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1 - Prologue - La proie n'est pas toujours celle que l'on croit
2 - 1 - Appat
3 - 2 - Premier contact
4 - 3 - La putain du monstre
5 - 4 - Fuite
6 - 5 - Trouble
7 - 6 - Riu'riuk
8 - 7 - Taupe
9 - 8 - Il s'est fait tout petit devant une poupée
10 - 9 - Complicité
11 - 10 - Trahison
12 - 11 - Ayatsë
13 - 12 - Échange culturel
14 - 13 - Orage
15 - 14 - Madame n'aime pas…
16 - 15 - Amesh
17 - 16 - Assaut
18 - 17 - Pertes et fracas
19 - 18 - Ego
20 - 19 - Haine
21 - 20 - Éveillés
22 - 21 - Rage
23 - 22 - Orphelin
24 - Épilogue - Rédemption
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4 - Fuite

Il la réveilla un peu avant le lever du soleil. 

La nuit avait été courte, mais elle se sentait étonnamment reposée. Sans un mot, elle avait rangé ses affaires et ils étaient descendus. Après avoir surveillé les environs par les carreaux de l’entrée, elle était sortie prudemment et se mit à couvert derrière la haie du jardin. 

Avant de sortir à découvert, elle jeta un œil de l’autre côté de la rue. Certainement que le groupe de Thomas aurait laissé des hommes en arrière. Ils ne devaient pas se faire repérer. 

Un mouvement à une fenêtre du bâtiment en face la mit en alerte. Elle se retourna pour l’indiquer à Lucifer, mais ne trouva personne. Surprise, son regard se reporta sur l’immeuble et elle vit l’alien traverser la route d’une traite. 

Cet abruti allait se faire remarquer  !

— Hé ! Psst ! essaya-t-elle d’attirer son attention.

 Il ne l’entendit pas. Elle leva un bras pour lui faire un geste avant d’apercevoir, trop tard, trois gars apparaître à l’autre bout de la rue. Mais quelle conne !

Elle se jeta sous la haie en priant pour qu’ils ne l’aient pas repérée. 

— Hé ! Là-bas ! hurla un des hommes. 

Merde…

Turük venait tout juste de briser la fermeture de porte de l’habitation dans laquelle se terraient les deux sentinelles, quand il entendit un cri d’alerte d’une voix trop grave pour être celle de son sul’sul. Il se retourna juste à temps pour la voir se jeter derrière les feuillages. Mais qu’est-ce qu’elle faisait ? 

L’humain qui avait crié n’était pas encore dans son champ de vision, caché par l’angle de la rue. Il devait faire vite. Qu’est-ce qu’il n’aurait pas donné pour pouvoir les abattre à distance ! Il regretta un peu l’arme qu’il avait abandonnée la veille, mais sans munitions elle était un poids mort. Ses parriuk lui manquaient…

Il ferma sa visière pour pressuriser sa combinaison et s’engouffra dans le bâtiment avant de grimper l’escalier en quelques enjambées. Le doux bruit de ses shrii'tak qui s’activaient déclencha son amesh qui lui injecta sa dose d’adrénaline, développant ses sens. Son ouïe, plus fine, percevait maintenant les battements de cœur des deux hommes à l’intérieur et le souffle laborieux de l’un d’entre eux. Le fait qu’un humain puisse survivre en temps de guerre avec des poumons en si mauvais état le dépassait… 

Il défonça la porte. Il profita de la surprise de ses cibles pour parcourir les quelques pas qui les séparaient de lui et glissa sa lame sous le menton du premier garde, tout en enfonçant l’autre dans le torse de son collègue. Il prit le temps nécessaire pour les accompagner dans la mort en récitant le kalahek matuk, même ces imbéciles méritaient de connaître la grâce de sa Déesse. Son devoir terminé, il se précipita à la fenêtre. 

La femelle humaine avait fui. Les hommes qui la poursuivaient passaient tout juste sous sa position. Il se laissa tomber dans leur dos, l’amesh encaissant la plupart de la pression à l’atterrissage. Eux non plus ne verraient pas la mort arriver…

Charlotte courrait à toutes jambes, le souffle court, zigzagant d’une ruelle à l’autre, maudissant l’alien autant qu’elle-même. Comme si ce soldat venu de l’espace n’était pas capable de s’occuper de sa propre survie !

