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Chapitre 5 : Pharmakon

-Mon enfance était goûtue, mais mon avenir est amer. C'est donc ça, la vie ? Le ciel s'est assombri, tout comme mes pensées. Mon sommeil a disparu, tout comme la lune et ses vertus. L'étoile du berger s'est envolée, et moi, je reste écrasé, bloqué dans un imaginaire. La vie, l'avenir, la mort, la destinée. Une enfance tranquille rime-t-elle avec une vie plus difficile, ou l'inverse ?

D'ailleurs, je me suis toujours posé une question : moi, si fan de mythes, de légendes et d'histoires en tout genre, pourquoi se finissent-elles toujours en tragédie ? Qui se cache derrière nos malheurs ? Du plus profond de moi-même, j'ai toujours vu en Dieu, peu importe qui il est, peu importe d'où il vient, ce qu'il défend, ceux qui l'entendent. Une solution à trouver, réponse à des questions infiniment difficiles. Que ce soient les mythes, les légendes, les croyances, tout cela reste des réponses à nos questions. Je suis triste, Dieu l'a décidé, ils sont morts trop tôt, Dieu l'a décidé, je suis malade, Dieu l'a décidé.

Prier pour avoir son salut, c'est comme demander une réponse à ses questions. C'est comme accéder à un savoir impossible à connaître.

Si la vie est ainsi, Dieu l'a décidé et je ne peux rien y faire...

Mon papa m'a toujours dit :

[……]

—"Fils, un jour je ne serai plus là pour te l'enseigner, alors profite de cette journée riche de pluie pour te le dire.

Tu sais, la vie fera en sorte de te mentir et d'essayer de trouver une manière de te tuer. Car pour elle, peu importe ce qu'elle est, tu es son ennemi et elle doit t'éradiquer, en t'offrant parfois la paix et parfois la guerre.

Ta mère te raconte souvent des histoires. Sache que derrière celles-ci, la clé de ta vie est cachée. Réfléchis à chacun de ses mots, à chacune de mes paroles, et un jour tu verras, tu comprendras pourquoi je te dis cela.

La vie se cache parfois plus proche que tu ne le penses. À toi de la trouver et de la vivre !"

[……]

— "Papa, que dois-je trouver... ?"

En soi, croire, c'est à la fois le poison et le remède. Croire, c'est comprendre et accepter ce qu'il nous est dit, alors que la véracité peut être si différente.

Je suis à la fois sur la corde suspendue entre le remède et le poison. Si je vais trop d'un côté, j'oublierai l'autre. Je m'oublierai moi-même.

Qui a décidé ? Qui a décidé que ma vie soit comme ça ? Quel est mon remède, quel est mon poison ? Quel est mon Dieu, mon but, ma raison ? Qu'est-ce que ma vie ?

.

.

.

La nuit était plus sombre qu'à l'habitude, mes questions étaient plus troubles, mes pensées plus opaques.

Parfois je me dis que la nuit ne sert pas à dormir, mais uniquement à me détruire !

.

.

.

— "Bonjour, Orion..."
— "Tient, Yuki, comment vas-tu ?"
— "Bien... et toi ?"

Je m'apprêtais à partir, fuir à nouveau. Aller vers mon remède. Mais sa douce voix m'interpella.

— "Orion... je... j'aimerais te dire à quel point... à quel point Venus va mieux depuis qu'elle te connaît..."

Comme si le vent venait de souffler à travers les champs, l'Iris s'envola, ses pétales accrochés à la tige. Et sa beauté vint s'écraser le long de mes oreilles.

— "Venus t'adore, Orion !" dit-elle en me regardant droit dans les yeux.

Venus allait mieux ? Que voulait-elle dire ? Venus était-elle mal ?

Elle semble pourtant si joyeuse à chaque instant. C'est le soleil, chaque sourire la fait rire, chaque mot la fait danser. Venus est la clé de ce lycée. Elle ouvre chaque cœur, chaque porte. Je ne l'ai jamais vue triste, je ne l'ai jamais vue en colère, même lorsque les garçons la courtisent un peu trop.

Qui est-elle... ?

[Crique, crique.]

Comme chaque matin, la sonnerie retentit. Comme chaque matin, mes pas étaient lourds, mon cerveau chargé, et mon envie restée dans ma couchette.

Je m'arrêtai net. Mon sixième sens s'alluma comme une lumière, une idée traversant mon esprit. J'étais à nouveau observé. À nouveau, cette présence qui me tourmentait.

— "Et toi, la sale merde !"

Une voix grave, charismatique et haineuse. Sans même me retourner, je savais déjà que cela allait me créer des ennuis. Et que fuir, j'allais devoir.

