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W_stella911
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CHAPITRE 20

PDV de Shawn :

L'autre jour, j'étais dans sa chambre d'internat, assis sur son lit pendant que Carla me dessinait pour son projet d'arts plastiques. J'étais censé rester immobile, fixer un point au loin, mais mes yeux n'arrêtaient pas de revenir vers elle. Chaque trait qu'elle posait sur sa grande toile, chaque fois qu'elle fronçait les sourcils en concentrant son regard sur moi... C'était hypnotisant. Comme si elle était la huitième merveille du monde et que j'étais le seul à le voir.

Et ça, ça m'énerve.

Putain, je ne comprends rien.

Carla m'énerve. Enfin non, ce n'est pas elle. C'est ce qu'elle me fait ressentir. Ça me bouffe le cerveau, ça me met les nerfs en vrac. Pourquoi elle est toujours là, dans un coin de ma tête, à squatter comme si c'était chez elle ? Je devrais juste...je sais pas, arrêter d'y penser ? Mais non. Ça revient tout seul, comme une putain de vague qui te retourne sans prévenir. Je me répète que c'est rien, que c'est juste une fille normale avec qui je dois coucher pour l'oublier, que c'est passager. Mais mon cœur, lui, il s'affole dès qu'elle est là, et ça, c'est pas normal. Il bat plus vite, il cogne fort, il fait n'importe quoi. Et moi, je refuse de comprendre.

D'ailleurs, en parlant de vagues.

Je sors de ma chambre et me dirige vers la salle de repos de l'internat. Je les repère tout de suite. Alexander et Élio sont affalés sur les canapés, en pleine discussion avec nos amis. Carla est là aussi, assise à côté des filles. Je l'ignore volontairement et vais droit vers mes deux meilleurs amis.

- Venez, on bouge. Je lâche sans préambule.

Alexander arque un sourcil.

- Où ça ?

- La plage. L'océan est en vrac, c'est le moment de sortir les planches.

Élio soupire, hésite.

- Mec, t'as vu le temps qu'il fait ?

- Et alors ? Rétorqué-je en croisant les bras. C'est pas ça qui va nous arrêter.

Le brun échange un regard avec Alex, puis hausse les épaules.

- Bon, pourquoi pas. Ça fait un moment qu'on n'a pas eu une vraie session.

- Voilà, merci. Allez, on se bouge.

Je tourne les talons sans un regard pour Carla, ayant tout de même senti le sien sur moi, et me dirige vers la sortie. Derrière moi, j'entends Élio murmurer à Alex :

- Il est bizarre, non ?

- Grave... Répond l'autre. Je te parie que c'est à cause d'elle.

Je serre les poings.

N'importe quoi.

***

Le trajet jusqu'à la plage se fait sous une pluie fine et froide qui martèle les vitres de la voiture. Le vent secoue la carrosserie, fait claquer les branches des arbres au bord de la route. À mesure qu'on approche, une tension sourde me serre la poitrine. Pas à cause de l'océan, non. À cause de tout ce que j'essaie d'enfouir sous la surface.

Quand on arrive, l'endroit est presque désert. Seuls quelques fous comme nous osent s'aventurer ici par ce temps. L'eau est sombre, agitée, et des rouleaux puissants s'écrasent en un fracas assourdissant. C'est parfait.

On sort de la voiture en silence. Le froid nous mord immédiatement, l'air chargé de sel et d'humidité s'infiltre sous nos vêtements. J'ouvre le coffre, balance mon sac sur le sable détrempé et attrape ma planche. Mes amis font pareil, et pendant quelques minutes, on ne parle pas. On se contente de se préparer, méthodiquement.

J'enfile ma combinaison en serrant la mâchoire. Le néoprène glacé colle à ma peau, et l'effort pour la remonter jusqu'aux épaules me réchauffe un peu. J'attache le leash autour de ma cheville, vérifie que tout est bien en place. Chaque geste me vide un peu plus l'esprit. Chaque étape m'ancre dans le moment présent.

Élio brise le silence en ajustant sa propre combi.

- Sérieux, t'as l'air ailleurs, Shawn.

Je ne réponds pas. Je prends juste ma planche sous le bras et me dirige vers l'eau.

Le sable est froid sous mes pieds nus, humide et collant. Chaque pas me rapproche du tumulte des vagues, et avec lui, une étrange sensation monte en moi. Un mélange de colère, de frustration et de soulagement. Ici, au moins, tout est clair. Pas de questions. Pas d'hésitations. Juste l'eau, la force brute des éléments et moi.

