Je finissais de nouer ma cravate.
Finalement, les examens avaient été annulés.
Mais tout le monde était assuré de passer à l'année supérieure.
Je me regardais dans la glace. J'avais peu dormi et ça se voyait. Je réajustai le haut de mon costume, noir comme la grande cape de Rogue.
Je donnais un dernier coup de peigne dans mes cheveux blonds, presque blancs, pour remettre en place une mèche rebelle.
Puis je sortis de la pièce.
J'arrivais dans la salle commune.
Il ne restait que deux groupes d'amis : les miens, et un groupe dont le type qui traînait de plus en plus avec Pansy faisait partie.
- Elle est encore en haut ?
- J'ai eu du mal à la convaincre de se préparer. Je doute fort qu'elle soit en train de s'habiller.
Greengrass baissait la tête. Je regardais Blaise.
- Vas-y, me dit-il.
Sa voix était à peine perceptible. Lui aussi avait mal dormi.
Je fis demi-tour et alla la chercher. Je faisais attention où je marchais car les filles avaient ensorcelé les escaliers pour éviter que l'on monte dans leurs dortoirs.
Arrivé en haut, je vis une jeune fille, blonde comme les blés, qui m'avait tout l'air d'être une première année, car je ne l'avais jamais vue.
Même si j'avais arrêté de faire en sorte que l'on me craigne, ma réputation était tellement ancrée dans les têtes de tout le monde que lorsqu'elle me vit, elle s'écarta et baissa la tête.
- Hey, je te ferai rien, lui dis-je.
Comme je voyais qu'elle n'osait rien me dire, je m'agenouillais pour être à sa hauteur.
Était-ce moi qui était trop grand ou elle qui était vraiment très petite ?
- Je veux juste savoir si tu n'aurai pas vu une fille aux yeux violets et aux cheveux noirs ébène, murmurai-je.
Elle m'indiqua de son doigt la direction des dortoirs de quatrième année. Personne ne peut rater une fille aux yeux violets.
- Merci.
Je me relevai et alla dans la direction qu'elle m'avait indiquée.
Lorsque je fus devant la porte, je constatais qu'elle était entrouverte.
Je jetais un œil, et je vis qu'elle était assise sur son lit, le regard tourné vers la fenêtre.
J'entrais doucement sans faire grincer la porte.
Je m'approchais d'elle en faisant attention à ce qu'elle ne me remarque pas, puis arrivée au pied de son lit, je mis un genou juste au bord pour pouvoir me pencher et lui prendre doucement la taille avec ma main droite.
Elle eut un léger sursaut. Elle se laissa faire et je me collai à elle.
- Je... ne veux pas y aller, Drago.
- Je te comprend. Beaucoup n'aimeraient pas y aller. Mais ils y vont quand même, pour honorer sa mémoire. Et puis, c'est comme ça que ça marche.
- Je sais pas si je tiendrai...
- Angie... regarde Chang et Potter. Ils y sont déjà. Ils auront du mal à tenir aussi. Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas pareil pour toi.
- Même si j'ai fini par le détester.... Je l'ai quand même aimé.... Un temps....
- Je sais. C'est dur de perdre quelqu'un qu'on aime.
Je marquais une pause.
- Tu sais... Chang aussi l'aimait. Potter l'appréciait. Et... je pense qu'ils auront besoin de soutien. Tu es dans le même état qu'eux, et c'est normal. Alors vas-y. A trois, vous vous soutiendrez mutuellement.
- Tu.... Tu crois ?
- J'en suis sûr ma belle.
Je lui caressai doucement le dos.
- D'accord. Laisse moi deux minutes.
- Je t'attends en bas.
Je me levais et sortis de la pièce en silence.
Je ne sais toujours pas comment j'ai pu réussir à trouver les bonnes paroles pour la convaincre à venir à la cérémonie.
- Alors ? Me demande Blaise lorsqu'il me vit arriver.
