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W_stella911
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CHAPITRE 16

PDV de Zeyla :

Je m'affale avec un gros soupire sur le canapé de la salle de repos avec Will, sous le regard amusé de mes amis.

La salle de repos est baignée d'une forte lumière et d'une chaleur intérieure envahissante. Les conversations roulent doucement dans la bonne humeur, des éclats de rire par moments, et je le laisse emporter par cette chaleur familière qui me rend heureuse.

- Je te jure ! Il a failli se casser la gueule avec son plateau tout à l'heure !! Raconte Layla avec des gestes exagérés.

Tout le monde éclate de rire, se foutant clairement de la gueule de Sean. Moi aussi, même si mon esprit vagabonde. Et puis, il passe soudainement son bras autour de mon coup.

Élio.

Une présence qui fait naître une chaleur au creux de mon ventre. Je lève les yeux et mon cœur manque un battement.
Il ne dit rien. Il se penche légèrement vers moi, une main appuyée sur le dossier du canapé. L'odeur de son parfum, un mélange d'épices et d'eau de Cologne qui me trouble aussitôt. Et puis, sa voix, grave mais douce, frôle mon oreille.

- Va te préparer. Je t'emmène en ville. Rien que toi et moi.

Un frisson me parcours l'échine. J'ai l'impression que mon cœur cogne contre ma cage thoracique d'une force incroyable, faisant résonner ses battements dans tout mon être. Mes doigts se crispent sur mes genoux repliés. J'ai rêvé de ce moment, fantasmé des scénarios où il m'invitait à sortir...et là, c'est réel.

Je tourne un peu la tête vers lui. Nos visages sont proches. Trop proches. Son regard, bleu nuit profond, est planté dans le mien avec une intensité qui me fait chavirer.

- D'accord. Je souffle presque sans m'en rendre compte.

Il esquisse un sourire en coin, satisfait, se redresse et s'éloigne lentement vers le couloir des chambres, me laissant là, en proie à une tempête intérieure.

- Oh. Mon. Dieu.

Carla me dévisage, les yeux ronds.

- C'était quoi ça ?!

- Je... Il...

Impossible d'aligner une phrase cohérente. J'ai chaud. Mon ventre se tord d'anticipation.

- T'es encore là ?! Va te préparer ! Me presse-t-elle en agitant les mains.

Je bondis presque du canapé et file dans ma chambre, oubliant totalement les autres toujours dans leur grande discussion.

***

J'ouvre mon armoire en grand et fixe mes vêtements comme si la solution allait apparaître d'elle-même. Trop élégant, trop simple, trop flashy... Rien ne me semble approprié.

Je veux être jolie, mais pas en faire une tonne non plus. Naturelle mais pas négligée. Un stress totalement absurde me saisit. Pourquoi est-ce si compliqué ?

Je finis pas opté pour un jean noir bien ajusté et un haut fluide couleur crème qui met en valeur mes épaules sans trop les dévoiler. Une paires de bottines assorties, et je m'accorde un rapide coup d'œil dans le miroir.
Mes joues sont encore un peu rouge. Le souffle, légèrement saccadé. Je passe ma main dans mes cheveux pour les remettre en place, puis inspire profondément.

Ça va aller.

Je sais mon sac et sors de la chambre.

Quand j'arrive dans le couloir qui mène à la sortie du bâtiment, il est là, adossé contre le mur près de la porte de sortie. Il relève la tête en entendant mes pas, et son regard s'attarde sur moi. Un instant, juste un instant, j'ai l'impression que le temps ralentit.

Puis un sourire éclaire son visage.

- Tu es magnifique.

Ma gorge se serre. Une vague de chaleur m'envahit. Je détourne un instant les yeux, tentant de masquer mon trouble.

- Merci... Je murmure.

D'un geste naturel, il passe un bras au dessus de mon épaule et amorce une marche vers la sortie. Je sens la chaleur de son corps, cette proximité qui me donne le vertige.

- Prête ? Demande-t-il, la voix amusée par ma timidité.

- Plus que jamais.

Et avec lui je franchis le portail du lycée, le cœur battant, prête à vivre cette après-midi comme un moment suspendu, hors du temps.