L'écume vient lécher mes chevilles alors que je m'avance. L'eau est glaciale, mais ça me fait du bien. J'inspire profondément et plonge sous la première vague.

Sous l'eau, tout devient silencieux. Tout disparaît.

Puis je remonte à la surface, et le chaos recommence.

Je rame fort pour passer la barre, mes muscles chauffent, mon souffle devient plus court. Mais je continue, encore et encore, jusqu'à ce que je sois loin du rivage, là où le tumulte se calme un peu. Je me redresse sur ma planche et me prépare à affronter la vague qui se dresse devant moi, monstrueuse, menaçante. Mon cœur s'accélère, une montée d'adrénaline me traverse. C'est le moment. Je donne quelques coups de rame puissants, me positionne parfaitement dans la pente d'eau qui se forme. Mon corps se tend, mes muscles se préparent. La vague me soulève, je sens la force colossale sous moi. Je bondis sur mes pieds en un mouvement fluide, plie légèrement les genoux pour stabiliser ma trajectoire. Le vent fouette mon visage, des embruns salés explosent autour de moi. L'eau gronde sous ma planche, un rugissement sourd qui vibre jusque dans ma poitrine. Je crave sur la paroi liquide, mon regard fixé sur l'épaule de la vague qui déroule devant moi. Chaque mouvement est précis, instinctif, guidé par la sensation pure.

Et là, juste un instant, tout s'efface.

Plus de questions. Plus de doutes. Plus de Carla.

Juste moi, la vague, et cette impression de voler.

Puis la réalité me rattrape. Un courant me déséquilibre, je tente de corriger, mais c'est trop tard. La vague se referme sur moi avec la violence d'un mur qui s'effondre. L'impact me coupe le souffle, l'eau glacée m'engloutit, m'écrase, me retourne dans un chaos aveuglant.

Je lutte, cherche l'air, mes poumons hurlent. Un instant de panique. Puis l'instinct reprend le dessus. Je me laisse porter, cherche la surface.

Enfin, je remonte. J'aspire une grande bouffée d'oxygène, les vagues continuent de m'agiter comme une marionnette. Je nage jusqu'à ma planche, l'attrape, m'y accroche en reprenant mon souffle. Autour de moi, l'océan rugit encore. Mais dans mon ventre, dans ma tête, quelque chose s'est calmé.

Le bordel de mes pensées, lui aussi, vient de prendre une claque.

Et bizarrement, ça fait du bien.

Une voix me parvient à travers le bruit des vagues.

- Bordel, t'es malade ou quoi ?

Je relève la tête et vois Alexander et Élio ramer vers moi, leurs visages crispés par l'inquiétude.

- C'était quoi ce délire ? Reprend Élio en haletant. T'as failli te faire exploser !

Je hausse les épaules, récupérant mon souffle.

- Ça passe.

- Non, ça passe pas. Rétorque Alex en fronçant les sourcils. On a cru que t'allais pas remonter.

Je détourne le regard. L'adrénaline pulse encore dans mes veines, mais leur inquiétude me serre la poitrine. J'ai juste...eu besoin de ça. Besoin de foncer tête baissée dans quelque chose de plus fort que moi.

- Ça va, je suis là. Dis-je simplement.

Élio secoue la tête, mais ne rajoute rien. On enchaîne encore quelques vagues, plus maîtrisées, moins suicidaires. L'eau glacée commence à peser sur nos muscles, la fatigue s'installe. Finalement, Alexander lève la main.

- J'en ai assez. On sort ?

On hoche la tête et pagayons jusqu'au rivage. Le sable est gelé sous nos pieds trempés. On marche en silence jusqu'à un coin un peu plus sec, où on laisse tomber nos planches avant de s'asseoir. Le vent siffle, fait danser des grains de sable sur nos combinaisons trempées. L'océan devant nous est un chaos perpétuel, gris et menaçant.

Je fixe l'horizon, mon cœur battant plus calmement maintenant. Le silence s'installe, mais ce n'est pas un silence vide. Il est plein de non-dits, de pensées qui s'entrechoquent.

Puis, mon meilleur ami brise l'instant :

- Ok, maintenant tu vas nous dire ce qui se passe.

Je reste muet.

- On n'est pas cons. Enchaîne Alex. Ça fait des jours que t'es bizarre, et là, tu te jettes dans une vague suicidaire comme si t'en avais rien à foutre. C'est quoi le problème ?

Je serre les mâchoires. J'aimerais dire que tout va bien, que j'avais juste besoin de me défouler. Mais leurs regards plantés dans le mien me clouent sur place.

Alors ça sort.

- Je crois que j'ai un problème avec Carla.

