“Il y a des blessures invisibles, mais elle n'en sont pas moins profondes.”
-Anonyme
L’aube pointait à peine,de légère couleur commence à apparaître dans ce ciel encore plongé sous l'ombre du soleil. Un doux silence apaisant régnait encore sur les rues, comme si le monde retenait son souffle avant le grand déploiement du jour. Je courrais lentement, profitant de ce calme matinal. Une brise fraîche caressait mon visage, mes boucles brunes attaché sous un chignon mal fait, dont quelques mèches rebelle danse au gré du vent. J’adore ces instants, ses moments où j'ai l'impression que le temps s'arrête, avant que le poids du quotidien ne s’abatte sur nous, avant le vacarme des voitures et le flot incessant des passants.
Le parc, mon refuge quotidien, ou toute pensée s'arrete, toute craintes et problème s'évapore lors de ce petit moment, il revêtait alors une aura presque magique. Les enfants dans ce même parc couraient, riaient, criaient d'une vif voix Joyeuse se mêlant aux aboiements des chiens, le tout baignant dans une sorte de douce irréalité.
J’ai commencé à courir, une habitude ancrée depuis des années. La course, c’est ma thérapie, mon échappatoire, mon moyen de me sentir vivante, pleine d’énergie. Mais ce matin-là, quelque chose a cloché, quelques chose qui commencé à m'inquiéter. Soudain, je dû m’arrêter, essoufflée, une main serrée sur ma poitrine comme pour stopper cette douleur dans ma cage thoracique. Mon cœur.
Cette douleur… elle était là, comme toujours, mais plus intense, plus sourde, plus… obsédante. Une pression à la fois subtile et implacable, comme si mon cœur heurtait un mur invisible, m’empêchant de respirer pleinement. J’ai fermé les yeux un instant, concentrée sur cette douleur lancinante, mais aussi sur la peur qui grandissait en moi. J’avais ressenti cela à quelques reprises ces derniers mois, de plus en plus c'est jour si, mais aujourd’hui, c’était différent. La douleur s’intensifiait, et je savais, au plus profond de moi, que ce n’était pas normal. Que quelques choses allais mal et mon cœur en était la victime.
J’ai lutté contre cette oppression thoracique, contre ce souffle qui se faisait de plus en plus court. Je pousse toujours mon corps un peu plus loin, je le sollicite au maximum, mais au fond, je sais que je joue avec le feu. Le docteur Lefèvre, quelques jours plus tôt, m’avait assuré que tout semblait normal. Il m’avait examinée, auscultée, passée au scanner, et n’avait rien trouvé de significatif. Mais je n’ai pas cru ses paroles, il y avait une incertitude dans sa voix, une absence de cette assurance rassurante qui aurait pu me tranquilliser, qui aurait dû me tranquilliser. Il m’avait prescrit des examens de contrôle, mais je sentais qu’il y avait quelque chose de profondément faux. Que m'arrive t'il ?
J’ai repris ma marche, lentement, essayant de réguler ma respiration encore douloureuse, mon cœur battant la chamade. La douleur s’est estompée progressivement, mais l’inquiétude persistait, un nœud serré dans mon estomac qui commencer lui aussi a me faire souffrir. Arrivée chez moi, j’ai ouvert la porte doucement. Maman n’était pas encore rentrée, heureusement. Je n’avais pas encore trouvé le courage de lui confier ce qui m’arrivait. Elle serait terriblement inquiète, et je ne voulais pas ajouter à son fardeau. Pourtant je sais qu'il faut que je lui disent mais c'est toujours plus facile à dire qu'à faire et ceux depuis la mort de papa. Elle s’accroche, garde la tête haute et se bat pour moi. Mais je suis fatiguée de la voir porter ce poids seule, je ne veux pas qu'elle en assume un de plus. Je suis montée me doucher, espérant que l’eau chaude me calmerait un peu. Puis j’ai grignoté quelque chose et, le cœur lourd de doutes, je me suis dirigée vers l’hôpital, à l’adresse du cardiologue que le docteur Lefèvre m’avait donnée. Docteur Evans.Peut-être qu’il saurait me dire ce qui n’allait pas, peut-être qu’il trouverait une solution autant de doute qui était sur le pont de se concrétiser.
Arrivée à l’hôpital, j’ai pris une grande inspiration devant les imposantes portes vitrées. Après avoir appuyé sur un bouton metalique qui sert de sonnette les porte coulissante s'ouvre devant moi. Je me dirige vers la réception, le cœur battant un peu plus vite. Après avoir donné mes informations, une assistante m’a conduite dans une salle d’attente bondée de toute catégorie d'âge. Les conversations murmurées, le grincement des chaises sur le carrelage… mais il y avait quelque chose d’étrange dans cette atmosphère, comme si le temps s’était figé. Tous attendaient, silencieux ou marmonnant, chacun accaparé par ses propres soucis. Et pourtant, au milieu de tout ça, je me suis sentie plus seule que jamais. Le bruit ambiant s’est estompé, mon attention se concentrant sur la silhouette du docteur Evans. Allait-il me dire ce que je redoutais tant ?
