Les jours suivants, le camp est en ébullition.
Le butin a réveillé des appétits. Des murmures, des soupçons, des regards en coin.
Certains pensent qu'on aurait dû attendre. D'autres croient qu'on aurait pu ramener plus.
Molly, la compagne de Dutch, ne cesse de tourner autour de lui, inquiète, bavarde, ignorée.
Bill et Micah ricanent souvent entre eux, toujours à l'écart, toujours à commenter ceux qui prennent les décisions.
Une nuit, autour du feu, j'entends leurs voix.
Micah (voix basse, moqueuse) :
- Ah, tu parles, elle débarque, elle fout rien depuis deux semaines, et maintenant c'est elle qu'on écoute.
Bill (grogne en mâchonnant quelque chose) :
- Elle a eu l'info, c'est tout. Une lettre tombée du ciel. C'est pas du mérite, c'est de la chance.
Je m'avance sans un mot. Ils me voient.
Micah me sourit, ce sourire qui pue le mensonge.
Micah :
- Salut, la nouvelle star du gang.
Je ne réponds pas. Je le fixe, droit dans les yeux. Il soutient, puis baisse légèrement le regard.
Pas par peur. Par calcul.
Je reste debout, droite, face à eux. Le feu crépite entre nous, lançant des ombres dansantes sur leurs visages.
Micah se redresse un peu, comme s'il s'attendait à des reproches, ou mieux : à un jeu.
Mais je ne joue pas.
Eryn (calme, ferme) :
- Vous avez un problème, vous me le dites en face. Pas en chuchotant comme deux vieilles commères derrière un rideau.
Bill grogne quelque chose, surpris, mais ne répond pas. Micah, lui, se redresse lentement, amusé.
Micah (sourire en coin) :
- Oh, t'es nerveuse, la petite. Faut savoir encaisser un peu de moquerie dans ce camp... surtout quand on veut jouer dans la cour des grands.
Eryn (avançant d'un pas) :
- Ce que j'ai gagné, je l'ai pas volé. J'ai pris des risques. J'étais dans le train, moi. Pas planqué dans le camp
Micah rit, un rire bref, creux.
Micah :
- J'suis sûr que t'adores raconter ça, hein ? Te voir comme une héroïne. Mais t'oublies une chose, princesse : ici, on survit pas avec des belles paroles.
Je m'arrête à quelques pas. Je le fixe. Mon regard ne vacille pas.
Eryn :
- Et toi, tu survis comment, Micah ? Avec tes ricanements et ton venin ? Tu tentes de diviser le groupe pendant que d'autres bossent. Ça te fait sentir important, c'est ça ?
Il se lève brusquement. Bill se tend, prêt à intervenir si ça dégénère.
Micah s'approche, jusqu'à ce que nos visages soient presque face à face. Il ne sourit plus.
Micah s'approche, son souffle chaud frôle presque mon visage. Plus de sourire. Juste ce silence tendu, prêt à éclater.
Mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, une voix grave brise l'air.
Arthur (calme, mais tranchant) :
- Ça suffit.
Micah se fige. Moi aussi.
Arthur est là, debout, légèrement en retrait dans l'ombre, les bras croisés, son regard froid braqué sur nous.
Arthur (avançant lentement) :
- On a eu une bonne journée. On a bossé dur. Et ce feu, c'est pas le coin pour des règlements de comptes.
Micah serre les mâchoires, visiblement agacé. Mais il ne répond pas. Pas à Arthur.
Arthur (regardant Micah sans ciller) :
- Si t'as un vrai souci avec quelqu'un, tu le règles au petit matin. Pas comme une fouine qui jase dans la nuit.
Micah baisse légèrement les yeux, ravalant sa colère. Il sait qu'aller plus loin, c'est prendre le risque de s'isoler et Arthur, lui, n'est jamais seul.
Arthur (se tournant vers moi) :
- Viens. T'as rien à prouver à ces types.
