[TIC TAC TIC TAC TIC TAC]
-Mes paupières, comme des rideaux, d'un coup se levèrent. Où suis-je ? Nul ne le sait, car lorsque nous nous réveillons d'un long et beau sommeil, nous sommes perdus, incapables de savoir ni de comprendre.
Enfin, ça, c'est naturel pour les autres. Pour moi, c’est aussi rare qu’une éclipse.
Je me levas, frottas mes yeux, regardas à gauche, puis à droite. La pluie avait disparu, emportant avec elle la brume. Le soleil se cachait derrière de blancs nuages, seuls quelques rayons osaient pointer le bout de leur petit nez.
Le silence ne faisait plus de bruit. La nature avait repris ses droits. Et moi, dans tout cela ?
Je m’étais endormi sur le banc, ce beau banc tout blanc. Sans couverture, sans oreiller, seul ce rêve m’avait accompagné. Pas de corbeau, ni de plume, ni d’élan. Juste un rêve, ou peut-être un cauchemar.
Pour la première fois depuis trois ans, j’avais dormi presque entièrement. Je le sentais encore : mon corps engourdi, mes yeux luttant contre l’envie de replonger dans ce sommeil si profond, dans ce rêve si étrange. Quant au reste de mon corps, il était mou, comme une éponge gorgée d’eau.
Je ne savais ni l’heure ni le temps que j’avais dormi. Je ne savais rien. Peut-être était-ce cela que je savais, ne rien savoir ?
Prenant mon courage à deux mains, je m’assénai un léger coup sur le visage, comme pour effacer ce si beau passage. Je me levai, observai encore une fois la forêt. Rien à signaler, rien à écouter. Un vide intersidéral. J’en étais presque sidéré.
J’étirai mon corps endormi : les jambes, les chevilles, les bras, et même le bassin. Puis, je tournai le dos à mon rêve et à mon banc. La forêt était désormais derrière moi, tout comme ce rêve. La réalité, elle, allait me revenir en pleine face, comme un miroir qu’on aurait caché pendant trois semaines.
[TIC TAC TIC TAC TIC TAC]
— "10h00… J’ai encore le temps."
10h00 ?
— "Si maintenant il est 10h00, et qu’hier, lorsque je me suis assis sur ce banc, il était aussi 10h00…"
Cela voulait donc dire que…
—"J’ai dormi 24h…"
Exactement !
Un air choqué, les yeux écarquillés, le cœur battant presque à s’arrêter. Le stress s’invita sans prévenir.
Ni une ni deux, je me rinçai rapidement, quelques gouttes d’eau par-ci, quelques gouttes par-là. J’enfilai des vêtements propres, pris mon sac, un stylo plume, un crayon de bois, des feuilles. Et surtout, des mots.
Avant de partir et de refermer la maison, je pris le temps de retrouver mon rituel. Une pause devant le miroir, juste avant la porte d’entrée. Il était sale, très sale, comme le reste de la maison d’ailleurs. La poussière, autrefois signe des souvenirs, était aujourd’hui l’emblème de ma détresse.
—"Je crois que c’est l’heure. Pour vous, c’est pour vous que je le fais. Ta nébulosa va réussir. Pour vous, je veux vivre. Je vais vivre."
[Claque]
La porte se referma, laissant derrière elle trois semaines… Enfin, plutôt une unique semaine !
[CRIQUE, CRIQUE, CRIQUE]
-Au loin, à peine arrivé, la sonnerie retentit déjà. Étonnant, elle sonnait habituellement plus tôt. Ou alors ce n’était qu’une illusion. L’illusion de la peur, de la crainte, l’illusion des milliers de questions. Les fameuses “Et si…”
Et si ils me reconnaissaient ? Et si Arès ne m’avait pas oublié ? Et si Vénus m’en voulait ? Et si… et si…
Les si n’aiment pas les ré. Orion n’aime pas les questions. Il est moi, et je suis lui. Pourtant, en parlant de lui, je n’arrive pas à me retrouver. J’étais face à la grille. Je tremblais, mes yeux tremblaient aussi, je sentais les tsunamis venir. Il ne faisait pas aussi froid qu’en Finlande ou en Sibérie, et pourtant mes dents grinçaient. Moi, l’homme ayant affronté les plus grandes monstruosités, j’étais redevenu un petit garçon apeuré devant un simple lycée.Mes mains, mes jambes, elles me lâchaient. Impossible de bouger, impossible d’avancer. Méduse venait de me pétrifier. J’avais l’impression d’être devant la corde : pas de remède d’un côté, ni de poison de l’autre. Juste le vide. Derrière cette grille imposante, si grande, si effrayante, même l’homme que j’étais se cachait derrière les larmes d’un enfant.
