Le monde est cruel, et l'unique problème, c'est que le monde et l'homme ne font qu'une seule et unique entité, ce qui fait de l'homme son propre chasseur. Il est à la fois la brebis et le loup, cherchant désespérément à trouver du bien en lui, mais se rappelant que le mal finira toujours par prendre le dessus. Malgré ses efforts, il finit par se dévorer lui-même, laissant derrière lui seulement une image, celle d’un agneau qui finira, lui aussi, par se transformer en loup.
C'est le cycle infini de l'homme, le cycle infini d'un mal sans bien, d'un début sans fin, d'un effort sans changement.
Un monde sans avenir.
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Cela fait plus d'une heure que je me suis enfui. J'ai sûrement vexé Vénus. D'un côté, je n'aurais pas dû ; mais d'un autre, je suis si bien ici. Comme si le bosquet s'était transformé en Sahara : la chaleur y est forte, mais douce. Je m'y sens bien.
Il ne me manque qu'une seule chose...
Vénus…… J'aimerais qu'elle soit à mes côtés, qu'elle m'entende, qu'elle me réconforte, qu'elle soit ce que j'ai toujours voulu avoir : une confidente aussi muette qu'une tombe, capable d'enterrer à jamais mes secrets. Le sang que j'ai fait couler, les âmes que j'ai privées de vivre, que j'ai forcées à mourir... J'aimerais qu'elle puisse entendre les pires cauchemars qui me hantent. Et qu'elle me prenne dans ses bras en me disant :
— “Orion... ne t'en fais pas, je suis là, et je le serai toujours. Sois toi-même... car celui que tu es là, je ne l'aime pas. Je préfère celui qui sourit, celui qui, malgré tant de sang sur les mains, a tant de larmes dans les yeux, tant de peine dans le cœur...”
Mais encore une fois, j'ai tout caché. J'ai hésité. J'ai choisi sans penser, en espérant cueillir une fleur sans la voir faner. J'ai choisi, mais je ne l'ai pas accepté. Je voulais autre chose tout en prenant ce que j'ai eu. Deux choix, deux récompenses. Je voulais les deux en empruntant un seul chemin.
Vénus, pardon d'être celui que je suis. Enfin... d'être celui qui ne sait pas qui il est.
— "Je devrais sûrement essayer de sortir de cet endroit..." dis-je tout haut.
J'y étais bien, car mentalement, j'étais stable. Mais j'étais mal, car physiquement, j'étais épuisé. J'étais déshydraté, dégoulinant de sueur, mon front était brûlant, trop brûlant. Je n'avais plus de force. J'avais envie de dormir profondément. Ma tête tournait dans tous les sens, je voyais les murs bouger, j'avais l'impression que la crypte allait s'effondrer sur moi, que j'allais finir enterré dans l'oubli. Le loup tué par ses propres crocs. L'agneau mort, emportant avec lui tout ce qu'il n'avait jamais montré : sa gentillesse et sa faiblesse.
— "Alors c'est maintenant. Je la vois enfin... J'arrive. Je suis là. J'arrive vous rejoindre..."
Je rassembla mes dernières forces et leva la main vers le ciel, comme pour toucher du doigt ce que je désirais depuis si longtemps. Mais je n'avais pas assez de force. Alors, à la place du paradis ou de l'enfer, mon corps m'offrit les "Limbes", le "Yurei".
Ce lieu qui n'est ni enfer ni paradis, mais seulement une terre de souffrance, où résonnent nos cris, nos douleurs, et nos regrets. On dit que les âmes qui ont quitté leur enveloppe charnelle sans pouvoir emprunter un chemin, qu'il soit celui du bien ou du mal, sont condamnées à errer dans le Yurei, devenant des fantômes forcés de contempler ce qu'ils ont aimé sans retour, de voir mourir ce qu'ils chérissaient.
Nous mourons seuls. Nous errons seuls. Mais au final, dans le Yurei, même la solitude finit par disparaître. Et à la fin, il ne reste rien... rien sauf nous, face à nous-mêmes.
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-Je fermai les yeux petit à petit, un sourire aux lèvres. Je voyais tout devenir trouble et puis... un grand BOOM…
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Je n'avais plus chaud, mais je n'avais pas froid non plus. Où étais-je ? Je ne savais pas, mais j'y étais. Une voix me parlait, mais je ne comprenais rien. Je me concentrai, mais cela restait flou. Était-ce ça, la mort ? L'Ankou s'était-il enfin décidé à venir me chercher ?
