PDV de Zeyla :
Ma valise en main, je regarde le portail de mon nouveau lycée. Ma meilleure amie à mes côtés, Carla, est aussi venue avec moi pour changer d'établissement. L'air du matin est encore frais, et une odeur d'herbe coupée flotte autour de nous. C'est la rentrée des vacances. Dans un nouveau lycée.
Le début d'une nouvelle vie.
Nous sommes en début novembre et j'ai pris la décision de changer lycée, chose que j'aurais dû faire il y a bien longtemps, pour aller dans un autre avec un club de volley réputé.
Au début, j'ai cru que mes parents allaient faire une crise quand je leur ai annoncé ma décision. Je leur ai dit que j'avais quitter mon ancienne équipe et que je voulais partir, ils ont eu un petit choque.
Après pas mal de paperasses, on a enfin réussi à faire le transfert. Si jamais il ne s'était pas passé ce petit incident il y a un mois, je crois que je n'aurais jamais osé faire tout ce que j'ai dû faire pour venir ici.
Il y a 1 mois, le 14 octobre 2023 :
Allongée sur le dos, regardant mon plafond, avec les écouteurs vissés dans mes oreilles, écoutant ma playlist. Le soleil venait à peine de se lever annonçant le début d'une nouvelle journée.
Un nouveau match.
Une nouvelle victoire.
Une victoire sans valeur, sans mérite, sans aucune fierté à mes yeux.
Je n'ai pas envie de jouer. En général les joueurs ont le trac dès le matin mais moi non. Je sais déjà à l'avance qui va gagner et qui va perdre.
Mes yeux commençaient à se fermer lorsque mon téléphone vibra, affichant un nouveau message de Carla.
[De Bestyyyy à Moi :]
« Tu vas bien ? Prête pour le match ! On va tout déchirer ! »
Je souris à la vision de son texto. Elle avait le don de me remonter le moral quand ça n'allait pas trop. Je lui réponds en vitesse et me leva, puis descendis doucement les marches afin de ne pas réveiller mes parents.
Il devait être aux alentours de 5h00. Je ne dors pratiquement jamais avant un match. Je profite toujours de ce temps là pour réfléchir. Réfléchir à tout ça. Pourquoi la chose la plus importante à mes yeux me fait autant souffrir. Je suis née pour ça. Pour être une bonne joueuse, une dirigeante, une gagnante.
Arrivée dans la cuisine, je pris une tasse et le prépara un chocolat chaud que je mis à faire chauffer.
J'attends que ma tasse de chocolat se réchauffe au micro-ondes, regardant le mug tourner sur la plaque en écoutant ma chanson du moment : « Soft to Be Strong » de MARINA. C'est comme si les paroles de cette chanson me comprenaient. Elle me résument. Je dois être forte. Aussi forte physiquement que mentalement.
Je remonte dans ma chambre, ma tasse de chocolat chaud à la main, ouvra ma fenêtre et monta sans soucis sur le toit. Je regarde l'aube apparaître sous mes yeux.
C'est magnifique.
Les oiseaux se réveillent, le vent d'octobre fait tomber les premières feuilles oranges des arbres. Ma saison préférée est là pour me réconforter. La mélancolie de la nature s'assombrissant au fil des jours me fait sentir moins seule. Après de longues minutes le visage de ma mère apparut à travers la fenêtre me faisant sursauter.
- Je savais que tu serais là. Elle marqua une pause et vint se poser à côté de moi. Combien de fois je t'ai dis de ne pas aller ici ?
- Ooh arrête, tu faisais la même chose à mon âge !
- Non ! J'ai jamais fais ça !
- Arrête papa m'a tout dis.
Elle lâcha une petite injure et me fis un faux regard noir.
- C'est comme ça que vous vous êtes rencontrés, toi sur le toit et-
- Lui me regardant chaque soir, me lisant des poèmes... la bonne époque. Continua t-elle en fermant les yeux, la brise sur son visage.
Je connaissait l'histoire de mes parents bien mieux que mes leçons d'espagnole, tant ils me l'avaient raconté.
Un long silence s'installa comme si elle avait oublié pourquoi elle se trouvait à côté de moi en ce moment même.
- AAH TU M'AS ENCORE BIEN EU TOI ! Cria t-elle en me donnant des tapes sut mon épaule. ARRÊTE DE ME REPARLER DE LA RENCONTRE ENTRE TON PÈRE ET MOI À CHAQUE FOIS QUE JE TE FÂCHE !!!
Un rire m'échappe et je me rallonge sur les tuiles du toit. Ma mère de rapproche de moi et vient me caresser les cheveux, comme à son habitude.
- Aller va te préparer.
- Mais maman il est que 6h du mat !
- T'avais qu'à dormir. On pourra faire plein de trucs ensemble comme préparer la décoration pour Halloween !!!
Je me relève en soupirant et rentre dans ma chambre. Elle prit ma tasse et finis de la boire.
- Maman !
- Oh c'est bon je t'ai porté durant neuf mois en partageant ma nourriture avec toi, alors tu peux bien me donner le reste de ton chocolat chaud !
