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2 - Chapitre 1
3 - Chapitre 2
4 - Chapitre 3
5 - Chapitre 4
6 - Chapitre 5
7 - Chapitre 6
8 - Chapitre 7
9 - Chapitre 8
10 - Chapitre 9
11 - Chapitre 10
12 - Chapitre 11
13 - Chapitre 12
14 - Chapitre 13
15 - Chapitre 14
16 - Épilogue
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Pythonisse
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Chapitre 6

En rentrant chez moi, je m’effondrais sur mon canapé, vidé de toute énergie, de toute motivation et de tout entrain. Durant l’après-midi, mon cerveau n’avait fait qu’osciller entre réfléchir et travailler. Le pire étant que j’avais tellement créé de connexions entre mes neurones à cause de mon collègue que j’avais passé plus de deux heures sur un compte-rendu, avant de réaliser que j’avais échangé plusieurs chiffres de recettes, ce qui avait corrompu absolument tout mon document. Afin de réparer mon erreur, j’avais dû quitter le bureau une bonne heure plus tard que d’habitude.

Je n’avais plus qu’une heure de libre avant de devoir rejoindre les autres au bar. Tandis que je me décidais à me préparer, un message de mon inconnu fit vibrer mon portable.

« Le fait que tu ne répondes pas veut dire que je n’aurais jamais le droit de te toucher ? »

Je répondis mollement.

« Pour me toucher, il faudrait déjà qu’on se voie (pas qu’on se rencontre, puisque tu dis qu’on se connaît. D’ailleurs, je trouve ça vraiment flippant que quelqu’un que je suis supposé connaître se planque derrière un numéro anonyme pour me parler. Est-ce qu’on se croise souvent ?) et je ne suis pas certain de vouloir me laisser tripoter par un pervers qui me demande des photos pour se pignoler tout seul dans son coin. Servir de poupée gonflable, c’est pas vraiment mon truc. »

J’enfonçai mon visage dans un coussin en grognant. J’étais de mauvais poil. Je ne savais plus quoi penser de Beryl, d’Anna ou de ce connard qui me textait. Je n’avais jamais été un gars populaire. Sans être repoussant, je n’étais pas une gravure de mode, j’étais normal, lambda. Pourtant, en ce moment, tout se mélangeait et ça ne me plaisait pas. Ma collègue, c’était une affaire réglée, je ne souhaitais rien de plus. Cependant, entre mon interlocuteur mystérieux et Beryl, mon cœur tanguait. L’un était dragueur, me suppliait presque de l’appeler mon amour, l’autre me touchait sensuellement sans prendre réellement la peine de se cacher.

Je me relevai et fonçai sous la douche que je choisis chaude et longue afin de laver autant mon corps que mon esprit. Ensuite, je me rendis dans ma chambre, j’ouvris les portes de mon placard en grand dans un geste théâtralisé et mis un bon quart d’heure à décider quel sous-vêtement je porterai soir.

Après quelques essayages, je me statuai pour un modèle cheeky1, qui ne se verrait pas sous mon jean.

J’enfilai le pantalon sombre, confortable bien que près du corps, un t-shirt habillé et une paire de chaussures de ville. Je pris le temps de coiffer mes cheveux un minimum et j’attrapai une veste en cuir brun.

En inspectant ma tenue dans le miroir, une pensée traversa mon esprit. J’avais toujours eu une morphologie fine. Je n’étais pas très musclé, mes épaules et mes hanches étaient étroites et j’avais même le creux de la taille un peu marqué. J’étais aux antipodes de mes deux collègues masculins avec leurs épaules larges et leurs corps plus sculptés.

Un soupir lassé franchit mes lèvres. Petit, Fanny m’habillait souvent avec ses vêtements féminins et notre album photo de famille regorgeait de clichés de ma personne portant les robes de ma sœur, des chouchous dans les cheveux et parfois, du fard sur les yeux.

Je sifflai rageusement entre mes dents. C’était décidé, j’allais me mettre à la musculation ! Je saisis mon portefeuille et mon téléphone avant de rejoindre le Uber qui me conduirait à ma soirée.

