— Donc si je récapitule, reprit nonchalamment la sorcière en se mettant du vernis rouge, je m'occupe de rapporter ce qu'il faut à l'autre dégénéré et vous, vous vous tenez prêt à tuer sa femme, avant de me laisser détruire la faille spatio-temporelle en l'emportant dans une autre dimension, c'est ça ? (Le plan est aussi fragile que l'ego des hommes, tu souffles dessus et pouf, ça s'envole.)
Aujourd'hui. C'était aujourd'hui qu'Hucral devait ressusciter la femme du roi des trolls pour l'empêcher d'atteindre son objectif, et peu après avoir déclaré son amour à Lycair, elle avait recommencé à méditer pour rassembler ses idées, mais cette fois-ci dans sa pièce artistique.
De plus, les deux femmes et les dirigeants avaient décidé de se rassembler une dernière fois dans la salle de réunion de la reine des fées, pour mieux se concentrer et avoir une carte détaillée aplatie sur la table. Tandis qu'ils hochèrent tous la tête, la couturière tira une carte au hasard du paquet de sa petite amie, sans prêter attention à la discussion, sa tête affalée sur sa main.
— Et tu comptes offrir qui en sacrifice ? Demanda cette dernière en croquant dans sa grappe de raisin blanc. Mon guignol de collègue que j'aurais planté avec ma fourchette si tu n'étais pas intervenue la dernière fois ? D'ailleurs la torture c'est la pendaison par les pieds.
— Bof, c'est un peu basique, concéda la sorcière peu convaincue.
Le roi des elfes hoqueta de stupeur avant d'être pris par une quinte de toux, qui le rendit rouge écarlate.
— Je vous demande pardon ?! Rétorqua-t-il d'une voix qui dérailla sous l'effet du choc.
— Vous auriez préféré quoi vous ? Vous faire plaquer sur la table par mes soins ou vous faire planter par Lycair ? Lui demanda-t-elle outrée par sa réaction. Parce que je vous rappelle qu'elle peut vous casser les os à une main. Les os !
Les dirigeants et les conseillers la regardèrent d'un air blasé, comme pour savoir si elle leur posait vraiment la question.
— Définitivement Lycair, déclarèrent-ils à l'unisson sans une once d'hésitation.
La sorcière écarquilla les yeux et feignit d'être choquée de leurs propos, avant de s'adosser contre sa chaise et de jouer avec sa bague sur son pouce, la tête rapidement dans les nuages.
— Sinon je me demandais sœurette, l'interpella Titania en aiguisant son épée et sa lance, pourquoi tu ne te sers pas de ton sort de la dernière fois pour la ramener à la vie, au lieu des lacs ?
— Parce que l'âme de sa femme est probablement divisée en plusieurs parties, une pour chaque lac, expliqua-t-elle en avalant un autre raisin noir. Et ce sort sert à extraire les âmes des corps, donc je ne peux ni la repêcher dans le néant ni l'absorber. Surtout que si cette hypothèse de lac devient réelle, je devrais attendre qu'elle trouve un corps en guise de réceptacle pour pouvoir m'en servir.
— Et tu penses qu'il va accepter de servir de vaisseau pour sa femme ? Souligna Othara en s'amusant avec la dague de la sorcière.
— Honnêtement j'en sais rien, lui confia-t-elle avec sincérité. C'est pour ça que je n'écarte pas le fait qu'il est réussi à conserver son corps dans son intégralité en l'attente de ce jour. Sachant que j'ai déjà détruit deux lacs involontairement, je ne sais pas si elle a réussi à transporter son âme dans les autres.
Quand elle termina sa phrase, tous soupirèrent sans exception, dépités par la situation dans laquelle ils étaient. Tandis que Titania se rongea les sangs pour son peuple, Elros et Othara discutèrent de différentes formations qu'ils pourraient mettre en pratique à l'entraînement du jour.
Quant au roi des elfes, il pensa au fait qu'il devait rassembler la magie que contenait son trône dans son spectre afin d'être prêt à se battre. Lomion, lui, éplucha les livres du souverain des elfes que la sorcière avait déverrouillé en espérant trouver des sorts spécifiques pour ce genre de problème, en vain. Il soupira quand il remarqua une incantation étrange dans un de ses grimoires, ce qui le fit arquer un sourcil.