Alala, combien de fois elle me l'a sortie celle-là ?
***
Aaaaaah ! Plus qu'un match avant la finale, je sais qu'avec les filles on va gagner. Je ne m'inquiète pas pour ça, mais ce sera une victoire très désagréable...
Le premier match de l'après-midi est passé assez rapidement. Je voulais rester sur le terrain, je n'ai pas assez jouée.
Je m'assoie dans un coin du gymnase, à l'ombre des gradins. C'est toujours étrange entre deux matchs, cette énergie débordante mélangée à un besoin de repos. Il faut que je trouve de quoi m'occuper, je m'ennuie.
Je décide de sortir mon téléphone, scrollant sans vraiment regarder, pour passer le temps. Mes doigts glissent sur l'écran mais mon esprit est ailleurs. Je repense aux passes que j'ai faites, aux réceptions, aux smashs, est-ce que tout étaient bien ? Y'a t-il eu des erreurs ? L'essentiel c'est qu'on ai gagné, toutes ensemble. Même si ça fait mal...
Bref ! On ne va pas penser à ça maintenant, j'ai du temps libre avant notre match contre les Hartley et j'ai super soif !
Je range mon téléphone dans ma poche et me relève avant de partir dans les longs couloirs du bâtiment. Je vais aller chercher un truc à boire au distributeur, j'ai oublié ma gourde comme une con ce matin.
En marchant dans les couloirs du bâtiment, je repensa à toutes les compétitions que j'ai pu faire jusque ici. La compétition junior au collège, et deux fois l'inter-lycée quand j'étais en Seconde et Première. Et je vais y participer une nouvelle fois cette année. Ça va faire trois ans cette année que je suis capitaine de l'équipe, que j'ai rencontré ma meilleure amie, Carla, et deux ans qu'on gagne ce fameux inter-lycée. Je devrais sûrement m'en vanter mais je n'y arrive pas. On a jamais tricher, le soucis c'est qu'on gagne tellement de fois que je n'arrive même plus à apprécier la victoire. Ça fait un peu peste dit comme ça non ?
Ah, c'est tellement compliqué !
Bon voyons voir...
Sérieux ?!! Une petite bouteille d'eau, 4,20€ ?!!
Et bah putain, pour le coup je préfères largement les prix du lycée !
Je prends ma bouteille à 4,20€, n'est-ce pas...quand une tête blonde qui me semble familière arrive dans mon champ de vision.
Je ne suis pas sûre. C'est quand même peu probable de croiser quelqu'un que je connais ici. A moins que ce soit un joueur.
Le blondinet que j'observais tourna la tête dans ma direction et je me figea. Mais non... C'est pas possible, qu'est-ce qu'il ferait ici ?
Il a changé, bien sûr. Ses cheveux sont un peu plus longs, légèrement foncés qu'avant mais toujours aussi blond. Il est plus grand, plus musclé aussi, comme si ces cinq années avaient sculpté une nouvelle version de lui. Mais malgré tout, c'est bien lui. Même s'il a le visage plus mature, plus adulte, il y a ce même éclat dans ses yeux, cette lueur que je reconnaîtrais entre mille.
Je m'arrête, le souffle coupé par un mélange d'excitation et d'appréhension. Et puis, comme s'il sentait ma présence, il tourne la tête et nos regards se croisent. Ses yeux s'ouvrent en grand, n'y croyant pas et, d'un coup, son visage s'éclaire instantanément d'un sourire, un de ces sourires francs et chaleureux qui m'avait tant manqué.
- Zeyla ! S'exclame-t-il en se levant.
Je m'approche de lui, et tout ce qui me paraissait compliqué ou étrange il y a quelques secondes, disparaît. C'est comme si la distance, les années, tout s'évaporait. Nous sommes juste nous, comme avant.
- William ! Ça fait si longtemps. Dis-je en souriant à mon tour, un peu hésitante.
Il me prend dans ses bras, et je sens cette vague de familiarité m'envahir. Son étreinte est à la fois douce et rassurante, et pendant un instant, je me laisse submerger par ce sentiment. Tout est si naturel. On n'a pas besoin de mots pour combler ces cinq années, ils s'effacent d'eux-mêmes.
Il me lâche doucement, et nous nous séparons, un léger sourire pendu au lèvre. Je ne sais pas par où commencer, tant de choses se sont passées, et pourtant, la première chose qui me vient à l'esprit est si simple.
- Comment tu vas ?
Il sourit, légèrement amusé.
- Bien, vraiment. Et toi ? Je vois que tu n'as pas changé...enfin, un peu quand même. Mais je te reconnaîtrais entre mille.
Je rougis légèrement, me demandant à quel point j'ai changé en cinq ans. Est-ce qu'il me voit encore comme la fille insouciante et pleine d'énergie qu'il a connue ? Je me sens à la fois la même et tellement différente.
- Je vais bien, oui. Le volley prend beaucoup de place dans ma vie, tu te souviens, c'était déjà ma passion quand on s'est rencontré.
Il hoche la tête, prenant quelques secondes avant de répondre.