- Elle arrive.
- D'ac.
Je me mis à côté de lui et je tripotais mon collier. C'était à la fois un geste rassurant et nerveux. Je le considère comme un porte-bonheur. Après tout, c'est Angie qui me l'a offert, et c'est la première fois que l'on m'offre un cadeau auquel je tiens énormément.
2 minutes plus tard Angie apparu. Elle avait fait nuit blanche, m'avait informée Parkinson. Mais même si elle ne m'avait rien dit, je l'aurai tout de même remarqué.
Ses yeux violets si pétillants ne reflétaient plus aucune expression. Ils étaient vides. Et ça m'attristai encore plus.
Mais je fis face. Aujourd'hui, elle a de nouveau besoin de moi.
- Tu te sens prête ?
- Oui.
- Viens.
Je lui tendais mon bras.
Elle s'accrocha à moi, et nous sortions, Astoria, Pansy, Blaise, Angie et moi de la salle commune.
***
De longs bancs étaient installés devant le cercueil.
Presque tout Poudlard était là. Il y avait en plus des familles, qui devaient sûrement être des personnes proches de Diggory ou de son père.
Tout le monde était vêtu de noir.
En ce jour si sombre, le soleil brillait de mille feux.
Dumbledore prononçait son discours d'adieu. Puis, tour à tour, les personnes souhaitant s'exprimer pour rendre un dernier hommage à l'élève de Poufsouffle venaient sur le pupitre du directeur.
Chang tenta de parler, mais elle fondit en larmes après avoir réussi à aligner trois mots.
Je tenais fermement Angie par la taille. Je la regardais de temps en temps. Je voyais qu'elle ne voulait pas pleurer.
- Angie, je ne dirai rien si tu pleures.
- Je n'ai pas envie de pleurer. Je n'ai plus de larmes.
Je voyais Potter se retourner assez souvent vers nous, pour regarder Angie.
Je desserrais mon étreinte, et avant même que je lui dise d'aller le voir, même si cela ne me plaisait pas, elle reprit mon bras et le resserrait.
- Non. Je veux rester avec toi.
- Tu es sûre ? Pourtant, il -
- J'irai le voir plus tard.
Elle pinçait ses lèvres.
- Tu es courageuse, ma petite Angie.
Elle souffla longuement et ses lèvres commençaient à trembler de plus en plus.
- Il m'aura fait souffrir jusqu'au bout cet-
Enfin elle craquait. Elle se tourna vers moi pour s'enfoncer dans mon torse. Je mis mes bras autour de sa taille et je lui caressais le dos. Elle adorait quand je faisais ça.
- Pourquoi...
Je l'entendait dire des mots, mais comme elle était collée à moi et qu'elle reniflait, je ne comprenais pas grand-chose.
Je ne disais rien. Il fallait qu'elle se laisse aller.
Je vis Potter s'approcher de nous.
Mais Blaise, qui l'avait vu aussi, se mit entre nous pour lui bloquer le passage.
- Je ne crois pas que ce soit le bon moment, Potter.
- J'aimerai parler à Angie. Je veux pas créer d'embrouilles. Pas aujourd'hui.
- Angie n'est pas vraiment en état de parler.
- Blaise, dis-je.
Il me regarda de son air surpris, puis s'écarta.
Potter s'approcha encore. Je serrais Angie un peu plus fort, par réflexe.
Moi non plus je ne voulais pas créer d'embrouilles.
- Elle m'a dit qu'elle viendrait te voir plus tard, Potter.
- Ah.
- Ca peut vraiment pas attendre ? Regarde-là.
Il regardait Angie. Je vis qu'il était dépité, tout comme elle. Surtout, l'expression de son visage et de son regard me fit un peu peur. Je pense qu'il a du se passer quelque chose, qu'il a du voir des choses qu'à notre âge, on ne devrait pas voir. Je pense qu'il a du voir Vous-Savez-Qui de ses propres yeux. Il a du voir le sortilège de la mort lancé sur celui pour qui nous sommes tous là aujourd'hui.