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Eh non, petit. Ton heure n'est pas encore venue. Tiens-toi prêt, car un jour, je serai là. Lorsque tu tomberas, je t'attraperai, mon enfant…
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— "ORIONNNNNNNNNNNNNN !!!"
— "Hum... je suis..." dis-je d'une voix faible.
— "Non, tu n'es pas mort, abruti. Heureusement d'ailleurs, sinon je n'aurais pas pu te tuer de mes propres mains !"
Cette voix... c'était celle de Thibaut.
— "As-tu prévenu..."
— "Non, je sais comment tu es. Je sais aussi pourquoi tu es la. Vénus m'a tout raconté. À la fin de mon cours, elle m'a sauté dessus et m'a dit :
[……]
— “Thibaut ! Thibaut !”
— “Vénus ?”
— “C'est Orion. J'ai fait quelque chose de mal, et il est parti. Mais depuis, introuvable ! Je l'ai cherché partout, mais rien ! Aide-moi, je t'en supplie. Je le sens au plus profond de moi, sa vie est en danger. Je ne veux pas le perdre... Je t'en supplie, aide-moi à retrouver mon Orion...”
[……]
— “Elle était si paniquée, si essoufflée aussi, sa perruque l'empêchait de tempérer son corps…”
— "Comment m'as-tu trou…."
— "Par éliminations, on sait se séparer et avons fouillé le lycée de fond en comble, et en passant par ce couloir, j'ai remarqué que le cadenas n'était plus là, je suis entrée et t'ai trouvé…… Je sais que tu as bon nombre de mystères que tu ne nous diras jamais, mais ce n'est pas une raison pour te tuer, ok ?”
Alors elle s'est inquiété pour moi, jusqu'à s'en vouloir à elle-même. Quel bel enfoiré je fais !
—"Orion… tant que je te tiens, j'ai à te parler…"
Du plus profond souvenir que j’ai avec Thibaut, je ne l’ai jamais vu autant sérieux, aussi calme et froid, aussi posé et à la fois acrimonieux. Son regard était presque perfide, son expression faciale inexpressive.
— “Dis-moi !”
Il prit une grande inspiration, me regarda droit dans les yeux et commença son récit.
— “Ce matin, avant que tout cela se passe, tu as eu une discussion avec Yuki… Tu lui as dit des choses qu'elle rêve d'entendre, mais qu'elle ne pouvait entendre ! C’est bien cela !”
— “Oui, elle a un rêve, mais sa mère l'en empêche, alors je lui ai dit d'écouter son corps !” dis-je calmement, me demandant pourquoi il me parlait de cela.
— “Orion… Tu as toujours été calme et invisible, tu n'as jamais été dans la capacité d'écouter les autres te parler de leurs problèmes, tu es un sage, mais aussi un garnement. Tu as essayé de donner des conseils que tu n'appliques même pas sur toi-même.
Tu as essayé d'aider Yuki sans savoir qui elle était réellement…” dit-il d'une voix pleine de haine en serrant les poings aussi fort qu'il le pouvait…
J'étais faible, je ne bougeais pas, et même si la force avait été là, j'aurais été dans l'incapacité de bouger même le plus petit de mes doigts tant le poids de mon erreur venait me comprimer la poitrine. J'avais tant bien que mal essayé d'aider une autre personne tout en sachant que je ne sais m'aider moi-même…
— “Yuki a un passé très dur, tu sais, elle est née dans un milieu injuste, un milieu qu'aucun enfant ne devrait connaître.
C'est au Japon qu'elle ouvrit les yeux pour la première fois, dans la province de Shibuya à Tokyo. Ses parents sont pour elle les plus grands diables de ce monde. Sa mère biologique porte le nom de Jorōgumo, c'est une femme d'une grande beauté attirant les hommes pour son plaisir personnel, faisant d'eux le repas comblant son appétit insatiable. Au Japon, il existe un groupe de femmes appelé les Gaijin-Hunter. Les chasseuses d'étrangers, la mère de Yuki est l'une d'entre elles. Ses femmes prennent n'importe quel homme, beau, pauvre, riche, laid. Tant que c’est un homme étranger dans la capacité de satisfaire leur appétit sexuel, elles les prennent. Ses femmes sont uniquement là pour le sexe et la gloire du fait d'avoir une relation sexuelle avec des étrangers.
