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Anasims1605
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Chapitre 12 : Le départ

 Plusieurs jours passent.

Le camp vit au rythme de ses habitudes : entre discussions au feu de camp, tâches quotidiennes, et ombres qui vont et viennent sous la lumière dorée du matin.
Je parle beaucoup avec Mary-Beth, Tilly, et surtout Sadie, avec qui une vraie complicité s'installe. C'est la seule à vraiment comprendre ce que je ressens.

Depuis ma dispute avec Arthur, il ne m'a pas adressé un mot.
Il part tôt le matin, rentre tard le soir.
Je le vois souvent discuter avec Dutch et Hosea.
Il a une place importante ici. Plus que je ne l'aurais cru.

Je suis assise à la grande table ronde, la main posée contre ma joue, perdue dans mes pensées, quand Charles s'approche.
Il s'assied calmement face à moi, son arc accroché dans le dos, toujours aussi silencieux et ancré.

Charles :
- Tu veux venir chasser avec moi ?

Je lève les yeux, mon regard s'allume. Enfin quelque chose d'utile, de concret.
Je me redresse aussitôt, droite comme une flèche. Il comprend sans que j'aie besoin de répondre.
On prépare les montures, et on part.

Après une longue chevauchée dans les bois, on descend de cheval. Le silence de la forêt nous enveloppe. Charles me tend un arc.

Charles :
- Tu veux apprendre à tirer ?

Je prends l'arme. Mes doigts effleurent le bois rugueux. Je n'en ai jamais tenu un de ma vie.
Il me donne un carquois. Les flèches crissent doucement lorsque je les glisse dans mon dos.

Il esquisse un sourire, presque moqueur, puis m'entraîne à travers les buissons.

Charles :
- Regarde ici. Les empreintes.
Il pointe le sol.
- Quatre doigts. Les pattes arrière sont devant, les pattes avant derrière. C'est un lapin. Tu te sens prête à tuer ?

Je hoche la tête. L'odeur de la mousse et de la terre m'ancre dans l'instant.
Je sors une flèche, la pose doucement contre la corde.

Plus loin, le lapin grignote l'herbe sans se douter de rien.

Charles (voix calme, concentrée) :
- Place-toi perpendiculairement à ta cible. Pieds écartés, largeur des épaules.
Il fait un geste. Je l'imite.
- Trois doigts sur la corde. L'index au-dessus de la flèche, le majeur et l'annulaire en dessous. Tends jusqu'à ton visage.
Il attend que je m'exécute.
- Aligne ton œil, la flèche, et la cible. Et tire.

Je vise la nuque.
Je retiens ma respiration.
Je relâche.

La flèche fend l'air et atteint sa cible. Le lapin s'écroule net.

Mon cœur bat. Je le regarde, abasourdie. Charles m'adresse un hochement de tête approbateur.

Charles :
- Bien joué. Je te laisse le prendre. C'est ton trophée.

Je ramasse l'animal, l'étrange chaleur de la réussite au creux du ventre.
On continue. En silence, en harmonie avec la nature.

La nuit tombe. Le ciel s'embrase d'orange et de rose.
On retourne au camp, les lapins attachés aux selles.

Chez Pearson, on dépose cinq prises. Il nous remercie sans lever les yeux de sa marmite.

Charles me salue d'un simple :
- Bonne nuit.

Je réponds d'un sourire discret.

Alors que je m'approche de ma tente, je l'aperçois.
Arthur.
Adossé contre l'arbre à côté de mon abri.
Il regarde l'horizon. Silencieux. Solitaire. Inatteignable.

Je m'arrête une seconde.
Mais il ne bouge pas.

Pas encore.

Je reste là, à quelques mètres de lui.
Le cuir de mes bottes crisse doucement sur l'herbe sèche.
Il reste adossé à l'arbre, un bras posé sur le pommeau de son revolver, l'autre tenant une cigarette à moitié consumée.
Le regard toujours perdu dans les cimes noires, où le vent fait danser les feuilles.

Il sait que je suis là.

Je le sens.

Mais pas un mot.
Pas un geste.

La lueur du feu projette nos ombres contre les tentes. Deux silhouettes figées dans une attente qu'aucun des deux ne veut briser.

