Recommendation: Boyfriend.

Elle s'assied sur un divan disponible et regarda sa cavalière avec un sourire séduisant, qui plongea ses iris écarlates dans ses yeux émeraudes.

— Je veux connaître ton nom... la joaillière.

La femme aux cheveux écarlates réduisit la distance qui les sépara et posa son pied sur le divan, à côté de sa main. Elle attrapa son menton et rapprocha son visage du sien, ce qui donna à ceux qui les observèrent l'envie de hurler.

— AU NOM DU ROI ! Cria faiblement Elerinna en secouant les bras d'Olmar.

— Dommage qu'on ne soit pas plus près, se plaignit l'un de leurs camarades derrière eux.

Des papillons prirent d'assaut l'estomac d'Hucral, tandis que leurs lèvres étaient sur le point de se frôler.

— Devine, Majesté~.

Après leur danse, Lycair était obliger d'aller dehors pour réprimer son envie de vomir, compte tenu de toutes les atrocités qu'elle avait vu et subis. Même si son corps était immatériel quand elle était dans l'esprit de la sorcière, elle avait encore l'impression de sentir son corps se faire charcuter de tous les côtés.

Mais l'effervescence de la danse coulant toujours dans son sang, elle était bien décider à en apprendre plus sur elle, même si elle risquait de revivre cette expérience avec son double. Et contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, elle devint de plus en plus obnubilée par cette femme et les secrets qu'elle renfermait, ce qui rendit la tension entre elles plus brûlante que jamais.

— Puisque tu ne veux pas donner le tien, qu'en est-il du mien ? Toi qui sembles savoir tous les secrets de l'univers.

— Pourquoi cette question ma chère, s'enquit-elle en s'éloignant légèrement, aurais-tu peur que je ne me souvienne plus de toi ?

L'enseignante balança sa tête en arrière et rigola tendrement, avant d'attraper le col de sa chemise, ne voulant pas qu'elle parte.

— À moins que je n'efface tes souvenirs, m'oublier n'est pas une option.

La sorcière émit un sifflement admiratif et sirota son punch aux raisins qu'elle s'était servi dans son verre à flûte, qu'elle avait vidé avant leur prestation.

— Ah oui ? Dans ce cas, je me demande comment tu vas retourner dans ma mémoire tout en évitant de mourir une seconde fois, la taquina-t-elle sensuellement. Il serait fâcheux qu'une protectrice de la mémoire ne tombe entre mes mains~.

La couturière hoqueta de stupeur et écarquilla les yeux, le souffle coupé, tandis qu'Hucral lui lança un sourire narquois, satisfaite qu'elle est réussie à lui clouer le bec.

— Tu ne pensais tout de même pas que tu allais échapper à ma vigilance, je me trompe ? S'assura-t-elle en caressant ses lèvres avec son pouce.

Un frisson de plaisir électrifia le corps de Lycair, qui ressentit panique et attirance à la fois. Elle attrapa le poignet de la divinatrice et lui prit le menton fermement pour la forcer à se rapprocher encore plus d'elle.

— Et qu'est-ce que tu vas faire de moi dans ce cas ? Me maudire ? Me tuer ? Énuméra-t-elle provocatrice. Je suis toute ouïe.

— Tu me fais perdre la tête Lycair Howl, chuchota-t-elle de son regard embrasé.

Le roi frappa son spectre et rompit leur petite bulle qui les avait isolées du reste du monde, attirant ainsi leur attention et celle des invités. Ces derniers se rassemblèrent pour former un amas, ou les deux femmes se mirent tout devant dans un coin, pour bien voir le roi tout étant éloigné de la foule. La sorcière jeta un coup d'œil à la couturière, qui cacha sa cicatrice avec son bras, comme si elle venait de se rendre compte qu'elle était toujours accrochée sur son corps meurtri.

— Qu'est-ce qu'il lui prend de demander le silence comme ça ? Lui chuchota-t-elle en détournant le regard.

— Il va annoncer les deux personnes qui ont gagné le droit de monter sur son trône ce soir, l'informa-t-elle soudainement renfermée.

— Il part à la retraite ? C'est sûr qu'après tant d'années de règne, j'aurais sûrement fait pareil.

Lycair porta sa main à sa bouche et rigola en silence face à la bêtise de la sorcière.