— Tu as inventé un sort, puis un contrat inviolable, qui peut transformer les sirènes en humaines, constata-t-il à voix haute comme pour voir s'il avait bien compris. Tu l'as déjà utilisé je suppose ?
— Oui mais seulement pour la fille du roi. Elle voulait absolument retrouver l'homme dont elle était tombée amoureuse, donc je lui ai proposé un marché. Si elle arrivait à le faire tomber amoureux d'elle en quatre jours, je la laissais en humaine. En revanche si elle échouait, elle redevenait une sirène et subissait les conséquences de son échec.
— Et comment ça s'est fini ? Demanda Elros en voyant la sorcière se lever.
— Malheureusement elle n'a pas réussi à remplir sa part du contrat, donc je lui ai pris ce que je lui avais demandé en échange, lui confia-t-elle en reprenant sa dague des mains d'Othara.
Cette dernière gloussa et s'imagina toutes les choses farfelues que la faux du silence a pu demander à cette pauvre sirène.
— Laisse-moi deviner, tu lui as dérobé sa voix, ses sens ou-
— Son âme.
Tous eurent le souffle coupé et la fixèrent de leur regard élargi, choqués par ce qu'elle venait de révéler.
— Quel délice, se remémora-t-elle tout bas en s'humectant discrètement les lèvres. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas goûté de mets aussi raffiné...
La couturière détourna son attention de son paquet de cartes pour se concentrer sur sa partenaire avec une inexpressivité qui ne trahissait pas son ahurissement intérieur. Lomion referma le livre qu'il tenait avant de le jeter sur la table et son cerveau se mit inconsciemment à émettre comme hypothèse ce qu'a pu faire cette sorcière cruelle tout au long de son existence. Comme si elle entendit ses pensées, cette dernière reporta son attention sur lui et se contenta de le regarder avec indifférence.
— Je n'ai pas toujours été gentille et sincère, les informa-t-elle d'un sourire narquois. Bon y va ? Demanda-t-elle à l'attention de Lycair pour détourner la conversation. Il faut qu'on passe à la maison pour donner à manger à Athéna et que je réfléchisse pour ce soir. De toute façon, ce n'est pas en repassant ce qu'on sait déjà qu'on va avancer.
La couturière acquiesça et fit disparaître ses cartes avant d'attraper la main de la faux du silence et de faire un signe d'au revoir aux autres. Quand elle referma la porte derrière elle, Hucral les téléporta chez Lycair, avant de s'étirer de fatigue comme si elle n'avait pas dormi depuis longtemps.
— Ose penser à t'allonger sur mon canapé pour dormir et je te casse les cotes, pigé ? La menaça-t-elle en la voyant se diriger vers ce dernier.
Elle s'apprêta à s'installer quand elle déglutit et pivota brusquement pour rebrousser chemin et aller se caler contre le comptoir de sa cuisine en obsidienne. Tandis qu'elle lâcha un soupir déprimé, des bruits de griffes se firent entendre sur le parquet de la demeure, suivi d'un aboiement à l'air féroce.
— MON BÉBÉ ! Cria-t-elle en ouvrant ses bras en grand pour accueillir sa chienne.
Quand cette dernière la vit, ses yeux s'illuminèrent et sa queue remua de plus belle. Elle tira la langue et se précipita vers sa maîtresse en lui sautant dessus de tout son poids. Lycair la rattrapa avec sa force titanesque et se laissa lécher de tous les côtés par son animal de compagnie, qui balaya les cheveux écarlates de la sorcière avec sa queue. Remarquant sa présence, elle ne put s'empêcher de lâcher un timide sourire avant d'ouvrir un placard pour sortir sa viande et ses croquettes, qu'elle lui versa dans son énorme gamelle.
— Tiens ma jolie, régale-toi.
Tandis qu'elle observa la chienne manger lentement, elle se perdit et se plongea dans ses pensées tandis que l'elfe ouvrit sa baie vitrée en trapèze avec obus, qui donnait vu sur son immense portail en forme de chapeau de gendarme, en or massif.
— (Une chose est sûre, vue que j'ai posé ma marque sur le continent, le roi est condamné. En revanche, le Cimetière des Interdits me perturbe toujours autant. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose à la surface mais je n'arrive pas à voir au-delà, comme si une brume épaisse résidait au-dessus. Et puis il y a cette faille qui sort de nulle part...)
