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Prologue
Chapitre 1 : Origine
Chapitre 2 : Compagnon
Chapitre 3 : Grimoires secrets "disparus"
Chapitre 4 : Tueuse en cavale
Chapitre 5 : Première rencontre ?
Chapitre 6 : Trahisons et complots sanglants
Chapitre 7 : Massacre sentimental
Chapitre 8 : Again & again
Chapitre 9 : Les traces du passé
Chapitre 10 : Sous le ciel étoilé
Chapitre 11 : La Terre des Fées
Chapitre 12 : Digitale pourpre
Chapitre 13 : "Madame Scarlett"
Chapitre 14 : Brugmensia
Chapitre 15 : Magique divination
Chapitre 16 : Néant écarlate
Chapitre 17 : "Sœurette"
Chapitre 18 : Lame rougeoyante
Chapitre 19 : Fibres de couture
Chapitre 20 : "Oh euh... deux kilos de raisins"
Chapitre 21 : Professeures
Chapitre 22 : Bijoux
Chapitre 23 : "How about a dance ?"
Chapitre 24 : Hucral Naught
Chapitre 25 : Rituel sanguinaire
Chapitre 26 : Valse de la faucheuse
Chapitre 27 : L'annihilatrice céleste
Chapitre 28 : Échange de conscience
Chapitre 29 : Jeux de labyrinthe tortueux
Chapitre 30 : Passé, présent et... illusions ?
Chapitre 31 : Réminiscences et confidences
Chapitre 32 : Fragments mémoriels
Chapitre 33 : Krysia la catalysatrice temporelle
Chapitre 34 : Existence immatérielle
Chapitre 35 : Désir de vengeance létale
Chapitre 36 : Errance dans la Nihilité
Chapitre 37 : Le temps arrêté d'un marché mortel
Chapitre 38 : Possession partielle d'une âme
Chapitre 39 : Résurrection de la mort apocalyptique
Chapitre 40 : Nuit magique cauchemardesque
Chapitre 41 : Apaisement d'un silence bruyant
Chapitre 42 : Sensualité professionnelle
Chapitre 43 : Pacifisme d'une sorcière meurtrière
Chapitre 44 : Cicatrices peintes d'amour passioné
Chapitre 45 : Cerisiers cristallins
Chapitre 46 : Souvenirs capturé par le coeur
Chapitre 47 : Union immuable
Chapitre 48 : Au-delà de l'éternité
Chapitre 49 : Infinité du cosmos originel
Chapitre 50 : Finalité
Ép??o??e : Divinité omniprésente
Épilogue
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Chapitre 31 : Réminiscences et confidences

Recommandation playlist: Somewhere Only We Know.

— Mhhh... ma tête, maugréa-t-elle en se passant la main dans ses cheveux écarlates en batailles.

Elle se redressa lentement et essaya d'ouvrir les yeux, avant de vite les refermer pour éviter de se faire éblouir par la lumière du jour qui traversa sa fenêtre.

"Après tout, ressusciter l'une de vos semblables ne devrait pas être trop compliqué pour vous... N'est-ce pas ?"

— (Qu'est-ce qu'il me raconte encore lui ? Si j'avais senti la présence d'autres sorcières, je le saurais. Normalement...)

Elle se releva et sortit de sa chambre, perdue dans ses pensées, avant de se diriger dans sa cuisine et d'attraper une grappe de raisin noir.

— (J'ai juste à couper les continents sur lesquels sont les lacs et ramasser de l'eau de lune pour régler le problème des ingrédients. Mais ce qui me soûle, c'est que je comprends pas le rapport avec sa femme.)

Elle s'assied sur son comptoir en bois et s'amusa à incliner la tête en arrière pour manger son fruit, se laissant envahir par son odeur sucrée et fraîche. Elle croqua dans un raisin et soupira nonchalamment en fermant les yeux, avant de les réouvrir subitement et de manquer un battement.

