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Chapitre 4 : L'étoile du berger !

— "Thibaut, je peux te parler ?"
— "OH OH ! Oui, oui bien sûr !"

Mon cœur était partagé ! D'un côté, j'étais en colère, et de l'autre, j'étais curieux, avide, intéressé de connaître les raisons de sa présence. Allait-elle jouer à notre jeu ? Allait-elle intégrer définitivement notre groupe ? Pourquoi, pourquoi Thibaut l’avait-il invitée ?

Certes, ils se connaissent, ils sont dans la même classe, mais les valets avaient-ils le droit de côtoyer la reine sans avoir la garde royale à leurs trousses ?

— "Thibaut, que fait-elle là ?" dis-je sur un ton colérique, froid et légèrement essoufflé.
— "Ton regard, il me fait peur. Tu ne vas pas me tuer, hein ?"
— "Réponds avant que je perde le contrôle !"
—"Eh bien, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’inviter ton amie. Vénus m’a dit que tu étais proche d’elle, alors je me suis dit que voilà, quoi, tu pourrais essayer de la connaître mieux. Et puis tu lui as vite fait confiance, et c’est rare, alors il ne faut pas gâcher !"

.

.

.

— "En es-tu sûr et certain ? Mentir pour aimer, c’est revenir à s’abandonner, non ?"
— "Et quoi ?"

Thibaut savait que j’étais apeuré par les autres, mais bon, je ne pouvais pas lui en vouloir. Il avait une bonne raison !

—"Thibaut, cherche une meilleure excuse la prochaine fois."

–Il ne savait pas mentir. J’arrivais à sentir la tristesse de ses pensées. Me mentir n’était pas dans ses habitudes, tout comme pour Théo d’ailleurs. C’est moi, Aamon, pas eux ! Je sentais les battements de son cœur, sa façon de parler, de bouger, de respirer. Il mentait, et cela se voyait.

Il baissa les yeux vers le sol, et puis…

—"Je… bonjour… Orion !"

Elle était là, vêtue d’un long manteau blanc, les yeux apeurés, les lèvres tremblantes, les mains collées l’une à l’autre : Yuki !

C’était donc pour elle qu’il avait rompu sa promesse à mon égard ! La voyant, ses yeux s’enfoncèrent plus profondément dans le sol, tandis que les battements de son cœur réveillaient toute la faune et la flore aux alentours !

Comment réagir ? Rester en colère ? Partir ? Ou offrir à mon ami tout ce dont il avait besoin ?

— "Bonjour, Yuki ! Enchanté, je suis Orion. C’est un plaisir de te rencontrer !"
— "Moi… aussi, pardon… je… je suis très timide," dit-elle en s’efforçant de fluidifier le plus possible chacun de ses mots, chacune de ses lettres.
— "Orion, je…"
— "Thibaut, je suis heureux d’être là, t’en fais pas. Je suis content que tu aies enfin réussi à trouver !"
— "Merci. La salle de bain est libre, comme d’habitude !" dit-il en souriant.

Une douche allait me faire le plus grand bien ! Thibaut avait des parents assez fortunés. La première fois que je vins chez lui, j’étais tout dégoulinant de sueur. Alors, Thibaut m’offrit une douche dans une de leurs 8 salles de bain. Et depuis, à chacune de mes venues, j’ai le droit à ce traitement de faveur. Une si belle maison, un si beau jardin, une si belle famille…

.

.

[Ploque, Ploque]

-Thibaut avait raison, il avait souligné une vérité. J’ai fait si vite confiance à Vénus.

J’étais à nouveau perdu entre continuer de lui accorder ma confiance ou à nouveau me méfier d’elle. Dans un sens, on ne connaît jamais réellement une personne : elle peut être la lumière du matin et en réalité la voix du malin. Vénus serait-elle capable de s’habiller en Prada ? Une chose est sûre, son passé semble être une étape clé de sa vie. Peut-être qu’un jour, elle m’ouvrira la porte, et moi, je ferai de même…

Non, jamais.

[Ploque, Ploque]

Mes cicatrices, qu’elles soient intérieures ou extérieures, doivent rester ancrées en moi. Si un jour elles finissent par me retrouver, qui sait ce qu’il se passera ?!

Enfin bref, il serait temps de retrouver les autres !

