Les jours passèrent.
On était à présent vers la fin du mois d'Avril.
La Troisième Tâche du Tournoi est dans un peu moins de 2 mois. Ce qui annonce aussi la fin de l'année. Et par ailleurs mon anniversaire.
En y repensant, je ne sais même pas la date d'anniversaire d'Angie....
En parlant d'elle, depuis ce qu'il s'est passé à la volière, notre amitié a fini par évoluer.
Et à mon grand étonnement, elle a accepté de m'aider dans la compréhension de mes sentiments.
Nous sommes de plus en plus régulièrement ensemble, nous nous aidons respectivement pour les devoirs, et on passe du temps le soir sur mon arbre fétiche. C'était d'ailleurs le seul moment où elle m'autorisait à la prendre dans mes bras. J'adorais ces soirées. J'adorais être avec elle.
Maintenant, mon esprit est un peu plus clair, et je commence à savoir ce que je ressens pour elle. Bien évidemment c'était ce dont je redoutais le plus. Mais je savais bien que, quelque part, c'était ça depuis le début. Alors j'essaie de m'y habituer, même si j'ai encore beaucoup de mal à ne pas avoir peur.
En tout cas, la seule personne qui était contente pour moi, mais qui avait du mal à me reconnaître, c'était Blaise. Car d'après lui, lorsque je suis "comme ça", je ne suis plus du tout le même.
Alors, c'est vrai qu'être ce que je suis aujourd'hui, c'est plaisant, car grâce à ça je découvre une partie de moi-même qu'on m'avait toujours interdit de dévoiler, mais redevenir ce que j'étais avant, c'est mieux. Parce que c'est là que je me sens bien. Parce que c'est comme ça que j'ai vécu jusqu'à maintenant.
Donc je balance entre les deux. En fait, je suis toujours dans un flou constant. Je ne sais pas ce que je veux être, ce que je veux faire. Je ne sais pas si j'ai envie de continuer à être comme je suis aujourd'hui, ou si je veux revenir à ce que j'étais avant. Je ne sais pas si j'ai envie de continuer à être comme ça avec Angie, bien que ça m'effraie encore, et même si ça me plaît, ou si j'ai envie de revenir à la normale, quitte à la perdre, mais cela m'évitera un conflit certain avec mon père et avec moi-même. Car je sais que si je redeviens comme j'étais, je ne serais plus dans ce flou continuel.
Je ne sais pas quoi faire.
Et en attendant, tout se complique.
J'ai l'impression que je vais péter un câble si je ne prend pas de décision rapide.
Franchement, si c'est ça, l'Amour, ça donne pas envie.
Même si ça à l'air d'être bien.
Ca donne pas envie.
J'ai le cerveau qui est en train de se décomposer chaque jour.
- Drago ?
- Mhhh ?
- Tu ne m'a pas écoutée.
- Ah, désolé.
- Mais c'est pas vrai ! T'es pénible parfois ! Ca fait 2 heures qu'on y est ! Arrête de te plonger dans tes réflexions et écoute-moi un peu, sinon, on y sera encore la semaine prochaine !
J'étais tellement plongé dans mes pensées que je n'avais pas écouté un seul mot de ce que disait Angie pour notre devoir de potions.
- Je vais essayer d'être plus attentif.
- J'espère bien ! Sinon, tu te débrouilles !
- Bon, tu veux bien reprendre ?
- Alors, je disais que selon ce livre, les épines de porc-épic sont très utiles pour.....
Quel devoir stupide ! Une rédaction entière sur les propriétés du porc-épic et du tatou.... Tout ça parce qu'on a fait une potion d'Aiguise-Méninges la semaine dernière et que la moitié de la classe a bavardé.
- Pffff, Angie, te casses pas la tête pour ce devoir, presque personne le fera de toute manière.
- Je te signale que le professeur en attend un parchemin recto ET verso ! Au minimum !
- Mais tu es d'accord avec moi pour dire qu'il n'y a presque rien à dire sur ces bestioles et que ce devoir est totalement stupide ?