— Et les voix du Cimetière des Interdits, tilta-t-elle à voix haute, peut-être que je pourrais aller méditer là-bas et découvrir qui elles sont.

— Tu l'as déjà fait hier Hucral, lui rappela une voix familière depuis sa bibliothèque.

Elle s'étouffa avec son raisin et glissa de son comptoir, faisant tomber son chaudron sur sa tête.

— AÏE ! Rouspéta-t-elle en se grattant le crâne. Qui est là ?!

Elle releva furtivement la tête et hoqueta de stupeur en apercevant Lycair assise sur la chaise de sa table à manger, en train de déguster une salade de fruits.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Lui demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

La couturière posa ses cartes avant de pousser sa salade, et se retourna vers la sorcière en la regardant d'un air blasé.

— Tu fais la grasse matinée ! Lui reprocha-t-elle en lui lançant une carte dans la tête qu'elle esquiva sans problème. Dormir avec toi est un vrai plaisir sauf quand tu prends toute la place !

— Oui bah il faut bien que je dorme non ? Rétorqua-t-elle irritée en ramassant son chaudron avant de se relever. Et puis j'ai qu'un lit simple moi madame.

Elles se regardèrent et soupirèrent, avant que la sorcière ne fasse apparaître une autre chaise pour s'asseoir en face d'elle.

— J'ai beau me creuser les méninges, j'arrive pas à faire le lien entre sa femme et ces lacs à la noix, persifla-t-elle en mettant sa tête dans ses mains. Ma séance de méditation au cimetière m'a cloué au lit, et même si je réfléchis encore et encore, j'ai l'impression qu'il manque un truc qui me fait tourner en rond. À part faire ce qu'il me demande, je vois pas ce que je peux faire d'autres, et ça me fatigue.

Lycair fit glisser sa chaise pour se placer à côté de la faux du silence et posa sa main chaude sur la sienne, qui était glacée.

— Ça sert à rien de te torturer le cerveau pour quelque chose que tu ne sais pas, la rassura-t-elle tendrement en caressant sa main avec son pouce.

— Pff je sais mais... tu sais qu'on fonce quand même droit dans la gueule du loup ? Argumenta-t-elle en entrelaçant leurs doigts,

— Oui mais en même temps est-ce qu'on a le choix ? À part attendre l'éclipse qui se tient dans trois jours, on est coincée, à faire vivre notre vie comme si de rien n'était.

Épuisée, la divinatrice se releva et fouilla dans sa bibliothèque à la recherche d'un livre qui puisse répondre à ses questions.

— Et Titania et les autres, ils font quoi ? Lui demanda cette dernière en commençant à s'énerver.

— Le roi des elfes a de nouveau enfermé la reine dans les cachots pour assister à une réunion avec la reine des fées et ses conseillers. Ils discutent des possibles conséquences qu'une résurrection puisse avoir sur le monde et les habitants, tout en émettant des stratégies. Après tout, ramener une sorcière à la vie n'est pas sans danger, surtout si on parle de la femme du roi des trolls, ajouta-t-elle en la regardant chercher.

L'apothicaire marmonna dans sa barbe avant de se cogner la tête dans l'étagère, encore et encore.

— Putain, putain, putain, PUTAIN, finit-elle par crier à bout de nerfs. Je suis à deux doigts de tout faire exploser et de trouver une autre planète pour avoir la paix.

— Rien ne t'en empêche en soi, concéda-t-elle en se levant pour mettre ses bras autour de sa taille.

Les muscles de la sorcière se détendirent et elle frissonna l'espace d'un instant, avant de reposer le livre dans son étagère pour diriger toute son attention sur Lycair.

— Ah si... Moi, lui chuchota-t-elle à l'oreille avec un petit sourire satisfait.

Elle cala sa tête dans le creux de son cou et lui fit un baiser, lâchant ainsi un soupir d'extase à Hucral, qui ferma les yeux.

— Détends-toi un peu, lui murmura-t-elle en continuant ses baisers envoûtant dans sa nuque. Tu arrives toujours à réparer la situation, même quand elle dérape.