Quand nous marchons, c'est silencieux. Un silence apaisant, mais qui me fait poser pleins de questions. J'ai les mains moites. Je ne sais pas quoi penser. Mes pensées se bousculent dans ma tête, me donnant presque le tournis.

Où est-ce qu'il m'emmène ?

Est-ce que pue la transpiration ? Mon parfum est-il parti ?

Est-ce qu'il est aussi stressé que je le suis ?

Est-ce que son cœur bat aussi vite que le mien ?

Toutes mes pensées s'entremêlent, ne laissant plus que des flots me submerger de toute part. J'aimerais paraître aussi calme que lui, mais j'y arrive pas. Peut-être parce que c'est le premier garçon qui me fait autant d'effet...

Alors que nous arrivons à l'intersection d'une rue, tout près de plusieurs magasins, il s'arrête brusquement, me faisant presque buter contre son dos. Quand il se tourne vers moi, il me sourit, rassurant, et commence à ouvrir la bouche.

- Ça te va si on commence par aller en centre ville ? J'ai quelques trucs à acheter. Et je me disais...que tu pourrais peut-être m'aider à choisir quelques nouveaux vêtements ? Demande-t-il, sa voix devenant moins sûr.

Et en l'entendant, mon cœur a bizarrement ralenti. Comme s'il était régulé, seulement par le son de sa voix. Alors je me sens plus apaisé, juste par le ton de sa voix qui adoucit mon angoisse. Donc je souris. Je souris parce que je suis heureuse. Je souris parce que je suis avec lui. Je souris parce que je comprends que je tombe amoureuse. Petit à petit.

Je commence à l'aimer... De tout mon être.

Et soudain, sans me comprendre moi-même, je ris sous son regard surpris, où je remarque tout de même un éclat d'amusement.
Peut-être parce que je me rends compte que je stressais pour rien. Peut-être parce qu'au final je n'ai pas à en faire des tonnes.
Quand mon rire se calme, je le regarde, tout simplement en proie d'une profonde joie qui ne me quitte pas.

- Oui. Oui, c'est très bien ça. Allons-y ! Déclarais-je, toute contente.

Son sourire s'agrandit d'autant plus, et il secoue la tête en se mordant la lèvre, comme pour ne pas rire à son tour.

- T'es vraiment pas possible.

J'hausse les épaules avec un sourire qui pourrait être utilisé pour une pub de dentifrice OralB, totalement détendue. Je l'attrape par la manche de son pull et le tire derrière moi pour le traîner vers le premier magasin que je trouve.
J'entre à l'intérieur de celui-ci et va directement dans le rayon des hommes, toujours avec le brun à la traîne dans mon dos.

Une fois face aux piles de vêtements pour hommes, je me tourne vers lui, les poings sur les hanches.

- Tu as besoin de quoi ?

Pendant quelques secondes, il ne me répond pas. Il se met plutôt à me regarder d'une façon que je ne saurais décrire. D'une façon qui me fait sentir comme...merveilleuse. C'est finalement après un moment, qu'il secoue la tête, comme pour se reprendre, et m'adresse le genre de regard qui me ferait fondre sur place.

- J'ai besoin de nouveaux hauts. Je sens que beaucoup vont disparaître dans pas longtemps...

J'hausse un sourcil sans vraiment comprendre le sous-entendu, mais hoche tout de même la tête. Je l'abandonne alors à son sort et prends quelques t-shirt et pulls, ainsi que d'autres petites pépites, que je garde dans les bras en allant dans tous les rayons.
Quand je vais le retrouver, il est au milieu des mannequins, et est en train d'essayer un chapeau à la cow-boy avec des plumes vertes sapins totalement ridicule. Mon téléphone dans ma main droite, je ne perds pas une seconde pour le photographier.

- Élio !

Il se retourne en ma direction, met ses doigts en V sous son menton, et tape la pose comme un vrai charmeur qui, à ce moment précis, ne sait pas charmer. Je rigole et prend des clichés de sa magnifique posture, pendant qu'il continue à poser dans des positions des plus farfelues.
Il finit par se taper un fou rire et pose l'article sur son ancien propriétaire en plastique.

- Alors qu'est-ce que tu m'as pris ?