J’étais face à la grille, mais étais-je face à mon destin ?
— "Sors de ma tête, s’il te plaît !"
À vos ordres.
Je serrai les poings très fort, jusqu’à ensanglanter ma main gauche. Je pris un peu de courage dans la main droite, sécha le petit ruisseau de mes joues, ferma les yeux, et marcha . J’avançai vers l’œil du Sahara, vers la porte de l’enfer.
Et je passa.
Étonnamment, même si la sonnerie avait retenti, le vide régnait. Personne n’était là, personne à part moi. J’étais tellement concentré à fixer cette porte que j’en avais oublié de regarder son contenu. Aucune explication rationnelle ne me venait.
Enfin bref. Dans tous les cas, les cours avaient commencé. Pourquoi ne pas me rendre dans le bosquet, là où je pourrais retrouver un peu de chez moi ?
-Je pris la direction du bosquet, avançant d’un pas méfiant, mais déterminé. Rien aux alentours. Trois semaines s’étaient écoulées, mais rien n’avait changé. Je longeais les murs comme avant, regardais tout le temps derrière moi comme avant, marchais rapidement comme avant. Rien n’avait changé, à part mon corps qui portait désormais un nouveau vestige.
— "J’y suis presque," dis-je, tout heureux, presque fier, comme si j’avais accompli un exploit. Pourtant, cent mètres seulement me séparaient encore du bosquet.
Soudain, je levai les yeux. Les arbres apparaissaient, mais plus j’avançais, plus un mirage semblait se former.
Une ombre !
Une ombre était assise là. Je ne distinguais rien, car le soleil avait enfin décidé de pointer le bout de son nez.
Cette ombre… non, cette silhouette, était fine, très fine, avec de longs cheveux qui parfois semblaient briller. Elle était vêtue de blanc, je dirais. Seul le blanc contraste aussi bien avec le noir.
Je pensa :
— “Venus, c’est toi !”
Seule elle connaissait cet endroit. Seule elle savait que c’était ma place. Je m’avançai, pas à pas. Mais plus j’avançais, plus Vénus semblait disparaître. Ce n’était pas elle. Alors, qui était cette silhouette ?
Je me retrouvai désormais derrière elle, à seulement quelques pas. Pourtant, le soleil m’empêchait toujours de distinguer son visage.
Et soudain, de ses lèvres, des mots sortirent :
— "Orion… c’est… c’est bien toi !"
— "Yuki ?"
— "Oui !"
Sa voix était tremblante, comme si elle pleurait, ou comme si elle venait d’être brisée.
— "Que fais-tu là ?" dis-je, surpris, d’une voix calme.
Elle se retourna. Ses yeux en cascades, ses lèvres gercées.
— "Yuki, pourquoi… pourquoi pleures-tu ?"
— "Orion…"
Le soleil était si lumineux que Yuki brillait de mille feux. Je m’avança et pris place à côté d’elle. Elle était là, à ma place, comme Vénus l’avait si souvent fait avec moi, enfin quelle que fois…
Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Être une oreille et une épaule pour les autres, ce n’est pas vraiment mon truc. Alors je baissa simplement la tête pour regarder les insectes et j’attendis, patiemment.
.
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Rien… Rien… à part le son de ses larmes. Le son de ses reniflements. Le son de mon incapacité.
— "Orion… Je sais que je ne suis pas ton amie, mais serais-tu capable d’être mon ennemi ?"
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— "Eh bien, Yuki, pour être honnête… oui. Mais sache que, pour être mon ennemie, il faudrait s’être profondément infiltrée dans ma vie. Et surtout, être mon ennemie signifie saluer la fin de la sienne." Dis-je, en gardant la tête bien ancrée dans le sol.
— "Orion… Je ne suis ni ton ennemie, ni ton amie. Mais serais-tu capable de garder un secret ?"
— "Oui… enfin, oui !"