Un silence. Ils ne disent rien, attendant la suite.

- Enfin, non, pas un problème. Juste...c'est chiant, c'est relou, je sais pas.

Je passe une main tremblante dans mes cheveux mouillés.

- Elle me fout le cerveau en vrac. L'autre jour, elle me dessinait pour son projet et...je pouvais pas m'empêcher de la regarder. Comme si...

Je cherche mes mots.

- Comme si elle était la seule chose qui comptait dans la pièce. Et c'est con ! Parce que c'est juste Carla, tu vois ? C'est juste une belle fille ! Mais j'arrive pas à l'ignorer. Elle est partout dans ma tête. Ça me rend dingue.

Mes poings se referment sur le sable.

- Et mon cœur...il fait n'importe quoi quand elle est là. Il bat trop fort, trop vite. Comme si...

Je me tais.

Un silence. Puis un rire étouffé.

Je lève les yeux et vois mes deux meilleurs potes échanger un regard amusé. Alexander affiche un sourire en coin, Élio secoue la tête avec un rictus.

- Quoi ? Je demande, les sourcils froncés.

Alex me fixe, amusé.

- Shawn...

Il laisse un silence planer, puis balance, tranquille :

- Félicitations. Tu découvres l'amour.

La phrase me percute de plein fouet. Mon cœur rate un battement.

L'amour ?

Non. Impossible.

Je les regarde, perdu, mais ils ont l'air sûrs d'eux. Et putain...ça me fait peur.

- Impossible... Je lâche immédiatement.

Mon propre rire m'échappe, nerveux, faux. Je secoue la tête, comme pour me convaincre moi-même que ce qu'ils viennent de dire est une aberration.

- Non, n'importe quoi. C'est pas ça.

Mais déjà, quelque chose se noue dans mon ventre. Une chaleur désagréable grimpe le long de ma colonne vertébrale, mon cœur s'emballe de nouveau, mais pas comme quand je suis dans l'eau. Pas l'excitation de l'adrénaline. Non. C'est autre chose. Une peur sourde, viscérale.

Je ravale ma salive, mais ma gorge est sèche.

- Vous dites de la merde.

Alex et Élio se regardent, puis reportent leur attention sur moi. Le noiraud croise les bras, son expression est plus sérieuse maintenant.

- Pourquoi ça te fait paniquer comme ça, alors ?

Je serre la mâchoire.

- Ça me fait pas paniquer.

- Shawn... Élio me fixe, cherchant à percer ce que je refuse de voir. T'es littéralement en train de t'agiter comme si on venait de t'annoncer ta propre mort.

Je lève les mains dans un geste d'exaspération, mais je sais que ce n'est qu'une façade pour cacher ce qui tourbillonne en moi.

- Parce que c'est n'importe quoi ! Je suis pas amoureux, d'accord ? Je peux pas l'être.

Les mots sortent trop vite, trop brusquement. Et au moment où ils franchissent mes lèvres, je sens que quelque chose sonne faux. Mes mains tremblent légèrement. Mon souffle est court. Mon cœur cogne fort contre mes côtes, pas par excitation cette fois, mais par pur stress.

C'est pas possible.

Ça peut pas être ça.

L'amour, c'est flou, c'est imprévisible, c'est...incontrôlable.

Et moi, je contrôle tout. Toujours.

Alexander soupire et passe une main sur son visage, clairement partagé entre amusement et lassitude.

- Shawn, c'est pas une maladie, tu sais.

- Je vous dis que c'est pas ça !

Ma voix claque dans l'air froid et un silence s'abat entre nous. Mon regard passe de l'un à l'autre, mais je me ferme immédiatement, croisant les bras comme une armure invisible.

Je refuse d'y penser.

Je refuse de donner du poids à leurs mots.

Parce que s'ils ont raison...

Je suis foutu.

Le silence s'étire entre nous, seulement troublé par le grondement des vagues au loin. Je fixe un point invisible devant moi, le regard perdu dans l'obscurité du ciel. La marée monte lentement, léchant le sable humide à quelques mètres de nous. L'air est chargé d'embruns, et un frisson me parcourt l'échine, mélange étrange entre le froid et la tempête qui fait rage dans ma poitrine.

C'est ridicule. C'est absurde. Mais ça refuse de s'effacer.

Élio pousse un soupir exagéré, balance un caillou devant lui.

- Bon, tu comptes rester dans le déni combien de temps ?

Je serre les poings.

- Je suis pas dans le déni.

- Tu viens de crier que t'es pas amoureux comme si on t'avait accusé d'un meurtre. Réplique Alex en arquant un sourcil. Tu trouves ça logique, toi ?

