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MirandaFlanders
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Chapitre 11

Je marchai lentement le long de la plage, mes chaussures s’enfonçant dans le sable, mes yeux scrutant les rochers et les crevasses. L’entrée de la grotte n’était pas aussi facile à repérer qu’on me l’avait dit. Je m’attendais à une sorte de passage secret, mais tout semblait dissimulé, caché derrière les formations rocheuses, et je dus chercher un moment avant de repérer une fissure étroite. La marée basse m’offrait un peu de répit, un accès facile, mais je n’étais pas sûre de pouvoir en sortir aussi facilement lorsque l'eau commencerait à remonter.

Finalement, j’entrai dans la grotte. L’intérieur était sombre, humide, l’air lourd de l’odeur du sel et de la terre. Des fragments d'algues et de coquillages jonchaient le sol. J’allumai la lampe de mon téléphone et commençai à fouiller dans les débris que la mer avait ramenés. Des morceaux de bois flotté, des bouts de plastiques usés, des filets déchirés, quelques pierres polies par les vagues… Juste des objets perdus et oubliés par l’océan.

La mer venait doucement lécher l’entrée de la grotte et je savais que je n’avais pas beaucoup de temps pour en ressortir. Je me hâtai, cherchant parmi les restes de l’eau, scrutant chaque débris comme si la réponse à ma quête s’y trouvait. Puis j’aperçus quelque chose qui me fit m'arrêter. Un coquillage. Pas un de ceux qu’on trouve facilement, mais un coquillage intact, délicatement poli, presque irisé, comme un petit trésor tombé des bras de la mer. Il était d’un blanc nacré, avec des touches de violet sur les bords. Je le pris avec précaution, le retournant dans mes mains pour observer sa forme, la texture de ses courbes, sa beauté tranquille.

Ce coquillage semblait presque en contraste avec tout ce qui l'entourait, comme un petit bout de sérénité dans un monde tourmenté. Je le glissai doucement dans mon sac, sans savoir pourquoi, mais avec le sentiment qu’il serait mon propre souvenir de ce moment, de ce lieu étrange où le temps s'était figé, où la mer semblait avoir voulu m’offrir quelque chose de précieux, même dans ce chaos.

Mais alors, plus vite que prévu, un bruit sourd parvint à mes oreilles. La mer, calme quelques minutes auparavant, commença à revenir avec une violence sourde, les vagues se brisant contre les rochers. L’entrée de la grotte se ferma sous l’assaut de l’eau, et je me figeai.

Je n’avais pas anticipé que la mer monterait aussi vite.

Le ciel, déjà en train de s’assombrir, laissait place à une inquiétude grandissante. La grotte, que j’avais espéré comme un abri, devenait tout à coup un piège. Le bruit des vagues se fit de plus en plus fort à mesure que l’eau progressait, et moi, désormais piégée, je commençai à sentir une montée d'adrénaline. L’eau se faufilait petit à petit dans la grotte, un peu plus haut à chaque minute qui passait.

Je jetai un coup d’œil anxieux vers la sortie qui se refermait. La mer montait si vite. Devais-je tenter de nager sous l’eau pour en sortir ? Mais l’idée d’aller sous l’eau glacée me terrifiait, je me sentais prise au piège. D’un coup d’œil, je vérifiai mon téléphone : sa batterie était toujours pleine, mais combien de temps cela durerait-il avant que la mer n'envahisse complètement l'endroit ?

Je sentis la panique s’insinuer lentement en moi. Que ferais-je si je ne parvenais pas à sortir de la grotte ? Et si Malvina commençait à s’inquiéter de ne pas me voir revenir ?

Le froid me saisissait de plus en plus. Je reculai dans l’ombre de la grotte, là où l’eau ne pouvait pas encore m’atteindre, et la tension monta en moi. Je m'assis, tentant de calmer ma respiration, cherchant à garder mon calme, mais l'angoisse me gagnait à chaque seconde qui passait.

Que devais-je faire ?

L’eau cessa pourtant de monter, laissant la grotte dans une humidité glacée, mais étonnamment encore sèche. Je scrutai la mer, qui semblait s’être figée dans son mouvement. Quelque chose n’allait pas. La mer n’était pas censée revenir aussi vite. Un frisson d’inquiétude me traversa. Il y avait quelque chose de presque surnaturel dans cette montée rapide des vagues, comme si le temps lui-même se jouait de moi.

Je m’assis contre la paroi, les larmes me montant aux yeux. Je n’étais pas sûre de combien de temps je pourrais tenir ici, dans cette grotte humide et froide. Le stress, le froid, l’incertitude… tout se mélangeait. Je me couchai sur le sol, les genoux ramenés contre moi, serrant mon téléphone dans ma main, comme si cet objet insignifiant pouvait me sauver. Et le temps passa. Une heure, peut-être deux, s’étaient écoulées, mais je n’arrivais pas à me situer dans le temps. La solitude de la grotte m’enveloppait comme une couverture glacée. J’étais là, repliée sur moi-même dans une tentative désespérée de conserver un peu de chaleur. Mon pull, pourtant épais, n’était pas suffisant pour contrer l’humidité glacée qui imprégnait l’air et le sol.