Je serre les mâchoires.
Je pourrais lui dire quelque chose.
Lui demander pourquoi.
Ou juste le remercier d'avoir attendu ce jour-là, quand j'ai couru jusqu'à lui.

Mais je me tais.

L'arc de Charles est toujours dans mon dos, un poids nouveau, presque familier.
Un rappel que je suis plus forte qu'avant.

Mais alors... pourquoi ce silence me brûle autant ?

Arthur jette sa cigarette au sol, l'écrase du bout de sa botte.
Il pousse un léger soupir.

Et sans même me regarder, il s'éloigne vers sa tente, les mains dans les poches, le pas lent mais assuré.
Comme s'il s'attendait à ce que je dise quelque chose.
Et comme s'il savait que je ne le ferais pas.

Je reste seule sous les étoiles.
Le vent souffle un peu plus fort.
Et la nuit avale ce qu'il reste de nos non-dits.

Le soleil est à peine levé quand j'ouvre les yeux.
Le camp s'éveille doucement, les murmures, les casseroles de Pearson, les sabots dans la boue.
Mais Arthur... déjà parti. Comme toujours.

Je sors de ma tente, l'air encore frais du matin me frappe le visage.
Mon cœur est lourd, mon esprit encombré. J'ai besoin de respirer. De sortir de ce camp, même pour quelques heures.

Je cherche du regard Sadie et la trouve, adossée à un tronc, en train d'aiguiser son couteau.

Eryn (avec un sourire en coin) :
- Ça te dit une balade à cheval ? Juste pour s'aérer un peu ?

Sadie me lance un regard amusé, mais prudent.
Sadie :
- Tu crois qu'on peut faire ça avec Mme Grimshaw à nos bottes ? Elle a l'œil partout, cette fouine.

Je lui fais un clin d'œil, malicieuse.
Un signe clair : "Je gère."

Sans attendre sa réponse, je l'invite d'un geste à me suivre.
On longe les tentes à pas feutrés, se faufilant comme deux gamines en cavale.
Une fois à mon cheval, je grimpe d'un bond et lui tends la main.
Elle hésite, puis attrape ma main et monte derrière moi.

Je talonne. Le cheval part au galop.
Les feuillages claquent dans notre sillage.

Eryn (en criant contre le vent) :
- Je connais un endroit magnifique ! Tu veux voir ?

Sadie secoue la tête, presque résignée, mais un sourire naît sur ses lèvres.

On s'enfonce dans la forêt.
La lumière filtre entre les branches hautes, dans une pluie dorée. Les troncs défilent, le silence de la nature remplace celui du camp.

Après une bonne demi-heure de chevauchée, on débouche dans une clairière.
Un petit lac d'un bleu calme s'étire devant nous, encerclé par les rochers.
Et là, juste en face... une chute d'eau.
Fine, chantante, comme suspendue dans le temps.

Je m'arrête.
Sadie descend d'un bond, les yeux écarquillés, presque incrédule.

Sadie (soufflant, apaisée) :
- Eh ben... t'avais pas menti.

Je souris.
Enfin, une respiration.
Une parenthèse.

On s'installe près du lac, là où l'herbe est encore fraîche et douce sous nos bottes.
La cascade murmure au loin, berçant le silence.
Le vent joue dans mes cheveux, les soulève, les éparpille autour de mon visage.
Un souffle de liberté.

On parle de tout et de rien.
Des chevaux du camp.
Des vieilles bottes de Pearson.
Des rêves qu'on ne fait plus depuis longtemps.

Puis je me tais.
Je regarde l'eau tranquille.
Et les souvenirs remontent, comme des bulles à la surface.

Eryn :
- Mon père m'amenait ici... souvent, quand j'allais pas bien.
Je tourne légèrement la tête vers Sadie, mon regard perdu entre les arbres.
- Et puis, quand je suis devenue shérif avec lui... on n'a plus jamais eu le temps de revenir.

Je marque une pause.
Une image me traverse. Moi, petite, courant pieds nus autour du lac, riant, criant, libre.
Je souris avec une pointe de tristesse.

Eryn (doucement) :
- Je suis contente de venir ici avec toi.

Sadie ne dit rien.
Ses yeux sont fermés.
Un sourire paisible flotte sur ses lèvres.

