PDV d'Alexander :
Je n'arrive pas à dormir.
Je suis allongé sur le dos, le regard fixé sur le plafond. La lumière tamisée de la lune filtre à travers les stores mal fermés, dessinant des lignes brisées sur le mur. Sa respiration lente et régulière est la seule chose qui résonne dans la pièce. Il dort, blotti contre moi, une jambe passée sur les miennes, son bras autour de ma taille.
Je ne bouge pas. Pas parce que je n'en ai pas envie, mais parce que je ne veux pas le réveiller. Il a eu une journée chargée aussi, et moi, je suis coincé dans ma tête, incapable de me débrancher. Mes pensées tournent en boucle, comme une vieille cassette à bande qui s'enraye et se répète sans fin le même passage.
Les qualifications. Ce foutu championnat. Tout le monde compte sur moi. L'équipe, le coach, les supporters, mes parents. À chaque fois que je ferme les yeux, je les revois : les gradins pleins, le bruit assourdissant des cris, des encouragements, et des applaudissements. Je revois les visages, certains enthousiastes, d'autres sceptiques, et ce poids écrasant qui s'installe sur ma poitrine. Capitaine, capitaine, capitaine. Comme si ce mot était gravé sur mon front.
Ma main libre serre doucement le drap. Je me rappelle les dernières semaines d'entraînement, les critiques du coach quand je rate un service, les regards de mes coéquipiers quand je fais une erreur. Tout repose sur moi. Je suis censé être le pilier, celui qui guide, celui qui ne flanche jamais. Sauf que là, dans ce lit, à cet instant précis, j'ai l'impression de craquer.
Will bouge légèrement contre moi, son souffle chaud effleure ma clavicule, et je me rends compte que je retiens le mien depuis une éternité. Je relâche un soupir discret, en essayant de ne pas perturber son sommeil. Lui, il est tellement...tranquille. Tellement sûr de lui, tellement à l'aise partout. Moi, j'ai l'impression d'avoir des poids aux pieds et le cœur alourdi.
Je ferme les yeux une seconde, juste pour essayer de me recentrer.
Inspire. Expire.
"Tu es prêt. Tu as bossé pour ça. L'équipe est solide, et tu sais ce que tu fais." Voilà ce que je me répète en boucle. Mais une autre voix, plus sournoise, murmure que tout peut basculer. Que si je rate un seul coup, tout l'effort de ces derniers mois tombera à l'eau.
Un frisson me parcourt, malgré la chaleur de son corps contre le mien. Et là, sans le vouloir, je bouge un peu trop. Ses bras se resserrent autour de moi, et il murmure quelque chose d'incompréhensible dans son sommeil. Je me fige, mais il ne se réveille pas. Sa simple présence est rassurante, pourtant, mon cerveau refuse de se taire.
Je voudrais avoir son insouciance, cette capacité à tout laisser de côté une fois la journée terminée. Mais moi, je reste bloqué ici, à égrener les scénarios catastrophes, à analyser chaque coup que je vais devoir faire demain, chaque réaction que je vais avoir. Je revis mentalement des matchs passés, les victoires comme les défaites. Et je me demande si je vais être à la hauteur.
Lentement, je pose une main sur son dos, caressant machinalement la courbe de ses omoplates. C'est idiot, mais ce simple geste m'apaise un peu. Il est là. Et quoi qu'il arrive demain, il sera toujours là. Peut-être que je devrais juste me laisser aller, ne serait-ce qu'une heure ou deux. Mais la pensée du lever, de la journée qui m'attend, me rattrape déjà.
Je déteste ce que je ressens. Cette angoisse rampante, cette sensation d'être à la fois trop plein et vide. J'aimerais être comme lui, capable de trouver le sommeil même la veille d'un événement comme ça. Mais non, je suis coincé ici, à répéter en boucle les mots « capitaine » et « échouer », alors que tout ce que je veux, c'est fermer les yeux et échapper à tout ça. Juste pour quelques heures. Mais ce soir, j'ai également le sentiment que quelque chose est en marche. Que quelque chose va bientôt se produire.
- J'arrive à t'entendre penser d'ici. Tu devrais dormir, tu dois être en forme pour les matchs de tout à l'heure parce que, pour information, il est 4h30 du matin. Me murmure mon copain, la tête enfouie dans mon cou.
Et merde. Je voulais pas le réveiller, je l'ai encore dérangé. J'ai encore tout foutu en l'air.
- Désolé de t'avoir réveillé, rendors toi. Répondis-je en collant mon front sur sa tête.