— Hucral ! L'appela Lycair en lui tapotant l'épaule.
Cette dernière sursauta et s'agrippa au rebord du comptoir, ayant l'impression qu'on venait de la réveiller de ce rêve ou on tombait dans le vide.
— Désolé, j'étais dans les nuages, s'excusa-t-elle en passant sa main dans ses cheveux.
— Qu'est-ce qui te tracasse ? S'enquit-elle tendrement d'un regard inquiet. C'est bien toi qui as dit que ça ne servait à rien de repasser en revue ce qu'on savait déjà.
— C'est juste que... c'est cette faille spatio-temporelle, articula-t-elle en soupirant. Je n'ai jamais senti sa présence, pas une seule fois ! Comme si elle est apparue il y a seulement cinq jours. C'est fou quand même !
— Je suis d'accord, confirma-t-elle en lui prenant les mains pour la rassurer, mais rappelle-toi que plus une faille est petite, plus elle est indiscernable. Elle s'estompe dans l'espace et elle est très instable de nature.
— Oui mais si elle est arrivée à cette taille, on a forcément dû l'utiliser avant, répliqua-t-elle en commençant à perdre patience. Mais la question est, qui ? Parce que pas tout le monde peut se servir d'une faille comme on se sert une tasse de thé.
— Et tu penses que c'est en te bombardant le crâne de questions que tu vas trouver la réponse ?
Elle s'apprêta à répliquer mais se tut immédiatement avant de soupirer, se rendant compte que ses tentatives pour avoir raison étaient vaines.
— Pff c'est bon j'ai compris ! Rouspéta-t-elle en remarquant qu'Athéna avait fini de manger. Il est temps que je fasse une pause et que j'arrête de penser. (Mais je viens de penser là... Oh et puis merde.)
Elle jeta un coup d'œil à l'horloge qui annonça seulement 11 h 40, avant de se retrousser les manches et d'ouvrir les tiroirs.
— (N'empêche, quand j'étais près de la faille, j'ai l'impression d'avoir déjà eu cette sensation... On dirait que c'était que la même que lorsque... Oh mais c'est sûrement ça !)
Elle haleta et balança le couteau sur le plan de travail en gigotant dans tous les sens sous le regard ahurit de Lycair, qui ne comprit rien à rien. La divinatrice écarquilla les yeux et sautilla d'excitation avant d'attraper sa petite amie par les épaules et de la regarder de son regard alerté, comme si elle avait résolu une équation de génie.
— Cette sensation que j'ai eue c'est forcément ça ! Déclara-t-elle à voix haute en la secouant légèrement par les épaules. Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ?!
— Mais de quoi tu parles ?? Lui demanda-t-elle de plus en plus perdue face à son comportement.
— La sphère de divination enfin !
Une ampoule s'alluma dans la tête de la couturière et elle écarquilla les yeux, son cerveau se mettant en route. C'était peut-être tiré par les cheveux, mais si la sensation qu'Hucral avait éprouvé lors de sa lecture ressembla trait pour trait à celle qu'elle avait ressentie quand elle était en face de la faille, peut-être que c'était la même personne qui possédait la faille et la sphère.
— Tu es une putain de génie, souffla-t-elle extasiée.
Elles se regardèrent dans le blanc des yeux avant que Lycair ne se précipite dans sa chambre pour se changer et qu'Hucral ne fasse apparaître son spectre pour faire de même.
— Prends du raisin pour ce midi sinon on n'a rien à manger ! Cria Lycair depuis la chambre.
Elle sortit en trombe de la pièce avant d'attraper une baguette pour s'attacher les cheveux et d'aller chercher ses armes et ses cartes de divination à l'étage. Elle descendit les escaliers en courant tout en aiguisant la lame, avant de vérifier qu'Athéna ne manquait de rien.
La sorcière lui attrapa le bras et les téléporta sans plus attendre à la sphère de divination, toujours protégée par le bouclier du roi. Lycair se dirigea à l'extrémité de ce dernier pour faire le guet tandis qu'Hucral essaya de calmer sa frénésie due à sa découverte qui semblait révolutionnaire. Elle fit apparaître sa boule de cristal et la tendit vers les restes de la sphère, avant d'expirer pour évacuer un stress qui commença à lui ronger les tripes à petit feu.