Mais le fruit finit par fleurir parfois en hiver, tout comme Yuki, appelé aussi sang mêler, monstre ou encore gaijin. Rejeté dès le plus jeune âge par sa patrie. Tout comme sa patrie, sa mère la rejeta aussi : son appétit vorace était plus fort que l'amour pour son enfant. Leur lieu de vie est misérable et insalubre. Les rats et les cafards étaient ses seuls amis, les hommes que sa mère lui ramenait étaient tous des salauds profitant de la faiblesse d'une enfant. À l'âge de 5 ans, la vie lui avait craché à la gueule, violenté par les amants de sa mère, touché par certains d'entre eux. Son corps garde encore les séquelles de ses souffrances. Coup de poing dans le ventre, tirage de cheveux, claque, crachat au visage, attouchements, fellations forcées. Yuki était un objet, une poupée servant uniquement de défouloir pour les êtres qui cachaient leur vrai visage. Et même des femmes, des mères profitaient de cet enfant, la forçant à se battre avec d'autres, la forçant à nettoyer le sol de leur maison pour rembourser les dettes colossales de sa mère.
Mais bien que sa vie fût un enfer, Yuki resta rayonnante, elle garda le sourire et tenta d'aimer sa mère en espérant un jour avoir de l'amour en retour.
[……]
— “Maman, Maman, regarde, je t'ai dessinée comme tu es belle. Tu as vu, je t'ai fait un tatouage d'araignée comme tu as dans le dos, c'est beau, AHAHA MAMAN, UN C'EST BEAU UN ? ! “
— "FERME LA SALE GARCE, RETOURNE COUDRE LA ROBE OU JE FAIS REVENIR LE VIEUX MONSIEUR !"
— "Non… pas… pas le vieux monsieur !"
— “Tu sais, ma fille, celui qui te fit goûter pour la première fois à la douceur masculine, celui qui te toucha de bas en haut, tu aimerais que je le fasse revenir ?”
— “NON ! ! ! ! Maman, pas lui.”
— “Alors, ma fille…… RETOURNE TRAVAILLER PETITE PESTE !”
[……]
— “Les baffes étaient devenues un rituel comme le coucher que mes parents me faisaient, pendant que moi il me bordait et m'aimait ; elle, elle dormait à même le sol nu et sans un seul gramme d'amour. Yuki avait peur, notamment de l'homme du vieil homme. Seule elle avait pu voir son vrai visage. Derrière la star Hiroshi Minato se cachait un monstre sans cœur. À 12 ans, l'homme en question avait payé très cher sa mère pour obtenir toute entière la jeune Iris, encore fraîche. C'était cette fraîcheur qu'il voulait, cette pureté, cette innocence. Cela faisait bientôt plus de 5 ans qu'il venait chaque semaine goûter aux délices de la peau de Yuki, mais il voulait plus, toujours plus ; son appétit était comme celui de la mère de Yuki, insatiable
Mais lorsque Yuki entendit les bruits de pas du vieil homme, elle prit la décision de perdre sa mère, mais de sauver sa vie : elle sauta par la fenêtre, tomba sur le garage en contrebas, et c'est le front ensanglanté, le bras en miettes qu'elle se mit en quête d'une nouvelle vie…
Après quel jour à errer seul dans les rues de Tokyo ayant comme unique repas un rat mort et comme unique moyen de se défendre un couteau en plastique, elle tomba de fatigue sur le sol. À son réveil, elle ne vit aucun visage familier, uniquement celui d'enfants comme elle. C'étaient les Toyobo kids ou enfants SDF, qui, pour échapper à la misère de leur vie, quittent leur famille et errent dans les rues de Tokyo à la recherche d'une vie meilleure. Ils font tout et n'importe quoi pour obtenir ce qu'ils désirent. Vente de drogue, sexe contre de l'argent.
Yuki rencontra Mia, une jeune enfant gaijin comme elle. Elle trouva en elle un miroir, une amie, une famille, car même chez les enfants SDF, les gaijin sont des monstres de sang mêlé.
Et durant 3 ans, Yuki et Mia on survécu dehors dans le froid, la faim et la cruauté du monde, la souffrance infinie des désirs des hommes et la violence des femmes. Mais dans le fond, elle était heureuse, car elle était avec Mia, elle dormait à deux pour se tenir chaud, se battant contre les autres enfants pour gagner le droit de manger les restes d'un restaurant.