Et même si je le détestais, ce Saint Potty, franchement, j'aurai pas aimé être à sa place. J'avais un peu de peine pour lui.
Il fit un pas et mis une main sur l'épaule d'Angie. Il lui fit une caresse rapide en signe de réconfort, puis me dit :
- J'irai la voir après, si ça te dérange pas.
Je ne dit rien, mais je pense qu'il comprit que je le laisserai tranquille.
- T'as changé, Malefoy.
Et il partit.
Que Blaise me dise que je ne suis plus le même, ça passe.
Mais entendre Potter me dire que j'ai changé... ouahou. D'un coup, ça m'a fait un effet indescriptible.
Si lui me dit que j'ai changé, alors là...
Angie... t'as fait quoi à l'ancien Drago ?
***
Beaucoup d'élèves n'avaient pas attendu la fin de l'année pour rentrer chez eux.
Les cours n'étaient plus obligatoires pour cette dernière semaine.
Et il fallait le dire... c'était extrêmement silencieux.
Blaise et moi occupions nos journées à jouer aux échecs, à se documenter à la bibliothèque, et à se dorer la pilule au soleil estival.
On voulait à tout prix éviter de repenser au drame de la semaine précédente. Même si on avait beaucoup de mal à ne pas y penser parfois.
Astoria et Pansy étaient rentrées chez elles. Leurs parents respectifs commençaient à avoir peur, comme la plupart des parents ayant des enfants à Poudlard.
Angie, elle, ne sortait presque plus de son dortoir. J'avais du mal à la convaincre de passer du temps avec nous pour se changer les idées. Elle voulait rester seule. Le problème c'est qu'en restant seule, elle était en train de se morfondre, de se replier dans son cocon.
Les seules fois où elle sortait, c'était pour aller voir Harry.
D'ailleurs, je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle avait envie de le voir lui et pas moi.
Peut-être parce qu'ils ont perdu une personne qui n'a pas d'importance à mes yeux, et donc que je ne pouvais pas comprendre leur souffrance.
Mais c'est faux. Même si je le détestais, j'ai aussi eu mal lorsque j'ai appris sa mort tragique. Et je comprenais ce qu'elle ressentait en ce moment.
Peut-être a-t-elle encore du mal à me faire confiance.
Ou alors ce n'est pas le cas.
Enfin, là je ne sais pas. Je n'arrive plus à la comprendre. Et je n'ose pas aller lui parler, de peur que l'on se dispute.
Et j'ai pas envie de déchirer notre relation à cause de ça.
Mais le fait qu'elle reste loin de moi me rendait nerveux. Dès qu'elle s'éloignait de moi pendant plus de 10 secondes, elle me manquait terriblement, et je me sentais mal.
J'avais constamment besoin d'elle. Et je savais qu'elle avait besoin de moi.
Que faire ?
- Alors, tu joues oui ou non ?
Blaise me sortait de mes pensées.
- Oui, attends... la reine en C7. Echec et mat.
- Non, car je déplace mon roi en E8. Qu'est-ce qu'il y a Drago ?
- Mon fou en F8. Rien, t'en fais pas.
- Ma tour en F8, tu n'as plus de fou. Je sais qu'il y a un truc qui te tracasse. T'es pas concentré.
- Mon cavalier en E7. Echec et mat. Je suis toujours pas concentré, t'es sûr ? Revois tes propos.
- Bien joué. Mais je sais que tu étais ailleurs. Dis-moi.
Je ne lui répondait pas, et demandais à mes pions de se replacer pour une nouvelle partie.
- C'est à propos d'Angie, hein ?
- Si tu le sais, pourquoi me demandes-tu ce qui ne va pas ?
- On sait jamais.
Je soufflais.