— Nous ne sommes pas dans un livre, Majesté Howl, répliqua-t-elle en se sentant transportée par ses lèvres qui se posèrent sur sa peau chaude.

La sorcière se dégagea de sa prise et s'assied sur sa chaise en bois, bientôt rejointe par Lycair qui se mit à califourchon sur elle. La chair de poule lui transperça le corps quand la divinatrice posa ses mains sur sa taille et elles se regardèrent intensément, de plus en plus attirée l'une par l'autre. 

Elle ancra son regard dans ses yeux perçant et admira chaque ton de rouge qu'ils dégagèrent, en caressant son visage de ses pouces. Malgré cette attitude sensuelle, la couturière ne put s'empêcher de rigoler intérieurement face à son propre conseil qu'elle trouva ironique.

— (Lui dire de se détendre alors que j'angoisse jusqu'au sang, comme c'est culotté. Le pire c'est que je suis sûr qu'elle sait que je me pose un tas de questions tout en appréhendant le futur.)

— Lycair..., l'appela-t-elle timidement pour la tirer de ses pensées. Est-ce que... ça te dit de retrouver tes souvenirs ?

Cette dernière recula sa tête et écarquilla les yeux face à la proposition de la divinatrice qui la laissa sans voix, avant de détourner le regard. Bien sûr qu'elle voulait posséder de nouveaux ses souvenirs, mais elle ne pouvait omettre cette femme à la même apparence qu'Hucral, qui l'avait traumatisé.

— Ça dépend, je vais devoir encore danser avec la mort ? Demanda-t-elle d'un ton ironique sans s'attendre à une réponse positive.

— Non puisque c'est ma conscience et non celle qui se trouve dans mon sabre, l'informa-t-elle sérieusement.

Lycair se releva et laissa la faux du silence lui prendre la main pour la conduire dans sa chambre, ou une porte fermée avait l'air de mener vers une autre pièce.

— Qu'est-ce que tu fais Hucral ?

Elle s'immobilisa devant cette entrée et serra sa main plus fort, les mots coincés dans sa gorge. Elle déglutit et prit soin de respirer discrètement pour se calmer, en lui tournant toujours le dos.

— Avant, je voudrais te montrer quelque chose... lui confia-t-elle à voix basse. Ferme les yeux s'il te plaît.

Désorientée, la couturière s'exécuta tout de même et mit sa main devant son visage, pour lui prouver qu'elle ne voyait rien. La sorcière vérifia en passant sa main devant et en faisant quelques grimaces avant de soupirer de stress.

Elle reprit sa main et abaissa la poignée de la porte grinçante, avant de les faire pénétrer dans la pièce avec appréhension. Elle la conduisit au centre de la salle rectangulaire composée de bois à la couleur claire, avant de se mettre en retraite derrière elle et de croiser les bras d'un regard triste.

— Tu peux ouvrir les yeux Lycair... lui autorisa-t-elle faiblement.

Elle enleva sa main avant de hoqueter de stupeur et de rester stoïque face à ce qu'elle vit. Les murs, comme les cubes en bois qui servaient à ranger son matériel, étaient envahis de peinture et de portraits tous plus lumineux les uns que les autres.

Elle s'avança lentement et admira avec émotion les œuvres de la divinatrice, qui la regarda de loin et se rongeant les ongles. Des sirènes autour d'une table, une scène de concert, des tranchées de guerre... Toutes ses peintures transmirent des sensations impossibles à coucher sur du papier ou à formuler dans ses pensées.

Elle tendit la main vers un tableau où elles étaient en train de s'amuser dans une mer claire et limpide, avant d'effleurer son visage qu'elle arborait par le passé. Parmi ses cheveux aubergines, elle avait teint une de ses mèches en rouge, et la faux du silence avait fait l'inverse, pour représenter leur amour d'une façon amusante.

