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Anasims1605
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Chapitre 10 : Le début d'une nouvelle histoire

Je jette mon sac sur le lit de cette chambre louée au-dessus du saloon.
L'endroit pue l'alcool, la sueur et les cendres froides.
Josh referme la porte derrière lui, lentement, presque avec respect.
Il tient toujours le chapeau de mon père entre ses mains, comme un poids sacré. Il le dépose sur la commode, près de l'entrée.
Puis il reste là. Figé.

Il ne me regarde pas.
Il attend.
Peut-être un mot. Un signe. Une faiblesse.

Je me retourne vers lui. Mon regard est dur, coupant.
Eryn :
- Tu peux partir. Merci pour ton aide.

Je tourne les talons, sèchement.
Le bois craque sous mes bottes.
Je commence à déplier quelques vêtements, sans me presser, sans un mot de plus.
Un geste simple, mécanique, mais lourd de sens.
Comme si je lui disais : « Laisse moi, j'ai plus besoin de toi ».

Derrière moi, j'entends le silence s'étirer.
Lourd. Étranglé.
Puis, enfin, le bruit de ses pas qui reculent.
Un soupir. Une poignée qui s'abaisse.
Et le claquement discret d'une porte qui se referme.

Je suis seule.
Et c'est exactement ce que je veux.

Je m'assois lentement sur ce lit poussiéreux.
Le matelas grince sous mon poids, comme si même lui n'avait pas envie de supporter ce que je porte en moi.
Mes coudes reposent sur mes genoux, mes mains s'enfoncent dans mes cheveux.
Je ferme les yeux.

Les mots de Dutch résonnent encore dans ma tête.
« Désormais, tu n'es plus une victime. Tu es une arme en liberté. »
Mais... est-ce vraiment ce que je dois être ?
Je ne sais plus. Je ne sais plus rien.

Puis, comme une lame glissant sous la peau, une autre voix revient.
Plus froide. Plus cruelle.
« Tout ça, c'est à cause de toi. S'il meurt... c'est parce que t'es une petite traînée qui traîne avec le gang de Dutch. On t'a vue... avec notre vieil ami Arthur. »

Je redresse brutalement la tête.
Mes doigts se crispent autour de mes jambes, si fort que mes ongles enfoncent la chair à travers le tissu.
Mon regard se durcit.
Ma mâchoire se serre.
Un seul nom sort de mes lèvres, dans un souffle presque grondant :

Eryn (d'une voix déterminée) :
- Arthur...

Ce prénom, ce foutu prénom...
C'est lui qui a scellé le sort de mon père.
Pas une balle perdue. Pas une erreur. Un message.
Un règlement de comptes dans lequel j'étais la cible. Et mon père, le prix à payer.

Un coup discret frappe à la porte.
Une voix étouffée passe à travers le bois :

??? :
- Un homme veut vous voir. Vous voulez que je le fasse monter ?

Je me lève, sans même répondre.
Le sol grince sous mes pas. Chaque marche descendue est un coup de marteau dans ma poitrine.
Mais je ne ralentis pas.

En bas, le saloon pue la bière éventée et la sueur.
Et là, accoudé au bar comme si de rien n'était...
Arthur.

Il lève la main, un sourire léger au coin des lèvres, teinté d'une incompréhension sincère.
Mais je ne souris pas.

Je marche droit vers lui.
Mes bottes claquent contre le bois, attirant quelques regards.
Je me plante devant lui.
Je le fixe.
Lui, il me regarde, surpris, comme s'il cherchait des réponses dans mes yeux.
Il n'aura pas le temps.

Je lui attrape le bras. Fermement. Sans douceur.
Il se laisse faire, sans comprendre.
Je l'entraîne, sans un mot, dans l'escalier menant aux chambres.
Ce n'est pas une invitation.
C'est une convocation.

Une fois arrivée devant ma chambre, je tourne la poignée d'un geste brutal.
La porte claque contre le mur.
Sans hésiter, je le pousse à l'intérieur. Il trébuche légèrement, surpris, mais son sourire narquois revient aussitôt.

Arthur (d'un ton moqueur, presque charmeur) :
- C'est pas que j'ai pas envie, mais j'ai d'autres préoccupations aujourd'hui.

Il s'avance vers moi, l'air joueur, sûr de lui.
Cette attitude légère, déplacée, comme s'il ne comprenait rien à ce qui se joue ici.
Comme si mon monde ne s'était pas écroulé.