— Arc du temps, restauration.
Les débris de cristaux éparpillés sur le sol s'élevèrent lentement dans les airs avant que d'autres ne se désincrustent de la terre rêche. L'elfe se retourna et admira de ses yeux ébahis la sphère se reconstruire parfaitement, comme si elle n'avait jamais été endommagée.
— (Elle sait vraiment tout faire, ça me rend encore plus dingue d'elle.)
Même si cette petite démonstration laissa l'enseignante sans voix, elle ne se lassa surtout jamais de voir la sorcière flotter dans les airs pour sa méditation, car elle dégageait toujours une aura de sérénité et de paix intérieure, ce qui contrastait avec la dure réalité, ou elle était instable et tendue.
— Je suis prête Lycair, lui confirma-t-elle en fermant les yeux.
Compte tenu des compétences de la couturière dans le domaine des souvenirs, elles avaient décidé que l'elfe devra les guider à travers ce chaos inconnu, et être prête à les en extirper en cas de besoin.
Cette dernière hocha la tête et vérifia d'un coup d'œil que personne n'était dans les parages avant de poser sa main sur son épaule, et de fermer les yeux en stabilisant son rythme cardiaque. Elle transporta leur conscience dans un vaste univers, dont les sombres couleurs du ciel étoilé et sa douce lumière chaude se reflétèrent dans les faces en cristal des prismes qui parsemèrent cet espace mystérieux.
— C'est époustouflant... souffla la sorcière stupéfaite. Qu'est-ce que c'est que tout ça ?
— Des souvenirs ma chère, répondit l'annihilatrice céleste de sa voix lointaine.
La faux du silence pivota sur elle-même et son souffle se saccada en voyant que sa petite amie n'était plus là.
— Par ici.
La sorcière gloussa et se retourna de nouveau quand son regard se porta sur Lycair, qui s'amusait à frôler les prismes de ses doigts frêles. Hucral lui emboîta le pas, car l'idée de se perdre dans ce lieu mémoriel qu'elle ne connaissait pas la terrifia.
Au-dessus de leur tête comme sous leurs pieds, des fragments des souvenirs cristallisés restèrent suspendus, attendant patiemment d'être découverts par une protectrice de la mémoire qui aurait besoin de leurs secrets, interdit pour certains.
— Il faudrait qu'on procède par élimination, suggéra l'apothicaire en flottant vers l'un des cristaux, même si je doute que-
— Je l'ai déjà trouvé, la coupa la chasseuse d'un ton amusé.
La femme aux cheveux écarlates s'apprêta à toucher un prisme quand elle se tourna face à elle pour lui faire les gros yeux, n'étant pas sûre de ce qu'elle venait d'entendre.
— (Ses capacités sont tellement impressionnantes, j'en reste sans voix.)
Voyant sa réaction, la protectrice de la mémoire lui fit un clin d'œil avant de claquer des doigts et de faire disparaître tous les souvenirs cristallisés. Ainsi, le cosmos se retrouva dénué de fragments mémoriels, quand un cristal à sept faces d'un noir profond se matérialisa devant elles. Instantanément, Lycair sentit sa cage thoracique se comprimer, comme si un mouvement de masse lui avait marché dessus, avant que sa vision ne rétrécisse.
— (Est-ce que ce sont d'autres souvenirs d'Hucral... ? Ils ont l'air encore pires que ceux que j'ai vus durant le bal.)
Tandis qu'elle s'éloigna pour reprendre son souffle, la faux du silence s'approcha en fronçant les sourcils de frustration, quand son autre conscience surgit derrière elle.
— Si tu veux mon avis, ne t'attends pas à quelque chose de grandiose, lui conseilla-t-elle en regardant par-dessus son épaule en jouant avec une mèche de sa Wolf Cut.
Comme elles se trouvèrent dans un espace mémoriel, la colère de la divinatrice possédait malheureusement elle aussi un corps pour se matérialiser à leur côté. En plus du son de sa voix qui était la même que celle d'Hucral, le simple fait de la voir dans son champ de vision paralysa la couturière sur place et elle sentit une peur d'antan l'envahir.