-Son regard était vide. Elle leva les yeux et fixa le ciel avec une étrange inquiétude. Puis, soudain, elle se mit à pleurer d’un trait. Comme si toute la douleur, toute la peine, toute la rage qu’elle avait accumulées se libéraient enfin.
Je ressentis un frisson dans le dos. Sa douleur était immense.
Et moi, je la regardais pleurer sans même savoir quoi faire. C’était donc ça, son secret ? Cette tristesse ? Mais quelle tristesse ?
— "Yuki, tes pleurs sont si forts… tout va bien ?"
Elle essuya ses larmes et ses joues avec son pull de laine blanc, puis me regarda. Elle prit une grande inspiration et dit :
—"Orion, as-tu déjà eu un rêve ? Parce que moi, j’en ai un. Et je veux vivre ce rêve. Mais d’autres… d’autres ne veulent pas, comme ma mère et mon père. Ils me soutiennent, mais ils me forcent à continuer dans une direction que je ne veux pas. Alors je suis là, malheureusement. Le soir, je pleure. Le matin aussi. Et parfois, je pleure ici."
Sa voix tremblait, mais elle poursuivit, comme si elle avait besoin de se vider le cœur :
— "J’ai peur de ce rêve. J’en suis tout autant apeurée que fascinée. Mais ma mère, elle me dit que mon destin est déjà tracé et que je dois suivre la voie de mes ancêtres. Parfois, je me sens incomprise. Je vois les autres avancer, et moi, je reste sur place. Chacun a des rêves, des ambitions. Et moi, je n’ai le droit de rêver que la nuit.
Tu sais, Orion, je suis intelligente. Et je le sais. J’ai tant de capacités. Je compte vite. J’écris vite. Je connais le tableau périodique par cœur. Je connais chaque période historique comme si je les avais vécues. Mais… mais je ne suis pas heureuse. Je ne le suis que lorsque je fais ce qui me rend lumineuse. Mais ça… ma mère ne le comprend pas. Elle me soutient, oui, et elle me dit que je peux continuer. Mais que la famille passera avant tout.
Et moi… moi, je meurs de l’intérieur, car je ne serai plus ce que je suis. Je préfère vivre dans la misère, mais avec le cœur en fête, plutôt que de vivre dans la richesse avec le cœur en peine. Je sais que tu ne peux pas comprendre, mais…"
—"Je te comprends."
.
.
.
[Craque]
Un léger craquement retentit. Le calme était si grand, si souverain, que même le bruit d’une feuille morte se détachant d’un arbre parvint à se faire entendre… Le vol d’une feuille. Le vol d’une fleur. Le vol d’un bourgeon. Le vol d’une enfant.
Mon visage se ferma tandis que le sien s’entrouvrit sous le choc. Le soleil, émergeant de derrière les nuages, vint projeter sa lumière sur mon visage sombre.
— "Tu te dis que nul ne te comprend. Tu es perdue. Parfois, tu te dis qu’aller à gauche serait la meilleure option, puis au final, c’est la droite qui te semble juste. Tu penses que ‘décision’ rime avec ‘scission’.
Perdre ta mère pour vivre ton rêve. Perdre ton rêve pour rester auprès de ceux qui t’ont mise au monde, qui t’ont élevée… mais qui t’ont aussi arraché ce rêve.
Tu te demandes si un jour tu verras la fin de la route. Si un jour, les regrets pourraient emprunter une fausse piste.
J’appelle cela la cage dorée : le confort de la connaissance, l’oubli de l’ignorance et de l’inconnu. Ce lycée est cette cage. Il te retient prisonnière. Tu pourrais l’ouvrir. Mais en faisant cela, tu t’envolerais, laissant derrière toi ceux qui t’ont nourrie, tes geôliers malgré eux, seuls dans leur solitude et leur peine.
Et à cause de cette cage, tu tournes en rond. Encore et encore. Tu la connais si bien que tu te dis : C’est mon destin.
Mais en réalité, Yuki, que veux-tu vraiment ? Vivre avec les questions, ou mourir avec les réponses ?"
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.
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Elle se figea, pétrifiée. Elle, comme étais ivre de glace. Aucun mouvement. Un blizzard s'était levé…
Ses lèvres pâles commencèrent à se mouvoir lentement. Très lentement.
— "A… alors, je… dois forcément perdre… pour gagner ? Ou bien… je peux… je peux gagner… sans perdre quoi que ce soit ?"