Le froid me mordait, pénétrait ma peau, et mes mains tremblaient, non seulement à cause de l’intensité de l’air humide, mais aussi du stress croissant. L’angoisse montait à mesure que la mer ne redescendait pas. Tout en moi se rebellait, tiraillée entre la peur, le froid et une solitude accablante. Je me roulai davantage en boule, cherchant désespérément à conserver la chaleur de mon propre corps. Mes pensées se mêlaient dans un tourbillon confus — peut-être que je n’aurais jamais dû venir ici. Les villageois s’étaient moqués de moi. Tout le monde avait quelque chose de sibyllin à me dire mais rien de concret. Rien ne changeait avec la mer, au contraire même. Peut-être que tout cela était trop…

Soudain, je sentis quelque chose bouger à côté de moi. Je relevai la tête, mais avant même de comprendre ce qui se passait, une forme douce et fluide se présenta devant moi. Un phoque. Imposant, d’un gris très clair, presque argenté. Il ressemblait énormément à celui qui m’avait sauvée, la dernière fois.

Il s’approcha lentement, et moi, instinctivement, je me figeai davantage.

Puis quelque chose d’étrange se produisit. Le phoque se coucha près de moi, avec une douceur et une tranquillité inattendue. Il ne me menaçait pas. Ses yeux brillaient d’une manière presque bienveillante, comme s’il comprenait la douleur et la peur qui se nouaient en moi. La panique se dissipa lentement, et une étrange sensation de calme m’envahit.

Doucement, presque sans y penser, je tendis la main. Je posai mes doigts sur le phoque, caressant sa peau lisse et humide. La sensation était étrange, mais elle n’avait rien de menaçant. Le phoque, comme s’il était en paix avec ma présence, resta là, silencieux, ses yeux fixant les miens.

Je respirai plus calmement, sentant un apaisement que je n’avais pas anticipé. Le simple contact avec l’animal, cette présence tranquille, avait quelque chose de guérisseur. Je restai là, le phoque à mes côtés, le regard de l'animal me réconfortant d'une manière que je ne savais pas expliquer. Sa présence avait percé la solitude que je ressentais, me permettant de reprendre mon souffle et de me calmer un peu. Je n’étais plus seule avec le froid des vagues qui s’affaissaient à l’entrée de la grotte.

Je restai alerte longtemps.

Les yeux rivés sur l’entrée de la grotte malgré la présence apaisante à mes côtés, dans le cas où les vagues en rouvriraient l’entrée. Mais rien. Les heures s’égrenèrent de cette manière jusqu’à ce que le calme environnant, brisé seulement par le murmure de la mer et le doux souffle du vent, ne m’enveloppe. Ou peut-être était-ce la douce chaleur du corps contre le mien ? Peu à peu, la tension dans mes épaules se relâcha, mes yeux se fermaient doucement, et un poids lourd, que je n’avais même pas remarqué jusque-là, se dissipa. Sans même m’en rendre compte, je sombrai dans le sommeil.

Lorsque je me réveillai, la lumière tamisée de l’aube s’infiltrait à travers l’entrée de la grotte. La marée était basse, et l’air frais faisait frissonner ma peau. Le phoque n’était plus là, mais la trace humide de sa présence sur le sol de la grotte témoignait de son départ récent.

Je me redressai soudainement, l'adrénaline me réveillant en un instant. Je me précipitai vers l’ouverture, l’horizon s’éclaircissant lentement devant moi. Le sable était découvert, les vagues s'étaient retirées, et j’apercevais déjà au loin la silhouette de la lande, où la végétation éparse formait des éclats de vert dans le paysage désolé.

Je n’avais pas le temps de traîner. Il fallait que je parte, que je sorte d’ici avant de risquer de m’y voir enfermée à nouveau. En sortant, mes pieds heurtèrent les pierres glissantes et les restes de coquillages écrasés sous la marée, manquant de me faire trébucher. Je parvins toutefois à rejoindre la plage, soufflant de soulagement en voyant que les vagues ne s’étaient pas refermées devant moi.

Combien de temps avais-je dormi, dans cette grotte ? Pas longtemps si j’en croyais la fatigue qui pesait sur mes épaules, mais suffisamment pour pouvoir sortir au petit matin. Je grognai à l’idée que les villageois s’étaient sûrement joués de moi, prenant le chemin de la maison de Malvina. Elle m’accueillit avec inquiétude, me demandant où j’étais passée pour ne pas être rentrée de la nuit, et je lui expliquai rapidement la situation.

— Ma pauvre enfant, tu dois être transie de froid ! File vite sous la douche, je vais préparer du thé en attendant.

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