— Attends je t'explique, commença-t-elle après s'être calmée, en fait à chaque bal des elfes, les gens ont la possibilité de monter sur son trône le temps de la fête. Et avant que tu ne me demandes à quoi ça sert, ça ne sert un peu à rien, mais certains adorent dire "oui, je suis monté sur le trône du roi blablabla".

La faux du silence arqua un sourcil et regard en direction du trône, qu'elle observa minutieusement.

— Dans ce cas, pourquoi il continue de le faire si c'est inutile? Lui demanda-t-elle le regard toujours braqué sur le roi.

Lycair lui attrapa furtivement le menton et rapprocha son visage du sien pour planter son regard dans le sien.

— À toi de me le dire, ma sorcière.

Hucral écarquilla les yeux et devint rouge écrevisse, avant de se dégager de son emprise pour détourner la tête, ce qui arracha un sourire satisfait à Lycair qui remarqua que l'apothicaire tripotait ses bagues.

— Un peu de silence je vous prie, ordonna le roi de sa voix chaleureuse. Comme vous le savez tous, voici venue le moment pour moi d'élire les chanceux, ou chanceuses, qui monteront sur mon trône ce soir.

Lycair se pencha vers Hucral, qui fronça les sourcils en regardant le trône.

— Dis, tu ne trouves pas que le siège est un peu petit pour y accueillir deux personnes ? S'enquit-elle étonnée.

— Je vais arranger ça ne t'en fais pas, lui assura-t-elle avec un sourire narquois.

Elle fit apparaître une des bougies des chandeliers discrètement dans sa main sans quitter Lycair du regard, avant de souffler dessus. Un grondement de tonnerre surgit dans le ciel et effraya les invités, qui se retournèrent alarmer.

La faux du silence reporta son regard sur le trône et claqua des doigts pour l'élargir de seulement quelques centimètres pour éviter que cela soit trop flagrant. Elle fit ensuite virevolter ses doigts fins dans les airs et la foudre s'évanouit, ce qui apaisa les invités qui se tournèrent de nouveau face au roi.

— Problème réglé Votre Majesté, conclut-elle en faisant disparaître la bougie avec un sourire fier.

Sans leur laisser le temps de comprendre ce qu'il se passe, le même projecteur qui les suivait durant leur danse se braqua de nouveau vers elles, et le public les fixa de ses yeux de chouette.

— Je vous présente les heureuses élues de cette soirée, déclara haut et fort le roi, avancez je vous prie.

Abasourdie qu'elles aient été choisies, elles se dirigèrent vers le trône sous les regards envieux de certains. Cependant, Hucral n'aimait pas sentir ce poids sur ses épaules et sa cage thoracique commença à se comprimer, en sentant des larmes de panique lui monter.

— (Peut-être que je n'aurais pas dû danser de manière aussi sensuelle avec elle. Peut-être que j'aurais dû agir différemment tout au long de la soirée. Peut-être que... peut-être que...)

— Tu attires l'attention dis-moi, lui chuchota Lycair pour la sortir de ses pensées.

— Je n'en ai rien à faire des yeux qui me regardent, je suis occupé à regarder dans les tiens.

— En même temps je suis tellement irrésistible, plaisanta-t-elle pour cacher sa panique. (Au nom du roi, je pourrais l'entendre me dire ça tous les jours.)

Elles ricanèrent et se placèrent devant le trône pour faire face aux invités, qui fixèrent l'énorme cicatrice de Lycair. L'ayant remarqué, cette dernière s'apprêta à lever son bras pour la cacher quand l'apothicaire lui prit doucement le poignet pour l'en empêcher.

— Il y a de la beauté dans l'imperfection Lycair. Beaucoup de gens te regarderont mais seulement peu d'entre eux te verrons.

Elle hocha simplement la tête pour éviter qu'elle croise ses yeux vitreux, touchée par ce qu'elle venait de lui dire.

— Vous pouvez prendre place, autorisa-t-il en s'adressant à la sorcière.

Cette dernière hocha la tête et s'installa en croisant les jambes tout en s'assurant de garder le menton levé. Dans la foule, elle aperçut ses collègues, Othara et Nikolas, qui la regardèrent avec un sourire rempli de fierté et d'amusement. La guerrière fixa la joaillière avant de regarder furtivement Lycair, comme pour lui demander si c'était elle la fameuse.