Il tente une approche.
Un pas de trop.
Un mot de travers.

Je l'arrête net.
Ma main le repousse, sèchement.
Je le regarde, et cette fois, il voit.

Plus un éclat de douceur.
Plus une trace d'ancienne complicité.
Rien que du feu. Du froid. De la haine.

Mes yeux le transpercent.
Mes mâchoires se contractent.
Ma voix est basse, rugueuse, comme si chaque mot était taillé dans la pierre :

Eryn :
- Tu savais...
(silence lourd)
-Tu savais que mon père allait payer pour mes choix.

Arthur reste figé.
Un souffle. Un clignement d'yeux lent.
Le masque tombe.
Plus de sourire. Plus de sarcasme.
Juste ce poids, soudain, qui lui retombe sur les épaules.

Il détourne un instant le regard, comme si mes mots venaient de le frapper en pleine poitrine.

Arthur (calme, détaché) :
- Je vois pas de quoi tu parles.

Mon corps se fige.
Un mur de glace me traverse de la nuque jusqu'au bas-ventre.
Il ment.
En face de moi. Sans ciller. Sans honte.

Eryn (d'une voix étranglée par la colère) :
- Espèce de...

Ma main se lève d'un coup, prête à s'abattre sur lui.
Arthur ne bronche pas.
Il me fixe. Ses yeux sont sombres, mais immobiles.
Un défi silencieux.
Presque une provocation.

Comme s'il me disait : vas-y.
Frappe.
Mais sache que si tu le fais, y'a pas de retour en arrière.

Ma main tremble. Puis retombe lentement.
Pas sur lui.
Sur ma bouche. Je la mords de rage pour ne pas hurler plus fort.

Eryn (voix brisée, acide) :
- Tu es qu'un sale menteur...

Je fais un pas vers lui, mes yeux brûlent, mon souffle court.
- Tu te souviens ? Le jour où t'as eu le culot de m'avouer que tu faisais partie de ce foutu gang...
Tu m'as demandé si j'avais vu des hommes en vert.

Arthur détourne enfin le regard.
Et là, je sais.
Je le sais.

Eryn (hurlant, les larmes au bord du gouffre) :
- JE T'AI DIT OUI !
Et tu t'es tiré.
Sans rien dire. SANS RIEN DIRE !

Mon cri résonne dans la chambre comme un coup de tonnerre.
Le silence qui suit est étouffant.
Je le fixe, haletante, le cœur en feu.
Mais lui, il ne me regarde même pas.

Pas un mot.
Pas une excuse.

Il reste immobile.
Il serre la mâchoire, son regard fuyant revient lentement se poser sur moi.
Pas de colère.
Pas de pitié.
Juste cette lassitude froide qu'il traîne toujours avec lui.

Arthur (voix grave, posée, presque lasse) :
- Je fais ce qu'on me dit de faire, Eryn.
Tu as grandi dans ce monde. Tu sais comment ça marche.

Il sort un instant sa main de sa veste, l'essuie nerveusement sur son pantalon, puis la remet.
Son regard se durcit.

Arthur :
- Tu crois quoi ? Que j'peux tout arrêter ? Que je peux décider qui vit ou qui crève ?
C'est pas comme ça que ça marche.
Et c'est toi qui a décidé qu'on devait faire partie de ta vie.

Il fait un pas vers moi.
Pas pour m'intimider.
Mais pour se faire comprendre.

Arthur (voix plus basse, tranchante) :
- Je savais pas qu'ils s'en prendraient à ton père et à toi.
Mais j'ai su que ça finirait mal car je sais comment ils fonctionnent. Et ouais... j'ai rien dit. Parce qu'on m'a dit de la fermer.

Il me fixe droit dans les yeux, enfin.
Un éclair de remords passe. Mais il ne le laissera jamais devenir faiblesse.

Arthur :
- Je porte déjà assez de fantômes. Un de plus ou de moins... je les enterre tous pareil.

Il détourne le regard, tire une bouffée invisible d'un cigare qui n'existe pas, comme pour se calmer.

Arthur :
- Tu devrais pas chercher ta vengeance.
Cette route là... elle te prend tout. Et elle te laisse rien.

Il se dirige lentement vers la porte, s'arrête, main sur la poignée.

Arthur (sans se retourner) :
- J'ai jamais prétendu être un bon homme, Eryn.
Mais je suis pas le pire non plus.

Il ouvre. Et sort, sans un bruit.

