TRIGGER WARNING : Légère violence
PDV de Zeyla :
Le jour de la finale est arrivé très rapidement. Le coach veut absolument qu'on gagne, ce qui est plutôt logique quand on y pense mais d'un autre coté, moi je n'en ai pas très envie.
Après la demi-finale, on est censé avoir deux jours de repos avant le match d'aujourd'hui, mais malheureusement pour nous, notre entraîneur a préféré nous faire faire des entraînements de dernière minute sois disant pour, je cite : « Améliorer nos performances pour la finale et ainsi gagner. »
Enfin bon on verra bien, je jouerais comme d'habitude de toute façon.
Je veux perdre.
Je suis là, assise sur le banc, mes mains tremblent légèrement. Le bruit des gradins commence à se faire entendre. Les encouragements, les cris, les applaudissements, tout résonne autour de moi, mais dans ma tête, c'est le silence total. Je ferme les yeux, essaie de respirer profondément, mais mon cœur bat toujours aussi vite.
Je sais que je suis prête. On a travaillé dur, on s'est entraînées pendant des mois. Chaque passe, chaque attaque, chaque réception est gravée dans mes muscles. Ce n'est pas la histoire qui m'inquiète. C'est lui. Mon entraîneur.
Je le vois au bout du terrain, les bras croisés, le regard fixé sur nous. Il ne dit rien, mais je connais ce silence. Il attend. Il est exigeant, perfectionniste, jamais satisfait. Chaque fois qu'il pose les yeux sur moi, j'ai l'impression qu'il voit à travers moi, qu'il sait ce que je ressens, ce que je pense. Et à cet instant, j'ai peur de le décevoir.
Je suis devenue une meilleure joueuse grâce à lui, je le sais. Mais son exigence est parfois écrasante. Douloureuse. Il m'a poussée à dépasser mes limites, à donner plus que ce que je pensais possible. Aujourd'hui, dans cette finale, je ne veux pas juste gagner. Je veux qu'il soit fière. Je veux qu'il voit ses efforts, ses corrections, ses critiques m'ont menée là, à ce niveau.
Même si cette victoire ne sera pas aussi joyeuse que ce qu'une personne peut rêver, moi je veux seulement éviter le pire. Éviter ce qui peut faire mal.
Je me lève enfin. C'est à moi. Le moment est venu. Mes coéquipières me sourirent, m'encouragent. Elle savent que je suis prête. Mais moi, je n'arrête pas de me demander : «Est-ce que ce sera suffisant pour lui ? Est-ce qu'il verra que j'ai tout donné ? ».
Je respire une dernière fois profondément. Mon cœur bat toujours aussi vite, mais ce n'est plus de l'anxiété. C'est de la détermination. Je vais tout donner. Pour l'équipe, pour moi, mais surtout pour lui. Parce que je ne veux pas qu'il ait le moindre doute. Pas aujourd'hui.
Je veux perdre.
***
On a perdues ?
On a vraiment perdues ?
Se sont les Harmonian qui ont gagnés et nous, les Charmer, ont a perdues ?
Apparemment.
Les applaudissements et les cris de la foule me sortes de ma transe.
Nous avons perdue.
Je regarde Carla qui se trouve à l'autre bout du terrain et la voit sourire, les larmes aux yeux.
Quand elle les regarde à son tour, on se comprend tout de suite.
Nous avons enfin perdues.
***
Quand on est sorties du gymnase, le silence avait pris place au sein de l'équipe.
Avec M.Andrews en tête de groupe, nous nous dirigeons vers le bus pour retourner au lycée.
Une voix cria dans mon dos, faisant tourner ma tête vers celle-ci.
Mes yeux s'écarquillèrent en voyant mon ami d'enfance essoufflé à cause d'un marathon. Les mains posées sur ses genoux, il reprend sa respiration et lève les yeux vers moi.
Je me dirige en sa direction et une fois face à lui, il me prend immédiatement dans ses bras. La tête contre son torse, je le sers dans mes bras à mon tour.
- Tu as très bien jouée, Ella. Me chuchote t-il.