- Je m'inquiète pour elle. Je n'aime pas la voir rester cloitrée dans son dortoir du matin au soir. Et surtout, ça fait déjà deux fois que je l'ai surprise aller voir Potter en cachette, alors qu'elle ne veut même pas que j'entre dans son dortoir pour lui parler.
Je me prenais la tête.
- Bordel, qu'est-ce qu'il a de plus que moi, cet enfoiré ?! Je croyais qu'elle m'aimait.
- C'est toujours le cas, Drago. Mais il faut lui laisser du temps. Elle va souvent le voir parce qu'ils ont perdu une personne en commun, qu'ils appréciaient bien. Elle doit sûrement penser que tu n'es pas à la hauteur pour comprendre sa douleur.
- Tu parles, je comprend très bien ce qu'elle ressent.
- Je le sais, Drago.
Je soufflais à nouveau.
- Je fais quoi ? Je sais plus comment faire pour aller lui parler. J'ai déjà essayé trois fois, et à chaque fois je fais demi-tour parce que je me dis que ça va finir en dispute. J'ai pas envie de la perdre, Blaise. Je veux pas qu'elle se renferme sur elle-même à cause de ce qu'il s'est passé. Faut pas qu'elle fasse ça.
- Je sais. Pff... Bon écoute. Si tu veux, je vais aller la voir. Je suis sûr qu'elle voudra bien me parler. Je lui dirai que tu t'inquiètes pour elle, et tout. Je pense qu'avec ça, elle viendra te voir.
Je ne dis rien.
- Fais-moi confiance, mec. Je suis ton ami.
- Comment tu peux être sûr qu'elle voudra te parler, à toi ? Si c'est pas le cas, on fait comment ?
- C'est un risque à prendre. Je vois que ça comme solution pour l'instant.
Je réfléchissais.
- Bon.. Ok.
- J'irai la voir ce soir. En attendant, on fait une dernière partie.
- Essaye toujours de prendre ta revanche, tu vas encore perdre.
- C'est ce qu'on va voir. Pion en 4E.
J'espère vraiment que Blaise va réussir à convaincre Angie de me parler.
***
La soirée arrivait.
19h, nous nous rendions Blaise et moi dans la Grande Salle.
Il avait tenté d'aller parler à Angie une heure plus tôt, mais elle n'était pas dans le dortoir, ni dans la salle commune.
En arrivant dans la Grande Salle, je la vit, assise, seule, à notre table.
Je vis Potter qui se dirigeais vers la table des Gryffondor.
Vu qu'il était assez proche de notre table lorsque nous sommes arrivés, je supposais qu'il était allé lui parler.
Je fis tout mon possible pour ne pas créer d'histoires.
- Hey, calme-toi.
Blaise avait mis une main sur mon épaule. Je ne comprenais pas, et lorsqu'il me montrait du regard mes mains, je vis qu'elles s'étaient resserrées automatiquement.
Ecoute ton ami et calme-toi, Drago.
- Salut Angie, dit Blaise.
Moi je n'osais rien dire. Elle ne répondit pas. Je m'asseyais à côté d'elle, et elle s'écarta.
Blaise s'était mis en face d'elle.
Même si elle avait la tête baissé, les cheveux cachant son visage, le menton appuyée dans sa main droite, je vis qu'elle avait une mauvaise mine. J'avais de la peine pour elle, je m'inquiétais atrocement.
- Ca fait longtemps qu'on t'avait pas vu venir manger, Angie, dit Blaise. Ni même sortir de la salle commune.
Elle ne dit toujours rien.
- Angie...
Mes jambes tremblaient. Blaise avait du mal à faire en sorte qu'Angie nous parle.
- Ecoute-moi. Je sais que c'est dur. Je sais que tu te sens mal. Mais on s'inquiète pour toi. Surtout Drago. Depuis une semaine vous ne vous parlez plus. A ce que je sache, il n'a rien fait de mal, pourtant.
Elle ne répondit pas.