Je me présentai le premier au bar, profitant de mon avance pour allumer une cigarette. Appuyé contre la devanture de l’établissement, j’entendais une musique dont les basses faisaient vibrer quelque peu la vitre.

— Ethan !

Je perçus les claquements des talons d’Anna avant de la voir apparaître dans mon champ de vision. Elle avait troqué ses éternels tailleurs cintrés pour une longue robe d’été vaporeuse à motif fleuri. Arrivant à ma hauteur, elle me regarda de haut en bas.

— T’es bien en tenue civile !

Je haussai un sourcil, amusé.

— En tenue civile ? À croire qu’on bosse pour l’armée.

— Ben, les costumes, ça va deux minutes. Certes, on présente bien, mais c’est quand même mieux de nous voir au naturel, non ? Comment tu trouves ma robe ?

Elle tourna sur elle-même et je hochai la tête.

— J’aime bien. C’est différent de ce que tu portes au boulot.

— Et bien plus confortable, rit-elle.

— Salut vous deux ! nous apostropha Luc. Beryl n’est pas encore là ?

— Nan, il se fait désirer on dirait, répondit Anna.

Après quelques délibérations, Luc prit le temps d’appeler l’absent, pour nous prévenir ensuite qu’il serait en retard. Nous décidâmes donc d’aller nous installer sans lui. Notre dreadeux national nous précéda, donna son nom à l’entrée et une jolie demoiselle déguisée en chat nous mena à une des cabines qu’il avait réservées.

Nous pénétrâmes dans la pièce carrée d’une taille modeste. Au sol, une vaste table basse rectangulaire était entourée de gros coussins moelleux. Je me laissai tomber sur l’un d’eux, avant d’ôter ma veste tandis que mes deux collègues s’asseyaient en face, l’un à côté de l’autre. Au milieu de la table, une tablette s’alluma en tintant joliment et Luc se pencha vers elle.

— Vous voulez quoi ?

— C’est pour commander ? Trop cool, s’extasia Anna. Une pinte !

— Un mojito pour moi, s’il te plaît.

— OK, rit Luc. Alors, deux pintes et un mojito.

Il tapota quelques instants sur l’appareil et nous avertit que la commande était partie.

Plusieurs minutes plus tard, on toqua à la porte et la demoiselle aux oreilles de chats de plus tôt posa nos verres ainsi que plusieurs petits bols remplis de gâteaux apéro. Elle s’éclipsa en trottinant, faisant onduler la fausse queue féline attachée à sa taille.

Tous les trois, nous commençâmes à discuter avec entrain. Étonnamment, j’étais soulagé de pouvoir débuter la soirée sans que Beryl soit là.

D’un côté, je voyais bien qu’Anna était sur la même longueur d’onde que moi ; nous avions passé un morceau de nuit ensemble et c’était suffisant. Elle ne semblait pas vouloir plus et moi, je savais que je n’attendais plus rien d’elle, charnellement parlant.

Mais le cas de Beryl était différent. J’avais peur que son intérêt pour moi ne soit trop grand. Je n’étais plus du genre à m’investir dans une relation. Après le fiasco de mon dernier essai, j’avais pris la décision de ne plus m’encombrer d’amant.e.s officiel.le.s. Il était hors de question que je me dévoue à nouveau à un.e partenaire, à qui je devrais cacher mon vrai moi.

Je trouvais bien plus simple de laisser la vie s’écouler, faire des rencontres faciles, sans prises de tête et dont je pourrais me passer d’ici quelques semaines voire quelques jours.

— Et là, je vous jure que la nana m’a pourri comme jamais ! Comment je pouvais me douter que c’était son verre ? Il était devant moi !

Anna et moi rîmes à l’anecdote de notre collègue. Leurs pintes et mon mojito déjà bien entamés, je commençais à me détendre. J’avais de la chance d’avoir un groupe de travail si amical. Beaucoup d’autres chefs d’équipes de la boîte ne partageaient pas autant avec leurs subalternes.