Elle ressent la même chose que moi.
Cette impression fugace d'échapper à tout.
Au gang.
A la tristesse.
À la douleur.

Le temps passe.
Peut-être une heure. Peut-être trois.
Le soleil descend doucement derrière les arbres.
Mais on ne bouge pas.
Parce qu'ici, pour la première fois depuis longtemps, on respire.

On décide de se lever, la lumière dorée du soleil couchant caressant le lac derrière nous.

Sadie (avec un petit rire) :
- Si madame Grimshaw remarque qu'on est parties... on va se faire passer un savon.

Je lui rends son sourire et monte à cheval à ses côtés.
Je reprends le même chemin, traversant la forêt, le bruissement des feuilles toujours aussi apaisant.
Mais cette paix ne dure pas.

Un bruit sec, rapide. Des sabots.
Derrière nous.
Je tourne légèrement la tête.

Des chevaux au galop. Quatre.
Ils passent à toute vitesse... puis s'arrêtent devant nous.
Un mur de muscle et de poussière.
Ils bloquent le chemin.

Sadie se rapproche instinctivement, ses doigts serrent ma veste.
Je tapote sa main doucement, pour la rassurer, même si moi-même je sens la tension grimper en flèche.
Je les reconnais.

Les Pinkertons.

Agent Pinkerton (avec un ton faussement poli) :
- Bonsoir mesdames. Désolé du dérangement... mais on aurait quelques questions à vous poser.

Je prends une grande inspiration, calme, posée.

Eryn :
- Bien sûr. Je vous écoute.

Agent Pinkerton :
- On a reçu des signalements disant qu'un gang traîne dans les parages.

Je fronce légèrement les sourcils, feignant l'ignorance.

Eryn :
- Un gang ? Je vois pas de quoi vous parlez.

Un autre galop s'approche, lent, assuré.
Un cinquième cheval passe entre nous, s'arrête juste devant moi.

C'est lui.
Agent Milton.

L'homme qui veut faire tomber Dutch.

Agent Milton (sourire carnassier) :
- Shérif Caldwell. Quel plaisir de vous revoir... mais je vois que vous êtes bien accompagnée.

Je serre les rênes de mon cheval, mon poing se crispe.
Je lutte contre l'envie de cracher son nom.

Eryn (voix maîtrisée) :
- Agent Milton. C'est... un plaisir.

Nos regards s'accrochent.
Je tente de lire ses intentions.
Lui, il essaie de lire mes pensées.

Agent Milton :
- On va dans votre office, shérif ?

Je reste figée une seconde. Sadie se tait, tendue.
Pas d'échappatoire.
Je hoche lentement la tête.

On part.
Les chevaux avancent en silence, la tension comme une corde sur le point de rompre.

Aucun mot.
Juste le bruit des sabots sur la terre sèche.
Et cette question qui tambourine dans ma tête :
Jusqu'où sait-il ?

Nous arrivons en ville.
Je sais que je dois réagir vite.

Eryn (calme, mais pressée) :
- Agent Milton, je dépose mon amie ici. Elle doit rentrer chez elle.

Il me fixe, un sourcil levé, puis hoche lentement la tête.
Feu vert.

Sadie descend du cheval, ses yeux croisent les miens.
Elle comprend. Sans un mot, elle tourne les talons et disparaît dans la foule.

Je continue la route avec Milton.

On descend de nos chevaux devant le bureau du shérif.
J'entre la première. L'odeur du bois, du cuir, de la sueur.
Josh est là, tendu comme un arc. Il me lance un regard inquiet.
Milton referme la porte derrière lui. Le clic résonne comme une sentence.

Nous sommes trois.
Et le silence est chargé d'orage.

Je m'assois lentement, croisant le regard de Milton.

Agent Milton (froid, précis) :
- Vous vous souvenez que je vous ai parlé d'un gang, Shérif Caldwell.
Il se trouve qu'ils sont dans les parages. Pourtant... vous m'avez assuré du contraire.

Une sueur froide coule dans mon dos.
J'essaie de réfléchir. Mais la pièce est un piège.

Josh (tentant une ouverture) :
- Peut-être qu'ils sont arrivés récemment ?

Je lui lance un bref regard. Bien joué.

Milton ne cille pas.

Agent Milton :
- J'ai parlé au barman. Il affirme les avoir vus... depuis des semaines.