Une larme coula doucement le long de sa joue. Une goutte d’eau, se changeant presque en flocon de glace. Je plongeai mon regard dans le sien et, sans détour, je lui répondis dans un japonais parfait :
—"Pour gagner une guerre, il faut perdre des batailles. C’est la logique de la vie. La vie est une guerre qui te met à genoux. Et chaque fois que tu te relèves d’une victoire, une défaite suit.
C’est une loi naturelle de l’univers : tu dois forcément abandonner quelque chose pour en recevoir en retour.
Icare a voulu tout prendre. Il a fini par se brûler les ailes."
Ce fut le coup de grâce de mes mots. Yuki, dans toute sa fragilité, se transforma en reine de glace. Elle n’était plus qu’une statue, figée par l’ivresse brutale de la réalité.
Mais ce que je vis dans ses yeux n’était pas de la tristesse. Non. C’était autre chose. Le reflet d’un monstre avide et perfide.
Je voulais détourner le regard, fuir ce démon qu’est la réalité, ce même démon qui m’avait autrefois brisé.
Mais ce diable, inlassable, avait trouvé un autre chemin pour me retrouver. Cette fois, il n’était pas là pour moi, mais pour briser les autres à travers ma personne.
La cruelle vérité de la vie est qu’on craint la mort, alors qu’en réalité, mourir, c’est apprendre à vivre.
[Crique, Crique]
Je me redressai et lançai d’une voix neutre :
— "Pardon, Yuki, mais je dois aller en cours. Désolé d’avoir dû être ton ennemi aujourd’hui. Bonne journée."
— "Bonjour à tous ! Aujourd'hui, mes enfants, j'ai quelque chose à vous dire. Vous souvenez-vous des fiches de présentation que j'ai lues ? Eh bien, sachez que j’ai pris le temps, certes, mais je suis ravi de constater que vous allez tous super bien !"
Lui aussi ne voit pas la vérité, ou bien il l’ignore. Il contredit donc ce qu’il enseigne ! Ou alors… ses élèves vont-ils vraiment tous bien ? Une chose est sûre, c’est que j’y suis allé fort avec Yuki. J’espère seulement qu’elle ne m’en voudra pas. Je voulais l’aider, c’est tout, éviter qu’elle fasse les mêmes erreurs que moi. Qu’elle ne passe pas sa vie à courir après l’impossible.
Je pensais à cela tout en observant, du fond de la classe. La vue était imprenable. Le professeur était joyeux. Trop joyeux. Mais derrière ce masque, je voyais tant de peine, tant d’inquiétude. Je tourna la tête à ma gauche, les élèves. Tous fatigués, brisés, morts de l’intérieur. Même la nécrose semblait les effleurer. Puis je tournai la tête à ma droite, et je retrouvai encore ce miroir de désolation.
Pourtant, il faisait tout pour nous intéresser. Il s’était laissé pousser la barbe, à l’instar des philosophes grecs. Mais à quoi bon ressembler à ses idoles si c’est pour ne pas respecter leurs enseignements ?
Je fus soudain envahi par une sensation étrange, Je suis observé. Encore, encore est toujours, l’ombre devenue soudainement lumière.
Je tourna la tête dans tous les sens, cherchant quelque chose… ou quelqu’un. Rien. Aucun visage familier. Pas d’Ares. Rien. Puis, une voix douce, presque un murmure, me parvint :
— "Bonjour, monsieur le fantôme."
[BOOM BOOM]
Mon cœur s’accéléra. Je savais qui c’était. Je savais que j’allais la retrouver.
— "Pandora… quel honneur me fait ta présence. Au vu du calme de la classe, j’imagine que tu as revêtu ta cape invisible ?" Dis-je un léger rictus pendant au lèvre
— "Exactement. Je suis aussi invisible que possible. Je me suis même améliorée. Retourne-toi, Orion."
Je bougeai doucement, sans faire de bruit, et je me retournai. Mais ce que je vis n’était pas la rousse que je connaissais… c’était une blonde. Une magnifique blonde. Un sourire éclairait son visage. J’étais sous le choc.