Je lève les bras avec tout un tas de choses, souriant narquoisement.

- Tu vas voir ! Aller viens, direction les cabines d'essayage, tu vas avoir du boulot !

Il soupire, se demandant sûrement ce qu'il lui est passé par la tête de me proposer ça.

***

- Ouais. Non. Aller change moi ça.

Il lève les yeux au ciel.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il va pas avec celui là ?

- La couleur te va pas au teint !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Il me va très bien !

- Chut ! T'y connais rien, on change !

Il râle et finit par retourner dans la cabine. Déjà 35 minutes que je lui fait essayer des vêtements, et monsieur en a déjà marre.

- Il en reste un dernier et après c'est finit ! Je cris pour qu'il m'entende depuis l'intérieur de la cabine.

Il pousse un juron et sors sa tête du rideau avec un regard blasé. Je me mords la lèvre pour éviter de rire.

- T'as finis de me martyriser ! Ça fait 6 fois que tu me dis que c'est le dernier !!

- Non là, c'est vraiment le dernier. Regarde !

Je lève le bras, montrant ainsi les 8 pulls accrochés sur les cintres.

J'ai jamais dit que c'était un paquet avec un seul article...

C'est alors sous son regard éberlué que je secoue les cintres pour le provoquer un petit peu. Il ouvre la bouche, outré, tire le rideau d'un coup et marche à grands pas vers moi.

Je reste figée. Mon cerveau court-circuite. Son torse nu, juste là, sous mes yeux, me fait perdre tout mes moyens. Mon regard glisse malgré moi sur sa peau, sur la ligne de ses clavicules, sur la légère contraction de ses muscles quand il bouge. Je devrais détourner les yeux, dire quelque chose, n'importe quoi, mais rien ne vient.

Mon cœur cogne contre ma poitrine. Je sens mes joues brûler, et plus j'essaie de me calmer, plus la chaleur grimpe. Je croise enfin son regard, et c'est encore pire. Il sourit, amusé, comme s'il savait exactement l'effet qu'il me fait. Mes doigts se crispent sur les crochets métalliques des cintres.

- Euh... Je...

Ma vois se brise. Génial.

Il arque un sourcil, toujours ce petit sourire au coin des lèvres. Et moi je veux disparaître sous terre.
Il s'approche lentement de moi, toujours avec ce sourire narquois planté sur sa bouche, jusqu'à se poster face à moi. Il se baisse et appuie sa main sur le dossier du fauteuil sur lequel je suis assise. Sa proche devient proche de la mienne, trop proche. Et face à son regard intense, je ne peux m'empêcher de me noyer dans ses iris de nuit. L'air devient chaud et je ne sais plus comment penser raisonnablement.

- Je ne pensais pas que tu aimais autant regarder...

Mes joues me brûlent. Mon souffle se coupe. Et mon cœur s'accélère dangereusement.
Depuis quand est-il aussi sexy ?

- Va...va te changer !! M'exclame-je, en jetant les pulls sur son visage, le regard détourné.

Je l'entends ricaner et le rideau se ferme, me permettant alors de respirer convenablement.

Pourquoi fallait-il que ça arrive ?

À force de me lamenter sur mon sort, je ne vois pas le brun sortir de la cabine, les articles en mains.

- Bon, on y va ? Demande-t-il, d'une tranquillité sans faille.

Pourquoi est-il aussi calme ?! J'ai l'impression que mon cœur va exploser d'une seconde à l'autre !

Il se dirige vers la caisse d'un pas tellement serein avec un visage si neutre, que je me demande s'il ne veut pas finir cette sortie au plus vite. Peut-être regrette-t-il notre excursion tous les deux ? Soudain, une boule d'angoisse se forme au creux de mon ventre et, je me demande si j'ai pas fait une connerie et s'il ne prend pas pour une perverse psychopathe. Autant dire, pas du tout l'image que je voulais lui montrer de moi.
C'est donc dans un silence presque religieux que je le rejoins à la caisse, la tête baissée, honteuse de moi et dans mes pensées.

Il dit au revoir à la vendeuse et nous sortons du magasin. Devant la porte, mes jambes ne veulent pas bouger, mais je m'efforce de continuer à marcher.

Je sais qu'il va vouloir rentrer à l'internat.