La ville grouillait de patrouilles et toutes convergeaient vers elle. Leurs voix qui s’invectiver à travers le quartier, gueulant sa position à qui serait le plus proche, la pressait d’avancer. Un point de côté lui transperçait les côtes, mais elle ne pouvait s’arrêter pour le soulager. 

Elle était déjà engagée à moitié dans une allée quand une dizaine d’hommes apparut à l’autre bout. Elle trébucha en faisant volte-face et se releva tant bien que mal. Heureusement, les armes à feu se faisaient rares et ceux-ci n’en transportaient visiblement pas. Elle s’élança à nouveau, mais sa respiration coupée et son demi-tour raté l’avaient bien trop ralentie. Les hommes gagnaient du terrain. Elle n’arriverait pas au bout de la rue.

— Merde, merde, merde, psalmodia-t-elle sans bruit.

Comme si sa litanie pouvait l’aider à aller plus vite. Elle entendait les pas lourds des hommes derrière elle et leurs voix pleines de rage qui l’invectivaient. Elle les sentaient juste dans son dos, d’un instant à l’autre une main allait s’emparer de sa veste…

Elle se sentit happée dans les airs, soulevée par la taille. Un cri de surprise lui échappa et elle se serait bien défendue si sa peur de s’écraser plusieurs mètres plus bas ne l’en avait  empêchée. Au lieu de quoi elle s’accrocha aussi fort qu’elle le put au bras qui la tenait fermement. Elle reconnut la combinaison noir et rouge de Lucifer. 

Pendu par le bras aux barreaux d’une fenêtre, il se balança d’avant en arrière puis se jeta d’un bond vers l’immeuble d’en face pour se retenir aux barreaux d’une autre un peu plus loin dans l’allée. Elle ne comprenait pas à quoi il jouait. Il recommença l’opération plusieurs fois avant d’atterrir sur un balcon. Il avait été tellement rapide que les hommes en bas étaient encore à l’autre bout de la rue. 

Elle espérait que Lucifer la pose enfin. Ils étaient bien trop haut à son goût et faire le singe lui avait retourné l’estomac. Au lieu de quoi il raffermit sa prise autour de sa taille et sauta d’un bond par-dessus la rambarde. Elle n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. Les yeux fermés, accrochée au cou de l’alien comme à une bouée de sauvetage, elle se sentit tomber et attendait l’impact avec angoisse. Mais il ne vint pas. Un bruit de piston qui se vide lui parvint et Lucifer atterrit aussi souplement que s’il avait sauté d’une marche. 

Il la posa enfin au sol, mais ne lui laissa pas le temps de se remettre de ses émotions.

Turük attrapa le bras de la femelle pour l’entraîner dans l’avenue principale. 

Les appels de la patrouille avaient été entendus et de partout venaient des groupes d’humains armés. Des coups de feu résonnèrent, mais ils étaient trop loin pour que leur visée soit stable.

Turük ne put retenir un sourire satisfait. L’amesh de sa combinaison lui injectait déjà une nouvelle dose d’adrénaline et il sentit ses sens s’aiguiser à nouveau. Son ouïe percevait les battements de cœur des ennemis les plus proches, tandis qu’il pouvait voir les pupilles des hommes au bout de la rue se dilater de peur. Enfin, une situation qu’il comprenait. Enfin, une attitude rationnelle.

Il allait pressuriser sa combinaison, s’élancer à leur rencontre, prêt à dégainer ses shri’taak, quand la petite humaine le poussa de toutes ses forces vers une autre ruelle. Ne voyait-elle pas qu’il s’apprêtait à combattre ? 

Mais lui parvinrent les effluves de panique qui se dégageaient d’elle. Il pouvait entendre sa respiration courte et son cœur battre à une vitesse folle. À la voir évoluer en milieu naturel, survivre par elle-même et se déplacer avec une telle maîtrise de ses mouvements, il avait tendance à oublier qu’elle n’était pas un soldat, mais bien une civile.

Alors, il la suivit. 

Après tout, il était venu ici en premier lieu pour la sortir de la merde. Ce n’était pas pour l’abandonner maintenant.