- Oui, je suis d'accord, mais ne compte pas sur moi pour faire page blanche !
- Et si on faisait une pause ?
- Ok.
Nous nous levions et sortions de la salle commune pour aller prendre l'air.
Nous étions en plein après-midi, et le soleil était bien présent. Nous gagnons la cour, et allons rejoindre nos amis qui faisaient la bronzette au soleil printanier.
- Alors les tourtereaux, enfin fini votre devoir ?
- Blaise, arrête de nous appeler comme ça, dit Angie. Et non, ce devoir est horrible.
- Et bien, venez profiter. C'est vraiment bien de ne pas avoir cours l'après-midi en milieu de semaine.
- On a pas cours ? M'exclamai-je.
- Non.
- Pourquoi ? Demande Angie.
- Aucune idée.
- Y a une rumeur qui court comme quoi y a des élèves qui se sont battus ou je sais pas quoi mais bref, les cours ont été annulés. Dit Greengrass, dans les bras de Blaise.
- Ok.... Dis donc, vous jouez à quoi tous les deux ?
- Drago a raison, vous jouez à quoi ? Un coup c'est tout rose, un coup c'est tout noir....
- Disons que c'est compliqué en ce moment, affirme Blaise.
- Bien sûr... fis-je. Comme si on allait gober ton mensonge. Va falloir qu'on ait une petite discussion, mon pote.
- J'ai rien à t'expliquer. Ce sont mes problèmes.
- Ah ouais ? Je t'ai rien demandé lorsque tu venais me voir le soir pour qu'on parle de ce que tu sais. Et j'ai rien dit. Alors maintenant, c'est ton tour.
Il ne dit plus rien. Moi 1, Blaise 0.
Nous nous installons Angie et moi à côté de nos deux amis sur l'herbe verte, et je me mis à regarder le ciel. Je tournai la tête et vis qu'Angie s'était calée sur moi pour lire un livre.
- C'est quoi, ce que tu lis ?
- Une histoire moldue.
- Je croyais que tu t'étais mise à les détester.
- Les moldus en eux-mêmes, oui. Pas leur culture.
- Et ça parle de quoi ?
- Je ne savais pas que tu t'intéressais tant que ça à la culture moldue, Drago, me taquine-t-elle.
- Angie.... insistais-je en rigolant.
- Bon, bon. Le titre c'est "Un parfait inconnu". En gros c'est l'histoire d'une femme qui vit sa vie avec son mari. Mais un jour il est victime d'un accident, et la femme est dévastée. Et c'est au moment où elle est au plus mal qu'elle rencontre un beau jeune homme dont elle tombe amoureuse. Mais comme elle ne veut pas trahir ou tromper son mari, elle ne veut pas aller plus loin que leur relation amicale.
- Sympa. Et les moldus aiment ce genre d'histoires ?
- Oui. Personnellement, c'est pas mon genre préféré, mais c'est lisible.
Je ne sais pas pourquoi, mais le résumé de son livre me fait penser à ce que nous vivons tous les deux....
- Bon, bonne lecture alors.
- Merci.
Je regardais encore un instant le ciel bleu azur, et je fermais les yeux.
***
Il était bientôt l'heure du repas lorsque je réouvris mes yeux.
Le soleil commençait à se coucher, et il n'y avait plus grand monde dehors.
Je me relevai péniblement en faisant attention de ne pas déranger Angie qui s'était endormie.
Je vis qu'entre-temps Pansy nous avait rejoint et qu'elle était accompagnée d'un gars de Serpentard que je ne connaissais que de vue. Il y avait aussi Crabbe et Goyle un peu plus loin.
- Angie, réveille-toi.
- Mhhhh...
Je secouais Angie pour que l'on puisse regagner la salle commune avant d'aller manger. D'ailleurs à ce propos, mon ventre criait famine.
Quelques temps plus tard nous étions enfin à table.
- Quel est le plat du soir ?
- Si tu crois qu'on le sait ! Dit Blaise.