Je secoue la tête, refuse de répondre. Parce qu'au fond, j'en sais rien. Parce que plus ils parlent, plus je me sens piégé.

Je m'adosse à mes coudes et fixe l'horizon. La mer est immense, infinie, incontrôlable. Elle me ressemble pas. Moi, je garde le cap. Moi, je décide de ma trajectoire. Mais alors pourquoi...pourquoi j'ai l'impression de perdre pied ?

- C'est quoi qui te fait flipper, au juste ? Demande doucement le brun.

Je sursaute presque à cette question.

Flipper ?

Je relève la tête, croise son regard. Alexander attend lui aussi une réponse, bras croisés sur ses genoux.

- J'ai pas peur... Je mens immédiatement.

- Ah ouais ? Pourtant, t'as la gueule de quelqu'un qui vient de capter qu'il a sauté sans parachute.

Je détourne le regard, serre la mâchoire. Ils n'ont pas tort. Mais l'admettre, ce serait comme signer mon propre arrêt de mort.

Un rire m'échappe, mais il sonne faux, creux.

- Vous êtes chiants.

- Et toi, t'es relou à t'auto-saboter. Lance Alex en secouant la tête.

Je prends une longue inspiration. L'air marin s'engouffre dans mes poumons, mais il ne me soulage pas.

- C'est juste...ça a aucun sens. Dis-je finalement, à mi-voix.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est Carla.

Comme si son prénom à lui seul expliquait tout. Comme s'il justifiait le bordel que je ressens.

Alexander plisse les yeux.

- Et alors ?

Je passe une main sur mon visage.

- C'est pas censé être elle.

- Ah ouais ? C'était censé être qui, alors ? Ironise Élio.

Je ne réponds pas. Parce que je n'ai pas de réponse. Parce que j'ai jamais vraiment pensé à ça avant. Parce que je me rends compte, à cet instant précis, que tout ce que je croyais maîtriser me file entre les doigts.

Et c'est terrifiant.

Le silence s'accroît, seulement troublé par le grondement sourd des vagues et le sifflement du vent. Le ciel s'est assombri encore plus, les nuages lourds s'accumulent au-dessus de nos têtes, étouffant les dernières lueurs du jour. L'océan, lui, ne se calme pas. Il continue de rugir, de frapper la plage avec une brutalité sourde, implacable.

Un frisson me parcourt l'échine, et je ne suis pas sûr que ce soit à cause du froid.

Je sens leurs regards sur moi, pesants, insistants. Je sais qu'ils attendent une réaction, une réponse, quelque chose. Mais je reste figé, les doigts crispés dans le sable humide.

- C'est pas censé être elle... Je répète, mais cette fois ma voix tremble légèrement.

Alexander laisse échapper un rire incrédule, secoue la tête.

- Shawn, tu t'écoutes parler ou pas ? C'est pas censé être elle...mais c'est elle.

Je serre les dents.

- Non.

- Si.

- Non, bordel !

Je me redresse brusquement, plante mon regard dans le sien. Mon cœur bat trop vite, ma respiration est saccadée. Tout en moi hurle que je dois me calmer, mais c'est impossible.

Parce que je suis au bord d'un putain de précipice, et que je refuse de tomber.

- Ça n'a aucun sens. Je murmure, plus pour moi que pour eux.

Élio hausse les épaules, l'air désabusé.

- L'amour, ça n'a jamais de sens.

Le mot claque dans l'air comme une gifle. Je détourne immédiatement les yeux, mais c'est trop tard. Il est là, imprimé dans mon crâne, impossible à effacer.

Amour.

Non. Non, non, non.

- C'est pas ça... Je m'obstine, ma voix plus faible cette fois.

Mais plus je nie, plus mon propre corps me trahit. Mes mains tremblent légèrement. Ma poitrine est oppressée. Une boule d'angoisse me tord l'estomac. Je me sens piégé, acculé, incapable de faire marche arrière.

Alexander soupire, s'adosse sur ses mains en fixant l'horizon.

- OK, admettons. T'es pas amoureux. Alors explique-moi pourquoi t'as réagi comme un mec qui vient d'apprendre qu'il a une maladie incurable.

Je secoue la tête, incapable de répondre.

Parce que c'est trop. Parce que ça me dépasse. Parce que si j'admets qu'ils ont raison...alors tout change.

Et je sais pas si je suis prêt à ça.

Le brun me fixe longuement, puis sa voix tombe, calme mais tranchante :

- Ça te fait peur, hein ?

Je relève brusquement la tête, les mâchoires serrées.