Soudain, la porte s’ouvrit doucement et Beryl entra. Lui aussi avait pris le temps de se changer et je fus assez surpris du style qu’il arborait ; pantalon cargo kaki, rangers et t-shirt noir surmonté d’une veste semblable à un bombers d’un coloris orange strié d’écritures foncées. Il avait un casque à la main qu’il déposa par terre.

— Beryl ! T’es grave sexy comme ça ! s’exclama Anna.

Elle se leva et le fit tourner sur lui-même, peu avare en compliments pendant que je me délectais d’une gorgée de ma boisson.

— T’es venu en moto ? s’informa Luc.

— Ouep, c’est chiant de prendre la voiture. Alors, on en est où ? J’ai beaucoup de retard ?

Il prit naturellement place à côté de moi, même si le coussin sur lequel je campais ne lui laissait plus énormément d’espace. Je me décalai un peu, plus pour m’éloigner de lui que pour qu’il soit mieux installé.

Luc et lui commandèrent à boire. Anna, quant à elle, ne se remettait pas de sa découverte.

— T’es tellement différent de ce qu’on voit de toi au boulot ! C’est fou !

Il rit.

— Toi aussi ! répliqua-t-il d’une moue taquine. T’es bien plus sympa comme ça ! Je t’avoue qu’au début, j’te prenais pour une pet sec. Alors qu’habillée de cette manière, t’as l’air bien plus cool !

J’échangeai un regard amusé avec Luc, et Anna rebondit dessus.

— Mais vous êtes tout beaux, les gars ! Mais reconnaissez que Beryl a vachement plus de style !

— T’entends, ça Luc ? On est « tout beaux », comme des petits chiots, me moquai-je.

L’intéressé rit une nouvelle fois tandis que Beryl prenait notre défense.

— Le boss est assez sophistiqué, je trouve. C’est sympa aussi, ça lui correspond bien. Et Luc, il suit la mode apparemment, ça lui va bien, c’est pas donné à tout le monde.

— En tout cas, je suis contente, je suis bien entourée et je vais pouvoir me la péter ! Venez, on fait une photo ! minauda-t-elle.

Elle sortit son portable et nous tourna le dos, levant l’appareil. Son voisin de table s’approcha d’elle tandis que le mien m’attirait à lui, prétextant de nous mettre dans la bonne position pour le cliché.

Son bras autour de ma taille, je fis mon possible pour sourire convenablement et à peine le flash éteint, je le repoussai et m’asseyais plus loin. Oui, ce soir, je boudai ! Et je continuerai à ne pas forcer l’amabilité tant que je n’aurai pas pris de décision envers lui.

La nuit était déjà bien avancée lorsque je me levai afin de me rendre aux toilettes. En me redressant, je tanguai si fort que je dus me rattraper à la table pour ne pas m’étaler par terre. Beryl saisit mon bras pour éviter que je ne bascule plus.

— Eh ben, boss, t’es bourré ?

Je m’arrachai de sa prise un peu violemment et lui répondit d’un ton froid.

— J’suis pas soûl. J’ai juste trop bu. Je reviens.

Une fois debout, je marchai d’un pas incertain afin de passer la porte et quand je m’apprêtai à la fermer, une main la retint.

— Attends, je t’accompagne. J’ai pas envie que tu nous fasses un coma dans les wc, ricana-t-il.

J’affichai un visage blasé, puis, haussant les épaules, je repris ma route. Dans un geste qui m’aidait à tenir droit, mes doigts longeaient le mur, me donnant un minimum d’équilibre. Je l’entendais marcher derrière moi. Le simple fait qu’il soit là me mettait mal à l’aise. Peut-être que je ferais mieux de rentrer.

Arrivant devant la porte, je calculai mal les distances et loupai la poignée de vingt bons centimètres. Je basculai en avant et m’effondrai à moitié contre le battant en bois. Avant que je ne glisse au sol, le bras de mon collègue s’enroula autour de mon ventre et me redressa. Perdant l’équilibre de nouveau, je retombai lourdement contre son torse, m’agrippant à sa manche pour ne pas finir les fesses par terre.