Son regard se reporta sur une autre peinture, plus triste et plus poignante. Assise au côté d'une tombe en pierre neuve, Hucral avait les jambes remontées contre sa poitrine, ne laissant pas voir son visage triste, qu'on pouvait déduire grâce à sa posture courbée et renfermée. Le vent qui semblait frais et bruyant, balaya l'herbe verte et ses longs cheveux vers le côté tandis que la pierre tombale prenait d'assaut le centre du tableau.

Le coucher du soleil donnait l'impression que son amour perdu pouvait réapparaître à tout moment, transmettant un espoir futile et inatteignable à celle qui observa la peinture de ses yeux vitreux.

Elle renifla et dévia son attention vers un tableau, qui lui assena le coup de grâce. Hucral et elle étaient assoupies dans le sable main dans la main, ou elles avaient toutes les deux des tresses. La sérénité sur le visage de la divinatrice comprima sa cage thoracique et sa vue s'embruma en voyant qu'elles avaient même assorti leurs vernis à leur couleur de cheveux respective.

— Peu après ce moment, intervint-elle d'une voix frêle, tu t'es fait emporter par les vagues ravageuses de la mer. Je t'avais repêché, mais tu avais trop d'eau dans les poumons... Ton visage avait commencé à devenir blanchâtre à cause de la température basse de ton corps, et je t'ai vu t'éteindre lentement sous mon regard impuissant...

Elle ne finit pas sa phrase et laissa les larmes l'envahir alors qu'elle regarda à travers la fenêtre en doubles vantaux de la salle. Ahuris par ce qu'elle venait d'entendre, Lycair sentit ses pleurs inonder son visage crispé quand elle se dirigea vers la faux du silence la tête baissée.

— Comment peux-tu endurer tant de souffrances depuis des millénaires... ? Lui demanda-t-elle en attrapant ses mains.

— Le moment le plus dur c'est quand la personne qui te donne les meilleurs souvenirs, devient elle-même un souvenir, se contenta-t-elle de répondre sans la regarder dans les yeux.

La couturière l'enlaça subitement et passa ses bras autour de son cou, tandis que l'apothicaire encercla sa taille avec hésitation. Alors qu'elle se fit caresser la tête par l'enseignante, elle les propulsa dans sa mémoire, qui sembla être une bouffée d'air frais à la collectionneuse de souvenirs.

Elle se dégagea lentement de son étreinte et scruta le bleu de la mer qui sembla s'étendre à l'infini, accompagné du bruit d'une foudre apaisante malgré la maigre présence de quelques nuages blancs. Des portes s'étendirent dans l'horizon calme, toutes aussi différente les unes que les autres que seule l'imagination put définir. Elle posa la main sur la première porte, avant d'entrelacer leurs doigts et de regarder Hucral d'une indécision transmissible.

— Si seulement je pouvais, j'absorberais toute ta peine pour te la transmettre en amour...

— Ce sont aussi tes souvenirs Lycair, déclara Hucral en caressant sa main avec son pouce. Mes pensées, mes émotions, mes points de vue, mes expériences... Je me mets à nu devant toi, en espérant de tout mon cœur que demain tu seras de nouveau dans mes bras, en train de dormir à mes côtés. Parce que mon amour pour toi reste aussi infini que les étoiles.

Elle pleura à chaudes larmes et abaissa la poignée de la porte transparente, avec Hucral à ses côtés.

____________________________________________

À travers le coucher du soleil qui rappela à Lycair ce tableau déchirant, elle profita d'être dans son bain chaud pour s'engouffrer un peu plus dans l'eau moussante, et de soupirer. Elle fit apparaître ses cartes et les fit virevolter autour de ses doigts tordus, en reportant son attention sur le paysage chaleureux qui s'offrit à elle.

Les doutes de la guerre la prirent d'assaut et elle ne put s'empêcher de repenser à ses souvenirs retrouvés avec les larmes qui lui montèrent, en sentant son souffle disparaître lentement mais sûrement.

