Le bureau de direction est baigné d'une lumière pâle, presque froide, quand Charlotte entre sur invitation d'Hélène. Elle referme doucement la porte derrière elle, le cœur un peu serré. Elle ne sait pas encore exactement ce qu'il se passe, mais la tension est déjà palpable.
Soraya est là. Debout. Raide comme un piquet. Elle ne daigne pas tourner la tête vers Charlotte.
— Asseyez-vous, dit simplement Hélène.
Charlotte obéit, s'installe sur la chaise à côté de Soraya, qui reste debout, les bras croisés.
— Il y a eu des remarques, des observations. Plusieurs d'ailleurs. Des retours qui me laissent penser qu'il se passe des choses dans cette équipe qui ne devraient pas se produire.
Un silence suit. Hélène les regarde tour à tour, posément. Pas de colère dans sa voix, juste une autorité calme et maîtrisée.
— On parle d'horaires modifiés, de tensions latentes, d'alliances étranges. Et, disons-le clairement, d'abus de position. Je vous laisse l'occasion de me dire ce que vous avez à dire.
Charlotte ouvre la bouche, mais ce fut Soraya qui prit la parole en premier.
— Ce sont des ragots. Des bruits de couloir. Il y a toujours eu des jalousies quand quelqu'un essaie de faire son travail correctement.
Elle se tourne vers Hélène avec ce sourire de façade qu'elle maîtrise si bien.
— J'ai simplement suivi les protocoles. Si d'autres n'en sont pas capables, ce n'est pas de ma responsabilité.
Charlotte serre les poings. Elle prend une inspiration lente, regarde Hélène.
— Elle m'a menacée. Elle sait pour... Elijah et moi. Et elle m'a dit que si je ne lui célais pas mes week-ends, elle parlerait. Ou pire. Qu'elle pourrait "faire en sorte que des choses disparaissent".
Soraya émet un ricanement sec.
— Tu dis ça maintenant, comme par hasard. Ça n'a rien à voir avec notre travail.
Hélène lève la main.
— Ça suffit.
Elle se redresse légèrement dans son siège.
— Je n'ai pas besoin de preuves formelles pour sentir qu'il y a un problème de confiance ici. Et ce que je vois, c'est qu'une de mes manageuses se sent menacée par une autre. C'est inacceptable.
Soraya pâlit légèrement.
— Je vous mets à pied provisoirement, Soraya. Le temps de faire le point. Ce n'est pas un renvoi. Mais je veux que vous preniez du recul, loin du restaurant, et que vous réfléchissiez à votre position ici.
Un long silence s'installe. Puis, froidement, Soraya tourne la tête vers Charlotte, ses yeux lançant des éclairs silencieux.
— J'aurais dû m'en douter. Tu as toujours su te faire protéger.
Charlotte serre les dents, mais ne répond rien.
— Ce n'est pas une question de protection, dit Hélène calmement. C'est une question de respect. Et tu as franchi une limite.
Soraya ne dit plus rien. Elle prend son sac et sort, sans saluer.
Quand la porte se referme derrière elle, le silence dans le bureau devient plus dense. Charlotte n'ose pas bouger. Hélène se lève lentement, se dirige vers la fenêtre. Elle reste un moment immobile, le regard perdu dehors.
— Tu sais que je ne suis pas là pour te juger, dit-elle calmement. Mais si Soraya a remarqué quelque chose, d'autres peuvent le remarquer aussi.
Charlotte relève les yeux.
— Je pensais faire attention...
— Tu fais de ton mieux. Mais les gens aiment parler. Et parfois, il suffit de pas grand-chose pour que ça se retourne contre toi.
Elle s'approche, puis s'appuie contre le bureau.
— Je ne te demande pas de cacher ce que tu ressens. Juste d'y aller avec précaution. Pour elle. Et pour toi.
Charlotte hoche lentement la tête.
— Ce n'est pas un caprice, tu sais. Ce que je ressens pour elle, c'est vrai.
Hélène l'observe avec douceur.
— Je le sais, répond-elle. Et ça se voit. Elle t'apaise. Elle te rend plus... toi-même.
Charlotte esquisse un sourire timide, presque honteuse.
— Je n'ai jamais vécu quelque chose comme ça. Pas comme ça.
— Alors prends soin de ce lien. Et sois maligne, oui. Pas pour vous cacher. Pour vous préserver.
Charlotte inspire profondément.
— Merci.