Je sais qu'il va vouloir arrêter de me parler.

Il ne va plus me voir comme avant maintenant, tout ça à cause d'un petit dérapage. Élio marche à côté de moi, son sac contenant ses nouveaux pulls à la main. Les rues sont animés, les vitrines sont colorées de vêtements sur mannequin et de décorations en tout genre, et pourtant, un poids s'abat sur ma poitrine.
Cela fait déjà quelques minutes qu'il ne dit rien. Son silence me pèse. Il y a quelques instants, il me parlait, il plaisantait en essayant des accessoires, il me demandait mon avis... Et maintenant, plus rien. Juste nos pas qui résonnent sur le trottoir, au milieu du chahut des passants autour de nous.

J'enfonce un peu plus la tête dans mes épaules, me rétractant presque sur moi-même, et fixe mes pieds. La boule d'angoisse dans mon ventre grandit un peu plus. Il veut sûrement rentrer. Peut-être qu'il a eu son moment de sortie, et que ça s'arrête là.

Un pincement me serre la gorge. J'ai été stupide que cette après-midi allait être spéciale. Stupide d'avoir penser qu'il pouvait potentiellement s'intéresser à moi comme je m'intéresse à lui, autrement que comme une simple amie.

- Ça va ?

Sa voix me tire de mes pensées. Je relève à peine la tête, surprise par son ton. Il s'est arrêté, et je sens son regard sur moi, scrutateur, inquiet.

- Oui... Pourquoi ?

Il fronce les sourcils. Il commence trop bien à me connaître pour avaler ce mensonge.

- T'as l'air...ailleurs. Dit-il doucement.

Je détourne le regard. Mon cœur bat plus vite. J'hésite, mais à quoi bon cacher ce qui me ronge ?

- C'est juste que... Je croyais que tu voulais rentrer... Lâché-je, la vois plus faible que je ne l'aurais voulu.

Il reste silencieux une seconde, et je vois son expression changer. Il me semble...surpris.

- Pourquoi tu penses ça ?

- Je sais pas... Depuis qu'on est sortis du magasin, t'as arrêté de parler. Je pensais que tu...que t'en avais juste marre, en fait.

Un éclat passe dans ses yeux, et il se frotte l'arrière de la tête, un tique que j'ai appris à décerner quand il est nerveux.

- Merde...

Je fronce les sourcils.

- Quoi ?

Il soupire, passe une main dans ses cheveux et secoue la tête comme s'il s'en voulait.

- J'suis con. Lâche-t-il, avec un petit reste sans joie. Je me suis tu parce que...

Il s'interrompt et me regarde droit dans les yeux. Son regard est brûlant d'intensité.

- ...parce que j'essayais de ne pas sourire comme un idiot.

Je cligne des yeux, déstabilisée.

- Hein ?

- Ouais.. Je voulais pas avoir l'air débile. Ça me faisait juste...plaisir, d'être là avec toi.

Son aveu me frappe de plein fouet. Mon cœur rate un battement.

- T'es sérieux ?

- Évidemment que je suis sérieux. Dit-il avec un demi-sourire. Je me rend compte que j'ai tellement voulu cacher mon enthousiasme que t'as cru que je m'ennuyais.

Il passe une main sur son visage, l'air attristé, et visiblement agacé contre lui-même.

- J'suis désolé, vraiment. J'aurais dû faire gaffe...

Un léger rire m'échappe, un mélange de soulagement et d'incrédulité. Je sens la chaleur monter à mes joues.

- Donc en gros, t'as arrêté de parler juste pour ne pas sourire ?

- Ouais...

Il a l'air gêné, et ça me fait bizarrement plaisir. C'est bien la première fois que je le vois autant perdre ses moyens.
Je secoue la tête en souriant, finalement rassurée.

- T'es idiot.

Il rit doucement.

- Un peu, ouais.

Nos regards se croisent, et cette fois, il ne détourne pas les yeux. Il y a quelque chose de différent dans son expression. Un éclat plus intense, une sincérité brute qui me fait frissonner.

- Alors, on continue notre après-midi ? Demande-t-il en penchant légèrement la tête.

- Bien sûr.