Alors qu'elle plongea la tête pour enfoncer ses pensées malsaines au plus profond d'elle, elle remonta à la surface et observa de nouveau l'extérieur, en apercevant une chevelure rouge familière qui se fit balayer pour le vent.

Elle écarquilla les yeux et se pencha un peu plus sur le rebord de la baignoire qui était collée au mur, et admira la femme qui avait changé sa vie par le simple fait de son existence. Elle était là, debout, les mains dans les poches, en train de regarder la vue qui s'imposa à elle, en remettant sûrement en question ses choix et ses actions qu'elle avait réalisé durant ces dernières heures.

Même si elle ne voyait pas son visage, Lycair savait qu'Hucral pleurait discrètement dans le silence de la nature, et espérait trouver un peu de paix intérieure comme extérieur. Dans ces moments-là, elle aimerait courir dans ses bras et ne plus la lâcher jusqu'à l'étouffer de sa présence, mais elle ne fit jamais une telle chose.

Car Hucral est le genre de personne qui ne demande jamais d'aide, qui encaisse tout jusqu'à exploser, qui pense que tout le monde attend qu'elle réussisse tout ce qu'elle entreprend et qui s'imagine qu'elle n'a pas droit de goûter au bonheur après tout ce qu'elle a fait et traversé.

Pourtant, Lycair ne pensait pas comme ça, mais étant incapable de le lui prouver par de simples paroles, elle était bien déterminée à l'aider dans cette guerre pour qu'elle puisse lui prouver qu'elle méritait bien plus que ce qu'elle pense, et vivre de leur amour sans aucun souci.

Peut-être que certains trouvent ce rêve futile et trop enfantin, mais c'était le but de la couturière. Enfin profiter de leurs moments de bonheur ensemble, et de la vie en général au côté de la sorcière, pour lui montrer par des actions ce que les mots ne peuvent décrire et transmettre.

— Je me battrais jusqu'au bout pour ce qui nous fait vivre toutes les deux Hucral, déclara-t-elle tendrement à voix haute, même si je dois affronter une sorcière mortellement dangereuse.

Elle sortit de la baignoire et attrapa une serviette que son hôte lui avait gentiment déposée sur le rebord, avant de se sécher et d'enfiler un pyjamas bleu nuit, orné de fleurs blanches et de glycines. Quand elle sortit de la pièce avec sa serviette sur la tête, elle remarqua que la sorcière était déjà en train de préparer le dîner de ce soir, ce qui lui arracha un petit sourire.

— Je sais que tu me regardes Lycair, l'informa-t-elle sans se retourner. Inutile de te cacher en évitant de faire du bruit.

Elle ricana en souriant de toutes ses dents, avant de se glisser derrière la faux du silence pour l'observer attentivement. Cette dernière posa son couteau et se retourna pour la regarder avec un doux sourire. Cependant, quand elles croisèrent leurs yeux rouges et gonflés, le semblant de fausse joie chuta et elle se regardèrent tristement, avant que l'enseignante n'attrape l'ustensile.

— On mange quoi ce soir ? Lui demanda-t-elle en découpant des champignons pour essayer de changer l'ambiance de la pièce.

— Risotto ça te va ?

— Hmmm je sais pas, la taquina-t-elle en la regardant rincer le riz avant de le mettre à cuir, qu'est-ce qu'il se passe si j'aime pas ?

Elle ricana tendrement et une lueur réapparut dans les yeux de la couturière, heureuse qu'elle est réussie à faire rire sa partenaire.

— Si tu n'aimes pas, je préparerai quelque chose rien que pour toi en un rien de temps, lui affirma-t-elle en lui donnant un petit coup de coude à l'épaule.

Elles ricanèrent tendrement et continuèrent de se répartir les étapes du repas, avant de s'installer à table avec les miaulements de Stella en fond. Cette dernière se frotta à la jambe de Lycair en ronronnant, avant de retourner manger dans sa gamelle, et de recommencer le même processus.