Hélène esquisse un sourire plus tendre.
— Je suis de ton côté, tu le sais. Mais je ne pourrai pas toujours être derrière toi. Alors avance avec le cœur... et la tête.
Charlotte répond d'un signe de tête, plus affirmé cette fois.
— Promis.
Le vestiaire est silencieux à cette heure-là. Elijah ajuste sa chemise de service devant le miroir quand Charlotte entre, refermant doucement la porte derrière elle.
Elles échangent un regard. Pas celui de simples collègues. Celui de deux femmes qui ont partagé la même couette, la même tasse de chocolat, les mêmes silences du soir.
Charlotte s'approche sans un mot. Elijah la suit du regard, un sourire doux au coin des lèvres.
— Bien dormi ? murmure Charlotte, en cherchant son badge dans la poche de son tablier.
— Oui... répond Elijah, sa voix plus basse. C'était différent. Mais bien. Parce que c'était avec toi.
Charlotte relève les yeux. Elle s'arrête, juste devant elle, leurs épaules presque en contact.
— Moi aussi. T'es là, à la maison... et je me sens moins vide.
Elijah esquisse un petit sourire, mais il est chargé. D'émotion. D'intensité. D'un truc qu'elle n'a pas encore dit à voix haute.
Charlotte lève une main, lentement, comme si elle demandait la permission sans parler. Elle pose ses doigts contre la joue d'Elijah, du bout des doigts seulement.
Elijah ferme les yeux un instant sous ce contact. Elle penche légèrement la tête, cherchant la chaleur de cette paume, sans rien brusquer.
— J'ai envie de t'embrasser, murmure Charlotte.
— Alors fais-le, souffle Elijah, les paupières toujours closes.
Le baiser arrive avec une lenteur tendre, un respect presque sacré. Leurs lèvres se trouvent sans hâte, dans une douceur presque timide. C'est un baiser comme on en offre peu. Un baiser de "je suis bien, ici". De "je suis en train de tomber pour toi, et je crois que je n'ai pas peur."
Charlotte pose sa main libre sur la nuque d'Elijah, la rapprochant un peu. Elijah répond, posant une main sur la taille de Charlotte. Elles restent ainsi quelques secondes, suspendues, hors du monde, hors du service qui approche.
Quand leurs lèvres se séparent, elles restent proches, front contre front, comme pour prolonger encore un peu ce moment.
— Je pourrais m'habituer à ça, souffle Elijah.
Charlotte sourit, les yeux toujours fermés.
— Moi aussi. Mais... on va devoir être malignes aujourd'hui. Hélène m'a parlé de Soraya, elle est mise à pied. Et puis elle m'a parlé de nous.
Elijah rouvre les yeux, surprise.
— Elle l'a mal pris ?
— Non. Mais elle m'a demandé de faire attention. Elle nous soutient, mais elle ne pourra pas toujours nous couvrir.
Elijah hoche la tête.
— On sera prudentes. Promis. Ça changera rien, chez toi. Juste ici... on dose.
Charlotte lève les yeux vers elle, puis, dans un élan rapide mais mesuré, dépose un baiser doux, presque silencieux, au coin de ses lèvres. Le genre de baiser qui reste dans la gorge, comme une promesse chuchotée.
— Allez, viens. Si on traîne trop, on va se faire remarquer pour d'autres raisons.
— Dommage, j'avais encore deux ou trois idées pour me faire remarquer, glisse Elijah en attrapant son tablier.
Et elles sortent, l'une derrière l'autre, masquant leur tendresse derrière la routine du service.
La salle de pause est redevenue calme. Les derniers bruits du service se sont estompés, et chacun reprend son souffle avant la soirée. Elijah et Charlotte s'installent à une table, deux cafés tièdes devant elles, leurs genoux frôlant discrètement sous la table.
Hélène passe près d'elles sans s'arrêter. Puis, après un bref instant, fait demi-tour et revient vers elles avec ce petit air à la fois sérieux et complice.
— Vous avez bien géré aujourd'hui, dit-elle simplement, les bras croisés. On voit que vous travaillez... en confiance.
Charlotte lève les yeux, un brin tendue, mais Hélène a un sourire au coin des lèvres.
— Continuez comme ça. Vous faites du bien à l'équipe. Même si personne n'ose vous le dire.
Elijah rougit légèrement. Charlotte, elle, pince doucement les lèvres pour ne pas sourire trop fort.
— On fait attention, promet Charlotte.