Les plats firent enfin leur apparition. Au menu, c'était ragoût de bœuf et pommes de terre. A peine étaient-ils sur la table que je me jetai dessus.
- Dis donc, tu serais prêt à manger un ogre, ce soir ! Dit Angie en rigolant.
- J'ai tellement faimmmmm..... Je n'en pouvais plus d'attendre.
- Tu pourrais quand même en laisser pour les autres, remarqua Blaise en regardant mon assiette.
En effet mon assiette débordait de nourriture.
- Ah, désolé. m'excusais-je en reposant quelques morceaux de viande.
Nous discutions de notre prochaine sortie à Pré-au-Lard, et de l'approche des examens de fin d'année, quand quelque chose me vint à l'esprit.
- Angie ? Dis-je doucement, pour qu'il n'y ait qu'elle qui m'entende.
- Qui y a-t-il ? Fit-elle en tournant sa tête vers moi.
- Ca te dit... ce soir...
- Mhhh ?
- J'ai une petite surprise pour toi. Ca te dit qu'on fasse un tour au clair de lune ? Murmurai-je.
- Avec plaisir.
Je souriais. Je remercie mon cerveau de m'avoir donné cette idée.
Avant cela, il faudrait que je comprenne la situation entre mon ami et la chipie.
- Blaise ?
- Yes ?
- Après le repas, dortoir, sur mon lit. J'ai à te parler.
- Mhh ? D'ac.
Je pense qu'il se doutait de quoi je voulais discuter avec lui.
Je me penche vers Angie, et je lui dit :
- T'en fais pas, ça sera pas long. De suite après, on sort.
- Ok.
Je sens que je vais avoir une soirée un peu chargée.
***
- Bordel, mais qu'est ce qu'il fout ?
Ca faisait 10 bonnes minutes que j'attendais Blaise.
Je m'impatientais, car à cause de lui, je vais faire attendre Angie. Et je n'en ai pas envie.
- Putain, Blaise ! Il est où, cet idiot !
- Toujours à se pomponner dans la salle de bain, me répondit un élève de Serpentard que je connaissais à peine. Ca fait 20 minutes que j'attend, et y a deux gars avant moi.
- Je vais aller l'extirper de là, tu vas voir, dis-je.
Je sautais de mon lit, pris ma baguette, et sortis de la pièce pour aller rejoindre la salle de bain.
Là, je me frayais un passage pour accéder à la porte (il y avait environ une dizaine de personnes qui attendaient leur tour), et une fois devant, je me retournais vers ceux qui attendaient.
- Reculez un peu.
Les gars s'exécutèrent, et je me concentrais.
- Bombarda maxima !
La porte explosa.
- BLAISE ZABINI ! SORS TOUT DE SUITE DE LA AVANT QUE JE TE TRANSFORMES EN STRANGULOT !
Je m'approche de mon ami, qui était torse nu avec une serviette enroulé à la taille, je lui prend le bras et je le tire hors de cette pièce qui fumait de partout. Bordel, il a dû utiliser toute l'eau chaude. C'est sympa.
- Eh, oh, tu fais mal !
- JE M'EN CONTREFOUT ! CA FAIT 20 MINUTES QU'ILS ATTENDENT LEUR TOUR, ET MOI CA FAIT 10 MINUTES QUE JE POIREAUTE ALORS QU'ANGIE M'ATTEND !
- T'as prévu une soirée avec Angie ?
- CA NE TE REGARDE PAS !
- Oh, ça va, tu fais ce que tu veux, après tout. Bon, tu veux quoi ?
- Discuter de ton cas et de celui de Greengrass !
- Ahhhhh ouaaaiiiisss, c'est vrai. Monsieur veux faire le psy avec moi. Ca marchera pas.
- Tu crois ça ?
En arrivant dans le dortoir, je le jette sur mon lit, je lui prend le bas du menton, et je pointe ma baguette dans le creux de son cou.
