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Chapitre 14 : Moment de répit - Partie 2

Papyrus ralentit l'allure au niveau du parc de Mettaton. Comme la fois dernière, un groupement de monstres attendait devant la porte. Le squelette grogna. Il n'aimait pas en général s'approcher trop près des groupes de monstres, en particulier lorsqu'il n'y avait aucun autre moyen. À Snowdin, il pouvait simplement contourner les habitations, ici, c'était plus compliqué. Décidément, il détestait les Hotlands.

Il fit de son mieux pour avancer d'un pas assuré, la tête haute. Il était simplement un peu paranoïaque après tout. Tous les monstres ne pouvaient pas vouloir leur mort à son frère et lui. Il connaissait les probabilités, et les chances de se faire agresser deux jours de suite étaient faibles ! Mais pas zéro.

— Il est encore là, lui ? entendit-il à sa droite. Il manque pas de toupet après ce qui est arrivé à mon frère !

— Il est sous la protection de la reine Toriel, ne fais pas de bêtise...

— Ce n'est pas ma reine ! Mon frère est mort à cause de cette ordure et de son frère ! On a retrouvé ses cendres dans la forêt. Je suis sûr que c'est ce malade qui s'est vengé, avant de prétendre s'être blessé. Tout ça pour une petite bousculade. Je vais lui montrer moi ce que j'en pense.

Papyrus se retourna et dévia sans sourciller l'attaque qu'on venait de lancer à sa figure d'un grand coup d'os. C'était un petit monstre à la tête ronde et à la peau bleue, visiblement surpris par la vitesse à laquelle Papyrus s'était défendu. Il sembla reconsidérer ses options, puis relâcha son attaque. Le squelette ne prit pas le temps de s'attarder et poursuivit sa route à grandes enjambées, nerveux. Ce n'était pas passé loin. Il avait depuis longtemps compris que sa taille pouvait être un atout dans ce genre de situations, même s'il n'aimait pas en jouer. Intimider permettait d'éviter les ennuis. Peut-être l'entraînement d'Undyne n'avait pas été si inutile au final.

Essoufflé, il ralentit lorsque le laboratoire apparut au loin. Il s'engouffra dans le bâtiment. Alphys sursauta légèrement, mais se détendit en se rendant compte que ce n'était que lui.

— J'ai v-vu sur les caméras...

— Je vais bien, répondit Papyrus, forçant un sourire. Je pense qu'il a eu plus peur que moi !

Alphys ne parut pas plus convaincue que lui, mais lui fit signe de la main pour l'inviter à la suivre dans l'ascenseur. Papyrus bloqua à l'entrée, nerveux. Il détestait le laboratoire souterrain. Il avait déjà accompagné Alphys plusieurs fois pour l'aider à porter des dossiers lors d'entraînements avec Undyne, et, à chaque fois, les lieux ne rataient pas de l'effrayer. Rien qu'imaginer son frère tout seul en bas...

Il prit sur lui et vint se placer aux côtés de la scientifique.

— Je... Je dois te prévenir de qu-quelque chose, murmura Alphys. Il y a d-d'autres monstres en bas. J-Je compte en parler à la r-reine demain. Ils s-sont effrayants m-mais c-complètement inoffensifs.

Papyrus lui adressa un regard en coin. Pourquoi avait-il l'impression de déjà regretter sa visite ?

Il comprit ce que Alphys voulait dire lorsque, après une interminable descente, les portes de métal s'ouvrirent sur une gigantesque masse informe et grouillante dont s'échappait, par intermittence, un aboiement lugubre. La chose ressemblait à un chien. Ou plutôt à cent chiens fondus ensemble dans un four des enfers. Lui qui n'avait d'ordinaire pas la côte auprès de la gente canine réprima un cri de détresse.

Alphys tenta de le convaincre du fait que la créature était vraiment inoffensive en engouffrant sa main dans l'espèce de liquide blanc qui composait les trois quarts de son corps, ce qui lui arracha un grognement de contentement. Papyrus ne se détendit pas pour autant. Il glissa à grandes enjambées sur le sol, le plus près du mur, pour s'éloigner de cette chose qu'il ne parvenait pas à regarder. Il n'aurait même pas su déterminer où se trouvait sa tête. Peut-être dans le trou béant qui coupait le haut de la bête... qui pouvait tout aussi bien être une bouche pour ce qu'il en savait !