— Parfait. C'est tout ce que je vous demande, répond Hélène. Et accessoirement... profitez-en. Mais discrètement, hein.
Elle ponctue sa phrase d'un clin d'œil à peine visible, puis s'éloigne déjà, sa tasse vide à la main. Charlotte et Elijah se regardent. Pas besoin de mots. Il y a dans l'air comme une autorisation silencieuse. Un « je vous vois, et je vous protège... tant que vous restez intelligentes ».
Sous la table, leurs doigts s'effleurent à nouveau. Et cette fois, ce n'est ni caché, ni pressé. Juste une présence tranquille. Une promesse partagée.
Le service vient à peine de se terminer. Les derniers clients partis, la salle est plongée dans un calme étrange. Charlotte et Elijah quittent le restaurant sans se dire grand-chose, juste un regard complice échangé.
Une fois rentrée, Elijah est assise en tailleur sur la banquette, un plaid sur les genoux, les jambes nues repliées sous elle. Une tasse de chocolat chaud entre les mains, qu'elle tient comme un petit trésor. Elle souffle doucement dessus, les yeux un peu dans le vide, fatiguée mais bien.
Charlotte sort de la salle de bain, les cheveux encore mouillés, tombant en mèches désordonnées sur ses épaules. Elle porte un t-shirt large qui lui tombe sur une épaule, et un short de coton. Elle s'approche calmement, sans bruit, et s'installe juste à côté d'Elijah, le regard posé sur elle. Charlotte regarde Elijah un instant. Puis, sans rien dire, elle lui prend la tasse des mains, la pose doucement sur la table basse, sans la quitter des yeux.
— Ici, murmure-t-elle, besoin de se cacher sous une table. Pas besoin de te retenir.
Elijah la fixe, un peu surprise, le souffle suspendu.
Charlotte se penche lentement vers elle, l'embrasse. Un baiser calme, intense et affirmé. Elle la pousse doucement en arrière, jusqu'à ce qu'Elijah se laisse faire.
Le bureau de direction est baigné d'une lumière pâle, presque froide, quand Charlotte est entrée sur invitation d'Hélène. Elle a refermé doucement la porte derrière elle, le cœur un peu serré. Elle ne savait pas encore exactement ce qui se passait, mais la tension était déjà palpable.
Soraya était là. Debout. Raide comme un piquet. Elle ne daigna pas tourner la tête vers Charlotte.
— Asseyez-vous, dit simplement Hélène.
Charlotte obéit, s'installa sur la chaise à côté de Soraya, qui resta debout, les bras croisés.
— Il y a eu des remarques, des observations. Plusieurs d'ailleurs. Des retours qui m'ont laissée penser qu'il se passe des choses dans cette équipe qui ne devraient pas se produire.
Un silence suivit. Hélène les regarda tour à tour, posément. Pas de colère dans sa voix, juste une autorité calme et maîtrisée.
— On parle d'horaires modifiés, de tensions latentes, d'alliances étranges. Et, disons-le clairement, d'abus de position. Je vous laisse l'occasion de me dire ce que vous avez à dire.
Charlotte ouvrit la bouche, mais ce fut Soraya qui prit la parole en première.
— Ce sont des ragots. Des bruits de couloir. Il y a toujours eu des jalousies quand quelqu'un essaie de faire son travail correctement.
Elle se tourna vers Hélène avec ce sourire de façade qu'elle maîtrisait si bien.
— J'ai simplement suivi les protocoles. Si d'autres n'en sont pas capables, ce n'est pas de ma responsabilité.
Charlotte serra les poings. Elle prit une inspiration lente, regarda Hélène.
— Elle m'a menacée. Elle sait pour... Elijah et moi. Et elle m'a dit que si je ne lui célais pas mes week-ends, elle parlerait. Ou pire. Qu'elle pourrait "faire en sorte que des choses disparaissent".
Soraya émit un ricanement sec.
— Tu dis ça maintenant, comme par hasard. Ça n'a rien à voir avec notre travail.
Hélène leva la main.
— Ça suffit.
Elle se redressa légèrement dans son siège.
— Je n'ai pas besoin de preuves formelles pour sentir qu'il y a un problème de confiance ici. Et ce que je vois, c'est qu'une de mes manageuses se sent menacée par une autre. C'est inacceptable.
Soraya pâlit légèrement.