- Tu sais, c'est mauvais de rester seule et de te renfermer sur toi-même. Il est parti, oui, mais la vie continue. C'est difficile à s'en remettre, mais il faut penser à autre chose. Si tu penses constamment à lui, tu n'arriveras pas à faire ton deuil. Et puis, c'est pas parce qu'il le détestait, que Drago ne comprend pas ton mal-être.
Angie bordel, dis quelque chose....
- Mes parents viennent me chercher demain matin. Je rentre chez moi.
- Pardon ?!
Blaise et moi avions eu la même réaction.
- Angie, pourquoi n'as-tu rien dit ? Dis-je.
- Il y a des raisons, répondit-elle. Et... il y a de grandes chances pour que l'on ne se revoit jamais.
- HEIN ?!!!
Me dit pas que ses parents veulent la mettre dans une autre école ?
- Ma famille trouve que l'école est dangereuse. Et irresponsable. Des professeurs censées n'auraient jamais laissé un élève trouver la mort. Ils n'auraient jamais mis en place le Tournoi. Ils savaient la dangerosité, et ils ont laissé faire. Mes parents ont porté plainte contre l'école et contre Dumbledore.
J'avais les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Blaise était également stupéfait.
- Aussi, Malefoy, notre relation, oublie-là.
- Quoi ?! Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
- J'ai discuté avec Harry. Mes parents ont découvert toute la supercherie, et lui aussi. Le professeur Maugrey n'était pas le professeur Maugrey. C'était quelqu'un qui a pris son apparence. Il a mit le nom d'Harry dans la coupe pour qu'il participe au Tournoi. Il a fait en sorte qu'il arrive jusqu'au bout. Krum sous l'emprise de l'Imperium n'était pas un accident. Le faux professeur Maugrey a fait en sorte que tous les champions abandonnent pour emmener Harry à la victoire. Là, la coupe de feu, transformé en portoloin, l'attendait. Mais ils n'avaient pas prévu que Cédric y arrive aussi. Les deux ont touché la coupe, et ont été transporté dans le cimetière de Little Hangleton. C'était tout un stratagème pour amener Harry à Peter Pettigrow, chargé de la résurrection de Tu-Sais-Qui.
Elle fit une pause.
- Des Mangemorts étaient là, dont ton père, Malefoy. Vu que Diggory n'avait rien à faire là, il a suggéré à Tu-Sais-Qui de s'en débarrasser. Il a accepté, et Tu-Sais-Qui ou Pettigrow, l'un des deux, l'a tué. Tu-Sais-Qui a été ressuscité et Harry est revenu avec Diggory, mort.
J'étais totalement ahuri.
- Comme mes parents ont su que ton père était là, et qu'il n'a rien fait pour le sauver, je n'ai plus le droit de t'adresser la parole. Notre relation doit cesser. Tu as eu de la chance, car mes parents sont au courant de ce qu'il y a entre nous, et ils n'ont rien dit à ton père, alors qu'ils en mourraient d'envie.
Ca n'avait aucun sens.
- Mais je n'ai rien fait dans tout ça ! Pourquoi m'interdire de te parler alors que mon père est le coupable ?!
- Ils n'ont pas confiance en ta famille. Ils considèrent que tu n'es pas digne, pas capable de bien te comporter avec moi. Tu es un danger pour moi, ils pensent que tu pourrais me faire du mal.
- Mais... tu sais bien comment je suis avec toi ! Je ne pourrais jamais te faire du mal ! Je t'aime trop Angie, ça ne me viendrai jamais à l'idée de te faire du mal ! Je tiens à toi !
J'étais abasourdi.
- Angie, de quel côté tu es, toi ? Demandais-je. Réponds-moi je t'en supplie.
- Qu'est-ce que ça peut faire ?
- Tu te rends compte, tout de même.... Tu sais très bien comment j'ai agi avec toi ! Qui t'as fait souffrir ? Diggory ou moi ? Qui t'as rendue heureuse, qui t'as fait sourire ? Diggory ou moi ?