- C'est moi qui devrait dire ça. Si tu n'arrives pas à dormir, je n'ai qu'à te servir de doudou. Sers moi aussi fort que tu veux.
- Tu es bien mieux qu'un doudou pour moi. Tu es comme mon attrape rêves, sans toi je ferais des insomnies pas possible.
- Ravie de l'entendre mais tu dois vraiment dormir, chéri.
Il pose doucement ses lèvres sur les miennes, aussi légèrement qu'une plume qui fait voler des dizaines de papillons au creux de mon estomac, même après tant de fois.
- Je t'aime. Déclare t-il en reposant sa tête à sa place initiale.
- Je t'aime. Répondis-je en le serrant un peu plus fort.
Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Après tant de temps passé dans la noirceur, il a été la lumière m'ayant sorti des abysses qui m'avaient enveloppés dans les ténèbres de cauchemars sans fin.
PDV de Zeyla :
Se sont de bruits d'ustensiles qui me font émerger de mon grand et magnifique sommeil réparateur si important pour ma santé mentale.
Je me frotte les yeux et me lève du petit matelas où j'ai passé la nuit avec ma meilleure amie au beau milieu du salon de Sean.
A peine j'arrive à quelques mètres de la cuisine, une horrible odeur de brûlé envahit mes narines. C'est donc avec la rapidité de Flash McQueen que je débarque dans la cuisine découvrant Sean qui fait de grands gestes au dessus de la poêle en espérant éteindre le feu naissant.
- PUTAIN MAIS C'EST PAS POSSIBLE, COMMENT TU FAIS POUR FAIRE CRAMER DES PUTAIN D'ŒUFS AU PLAT ?!!! Hurlais-je en prenant l'extincteur sur le côté de la pièce.
- MAIS C'EST PAS MA FAUTE, ILS ONT COMMENCÉ À BRÛLER SANS QUE JE FASSE QUOIQUE CE SOIT ! S'écrit Sean, alarmé.
J'enclenche l'objet dans mes mains et laisse le nuage blanc se reprendre au dessus de la poêle.
- TU AS FORCÉMENT FAIT QUELQUE CHOSE QU'IL NE FALLAIT PAS !
- MAIS JE SAIS PAS MOI ! ET ARRÊTE DE ME CRIER DESSUS !!
- J'ARRÊTERAI QUAND TU ARRÊTERA !
- NON, TOI !
- PAS MOI, TOI !
- TOI !
- TOI !
- TOI !
- TOI !
Notre chamaillerie est interrompue par un Alexander clairement de mauvais poils.
- Putain mais pourquoi vous gueulez comme ça dès le matin ?! S'exclame un Alexander, furax.
- C'est vrai ça, pourquoi on crie en fait ?
- Je ne sais même plus.
Un silence prend place dans la cuisine.
- AH MAIS SI ! C'est parce que ce couillon a failli mettre le feu à sa propre baraque ! M'écriais-je d'un coup, levant l'extincteur dans mes mains.
- C'est pas vrai ! Je gérais parfaitement la situation ! Rétorqua t-il.
- Mais oui c'est ça, et mon cul c'est du poulet peut-être ?
- Bon ça suffit taisez vous, je ne veux plus vous entendre. A mon avis vous avez réveillé tous le quartier avec vos conneries, donc maintenant, vous allez gentiment aller vous préparer parce qu'on part dans 2h. Dit l'armoire à glace avec un regard qui fait froid dans le dos.
- Oui chef !
Je pose mon splendide extincteur et me félicite mentalement une nouvelle fois pour l'avoir ramené ici, puis me précipite hors de la cuisine pour aller prendre mon sac et m'enfermer dans la première salle de bain qui me tombe sous la main.
La lumière froide de la salle de bain m'aveugle un instant lorsque j'allume l'interrupteur. Le carrelage blanc, un peu écaillé par endroits, reflète les néons au plafond, et l'air encore humide de la douche de quelqu'un d'autre flotte dans la pièce. J'inspire profondément, essayant de réveiller mes muscles encore engourdis par le peu de sommeil de la nuit.
Je pose mon sac sur le rebord de l'évier et m'observe dans le miroir. Mes cheveux, en bataille, témoignent de la soirée d'hier : les rires, les chansons ratées, et cette conversation avec Élio qui continue de tourner en boucle dans ma tête. J'effleure mon visage du bout des doigts, comme si ce simple geste pouvait effacer les cernes qui commencent à apparaître.
- Allez, Zeyla. Murmuré-je à mon reflet. Grosse journée. Concentre-toi.
