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Mademoiselle_Didi
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Chapitre 4

La vidéo de Nora s’était arrêtée depuis longtemps, l’écran du téléphone était noir mais dans le silence du salon mais sa voix résonnait encore dans l’esprit de Lucas.

Il n’avait pas bougé depuis des heures, éllongé sur le canapé vidé comme figé dans un temps suspendu.

Quand il ouvrit les yeux… il comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas.

Le plafond n’était pas le bon, ni les murs, ni la lumière. Une odeur familière pourtant lointaine flottait dans l’air : poussière de vieux livres, lessive bon marché...

Il se redressa brusquement, son cœur cognait.

Il tourna sur lui-même, la pièce moins grande que son appartement , le tapis élimé, les meubles dépareillés… c’était impossible.

Il était de retour dans son ancien appartement universitaire, l’endroit qu’il partageait autrefois avec Matteo.

Il se leva lentement comme s’il avait peur que le décor s’effondre à la moindre respiration. Son regard se posa sur la table basse, un vieux téléphone. Il l’alluma et l’écran afficha : Lundi 11 mai 2015 - 10h46

Lucas lâcha le téléphone, son souffle se coupa.

Des coups à la porte puis la voix de Matteo

- Frérot ? Tu es réveillé ?

La porte s’ouvrit sans attendre.

- Putain, tu as dormi là ? Faudrait que tu fasses une pause avec tes révisions.

Il entra un café à la main l’air vif et détendu comme à l’époque. Ses cheveux étaient plus longs, ses traits moins marqués, c’était le Matteo du passé.

Lucas incapable de dire un mot, l’observait comme on regarde un revenant.

- Tu fais cette tête parce que tu as rêvé qu’on bossait dans des costumes gris chez ton oncle ? blagua Matteo.

Mais Lucas ne riait pas, Il s’approcha lentement comme s’il n’osait pas le toucher.

- Tu es réel ?

Matteo leva un sourcil.

- Tu veux que je te gifle ?

Lucas émit un son à mi-chemin entre un rire et un sanglot. Il recula, s’adossa au mur.

Son regard se perdit vers la fenêtre et murmura plus pour lui que pour Matteo

- Je suis revenu…

Matteo fronça les sourcils.

- Tu es sûr que t’as pas pris un de ces trucs que tu prétends ne jamais toucher ?

Lucas toujours choqué, s’exclama.

- Et Nora ?

Matteo pencha la tête l’air supris.

- Nora ?… Nora Benette ?

Il sourit.

- La fille dont tu me parles tout le temps mais que tu as jamais eu le courage d’approcher ? C’est d’elle que tu parles ou d’une autre ?

Lucas eut un rire étouffé.

- Je veux la revoir, murmura-t-il. Je dois la revoir.

- Hein ? Mec… tu te sens bien ? Tu veux que j’appelle un médecin ?

- Non, Je suis très bien… Pour la première fois depuis longtemps je me sens vivant.

Matteo encore perdu, siffla doucement.

- Okay, okay… Mais redescend, tu vas pas te pointer chez elle comme un stalker flippant j’espère ? Elle te connaît même pas, faut pas l’effrayer.

Lucas releva la tête, ses yeux brillaient mais d’une lumière nouvelle, un mélange de douleur et de détermination.

- Je n’ai pas eu ma chance la première fois… Mais cette fois, je ne vais pas rester spectateur.

- Tu veux que je te pince ? Redescends je te dis ! Et tu devrais plutôt t’inquiéter parce qu’on est en retard au premier cours.

Il traversa la pièce, s’arrêta devant le miroir près de la porte et regarda longuement ce visage rajeuni, ce temps retrouvé.

Matteo le fixait le visage froissé.

- Lucas… Mec, tu es tout pâle, tu as l’air d’un fantôme. Tiens, dit-il en lui tendant son café, et s’il te plaît frérot, prends ta douche tu pues.

Matteo rigola à gorge déployée.


Le campus avait l’odeur d’un souvenir lointain, Lucas marchait sans réellement sentir le sol sous ses pieds.

Tout lui paraissait à la fois proche et terriblement loin comme s’il flottait dans une bulle d’échos et de souvenirs. Il connaissait déjà cette époque mais il ne l’avait jamais vraiment vue et surtout il ne l’avait jamais comprise.

Nora Benette avait toujours été là, silencieuse, présente dans les mêmes amphithéâtres parfois à quelques rangs.

Elle prenait des notes avec méthode, levait rarement la main et partait dès que le cours était terminé. Discrète, économe de ses mots et pourtant maintenant qu’il était revenu, Lucas ne voyait plus qu’elle.

Et il se demandait : comment ai-je pu passer à côté d’elle ?

malheureusement il savait le pourquoi, parce que dans ce passé-là il était aveugle… Aveugle sous le poids des attentes.


À cette époque, Lucas Lancaster portait son nom comme un costume trop grand. Un nom qui appartenait à son oncle James, qui était à cette époque là l’homme d’affaires redoutable qui l’avait pris sous son aile dès l’adolescence après la faillite et la disparition du père de Lucas et avait fait de lui son héritier désigné.