Milton contourne le bureau.
Il se place derrière moi.
Je sens son souffle contre mon oreille.

Agent Milton (à voix basse) :
- Il m'a aussi dit vous avoir vue... avec l'un d'eux.

Je me redresse lentement. Je dois garder le contrôle.

Eryn (voix douce, confuse) :
- Peut-être. Je ne sais même pas de quel gang vous parlez, agent.

Il se redresse brusquement et balance une pile d'avis de recherche sur le bureau.
Les visages me fixent : Dutch. Hosea. Arthur. John. Charles. Javier.
Tous.

Milton me regarde, son sourire dénué d'humour.

Agent Milton :
- Vous allez me faire croire que vous croisez aucune de ces personnes ?

Il s'assoit à côté de moi. Je peux presque sentir la satisfaction dans sa posture.
Mais je dois rester en contrôle.

Eryn (naïve, presque coupable) :
- Je les ai croisés, oui... mais je savais pas qu'ils faisaient partie d'un gang.

Josh me fixe. Il comprend. Il sait que je joue un rôle.

Agent Milton (avec un faux air pensif) :
- Hmmm. Intéressant.
Et si j'allais poser quelques questions à votre médecin ?

Mon cœur rate un battement.
Le médecin... était-il là quand Dutch est passé ?
Je ne me souviens plus. Tout devient flou.

Je baisse les yeux.
Je dois rester calme.
Ne pas flancher.
Ne pas lui donner ce qu'il veut.

Une question me trotte dans la tête, lancinante :
À quel point l'agent Milton sait-il ce qui s'est passé depuis son dernier passage ?

Je soutiens son regard sans ciller.

Eryn (calme) :
- Allez-y donc, monsieur l'agent.
Je n'ai rien à me reprocher.

Milton se redresse lentement, le sourire aux lèvres.
Puis, sans rien dire, il se dirige vers la porte.
Il frappe deux coups secs.

Un silence.
Lourd.
Presque inquiétant.

Josh fronce les sourcils, dépassé.
Je sens le piège se refermer sans comprendre encore comment.

Puis... la porte s'ouvre.

Un agent entre, tenant quelqu'un par le bras.
Le médecin.

Il le pousse sans ménagement dans la pièce, referme la porte d'un geste sec.

Le docteur, décontenancé, regarde autour de lui.
Il cherche des repères. Puis m'aperçoit.
Ses yeux se plantent dans les miens.
Un appel à l'aide muet.
Je détourne le regard. Je ne peux pas l'aider maintenant.

Milton s'avance d'un pas théâtral, bras grands ouverts.

Agent Milton (faussement cordial) :
- Bonsoir, docteur.
Venez donc vous joindre à notre petite conversation.

Il tire une chaise et la place juste à côté de Josh, puis lui fait signe de s'asseoir.

Le médecin obéit, encore confus.

Médecin (inquiet) :
- Je... Je ne comprends pas pourquoi je suis ici.

Milton ne perd pas une seconde.
Il prend les affiches de recherche qui était poser sur le bureau, puis lui montre face à lui, face visible.

Agent Milton (froidement) :
- Dites-moi, docteur...
Auriez-vous, par hasard, vu la shérif Caldwell en compagnie de l'un de ces hommes ?

Le médecin me regarde à nouveau.
Il comprend que chaque mot peut nous condamner.
Il attend un signe de ma part.
Un regard, un hochement de tête. N'importe quoi.

Mais Milton le remarque.

Il s'approche.
Pose lentement une main lourde sur son épaule.
Un geste qui se veut amical, mais qui pèse comme une menace.

Agent Milton (plus bas, plus serré) :
- Inutile de vous inquiéter, docteur.
On veut juste la vérité.

Le médecin examine chaque affiche, lentement.
Son regard passe sur chaque visage avec prudence.
Puis il secoue la tête.

Médecin (posé, sûr de lui) :
- Non. Désolé. Je n'ai vu aucune de ces personnes avec elle.

Un poids s'effondre hors de ma poitrine.
Je retiens un soupir de soulagement.
J'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis que je suis entrée dans cette pièce.

Milton allait répondre quand, ...
Des coups de feu retentissent dehors.
Sec, rapide, rapproché.