Et cette fois, je marche à ses côtés le cœur léger, avec la certitude que cette après-midi est bien plus spéciale que je ne l'avais imaginé.

***

Le banc est froid sous mes cuisses, mais la chaleur de la gaufre encore tiède entre mes doigts compense largement. L'odeur sucrée du caramel fondu me chatouille les narines tandis que j'en prends une bouchée. C'est peut-être la meilleure chose que j'ai mangé de toute la semaine.

À côté de moi, Élio mord dans la sienne avec un plaisir évident.

- Ok, celle-là mérite clairement une place dans le top 3 des meilleures gaufres ! Décrète-t-il, la bouche à moitié pleine.

- Top 3 seulement ?

- Je garde une marge, au cas où on en trouve de meilleures un jour.

Je roule des yeux en souriant. Évidement.

Nos voix se perdent un instant dans le silence du parc. Devant nous, un groupe d'enfants s'amuse à glisser sur une flaque d'eau encore gelée par le froid de la nuit dernière. L'un d'eux, plus téméraire, prend son élan et tente une figure en levant les bras. Je vois venir le drame avant même qu'il ne se produise.

- Oh, il va se vautrer... Murmure Élio avec amusement.

Et en effet, une seconde plus tard, le gamin perd l'équilibre et s'étale de tout son long sur la couche de glace avec un bruit sourd.

Un rire m'échappe. Pas un rire cruel, juste un petit gloussement incontrôlable. Le brun ne fait rien pour cacher le sien.

- Aïe, ça pique. Commente-t-il en mordant dans sa gaufre comme si de rien n'était.

L'enfant de relève tant bien que mal, le visage rouge d'embarras, avant de glisser une nouvelle fois en emportant ses copains avec lui dans sa chute. Et là, s'en est trop, j'éclate de rire sans pouvoir me contrôler emmenant le brun avec moi dans mon rire. Mais c'est sans compter les regards noirs des mères qui nous arrêtent net.

Je sens leur jugement nous transpercer, leur indignation silencieuse se transformer en vagues meurtrières dirigées droit sur nous.

- On est des monstres. Chuchoté-je, tentant de garder mon sérieux.

- Ouais... Faut qu'on se barre avant qu'elles appellent les services sociaux. Répond Élio, sur le même ton.

Nos regards se croisent et, comme si c'était un signal, on explose de rire en même temps. Un vrai, franc et incontrôlable, qui résonne dans l'air qui commence à se refroidir.

- Ok, on y va ! Dit-il en se levant.

J'acquiesce, les joues encore douloureuses à force de sourire. On jette nos cartons de gaufres dans la poubelle la plus proche et on entame notre marche vers l'arrêt de bus.

Il marche à côté de moi, les mains dans les poches, le visage légèrement levé vers le ciel qui commence dangereusement à s'assombrir. J'aimerais figer cet instant, cette légèreté, ce sentiment de liberté qu'on partage sans même avoir besoin de parler.

Je baisse légèrement les yeux et souris pour moi-même. J'ai passé toute la journée à essayer de comprendre ce qu'il pensait, à me torturer avec mes doutes, et pourtant...à cet instant précis, tout est limpide. Je suis bien, avec lui. Et j'ai l'impression qu'il l'est aussi.

Je n'ai plus envie de rentrer. Mais le soir commence à pointer le bout de son nez, et le dernier bus ne nous attendras pas.

- Tu es fatiguée ? Demande Élio en tournant la tête vers moi.

- Un peu... Avoué-je, même si c'est faux.

- Moi aussi.

Je sais qu'il ment, et il sait que je sais. Mais ce n'est pas grave.
Alors on continue d'avancer, côte à côte, jusqu'à l'arrêt de bus.

Le bus est presque vide à cette heure-là. Quelques passagers dispersés, un couple endormi à l'arrière, une vieille dame qui fixe le soleil qui commence à disparaître. L'ambiance est paisible, bercée par le ronronnement du moteur et les à-coups du véhicule sur la route humide.

Élio et moi sommes assis côte à côte, nos épaules frôlant à chaque léger mouvement du bus.

- Tiens. Me dit-il en sortant un écouteur de sa poche. Tu veux écouter un peu de musique ?