Je ne réponds rien mais hoche seulement la tête pour acquiescer avec un petit sourire en entendant le surnom qu'il me donnait depuis le jour où l'on s'est rencontré. Il trouvait que ça me faisait un nom de princesse.
Après un court moment, je me détache de lui, le regarde une dernière fois et monte dans le bus, sous le regard coléreux de l'entraîneur, la tête baissée, le poids de la défaite accroché à mes épaules comme une chape de plomb.
L'air est lourd, oppressant. Personne ne parle. Pas un mot, pas un murmure. Seuls les soupirs et les froissements de sacs brisent le silence accablant. Mon cœur bat trop fort, un martèlement sourd qui résonne jusque dans mes tempes. J'ai l'impression que chaque inspiration est un effort, que l'air lui-même est saturé de tension.
Notre entraîneur est assis à l'avant, les bras croisés sur sa poitrine. Son regard fixe l'avant du bus, mais on sent sa colère, sa déception. Il n'a rien dit depuis qu'on a quitté le gymnase, et c'est presque pire que s'il nous avait crié dessus. L'attente est insoutenable, une menace muette qui plane sur nous, prête à s'abattre.
Je m'installe à côté de ma meilleure amie. Nos yeux se croisent, et je lis en elle ce que je ressens moi-même : la peur de ce qui nous attend. Mon estomac se serre violemment, comme si une main invisible l'empoignait. On est toutes cuites. Chaque muscle de mon corps est tendu, prêt à encaisser le choc, prêt à se ratatiner sous le poids de la honte.
Le trajet dure une éternité. Personne ne sort son téléphone, personne ne plaisante. D'habitude, même après une défaite, on essaie de se remonter le moral. Mais pas cette fois. Cette fois, c'était la finale. Et on a perdu. L'atmosphère est glaciale, un silence pesant où chaque respiration semble dérangée par le poids de la déception. La lumière blafarde du bus accentue nos visages tirés, fatigués, hantés par l'échec.
Et pourtant, au fond de moi, une sensation étrange émerge, inattendue. J'ai toujours voulu savoir ce que ça faisait de perdre vraiment. Pas un simple échec en phase de groupe, pas une défaite sans conséquence. Non, une vraie défaite, celle qui marque, celle qui broie l'ego et rappelle que rien n'est jamais acquis. Le goût amer de l'échec brûle ma gorge, mais je refuse de le recracher. Parce qu'au fond, le goût de la victoire peut devenir un poison à la longue, un mensonge confortable qui nous fait oublier l'essence même du sport. La douleur de l'échec, c'est aussi ça qui forge un compétiteur.
Quand le bus s'arrête enfin devant le gymnase, personne ne bouge tout de suite. Puis, sans un mot, on descend une à une, la tête basse. L'air froid de la nuit me donne des frissons, mais ce n'est rien comparé à la peur qui monte en moi, une peur sourde qui me ronge de l'intérieur. Mon souffle se fait plus court, mes jambes semblent plus lourdes.
- En ligne. Tonne la voix de l'entraîneur.
On obéit aussitôt, se plaçant face à lui. Son regard nous transperce. Il n'y a pas besoin de mots pour comprendre ce qu'il pense. On l'a déçu. Et il va nous le faire regretter. Chaque seconde qui passe est une torture, une attente insupportable avant l'orage. Mon ventre se tord d'angoisse, mes mains deviennent moites, et je n'ose pas lever les yeux. La nuit autour de nous semble s'assombrir encore plus, étouffante, comme si elle s'associait à sa colère pour nous enfermer dans un cauchemar dont nous ne sortirons pas indemnes.
Clac !
Un silence glacial emplit la pièce, un silence que je connais que trop bien. Je n'arrive plus à le supporter.
Ça fait combien de fois qu'il fait ça ? Tellement de fois que je ne les compte même plus.
M.Andrews nous a toujours apprit à gagner, mais depuis aujourd'hui, l'équipe est passée n•2. Nous ne sommes plus les favorites. Et ça, ça ne lui plaît pas du tout.