J'ouvre mon sac et en sors mon uniforme de volley soigneusement plié. Le maillot blanc et mauve, avec mon numéro inscrit sur le dos, semble me narguer, comme pour me rappeler que chaque mouvement que je ferai aujourd'hui sera scruté, jugé, applaudi ou critiqué.
Je commence par enfiler mon short et ma brassière de sport, ajustant les coutures pour qu'elles ne gênent pas. Chaque geste est précis, presque rituel. Enfiler ce maillot, c'est comme enfiler une armure. Il transforme la fille un peu stressée et mal réveillée en joueuse prête à tout donner sur le terrain.
Sous le néon cru, je prends une seconde pour m'habituer à la sensation du tissu sur ma peau, comme si je devais me réconcilier avec moi-même. Mes genouillères suivent, leurs bandes élastiques familières glissant sur mes jambes. Je serre un peu trop fort, et je dois recommencer, soupirant à moitié.
Je laisse mes cheveux détachés pour l'instant, sachant que je les attacherai juste avant l'échauffement. Une queue de cheval haute, comme toujours. Une habitude qui m'accompagne depuis mes débuts, et qui me donne l'impression d'être plus rapide, plus concentrée.
L'eau coule brièvement quand je me passe un coup de gant humide sur le visage, pour me réveiller un peu plus. J'attrape ensuite mon rouge à lèvres hydratant, un réflexe plus qu'une coquetterie. Je ne me maquille jamais pour jouer, mais ce petit geste me rassure, comme un détail qui me lie à la Zeyla hors du terrain.
Un bruit derrière la porte me fait sursauter. Des voix se mêlent dans le couloir : Kaliopé et Layla, probablement, qui discutent de notre adversaire du jour. Elles sont toujours bruyantes, même à sept heures du matin.
Je ferme les yeux une seconde, tentant de faire abstraction. C'est le calme avant l'effort, mon moment à moi. La salle de bain devient une bulle où je peux respirer avant de plonger dans le tumulte de la journée.
Quand je sors, prête, je croise Kalie dans le couloir. Elle me lance un regard scrutateur.
- T'as pas trop la tête dans les nuages, au moins ? Parce que sur le terrain, pas question de rêvasser.
Je lève les yeux au ciel, mais son sourire trahit qu'elle plaisante à moitié. Elle connaît mes doutes, mes failles. Elle sait aussi que, quand le match commence, je ne me laisse jamais distraire.
- T'inquiète, Kalie. Je suis prête.
Elle hoche la tête, satisfaite, avant de me tendre un café dans un gobelet en carton qu'elle a dû piquer à la cuisine de Sean.
- Tiens. Café. Parfait pour transformer un zombie en attaquante de feu.
Je ris doucement, attrapant le gobelet. La chaleur du café se diffuse dans mes mains, et pour la première fois depuis que je me suis levée, je me sens prête. Aujourd'hui, tout commence.
***
- Mais heuuuuuuuu ! Pourquoi je peux pas aller avec les garçons ?? Se plaint William à notre entraîneur tel un enfant.
- Parce que tu seras trop occupé à regarder ton "magnifique" copain, comme tu le dis si souvent, plutôt que le match et prendre des notes. Rétorque notre coach, le nez sur ses fiches.
Ça fait seulement 15min que nous étions dans le car scolaire en direction du gymnase pour le début des qualifications, que Will commençait à se plaindre de ne pas pouvoir aller avec les garçons pour leur match. Étant donné que les garçons avaient leur match en même temps que nous et que l'entraîneur ne pouvait pas aller à deux endroits en même temps, il a donc demandé à Will, qui je rappelle est le MANAGER de ce club, de venir avec nous.
- C'est pas juste ! Boude t-il en croisant les bras. Sans vouloir vous vexer les filles.
- Mais non t'inquiète ! On a l'habitude avec toi. Marmonne ma capitaine.
- Bon revenons à nos moutons ! Comme je le disais tout à l'heure, les garçons vous commencerez par jouer contre les Lows pour enchaîner avec les Vaneanus, les Manews, les Raven et pour finir les Wantees. Autant dire un programme bien chargé avec vos 5 matchs en une journée donc j'espère que vous êtes en forme parce que votre endurance va fonctionner à plein régime. Annonce M.Roland calmement.
Outch. Les 5 matchs d'affilés c'est chaud, j'espère que c'est pas pareil pour nous parce que j'avoue que j'ai un peu la flemme.
- Pour vous les filles, il y en a que 4. Déclare t-il.