— "Alors, que penses-tu de mon nouveau visage ? Une perruque, bien sûr. J’ai changé pour pouvoir te côtoyer. Rassure-toi, pour toi, je serai Pandora. Pour les autres, je serai Vénus. Ainsi, je peux être tienne tout en restant moi-même. Tout en oubliant les autres. Je suis ton songe… en étant un mensonge. ahah"
[BOOM BOOM]
Je ne trouvai aucun mot. Aucune lettre ne franchissait mes lèvres. Seul le vide m’accompagnait. Mais ce vide-là était différent. Presque agréable. Cela faisait si longtemps que mon cœur n’avait pas battu aussi fort, aussi vite. Son rire chuchoté et mon sourire hurlé…
— "Tiens… tu souris, Orion." dit-elle en me gratifiant d’un sourire éclatant.
— "J’arrive. Je vais m’asseoir à tes côtés."
Elle se leva discrètement de sa chaise, s’abaissa presque au ras du sol et se mit à ramper sur les genoux pour traverser la pièce. Heureusement, son jean n’avait rien à craindre des sols brillants. Quant à sa chemise rouge, elle ne toucha pas le sol.
Je l’observai avancer avec une certaine grâce, uniquement pour venir s’asseoir à mes côtés. Mais, soudainement, je détournai le regard. Je n’avais pas le droit de fixer ses courbes en mouvement.
— "Alors, comment étaient ces vacances ?" demanda-t-elle, une étincelle dans les yeux.
— "Plutôt calmes… et surtout trop rapides."
— "Ah ah, je ne t’ai pas trop manqué ?"
[BOOM BOOM]
— "Eh bien, euh… pas trop, non."
— "Ce n’est pas très sympa de dire ça." dit-elle en détournant brusquement la tête, le regard fuyant.
— "Moi, tu m’as beaucoup manqué !! UMMM"
— "Pardon de t’avoir vexée… J’ai quand même un peu pensé à toi ! Et merci pour le déguisement, je suis ravi, tu sais. Ça me touche beaucoup."
— "J’espère bien ! J’ai essayé beaucoup de perruques, et j’ai toujours rêvé d’être blonde. Alors j’ai pris celle-là. En plus, j’ai enregistré ‘Pandora’ comme nouvelle élève de ta classe ! Alors, qu’as-tu fait durant ces trois semaines ?"
Elle……Elle a fait sa pour moi…mais…
Qu’ai-je fait ? Si je lui disais la vérité, je crois qu’elle me verrait comme un sans-cœur, insensible, avide de sang.
— "Je n’ai rien fait, juste dormi pour oublier. Et… je tiens à te dire merci pour tout ce que tu fais. Tu es vraiment…
[BOOM BOOM]
"…géniale !"
— "Ah ah, je sais que je le suis ! Mais chuchoter comme ça, ce n’est pas mon truc. Je n'aime pas les travaux de groupe. En plus j'ai déjà fait ce cours la semaine dernière, on pourra parler plus facilement, je vais t’aider pour plus vite parler !!."
Le professeur prit alors la parole, interrompant notre échange.
— "Très bien, les enfants. Vous ne voulez pas parler ? Alors, travaux de groupe sur Victor Hugo ! C’est simple : prenez une citation et expliquez-la. Vous avez dix minutes avant la fin du cours."
Pandora, ou plutôt Vénus, écouta attentivement les consignes. Moi, en revanche, mon regard était ailleurs. Je l’observais elle. Son visage restait fixé sur le professeur, concentré, sérieux. Et moi, je contemplais ce que je désirais le plus. Même en sachant a quoi s’attendre elle écouté le visage ouvert…
Un visage parfaitement dessiné, des cheveux tombant, élégants . Quelques mèches rousses s’accordaient à la blondeur de sa perruque, ajoutant une note d’été, une perfection, dans l’imperfection. Une perfection sans limites, une beauté presque divine. Même la nature en été jalouse. Obligée de se cacher, juste pour moi, crée un péché juste pour moi…Non…, c’est que c’est moi qui ai commis ce péché. C’est moi qui l’ai pêchée. Et c’est à moi qu’il reviendra d’être le pêcheur.
Elle se retourna soudain vers moi. Et comme si nos pensées s’étaient mêlées, comme si nos âmes parlaient d’une seule voix, nous prononçâmes ensemble :
La vie n’est qu’une longue perte de ce que l’on aime.
Une citation de Victor Hugo. Une phrase aussi belle que vraie car en vérité il faut….
Perdre ce que l’on aime… pour découvrir ce qui nous aimerons……