- NE PARLES PAS DE DIGGORY DE LA SORTE !!
- TES PARENTS PEUVENT BIEN PENSER CE QU'ILS VEULENT DE MOI, DE MA FAMILLE ! ILS NE SAVENT PAS TOUT CE QUE TU SAIS SUR MOI, ET TU LE SAIS TRÈS BIEN ! J'AI TOUT FAIT POUT TOI, J'AI CHANGÉ MON COMPORTEMENT, J'AI APPRIS À AIMER, TOUT ÇA POUR TOI ! PARCE QUE JE T'AIME ANGIE ! ET JE NE LAISSERAI PERSONNE SE METTRE EN TRAVERS DE NOTRE AMOUR ! JE FERAI TOUT CE QU'IL FAUT POUR DÉFENDRE NOTRE AMOUR ! BORDEL, JE T'AIME TELLEMENT, JE T'AIME COMME UN FOU ! JE SUIS FOU DE TOI ! JE POURRAIS FAIRE N'IMPORTE QUOI POUR TOI ! SI JE DEVAIS MOURIR POUR TE SAUVER, JE LE FERAIS !
Ouahou, ça sortait d'où tout ce que je venais de dire ?
En tout cas, je le pensais sincèrement.
Et j'avais encore une fois oublié où nous étions.
Même si le nombre d'élèves présents étaient réduits de moitié, ils s'étaient retournés vers moi.
Même Potter me regardait, bouche bée.
Quoi ? Même moi je ne pensais pas une seconde que je serais capable d'aimer.
Pourtant si.
- Tu le penses sincèrement, Drago ?
- Je ne pense pas que je peux être plus sincère, Angie. S'il te plaît, ne pars pas.
- Je ne sais pas de quel côté je suis, si tu veux ma réponse. Je suis dans un conflit intérieur, je ne sais pas quoi faire. J'aimerais tellement envoyer balader mes parents et rester avec toi...
- Alors restes.
- Mais j'ai 14 ans, et ils ont encore le pouvoir sur mes faits et gestes. Et je ne veux pas les contredire, je ne veux pas leur désobéir.
Comme je m'étais levé, je me rasseyais.
Les autres reprirent leurs bavardages.
Blaise nous regardait sans rien dire.
- Si ils sont au courant de notre relation, c'est que tu leur en as parlé ?
- Oui.
- Et ils disaient quoi, avant ça, de moi ?
- Que tu avais l'air différent de ta famille. Mais après ce qu'il vient de se passer, ils ont changé d'avis. Et je ne comprends pas.
- J'ai du mal à comprendre aussi.
- Je fais quoi ?
Je soufflais.
- Et si je t'accompagnais demain matin ? Je pourrais m'expliquer avec eux.
- Je crois pas que cela changera quoi que ce soit.
- Angie... déjà de base nous savions qu'entrer dans ce type de relation allait amener à beaucoup de choses. Et ça commence, tu vois. On a peur de s'aimer, mais on le fait quand même.
Je pris ses mains et je la forçais à me regarder.
- Après tout ce que j'ai vécu cette année, je veux pas te voir partir. Je veux pas que tu me quittes jusque parce que tes parents l'ont décidé. Tu sais très bien que je suis une meilleure personne que Diggory ou même ton moldu. Tu le sais car c'est grâce à toi, c'est toi qui a ouvert mon cœur et mon esprit. Depuis le jour où j'ai croisé ta route, tout est devenu différent autour de moi. J'ai apprécié chaque moment passé avec toi, et je veux que ça continue. Parce que je suis devenu dingue de toi. Tu es la première personne qui m'a appris la définition de l'amour, ce que c'est d'aimer et d'être aimé. Et je ne peux plus vivre sans ça. Je ne peux plus vivre sans toi. J'ai que 15 ans, mais je sais que c'est avec toi que je dois continuer. Si tu n'es pas là, je ne pourrais pas avancer. Sans toi, je ne sais plus qui je suis. Avec toi, tout est clair. Tu es ma lumière. Et je sais qu'au fil des années, je vais être contraint de sombrer dans les ténèbres. Car un jour je serais un Mangemort. Et si je n'ai pas ma lumière, l'ombre l'emportera sur moi. Et ce n'est pas ce que je veux. J'ai besoin de toi Angie. Je t'en supplie, restes.