YES ! Enfin pas trop parce qu'il y en a quand même 4 mais bon, c'est mieux que 5.
- Donc, d'abord contre les Spikes, puis les Wantees et les Vaneanus comme les garçons, mais vous finirez contre les Phœnix. On a perdu contre eux l'année dernière, que se soit filles ou garçons. Malgré ça, faudra pas se démonter compris ?
Un oui collectif se fis entendre et M.Roland se rassit. Je soupire et tourne mon regard vers le paysage qui défile en remettant mes précieux écouteurs dans mes oreilles. Les paroles de la chanson "Night Changes de One Direction" me font divaguer dans un monde où plus rien n'existe autour de moi, me laissant seule dans mes pensées.
Vais-je être à la hauteur des espérances de mes coéquipières ?
Est-ce que mon nouvel entraîneur sera fière de moi ?
Est-ce qu'il sera là ?
Suis-je une bonne joueuse ?
Trop de questions sans réponse. Trop de problèmes à rencontrer. Trop de choses à éclaircir.
C'est un petit tapotement sur mon épaule qui me fait sortir de mes pensées déjà trop sombre pour une journée bien ensoleillée.
Élio me fait signe la tête qu'on y va et part pour commencer à descendre du car.
On est déjà arrivé ? J'ai pas vu le temps passé. Je retire mon casque et le range dans mon sac à dos avant de descendre à mon tour.
PDV de Alexander :
J'ai besoin de prendre l'air.
C'est la première chose que je me suis dit en entrant et voyant le monde qu'il y avait à l'intérieur du bâtiment. Les bruits, les visages, les couleurs. Le bâtiment de la compétition est immense, presque oppressant, avec ses plafonds hauts et ses couloirs bondés. Je me sens pris au piège, comme si les murs se refermaient sur moi. Les conversations fusent autour, des éclats de rire, des encouragements, des instructions de coachs. Mais moi, je n'entends presque rien. Mon cœur bat trop fort, trop vite. J'ai besoin d'air.
- Je...je vais prendre l'air.
Ma voix tremble un peu, mais il comprend tout de suite. Il hoche la tête, sans poser de questions, et me tapote l'épaule avant que je me lève précipitamment.
Je me fraye un chemin à travers la foule, le souffle court. Les portes vitrées sont là, juste devant, et je les pousse avec un peu trop de force en sortant. L'air froid du début décembre me frappe en plein visage, mais c'est exactement ce qu'il me faut. J'avance de quelques pas, m'appuyant contre le mur extérieur, les mains sur les genoux, comme si j'avais couru un marathon.
Inspire. Expire. Mais mon cœur refuse de ralentir. Mes pensées s'emballent encore, toujours. Et si je rate ? Et si je déçois tout le monde ? Je ferme les yeux, je serre les poings.
- Arrête...juste, arrête... Je murmure pour moi-même, comme si mes mots pouvaient calmer la tempête.
Mais ça ne marche pas. Mon souffle saccadé s'accompagne d'une pointe de panique. J'ai besoin de me reprendre. Maintenant.
Je redresse la tête et regarde autour de moi. Le ciel est clair, d'un bleu glacé, et les arbres dénudés se balancent doucement dans le vent. La banalité de la scène contraste avec le chaos en moi. Lentement, je lève une main et presse mes doigts contre ma poitrine, juste au-dessus de mon cœur. Calme-toi. Calme-toi.
Appuyé contre un mur de l'immense façade, je sors une cigarette, la coince entre mes lèvres puis l'allume. J'aspire ce mal et le recrache en un nuage de fumée polluant.
Je réitère cette opération une seconde fois en laissant tomber ma tête contre le mur derrière moi.
Ça fait du bien d'être un peu seul de temps en temps. On en a toujours besoin à un moment donné, comme si la vie voulait nous éloigner de ce monde bien trop exécrable pour protéger notre innocence. Mais cette innocence peut partir bien trop rapidement. Sans qu'on puisse s'y attendre, d'un simple claquement de doigts.
Les secondes passent. Peut-être des minutes. Je respire un peu mieux. Juste assez pour que la tension se relâche, un peu, comme un nœud qui se défait lentement. J'ouvre les yeux et regarde une dernière fois le ciel. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est suffisant pour que je puisse retourner à l'intérieur.
- Je ne savais pas que tu fumais. Dit Zeyla en s'installant dans la même position que moi.
Je ne la regarde même pas. On se parle rarement, juste quelques échanges rapides pendant les cours ou pendant les entraînements communs. Elle se tient là, ses joues légèrement rouges à cause du froid.