Je le suis du regard, un instant figée. Puis je prends une inspiration, me détourne de Micah, et rejoins Arthur sans un mot.
Derrière moi, j'entends Micah murmurer quelque chose à Bill, mais sa voix n'a plus d'importance.
C'est Arthur qui m'accompagne jusqu'au bord du camp, là où les étoiles sont plus visibles, là où le silence n'est pas une menace.
Il ne parle pas tout de suite. Il sort une cigarette, l'allume et la fume.
Arthur :
- T'as bien tenu tête.
Eryn (doucement) :
- C'est toujours comme ça avec lui ?
Arthur (soufflant lentement la fumée) :
- Ouais. Micah parle trop. Et un jour, ça le rattrapera.
Un silence s'installe, mais il n'est plus lourd. Juste... présent.
Je m'assieds à côté de lui, à quelques pas. Pas trop près. Pas trop loin non plus.
Le feu est loin maintenant. On entend juste les bruits de la nuit : un hibou, le vent dans les feuilles, un cheval qui tape doucement du sabot.
Arthur tire encore une bouffée, puis tend la cigarette vers moi, sans me regarder.
Arthur :
- Tu fumes ?
J'hésite, puis prends la cigarette entre mes doigts. Je tire une fois. Ce n'est pas bon, mais je ne tousse pas. Je lui rends.
Eryn (à mi-voix) :
- Mon père fumait ça aussi. Ça sent pareil.
Arthur hoche doucement la tête, comme s'il comprenait.
Il laisse passer un moment avant de répondre.
Arthur :
- Il devait pas être idiot, ton père.
Je baisse les yeux. Une boule monte dans ma gorge, mais je la ravale. Pas ici. Pas maintenant.
Eryn :
- Il a fait ce qu'il a pu. Et il est mort pour ça.
Arthur jette le mégot, l'écrase du bout de sa botte. Il se tourne vers moi, son regard un peu plus doux, mais toujours opaque.
Arthur :
- C'est souvent comme ça. Les bons paient pour les mauvais. Ou pour les secrets.
Je le fixe un instant. Il ne parle pas de mon père. Pas uniquement.
Il parle aussi de lui. De Dutch.
Eryn (doucement) :
- Et toi, pourquoi t'es encore là ? Avec tout ce que tu sais ou tout ce que tu vois ?
Arthur réfléchit un instant. Il semble chercher ses mots, ou peut-être juste le courage de les dire.
Arthur :
- J'ai juré fidélité à un homme. Et à ce groupe.
Il marque une pause puis reprends
- J'ai l'impression que les choses ont changé, que le monde a changé, qu'ils veulent plus des gens comme nous .
Je ne dis rien. Je le regarde. Et dans ce moment suspendu, je sens une vérité silencieuse entre nous. Pas de romance, pas encore. Mais une compréhension. Une confiance, fragile, mais réelle.
Je me lève doucement.
Eryn :
- Merci, Arthur. Pour tout à l'heure.
Il incline la tête, presque imperceptiblement.
Arthur :
- Repose-toi, Eryn. T'auras besoin de toutes tes forces.
Je m'éloigne, le laissant à ses pensées, à ses doutes.
Mais ce soir, je me couche un peu plus légère. Parce que parfois, survivre, c'est juste savoir à qui tourner le dos... et à qui montrer le sien.
Le lendemain, je sors de ma tente. Je lève les yeux vers un ciel sans nuage, d'un bleu si clair qu'il en paraît presque blanc.
Quand je baisse la tête, je remarque qu'il manque deux chevaux. Je fronce les sourcils et me dirige vers l'enclos pour voir qui est absent.
- Micah et Lenny, lâche une voix derrière moi.
Je sursaute, me retourne d'un bond. Javier est là, un sourire en coin.
Eryn :
- Tu m'as fichu une de ces peurs !
Il éclate de rire, visiblement satisfait de son effet. Je lui donne une tape amicale sur l'épaule.
Eryn :
- Ils sont partis faire quoi ?