- Si tu ne veux pas que j'utilise un des sorts impardonnables sur toi, tu ferais mieux de me dire ce qu'il se passe entre vous. J'ai passé des heures à me confier à mon ami alors que j'en avais pas la moindre envie, sur un sujet qui me met plus que mal à l'aise, et toi, tu ne voudrais pas que je fasse la même avec toi ? Alors quoi ? Je croyais qu'entre nous, c'était tout ou rien. Alors vu que je me suis confié, c'est à ton tour. Et crois-moi, je ne lâcherai pas l'affaire.
Même s'il était mon ami et qu'il ne voulait pas le montrer, à ce moment même, j'arrivais à lui faire peur. Et même si c'est mon ami, oui, je le menace. Mais si on veut obtenir quelque chose de lui, il faut le menacer un peu, sinon t'aura rien.
- Je peux aller me changer avant ?
- Dépêche-toi.
Je me relevai pour lui laisser le passage. Il fila vers son lit pour prendre son pyj puis se changea rapidement, avant de me rejoindre.
- Ca y est ? T'es content ?
- Si tu es prêt à t'expliquer, je serais content, oui, râlais-je.
- Ok. Prépare-toi, c'est un peu long.
- Résume, Angie m'attend toujours.
- Elle peut attendre 10 minutes de plus non ?
- Bon, tu vas m'expliquer ou merde ?
- Calme-toi, calme-toi, je vais te raconter.
Il pris une légère inspiration, puis commença.
- En fait.... Bon. Au départ, au début de l'année, on s'aimait comme des fous. Je pense que tu t'en es rendu compte.
- Ouais.
- Mais le problème, c'est que je trouvais Astoria un peu collante. J'avais pas de temps pour moi, elle voulait tout le temps que je sois avec elle. Et j'ai fini par en avoir marre. Alors on s'est disputés une première fois, et elle m'a promis qu'elle ferait des efforts. Mais elle n'avait pas compris ce que je lui demandais.
- C'est-à-dire ?
- Pfff.... Je lui ai simplement dit que, ok, être avec elle c'était bien, mais qu'elle était vraiment collante. Je lui ai donc demandé de l'être un peu moins. De passer du temps avec ses autres copines. De changer de binôme de temps en temps lorsque l'on doit faire des devoirs de groupe. De manger avec ses copines. Et elle a pensé que je ne voulais plus qu'elle reste avec moi, ou alors que je ne l'aimais plus... enfin je ne sais pas ce qu'elle a pensé, mais ce que je sais c'est que je l'ai vue traîner avec un autre type, de Serdaigle. Et ça ne m'a pas plu. Alors je suis allée la voir et je lui ai demandé ce que c'était que ce cirque. Et effectivement elle avait pas bien saisi le sens de mes mots. Pour elle, je ne pouvais plus la supporter, alors elle est partie voir ailleurs. J'ai eu beau lui expliquer dans tous les sens que la seule chose que je voulais c'était qu'elle soit un peu moins collante, elle n'a pas voulu me croire ni m'écouter. Alors on s'est disputé, plus violemment cette fois.
- Devant tout le monde ?
- Non, dans la salle commune.
- Mais comment ça se fait que je ne vous ai jamais vu vous engueuler ?
- On se disputait dans les dortoirs, ou alors dans des coins où il n'y avait personne, en général à des heures ou tout le monde dort ou est occupé.
- Donc.... Les quelques fois où tu as loupé les cours...
- Ouais, en fait je partais pour gueuler sur Astoria.
- Ok, sympa.... Bref, continue.
- Oui, bref. Après ça on a décidé de se séparer pendant quelques temps. En fait, on ne voulait même plus se parler. Elle me narguait avec cet enfoiré de Serdaigle. Et moi, quand je discutais avec Angie, je voyais qu'elle était jalouse. C'est à partir de là qu'elle a cru que je sortais avec elle. En fait, Angie et moi, on apprenait à se connaître, et en même temps on se racontait nos problèmes.
- Y a certaines choses que je comprend mieux, maintenant.