— Je vous mets à pied provisoirement, Soraya. Le temps de faire le point. Ce n'est pas un renvoi. Mais je veux que vous preniez du recul, loin du restaurant, et que vous réfléchissiez à votre position ici.
Un long silence s'installa. Puis, froidement, Soraya tourna la tête vers Charlotte, ses yeux lançant des éclairs silencieux.
— J'aurais dû m'en douter. Tu as toujours su te faire protéger.
Charlotte serra les dents, mais ne répondit rien.
— Ce n'est pas une question de protection, dit Hélène calmement. C'est une question de respect. Et tu as franchi une limite.
Soraya ne dit plus rien. Elle prit son sac et sortit, sans saluer.
Quand la porte se referma derrière elle, le silence dans le bureau devint plus dense. Charlotte n'osa pas bouger. Hélène se leva lentement, se dirigea vers la fenêtre. Elle resta un moment immobile, le regard perdu dehors.
— Tu sais que je ne suis pas là pour te juger, dit-elle calmement. Mais si Soraya a remarqué quelque chose, d'autres peuvent le remarquer aussi.
Charlotte releva les yeux.
— Je pensais faire attention...
— Tu fais de ton mieux. Mais les gens aiment parler. Et parfois, il suffit de pas grand-chose pour que ça se retourne contre toi.
Elle s'approcha, puis s'appuya contre le bureau.
— Je ne te demande pas de cacher ce que tu ressens. Juste d'y aller avec précaution. Pour elle. Et pour toi.
Charlotte hocha lentement la tête.
— Ce n'est pas un caprice, tu sais. Ce que je ressens pour elle, c'est vrai.
Hélène l'observa avec douceur.
— Je le sais, répondit-elle. Et ça se voit. Elle t'apaise. Elle te rend plus... toi-même.
Charlotte esquissa un sourire timide, presque honteuse.
— Je n'ai jamais vécu quelque chose comme ça. Pas comme ça.
— Alors prends soin de ce lien. Et sois maligne, oui. Pas pour vous cacher. Pour vous préserver.
Charlotte inspira profondément.
— Merci.
Hélène esquissa un sourire plus tendre.
— Je suis de ton côté, tu le sais. Mais je ne pourrai pas toujours être derrière toi. Alors avance avec le cœur... et la tête.
Charlotte répondit d'un signe de tête, plus affirmé cette fois.
— Promis.
Le vestiaire était silencieux à cette heure-là. Elijah ajusta sa chemise de service devant le miroir quand Charlotte entra, refermant doucement la porte derrière elle.
Elles échangèrent un regard. Pas celui de simples collègues. Celui de deux femmes qui avaient partagé la même couette, la même tasse de chocolat, les mêmes silences du soir.
Charlotte s'approcha sans un mot. Elijah la suivit du regard, un sourire doux au coin des lèvres.
— Bien dormi ? murmura Charlotte, en cherchant son badge dans la poche de son tablier.
— Oui... répondit Elijah, sa voix plus basse. C'était différent. Mais bien. Parce que c'était avec toi.
Charlotte releva les yeux. Elle s'arrêta, juste devant elle, leurs épaules presque en contact.
— Moi aussi. T'es là, à la maison... et je me sens moins vide.
Elijah esquissa un petit sourire, mais il était chargé. D'émotion. D'intensité. D'un truc qu'elle n'avait pas encore dit à voix haute.
Charlotte leva une main, lentement, comme si elle demandait la permission sans parler. Elle posa ses doigts contre la joue d'Elijah, du bout des doigts seulement.
Elijah ferma les yeux un instant sous ce contact. Elle pencha légèrement la tête, cherchant la chaleur de cette paume, sans rien brusquer.
— J'ai envie de t'embrasser, murmura Charlotte.
— Alors fais-le, souffla Elijah, les paupières toujours closes.
Le baiser arriva avec une lenteur tendre, un respect presque sacré. Leurs lèvres se trouvèrent sans hâte, dans une douceur presque timide. C'était un baiser comme on en offre peu. Un baiser de "je suis bien, ici". De "je suis en train de tomber pour toi, et je crois que je n'ai pas peur."
Charlotte posa sa main libre sur la nuque d'Elijah, la rapprochant un peu. Elijah répondit, posant une main sur la taille de Charlotte. Elles restèrent ainsi quelques secondes, suspendues, hors du monde, hors du service qui approchait.
Quand leurs lèvres se séparèrent, elles restèrent proches, front contre front, comme pour prolonger encore un peu ce moment.