Javier :
- Je sais pas trop, mais apparemment, ça vient de Dutch.
Avant que je puisse répondre, Bill l'appelle depuis l'autre côté du camp.
Bill :
- Javier ! Viens voir ça !
Javier me salue d'un geste de la main avant de s'éloigner pour le rejoindre.
Je me dirige ensuite vers la cuisine. Pearson est en train de s'agiter autour d'une marmite, et Sadie l'aide en râpant des carottes avec mauvaise humeur.
Eryn :
- Super, j'étais venue aider, moi.
Pearson me pointe avec une grande cuillère graisseuse.
Pearson :
- Plus y'a de femmes ici, mieux je me porte !
Sadie et moi levons les yeux au ciel, lassées de ses plaisanteries douteuses.
Pearson (avec un clin d'œil) :
- Si tu veux être utile, va voir Arthur. Il part en ville avec les filles et Uncle, pour « prendre la température ». Tu vois ce que je veux dire.
Autrement dit, ils vont tâter le terrain pour un potentiel braquage. Je le remercie d'un signe de tête et leur dis au revoir, avant de me diriger rapidement vers le chariot.
Les filles sont déjà installées. Je reconnais Mary-Beth qui me fait un signe enthousiaste.
Eryn :
- Vous partez en ville ?
Mary-Beth :
- Oui ! Monte avec nous !
Karen me tend la main. Je l'attrape et grimpe sur le chariot.
Sur le chemin, nous croisons un homme qui galope à toute allure avec son propre chariot. Soudain, l'un de ses chevaux s'affole, tire sur ses rênes et parvient à se libérer avant de filer droit à travers les bois.
Les filles se redressent aussitôt, alarmées.
Mary-Beth (inquiète) :
- Il faut l'aider !
Karen :
- Arthur, fais quelque chose !
Uncle (en se tenant le bas du dos) :
- Désolé les filles, mais j'ai un lumbago...
Son excuse nous arrache un éclat de rire collectif. Mais toutes les filles se tournent alors vers Arthur avec insistance, comme s'il n'avait même pas le droit de dire non.
Il grogne, évidemment, mais finit par descendre sans un mot. On le regarde s'éloigner vers l'homme, l'écoutant brièvement, puis partir calmement en direction du cheval en fuite.
Quelques minutes plus tard, il revient, tenant les rênes du cheval récupéré. L'animal est nerveux, mais Arthur le maîtrise sans mal. Les filles applaudissent comme s'il venait de sauver le monde.
Tilly (riant) :
- Quel héros, ce Morgan !
L'homme remercie Arthur avec chaleur, et il remonte à l'avant du chariot sans faire de commentaire, reprenant les rênes comme si de rien n'était.
Karen (criant soudain) :
- On est arrivés !
Tilly (avec entrain) :
— Valentine, nous voilà !
Je souris face à leur enthousiasme. L'ambiance est légère, presque insouciante.
Uncle demande à Arthur de garer le chariot près de l'écurie. Une fois à l'arrêt, Arthur descend et se place au pied du chariot, tendant la main aux filles pour les aider à descendre.
Quand vient mon tour, il me fixe un instant, visiblement hésitant. Sa main est levée, mais il semble incertain : doit-il me la tendre ou la retirer ?
Je le regarde avec un petit sourire. Il comprend aussitôt.
Je pose ma main dans la sienne, calleuse, marquée par la vie... mais étonnamment douce.
Je descends, le regard dans le sien.
Eryn (doucement) :
- Merci, Morgan.
Les filles me prennent par le bras et m'entraînent avant même que je puisse dire un mot.
Karen (avec malice) :
- On revient, les garçons ! On va se renseigner un peu...
Arthur et Uncle nous regardent partir sans rien dire, puis s'éloignent de leur côté.
Les filles me poussent jusqu'au saloon. Avant d'entrer, elles se redressent, jettent un coup d'œil à leur reflet dans la vitre, réajustent leur tenue et leurs cheveux.
