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Chapitre 8 : “Yurei !”

— "Ah ah ah ! Tu as lu dans mes pensées ?" dit-elle, un sourire éclatant aux lèvres.

*Non, je ne pense pas être assez doué pour ça. Mais ce qui est sûr, c’est que toi, tu es dans les miennes.* Pensais-je tout bas.
Étrangement, je n’arrivais pas à détacher mon regard du sien, ni de ce sourire. J’étais prisonnier, tiraillé dans ce que je ne pouvais qu’appeler le triangle de la beauté. Je contemplais d’abord son œil gauche, puis mes yeux glissaient vers sa bouche. Ses lèvres, si rouges, si vibrantes, semblaient fruitées. Une légère trace de rouge à lèvres ornait une de ses dents blanches.

Ces lèvres-là... elles avaient le goût de l’envie. Le goût du désir.

[BOOM BOOM]

J’avais cette envie irrépressible, presque biblique, de goûter à ce fruit défendu devenir Adams et touché la Genèse du bout de mes lèvres…… Mais mon regard poursuivit sa route vers la dernière étape, son œil droit. Une fôret, un champ de roses, et un désert infini. Un triangle si parfait, si envoûtant.

— "Je… je n’ai pas lu dans tes pensées, enfin, je veux dire… j’ai juste pensé à cette phrase, c’est tout."
— "Intéressant," répondit-elle en plantant son regard dans le mien.

Ses yeux ne me lâchaient pas. Un champ de bataille, une guerre rangé. Le premier qui détournerait le regard perdrait. Tout continuait autour de nous, mais nous, nous étions figés dans une bulle, nous étions figés le temps d’un regard.

— "J’aime tes yeux, Orion," murmura-t-elle.
—  "Ils sont si banals et si uniques, si marrons, avec des nuances légères de vert, de rouge, de noir, et même un soupçon de bleu. Ils sont dignes de ton prénom, comme bénis par le ciel étoilé de l’univers. J’aime aussi ton sourire. Je crois d’ailleurs que je ne l’ai jamais autant vu qu’aujourd’hui. Il est beau, à la fois lumineux et ombrageux, blenc et gris. Comme un astre qui refuse d’être constant. Un sourire parfois radieux, parfois odieux, temps il est rare !"

Elle fit une pause, puis ajouta dans un murmure :

—"Oh dieux, faites en sorte que son sourire revienne plus souvent, que je puisse encore lui faire ces compliments."

Je baissai les yeux, un peu décontenancé. et passa très fort.

Crois-moi, Vénus, ce n’est pas Dieu qui me fait sourire. C’est uniquement toi. Toi et ta pureté.

Venus  en blonde… Enfin Pandora. J’avais encore du mal à comprendre pourquoi…Pourquoi elle faisait tout cela. Elle avait tout pour elle, le monde à ses pieds. Et pourtant, elle cherchait encore à me récupérer, à me tirer des profondeurs de l’abysse.

Je me voyais couler, la lumière se ternir, l’air devenir de plus en plus rare. Et là, au milieu de cet océan d’obscurité, je distinguais une chose qui tenté désespérément  de venir me chercher, une simple main tendue, pouvant tout….changer.

Venus... allait-elle devenir cet être dont Papa m’avait parlé ?

.

.

.

[……]

— "Tu sais, mon fils !!!!”
— "Un jour, tu seras perdu. Tellement perdu que tu te diras que la vie ne vaut plus rien. Tu seras plongé dans un océan de doutes et de questions, avec cette envie de devenir invisible, de tout perde…de tout quitté…
— "Mais Papa, comment on fait alors ? Comment on s’en sort ?"
— "Moi, ce qui m’a sauvé, c’est ta maman. J’avais tout perdu. Plus d’argent, plus de famille. Une envie profonde de mourir. Et un jour, alors que je dormais dans le coin d’une poubelle, tentant de faire un petit somme, une personne m’a réveillé... en me lançant une peau de banane à la tête. Ça m’a sorti de mon sommeil. Et pris de rage, je me suis levé. À cet instant précis, j’avais cette impression que le monde entier me pissait dessus, qu’il se moquait de moi..."
— "T’as dit un gros mot, ah ah ah !"
— "Ne le dis pas à ta mère. Enfin, je m’étais levé avec l’intention d’hurler, de vider ma rage, de tout détruire sur mon passage..."
— "Mais quand j’ai croisé ses yeux, tout s’est arrêté. Plus aucune colère. Rien, sauf un immense boom boom
— "Et depuis ce jour, je vis. Parfois, je meurs  mais je vis. Et ta maman, elle m’a offert le plus beau cadeau du monde."
— "Ah oui, et quoi ? Un lycoris rouge ?"
— "Non, petite canaille. Elle m’a offert un enfant. Toi. Tu es mon plus beau cadeau, Orion."