— Merde…

— Et tu vas dire que t’es pas bourré ? se moqua-t-il.

— La ferme. Lâche-moi. Je suis encore capable de marcher tout seul !

— C’est ça, oui. Allez, entre, t’as besoin de te rafraîchir.

Sans me relâcher, il ouvrit la porte et me poussa gentiment. J’allais me cramponner au premier lavabo, le souffle chaotique et le regard vitreux. Je n’aurais peut-être pas dû boire autant.

Actionner le robinet fut une véritable épreuve. Je manquai plusieurs fois la manette et Beryl vint derechef à ma rescousse, l’enclenchant pour moi afin que l’eau fraîche s’en extirpe enfin.

Je posai mon bassin contre le meuble pour me retenir et me rinçai le visage à plusieurs reprises sans le remercier ni même lui jeter le moindre coup d’œil. Ma tête tournait un peu trop. Sans que je ne l’aie vu approcher, il se mit soudain à me parler à voix basse.

— Boss…

Est-ce qu’il faisait exprès d’utiliser cette voix ou est-ce que mon cerveau me convainquait d’entendre uniquement ce qu’il voulait ? Je remontai ma paume sur mon oreille, l’empêchant de continuer. Pas démotivé pour un sou, il embrassa mes doigts du bout des lèvres tandis qu’il saisissait mes hanches, me tirant en arrière afin que mon postérieur se plaque presque contre son bassin. Je me reteins au lavabo. Est-ce qu’il était en train de recommencer… Ici ?

Une moue dégoûtée s’esquissa sur mon visage. D’abord l’ascenseur, maintenant les wc… C’était quoi son délire ? L’exhib’ dans les endroits les plus glauques qu’il pouvait trouver ? Je passai ma main dans mon dos et repoussai son ventre.

— Je peux savoir ce que tu penses avoir l’autorisation de faire ?

Il se mouva légèrement, sans pour autant me lâcher.

— Je m’assure que tu ne finisses pas la tronche par terre.

— C’est ça. Dans ce cas, éloigne ta bite de moi, s’il te plaît.

Il rit, mais s’écarta tout de même. Je profitai de cet espace inespéré pour sortir et me diriger vers l’extérieur. Je ne marchai pas droit, et dus me tenir à plusieurs objets et personnes afin de parvenir à m’extirper du bar pour rejoindre un banc dans la ruelle qui le jouxtait. Je m’y assis, inspirant longuement puis tâtai mes poches avant de râler. J’avais oublié mes cigarettes dans ma veste, restée à l’intérieur avec les autres.

— Tiens.

Je relevai un regard mi-dédaigneux, mi-reconnaissant vers le bâton de nicotine puis l’attrapai. Il actionna son briquet, alluma ma clope avant de faire de même avec la sienne et de se placer à côté de moi. Mon dos retomba contre le mur en brique, m’assurant un équilibre précaire.

— Boss, je peux te poser une question indiscrète ?

Je fermai les yeux, en proie à un début de nausées.

— Oui, tu peux. Mais je ne te garantis pas que j’y répondrais.

— Est-ce que je te plais ?

Je restai interdit quelques instants avant de répliquer.

— Je sais pas. T’es pas dégueulasse, mais tout ce que je connais de toi, c’est que t’es un vrai pervers, que tu aimes me mettre mal à l’aise et faire des sous-entendus graveleux.

— Je suis « pas dégueulasse » ? répéta-t-il. D’accord, je vois le genre. Tu es plus du style regards langoureux, effleurement des mains et comédies romantiques ?

Je ne pus retenir un soufflement de nez exaspéré.

— Mais tellement pas ! Mais toi, t’es trop… comment dire ?

— Sexy ?

— T’es chiant.

— Quoi ?

Je ris à son air choqué.

— Tu te rends compte de ce que t’as fait tout à l’heure au taf ? On aurait pu se faire attraper !

— Me remets pas toute la faute dessus, s’indigna-t-il. Tu m’as aussi donné l’autorisation d’une façon assez claire. Y a quoi maintenant ? Tu regrettes ?