Voyant cela la faux du silence se contenta de lui lancer un sourire narquois, ce à quoi Othara répondit par des signes de mains qui voulaient dire "Il faudra que tu me raconte tout." La divinatrice lui fit un pouce tandis que la couturière s'installa à côté d'elle sans se priver de mettre sa main sa cuisse.

— Je ne te pensais pas si démonstrative, chuchota-t-elle en frissonnant de plaisir l'espace d'un instant.

— C'est un nouveau remède contre le stress. Les doses sont limitées à trois fois par semaine, rétorqua-t-elle en caressant sa jambe avec son pouce, mais je peux faire une exception pour toi. Je suis une protectrice de la mémoire généreuse quand il s'agit des sorcières.

Elle se mordit l'intérieur des joues et regarda les invités froidement pour cacher son envie de tout plaquer pour l'embrasser, tandis que Lycair se contenta de sourire tendrement pour cacher sa panique.

— Veuillez accueillir d'un côté la nouvelle enseignante de couture qui a su conquérir la confiance de ses élèves et aussi une sportive de haut niveau aux compétences de chasse indétrônable, Lycair Howl.

Des applaudissements discrets de ses élèves fusèrent au fond de la pièce, ce qui lui arracha un sourire fier et tendre.

— Et de l'autre, une femme aussi mystérieuse que séduisante, dont ses compétences en médecine ont réussi à sauver Titania la reine des fées, Hucral Naught.

Bamboum.

Bamboum.

Bamboum.

Le cœur de Lycair s'accéléra de plus belle tandis que les collègues de la sorcière l'applaudirent. Cette dernière leur fit la moitié d'un cœur et tout le monde applaudit quelques secondes avant de retourner à leurs occupations.

Hucral Naught.

Hucral Naught.

NAUGHT.

Naught.

Hucral.

Hu...cral.

HUCRAL.

Son sang s'embrasa et même si elle était assise, elle se sentit tanguer à l'entente de ce prénom qui lui raviva des souvenirs oubliés. Elle fixa le sol en transe, paralysée sur son siège, ce qui retint l'attention de l'apothicaire.

— (Qu'est-ce qui se passe... ?)

" Sur notre planète, elle est surnommée

l'émanatrice du néant."

" Vous êtes la sorcière

de la bibliothèque. "

" La faux du silence est ici... pour nous,

pour toi."

" Cette femme, appelée Hucral Naught,

ne devrait pas exister."

"Vous allez nous tuer nous aussi ?"

Chacune de ses réminiscences qu'elle a eues depuis qu'elle est une protectrice de la mémoire vint l'agresser mentalement, mettant enfin un visage sur elle. Cette femme. Cette "sorcière". Hucral Naught. 

À ce moment-là, elle tourna furtivement la tête vers la divinatrice qui l'observa intensément, comme si elle attendait qu'elle lui dise ce qu'elle avait vu.

— Hu-cral... Naught.

Une lueur apparue dans les yeux de cette dernière quand elle entendit son nom traverser la bouche soyeuse de l'enseignante, qui la scruta avec méfiance.

— Aussi surnommée la faux du silence, déclara-t-elle froidement en la défiant du regard.

— En chair et en os ma chère, lui confirma-t-elle en lui attrapant le menton, celle qui a annihilée des univers entiers et qui apporte la mort partout où elle se rend.

Haletante, elle déglutit et se dégagea de sa prise pour se lever et partir vers les escaliers du deuxième étage. Lycair enfonça la porte des toilettes et s'accrocha au rebord du lavabo en inspirant profondément.

— J'ai dansé avec une sorcière immortelle, se rappela-t-elle encore sous le choc, j'ai dansé avec une parfaite inconnue qui porte des surnoms présage de mort, qui a tué des milliards de gens. Et le pire, c'est que je suis attirée par cette femme et qu'elle était en ma compagnie durant toutes mes vies antérieures.

Quand elle prononça cette phrase, un fragment de souvenirs lui revint, ou elle embrassait langoureusement la divinatrice, qui plongea ses doigts dans ses cheveux bleu nuit soyeux. La couturière rougit instamment et agita ses mains dans l'air pour essayer de chasser ce souvenir qui continua de revenir à la charge.

— Ses lèvres avaient l'air si agréables à embrasser, je me demande si encore aujourd'hui...

— Ça te coûtera un goûter par millième de seconde, l'informa la sorcière qui apparut dans l'embrasure de la porte.