— "Je t'ai parlé, tu m'entends, sale con !"

Un pas, puis deux, puis trois. Mais je ne bougeai pas, je restai droit comme un piquet, espérant m'effacer comme par magie. Mais c'était une simple envie, impossible à combler.

Plus il marchait, plus mon cœur battait. Et d'un coup, sa main m'agrippa. Il serra mon épaule avec force et fougue. Il pensait sûrement me faire ressentir de la douleur, mais l'unique chose que je ressentais était la peur de faire quelque chose que je pourrais regretter. Il tira et me força à me retourner. J'étais désormais face à lui.

Hares ! Le diable du lycée, celui qui martyrise chaque fleur, qu'elle soit belle, fanée ou unique en son genre.

— "Tu sais pas répondre, petit con ! C'est quoi ton nom déjà ?"

Hares était grand, imposant, fort d'une belle carrure. Son physique était comme son nom, inspiré des mythes grecs. Son visage était carré, ses cheveux courts. Sur le front, au-dessus de son œil gauche, il avait une cicatrice. Un couteau, peut-être, ou un coup porté par la chute de la genèse. Qui sait !

Je ne bougeais pas, je restai là, face à lui, une aire neutre et sans intérêt. Je voyais dans ses yeux que la colère montait. Et cela n'arrangeait pas mes violons, car si Hares me voyait, les autres aussi le pouvaient.

— "C'est toi, le petit merdeux qui t'es approché de ma meuf, hein ? C'est toi qui parles à Venus. Écoute-moi bien, petit sac à merde. Ici, je suis le prince, je suis le roi, et toi tu n'es rien, tu ne seras jamais rien. Approche-toi encore d'elle une seule fois, et je te défonce."

.

.

.

-Aucun mot, rien ne venait. Je n'arrivais pas à parler, ni à ressentir de la peur. Il m'avait pourtant agrippé par le col de ma veste et me soulevait comme si je n'étais qu'un de ses haltères. Mais rien, rien.

Je me laissais porter par sa colère et je ne bougeais pas.

— "REPONDDDDDDDD !" cria-t-il en me hurlant dessus.

Tous ces bruits avaient attiré la foule. Tout le monde me regardait, tout le monde essayait de deviner qui j'étais et ce que j'avais fait. Mais personne ne savait rien.

—"Dans ce cas-là, je vais te donner une correction !"

[BAM, BAM]

Il me jeta au sol et me frappa à deux reprises au visage. Il pensait que la douleur allait me faire verser une larme, ou bien que ma neutralité allait disparaître. Mais quelle douleur ? On dit que plus les coups reçus sont puissants, plus les suivants sont obsolètes. Les siens étaient des miettes, des balivernes. Aucun de ses coups n'allait me faire ressentir la moindre douleur, aucun de ses mots n'allait me faire de peine.

Il se prend pour un Roi, mais j'étais bien plus que cela… 

— "MAIS TU VAS REPONDRE À LA FIN !"
—"Deimos, Phobos, faites souffrir ce mec, je veux qu'il mâle, je veux qu'il comprenne qui je suis. JE VEUX QU'IL SACHE QUE JE SUIS LE DIEU ULTIME. JE VEUX VOIR SON SANG !"

Hares amusait la galerie avec son discours. Il se croyait au-dessus de tout le monde. Il écarta les bras comme pour accueillir la foule, la galvaniser, la terrifier, et surtout, faire en sorte qu'ils l'aiment !

Deimos et Phobos étaient les deux meilleurs d'Hares. Deux frères, deux jumeaux. Hares les aimait pour leur cruauté et leur façon de terrifier chaque être qu'ils croisaient. D'ailleurs, ces deux frères avaient comme sœur Harmonie, l'une des 7 étoiles du lycée.

Deimos s'approcha de moi et sortit son petit couteau. Comme si une si petite lame allait me procurer de la douleur. Il posa la pointe de celle-ci sur mon nez. Alors qu'il s'apprêtait à faire sortir de mon être le sang...

.

.

.

— "STOPPPPPPPP !"

Ella apparut…

— "Le prochain qui le touche, je le défonce !"

Théo aussi...

La seule pensée que j'avais était : Ils vont souffrir pour moi, pas encore. Théo, fuis et emmène-la !

Hares souriait, heureux de voir sa belle, ou bien heureux de voir un adversaire avec plus d'envie de se battre ? Elle s'était mise devant moi, comme pour me protéger. Elle se tenait face à lui. La Reine face au Roi, amusant non ?

— "Hares, tu te stops et tu le laisses tranquille ?" dit-elle, bien décidée à me défendre.