— Regarde mon cœur, lui dit Hucral en souriant avec ses yeux à son animal, maman à ramener une personne très importante à la maison. Tu te souviens d'elle ?

— Miaou !

— Non je sais pas si elle reste pour toujours, lui confia-t-elle en chuchotant la bouche pleine. Mais je pourrais lui demander non ?

Sa chatte remua la queue comme pour approuver sa proposition, avant de s'asseoir aux pieds de sa maîtresse.

— Stella ici présente aurait une question très pertinente, commença la sorcière en feignant de lui dire un secret très important. Est-ce que Madame la couturière accepte d'y répondre ?

— Mais bien sûr, acquiesça-t-elle en avalant son riz avant de se pencher sur la table pour mieux se prêter à ce petit jeu enfantin.

— La mademoiselle voudrait savoir si vous comptiez rester ici pendant trèèèès longtemps, ou l'éternité si vous préférez.

Elle tapota son doigt sur ses lèvres en faisant mine de réfléchir à sa question, avant de lui lancer un sourire taquin et de lui prendre son visage tendrement pour l'embrasser une fraction de seconde.

— Je compte rester ici jusqu'à ce que vous en ayez marre de moi, lui chuchota-t-elle en s'amusant avec ses joues.

Elle s'éloigna de la sorcière et se recala dans sa chaise en bois pour terminer son repas, laissant la cuisinière devenir rouge écarlate face à son assiette, elle aussi presque vide. Voyant la réaction de Stella, cette dernière hocha la tête avec un grand sourire d'enfant, avant de se plonger dans ses pensées les plus tendres.

— (Il faudra que je dessine ça, quand tout sera fini.)

— J'ai tellement hâte d'assister à la cristallisation des cerisiers cette année, lui partagea la chasseuse d'un ton rêveur avec un grand sourire en fermant les yeux. C'est ce que je préfère au monde.

Alors qu'elle dégustait son repas en essayant de réduire la rougeur de ses joues, la divinatrice releva la tête et regarda sa petite amie curieusement, ne comprenant pas de quoi elle parlait.

— La cristallisation des cerisiers ? C'est quoi ? Lui demanda-t-elle confuse.

Voyant la réaction de la sorcière, la divinatrice avala sa nourriture et la fixa d'un air inquiet, étonné qu'elle n'ait jamais assister à cet événement.

— Tous les millénaires, le feuillage des arbres de la Tribu des Elfes se transforme en cristal arc-en-ciel pour une journée, lui expliqua-t-elle d'une voix tendre. Et parfois quand il n'y a pas de nuage, la lumière de la lune se reflète dans les faces des cristaux, et le ciel est constellé de plein de petites lueurs arc-en-ciel. Cet événement est tellement beau qu'il attire même les trolls, ajouta-t-elle avec un brin d'excitation dans sa voix. Ça montre que cette journée sert surtout à se détendre et à profiter de la cristallisation autour d'un verre avec des amis ou de la famille.

— Waouh... souffla la sorcière avec des étoiles dans les yeux.

— Je suis étonnée que tu n'y es encore jamais assistée, lui confia Lycair préoccupée, surtout que ce n'est qu'une fois tous les mille ans.

— C'est dans combien de temps ? Lui demanda l'apothicaire intriguée.

— Alors attend, aujourd'hui on est dimanche... Dans un mois tout pile ! Conclut-elle de vive voix avec un grand sourire.

Son regard s'élargit et elle sentit le poids de la mélancolie écraser sa poitrine et la joie qu'elle ressentie à cet instant présent, lui donnant l'envie soudaine de pleurer. Elle déglutit pour ravaler ses larmes qui lui montèrent et décocha à sa partenaire son plus beau sourire, cachant ainsi sa tristesse qui la dévora de plus en plus voracement, jusqu'à faire saigner son cœur et le comprimer sans possibilité de pouvoir retrouver sa joie qui lui sembla déjà si lointaine.