— C'est En-Endogeny, expliqua Alphys. Tu peux le toucher, il n-ne va rien t-te faire.

— Non, merci, répliqua le squelette gentiment, mais ô combien fermement.

La scientifique haussa les épaules et ouvrit le chemin vers les tréfonds du laboratoire souterrain. Ici, tout était gris. Le sol, couvert de poussière, les murs craqués, les machines qui vrombissaient à leur passage. Les lieux n'étaient que rarement utilisés, ce qui expliquait leur vétusté.

D'autres créatures semblables à Endogeny se promenaient ici et là. Un immense oiseau observait avec fascination un évier. Un ensemble de têtes étranges s'agitaient dans un couloir embrumé. Papyrus n'aimait pas juger au premier regard, mais même lui avait ses limites.

Bientôt, de la lumière apparut au loin, dans une petite pièce à l'écart. Alphys s'y engouffra, souriante, Papyrus à sa suite. Le squelette ne put retenir le soupir de soulagement qui s'échappa de sa gorge. Enfin sortis de l'obscurité !

Sans tourna la tête vers eux et sourit timidement. Allongé dans un lit beaucoup trop large et sans sa veste bleue bouffante, il parut minuscule à Papyrus. Le squelette avait encore le teint jaunâtre, et des cernes si noires qu'elles pouvaient se confondre avec ses orbites, mais il se portait mieux que la veille. Un grand bandage blanc lui serrait les côtes et cachait la luminosité rassurante de son âme. Des fils colorés dépassaient de sous sa cage thoracique.

Sans posa le livre qu'il était en train de lire sur une petite table de chevet à côté de lui, où se battaient déjà en duel quelques paquets de chips entamés et une bouteille de ketchup.

— Tu m'as manqué, dit Sans avec affection.

— Toi aussi, avoua Papyrus, qui s'avança pour l'enlacer brièvement.

Il fit attention de ne pas toucher à sa poitrine, se contentant de serrer la tête de son frère contre son écharpe rouge. Alphys vérifia quelque chose sur les moniteurs qui entouraient le squelette, puis s'éclipsa pour les laisser en famille. Papyrus la remercia d'un signe de tête, et s'installa sur la chaise libre à côté du lit.

— Tu vas bien ? demanda le squelette, inquiet. Tu nous as fait une belle frayeur hier.

— Je sais, Al' m'a raconté. Je... Ne me souviens plus de tout. Apparemment, c'est à cause du stress.

— Undyne recherche toujours qui a fait ça. Un de tes agresseurs a été retrouvé dans la forêt, mort.

Les pupilles de Sans disparurent brusquement de ses orbites. Papyrus se figea, effrayé à l'idée d'avoir réveillé un mauvais traumatisme. Les poings de son grand frère, serrés, tremblaient.

— Sans ?

— Ce... Ce n'est rien. Juste la fatigue, je pense.

Papyrus lui adressa une moue peu convaincue, mais n'insista pas. Il préféra changer de sujet pour ne pas prolonger l'inconfort plus que nécessaire. Il se redressa et passa une jambe au-dessus de l'autre.

— Tu comptes aller rendre hommage au roi ? Il ne reste plus beaucoup de temps avant que son urne rejoigne le caveau familial. Undyne est restée là-bas presque tout le temps. J'ai réussi à la tirer de là pour venir aider Lady Toriel à trier des papiers. Elle a l'air... perturbée par tout ça.

— Oh vraiment ? grogna Sans, froid.

— Sans... Je sais que... Je sais que vous avez des différents. Mais c'est mon amie. J'aimerais pouvoir être là pour elle sans avoir l'impression de me retrouver dans une guerre des gangs à chaque fois que je parle plus à l'un de vous deux.

— Je pense que tu as bien trop foi en elle, répondit son frère, et qu'elle ne le mérite pas. Tu es adulte, Pap'. Ce n'est plus à moi de te dire de faire attention à toi. Si tu penses qu'elle vaut le temps que tu lui accordes, c'est ton choix. Pour ma part... Je préfère me tenir à l'écart.

— Je comprends. Je veux simplement que... Vous arrêtiez de provoquer l'un et l'autre. Ça n'arrange rien. Je compte lui en parler, après la cérémonie d'adieu à Asgore. Mais pour l'instant, elle a besoin de soutien.

Sans détourna le regard. Il serra le poing, puis soupira. Il releva lentement les yeux vers son frère, qui le dévisageait, toujours aussi inquiet.