Papa... est-ce qu’un jour, moi aussi, je pourrais vivre normalement ? Avoir un enfant, lui raconter des histoires comme toi et maman l’avez fait ? Est ce qu’un jours je connaître cette chose que tu m’as tant parler

— "ORIONNNN !" chuchota Vénus aussi fort qu’elle le pouvait, me ramenant brusquement à la réalité.
— "Misère, ce n’est pas possible d’être autant dans la lune !" Elle s’appuya sur son coude, sa main tenant délicatement sa joue, son visage resplendissant de curiosité.
— "Je te disais... tu ne m’as toujours pas dit ce que tu as fait pendant ces trois semaines !"
— "Eh bien... à vrai dire, pas grand-chose. J’ai voyagé un peu, je suis retourné dans un endroit familier. Ensuite, je me suis occupé de... enfin, d’une de mes passions. C’était bien. J’ai vraiment apprécié ce temps passé à leurs côtés."

Elle plissa les yeux, intriguée.

— "À leur côté ? Donc, tu as d’autres amis que nous ? Et où as-tu voyagé, surtout ?"
— "Oui, mais ces amis ne parlent pas. Ils ont simplement besoin d’eau, de soleil, et d’amour. Elles sont gentils, uniques, chacun avec des couleurs et des tailles
différentes. Certains sont carnivores, d’autres si rares que pour les rencontrer, j’ai dû traverser le monde :  gravir des sommets, affronter  vent et marée ,blizzards et Déserts, jungles, et rivières. Ces amis-là... ce sont mes premiers. Et eux, ils ne me
trahiront jamais."

"Ils ? Elles ?" demanda-t-elle, un sourcil relevé d’incompréhension.

Je réalisai alors que je m’étais laissé emporter par ma passion. J’avais oublié, un instant, que j’étais censé me cacher. Cacher ce que j’aimais, ce que je voulais devenir. J’étais comme Yuki dans une prison dorée. Comment réparer ça ? Comment transformer sa question en une réponse crédible ? 

— "Ce sont des filles... et aussi des garçons, c’est pour ça."

Son regard me transperça. Elle n’était pas convaincue, c’était évident.

— "Mhmhmh... ok, ok. Et donc, tu es allé où, exactement ?"

Je déglutis légèrement.

— "Au Brésil. Je suis allé me recueillir sur la tombe de... de deux personnes que j’ai connues."

Un silence tomba, léger mais palpable, venant apaiser nos sourires. Ses yeux se remplirent de peine. Elle le sentait, je crois. Elle voyait que ce sujet était lourd pour moi. Alors, lentement, elle releva la tête, retira son coude de la table, et avança sa main pour prendre la mienne.

[BOOM BOOM]

Sa main, douce et chaude, contrastait avec la rugosité de la mienne. Son pouce dessinait de petits cercles, comme pour m’apaiser. Je relevai les yeux vers elle. Son visage était encore flou dans mon esprit, un mélange d’empathie et d’hésitation.

Ses lèvres bougeaient imperceptiblement. Elle cherchait des mots, sans doute hésitant entre poser des questions et détourner la conversation. La curiosité la piquait sûrement : "Qui sont-ils pour lui ?" Elle semblait tiraillée entre l’envie de comprendre et celle de ne pas me brusquer.

