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PetitePlume
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Chapitre 17: Ensemble

L'équipe retrouvait peu à peu un certain équilibre. Comme si l'orage était passé, mais que les flaques au sol rappelaient encore sa violence.

Les regards posés sur Charlotte et Elijah n'étaient plus tout à fait les mêmes. Plus curieux. Moins méfiants. Il y avait encore une prudence, une retenue, mais aussi une bienveillance nouvelle, timide. Presque une forme de respect.

Elijah, elle, gardait la tête haute. Professionnelle. Un peu plus distante qu'avant, plus discrète. Elle s'activait sans perdre le fil, évitait les bavardages inutiles. Non pas par peur. Plutôt par précaution.

Charlotte, de son côté, observait tout cela du coin de l'œil. Chaque geste d'Elijah, chaque mot qu'elle échangeait avec les autres, devenait un repère. Elle sentait son propre corps se détendre, un peu plus chaque jour, à mesure que la tension collective se diluait.

Lors d'une pause, Sabrina s'approcha d'Elijah, un café à la main. Elle pencha légèrement la tête, son éternel sourire en coin.

— On est contentes que t'aies pas fui pour de bon, lança-t-elle, taquine, mais sans moquerie.

Elijah, d'abord surprise, cligna des yeux. Puis un sourire discret apparut sur ses lèvres. Un vrai. Un de ceux qu'on ne force pas.

— J'y ai pensé, répondit-elle doucement. Mais... je suis restée.

Nono, adossé à la porte du vestiaire, hocha la tête d'un air tranquille.

— Ouais, et franchement... je crois qu'on aurait pas su comment gérer sans toi.

Yanis ne dit rien, mais il leva sa canette en guise d'accord silencieux.

Il n'y eut pas de grand discours. Pas d'excuse officielle. Juste ces mots-là, simples, sincères. Et ça suffisait.

La routine reprit son cours, plus légère. Plus vraie. Dans les gestes quotidiens, les échanges de service, les consignes données à voix basse, une forme de complicité revenait.

Un soir, Charlotte et Elijah étaient seules dans la pièce. Les portes fermées. L'air y était plus chaud, plus intime. Elles se changeaient sans se presser, se frôlant dans les mouvements lents d'un quotidien qui reprenait ses droits.

Charlotte se tourna vers Elijah, s'approcha doucement, ses doigts effleurant sa hanche comme une habitude retrouvée.

— Je n'arrive pas à croire que tout ça soit derrière nous, murmura-t-elle, les yeux plongés dans ceux d'Elijah.

Elijah répondit, la voix basse, sincère :

— Oui, c'est derrière nous maintenant. Maintenant, pense à l'avenir.

Charlotte hoche doucement la tête, un sourire léger aux lèvres.

— L'avenir, hein... Celui-là me plaît déjà.

Et leurs lèvres se trouvèrent. D'abord un baiser tendre, prudent. Puis plus profond. Plus affirmé. Comme une réponse à tout ce qu'elles avaient traversé, et à tout ce qu'elles choisissaient de bâtir.

Le monde extérieur s'effaça. Juste elles, leurs souffles mêlés, la chaleur de cette pièce où plus personne ne pouvait les atteindre.

Jusqu'à ce que...

— Ah, donc c'est comme ça maintenant ? lança une voix espiègle depuis l'entrée.

Sabrina, adossée au chambranle, les bras croisés, un sourire en coin. Ses yeux pétillaient de malice.

Elijah s'écarta aussitôt, les joues en feu. Charlotte, elle, garda son calme, lissa sa chemise et lança un regard complice à sa partenaire.

— T'as vu juste. Mais cette fois, c'était qu'un baiser.

Sabrina éclata de rire, leur adressa un clin d'œil.

— Je vous laisse à vos occupations, alors. Juste... évitez la table 3, elle grince un peu.

Et elle disparut dans le couloir, son rire se dissipant doucement.

Un silence revint, doux. Charlotte et Elijah échangèrent un regard complice. Un sourire à demi-mots. Une promesse silencieuse.