— "Ah bah le voilà, le bœuf ! Il s’est fait attendre, dis donc !"
— "Oui, pardon !"
— "Orion… tu… tu aimes courir ?" demanda Yuki, toujours avec timidité.
— "Oui, j’aime courir. Courir, c’est dans un sens s’entraîner à fuir, et j’aime fuir !
—"C’est vrai que toi, tu m’as beaucoup fui, hein, Orion !" ajouta Vénus.

Que dire à cela ? Elle avait raison, et depuis les paroles de Thibaut, la fuir me semblait d’autant plus évident !

—"Rien à dire. Je suis là pour Yuki, je te rassure, je ne suis pas là pour toi !… Quoique…"

Yuki… Je ne la connaissais pas plus que cela. Ma première vision d’elle était qu’elle ne serait jamais un danger.

Maintenant que je la regarde mieux, avec insistance, je vois autre chose qu’une simple iris inoffensive. Elle est blanche, aussi blanche que ses pétales ; elle est grande, ses cheveux sont si sombres, et son visage si pur. Mais…

Qu’a-t-elle subi pour que son regard soit si vide, si livide, si… si apeuré ! Ses yeux me frappent de terreur. En la voyant, je vois… un reflet de souffrance, d’inquiétude, et, sûrement, de malice. Son inoffensivité, c’est sûrement cela qui fait d’elle un danger.

À quoi bon, ma folie me fait dire n’importe quoi !

— "Bon, on mange ?" Thibaut et son estomac… une parole presque divine.

Nous étions cinq, tous rassemblés autour d’une même table. Chacun parlait et rigolait. Enfin, en disant "chacun", je veux dire eux. Même Yuki participait, et à chaque fois qu’elle parlait, son aisance s’intensifiait. Tout comme l’amour que Thibaut lui portait. Je préférais rester seul, sans dire un mot. Écouter était pour moi l’unique participation possible.

Comme à son habitude, Thibaut faisait son clown, et la Reine n’en demandait pas moins. Elle souriait, riait, jusqu’à se tordre en deux. Ses yeux étaient lumineux, comme si, comme si elle vivait chaque instant ! Ses yeux et son sourire… Maman a les mêmes…

— "C’est une manie chez toi d’être dans la lune, c’est sacrilège pour une étoile, non ?
— "AH… Tu m’as fait peur !"
— "Regarde-les ! Yuki est heureuse, je ne l’ai jamais vue aussi heureuse ! Ses yeux paraissent plus vivants…"

Plus vivants, certes, mais toujours aussi meurtris par la peur et le désir d’oublier…

— "Tu as raison, elle semble plus joyeuse," répondis-je.
— "Et toi, ton regard, va-t-il changer un jour ?
— “Regarde-moi dans les yeux, Orion !"

Elle avança sa tête afin d'avoir un contact visuel. Ses yeux étaient magnifiques : d'un côté je voyais la forêt, de l'autre le désert. Elle me regardait avec insistance, j'étais presque envoûté, aspiré dans ses yeux.

Qu'ils sont beaux, qu'ils sont purs, qu'ils sont si démoniaques. Le huitième péché capital, c'était son regard. Nul ne saurait se décrocher d'une telle beauté. Le soleil face à la lune, quelle métaphore !

— "Tu as de beaux yeux, Orion, tu sais ça ?!" dit-elle en chuchotant.

— "Cesse tes âneries, tu as uniquement vu le reflet des tiens dans les miens !"
— "Tu me dragues, là ?" dit-elle en levant les sourcils.
— "As-tu fini de faire l'enfant, Vénus ?"

Elle souriait et retira ses yeux des miens. C'était intense, presque inédit. Ce fut doux, chaud, froid, rapide, lent, calme et bruyant, un simple regard !

Je le voyais, elle ne me voyait pas. Je la regardais, et à présent elle me regarde. Si je cesse de la regarder, que compte-t-elle faire ?

— "Tu es un vrai mystère, Orion ! Je me demande de quoi tu es créé, de quoi tu es façonné ! Jamais je n'avais rencontré quelqu’un comme toi ! Tu es à la fois le bon, la brute et le truand."
— "En quoi suis-je une brute ?"
— "Tu caches bien ton jeu ! Tu fais genre que tu n'es pas intelligent, mais tu l'es à un point où tu me surpasses. Pourtant, tu restes comme par magie à 11 de moyenne, sans qu’elle ne bouge, pas de 11.1 ni de 10.9, mais toujours 11. Et à chaque contrôle final, toujours 44 %, comme si tu le faisais exprès… à moins que tu aimes le chiffre 4, alors tu en souhaites deux, d'où le 44 ?