Mais ce que la vie lui a donné, elle a fini par lui reprendre…
Un jour d'hiver, Yuki accompagna Mia chez un client fortuné. Mia avait l'habitude des relations sexuelles consenties pour de l'argent. Yuki se contentait de regarder impuissante. Mia sonna à la porte, et quand l'homme ouvrit la porte, Yuki perdit les mots. C'était lui le monstre qu'elle redoutait tant…
Hiroshi Minato
Ni une ni deux, il assomma les deux jeunes filles. À son réveil, Yuki eut une vision d'horreur. Mia attachée suspendue par une corde, le corps nu et ensanglanté… Son cœur s'accéléra, ses yeux fixèrent Mia avec horreur. Et alors que Yuki vidait toutes les larmes de son corps, il apparut une voix froide et désireuse.
[……]
— “Tu m'as fait courir, dis-moi, mais je t'ai enfin trouvé, mon petit Yuki ; mon petit Iris, tu as cru pouvoir m'échapper, mais tu…
Tu… es… as… moi ! ! ! JE VAIS T'ENLEVER TOUS LES PÉTALES QUE TU AS AHAHAHA.
[……]
— “Son rire était glaçant. Yuki en garde encore un profond souvenir, il s'approcha d'elle et prit le temps d'enlever chacun des vêtements de Yuki. Le plus lentement possible pour que son plaisir soit plus long et le plus agréable… Yuki allait subir ce qu’elle redoutait tant : la fleur qu’elle gardait en elle allait être arrachée par un être qu’elle détestait. Mais malgré cela, c'était Mia qui resta son centre d'intérêt, son regard ne se détourna pas, et quand l'homme le remarqua…”
[……]
— "CESSE DE LA REGARDER ! ! ! ! !"
— "Laisser… laisser partir mon ami…"
— "Tu veux qu’elles partent, mais moi, mais moi. Je veux que tu souffres.
— "Pitié, laissez-la !"
[……]
— “Il se leva, prit son arme blanche et ôta la vie à l'unique personne que Yuki aimait. Mia avait étais drogué, mais même sous drogue, son cri de douleur résonna dans la pièce…
Et Yuki regarda la scène impuissante…”
[……]
— "Alors ça te plait, moi j'adore AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA."
— “J'avais prévu de te droguer, mais à la place, je vais te laisser souffrir le plus possible. Je veux que tu hurles, que tu saignes, et qu'à chaque fois que je t’aracherai une pétale, tu verseras des milliards de larmes…Je vais te tenir en vie le plus que je peux, je vais avec toi assouvir tout ce que j'ai toujours voulu, parce qu'après tout…”
—PERSONNE NE TE CHERCHERA CAR PERSONNE T'AIME AHAHAHAHAH.
[……]
— “Yuki, sous les rires de l'homme, perdit son sourire, pour toujours. Elle avait tout perdu, elle n'avait presque jamais rien eu, mais la vie lui prit quand même. Alors que l'homme s'approchait d'elle.
La police enfonça la porte, elle vit des hommes armés, et surtout elle vit un homme lui dire dans une langue qu’elle ne connaissait pas. Le Français
Tout va bien, ma grande, je suis là, je vais t'aider…
Elle se réveilla le lendemain à l'hôpital, elle ne vit rien ni personne mise à part L'homme qui lui parla. Il portait le nom de Pierre et il était Français, après une longue discussion avec lui où seuls les hochements de tête de Yuki firent office de mots. Le policier présenta à Yuki sa femme "Haruka Saky" ou madame "Saky". Riche entrepreneuse dans la cosmétique. Madame Saky dit à Yuki :
[……]
— “Tu n'as jamais eu de mère, je suis désormais la tienne, et voici ton père, à toi qui subis tant de déluge. Je vais t'offrir la paix, la chaleur d'une mère. Ici, tu es paria, mais en France, dans le pays de ton père, tu seras adoré et adulé, car tu es mon enfant. Je vais faire en sorte que plus jamais personne ne te fasse de mal.
Tu es ma fille maintenant, mon entreprise sera un jour ton entreprise.”
[……]
— “Madame Saky prit Yuki dans ses bras. Elle pleurait la fille au sourire pleurait mais de joie, elle avais désormais, une maison, belle et grandre, une grande chambre rien que pour elle, de beaux vêtements, une éducations digne de se nom et surtout un avenir…
Même si elle avais désormais tout ce qu’elle a toujours voulu, elle avais aussi définitivement perdu le sourire en même temps que Mia a perdu la vie…
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— “Alors Orion, je t'interdis de donner des leçons quand tu ne connais pas ce qu'elle a vécu…
M'AS-TU COMPRIS ?!
Il me prit par le col et me souleva, la rage, ses pleures, Thibaut… Quelle erreur j’avais encore faite, je ne savais quoi dire mis à part
— "Yu……Yuki !"