boulangerie c’était les odeurs de pain chaud au petit matin, les rires de son père derrière le comptoir, les longues soirées à aider sa mère à préparer les commandes des fêtes. C’était un lieu de chaleur, de souvenirs... et aujourd’hui ce n’était plus qu’une ligne de dettes à solder.
Elle sentit les larmes monter mais les ravala aussitôt. Pas ici, pas maintenant.
Ce n’était pas seulement une perte matérielle, c’était l’effondrement d’un chapitre entier de leur histoiree. Le plus dur, c’était de se sentir impuissante ainsi que spectatrice de la fin d’un rêve qu’elle avait toujours cru éternel.
Son regard se perdit dans le vide et malgré elle, son esprit dériva vers Lucas, fragile et malade comme un autre symbole de quelque chose qui lui échappait, une autre inquiétude… Une autre impuissance.
Lancaster était allongé le visage encore marqué par la fatigue et la faiblesse des dernieres heures.
La lumière tamisée de la chambre laissait filtrer les bruits lointains des couloirs tandis que Matteo restait assis près de lui le regard plonger dans son téléphone.
Le silence fut d’abord seulement ponctué par le léger bourdonnement des machines puis la porte s’ouvrit doucement et une infirmière entra avec un dossier en main, suivie du médecin.
- Lucas comment vous sentez-vous maintenant ? demanda le médecin d’une voix posée, examinant les notes du dossier.
Lucas tenta un sourire, la voix encore rauque
- Un peu mieux… Je sens que ça va dans la bonne direction.
Le médecin hocha la tête, tout en vérifiant les constantes.
- Vous avez bien réagi au traitement mais il faudra encore du repos avant que vous puissiez reprendre vos activités normales. Le médecin ajouta. Nous vous garderons sous observation jusqu’à demain et ensuite nous verrons si vous êtes apte à sortir mais surtout, pas de précipitation.
Lucas acquiesça doucement, ses pensées quelque peu dispersées. Il pensa à Nora, à tout ce qu’il avait laissé en suspens, à ce projet qu’ils avaient dû mettre en pause à cause de lui.
L’infirmière prenant la température, sourit légèrement en remarquant la présence de Matteo.
- Vous avez un bon ami qui veille sur vous.
Lucas la regarda un peu gêné.
- Disons qu’il n’a pas d’autre choix que de rester avec moi
Le médecin sourit legerment et fit un dernier tour de table avant de sortir suivi de près par l’infirmière, laissant Lucas et Matteo dans un calme relatif.
Il leva les yeux vers Matteo toujours assis sur la chaise à côté du lit son téléphone en main.
- Tu sais… tu peux rentrer hein. Je vais survivre.
- Ouais bien sûr… Que je parte hein ? quand tu vas tomber dans les pommes, je me ferai engueuler par les infirmiers….Très peu pour moi Lulu.
Lucas esquissa un sourire.
- Sérieusement, je suis juste un peu fatigué et j’ai un peu fièvre mais j’ai pas la peste... En tout cas, pas encore.
- C’est ce que disent tous les mecs qui finissent avec une perfusion dans le bras.
Ils partagèrent un petit rire, presque complice.
- La fête… elle est toujours prévue ce soir, non ? Argumenta Lucas.
Matteo redressa la tête, surpris.
- Oui et ? Tu penses vraiment que j’irai à cette fête alors que tu es cloué sur cet lit ?
Lucas hausse un sourcil, surpris.
- Mec… c’est bon. Va-y… Tu ne vas pas rater ça pour moi.
- Tu crois que je vais kiffer en sachant que tu respires à moitié ?
- Justement, tu en as besoin mec… Vas-y te respire un peu….En plus, le médecin a dit que j’allais bien , que je pourrais sortir demain….
Matteo sourit, essayant de cacher son inquiètude.
- Frerot tu es sûr ?
Lucas acquiesce lentement
- Promis et puis qui sait, peut-être que Emily y sera aussi, tu pourras faire genre que tu n’as pas passé la journée avec un demi-cadavre.
- Ah ouais génial… Quelle ambiance…
Lucas esquissa un sourire fatigué mais sincère.
- Vas-y, amuse-toi. Je dormirai pendant que tu feras ton social butterfly.
- Tu as intérêt à tenir debout demain mec.
Matteo se leva finalement, hésitant une dernière seconde.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit tu n’as qu’à m’envoyer un message même si je suis au milieu de la foule je reveindrai.
Lucas acquiesça, touché.
- Maintenant casse-toi bouffon
Matteo sourit discretement
- Repose-toi bien connard.
Il sortit de la chambre avec un regard en arrière, laissant Lucas seul dans le calme de la pièce, le cœur inquièt.
Une douce lumière orangée s'étalait sur le sol de la chambre. Nora était assise sur son lit dos contre le mur, les jambes ramenées contre elle, un livre de cours ouvert mais ignoré depuis de longues minutes. Lucy en face, terminait d’enfiler ses boucles d’oreilles devant le miroir les cheveux attachés en une demi-queue élégante.