— Je sais qui a tué le monstre dans la forêt, marmonna Sans. Mais j'ai peur que tu ne me crois pas. Et je ne veux pas attirer plus d'ennuis que nécessaire à... Je ne dirais rien.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Qui a tué le monstre dans la forêt ?

Son frère hésita, le regard fuyant. Papyrus lui attrapa la mâchoire et le força à le regarder dans les yeux. Plus de secrets. C'était ce qu'ils avaient convenu. Sans devait arrêter de le couver et être plus franc, tout comme lui. Ce n'était pas le moment de reculer sur cette promesse.

— Qui, Sans ?

— C'est elle, Papyrus. C'est... Undyne. Je... Ce n'est pas encore très clair dans ma tête, mais je me souviens l'avoir vu quelque part avant que je tombe dans les vapes. Elle tenait le gars par le cou et elle l'a étranglé. Il est tombé en cendres devant moi. Je ne sais pas si elle... Si elle m'a vu. Mais je ne dirais rien. Je ne veux pas remettre de l'huile sur le feu, ou que ça complique encore plus les choses entre vous, je...

Papyrus secoua la tête. Undyne ? Tuer quelqu'un de sang froid ? Il refusait d'y croire. Son amie était sanguine, et perturbée par les récents événements, mais de là à assassiner quelqu'un ? Cependant, il savait que son frère n'était pas le type à inventer des choses pareilles. Sans était quelqu'un de droit, et même s'il tendait à lui cacher des choses, il ne mentirait jamais sur quelque chose d'aussi grave. S'il l'avait vu, alors c'était vrai.

Le squelette s'affaissa dans sa chaise, sous le choc. Il ne comprenait pas. Undyne avait la force nécessaire pour arrêter quelqu'un, parfois en le bousculant un peu, certes, mais elle n'avait jamais dépassé la ligne. À quel point se sentait-elle dépassée par les événements pour en recourir à ce type de méthode ?

Il ne reconnaissait plus son amie. Ces derniers jours, il avait l'impression que quelqu'un d'autre l'avait remplacée.

— Je suis désolé, murmura Sans. Je ne voulais pas te causer plus de problèmes.

— Merci de me l'avoir dit. Je... Je vais avoir besoin d'un moment pour digérer ça. Est-ce que Alphys...

— Non, tu es le seul au courant. Je voulais te prévenir parce que si... Si elle vient me menacer pour ça... Je ne veux pas que tu sois du mauvais côté, ou que tu penses que...

— Je te crois, Sans. Je sais bien que tu ne me l'aurais pas dit si ce n'était pas aussi grave. Je suis désolé que ce soit encore toi qui soit obligé de porter ça sur tes épaules. J'essaie... J'essaie vraiment d'arranger les choses, entre tout le monde, mais quoi que je fasse, j'ai l'impression que les choses ne s'arrangent jamais. J'ai peur, Sans. J'ai peur qu'Undyne fasse une bêtise, que Lady Toriel prenne de mauvaise décision... J'ai peur de sortir dehors. Je veux simplement que tout redevienne comme avant. Je n'en peux plus. Je n'en peux plus ! cria-t-il, la voix brisée. Je ne sais plus comment gérer tout ça, je...

Un sanglot s'échappa de sa gorge. Sans se redressa et l'attira contre lui. Papyrus serra la prise sur son frère, qui lui caressa gentiment l'arrière de la tête pour le réconforter.

— Papyrus, ce n'est pas à toi de régler tous nos problèmes. Je sais que tu veux aider. Tout le monde le voit. Mais, s'il te plaît, ne le fais pas parce que tu as le sentiment que tu dois le faire. On est tous des adultes responsables, on peut gérer nos problèmes. Tu es exténué, petit frère, mais si tu ne te reposes pas, ça va être de pire en pire. Laisse le temps à la situation de s'apaiser. Je suis sûr que les choses rentreront bientôt dans l'ordre, d'accord ?

Le squelette se décala légèrement dans le lit.

— Allez, viens là.

Sceptique, Papyrus regarda Sans taper de la main le matelas. Le cadet se débarrassa du haut de son costume et grimpa sur le lit pour se coucher à côté de lui.

— Essaie de te reposer un peu, lui dit Sans. Et quand tu te réveilleras, on va essayer de trouver une solution au problème d'Undyne, d'accord ? Tous les deux.

— D'accord, soupira Papyrus.