Ils passaient d’une rue à l’autre, changeant de direction constamment pour éviter les hommes qui leur barraient la route. Tout son conditionnement le poussait à se retourner et riposter. La frustration de ne pas y céder, accentuée par sa surdose d’adrénaline le submergeait et menaçait d’emporter sa raison, mais la respiration courte de son petit sul’sul qui peinait de plus en plus à le suivre le rappelait à l’ordre. 

Ils couraient au détour d’une ruelle quand un vrombissement bien trop familier déclencha une vague de frisson le long de son échine et il attrapa le bras de la femelle pour l’entrainer à l’abri derrière une voiture. L’instant d’après, une boule jaune et gélatineuse explosa à l’endroit où ils se trouvaient quelques instants plus tôt, faisant fumer tout ce que la matière touchait dans un grésillement qui hantait encore ces pires cauchemars.  

D’où sortaient ce t’hark’ma’tük ?

Il n’avait pas le temps d’y réfléchir. Sans lâcher le bras de son sul’sul, il se remit à courir de plus belle. Que le t’hark touche son amesh et s’en était fini de lui. 

La poursuite reprit, rue après rue, virage après virage, habitation après habitation. 

Le soleil était pleinement levé quand ils arrivèrent enfin à la forêt. Les cris des humains les suivaient de près et quelques tirs d’arme à feux archaïques se firent encore entendre. 

La femelle était à bout de souffle et commençait à ralentir. Il avisa un escarpement rocheux dont le haut atteignait la cime des arbres. D’un geste souple, il attrapa l’humaine par la taille et s’élança sur une branche basse. Puis, d’un bond, il passa à la suivante. Elle parut soulagée de ne plus avoir à courir et il pouvait sentir sa respiration chaude contre son cou se calmer doucement alors qu’elle s’accrochait à lui. De branche en branche, il parvint à la cime de l’arbre et sauta sur le petit plateau en haut de la paroi rocheuse. 

Les humains étaient doués dans de nombreux domaines étranges, mais grimper aux arbres n’en faisait pas partie. Ce qui arrangeait bien Turük, ses proies ne pensaient jamais à regarder en l’air. Un coup d’œil à son amash’atak lui confirma qu’il faudrait plusieurs heures à l’ennemi pour contourner la falaise et les rejoindre.

Il allait éteindre l’appareil quand la femelle, le souffle court, s’empara de son poignet pour étudier la carte. Il doutait sincèrement qu’elle y comprenne quoique ce soit, mais il la laissa faire, intrigué.

 Tentant toujours de calmer sa respiration, elle pointa du doigt la courbure d’un fin cours d’eau sur son brassard.

– It arta… anula,… ussanti ? demanda-t-elle entre deux inspirations laborieuses.

Au-dessus de la carte, en grosses lettres jaunes, il put lire :

« Nous est ici, vrai ? »

Il ne savait pas si le manque d’efficacité du traducteur venait de l’appareil défectueux, ou bien si l’intelligence artificielle n’avait tout simplement pas entendu assez de ce nouveau langage, mais l’exactitude de l’information le surprit. Les données tactiques de son espèce étaient parmi les plus complexes et les plus précises du Consortium des Esprits Sentients. 

D’un claquement de langue, il acquiesça. Avant de se souvenir que ce n’était pas la façon de procéder des humains et qu’elle ne comprendrait pas. Il hocha donc la tête, priant de ne pas s’être trompé de sens. Ce système était d’une stupidité sans pareille. Les signes pour confirmer ou réfuter étaient si semblables…

Un sourire satisfait illumina le visage de son sul’sul. De toute évidence, il avait bien choisi. 

Elle prit le temps de s’asseoir quelques instants avant de lui demander d’un signe de la main de déplacer la carte vers le soleil couchant, le bloqueur génétique l’empêchant de le faire par elle-même. Il obtempéra et suivit les quelques indications supplémentaires qu’elle lui fournit, toujours aussi abasourdi. Certes, sa horde s’était vite aperçue que les humains procédaient de façon assez similaire à la leur en matière de topographie et de données, mais leur système était archaïque par rapport à ce que la horde utilisait. Le nombre d’informations comprises sur leur schéma était plus que limité et leurs annotations pas aussi précises qu’ils ne le pensaient. 