— Je pourrais m'habituer à ça, souffla Elijah.
Charlotte sourit, les yeux toujours fermés.
— Moi aussi. Mais... on va devoir être malignes aujourd'hui. Hélène m'a parlé de Soraya, elle est mise à pied. Et puis elle m'a parlé de nous.
Elijah rouvrit les yeux, surprise.
— Elle l'a mal pris ?
— Non. Mais elle m'a demandé de faire attention. Elle nous soutient, mais elle ne pourra pas toujours nous couvrir.
Elijah hocha la tête.
— On sera prudentes. Promis. Ça changera rien, chez toi. Juste ici... on dose.
Charlotte leva les yeux vers elle, puis, dans un élan rapide mais mesuré, déposa un baiser doux, presque silencieux, au coin de ses lèvres. Le genre de baiser qui reste dans la gorge, comme une promesse chuchotée.
— Allez, viens. Si on traîne trop, on va se faire remarquer pour d'autres raisons.
— Dommage, j'avais encore deux ou trois idées pour me faire remarquer, glissa Elijah en attrapant son tablier.
Et elles sortirent, l'une derrière l'autre, masquant leur tendresse derrière la routine du service.
La salle de pause était redevenue calme. Les derniers bruits du service s'étaient estompés, et chacun reprenait son souffle avant la soirée. Elijah et Charlotte s'installèrent à une table, deux cafés tièdes devant elles, leurs genoux frôlant discrètement sous la table.
Hélène passa près d'elles sans s'arrêter. Puis, après un bref instant, fit demi-tour et revint vers elles avec ce petit air à la fois sérieux et complice.
— Vous avez bien géré aujourd'hui, dit-elle simplement, les bras croisés. On voit que vous travaillez... en confiance.
Charlotte leva les yeux, un brin tendue, mais Hélène avait un sourire au coin des lèvres.
— Continuez comme ça. Vous faites du bien à l'équipe. Même si personne n'ose vous le dire.
Elijah rougit légèrement. Charlotte, elle, pinça doucement les lèvres pour ne pas sourire trop fort.
— On fait attention, promit Charlotte.
— Parfait. C'est tout ce que je vous demande, répondit Hélène. Et accessoirement... profitez-en. Mais discrètement, hein.
Elle ponctua sa phrase d'un clin d'œil à peine visible, puis s'éloigna déjà, sa tasse vide à la main. Charlotte et Elijah se regardèrent. Pas besoin de mots. Il y avait dans l'air comme une autorisation silencieuse. Un « je vous vois, et je vous protège... tant que vous restez intelligentes ».
Sous la table, leurs doigts s'effleurèrent à nouveau. Et cette fois, ce n'était ni caché, ni pressé. Juste une présence tranquille. Une promesse partagée.
Le service venait à peine de se terminer. Les derniers clients partis, la salle était plongée dans un calme étrange. Charlotte et Elijah quittèrent le restaurant sans se dire grand-chose, juste un regard complice échangé.
Une fois rentrée, Elijah était assise en tailleur sur la banquette, un plaid sur les genoux, les jambes nues repliées sous elle. Une tasse de chocolat chaud entre les mains, qu'elle tenait comme un petit trésor. Elle soufflait doucement dessus, les yeux un peu dans le vide, fatiguée mais bien.
Charlotte sortit de la salle de bain, les cheveux encore mouillés, tombant en mèches désordonnées sur ses épaules. Elle portait un t-shirt large qui lui tombait sur une épaule, et un short de coton. Elle s'approcha calmement, sans bruit, et s'installa juste à côté d'Elijah, le regard posé sur elle. Charlotte regarda Elijah un instant. Puis, sans rien dire, elle lui prit la tasse des mains, la posa doucement sur la table basse, sans la quitter des yeux.
— Ici, murmura-t-elle, besoin de se cacher sous une table. Pas besoin de te retenir.
Elijah la fixa, un peu surprise, le souffle suspendu.
Charlotte se pencha lentement vers elle, l'embrassa. Un baiser calme, intense et affirmé. Elle la poussa doucement en arrière, jusqu'à ce qu'Elijah se laisse faire.
Sinon, ça se passe trop bien, du coup j'ai peur pour la suite
Je sens arriver un truc tragique, un personnage qui a un accident de voiture ou un parent problématique qui revient pour proposer un mariage forcé (je dis n'importe quoi, mais tout va tellement bien que je m'inquiète pour la suite)