D'une voix enrouée, Sans commença à raconter de mémoire l'histoire de Fluffy Bunny, à un Papyrus qui ne tint pas plus de cinq minutes les yeux ouverts, avant de sombrer dans un sommeil sans rêves, dans les bras de son frère.

— Asriel adorait regarder les cristaux accrochés au plafond de la grotte, confia Chara. Je n'ai jamais compris pourquoi. Ce sont juste des cailloux qui brillent après tout. Et puis il m'a expliqué que sans, on ne verrait rien dans les Souterrains. Qu'ils me manquent, les cailloux qui brillent ! râla la jeune fille. Je n'arrive même pas à voir mes propres mains, alors que je suis censée être vue dans le noir. Ce n'est pas ce que font les esprits ?

— Napstablook ne brillait pas dans le noir, remarqua Frisk, amusé.

— Mais Napstablook est un fantôme, pas un esprit. Ce n'est pas la même chose !

Frisk éclata de rire face à la mine déconfite de son amie, pour la première fois peut-être depuis qu'il était arrivé à l'orphelinat. Toujours enfermé à la cave, il passait le temps comme il le pouvait, alternant discussions agitées avec Chara et périodes de sommeil. Il n'avait plus aucune notion de temps. Il savait que cela faisait plus d'une journée qu'il se trouvait là.

La confirmation arriva plus vite qu'il ne le pensait. Des pas retentirent bientôt dans le couloir et s'arrêtèrent devant la porte. L'enfant se tut de suite et recula contre le mur, effrayé. La clé tourna dans la serrure.

— Debout, grogna la voix peu aimable de madame Vonichelle. Ne me force pas à venir te chercher.

Frisk ne répondit pas. Il attira ses genoux contre lui pour se faire tout petit. Il n'avait aucune envie de suivre la vieille bique. Il n'en eut pas le choix. Dans un soupir exagéré, la propriétaire de l'orphelinat entra. Elle attrapa le manche d'un vieux balai et l'abattit sur ses côtes.

— Lève-toi ! hurla-t-elle.

Incapable de se protéger, l'enfant finit par obéir, les genoux tremblants. La vieille femme lui attrapa rudement le poignet et le traîna vers la sortie. Frisk gémit, et traîna en arrière pour qu'elle le relâche, ce qu'elle ne fit pas. Tant bien que mal, elle le fit traverser l'ensemble du complexe jusqu'à une porte qu'il ne connaissait que trop bien : sa chambre.

La décoration avait été refaite. En plus d'une rangée de barreaux supplémentaire qui bloquait la fenêtre, une chaîne avait été vissée au mur, assez longue pour lui permettre de marcher dans la pièce, mais pas assez pour atteindre la porte. Un anneau claqua durement sur sa cheville. Prisonnier, une nouvelle fois.

— Tu as intérêt à bien te comporter jusqu'à ton transfert à l'asile, le menaça madame Vonichelle. Si tu tentes encore quelque chose, Marianne, ce n'est pas là bas que tu iras. Je te balancerai dans le puits le plus proche et te laisserai à ton sort. Je me demande combien de temps un enfant peut nager dans l'eau croupie avant d'abandonner.

Frisk frémit. Il hocha doucement la tête pour lui donner ce qu'elle voulait. Le plus tôt elle partirait, le plus vite il serait tranquille. La porte claque derrière la femme et, une nouvelle fois, une clé tourna dans la serrure. Chara ne tarda pas à apparaître, contrariée.

— Vieille bique, grogna-t-elle.

— Tu l'as dit.

L'enfant remonta sur son lit dans un soupir. Asgore s'assit à ses côtés.

— Courage, mon enfant. Tout ça ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir, j'en suis sûr. Pendant que nous sommes ici, je suis certain que les miens cherchent un moyen de sortir. Si Tori apprend ce qui se passe ici...

— Maman va tous les étrangler, rit Chara. Elle va les sermonner pendant des heures. Un à un. Ils vont tous pleurer.

— Chara, ce ne sont pas des manières, railla Asgore, clairement amusé. Mais oui, ma femme a un sacré caractère. Je regrette de ne pas avoir pu la revoir, une dernière fois. Même si c'était le cas, elle ne voudrait certainement pas me revoir.

— Papa...

Chara enlaça son bras, sous le regard bienveillant de Frisk. L'enfant se coucha, les yeux rivés sur le plafond.

— J'espère que vous avez raison, dit-il. Peut-être que tout ça sera bientôt terminé.

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