À l'entente de sa voix, Lycair sursauta et se retourna en s'apprêtant à lui passer un savon, quand elle remarqua qu'elle avait disparu. Quand elle pivota pour se regarder dans le miroir, elle loupa un battement en voyant la faux du silence calée contre le rebord du lavabo, les mains dans les poches. Imperturbable, la protectrice de la mémoire la coinça avec son corps et lui glissa une carte magique sous la gorge.

— Que vas-tu faire de cette planète, faux du silence ? L'interrogea-t-elle tout bas. Toi qui m'as rendu une partie de mes souvenirs par ton simple nom.

— Ne te fais pas de film, je ne suis pas ici pour une pauvre sphère rocheuse, la rassura-t-elle en retirant ses mains de ses poches. Ma petite vie tranquille m'est bien plus précieuse.

Amusée, elle prit son poignet et fit glisser la carte sur sa peau, laissant un filet de sang ruisseler sur son costard.

— Un problème Majesté ? Aurais-tu peur que je te mange ? La nargua-t-elle en caressant sa main. Vas-y, parle.

L'elfe fit disparaître sa carte et posa sa main sur le comptoir, emprisonnant davantage l'émanatrice.

— Honnêtement, je ne sais pas quoi penser de cette situation, commença-t-elle en zieutant ses lèvres. Mon cerveau me dit que je dois refouler ce que je ressens au plus profond de moi, car faire confiance à une vulgaire inconnue dont j'ai été amoureuse durant mes vies passées, est totalement irrationnel.

Alors qu'elle l'écouta avec attention, la divinatrice glissa ses doigts sur la taille de sa cavalière, qui la fixa plus intensément.

— Mais tu vois... Tes mains brûlantes sur ma taille, tes yeux pleins de désirs... me font perdre la raison et me donne envie de me livrer à toi et à tes lèvres ensorcelantes. Je veux connaître chaque parcelle de ton corps et de ton âme, à tel point que ça m'obsède.

Ses yeux s'embrasèrent et elle remonta l'une de ses mains pour frôler sa poitrine, avant de caresser son visage.

— À quel point je t'obsède ? Lui demanda-t-elle en faisant leurs lèvres se frôler.

— À un point qu'après le bal, je veux que la sorcière immortelle que tu es m'aide à retrouver mes souvenirs. Autour de nos collations de mes vies d'antan, je te veux pour moi et moi seule. Compris... ? S'assura-t-elle en s'éloignant.

— Est-ce que j'ai le choix ?

— Non, mais même si tu l'avais, tu aurais dit oui sans hésitation.

La sorcière ricana tendrement face à sa perspicacité, avant de s'asseoir son spectre magique qu'elle venait de faire apparaître.

— Bien, et si on commençait par les bases ? Lui demanda-t-elle en se laissant aller en arrière.

Pour mieux apprendre à se connaître l'une et l'autre, elles prirent la décision de se raconter leur vie, dans une ambiance plus détendue et chaleureuse. Lycair narrait le parcours qu'elle a réalisé pour devenir une professionnelle en couture, et lui parlait de chacun de ses élèves avec une joie immense. 

Même de ce professeur qu'elle méprisait et qu'elle adorait remettre en place. Quand Hucral l'écouta parler de lui, elle ne put s'empêcher d'être fière de comment Lycair l'avait rembarré un nombre incalculable de fois. Elle lui parla aussi de son projet pour le bal de fin d'année à l'école, et qu'elle souhaitait potentiellement y aller avec elle si leur relation évoluait dans le bon sens. 

Quant à Hucral, elle lui raconta sa relation qu'elle avait avec sa mère, et ses mondes préférés qu'elle avait visité au cours de ses aventures. Elle ne lui partageait pas énormément de choses volontairement, car elle voulait en parler dans un endroit plus calme. Elles rigolèrent ensemble quand un hurlement se fit brusquement entendre. Sans perdre de temps, Lycair sauta du rebord du lavabo et Hucral fit disparaître son spectre, avant d'enfoncer la porte. 

L'enseignante descendit les escaliers en trombe tandis que la sorcière sauta du deuxième étage pour atterrir violemment sur le sol. Arrivant en même temps, elles constatèrent avec horreur la scène qui se déroula sous leurs yeux. Le roi gît dans une mare sang avec une entaille au niveau des carotides...

Causé par l'arme d'un troll.