- Mhh. Quelque part, c'est un peu grâce à Angie que je me suis décidé de tenter de renouer les liens avec Astoria, car je me suis rendu compte que je l'aimais encore. Et c'est aussi grâce à Angie qu'il m'est venu à l'idée de te parler pour que tu me confies tes problèmes. Bref. Donc c'est à ce moment là que je suis revenu vers Astoria. Mais ça a été difficile. Elle ne voulait plus entendre parler de moi. Elle m'a fait des crises de jalousie et elle a essayé de mettre la faute sur moi et de faire en sorte que je regrette. Mais je n'étais pas dupe. Astoria n'est pas une fille facile, mais rien qu'en me montrant ça, je savais que c'était elle qui regrettait et je sentais que quelque part elle aussi elle allait mal, et que peut-être elle voulait recoller les morceaux. Alors on s'est donné rendez-vous à la Tour de l'Horloge. C'était y a pas si longtemps que ça.
- C'était quand ?
- Le mois dernier.
- Et il s'est passé quoi ?
- Et bien, on a discuté, longuement... sans se disputer. Puis ça a été plus fort que moi.... Je l'ai....embrassé.
- Ouais et ? Elle a fait quoi ?
- Etonnamment... elle ne m'a pas rejeté. Elle en voulait plus. Elle m'a demandé d'aller à la salle de bains des préfets.
- Vous y êtes allés ?
- Ouais.
- Comment vous avez fait ? On peut pas y accéder.
- Je connais le mot de passe. Le préfet de notre maison est assez sympa.
- C'est lui qui vous a fait entrer ?
- Non. Je l'ai surpris une nuit avec sa petite amie devant l'entrée de la salle de bain des préfets. Et il a dit le mot de passe un peu fort. Je l'ai retenu.
- D'ac. Il s'est passé quoi ensuite ?
- Heuuu....
Il fit mine de tousser, et là je vis qu'il était rouge, et extrêmement gêné. J'essaie de comprendre, puis en faisant le lien entre la salle de bain des préfets, Blaise et Astoria, et l'anecdote sur le préfet....
- Attend, vous avez quand même pas...
- Si.
- Nooonnnn...
- Si.
Ils.... L'ont fait ?
Il y eut un gros silence, bien plat.
Berk. Sérieux, mon ami, tout juste 15 ans, vient de m'apprendre qu'il a perdu sa virginité y a un mois à peine. Génial.
- Bon, t'as fini ?
- C'est à moi que tu demandes ça ? Ca serait pas à moi, plutôt, de te demander si ma prise d'otage est terminée ? Dis Blaise.
- Non, c'est pas encore fini, au final. Après ça.... Il s'est passé quoi, depuis le mois dernier ?
- Ben, après, on s'est dit qu'on ne devait pas se remettre ensemble, parce qu'on est allés trop vite. On a décidé d'y aller progressivement.
- Vous êtes allés "trop vite", tu dis ? Rappelle-moi ce que vous avez fait dans la salle de bain des préfets ? T'as à peine 15 ans, gars !
- Ouais, c'est pas pareil !
- Pas pareil ! Tu délires.
Je marquais une pause. Je ne savais pas quoi penser de tout ce qu'il m'avait dit.
- Bon, la seule chose que je peux te dire, c'est que tu sais bien ce que je pense d'elle. Elle est pas claire. Un coup elle va t'aimer comme une folle, un coup elle va te détester au point de vouloir t'envoyer à Azkaban. Vous allez sans cesse faire le yo-yo, et tu vois, ça commence déjà. C'est pas super ce genre de relation. En plus, c'est une chipie. Perso, je peux pas me la voir. Elle est comme Pansy, voire pire. Alors si tu veux prendre le risque de t'entraîner dans une relation de montagnes russes, ça ne regarde que toi. A ta place, même si je l'aimais, j'abandonnerai et j'irai voir ailleurs. Des blondes, y en a des cent fois plus belles qu'elle. Même Loufoca à l'air mieux, alors que cette fille est complètement tarée.
- Loufoca ?
- La Serdaigle un peu louche.
- Je vois pas.
- Lovegood.
