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Chapitre 20

La route s’étendait devant nous, déserte, avalée par les phares jaunâtres de la voiture.

Paul gardait le silence, les mains crispées sur le volant. Il roulait vite, trop vite, comme s’il craignait qu’on nous suive. Ou que quelque chose surgisse derrière nous, hors du noir.

- Tu vas me dire où on va, à un moment ? demandai-je, la gorge serrée.

Il hocha la tête, mais ne répondit pas tout de suite. Seules les notes graves de la radio, à peine audibles, comblaient le silence.

- C’est une maison abandonnée. À l’extérieur de la ville, dans la forêt. Tu étais trop jeune pour t’en souvenir… mais c’est là que tout a commencé.

Je fronçai les sourcils.

- Tu veux dire… Kylie ?

Il soupira longuement, puis murmura :

- Non, bien avant ça.

La forêt s’épaississait autour de nous. La route devint un chemin de terre, défoncé, sinueux. Chaque nid-de-poule faisait trembler le châssis. L’air semblait se densifier. Même les arbres avaient l’air de nous observer.

Quand enfin la voiture s’arrêta, le silence était absolu. Pas un souffle de vent. Pas un chant d’oiseau. Rien.

Paul sortit sans un mot. Je le suivis.

La bâtisse se dressait devant nous, sombre et branlante. Un ancien pavillon de chasse peut-être, aux volets arrachés, au toit éventré. On aurait dit que la forêt tentait de la digérer peu à peu.

- T’es sûr qu’on devrait être là ? soufflai-je.

Il se tourna vers moi, et pour la première fois, je vis une peur réelle dans ses yeux.

- Non. Mais on n’a plus le choix.

Il alluma une lampe torche et poussa la porte, qui s’ouvrit avec un gémissement sourd.

L’intérieur était figé dans le temps. Une odeur d’humidité et de bois pourri flottait dans l’air. Des papiers épars jonchaient le sol, et des meubles renversés dessinaient des formes grotesques dans l’obscurité.

- Cette maison appartenait à ton oncle, dit Paul.

Je me retournai brusquement.

- Mon oncle ? On n’as jamais parlé de lui.

- Parce qu’on l’a effacé.

Il continua d’avancer. Chaque pas résonnait comme un écho d’un autre temps.

- Il s’appelait Elias. C’était le frère de ta mère. Un homme étrange. Instable. On pense qu’il a été impliqué dans… des choses. Des disparitions.

- Des disparitions ?

Ma voix avait failli se briser.

Paul s’arrêta devant une porte entrouverte, au fond du couloir.

- C’est ici que la première fille a disparu.

Il m’éclaira du regard, puis poussa la porte.

Une chambre minuscule. Des murs couverts de griffures. Une vieille chaise renversée. Un matelas sale dans un coin.

Et, sur le mur, des photos. Collées à même la peinture écaillée.

Mon sang se glaça.

Kylie.

Et moi.

Des photos de nous deux. Certaines très anciennes. D’autres récentes.

- C’est pas possible…

Je fis un pas en arrière.

- Comment... ? Qui les a prises ?

- Quelqu’un qui vous surveillait. Depuis très longtemps.

Je me retournai vers lui, incrédule.

- Tu savais ça depuis combien de temps ?

Il ne répondit pas.

La peur commença à m’envahir, lentement, comme une brume acide.

Je tendis la main vers l’une des photos. Mes doigts tremblaient. Sur celle-ci, on voyait Kylie, assise sur un banc, un livre sur les genoux. C’était… deux semaines avant sa disparition.

Et dans l’angle, floue… une silhouette. Noire. Debout. Immobile.

Quelqu’un était là. Quelqu’un qui la regardait.

- Pourquoi cette maison ? demandai-je d’une voix blanche.

- Parce que c’est ici que Kylie a été vue pour la dernière fois. Les autorités n’ont jamais pu le prouver. Officiellement, elle est partie sans laisser de trace. Mais moi… moi, j’ai reçu une lettre.

- Une lettre ?

Paul hocha la tête et sortit une enveloppe de sa poche.

- Elle est arrivée le jour de ta rentrée au lycée. Sans timbre. Déposée à la main. À l’intérieur, il y avait ceci.

Il me tendit une photo.

Une photo de moi, endormie.

Dans ma chambre.

- Qu’est-ce que… soufflai-je, les mains tremblantes.

- Ils te surveillent, Kassy. Depuis toujours.

Je reculai d’un pas. Ma vision se brouillait.

- Pourquoi ? Pourquoi moi ?

Paul me regarda, et cette fois, son visage se durcit.

- Parce que tu es la clé.

Un bruit résonna soudain à l’étage.

Des pas.

Lents. Lourds.

Je levai les yeux. Paul brandit la lampe torche vers le plafond.

- On n’est pas seuls, murmura-t-il.

Je retins mon souffle.

Les pas s’arrêtèrent.

Puis une porte claqua.

Paul se précipita dans l’escalier, et moi derrière lui, sans réfléchir. La lampe balayait le couloir poussiéreux.

Une autre photo, au sol. Je m’arrêtai pour la ramasser.

C’était moi.

Aujourd’hui. En train de monter dans la voiture avec Paul.

La photo était encore tiède.

Quelqu’un nous regardait. En ce moment même.

- Paul ! criai-je.

Mais il n’était plus là.

Le couloir était vide.

Un frisson glacial me traversa l’échine.

Je fis quelques pas, appelai son nom, plus fort.

Un silence épais me répondit.

Puis… un chuchotement.

- Ali…

Je me retournai, paniquée.

Personne.

Juste un courant d’air… et une porte qui se referma doucement derrière moi.

Le cauchemar recommençait.

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