Enfin, la porte s’est ouverte et un homme aux cheveux grisonnants, la cinquantaine environ, est entré d’un pas calme et posé avant d'appeler son prochain patient.
- Mademoiselle Harper.
Son visage portait les marques du temps, mais ses yeux, malgré une certaine gravité, exprimaient une réelle bienveillance. Il m’a invitée à le suivre dans son bureau, s’est assis en face de moi, attendant un instant me fixant dans les yeux avant de briser le silence un léger sourire au lèvre qui ce vaut rassurant.
-Alors, Mademoiselle Lila, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Sa voix était douce, mais une tension palpable régnait dans la pièce. Dès qu’il a commencé à évoquer ma situation, j’ai su que les choses allaient changer. Ses mots, mesurés et professionnels, portaient une vérité que j’aurais préféré ignorer que je refuse de croire. Je voulais lui demander ce qui se passait, mais les mots se sont bloqués dans ma gorge. Aucun son ne voulait sortir. Je suis comme pétrifié face a la situation.
Comment faire face à ça ? Comment accepter que ma vie, si précieuse, puisse prendre fin plus tôt que prévu ?
-Votre état est malheureusement préoccupant mademoiselle Harper. Vous souffrez d’une insuffisance cardiaque évolutive, et vos symptômes, hélas, ne feront qu’empirer si nous ne trouvons pas rapidement une solution.
Et malheureusement il n'existe qu'un seul traitement pouvant vous sauver : une transplantation cardiaque.
Le silence qui a suivi ces mots était assourdissant, pesant comme un fardeau insupportable. Mes oreilles siffler, une légère douleur se fit sentir dans ma poitrine. Je me suis sentie submergée par l’annonce, incapable de la digérer. Une greffe ? Une intervention chirurgicale onéreuse, nécessitant des dons… et au fond de moi, je savais que ma mère et moi n’aurions jamais les moyens de financer une telle opération.
-Mais… c’est.. c'est très cher, n’est-ce pas ? Ma mère et moi, nous n’aurions surment pas les moyens…
Le cardiologue a soupiré, comprenant mon angoisse.
-C’est vrai, l’opération est coûteuse et la liste d’attente est longue. Mais il existe des moyens d’obtenir de l’aide, par exemple via des dons ou des associations spécialisées. Nous devons réfléchir sérieusement à cela, mademoiselle Harper. Un nouveau cœur est le seul moyen de vous sauver la vie.
J’ai détourné le regard et plongea dans mes pensées, une vague de panique me submergeant. Mon esprit s’emballait. J’avais peur. Peur de la douleur, peur de l’inconnu, peur de devoir affronter cet avenir incertain. Mais est ce que j'aurais un avenir ?
-Je… je ne veux pas causer de plus problèmes à ma mère. Elle a déjà tant fait pour moi…
Je cherchais mes mots, essayant de comprendre, de trouver les bon mots pour définir la situation, ce que tout cela signifiait pour moi, pour nous ma mère et moi. Comment accepter une telle solution, alors qu’elle risquait de la plonger dans une détresse encore plus grande ?
Le cardiologue a baissé la tête un instant, puis m’a regardé droit dans les yeux. Sa voix douce m’a donné des frissons.
-Je comprends, Lila. Mais il ne s’agit pas seulement d’argent. Il s’agit de votre vie, de vos rêves, de votre avenir. Vous méritez d’avoir la chance de vivre pleinement.
Je l’ai regardé longuement, les larmes me montant aux yeux, larmes que je refusais de laisser couler. Cette boule dans l'estomac qui continuer de grandir et de prendrez de la place du au stress de la situation. De ma situation.
-Et si je refusais l’opération ? Je déciderai simplement d’attendre… Je sais que mes jours sont comptés, mais au moins, je vivrai sans tout sacrifier.
Il a gardé le silence un moment, puis a répondu avec gravité :
-C’est une décision que personne ne peut prendre à votre place, Lila. Mais sachez que le temps est précieux, et si vous avez encore des rêves à réaliser, vous avez un choix à faire. Il n’est jamais trop tard pour se battre surtout quand c'est notre vie qui est en jeu.
Je me suis levée, incapable de prononcer un mot. La gorge serrée. Je pris un nouveau rendez-vous pour le prochain contrôle. Contrôle qui me suivra surment jusqu'à ma mort . Puis je suis sortie du bureau, les pieds lourds. Chaque pas me rapprochait de ma mère, mais chaque pas ajoutait un poids supplémentaire à mon fardeau. Comment lui expliquer tout cela ? Comment lui annoncer que je n’avais peut-être pas d’avenir, que je pourrais disparaître avant même d’avoir eu la chance de vivre pleinement ma vie ? Ou même qu'elle eu pus finir son deuil..
Le silence était assourdissant tandis que je marchais dans la rue, mes pensées tourbillonnant dans ma tête. Ce n’était pas seulement moi qui étais en danger, c’était toute ma vie, toute ma famille. Et surtout, ma mère.
( Réécriture 1 :fini)