J'hoche la tête et prends l'écouteur qu'il me tend. Lorsqu'il le connecte à son téléphone, une douce mélodie s'échappe aussitôt, enveloppant l'espace entre nous d'une bulle de calme.

Je ferme les yeux un instant, bercé par le rythme apaisant. Mon cœur bat encore à la chamade après cette après-midi, après ces rires partagés, après ce moment suspendu sur le banc du parc.

Et puis, dans un élan de courage, je me laisse aller. Doucement, hésitante au début, je pose ma tête contre son épaule.

Je sens son corps se raidir légèrement sous mon poids. Mon souffle se bloque. Est-ce que j'ai fais une erreur ?
Mais quelques secondes plus tard, il se détend. Et puis, dans un geste lent, presque naturel, il glisse sa main dans la mienne. Sa paume est chaude, rassurante. Nos doigts s'entrelacent automatiquement, et un frisson me parcourt, mais ce n'est pas à cause du froid qui commence à se faire ressentir. C'est autre chose. Quelque chose d'inexplicable, qui fait battre mon cœur plus fort, qui me donne envie de rester comme ça pour toujours.

Aucun de nous ne parle. On n'a pas besoin. Le silence entre nous est plus expressif que n'importe quel mot.
Le bus continue sa route, et je me perds dans la musique, dans la chaleur de son épaule sonore ma tempe, dans la sensation de sa main qui tient la mienne comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

- C'est notre arrêt. Murmure Élio en retirant doucement sa main de la mienne.

J'ouvre les yeux, un peu désorientée, et me redresse à contrecœur. Il retire son écouteur, range son téléphone et se lève. Je le suis, et lorsqu'on descend du bus, un bruit familier nous surprend.

La pluie.

Je lève les yeux vers le ciel désormais noir, et des gouttes d'eau froides viennent frapper ma peau. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'était mis à pleuvoir.

- Génial. Souffle le brun, avec un sourire amusé.

D'un même élan, on se met à courir vers l'abri de l'arrêt de bus opposé, sa main qui a de nouveau pris la mienne, nos rires se mêlant au martèlement de l'eau sur le bitume.
Sous l'abri, je relâche un souffle en remettant une mèche trempée derrière mon oreille. Sans aucune veste prise au préalable, je me retrouve avec mes vêtements complètement humidifiés par la pluie glaciale qui s'est infiltrée jusque sous mes habits.

Je frissonne violemment, et Élio s'en rend compte aussitôt.

- Tu as froid ?

- Juste un peu... Admis-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Il n'hésite pas une seconde. Il fouille dans son sac et sort l'un des pulls qu'il a acheté plus tôt. Il prend l'étiquette et tire dessus pour l'arracher avec le bout de ses doigts. Sans un mot, il me le tend.

- Mets ça.

Je baisse les yeux vers le vêtement, surprise.

- Mais il est neuf...

- Et alors ? Tu as plus besoin de ça que moi, là.

Son ton est sans appel.

Un sourire reconnaissant effleure mes lèvres tandis que je baisse doucement les bras de ma poitrine. Mais à peine ai-je baissé le premier bras que je remarque quelque chose.

Élio détourne brusquement les yeux.

Il regarde ailleurs, le visage légèrement crispé, comme s'il faisait un effort conscient pour ne pas fixer... Je baisse les yeux sur mon haut crème et comprend aussitôt. La pluie l'a rendu presque transparent.
Une chaleur soudaine monte à mes joues.

Je m'empresse d'enfiler son pull, qui sent encore le neuf, mais aussi un peu de son odeur qui a du se déposer pendant son essayage. Il est doux, chaud, et bien trop grand pour moi, mais je m'y sens aussitôt bien.

- Merci...

- De rien... Murmure-t-il, toujours en regardant ailleurs.

Je souris pour moi-même, touchée par sa réaction.

La pluie continue de tomber, mais je ne sens plus le froid. Et quelque part, je me dis que cette journée n'aurait pas pu être plus parfaite.







À suivre...
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Aaaaaaaaaaah ! Qu'est-ce je les aimes !! 🦋🦋🥰

Ce rapprochement va-t-il les amener vers le bonheur ? Eux qui ont clairement besoin de savoir ce qu'est l'amour...^^💕

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