Elle me regardait avec les larmes aux yeux.
- Drago...
Elle se jeta sur moi. Je la serrai le plus fort possible.
Elle mit ses mains dans mon cou, se retira doucement, posa son front sur le mien, et ferma les yeux. Je fis de même.
Nous étions toujours dans la salle commune, pour info, mais là, c'est comme si il n'y avait plus personne autour de nous. Nous étions dans notre bulle, juste elle et moi.
- J'ai besoin de toi aussi, Drago. Je ne t'abandonnerai jamais. Je te promets. Je ferais tout pour que l'on avance ensemble, le plus loin possible. Je suis folle de toi, mon beau blond aux yeux argentés.
A ce moment là, j'avais tellement, tellement envie d'enfin goûter ses lèvres... mais tant que l'on était pas prêts, on ne le ferait pas.
Mais bordel, j'en avais tellement envie.
Tout d'un coup, je sentis un contact léger sur mes lèvres. Je ne voulais pas ouvrir mes yeux. Je cru un instant qu'elle m'embrassait, mais je me rendis compte finalement que c'était simplement un de ses doigts fins qu'elle passait sur mes lèvres.
Bordel, arrête toi, je ne tiendrai pas.
Le brouhaha s'estompait au fur et à mesure.
Je me demandais si c'était parce que les élèves étaient partis ou si parce que tout le monde nous regardait.
Je me demandais même si Blaise nous regardait. Et si oui, pourquoi ne nous demandait-il pas d'arrêter.
Je sentais à présent un poids sur mes jambes.
Elle s'était mise sur moi.
Elle était collée à moi.
Je descendais mes mains le long de son corps pour les caler autour de sa taille.
- Embrasse-moi, Drago.... Chuchotait-elle.
Je souriais, et je passais mes mains sous son t-shirt.
- Drago....
- Chht...
- Drago, Drago !!!
J'ouvris les yeux.
Je vis qu'Angie me regardait.
Elle n'était plus sur mes jambes, et nos fronts étaient loin d'être encore collés.
Le rouge me montait aux joues.
Je crois bien que j'ai rêvé pendant un instant.
- Il s'est passé quoi, là ?
Elle rigolait. Ca faisait tellement du bien de la revoir sourire.
- Me dit pas...
Elle s'approcha jusqu'à mon oreille.
- Que tu viens de fantasmer sur moi ? Chuchote-t-elle.
Je mis ma main devant ma bouche.
Bordel, j'étais hy-per-mal-à-l'aise. Je ne savais plus où me mettre.
- Je te dirai le vrai du faux, tout à l'heure, fit-elle avec un clin d'œil.
Blaise était mort de rire.
Bordel de merde.... Je me met à fantasmer...
Je deviens vraiment trop fou d'elle.
Je me remis en place, je chassais ces idées de ma tête, et j'attaquais mon plat.
***
Au final, Angie m'avait dit que le passage où elle avait caressé mes lèvres était vrai. Tout ce qu'il s'est passé ensuite n'était que dans mon imagination.
Le lendemain matin, Angie avait fait la grasse matinée.
Elle avait décidée de ne pas suivre les consignes de ses parents, et de rester avec moi.
Elle pensait même passer les vacances avec moi.
J'avais à ce propos envoyé un hibou à ma mère, et celle-ci m'avait répondu assez vite. Certes, elle, n'était pas contre, mais mon père ne voulait pas.
Donc elle rentrerait chez ses parents, mais un peu plus tard que prévu.