Et puis…

— "Pardon, je suis parfois trop... trop curieuse, je n'aurais pas dû te poser cette question ? Mais..." dit-elle en me regardant dans les yeux.
— "Tu as envie de savoir, n'est-ce pas ? Je le vois dans tes yeux, ils me l'ont dit."

Elle hocha la tête pour acquiescer.

— "Helena et Federico... Quand j'avais 11 ans, je suis parti au Brésil avec mes parents pour les vacances. Je n'avais pas vraiment d'amis, mais eux sont venus vers moi. Je me souviens que j'étais sur la plage, seul, en train de regarder les vagues en action. Un ballon vint me taper l'épaule, et puis ils apparurent. Tout gentiment, ils me proposèrent de jouer, et plus qu'une amitié, une famille fut créée.

Mais il y a quelques années maintenant, ils se sont fait assassiner. Le monde dans lequel ils vivaient était dur et terrible. Un homme avide de vengeance m'a privé d'eux..."

.

.

.
— "Je suis désolée, Orion..." me dit-elle d'une voix faible et tremblante.

Sa main serra très fort la mienne, elle me regarda, et sans même un mot, elle posa sa tête sur mon cœur et me dit :

— "Il bat, ce cœur, il bat si peu vite, mais il bat. Vis pour eux, vis pour eux, s'il te plaît."

[CRIQUE CRIQUE CRIQUE]

— "Je dois y aller, Vénus..."

[BOOM BOOM]

Je devais fuir, encore. Non pas fuir un ennemi, mais fuir une amie... Une amie qui en savait trop, qui... devenait trop... avec qui je me montrais trop.

Je sortis de la salle le premier. Depuis que j'étais au lycée, ça ne m'était jamais arrivé, et je partis me réfugier loin, le plus loin possible, là où même elle ne pouvait me rattraper !

.

.

J’ai abandonner, la classe, je nes même pas regarder le professeur, j’ai tout fuit encore…

.

.

.

Je trouvai refuge dans la chaufferie, située dans une ancienne crypte du château. Habituellement, l'entrée était interdite, gardée par des cadenas et des caméras, mais face à ma peine, mon ancienne nature refit vite surface, et rien ne me résistait.J'entrai dans la pièce, le souffle court, le cœur froid. Elle était chaude, très chaude. À vrai dire, elle était froide, froide parce que dans cette pièce, toutes les vérités, tout ce que je ne voulais pas entendre, résonnaient.

Qui suis-je ? Que vais-je faire ? Mourir ou vivre ? Vivre ou mourir ? L'aimer ou la détester ?

Je suis condamné à mourir en me cachant de tous les malheurs que j'ai provoqués, de toutes les vies que j'ai prises, de toutes les pleurs que j'ai causés. Je suis condamné à me cacher. J'ai peur... peur d'assumer la vérité.

Je suis faible. J'ai affronté mille souffrances, j'ai entendu les balles siffler, les coups de couteau lacérer mon corps, les coups me briser, mes os craquer. Mais dans le fond, toute cette douleur n'est rien comparée à celle que ton cœur peut vivre.

Je meurs pour me cacher, mais parfois, j'aimerais vivre pour mourir.

Quel choix faire ? Celui d'être un inconnu jusqu'à ce que la mort vienne me cueillir, ou être celui que j'étais et affronter la faucheuse dans les yeux...

.

.

.

–La pièce est jolie, si jolie. De belles roches, sûrement aussi vieilles que le monde, de beaux piliers soutenant avec force une voûte sur le plafond. Le sol est froid et humide, mais l'air y est chaud et sec. Tout est recouvert d'une belle couche de poussière. Mais...

Sur l'un des murs se trouve une fresque, avec en son centre un chevalier, vêtu d'une armure faite d'un acier gris. Son épée est longue et brillante, il la pointe droit devant lui.

Je tourna la tête vers ce que la pointe désignait : tout était recouvert de poussière. Je m'approcha et frotta avec ma manche ; toute la poussière se mit à bouger, à voler, à assombrir ma vision.