Je reste figée.
La porte s'est refermée derrière lui, et pourtant, son ombre semble encore tapisser les murs.
Ses mots, secs, tranchants, résonnent dans ma tête comme des coups de feu étouffés.
Je sens mon cœur battre dans mes tempes, trop fort, trop vite. Comme s'il cherchait à me rappeler que je suis encore là... que je suis encore en vie.

Mais à quel prix.

Je serre les poings.
Mes ongles s'enfoncent dans ma paume.
Je voudrais hurler.
Je voudrais pleurer.
Mais rien ne sort.

Je me mets à courir.
Mes bottes claquent contre le bois des escaliers. Je manque de trébucher, rattrapée de justesse par la rampe.
Une bourrasque me fouette le visage quand j'ouvre la porte en grand.

Il est déjà dehors.
Arthur, à cheval, une botte dans l'étrier, prêt à partir comme si rien n'avait été dit. Comme s'il pouvait encore m'effacer comme un mauvais rêve.

Je fonce.
Mes doigts agrippent les rênes d'un geste sec.
Le cheval s'ébroue.
Arthur se fige.
Son regard tombe sur moi, noir, glacé, presque menaçant.

Mais je ne flanche pas.
Je le fixe. Droit dans les yeux.
Plus une trace d'hésitation. Juste du feu.

Eryn (voix ferme, tranchante) :
- Je te rappelle que j'ai serré la main de Dutch.
Je fais partie de votre gang maintenant.

Je resserre les doigts sur les rênes.

Eryn :
- Alors tu vas m'emmener là-bas.

Arthur ne dit rien.
Ses yeux plongent dans les miens, scrutant, cherchant encore une trace de la fille d'avant.
Mais elle n'est plus là.
Il le voit.

Il finit par tirer lentement sur les rênes, fait tourner le cheval d'un léger coup de talon.
Pas un mot.
Pas un signe d'approbation.
Mais il attend.
C'est sa façon à lui de dire : prends ce que t'as à prendre, on part.

Je monte les escaliers quatre à quatre.
Dans la chambre, j'attrape mon sac, y fourre mes affaires en vitesse.
Ma main se pose sur la poignée...
Mais je tourne la tête.

Le chapeau.
Celui de mon père.
Toujours là, posé sur la commode comme s'il m'attendait.

Je lâche la poignée.
Un pas. Puis un autre.
Je m'approche, lentement.

Je retire mon ancien chapeau.
Je prends celui de mon père entre mes mains.
Mes doigts glissent sur les broderies usées, sur les lettres gravées à la main. Son prénom.
Je le fixe un instant...
Puis je le pose sur ma tête.

Je descends lentement les marches du saloon, le chapeau de mon père vissé sur ma tête.
Il est lourd. Pas physiquement... mais comme s'il portait son absence, son regard, son silence.

Dehors, Arthur est toujours là, en selle.
Il n'a pas bougé d'un poil.
Le vent soulève la poussière sur la route.
Le ciel reste bas, couvert, comme s'il savait que quelque chose allait se jouer.

Je m'avance, sac en main, sans un mot.
Arthur me regarde, brièvement.
Il hoche à peine la tête, un geste sec, presque imperceptible.
Puis il fait tourner son cheval vers la sortie du village.

Je siffle doucement. Mon cheval, attaché un peu plus loin, relève la tête et trotte vers moi.
Je monte. Une main sur la selle, l'autre sur le rebord du chapeau pour l'enfoncer un peu plus, comme pour m'y accrocher.

On part au trot.
Pas un mot échangé.
Juste le bruit des sabots frappant la terre battue.
Derrière moi, le village devient plus petit, plus lointain.
Les regards des quelques villageois qui nous observent en silence s'effacent avec les premiers arbres.

Je ne me retourne pas.

La forêt s'épaissit.
Les oiseaux se taisent à notre passage.
Tout semble suspendu.

Arthur finit par briser le silence, sans tourner la tête :

Arthur (voix grave, neutre) :
- T'auras pas d'ami là-bas.
Ne te fais pas d'illusions.

Je réponds sans hésiter, le regard droit devant moi :
Eryn :
- J'en cherche pas.

Il hoche lentement la tête.
Le message est passé.

On s'enfonce dans les bois.
Vers ce nouveau monde.
Vers ce camp où les lois sont autres.
Vers la violence. Le mensonge. Les pactes silencieux.
Vers la seule chose qui me tient encore debout : la vengeance.

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