- Luna Lovegood ? L'amie de la petite Weasley ?
- Oui.
- Mmhh... bof.
- Blaise, fais ce que tu veux. Mais maintenant, tu sais ce que je ferais : je laisserai tomber.
Sur ce, je quittai le dortoir, et j'allais rejoindre Angie dans la salle commune.
Je descendais les escaliers, pris la veste que j'avais déposé sur mon fauteuil, et passais derrière Angie.
- On y va ? Lui chuchotais-je dans le creux de l'oreille.
Elle sursauta et se retourna. Quand elle me vit, un grand sourire se dessinait sur son visage, et ses yeux violets se mirent à s'éclaircir et à briller.
- Avec plaisir.
***
Il était aux alentours de 21h30 quand nous sortions, Angie et moi, du château.
- T'es prête ?
- Plus que prête.
Elle prit ma main, et je souriais intérieurement. J'adorais ce léger contact entre elle et moi. Sa main si douce caressant la mienne, un symbole fort pour nous deux, mais dont j'avais encore du mal à en comprendre le sens.
- Allons d'abord chercher mon balai, lui dis-je doucement.
- D'accord.
Nous marchions en silence, main dans la main, sous le ciel étoilé. La nuit était magnifique. C'est le moment de la journée que je préfère. Sombre, et belle à la fois. Un contraste parfait. Comme Angie et moi.
Arrivés aux vestiaires du terrain de Quidditch, je me dirigeais vers les vestiaires des Serpentard, où se trouve mon Nimbus 2001. Vivement que je change mon balai. J'économise pour me procurer l'éclair de feu. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment Saint Potty a pu l'avoir. Et franchement, avec mon balai, j'ai du mal à rivaliser.
- Pourquoi il faut que tu prennes ton balai, au juste ? Me demande Angie.
- On en a besoin pour aller là où je veux t'emmener. Mais tu vas voir, c'est pas très loin.
C'est même plus proche qu'elle ne le pense....
Elle acquiesce et je pris mon balai. Nous sortions des vestiaires et allions à l'entrée du terrain. J'activais mon balai et je fis signe à Angie de monter.
Mais étrangement, elle avait pas l'air de vouloir venir.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu veux vraiment que je monte sur ton balai ?
- A moins que tu ne veuilles rester plantée là, pendant que je profite seul d'une surprise spéciale pour toi, oui, j'aimerais bien.
Elle recula.
- T'as peur, Angie ?
- Je ne suis pas à l'aise sur les balais.
- Oh ! Désolé ! C'est vrai.
J'avais oublié que son épreuve de sélection au Quidditch fut un échec. Même s'il n'y a eu que deux matchs depuis le début de l'année, les épreuves de sélection ont tout de même eu lieu, et elle avait décidée de le passer. Mais alors que tout se passait bien, elle s'était reçu un cognard de plein fouet et avait perdu l'équilibre. Elle a fait une chute de plusieurs mètres de haut. Depuis, elle ne voulait plus monter sur un seul balai, et le simple fait d'en voir un lui rappelait ce moment. Pourtant, jusqu'à maintenant, elle avait accepté le fait que j'aille chercher mon balai. Il va falloir que je lui montre qu'elle ne risque rien avec moi.
- Hey, t'en fais pas, il ne risque pas d'y avoir un cognard qui va nous tomber sur la tête en pleine nuit, Angie !
- Mais je sais bien, Drago ! Riait-elle. C'est juste que -
- Alors, de quoi as-tu peur ?
Elle s'arrêta net.
- Allez, monte, et agrippe-toi. Je te promets, tu ne tomberas pas.
Je lui tendais ma main.
Elle hésita, alors je forçais un peu. Finalement, elle fit un pas et pris ma main. Je l'aidais à monter, et une fois en place, je sentais qu'elle s'accrochait fortement à ma taille. Je pouvais entendre nos deux cœurs battre en rythme. La sentir si proche de moi m'apaisait.
- On y va ? Lui demandais-je.
- Oui.... Répondit-elle en tremblant.