Il se retourne d'un bond et jette un œil par la fenêtre.
Ses agents s'agitent, paniqués, armes sorties.

Agent Milton (ton sec, militaire) :
- Ne bougez pas d'ici. Compris ?

Il disparaît à toute vitesse, refermant la porte derrière lui.

Josh se lève, tendu, et regarde lui aussi par la fenêtre.

Josh :
- Ils foncent vers les tirs... ça vient de l'autre côté de la rue.

Le silence revient, coupé par nos respirations.

BOUM.
La porte de service éclate sous un coup de pied.

On se redresse tous, mains sur nos armes.

Des pas résonnent dans le couloir. Rapides. Contrôlés.

Puis, dans le faisceau de lumière qui traverse la pièce, deux silhouettes apparaissent.

Javier. Bill.

Leurs yeux balayent la pièce, à la recherche d'un danger ou... de moi.
Quand leurs regards se posent sur moi, je me détends enfin.

Javier (pressé, tranchant) :
- On y va, Eryn. Pas une seconde à perdre.

Je m'avance, soulagée. Mes jambes tremblent un peu, mais je tiens bon.

Bill (tout en marchant) :
- Sadie nous a dit ce qu'il s'est passé.
On a réfléchi à un plan, et on est venus te sortir de là.

Ils ne s'arrêtent pas. Ils sortent comme ils sont venus, rapides, précis.

Je vais pour les suivre...
Mais une voix m'arrête.

Josh :
- Eryn...

Je m'immobilise. Je ne me retourne pas. Mais j'écoute.

Josh (doucement) :
- Sache que tu seras toujours chez toi ici.
Fais attention à toi.

Il sait.
Il sait que c'est probablement la dernière fois qu'on se parle.

Je baisse la tête, silencieuse.
Mon seul adieu.

Puis je cours.

Javier et Bill ont déjà enfourché leurs chevaux.
Je siffle, et ma jument arrive au galop.
Je monte, les doigts tremblants d'adrénaline.

Javier :
- Suis-nous. On prend un chemin sûr pour retourner au camp sans attirer les Pinkertons.

Je hoche la tête et les suis.

Quand on arrive enfin au camp, je sens immédiatement que quelque chose ne va pas.

Il est presque vide.

Des malles ouvertes, des caisses à moitié pleines, des gens qui courent dans tous les sens.
Madame Grimshaw hurle des ordres aux filles.

Grimshaw (ton sec, tranchant) :
- Allez, on se dépêche ! Tout sur les chariots, tout de suite !

Javier et Bill descendent de cheval sans un mot et foncent prêter main-forte.

Moi, je reste là, figée, complètement perdue.
Mon regard balaie le camp que je reconnais à peine.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Au loin, j'aperçois Charles, en train d'aider Pearson à démonter la cuisine.
Je m'approche rapidement.

Charles (soucieux) :
- Eryn ! Tout va bien ? On a entendu que les Pinkertons ont essayé de t'attraper. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Eryn (essoufflée) :
- Je vais bien, merci... Mais qu'est-ce que vous faites ? Pourquoi tout le monde emballe ses affaires ?

Charles s'arrête net, un carton de légumes dans les bras.
Il se retourne vers moi, grave.

Charles :
- On part.
Les Pinkertons savent qu'on est là.
On n'a plus le choix. Il faut disparaître avant qu'ils trouvent le camp. Et qu'ils nous tombent dessus.

Je reste muette.

Une main se pose brusquement sur mon épaule.

Susan Grimshaw (autoritaire) :
- Tes affaires sont déjà dans un chariot. Allez, viens m'aider à démonter la tente de Dutch.

Je la suis sans discuter.
On démonte rapidement, efficacement. On plie, on range, on attache.
Chaque geste compte, chaque minute aussi.

Quand tout est prêt, tout le monde se rassemble une dernière fois.

Un instant suspendu.
On regarde le camp une dernière fois.

Puis on grimpe sur les chariots.

Je monte à l'arrière du dernier, avec Javier et Charles.

Le convoi démarre lentement.
La poussière se soulève.

Je me retourne.

La ville s'éloigne, lentement, comme un souvenir qu'on n'arrive déjà plus à retenir.

La ville où j'ai grandi.
La ville où j'ai perdu mon père.

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