- Je ne t'ai pas entendu arriver. Ça m'arrive de temps en temps. Pourquoi es-tu ici ? Demandais-je.
- Pour la même raison que toi je suppose.
- Et quelle est cette raison selon toi ?
- La solitude... Ça va ? Tu avais l'air ailleurs.
- Oui, ça va. J'avais juste besoin de prendre l'air. Dis-je, en essayant de masquer mon trouble.
Elle s'approche doucement, sans me presser.
- Je te crois. Mais t'as une tête à réfléchir à tout, sauf à respirer.
Un rire nerveux m'échappe. Elle tape dans le mille, et ça me déstabilise un peu.
- Ouais, tu pourrais dire ça.
Elle s'appuie contre le mur à côté de moi, croisant les bras. Le silence s'installe, mais il n'est pas pesant. Finalement, elle reprend :
- Tu sais, t'as ce côté mystérieux. On dirait que tu caches toujours quelque chose, mais j'arrive a voir que tu es une personne assez solitaire. Les fantômes du passé te hantent ?
Comment fait-elle pour cerner les gens aussi vite ? Je suis si transparent que ça ?
Je ris doucement, cette fois sans nervosité.
- Toi aussi. Je pourrais dire la même chose pour toi. Quel est ce secret qui te pèse tant sur les épaules ? Ne crois pas que tu es la seule à savoir déchiffrer les personnes qui l'entourent. Je me suis toujours demandé à quoi tu penses, quand tu es dans ton coin.
Elle me regarde, un sourire en coin.
- On évite le sujet ? Je comprends, je ferais exactement la même chose. Mais n'oublie pas, la solitude n'est pas la solution. Tout ce qu'elle va t'apporter, c'est un renfermement de soi encore plus profond que ce que tu peux déjà vivre. Et avant que tu me pose la question, c'est ce qu'il s'est passé avec moi. Mais maintenant ça va. Même si ça m'arrive encore de temps en temps de vouloir être seule alors que je ne le devrais pas. Peut-être qu'un jour, on pourrait se parler pour de vrai. Tu sais, pas juste des trucs de classe ou de sport. Se confier, entre nous.
Je commence à bien l'aimer cette fille. Honnête et sûre d'elle malgré ses propres peurs, j'ai l'impression qu'on se ressemble quelque part. Je la fixe un instant, surpris par sa proposition. Mais il y a quelque chose de sincère dans sa voix, une curiosité mutuelle qui semble avoir toujours été là, sans qu'on y prête attention.
- Ouais. Pourquoi pas... Mais ne t'attends pas à devenir ma psychologue, compris ? Je réponds finalement.
Elle sourit, et le poids sur ma poitrine semble s'alléger un peu plus.
- Ce n'est pas ce que je veux ! Rit-elle. Ce n'est pas parce que tu es le copain de mon meilleur ami que je te propose ça ou que je veux être une psychologue comme tu dis, mais plutôt...une confidente ? J'ai l'impression qu'on se ressemble toi et moi. Que je n'ai pas à avoir peur de te dire certaines choses.
Comment ça se fait qu'une personne que je connais depuis seulement quelques semaines, me connaisse mieux que d'autres personnes que je connais depuis des années ?
- Je ressens la même chose que toi. Mais ne pense pas que je viendrais 36 fois par jour.
Elle éclate de rire et hoche la tête en partant.
Quelle drôle de discussion. Qui aurait cru que je ferais ami-ami avec l'une des petites nouvelles du groupe. Qui ne sont plus si nouvelles que ça maintenant. Une amitié différente vient de naître, comme un fil tendu entre deux âmes qui se reconnaissent sans vraiment se comprendre encore. Et pour la première fois depuis des heures, je me sens un peu moins seul.
Je respire une dernière fois la nicotine de ma cigarette puis l'expire dans une fumée grise disparaissant au loin. J'écrase le mégot par terre et me met en marche pour rejoindre mes amis ainsi que mon petit ami.
À suivre...
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Un aperçu de la relation entre Alexander et Will, si ils ne sont pas mignons !! Mes petits bébés ! 🥹
Finalement, Zeyla aura utilisé cet extincteur ! Sean ne sera jamais cuisinier, ça c'est certain. 🙂↔️😂
En parlant d'Alexander et Zeyla, ne sont-ils pas en train de créer un lien particulier ces deux là ? Un lien fusionnel comme un frère et une sœur ou bien de meilleur amis ? A voir... 👀