Et puis, tu cours presque 20 kilomètres en moins de 59 minutes, le record du monde étant de 57 minutes ! Sans oublier que tu devines presque tout à l'avance.

Qui es-tu ?"

.

.

.

— "Merci. J'ai eu la réponse à mon interrogation : tu es bien là uniquement pour savoir, et non pour accepter !"
— "Non, attends !"

Je me levai et pris le chemin de l'extérieur. Un peu d'air, voilà ce qu'il me fallait !

Le seul point positif que j’arrivais à tirer de ses paroles était qu’elle saluait mon temps à la course. Même si je n'ai jamais appris à courir, mais à fuir !

L'hiver, je la considère comme ma période de l'année préférée. Les étoiles sont plus brillantes, enfin j'ai cette impression !

Parfois, je vois un miroir dans le ciel. Du blanc et du mal, du noir et du bien. Parfois, je ressens même mes chagrins traverser le ciel. Comme une étoile filante, je fuis mon désespoir. J'attends de voir et je me dis :

Souffle dans le noir, oublie le bien, apprends le blanc et assume le mal.

Mais je le pense et mon reflet devient flou… et puis… je…

—"Les étoiles brillent ce soir ! Presque autant que celle à mes côtés ! Même si mes mots l'ont fait dériver de sa trajectoire !"

.

.

— "Vénus, connais-tu l'étoile du Berger ?
— "Non, pas le moins du monde ?"
—"Savais-tu que l'Étoile du Berger est appelée Vénus et qu'elle tourne dans le sens inverse de la rotation de celle de la Terre ? Qu'il lui faut 243 jours pour faire le tour du soleil ? Qu'elle est appelée 'étoile' même si c'est une planète ?

— “Connais-tu son histoire ?"
— "Pas le moins du monde, mais je veux la savoir !"

Elle plaça une couverture sur le sol, s'assit, posa sa main sur le côté droit de celle-ci, comme pour m'inviter à ses côtés. Ce que je fis, tout en restant le plus loin possible d'elle ! Elle plongea ses yeux dans le ciel, et moi, dans les siens !


Je levai la tête et commençai mon récit.
— "Chaque soir et chaque matin, les bergers devaient être guidés, savoir le moment de rentrer, savoir le moment de partir. Connaître l'arrivée d'Héméra et le départ de Nux. Cette étoile est celle qui protégeait les bergers. C'est toi.

Quand j'étais petit, ma maman me comptait des histoires, parfois des mythes, parfois des légendes, parfois des leçons, parfois des chansons !


Un nuit d'hiver, comme ce soir d'ailleurs, nous étions dehors, loin de tout, mais proches de ce dont j'avais besoin. Un chocolat chaud, des petits gâteaux, une couverture. Ma maman m'expliqua ce que représentait l'Étoile du Berger et me dit que, pour elle, cette étoile était née d'un amour si fort… si fort qu'il était tout aussi impossible.


Dans les mythes grecs, il y a les dieux, les déesses, les créatures. Dans l'humanité, il y a les hommes, les guerriers, et les bergers. Un d'entre eux se prénomme Anchise. Chaque soir et chaque matin, Anchise s'occupe de ses bêtes, parfois il les rentre trop tard, parfois il les rentre trop tôt.


Un soir, il rencontra une jeune femme avec laquelle il passa la nuit. Elle était si belle, si pure, une peau si brillante comme les lueurs du soleil. Anchise tomba sans aucun délai amoureux d'elle. Le petit matin venant, Anchise se réveilla et vit à ses côtés la jeune femme, la déesse. C'était Aphrodite, celle avec qui il avait passé la nuit. Il était ébloui, apeuré, impressionné, mais surtout d'autant plus amoureux. Aphrodite était la plus belle femme du monde, déesse de l'amour et de la beauté. Chaque homme aurait brûlé la Grèce pour un baiser, chaque homme aurait tué l'humanité pour une nuit à ses côtés. Chaque homme aurait défié les dieux pour la posséder.


