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6. Ce qui fut donné

"L’histoire oublie parfois ce qui a été pris. Mais elle se souvient toujours de ce qui a été donné. Certains fardeaux tiennent dans la paume d’une main."

An 758 de notre ère. Village de Valdorne, fraîchement libéré du joug des Mordraks.


Le village avait été repris sans grande difficulté. Les Fils de Cendre, sous les ordres de Myra, avaient balayé les derniers attaquants avec cette rigueur presque mécanique qui forgeait leur réputation. Les ennemis furent capturés ou mis en fuite. Le village, repris sans grand heurt, pansait déjà ses plaies.

La fumée s’élevait encore des toits alors que Myra s’avança parmi les ruines. Elle passait en revue les blessés, vérifiait les abris, répartissait les tâches. L’après-bataille n’était pas moins exigeante que l’assaut.

En marge des axes principaux, elle s’éloigna du cœur du hameau, poussée par une inquiétude floue. Sa marche la mena vers une cabane isolée, en bordure du bois. L’ombre y était plus épaisse, le silence plus dense. Poussant la vieille porte en bois, Myra entra, méfiante.


L’intérieur était modeste, rempli d'objets dont elle ignorait la fonction. Un feu mourant projetait des lueurs tremblantes sur les murs de terre battue. Un souffle de cendres et d’herbes amères flottait dans l’air. Alors qu’elle s’apprêtait à repartir, elle sentit une présence derrière elle.

Alors, il apparut. Un vieil homme sans âge, les traits trop marqués pour être jeune, trop figés pour être vieux, drapé d’étoffes sombres. Il ne s’inclina pas, ne la remercia pas. Son regard planté dans le sien, il lui tendit une amulette.


Noire comme une nuit sans étoiles, elle semblait avaler la lumière.

— Les histoires ont plus de pouvoir que l’acier. Mais tu le sais déjà.

La voix était rugueuse et basse, comme tombée d’un autre âge. Un murmure qui portait un poids. Elle hésita, puis tendit la main et prit l’objet.

Alors, sans un bruit, l’homme disparut dans l’ombre comme s’il n’avait jamais été là. Mais son regard resta gravé dans son esprit.

Elle ne sut jamais pourquoi il l’avait choisie. Seulement qu’à partir de ce jour, elle ne fut plus jamais seule.

— Extrait des Chroniques du Royaume de Levalon, par Eugène

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