- Ça va bientôt faire trois ans. Trois ans que je vous entraîne. Trois ans que vous êtes les meilleures grâce à MOI ! TROIS ANS !!! Et là, vous avez perdues contre des moins que rien ?!! Cria t-il avec froideur.
Toujours ce silence insupportable.
- Je vous avais dit de ne pas me faire honte ! Et qu'est-ce que vous faites ?! Vous perdez contre une équipe de bas-étages !! Et toi là !!! Hurla t-il en me pointant du doigt.
Je lève la tête et le regarda dans les yeux.
- Tu es censée être la championne ET la capitaine de l'équipe ! Tu dois la faire gagner mais qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?! RIEN ! Tu as été nulle !!! Une moins que rien !!! Je devrais te virer de l'équipe pour ton incompétence ! Me cria t-il au visage.
- Et qu'est-ce que qui vous en empêche ? Murmurais-je.
- Quoi ? Tu as quelque chose à répondre ? Demanda t-il, ironique.
Je devrais me taire.
- Pourquoi vous ne le faites pas ? Dis-je, toujours pas assez fort.
- Répète plus fort, j'entends pas !! Dit-il à son tour.
C'est bon, j'en ai marre.
- Et qu'est-ce qui vous en empêche ?!! Criais-je.
Je crois qu'il n'a pas l'habitude qu'on lui cris dessus, vu sa tête.
- Déjà, ne me parle pas sur ce ton !! Tu me dois le respect ! Et pour répondre à ta question, tu es un très bon moyen pour faire gagner l'équipe. Me répond t-il.
Alors c'est tout ce que je suis ? Un "moyen" ?
Si c'est comme ça.
- Dans ce cas, je quitte l'équipe. Lui dis-je en le regardant droit dans les yeux.
Je retire mon maillot, lui jette à la figure et je pars du gymnase sans un regard en arrière.
***
- Je veux changer de lycée. Dis-je à mes parents de but en blanc.
Quand je suis rentré chez moi le soir même, j'ai dis à mes parents que je devais leur parler. Donc me voilà assise sur le fauteuil devant le canapé où ils sont assis.
- Pardon ? Demande ma mère, peu sûre d'avoir compris.
- Je veux changer de lycée. Je ne supporte plus cette école, en plus j'ai quitter l'équipe.
- Tu as quoi ?! Tu aurais pu nous en parler avant chérie, c'est tellement soudain ! S'écrit-elle.
- Désolé, mais j'avais vraiment besoin de le faire. L'ambiance au sein du groupe devenait de plus en plus froid et je n'arrivais plus à le supporter. Je suis désolé si ça vous dérange mais c'est ce que je veux. Partir de ce lycée, me faire de nouveaux amis et aller dans une autre équipe.
- Tu es sûre de toi ? Intervient mon père pour la première fois.
- Richard ! S'écrit-elle une nouvelle fois en le regardant.
- Oui, je suis sûre de moi. Répondis-je à mon père.
Il soupire et baisse la tête. Il doit sûrement poser le pour et le contre. C'est vrai que j'en demande beaucoup, nous venons juste de commencer l'année et moi je leur dis que je veux changer de lycée. L'année du BAC en plus de ça !
- Écoute chérie, je pense que Zeyla sent qu'elle ne veut plus être dans ce lycée, c'est qu'il y a une raison. Tout ce que je veux c'est que ma fille, mon petit bébé, aille en cours la tête haute et pas à reculons. Qu'elle rentre à la maison avec le sourire et qu'elle nous raconte sa journée. Je ne veux pas la voir dans un lycée où elle n'est pas heureuse. Commence mon père en regardant ma mère. Chérie, avec ta mère on va tout faire pour te transférer dans un autre lycée pour que tu puisses y aller juste après ces vacances d'octobre. Mais il faut que tu nous dises où tu veux aller. Continua t-il en me regardant cette fois-ci.
Mon père est le meilleur.
- Je...je veux aller au lycée Harmonian.
À suivre...
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Bonjour à tous, comment allez-vous aujourd'hui ?
Le chapitre nous en apprend plus sur les raisons qui ont poussé notre protagoniste à changer de lycée !
Mais pour savoir comment va se dérouler la suite, rendez-vous dans le prochain :)