J'étais tout de même content qu'elle m'ait choisi moi plutôt que ses parents. Elle m'a confiée que je l'avais convaincu, avec mes paroles, sur ce que je ressentais pour elle.
Même si la soirée d'hier a engendré une dispute, elle n'était pas pire que ce que je craignais. Elle fut même beaucoup plus rapide que je le pensais.
Et franchement, je ne pensais pas dire autant de choses sincères en une seule soirée.
Grâce à ça, si elle devait encore faire le deuil de Diggory, ça allait être plus rapide. Car en ce moment même, nous nous amusions, Blaise, Angie et moi, dans une rivière derrière Pré-au-Lard.
- Aguamenti !
Je lançais mon sort sur Angie, qui fut toute trempée alors qu'elle était en train d'enlever ses vêtements pour se jeter à l'eau.
Normalement, ce sort est appris aux élèves de sixième année, mais je savais l'utiliser car il y a eu un incendie dans mon manoir lorsque j'étais plus jeune, et lorsque j'ai vu ma mère l'utiliser, je l'ai suppliée de me l'apprendre pour qu'ensuite je m'amuse à tremper les elfes de maisons que nous avions.
- Hey !!! C'est malin ça !
- T'inquiètes sœurette, ça sèche !
Blaise et Angie avaient également renforcés leurs liens amicaux, et se considéraient de plus en plus comme des frangins, alors qu'il en était rien. Mais ça ne me dérangeait pas. Au contraire, au moins, je savais que s'il y avait un problème, Blaise serait là pour elle si je ne peux pas l'être.
Les deux avaient même discutés sur le fait de faire un sorte de lien, comme un Serment Inviolable, pour les unir en temps que frères et sœurs par le sang. Mais à ce jour, aucun serment ne pouvait faire un truc pareil, à notre connaissance.
On essayait de profiter au maximum de ces dernières journées paisibles, car nous savions que dorénavant, avec la résurrection du Seigneur des Ténèbres, nous n'aurions plus le temps de nous amuser.
- Prends ça dans ta face ! Ca t'apprendra !
Angie m'envoyait un chaudron d'eau à la figure. Oui, un chaudron. On en avait piqué un dans la salle de potions.
- Attends voir que je t'attrape !
Angie commençait à courir, mais j'étais assez rapide. Je la rattrapai, la pris par les jambes et la taille, la soulevai, et l'emmena jusqu'à la rivière où Blaise était déjà en train de piquer une tête.
- Lâche-moi ! Criait-elle en se débattant et en rigolant.
- T'as voulu jouer ! On ne s'en prend jamais à un Malefoy !
Et je la jetai dans l'eau.
Elle disparu quelques instants dans la profondeur bleutée, puis refit surface. Elle jeta ses cheveux trempés en arrière.
On aurait dit une sirène, tellement elle était sublime.
- Blaise ! Fais le nécessaire pour me venger le temps que j'aille enlever mon t-shirt !
- Ca marche !
Blaise coura vers moi, mais je fus plus rapide. Je plongeais dans l'eau pour l'éviter.
La joie, l'amitié, la rigolade... toutes ces sensations, ce sentiment de bonheur que nous procurait cet instant... bientôt, tout ça n'existera plus.
Nous sommes encore des gosses, ados certes, mais des gosses. A cet âge là, on a pas le droit de vivre dans la peur, l'angoisse, le sentiment qu'à chaque instant, à chaque faux pas, on risque notre vie.
Mais c'est ce que nous allons vivre à partir de la rentrée prochaine.
Autant profiter de ces derniers instants.
Profiter de mon meilleur ami.
Profiter de celle que j'aime.
Profiter de ces paysages splendides.
Profiter.
Aimer.
Rigoler.
Avant que ça ne soit trop tard.
Avant que les Ténèbres nous rattrapent.
La lumière avant l'ombre.
Le Bien, avant le Mal.
Cette année se terminait ainsi.