- Oui, je me souviens de ton obsession pour le volley. Sourit-il. J'ai même demandé à être le manager de l'équipe juste pour venir te voir jouer et passer plus de temps avec toi.
Oui, je me souviens. Je me rappelle avoir sauter dans ses bras quand il me l'a dit. C'était surement le jour le plus heureux de toute ma vie à ce moment là, je ne pourrais jamais me passer de sa présence à mes côtés, et maintenant que je l'ai retrouvé, je ne compte pas le lâcher.
- Tu m'as tellement manqué, Will. Dis-je finalement, sans vraiment réfléchir.
Il me regarde, surpris, puis sourit doucement.
- Toi aussi, Zeyla. Beaucoup.
Il y a un moment de silence, mais il n'est pas gênant. C'est un silence apaisant, chargé de tout ce qu'on n'a pas encore dit, de toutes les questions qui restent en suspens. C'est seulement en détournant les yeux, que je remarque un groupe de personnes de notre âge qui était planté dans le dos de mon ami d'enfance.
- Hum, Will ? Les personnes derrières toi me font un peu flipper à me regarder bizarrement. Surtout lui. Informais-je mon ami, tout en pointant du doigt un géant.
Il regarda derrière lui et rigola. Il se recula de moi en regardant ces personnes flippantes puis il se retourna une nouvelle fois vers moi.
- Zeyla, ces personnes que tu vois là sont mes amis. Et "lui", comme tu dis, c'est mon copain. Alex. M'informe t-il en rigolant.
- Ho merde, je suis désolé ! Enchantée, je m'appelle Zeyla.
- Salut ! Disent-ils, en même temps.
- Bon je vais te les présenter ! Alors voilà Cameron, Sean, Max, Élio, Shawn. Alexander ou Alex comme tu veux, c'est mon petit ami, mais ça je te l'ai déjà dit. Ils sont dans l'équipe masculine du lycée ! Et ensuite, les filles que tu vois là sont Rose, Layla, Kaliopé, Emma, Jade et Mia qui elles, sont dans l'équipe féminine ! M'énumèrera t-il rapidement avec un grand sourire.
Gros blanc.
- Alors hum. Tu parles un peu vite Will, j'ai pas tous retenus. Luis dis-je, gênée.
- T'inquiète, beaucoup de gens disent la même chose que toi. Me répondit un des gars pour qui j'ai oubliée le nom.
- C'est censé me rassurer ? Rigolais-je. Mais du coup, c'est vous l'équipe féminine qui s'est qualifié pour la finale ? Demandais-je.
- Eh oui ! C'est bien nous ! Dit une fille pour qui j'ai réussis à retenir le nom cette fois.
- Félicitation ! C'est pour ça que vous êtes ici alors ! M'exclamais-je.
- Ouaip ! Là on va voir le match des demi-finales pour savoir qui les filles vont affronter. M'explique William. Mais au fait, qu'est-ce qu-.
Il se fait couper par une voix.
- Zeyla ! Tu viens ? On doit y aller. Cria ma meilleure amie, a l'autre bout du couloir.
- D'accord, j'arrive ! Criais-je à mon tour en tournant ma tête en sa direction. Bon je dois y aller mais je suis sûre qu'on se reverra vite ! En les regardant à nouveau.
Je me dirige vers Carla mais je décide de leur adresser encore quelques mots.
- On se voit en finale, les Harmonian ! Leur dis-je, toujours en marchant vers ma meilleure amie.
J'ai été contente de l'avoir vu avant le match. Ça rapporte un de joie dans dans mon coeur vide.
J'espère le revoir vite ! Plus tard, on aura tout le temps du monde pour parler, rire et retrouver ce lien qui ne s'est jamais vraiment brisé.
Sur le terrain, je me mets en position, mon regard balayé par les visages de mes coéquipières. L'arbitre lève le bras et siffle le début du match. Mon esprit tente de se concentrer, mais l'adrénaline de la rencontre et l'émotion des retrouvailles se mêlent étrangement. Je frappe mes mains contre mes cuisses, cherchant à canaliser mon énergie.
Le premier échange commence, rapide, tendu. La balle fuse de l'autre côté du filet, et je me précipite pour réceptionner. Le contact est net, précis, et la passe part vers la passeuse qui envoie le ballon à notre attaquante. Smash puissant. Point marqué.
Je me permets un sourire fugace. William et ses amis doivent être en train de regarder, quelque part dans les gradins. L'idée me donne un regain d'énergie. Le jeu reprend et je me fonds dans le rythme, plongeant, sautant, criant les consignes. Chaque point marqué me rapproche du moment où je pourrai le revoir.
Lorsque le dernier point est joué et que notre équipe lève les bras dans un cri de victoire, je sens mon souffle s'accélérer. Mon regard balaye la salle. Je veux le retrouver, maintenant. Sortant du terrain, le cœur battant, je me précipite vers la sortie du gymnase, espérant apercevoir son sourire à travers la foule.
À suivre...
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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien :)
Que pensez-vous de ce chapitre ? ;)