Mais Anchise n'était pas ce genre d'homme. Lui était un simple berger, passionné, amoureux de chacune de ses bêtes. Aphrodite vit en lui ce qu'elle n'avait jamais vu auprès des hommes : gentillesse, amabilité. Anchise était affable et Aphrodite voulait être sa femme.



— Mais un mortel et une déesse, seuls les contes le racontent. On dit que Zeus intervint et pria Aphrodite de l'oublier et de laisser à Anchise le fruit de leur union. Si triste, Aphrodite demanda une faveur à son père Zeus : créer un symbole qui serait celui de cet amour, de cette rencontre.


Alors Zeus décida de créer une étoile, la plus brillante possible, la plus belle, la plus représentative de leur amour.


Un soir, Anchise rentra ses bêtes et il entendit dans le souffle du vent : "Regarde-moi, je suis là, et chaque soir et chaque matin regarde-moi."
Anchise leva la tête et vit cette étoile ! Une larme sur la joue, un sourire, il regarda le fruit de leur amour, Énée, et dit :


*Chaque soir, chaque matin, je te regarderai, mon amour, toi mon étoile du berger !*

.

.

.

Je sais que c'est faux, mais ma maman aimait tant cette histoire..."

— "Orion... Tu... tu souris..."
Apparemment oui, je souris, seuls ces souvenirs en étaient capables... Seules ces pensées me faisaient oublier qui j'étais et me rappelaient ce que j'étais !

— "Oui, je souris, parfois, rarement, presque aussi souvent que les pleines lunes !"
— "Cette histoire, elle est sublime. J'aime la façon avec laquelle tu les racontes, tu les vis ! Comme si tu l'avais vécue, comme si tu allais la vivre. C'est beau !"

Elle s'approcha de moi, posa sa main sur mon torse et me poussa. Sans appui, je basculai sur le dos, elle s'allongea à son tour. Ses cheveux étaient tapis le long de mon cou, quant à sa tête, elle était au plus proche de mon cœur. Je sentais sa chaleur, son pouls, son souffle. Elle dit avec une voix faible et un ton doux.

— "Je veux regarder toutes ces étoiles, et prier pour en avoir une à tes côtés. Je veux aussi te dire à quel point je suis désolée. J'ai été bête, je voulais tellement te connaître que j'ai oublié mes principes. Je veux être une amie, une épaule sur laquelle tu puisses te reposer, une âme sur laquelle sécher tes larmes.

Je ne veux pas être celle que j'étais, mais celle que je suis devenue. Orion, pardonne-moi, s'il te plaît !"

Pardonner ? Qu'est-ce que pardonner, oublier les méfaits, oublier le goût de la pluie tombant en rythme saccadé, oublier cette douleur, ou simplement l'accepter ?

— "Je ne sais pas, Venus, je suis tiraillé entre rester gris ou choisir entre le blanc et le noir !"

Elle se releva, posa sa main sur mon cœur et dit d'une voix colérique mais angélique :

— "Il bat, alors vis, il bat, alors bats-toi aussi !"

.

.

.

— "Tu es pardonnée, mais ne recommence plus, sinon, toi aussi, je devrai te tuer !"

Elle rigola, puis son visage se ferma, rigola à nouveau, et Thibaut apparut comme par magie.

— "OHHH AHHH ! Bah vous voilà les deux, je n'ai pas compris pourquoi vous étiez si longs, vous veniez ?" dit Thibaut.
— "Non, désolé ! Je dois rentrer, c'était sympa, merci !" répondis-je en me levant vite.
— "Très bien, ça marche !"

Je m'approchai de Thibaut et chuchotai à son oreille :

— “Refais-moi le coup encore une fois, je te casse les deux bras !
— "Tu diras bonne nuit à tout le monde de ma part !"

Je m'habillai aussi vite que possible, et je me mis à courir, non, à fuir, à fuir sans me retourner, sans même savoir si elle me regardait. Je voulais partir le plus loin possible, mais derrière ma fuite, des lettres, des mots me suivaient.

Étoile du soir, étoile d'espoir, étoile du matin, étoile du bien. Suis-la sans t'arrêter et le bonheur sera à ta portée !

Venus... Qui es-tu, toi aussi ? L'étoile du malin, l'étoile du berger ? Un jour seras-tu capable de me dire la vérité ?


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