— Dans ce cas, j'ai hâte d'y aller avec toi pour découvrir la beauté des cerisiers. (Dans un mois... c'est le jour de la mort de sa précédente vie...)

L'enseignante sourit de toutes ses dents et ne put s'empêcher de gigoter sur sa chaise, excitée à l'idée qu'Hucral vive sa première fois en sa compagnie. Quand elles terminèrent leur plat, elles débarrassèrent la table dans une ambiance détendue avant de sortir dehors, sous la pluie qui tomba en fines gouttes.

— Monte il faut que je te montre quelque chose, l'invita la sorcière en faisant apparaître son spectre.

Elle s'assied dessus et proposa sa main à Lycair, qui l'accepta avec joie et appréhension. Elle cala son dos contre la poitrine de la divinatrice et elles s'envolèrent de sorte à voir l'intégralité du continent de cette dernière, qui laissa des étoiles dans les yeux de la couturière.

— C'est un cœur ! Remarqua-t-elle d'une voix enfantine en le pointant du doigt. C'est prodigieux Hucral, je n'arrive pas à croire que tu as réussi à faire ça !

Elle ricana face à son extase, avant de toucher une goutte de pluie de son doigt, faisant l'averse s'arrêter.

— Est-ce que tu sais comment naissent les étoiles ? Lui demanda-t-elle en agitant élégamment sa main dans les airs.

Elle secoua la tête et la faux du silence transforma les fines gouttes en pluie d'étoiles filantes, qui descendirent des cieux sombres et illuminés. Lycair écarquilla les yeux et sa mâchoire se décrocha à la beauté du spectacle qui lui offrit sa partenaire, et se laissa transporter par ce moment magique qu'elles partagèrent.

— Waouh...

Ainsi, elle lui expliqua la conception des astres en s'amusant à mimer certaines descriptions, ce qui la fit rigoler tendrement de temps à autre. Alors que la pluie d'étoiles continua sa descente qui sembla infinie, Lycair attrapa la main d'Hucral et continua d'observer la scène de ses yeux brillants, qui ne cessèrent de refléter la chaude lueur des étoiles.

— Tu penses qu'on va y arriver... Je veux dire, à s'en sortir, à contrecarrer son plan, à vivre notre vie tranquillement ?

Elle entrelaça leurs doigts et la regarda pleine d'espoir, avant de passer son autre main sur son visage refroidi par l'air extérieur. Elle admira ses yeux émeraude et se perdit dedans, comme si elle avait trouvé un paradis indescriptible et inexistant, qu'elle ne voulait révéler à personne.

— Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, lui assura-t-elle en collant son front au sien en fermant les yeux. En revanche je pense que, non même je suis sûre...

Elle soupira avant de réfugier sa tête dans le creux de son épaule, et de sentir un point chaud se nicher dans son cœur meurtri, qui sembla se reconstruire petit à petit.

— Je suis sûre que je t'aime à en vivre Lycair, lui déclara-t-elle à voix basse. Et que je ne laisserais personne se mettre en travers du bonheur qu'on pourrait vivre ensemble.

Des larmes coulèrent le long de ses joues et elle prit le visage de la divinatrice pour ancrer son regard émut dans le sien, qui traduisait des choses bien plus profondes que ses mots.

— Est-ce que c'est une façon romantique et maladroite de me demander de sortir avec toi ? Lui demanda-t-elle en ricanant doucement en se laissant submerger par des larmes de joie.

— Eh bien...

Elle ne lui laissa pas le temps que répondre qu'elle scella ses lèvres fraiches aux siennes, liant ainsi leur âme amochée à l'une et à l'autre.

— Parce que c'est un oui, et ça le sera toujours.

Sous la pluie d'étoiles filantes, elles continuèrent de s'embrasser tendrement comme si c'était la dernière qu'elles se confièrent de la sorte, leurs larmes embellissant leur visage et leurs pensées, qui se concentrèrent seulement sur l'instant présent.

Parce que deux personnes brisées, essayant de se guérir l'une et l'autre, c'est de l'amour.

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