Et c’était là des soldats entraînés à ce genre de lecture. Il ne connaissait rien de la vie de cette femelle, mais il était certain d’une chose : elle lui paraissait bien jeune pour avoir fait partie d’une quelconque armée.

Le tintamarre de leurs poursuivants l’exaspérait. Ils n’étaient pas près d’attraper leur proie s’il suffisait qu’elle tende l’oreille pour connaître leurs positions. La femelle désigna de nouveau un point sur la carte, une falaise au centre d’une forêt profonde. Elle était enfin parvenue a calmer sa respiration et c’est d’un ton plus calme qu’elle reprit la parole.

– It span Toma und abalm d ugo.

« Ici Toma et base dugo être, » lui indiqua son amash’atak.

 Encore une traduction approximative. Heureusement, le message était assez simple, elle lui avait pointer du doigt l’endroit où vivaient les hommes qui le poursuivait. Mais pourquoi ? Le menait-elle dans un piège ? Pourquoi n’avait-elle pas plus peur de lui que ça ?

Parce que, si elle était effrayée, elle n’en montrait rien. Et un sentient apeuré n’aurait jamais dormi de manière aussi paisible en sa présence. Elle avait d’abord eu des difficultés à se détendre, mais une fois qu’elle eut fermé les yeux, le sommeil l’avait prise comme il prenait une portée d’utrek tout juste sorti du ventre de leur mère.

Et, si elle avait voulu se débarrasser de lui, elle avait déjà eu mille occasions. À commencer par la veille, où il lui aurait suffi de ne pas indiquer la présence de cette porte au plafond. Il ne comprenait pas. Lui qui croyait qu’elle avait un bon instinct…

— Pourquoi ? demanda-t-il.

Et, d’une caresse sur les bakt’R’ee de son interface, il activa la sentience artificielle.

« Dhul ? » traduisit la voie synthétique de l’appareil.

Son sul’sul eut un mouvement de surprise qui faillit lui faire perdre l’équilibre, il la rattrapa d’un geste souple. Elle était tellement légère. Que le vent ne l’ait pas déjà arraché à la branche étroite était un exploit en soi. Elle prit un moment pour réfléchir avant de répondre :

— Esh arpati put asanvi, at alun a malone, dit-elle dans un souffle.

« Eux moi ils trouvent, je aussi prison. »

Il laissa échapper un soupir de frustration et se frotta le visage pour enlever la tension des anishalak. S’il ne les sentait d’ordinaire pas, avec la fatigue, les racines de la plante resserraient leur emprise sur sa peau. C’était sa troisième nuit d’affilée sans sommeil profond et elles lui rappelaient qu’un guerrier épuisé est un guerrier mort. 

Il attrapa l’humaine par la taille pour descendre du promontoire rocheux quand une fraîche odeur de sous-bois le submergea tandis qu’elle plaçait ses bras autour de son cou. Elle ne parut même pas surprise par son geste et se laissa faire. Il avait pris une décision. Ils allaient commencer par semer leurs poursuivants, puis il l’aiderait à atteindre l’autre bout de la vallée, cette destination qu’elle visait avant qu’elle ne s’aperçoive de son existence. Il lui devait au moins ça et, qui sait, peut-être trouverait-il une solution à son propre problème en chemin ?

Cela faisait trois jours maintenant qu’ils s’étaient enfuis de la petite bourgade et Charlotte avait la sensation étrange d’évoluer dans un autre monde, un autre espace-temps. 

La situation était tellement incongrue qu’elle en devenait presque risible. 

Elle fuyait ses semblables en compagnie d’un membre de l’espèce même qui avait voulu les éradiquer. Elle protégeait, et était protégée par, le cauchemar de l’humanité. 

Qui, actuellement, s’acharnait sur l’appareil accroché à son poignet comme une mamie sur un écran d’ordinateur récalcitrant. Elle ne put retenir un sourire à cette idée, avant de se morigéner. Elle avait mieux à faire que laisser son esprit divaguer sur des vieux memes et se concentra sur le chemin en contrebas. 