[EUUU, EUUUUU, EUUU]

Je toussai si fort que j'avais les yeux qui piquaient, mais une fois ma vision retrouvée, la suite de l'histoire m'était dévoilée. La pointe ne montrait aucun chemin, rien, mis à part une quenouille, prête à dérouler le fil, un peigne prêt à le tisser, et des forces prêtes à utiliser la courbure de leurs lames pour le couper. En dessous de ces instruments, une autre scène : un château fortifié avec de belles murailles, et de grandes douves profondes. Une armée se tenant en son sein, composée de féroces guerriers équipés de lances, d'arcs et d'autres armes aussi cauchemardesques que possibles. Il y avait aussi des archers, équipés de leurs arcs longs anglais, prêts à décocher mille et une flèches, une pluie de mort !

Et au deçu, un chemin clair : une forêt de pins, et une petite maison faite de troncs, avec à l'extérieur un foyer et un repas chaud.

Je continua de chercher la suite de l'histoire en bougeant les meubles, mais rien, rien du tout. Puis, comme si une petite luciole venait d'allumer la lumière de mon cerveau, je pensai à regarder où je marchais. Le chevalier n'était plus un valeureux guerrier, mais un homme, un paysan travaillant la terre, passant ses journées à briser ses os pour quelques miettes. Il était maigre et édenté, affamé et chauve. Ses os étaient si visibles qu'on aurait dit que la mort l'avait cueilli en lui infligeant comme sentence de vivre. La maison de bois était délabrée, le feu éteint, la forêt morte. L'homme vivait sans vivre, mais il était mort sans mourir.

Je pensa : Quelle fin si triste, quelle est la morale de cette histoire ?
Puis, par réflexe, je levai la tête et, en mettant une lumière face au plafond, une autre scène apparut.

Le chevalier était là, vêtu de beaux habits blancs, avec un bâton remplaçant son épée, de grandes et belles ailes, et une auréole si brillante. Autour de lui, il y avait des nuages blancs, ainsi que de belles femmes et de beaux anges. Il était beau, jeune et souriant ! La gloire lui souriait au nez ; la gloire lui avait offert la mort dont il rêvait, et sa mort avait fait de sa vie un rêve éveillé. Une belle et grande fortune que tout le monde connaissait.

Car, comme le disaient les mots écrits en dessous de la peinture du plafond :

Maxima fortuna est scientia quam alii de nobis habent !

— "La plus grande fortune est la connaissance que les autres ont de nous !"

Cela veut donc dire que…

— "Le... le chevalier a eu deux chemins qui se sont offerts à lui : mourir dans la misère en s'enfuyant, ou vivre dans la gloire en affrontant l'armée. Qu'est-ce qui est le mieux ? Vivre longtemps mais être ignoré, ou mourir adulé, mourir sans que l'on nous oublie." Dis-je d’une voix illuminé
— "QUE DOIS-JE DONC RETENIR DE CETTE LEÇON, MERDE À LA FIN !"

Frustré, dans l'incompréhension, mes mots étaient le reflet de mes sentiments.

Choisir la gloire ou la vie ! Une question si dure. À mes yeux, on ne meurt pas pour soi, on meurt pour les autres. Je ne sais pas ce qu'est la mort, un endroit sûrement blanc ou noir, vide ou rempli, rempli de nos souvenirs, de ce que l'on a oublié et de ce qui nous a marqués. Mais à vrai dire, lorsque l'on meurt, ce sont les autres qui pleurent, pas nous. Ce sont eux qui sont tristes, pas nous. Ce sont eux qui viennent se recueillir sur notre tombe, pas nous. Alors on ne meurt pas pour soi, on meurt pour les autres.

Dans un sens, mourir est une solution à nos soucis, car on oublie. Mais c'est un problème pour les autres, car eux se souviennent !

— "Dois-je mourir ou vivre ? Je vous ai fait la promesse de vivre, mais parfois, je me dis que la mort est mon unique solution. Car on meurt peut-être pour les autres, mais moi, je n'ai personne pour me pleurer. Alors, si je meurs, je ne ferai pas de peine aux autres.

Je vis seul, je vais mourir seul, pourquoi attendre ?"

Ma mort sera la connaissance que le monde ne connaîtra jamais……


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