Le silence chez Lucas Lancaster avait quelque chose d’étrangement pesant.
Dans son immense maison au style ultra-moderne rien ne vibrait de chaleur, les murs étaient blancs, le marbre brillait sans tache, tout coûtaient une fortune mais aucun n’était choisi par amour ou instinct.
Tout respirait le luxe... sans âme.
7h02 l’alarme de son téléphone vibra, froide et discrète. Il ouvrit les yeux sans surprise sans sursaut, il ne dormait presque plus.
La nuit son esprit ne s’éteignait jamais : il tournait encore et encore autour d’un vide qu’il ne parvenait pas à combler.
À ses côtés sur le lit king-size Clara dormait encore de ce sommeil mécanique et détaché des gens qui n’ont plus rien à se dire.
Elle ne bougeait même pas quand il quittait le lit. Ils ne se touchaient plus. ni accidentellement, ni volontairement.
Ils ne s’aimaient pas, peut-être ne s’étaient-ils jamais aimés.
Leur mariage avait été une alliance stratégique, une décision murmurée entre avocats et conseillers, entérinée par les deux familles avec des sourires satisfaits.
Clara était la fille d’un homme d’affaires influent issue du même monde que lui : celui des dîners de gala, des poignées de main codées et des apparences soigneusement maîtrisées. Une femme belle, élégante et distante.
Elle est irréprochable sur papier mais glaciale, tout chez elle était calculé : ses mots, ses gestes, son image publique, et lui ? Il jouait son rôle du mari parfait, le PDG responsable et l’héritier accompli de Lancaster.
Il sortit de la chambre sans un bruit, descendit l’escalier et rejoignit la cuisine.
Il y’avait personne, leur gouvernante arriverait dans une heure. Il fit couler un café noir sans sucre trop amer mais au moins il sentait quelque chose.
Il enfila sa veste cintrée, ramassa sa mallette en cuir et monta dans sa voiture de fonction.
L’allée de leur villa serpentait entre des haies parfaitement taillées, des statues froides, un portail électronique et une vue imprenable sur les collines, l’isolement parfait.
À l’extérieur tout était admirable mais à l’intérieur il s'effondrait lentement.
La tour Lancaster Industries dominait la skyline de la ville, verre fumé en 74 étages.
C'était le royaume qu’il avait hérité de son oncle James Lancaster, patriarche exigeant et redouté dans le monde des affaires qui l’avait formé comme on dresse un successeur : avec discipline, pression, et zéro espace pour le doute.
Lucas avait été un étudiant brillant, sérieux et déterminé. On l’avait préparé à cela toute sa vie, Il n'avait pas eu le luxe de choisir un rêve parce qu’il devait reprendre l’empire.
Dans l’ascenseur, il consulta déjà ses mails, quelques problème de logistique à Dubaï, presse à contrôler après le licenciement d’un cadre haut placé.
À 8h30, il était déjà en réunion avec le comité stratégique, à 9h45 il enchaînait avec un appel en direct avec Tokyo et à midi le déjeuner avec des investisseurs au club privé de l’entreprise. Il parlait, souriait, négociait et décidait.
Il brillait et pourtant il ne vivait pas.
Son bureau au dernier étage était digne d’un chef d’État, Il avait une vue imprenable sur la ville, une salle de repos privée, une collection de livres anciens, un minibar discret qu’Il n'y touchait jamais.
Il s’asseyait toujours à la même place face à cette immense baie vitrée et observait l’horizon.
Ce midi là, il resta longuement immobile, les chiffres défilaient sur les écrans devant lui, les résultats trimestriels étaient excellents, l’action montait, le conseil d’administration et son oncle seraient ravi.
Et lui ? Il ne ressentait rien… sinon un manque obsédant, un regret profond, une blessure invisible qu’aucune réussite ne guerissait.
Il ne comprenait pas vraiment pourquoi ou du moins il refusait de le formuler.
Ce qu’il aurait voulu dans une autre vie, c’était autre chose. Une vie plus simple, moins brillante, moins froide, une maison où les rires résonnent où l’amour est vrai où on se touche, où on se parle, où on est libre.
Il lui arrivait parfois d’y penser en pleine nuit, à cette époque où il n’était qu’un étudiant stressé, à cette fille… toujours assise quelques banc devant à l’amphithéâtre, concentrée et discrète. Il l’amais profondement mais ne l’avait jamais approchée.
Le cuir de son fauteuil ne grinçait plus à force d’avoir été écrasé par des heures de silence tendu. Il fixait l’écran devant lui mais ses yeux n’y voyaient rien. Depuis combien de temps déjà sa main droite restait posée, immobile sur la souris ? Cinq minutes ? Dix ? Une heure ? Peut-être plus.
La machine à café se mit à grogner dans le silence du bureau. Il se leva lentement comme s’il portait sur ses épaules quelque chose de plus lourd que son costume. Lorsqu’il attrapa le gobelet fumant, il remarqua que ses mains tremblaient légèrement.
Il fronça les sourcils, Il n'avait pas mangé depuis la veille au soir. La veille, un dîner encore une fois muet avec sa femme assise à l’autre bout de la table comme une statue de porcelaine, elle avait parlé de ses projets, de l’événement caritatif auquel elle était invitée, du nouveau tailleur qu’elle s’était fait livrer. Elle avait parlé mais pas à lui, elle parlait comme on récite un texte appris par cœur devant un mur.