Il se mit à rire de son nez et dit sur un ton hautain :

— "CES LUI ! C'EST POUR ÇA QUE TU M'AS QUITTÉ !"

Ces paroles m'interpellèrent. Sortait-elle avec lui ?

— "Hares, quand vas-tu le comprendre ? Je ne sors pas avec toi, et je ne sortirai jamais avec toi. Tu es un monstre, empli uniquement d'envie de meurtre. Tu passes ton temps à vouloir te battre. Tu te prends pour un dieu. Mais je sais qu'un jour, un Titan viendra te détrôner."

— "Oui, ma chérie ! OUIIIIIII ! J'aime quand tu me résistes. J'aime quand tu me traites de monstre, car j'en suis un. Un jour, tu verras, quand tu seras dans ma couche, tu en ressentiras chacun de ses aspects."

Quel homme, quel dieu est-il pour dire cela ! Je dois rester calme et disparaître le plus vite possible !

Je me leva, essuya mon pantalon et mon nez, couverts de sang, puis commença à marcher vers la sortie. Je passai devant Venus, qui ne sut quoi dire. Puis, Hares, lui, était visiblement offensé.

—"COMMENCE, OSES-TU ME TOURNER LE DOS ?!!!" cria-t-il, hurlant de colère.
— "Allez mes fils, allez vous occuper de lui, qu'il saigne !"

Je sortis du lycée et...

.

.

.

Enfin rentré chez moi !

Il devait être 9h30. J'avais fait un petit détour pour prendre l'air.

Je posai mes affaires, allai dans la salle de bain et rinçai mon visage. Les gouttelettes d'eau qui tombaient de mes joues étaient d'un rouge si trouble, si étrange. À la fois de l'eau, du sang, de la peur. Une goutte d'eau contenait trois races, trois vies, trois entités.

Encore une fois, j'avais fui. Cette fois, j'avais été trop exposé, je devais disparaître pour de bon.

-Quand j'étais petit, vers l'âge de mes 14 ans, je rencontrai un vieil homme. À cette époque, mes parents me laissaient sortir comme bon me semblait. Un jour, je traversai le Para, une rivière. Mes parents m'avaient pourtant interdit de le faire, mais j'étais comme appelé par celle-ci.

Alors que je sortais à peine de l'eau, un vieil homme m'interpella. Il était grand, voûté, avec une longue chevelure blanche et maigre, si maigre que ses os blanchissaient sa peau. Il était vêtu d'une veste en cuir noir et d'une braie. Son visage était masqué par un bandeau, seul son œil gauche était visible. Son iris était particulier, elle était lumineuse, comme une chandelle prête à nous éteindre.

Il me regarda de son œil et dit :

[.....]

— "Un jour, je viendrai te chercher, mais là je ne suis pas là pour toi. Apprends à fuir, petit. Sur ma foi, tu seras le pire de tous !"

[.....]

Je me souviens que je rentrai en pleurs, je pris Maman et Papa dans mes bras et leur expliquai la situation. Ils se mirent à rire si fort. Personne ne me crut. Et le mois suivant, je tombai malade. Parfois, je me dis que cet homme est sûrement le début de mes malheurs. Enfin bref, j'ai suivi son conseil et je suis devenu si fort pour fuir qu'il ne m'a toujours pas retrouvé. En parlant de fuir, il serait temps pour moi de disparaître pendant au moins trois semaines. Je dois me rendre dans un endroit que seul moi connais !

Je dois prévenir les autres.

Je pris alors mon vieux téléphone, plein de poussière, et écrivis un message à chacun :

*Mes amis ! Ma famille. Je sais que je suis sûrement le pire ami que le monde ait créé, vous ne savez presque rien de moi et pourtant vous me faites confiance. Et encore une fois, je vais en abuser. Je vais devoir partir quelques semaines, trois je pense. Je dois fuir, fuir les ennuis, les oublier, enfin, plutôt faire en sorte qu'ils m'oublient.

J'espère ne pas vous faire de mal. Dites à Yuki que je suis désolé.

Dites à Venus que je suis désolé. Mais je dois redevenir un fantôme pour le bien de tous.*

.

.

.

.

.

Dans les mythes grecs, il existe un mot qui désigne à la fois le remède et le poison. Son explication est simple : imaginez-vous sur une corde raide, suspendue entre deux crevasses. L'une remplie d'acide, l'autre d'eau. Mais vous n'arrivez pas à définir laquelle contient l'eau. Alors vous ne bougez pas, vous ne faites ni un pas vers l'une, ni un pas vers l'autre, par peur. Ce mot, c’est pharmakon.

Et fuir est mon pharmakon. Fuir est ma peine, et m'arrêter sera ma sentence !


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