- Si t'as peur, ferme les yeux et ne regarde pas en bas.
Et je décollai. Le voyage n'était pas long, car nous allons simplement sur le toit de la plus haute tour de Poudlard. Mais je voulais faire durer le moment, d'une part pour qu'elle s'y habitue, et d'autre part pour que cela ne soit pas trop court. Je voulais profiter.
- Ca va ?
- J'ose pas ouvrir les yeux....
- Vas-y progressivement ! T'en fais pas Angie, n'oublie pas quel poste j'occupe au Quidditch !
Elle voulait être attrapeuse ou poursuiveuse. Je sais qu'elle a toujours admirée mes performances au Quidditch. Elle m'a souvent dit que j'étais doué.
- Ouahouuuu !!!
Son cri me surpris un peu. J'ai su qu'elle avait ouvert les yeux, ce qui était déjà un pas.
- On dirait que tu as l'air d'apprécier !
- Oui !! La vue est superbe d'en haut !
Je souriais. Je ne savais pas comment j'avais réussi à lui redonner confiance sur un balai. Je ne savais pas si elle se sentait en confiance grâce à moi ou pour une autre raison. Mais elle était plus à l'aise, au point de desserrer légèrement son étreinte.
Je fis encore quelques tours autour du château avant de me diriger vers l'endroit que j'avais choisi.
Je me posai délicatement sur le sol en pierre.
- On est où, exactement ? Demande Angie.
- Sur le toit de la Tour d'Astronomie, la plus haute tour de Poudlard.
- La Tour d'Astronomie ?
- Oui. Tu penses peut-être que je me trompe, mais ce n'est pas le cas. C'est parce que d'habitude, lorsque l'on va à la Tour d'Astronomie, on va à l'étage du bas. Cet étage est interdit, normalement. Seuls les élèves ayant cours ici ont droit d'y accéder, lorsqu'il y a cours.
- Et donc il n'y a pas cours ce soir ?
- Sinon, on ne serait pas ici, Angie.
Elle rigola. J'adorais son rire. Il était indescriptible, mais lorsque je l'entendais, je me sentais.... Si léger. Elle a un rire si merveilleux...
- Et pourquoi cet endroit, Drago ?
- Je viens ici de temps en temps, pour faire le vide. Mais c'est surtout pour admirer ce qu'il y a derrière toi.
Elle se retourna.
- Ouaahhhhh.... Murmure-t-elle.
Je m'approchais pour voir l'expression de son visage. Et je vis que l'expression qu'elle avait était exactement celle que je voulais voir. Elle était ébahie, émerveillée par ce paysage splendide.
- Alors ?
- C'est... magnifique.
- C'est ce que je voulais te montrer.
Nous contemplions tous les deux le paysage. D'ici, on pouvait voir à des kilomètres. On voyait les montagnes de forêts qui nous entouraient, quelques éclairages d'habitations au loin, les autres tours du château, le lac qui montrait le reflet du ciel étoilé....Le ciel, qui ce soir, était sombre, mais éclairé par la pleine lune, et qui laissait voir ces milliards d'étoiles scintillantes, petites, grosses.... Le ciel était si dégagé que nous pouvions également apercevoir la voie lactée, qui traversait l'obscurité. Cette nuit était tout simplement la plus belle nuit que j'ai vu. Et elle était encore plus belle, car Angie était à mes côtés.
- Je vois que les paysages ont une grande importance pour toi, Drago.
- En effet.
- Pourquoi sont-ils si importants pour toi ?
- Ca me permet de m'évader, de faire le vide. Lorsque je me sens mal, que mon esprit n'est pas clair, je vais à l'extérieur, je monte à un arbre, ou sur le toit de l'école, je vais le plus haut possible, je m'assois, et je regarde le paysage. Le fait de monter plus ou moins haut, de manière inconsciente, me fait réaliser à chaque fois mon degré de mal-être. Je monte rarement jusqu'ici. Ca m'est déjà arrivé deux ou trois fois. Et une fois que je suis installé, je contemple le paysage en face de moi, qui n'est jamais le même. Je ne pense plus à rien, je fais le vide, je suis seul.... C'est un moyen pour moi de m'échapper un peu. C'est là que je me sens le mieux. C'est un peu.... Comme ma bulle de protection.