Tilly (avec un clin d'œil) :
- Bon, on a du boulot. Regarde nous faire, Eryn.
Mary-Beth (déjà en mouvement) :
- Moi, je vais tenter ma chance ailleurs. Bonne chance, les filles.
On la regarde s'éloigner avec assurance, saluant de la main comme si elle entrait en scène.
Les filles poussent la porte du saloon et j'entre derrière elles. L'odeur me frappe aussitôt : alcool rance, sueur, tabac... Et pourtant, il est à peine midi. À l'intérieur, une poignée de types louches picolent déjà, certains marmonnent, d'autres rient trop fort.
Karen et Tilly repèrent leur cible presque immédiatement. Elles se séparent, chacune fondant sur un homme isolé comme si c'était une danse bien rodée. Moi, je reste en retrait, je m'accoude au bar, et j'observe.
Les voir faire est fascinant. Elles parlent, rient, touchent un bras, posent une question faussement naïve. Elles mènent la conversation sans en avoir l'air. C'est tout un art. Un art que je ne maîtrise pas, que je ne maîtriserai sûrement jamais.
Soudain, je sens une présence près de moi. Je tourne la tête.
Un homme s'est approché, la trentaine, mal rasé, regard trouble. Il me sourit.
Je lui rends un sourire poli, avant de détourner le regard pour continuer d'observer les filles.
Puis il murmure, d'une voix grinçante, presque moqueuse :
L'homme :
- Ton père va bien ?
Je me retourne brusquement.
Mais il s'éloigne déjà, contournant le comptoir pour disparaître derrière le saloon.
Je marche vite, presque en courant, essayant de le rattraper. Il ouvre la porte du fond du saloon, elle se referme aussitôt derrière lui. Je bondis en avant, l'ouvre brusquement. Je me retrouve dehors... mais il n'est plus là.
Je regarde autour de moi, balayant la ruelle des yeux.
Rien. Plus aucune trace de lui.
Je décide de faire le tour du bâtiment, puis de la rue, scrutant chaque visage, chaque silhouette. Mais il s'est volatilisé.
La colère monte, brûlante, brutale.
Qui c'était ? Et pourquoi cette question ? "Ton père va bien ?"... Comment il sait ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Mon cœur bat trop fort. Mon souffle est court. Mes pensées s'emmêlent, peur, confusion, rage. Je serre les poings. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes.
Je bouillonne.
Puis, soudain, une main se pose doucement sur mon épaule.
Je me retourne d'un coup, l'instinct prend le dessus. Je dégaine mon pistolet.
Le canon de mon arme pointe directement sur le ventre de la personne derrière moi.
Je lève les yeux, c'est Arthur.
Il ne bronche pas, son regard planté dans le mien, calme mais attentif.
Je reste figée, mon arme toujours contre lui, le souffle court.
Arthur ne bouge pas. Il reste là, droit, son regard ancré dans le mien. Aucun reproche dans ses yeux. Juste une tension silencieuse, un calme dangereux.
Arthur (posément) :
- Baisse ça, Eryn. C'est moi.
Ma main tremble légèrement, mais je ne baisse pas tout de suite l'arme. Il attend. Pas un geste, pas une parole de plus. Il sait. Il comprend.
Je finis par abaisser lentement mon pistolet, puis le range dans son étui d'un geste vif, presque honteuse.
Eryn (la voix rauque, haletante) :
- Il est parti. Il... il a disparu.
Arthur (toujours calme) :
- Qui ?
Je secoue la tête, incapable de répondre tout de suite. Mon cœur bat encore trop fort.
Eryn (hésitante) :
- Il m'a parlé. Juste un mot. Il a dit : "Ton père va bien ?"... Et puis il s'est tiré. Juste comme ça.
Arthur fronce légèrement les sourcils. Son regard se fait plus grave.
Arthur :
- Il t'a reconnue ?