Ils avaient dû s’arrêter en catastrophe pour une raison qu’elle ne comprenait pas bien et leur position était loin d’être idéale. 

Ce n’était pas la première fois qu’il devait se battre avec son brassard de cette façon. Il avait apparemment capté quelque chose, mais elle ne savait pas quoi et n’avait pas pris la peine de demander. Pour elle, tant qu’ils s’éloignaient de la base d’Hugo, elle était satisfaite. Ils devaient convaincre leur ennemi qu’ils avaient définitivement quitté la région s’ils voulaient un jour retrouver un semblant de tranquillité. 

Elle leva sa main devant ses yeux et compta le nombre de doigts qu’elle pouvait placer entre le sommet de la montagne et le soleil. Trois. Il leur restait trois heures avant la tombée de la nuit. Lucifer se redressa enfin et reprit la route. Elle le suivit. Comme chaque jour depuis qu’ils avaient fui la ville abandonnée. 

Et, comme chaque jour, elle se demanda ce qui ne tournait pas rond chez elle. Elle se répétait qu’il n’avait eu aucun signe d’agression, mais cela n’expliquait définitivement pas tout. Elle ne lui servait plus d’appât. Il n’avait de toute évidence pas d’appétit pour la chair humaine, contrairement aux histoires, donc il ne la gardait pas sous le coude comme en-cas de sécurité. Et, s’il voulait satisfaire des besoins plus primaires, il aurait déjà eu mille fois l’occasion.

Il lui paraissait impensable qu’il estime avoir une quelconque responsabilité envers sa situation. Elle était celle qui avait choisi de le suivre plutôt que de rejoindre Hugo. Elle aurait pu laisser ses hommes les trouver plutôt que d’indiquer la trappe au plafond. Elle aurait pu se débattre dans l’escalier ou signifiait sa présence aux dizaines d’hommes qu’ils avaient croisés depuis et, surtout, elle aurait pu profiter des mille opportunités qu’il lui avait offertes pour s’enfuir. Elle n’en avait rien fait. C’était pitoyable à dire, mais son statut tout frais de « traître à sa race » elle ne le devait qu’à sa propre stupidité et à rien d’autre.

Le soleil était couché depuis une bonne heure déjà quand Lucifer décida d’une pause. Elle avait trouvé un creux entre un éperon rocheux et la racine gigantesque d’un vieil arbre. Il avait estimé l’endroit assez sécurisé. 

Il y avait quelque chose de rassurant à ne plus être seule à nouveau. Si elle en oubliait son apparence, elle aurait pu se croire de retour avec son père. 

Il avançait, elle suivait. Il décidait de s’arrêter, elle trouvait un endroit. Ils ne communiquaient pas plus que du temps de son père, ce n’était pas nécessaire, chacun savait ce qu’il avait à faire. Tout était simple… et rassurant. Elle était seule depuis le début de la guerre, qui lui paraissait dater d’une autre vie. Cela faisait longtemps que personne ne s’était un tant soit peu inquiété d’elle…

Le froid s’infiltra dans leur petit abri et elle sortit son sac de couchage pour s’emmitoufler dedans. Lucifer n’avait rien de la sorte. Son sac, de la même matière que sa combinaison, contenait des vivres et quelques outils, mais il ne possédait rien pour l’aider à dormir. Sa combinaison semblait se suffire à elle-même, même si, plus tôt dans la journée, il avait refermé son casque pour lutter contre le vent. Elle était toujours impressionnée par la capacité de leurs armures à se mouvoir d’elle-même. À la manière du costume de Venom, des lianes noires avaient entourées sa tête et ses doubles cornes courtes pour former la casque à visière lisse.

Assis à l’entrée de leur petite cache, il contemplait le paysage alpin. Cela faisait deux journées qu’ils montaient en altitude, et certainement qu’ils monteraient encore le lendemain. Bientôt, ses vêtements ne seraient plus assez chauds. 

De toute évidence, il voulait emprunter le col pour se rendre de l’autre côté de l’antécime et ils n’étaient pas équipés pour un tel voyage. Tout du moins, elle ne l’était pas. Que cherchait-il là-bas ?

La direction titillait vaguement sa mémoire, mais la fatigue et le froid l’empêchait de réfléchir correctement à la question.

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