Il y eut un silence.
- Je te comprend, Drago. Mais... pourquoi tu voulais me montrer ça ? Pourquoi partager ça avec moi ?
- Avant, il n'y avait que les paysages qui me permettaient de m'enfuir. Maintenant, il y a toi aussi.
Elle fut surprise.
- M...moi ?
- Oui.
Elle restait bouche bée.
- Est-ce que... est-ce que l'importance que tu portes aux paysages, tout ce que tu m'as dit sur ça... c'est... pareil avec moi ?
- C'est même mieux. La sensation que je ressens face aux paysages, et face à toi, ce n'est pas pareil. Devant un paysage, je me sens libre. Avec toi, je me sens heureux. Et ce sont deux choses qu'on m'a toujours interdit d'avoir. Avant, ça ne me dérangeait pas, mais depuis que j'ai goûté à ces deux sensations... je ne peux plus vivre sans.
Un autre silence.
- Je suis devenue si importante à tes yeux, Drago ?
- Tu es plus qu'importante pour moi, Angie. Si tu devais partir, là, tout de suite, je ne sais pas comment je ferais pour continuer à avancer.
Mon esprit était enfin très clair. Je comprenais enfin ce que je ressentais pour elle. Je n'ai jamais voulu de ça, ça m'a toujours écœuré, mais je ne peux plus faire machine arrière. Je suis trop faible quand je suis avec elle. Je ne suis plus le même quand je reste avec elle. Et même si j'en avais encore un peu peur, je ne voulais plus fuir devant mes sentiments. Peu importe ce que dira mon père. Ce n'est pas à lui de me dire ce que j'ai le droit de faire ou non. Peu importe la réputation que j'ai. Tout le monde à le droit à ça. Si je ne saisis pas ma chance maintenant, je perdrais Angie à tout jamais. Et je ne veux en aucun cas que ça arrive. Je ne peux plus avancer sans elle. Elle est ancrée en moi.
Angie s'approcha de moi. On était maintenant à quelques centimètres l'un de l'autre. Je pouvais entendre son cœur battre à tout rompre. Je pouvais sentir son souffle léger, sa respiration rapide.
Elle leva ses yeux violets vers moi. Ils brillaient de mille feux, on pouvait voir des reflets roses tellement ses yeux s'étaient éclaircis. Le violet de ses prunelles étaient si scintillants, telle la pierre précieuse de la même couleur. Ils contrastaient parfaitement avec la noirceur de ses cheveux ondulés, si doux et si soyeux. Cheveux sombres et yeux clairs, comme le ciel sombre et les étoiles scintillantes de cette nuit si merveilleuse.
Elle était maintenant si proche que nos corps se touchaient. En tremblant, je passais une main sur sa joue, puis je remis une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Sa peau était si douce... Je la voyais frissonner à ce contact.
Je ne voulais plus rien dire. Je voulais que cet instant dure le plus longtemps possible.
Elle mis une main sur mon torse. Son toucher me donna un frisson qui parcouru tout mon corps. C'était comme si on m'avait envoyé de l'électricité.
Ma respiration s'accélérait, et une sensation de chaleur s'installa.
Je voulais que le monde s'arrête à cet instant précis. Juste elle et moi. Ces regards qui en disaient long sur ce que l'on ressentait pour l'autre.
- Drago ?
- Mhh ?
Un court silence.
- J'ai peur de t'aimer.
J'aurais pu m'écarter d'elle et la regarder avec un sentiment d'incompréhension. Cela aurait pu partir en engueulade.
Mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Tout au contraire, je souriais en entendant ces mots. Je la regardais, et je la pris dans mes bras.
Il fallait que je lui dise maintenant.
C'est le point de non-retour.
Un nouveau moi va naître.
- Je déteste t'aimer, Angie.