Lucy se tournant vers elle
- Tu es sûre que tu veux pas venir ? Ça pourrait te changer les idées.
- Je ne suis pas vraiment d’humeur à faire semblant de sourire ce soir.
Lucy s’approcha et s’assied en face d’elle
- Tu penses encore à ta mère ? Ou à Lucas ?
Nora leva enfin les yeux vers elle, son regard était embué et un peu las.
- Tout est... trop en ce moment. La boulangerie, l’argent, et Lucas qui se retrouve malade… Je me sens inutile.
Lucy posa une main sur son genou.
- Ce n’est pas ta faute Nora, crois-moi que tout finira par se resoudre. Elle lui donna un léger coup d’épaule. Bon j’y vais mais si jamais tu as envie de venir, tu m’écris et si tu as besoin de moi, même au beau milieu de la fête je serai là, okay ? il suffit d’appeler.
- D’accord Lucy.
Elle attrapa sa veste puis quitta la chambre, laissant Nora dans le silence.
Des guirlandes lumineuses serpentent autour des arbres et de la rambarde de la terrasse, la musique pulse depuis l’intérieur de la maison.
On entend les rires, les conversations, les verres qui s’entrechoquent. Lucy arrive, une veste en cuir sur les épaules et son téléphone à la main.
Elle observe un instant les étudiants rassemblés devant l’entrée, repère quelques visages familier, puis avance d’un pas assuré.
La chaleur l’enveloppe immédiatement. L’odeur du popcorn, de la bière et des parfums se mêlent dans l’air. Des groupes sont assis dans le salon, d'autres dansent déjà dans la pièce centrale.
Elle se fraye un chemin, saluant quelques connaissances, elle aperçoit Matteo accoudé à un mur près du buffet, un gobelet en main. Il semble hésitant, un peu en retrait.
- Je ne pensais pas te voir aussi seul dans une pièce aussi remplie.
Matteo hausse un sourcil surpris puis lui sourit.
- Je crois que je n’arrive pas à m’amuser en sachant que mon frère est malade.
- Je peux te comprendre…
Matteo eut un léger rire
- Pour dire vrai c’est lui qui m’a convaincu de venir, donc je n’ai pas eu le choix.
Lucy sourit, son regard balaye la pièce. Elle reconnaît quelques camarades de promo mais reste concentrée sur son interlocuteur.
- Sinon, Il va mieux ?
- Il dort toujours, les infirmiers surveillent sa fièvre mais il a meilleur mine que ce matin.
Elle sourit en coin, contente d’avoir eut une bonne nouvelle.
- Je suis soulagée de savoir qu’il va mieux.
Un silence s’installe quelques secondes puis Lucy tape doucement dans ses mains.
- Bon on fait quoi ? On boit un truc ? Ou tu veux qu’on campe ici comme deux âmes en peine ?
Matteo amusé par sa remarque retrouva une partie de sa bonne humeure habituelle.
- Ok mais tu choisis les boissons et si tu me files un cocktail bizarre, tu ne paies pas chere ta peau ma belle.
Ils s’éloignent vers le buffet où quelques bouteilles artisanales circulent. La musique s’intensifie, on sent l’énergie de la soirée monter peu à peu.
Lucy sert deux verres, l’un pour elle, l’autre pour Matteo. Ils trinquent légèrement sans trop se faire remarquer mais silencieusement, une forme de complicité s’installe entre eux.
Toujours assise sur son lit, les jambes croisées et un carnet de notes ouvert devant elle, elle a tenté de se concentrer sur ses révisions mais ses pensées vagabondent sans cesse.
Elle pousse un soupir et laisse tomber son stylo.
- J’ai ce compte rendu à finir et le projet avec Lucas à reprendre… mais je n’arrive pas à aligner deux idées cohérentes.
Elle tourne la tête vers la fenêtre, la musique lointaine de la fête se fait entendre par intermittence. Nora se lève, s’approche, écarte légèrement le rideau. De là, elle aperçoit les lumières qui clignotent au loin.
- Lucy doit y être à cette heure…Elle a bien fait d’y aller, elle avait besoin de souffler, elle aussi.
Elle ferme doucement le rideau et retourne s’asseoir plus lentement cette fois. Elle tire vers elle une couverture qu’elle enroule autour de ses épaules. Sans transition, l’image de Lucas à l’infirmerie lui revient en tête.
Elle serre les dents, se penche et attrape son téléphone.
Écran verrouillé, aucun nouveau message de Lucas. Elle hésite mais fini par déverouillé son écran ; ouvre la conversation avec Lucas, tape quelques mots puis les efface tout de suite.
- Pourquoi je lui écris alors qu’il doit dormir… Et qu’est-ce que je lui dirais de toute façon ? “Repose-toi bien” ? C’est idiot.
Elle repose le téléphone sur sa table de chevet, s’allonge sur le lit la couverture toujours sur elle et les yeux grands ouvert qui fixent le plafond en silence.