Je pris une bouffée de goudron saupoudrée de nicotine.

— Je dirais pas ça. Je souhaite juste que tu arrêtes de faire ça quand on est avec des gens.

— Ça veut dire que tu serais d’accord si on était seuls ? rebondit-il.

Mon visage chauffa quelque peu à son interrogation. Est-ce que c’était vraiment ce que je sous-entendais ?

— Euh… C’est pas…

D’un geste vif, il attrapa mon menton et déposa un microbaiser sur mes lèvres.

— Finissons la soirée ensemble ! proposa-t-il.

Il se recula et je sentis clairement mon cerveau carburer pour trouver un bon argument afin de refuser.

— On est venus boire avec Anna et Luc, on peut pas partir comme ça !

— C’est bon, on s’en fout. Excuse-moi, mais entre celle que t’as baisée et l’autre benêt… Je les aime bien, hein, mais à choisir, je préfère qu’on soit tranquille.

J’ouvris la bouche, décontenancé.

— Mais t’es vraiment un connard, en fait !

— Ouais, j’avoue, je suis plutôt égoïste. Et quand j’ai une idée en tête, je l’ai rarement ailleurs. Alors ? On récupère nos affaires et on se casse ? Tu veux monter sur mon gros engin ? me demanda-t-il d’un air entendu.

Je gémis de dégoût, écrasant ma cigarette dans le cendrier extérieur.

— T’es lourd… C’est affolant à quel point t’es beauf. C’est tellement pas sexy…

Il rit de bon cœur avec moi.

— C’est vrai, j’oubliais à quel point Monsieur le boss était sophistiqué. Alors, dis-moi ce que je dois faire pour te séduire ?

— Donne-moi une clope pour commencer, dis-je en tendant la main.

Il s’exécuta. J’allumai le bâton de nicotine puis actionnai difficilement mes quelques neurones qui n’étaient pas noyés dans mes mojitos.

— Je sais pas, essaie d’être naturel…

— Je crois que c’est naturel pour moi d’être lourd et beauf, ricana-t-il. Mais je pense que je peux faire un effort.

— Ah oui ? m’informai-je, un peu plus intéressé.

Il me montra un visage joyeux, se pencha vers moi et me susurra au creux de l’oreille :

— Mais seulement si tu m’appelles « mon amour ».

Sa phrase me fit l’effet d’un électrochoc. Je sursautai, m’éloignant de lui par la même occasion. Son sourire carnassier rencontra mon air effaré.

— Toi… Tu… C’est toi qui…

— Ethan, Beryl, mais qu’est-ce que vous faites ? Ça fait une demi-heure qu’on vous attend !

Luc, les poings sur les hanches, nous hélait du bout de la ruelle. Quant à moi, j’avais dessoûlé en un instant. Ce fut pourtant Beryl qui réagit le plus rapidement.

— Désolé, c’est moi qui lui tiens la jambe.

Mon cœur battait bien trop vite pour que je puisse avoir un comportement normal. Alors, foutu pour foutu, je me ruai à l’intérieur du bar, retournai dans notre salle, attrapai ma veste en bredouillant un « au revoir » à Anna et ressortais à la hâte, croisant les garçons.

— Boss, où tu vas ?

— Je rentre. À lundi.

Sans un mot de plus, je pressai le pas et partis à la recherche d’un taxi.

Dans les ruelles que je dévalai à vive allure, la confession de Beryl me rendait fébrile. Je ne savais pas si je devais être heureux ou non.

Une fois dans la voiture, je pus enfin reprendre mon souffle. Je maintins mes mains pour les empêcher de trop trembler et je fixai mon attention sur tous les petits détails anodins que je repérai.

Le trajet passa à une vitesse folle. J’eus à peine le temps de le réaliser que j’étais déjà en bas de mon immeuble, tendant ma carte bleue au chauffeur.

Une seconde plus tard, je claquai ma porte d’entrée, hébété, encore retourné par ce que la compréhension des mots de mon collègue avait occasionné comme dégâts à mon cerveau.

1Un cheeky est un shorty plus échancré.

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