Je hoche la tête, doucement. Puis je murmure :
Eryn :
- Je sais pas comment. Je sais même pas qui c'était... Mais il savait. Il savait quelque chose.
Arthur jette un œil autour de nous, balaye la ruelle d'un regard méthodique.
Arthur :
- Décris-le.
Je le fais, du mieux que je peux : ses traits, sa voix, son sourire... ce sourire étrange, moqueur. Arthur ne dit rien, mais je vois que quelque chose se passe dans sa tête.
Arthur (baissant la voix) :
- Tu penses que c'est un O'Driscoll ? Tu as vu sa tenue ?
Je hausse les épaules, frustrée. Non, j'ai pas fait attention à ce qu'il portait. J'étais trop... bousculée.
Arthur pose alors une main ferme sur mon épaule. Cette fois, c'est un geste d'ancrage, pas une surprise.
Arthur :
- On va le retrouver. Mais pas maintenant. Pas comme ça, à chaud. Tu comprends ?
Je hoche la tête, à contre-cœur.
Eryn (amer) :
- J'ai failli te tirer dessus...
Arthur sourit doucement, un sourire fatigué.
Arthur :
- Tu serais pas la première.
Puis il se détourne, me laissant le choix de le suivre ou non.
Je reste là une seconde, encore secouée, mais je respire plus lentement.
Je finis par avancer, rattrapant Arthur qui marche d'un pas mesuré, les mains dans les poches. Il ne dit rien, mais je sens qu'il garde un œil sur moi. Pas pour surveiller, juste... pour veiller.
On rejoint les filles devant l'épicerie. Karen est déjà en train de flirter avec un jeune employé qui rougit jusqu'aux oreilles. Tilly se moque doucement d'elle. Mary-Beth les rejoint, radieuse.
Mary-Beth (avec un clin d'œil) :
- J'ai parlé à un type près de la gare. Il bosse à la banque. Y a peut-être un convoi d'argent qui arrive dans quelques jours.
Karen lâche le gamin de l'épicerie, intéressée.
Karen :
- Et ils l'escortent bien ?
Mary-Beth (fière) :
- Deux hommes, pas plus. L'argent est destiné à la scierie, parait-il.
Arthur nous rejoint, attrapant une pomme dans un panier sans demander. Il la mord, sans se mêler à la conversation, mais il écoute.
Tilly (en me regardant) :
- T'as une sale tête. Tout va bien ?
Je hoche vaguement la tête, forçant un demi-sourire.
Eryn :
- Juste... croisé un drôle de type, tout à l'heure.
Arthur m'adresse un bref regard, mais ne dit rien. Les filles aussi sentent que c'est pas le moment d'insister.
Karen :
- Bon, assez traîné. Si y a de l'argent qui circule, faut prévenir Dutch. C'est le genre de nouvelle qui le met de bonne humeur.
Uncle (depuis le perron du saloon) :
- C'est pas tous les jours qu'on fait des emplettes aussi fructueuses ! Allez, on rentre !
On le suit, doucement. Valentine continue de vivre autour de nous : des hommes chargent des caisses, des enfants jouent près de l'église, un chien aboie au loin. Tout semble normal. Paisible.
Mais moi, je garde les sens en alerte. Je regarde chaque visage croisé, chaque coin d'ombre. Ce type... Il est peut-être encore là. Peut-être pas loin.
Arthur monte à l'avant du chariot. Il me jette un coup d'œil.
Arthur (sans détourner les yeux de la route) :
- On va garder ça pour nous, pour l'instant. Inutile d'alarmer Dutch sans certitude.
J'acquiesce en silence. Je comprends.
Je m'installe à côté de Mary-Beth. Le chariot se met en route. On quitte Valentine.
Mais dans ma tête, la voix de l'inconnu résonne encore :
"Ton père va bien ?"
Alors que le chariot s'éloigne de Valentine et que les rires des filles s'éteignent peu à peu, quelque chose en moi se tend, je le sens, cet homme est un ennemi.