“ Le nom Lancaster ne se transmet pas,  Il se mérite “ lui répétait-il à chaque dîner d’affaires, à chaque erreur, à chaque minute de relâchement.

Lucas faisait partie de ces étudiants brillants qui pensaient avoir le temps pour tout remettre à Plus tard.

Plus tard pour vivre, pour aimer, pour comprendre mais maintenant qu’il foulait à nouveau ces pavés le cœur encore brisé par la perte de Nora, ll s’en voulait d’avoir perdu son temps.


Cela remontait à leur deuxième année, Il se souvenait parfaitement de la première fois où il l’avait remarquée.

C’était dans le grand amphithéâtre aux vitres teintées en fin d’automne, elle était arrivée quelques minutes avant le cours les cheveux attachés négligemment et un livre à la main.

Elle ne parlait à personne, s’était assise au troisième rang, légèrement de côté et avait sorti un carnet. Certes Il n’y avait rien de spectaculaire dans ses gestes, rien de flamboyant mais Lucas s’était arrêté de respirer un instant.

Il ne savait pas ce qui l’avait attiré chez elle, peut-être sa concentration, peut-être ce regard à la fois absent et lucide ou peut-être le fait qu’elle semblait ne pas chercher à exister aux yeux des autres.

Il l’avait regardée une fois puis deux et s’était surpris à chercher sa silhouette dans les couloirs à deviner ses horaires et à noter mentalement les jours où elle n’était pas là.

Chaque début de semestre, il s’était juré qu’il l’aborderait et chaque fin de semestre il ne l’avait toujours pas fait.


- Tu sais que tu vas mourir avec tes regrets si tu continues comme ça, lui avait lancé Matteo un soir de printemps, leur dernière année à Stanford.

Ils étaient sur le toit de leur résidence universitaire à boire une bière tiède sous les étoiles.

Lucas avait haussé les épaules.

- Je ne sais même pas ce que je dirais,  On n’a rien en commun.

- Tu n’en sais rien, Tu n’as jamais essayé.

-  Elle est trop… dans son monde, trop sérieuse…Trop distante.

-  Et c’est justement pour ça qu’elle te fascine, non ? Elle te donne l’impression que tu pourrais enfin faire quelque chose de vrai.

Lucas avait détourné les yeux, le cœur un peu lourd.

- J’ai grandi dans un monde où tout est façade, Matteo. tout le monde attend quelque chose de moi et à force de vouloir les plaire, je ne sais plus qui je suis. petit à petit je deviens complètement invisible. j’ai comme l’impression qu’elle me regarde comme si je n’existais même pas.

Matteo avait souri doucement.

- Alors peut-être qu’il est temps de lui montrer que tu existes.


Mais Lucas ne l’avait jamais fait.

Il s’était immédiatement rendu à la bibliothèque, ne se souciant guère de son cours sur les études du marché à l’international.

Il savait qu’elle allait être là. Dans ses souvenirs, c’était là qu’elle passait la plus grande partie de son temps.

Et elle était là....vivante, assise au bord d’une table entourée de manuels trop lourds et de dossiers à moitié pliés, elle portait un gilet bleu et une écharpe en laine.

Lucas la fixait à distance, ses yeux scrutant chaque geste. Il vit ses doigts trembler légèrement quand elle ouvrit son ordinateur.

Il vit son regard fatigué et sa gorge se contracter alors qu’elle réprimait un bâillement. Il ne put se contenir et se mit à pleurer silencieusement, les larmes coulant sans qu’il puisse les contrôler, Il se laissa aller.

Il voulait courir et la prendre dans ses bras, ressentir sa chaleur, lui dire qu’il était amoureux d’elle mais il ne fit rien de tout cela, se souvenant que dans le passé il n’était pas si proche d’elle.

Il s’assit sur la première chaise qu’il trouva et continua à la fixer discrètement, en ce moment, il était l’humain le plus heureux.

Il l’observa puis elle décrocha son téléphone 

— Oui Lucy… je suis à la bibliothèque viens, je t’attends.

Lucy ? C’est celle qui avait fait un discours, c’est donc sa meilleure amie mais dans ses souvenirs il ne l’avait pas remarqué.
Il comprit maintenant pourquoi il avait eu du mal à la reconnaître dans le futur, Peut-être était-ce parce qu’il était aveuglé par la souffrance du deuil…


Il la regarda poser son téléphone sur la table, se replonger dans ses livres.

Il essuya les larmes qui stagnaient et se réjouit intérieurement parce dans ce retour il avait enfin une chance de réparer ses choix et savait pertinament que cette fois il ne laisserait pas les années filer entre ses doigts ni ses peurs l’arreter.

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14 days
La seconde chance a porté de ses doigts. Il me tarde de voir comment il va l’aborder et surtout, de connaître les conséquences de ces changements. Les plans familiaux vont être bouleversés.
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