— De quoi as-tu peur, protectrice de la mémoire ? Lui demanda-t-elle avec un sourire mesquin. Tu veux encore danser avec moi ? J'en serai ravie, lui confia-t-elle en lui attrapant le menton. La terreur que tu as ressentie ce jour-là chamboule encore tous mes sens.
La sorcière regarda son sosie d'un air blasé avant de soupirer d'exaspération, déjà épuisée par sa présence.
— Je dois voir double c'est pas possible. Pourquoi vous êtes deux ? Leur demanda Lycair ahurit en se frottant les yeux.
— Pour ton plus grand bonheur, lui susurra-t-elle sensuellement en lui embrassant la main avant de lui lancer un sourire narquois. Deux sorcières pour le prix d'une, de quoi te faire perdre encore plus la tête non ?
— Parce qu'il y a longtemps j'ai emprisonné le néant de mes action, ou ma colère comme tu préfères, dans mon katana et au fur et à mesure elle s'est transformé en une conscience qui me pousse au suicide chaque fois que je respire, rectifia la sorcière détachée en se concentrant sur le fragment mémoriel. C'est ça que tu as vu lors du bal.
— C'est un bon résumé, concéda-t-elle ironiquement.
Ne laissant pas le temps à l'enseignante d'assimiler cette découverte ahurissante, Hucral toucha le prisme noir et les différentes faces se détachèrent les unes des autres. Une femme à la chevelure noire, dont les extrémités étaient blanches et le visage étrangement en pixel, se matérialisa devant elle. La faux du silence haleta de panique et esquissa un violent mouvement de recul, se cognant dans sa colère qui reporta son attention sur ce qui se passa.
— Qu'est-ce que... C'est qui elle encore ?
— J'en sais autant que toi génie, l'informa Hucral perplexe.
— Une minute, tu veux dire que ce n'est pas ton souvenir ? Lui demanda Lycair désemparée.
— Bien sûr que non ? Rétorquèrent les sorcières en même temps en arquant un sourcil.
Elles se regardèrent et rouspétèrent face à leur synchronicité quand la silhouette projetée par le prisme se mit à beuguer, émettant des crépitements strident et effrayant dans l'air.
— C'est elle ! Je ?l'?? en??? t????é. Maintenant que je sais qu'Hucral ???? ??ante, nous p??vons l?a?cer le plan.
L'hologramme s'arrêta de beuguer et attrapa la gorge de la sorcière, ce qui lui arracha un hoquet de stupeur. Son visage se crispa et elle lui prit le poignet avant que Lycair ne lance une carte de divination dans la tête du souvenir, créant une lumière blanche aveuglante qui les transportèrent de nouveau dans leur corps, qui sursautèrent.
Tandis que Lycair gloussa, la sorcière posa ses pieds sur le sol et ferma les yeux à cause d'une soudaine migraine, lui donnant l'impression qu'elle était en train de tanguer.
— Je ne pensais pas que les souvenirs pouvaient nous toucher, concéda-t-elle en respirant de plus en plus irrégulièrement.
— Parce qu'ils sont pas censés pouvoir le faire, rétorqua froidement la protectrice de la mémoire en regardant de marbre leurs invités.
— Hucral, combien de temps on est restée dans la sphère ? Lui demanda sa colère légèrement inquiète.
— Tu m'en poses de ces questions toi, j'en sais rien moi, persifla-t-elle à voix haute en reprenant son souffle, sûrement moins de cinq minutes pourquoi ?
— Le temps à changer.
— Quoi il neige ? Demanda-t-elle sarcastiquement.
Quand elle réouvrit les yeux, ses sens lui revinrent et elle remarqua avec horreur qu'elle et Lycair étaient encerclées par une soixantaine de trolls, armés de leurs énormes massues. Le cercle se divisa en deux pour laisser le roi s'approcher d'elles, le visage ferme.
Son regard, qui n'était plus arrogant et mesquin comme avant, ne laissa transparaître aucune compassion et pitié à l'égard de ses prisonnières. Cependant, ce changement de tempérament était insignifiant face à la présence oppressante... De la nuit.
— Qu'est-ce que ça veut dire... souffla Lycair avec désarroi.
— Le temps... Le temps s'est avancé ! S'exclama Hucral en écarquillant les yeux avec horreur.