Il n’avait pas répondu, Il s’était contenté de hocher la tête et elle n’avait pas semblé le remarquer.
Clara n’était pas cruelle. Elle était... présente, elégante et poli jusqu’au bout des ongles. Belle selon les critères du monde dans lequel ils évoluaient mais elle ne voyait plus Lucas depuis longtemps. Et lui, de toute façon ne l’avait jamais vraiment vue.
Et c’est là, alors qu’il s’apprêtait à retourner à ses tableaux de chiffres le café à la main que la porte du bureau s’ouvrit sans frapper.
- Toujours aussi matinal Lancaster ? lança une voix familière, pleine d’ironie douce.
Lucas leva les yeux.
Matteo Comello.
Il portait un manteau bleu nuit mal boutonné, les cheveux en bataille et un sourire de ceux qui n’ont jamais su respecter les codes trop stricts. Il tenait un sachet des croissants dans une main, une tasse de café dans l’autre.
- Je me suis dit que si je t’amenais de la nourriture tu m’ouvrirais peut-être la porte de ton coeur mais à voir ta tête j’aurais dû amener un whisky.
Lucas esquissa un sourire, fatigué tout en reprenant sa place.
- Tu sais bien que la porte est toujours ouverte pour toi avec ou sans nourriture.
- Techniquement oui mais en réalité tu es devenu un fantôme, on dirait que tu ne vis plus.
- Je vis Matteo.
- Tu survis. répondit-il en s’asseyant sans demander. Il tendit le croissant à Lucas qui le prit sans grande conviction.
Il y eut un silence, mais un silence confortable cette fois. Le genre qu’on partage avec les gens qui vous connaissent trop bien pour qu’on ait besoin de se cacher.
- Tu dors au moins ? demanda Matteo les sourcils froncés.
Lucas haussa les épaules.
- Je ferme les yeux.
- Mec… C’est pas une réponse? Je t’ai connu plus vivant que ça. Stanford tu étais…
- …un gamin qui rêvait trop.
La réponse avait claqué plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.
Matteo s’arrêta, le sourire s’évanouit remplacé par une inquiétude sincère.
- Ça va encore si mal que ça ?
Lucas se passa une main sur le visage.
- Je ne ressens plus rien Matt. Je bosse, je rentre et je dors. Je fais semblant d’avoir une vie que je n’ai jamais choisie, j’ai tout ce que je suis censé vouloir et pourtant j’ai l’impression d’être passé à côté de l’essentiel, de quelque chose que j’ai perdu… ou que je n’ai jamais eu.
Matteo le regarda longuement puis murmura
- T’as pensé à tout lâcher ?
Lucas eut un petit rire amer.
- Et faire quoi ? Partir élever des chèvres dans le Montana ?
- Ouais… Ou écrire un roman? Ou… te rappeler qui t’étais avant tout ça.
Lucas ne répondit pas. Il y avait eu un avant, un Lucas plus rêveur, celui qui en silence avait regardé une fille au regard doux, quelques rangs plus bas dans l’amphithéâtre et s’était dit : si j’étais un autre homme, j’irais lui parler.
Mais il ne l’avait jamais fait et aujourd’hui ce souvenir s’accrochait à lui comme un regret qui refuse de mourir.
- Tu n’as pas besoin de me dire ce que s’est, dit doucement Matteo. Je veux juste que tu sois heureux.
Lucas détourna les yeux. c’était bien là le problème il pensait en avoir tout, Il pensait pouvoir ignorer ce vide mais il ne rêvait plus, Il survivait et même ça, il ne le faisait plus très bien.
- Merci d’être passé. souffla-t-il.
Matteo se leva.
- Très bien je repasserai et la prochaine fois je te kidnappe pour boire un verre ou pour aller voir un psy on verra ce que t’acceptes en premier.
Il lui fit un clin d’œil et disparut.
Lucas resta seul le croissant était devenu froid et le café aussi. Mais une chose était claire : Matteo malgré sa légèreté avait touché une vérité qu’il refusait de regarder en face.
Il n’était pas seulement fatigué, il était en deuil.
Pas d’une personne… mais d’une vie qu’il n’avait jamais eue.
Dans ce chapitre, ce que j'ai retenu c'est le silence ! Lol Il y a beaucoup trop de silence, alors, je t'assure, je vois où tu veux en venir, mais je pense que tu peux trouver d'autres moyens de faire comprendre aux lecteurs ce fameux silence. Le début de ton chapitre est un peu lourd aussi car tu décris presque toute la maison et franchement ce n'est pas nécessaire.
Pense que chaque chose que tu écris doit avoir son importance. Si tu veux qu'on comprenne qu'il a une maison de riche, tu peux très bien dire qu'ila une cuisine high tech et pas forcément décrire les meubles et tout.
N'hésite pas a chercher des synonymes et te relire et te demander si cest vraiment important d'écrire ceci ou cela.
Cependant,ton histoire a du potentiellement, on ressent la solitude de ton personnage et je pense que tu pourrais mettre encore plus de profondeur, peut-être qu'il n'est pas obligé de se rendre compte par lui même que quelque chose ne va pas, mais mathéo qui pourrait insister pour lui parler, lui dire que ça fait un moment qu'il le voit dans cet état et qu'il ne peut plus laisser passer ça, qu'il s'inquiète. Enfin voilà, je lirai la suite avec plaisir en tout cas. :)