- J'ai pas peur.

Il arque un sourcil, l'air de dire qu'il ne croit pas une seule seconde à ce que je viens de dire.

Alexander secoue la tête, un sourire en coin.

- Shawn, tu te mens à toi-même.

Je me lève d'un bond, pris d'une soudaine agitation, et marche jusqu'au bord de l'eau. Les vagues lèchent mes pieds, glaciales, et je ferme les yeux un instant.

Tout en moi est en train de s'emballer. Mon cerveau, mon cœur, mon souffle. C'est le bordel.

Et je hais ça.

Derrière moi, j'entends Élio soupirer et dire à Alexander :

- Il va mettre cent ans à s'en rendre compte, hein ?

- Oh, largement ! Répond l'autre avec un rire amusé.

Je leur jette un regard noir.

- Fermez-la.

Ils explosent de rire.

Mais moi, j'ai juste l'impression que le sol sous mes pieds est en train de s'effondrer.

***

Quelques jours ont passé.

Mais rien n'a changé.

Enfin...rien, sauf ce poids invisible qui pèse sur ma poitrine, cette foutue sensation d'étouffer sous des pensées qui n'ont rien à faire là.

Je suis en cours d'histoire, assis à ma place, le regard perdu dans le vide. Le professeur parle, sa voix monocorde résonne dans la salle sans que j'y prête vraiment attention. Un exposé sur une guerre ancienne, des batailles, des dates... Rien qui puisse accrocher mon esprit aujourd'hui.

Dehors, à travers la grande fenêtre, le ciel est encore chargé de nuages. Mais il y a ces rayons de soleil, timides, qui percent à travers l'épaisse couche grise et viennent peindre de fines traînées dorées sur le sol humide. Je les observe en silence, hypnotisé par la lente danse des ombres et des lumières.

Mon regard finit par quitter la fenêtre et balaye distraitement la salle.

Élio est avachi sur sa chaise, bras croisés, l'air à moitié endormi. Alexander, lui, prend des notes machinalement, gribouillant probablement plus de dessins que de phrases cohérentes. Les autres élèves sont plongés dans leur propre bulle, certains écoutent, d'autres luttent contre l'ennui.

Et puis, il y a elle. Je ne l'ai pas cherchée. Mon regard s'est posé sur elle naturellement, comme si c'était inévitable.

Carla est assise quelques rangs plus loin, un peu sur le côté. Son visage est légèrement tourné vers le professeur, concentrée sur ce qu'il raconte. Une mèche de cheveux s'est échappée derrière son oreille, retombant devant son œil, et d'un geste distrait, elle l'écarte du bout des doigts.

C'est un geste anodin. Insignifiant.

Mais bordel...pourquoi ça me frappe en plein cœur ?

Je ne devrais pas être en train de la fixer comme ça. Je ne devrais pas ressentir cette chaleur étrange qui me monte au ventre. Je ne devrais pas être aussi conscient de sa présence, de sa silhouette, de la manière dont elle fronce légèrement les sourcils quand elle réfléchit.

Mais c'est plus fort que moi.

Je reste là, figé, à la regarder comme un idiot, alors que tout en moi hurle de fuir.

Parce que je ne peux pas. Parce que ça me fait peur. Parce que c'est elle.

Et que c'est en train de me détruire.

Je sens mon cœur cogner dans ma poitrine, accélérer comme s'il voulait briser ses propres barrières. J'ai envie de détourner les yeux, de reprendre le contrôle, de faire comme si tout ça n'existait pas. Mais c'est impossible.

Je veux être près d'elle. Je veux entendre sa voix, voir son sourire, sentir cette foutue énergie qu'elle dégage et qui me fout en vrac. Mais je ne veux pas. Parce que si je cède...alors je ne pourrais plus jamais faire marche arrière.

Alors quoi ?

Je continue à me torturer comme ça ?

À nier l'évidence, à me faire souffrir tout seul pour éviter ce que je ressens ?

Ou je lâche prise, j'accepte l'inévitable et je plonge dans ce putain de gouffre qui me tend les bras ?

Putain, je suis perdu...

Je déglutis, incapable de répondre à ma propre question. Parce que les deux options me terrifient.

Et que quoi que je choisisse...je sais déjà que je vais me noyer.











À suivre...
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Oula, notre belle artiste éclaire le trouble dans le cœur du coureur de jupons. Il ne se comprend plus lui-même...

Est-ce que ça va le faire réagir ? Le faire changer d'avis sur la démarche à suivre ?

Nous verrons ça :)

Bisous, mes petits volleyeurs !

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