Quelque jours plus tard, la nouvelle était tombée deux jours plus tard, sans fracas, mais avec l'écho d'un soulagement collectif.

Un mail avait été diffusé à toute l'équipe. Sobre. Professionnel. Mais sans ambiguïté.

"Suite à une enquête interne menée ces dernières semaines, nous vous informons que Soraya ne fera plus partie de notre établissement. Nous avons constaté plusieurs comportements inappropriés, contraires à nos valeurs, notamment des faits de pression morale, de manipulation, et de chantage envers certains membres de l'équipe. Nous nous excusons auprès des personnes concernées, et nous rappelons que la bienveillance, le respect et la sécurité de chacun sont au cœur de nos priorités."

Le message était signé Hélène. Aucun nom n'était cité directement, mais tout le monde avait compris.

Elijah lut le mail d'abord en silence, depuis l'arrière-salle, une serviette encore en main. Charlotte était à côté d'elle. Elle vit ses doigts se crisper un instant. Puis, lentement, se relâcher.

— C'est fini, murmura Elijah.

Charlotte hocha la tête, un mélange de fatigue et de soulagement dans les yeux.

— C'est fini, oui.

Mais Elijah resta immobile. Figée. L'air ailleurs. Comme si les mots mettaient plus de temps à descendre dans son corps que dans sa tête. Comme si le poids s'en allait, mais que la trace restait.

Charlotte la regarda, sentit ce frisson discret dans ses épaules. Elle s'approcha sans un mot, glissa une main derrière sa nuque, et l'attira doucement contre elle.

Elijah ne résista pas. Elle se blottit dans ses bras, comme un réflexe. Comme si elle avait attendu ce moment pour s'effondrer un peu. Juste un peu.

Elijah soupira.

— Tu peux respirer maintenant, souffla Charlotte à son oreille.

Elijah ferma les yeux. Elle serra un peu plus fort.

— J'ai tenu, chuchota-t-elle. Mais c'était dur. C'était tellement dur...

— Je sais. T'as tenu. Et je suis fière de toi.

Les secondes s'étirèrent. Elles restèrent là, dans ce recoin du restaurant, l'une contre l'autre, sans plus rien dire. Juste deux femmes fatiguées, mais debout. Ensemble.

Quand Elijah se redressa enfin, ses yeux brillaient, mais elle souriait.

— Merci d'avoir été là.

— Toujours, répondit Charlotte.

Le restaurant semblait respirer autrement ce jour-là. Comme si un poids invisible avait glissé de toutes les épaules. Il n'y eut pas de célébration, pas de grandes effusions. Juste un silence plus léger, une tension en moins. Et des regards qui, peu à peu, retrouvaient leur naturel.

Même Hélène parut différente. Plus droite. Plus sereine. Elle croisa Charlotte dans le couloir du stock, lui adressa un regard franc, une main brièvement posée sur son bras.

— J'admire ton calme, dit-elle simplement. Merci pour ta patience.

Charlotte esquissa un sourire. Un vrai. Sans tension.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Le chapitre Soraya était clos. Et quelque chose de plus doux pouvait enfin commencer.

Dans la même journée, Hélène convoqua Elijah dans son bureau.

Hélène, comme à son habitude, n'y alla pas par quatre chemins.

— Il nous manque un manager.

Elijah fronça légèrement les sourcils.

— Et tu sais que Soraya ne reviendra pas, ajouta Hélène, calmement.

Un silence. Elijah ne répondit pas. Elle se tenait droite, attentive, mais pas encore prête à comprendre ce que cette phrase impliquait.

Hélène poursuivit, posée.

— J'ai observé ton parcours, Elijah. Depuis ton arrivée. Depuis ce premier jour où tu disais pas grand-chose, où tu t'effaçais un peu derrière les autres. Et j'ai vu l'évolution. J'ai vu comment tu bosses. Comment tu te comportes avec l'équipe. Ta capacité à garder la tête froide quand ça chauffe. À écouter quand d'autres s'énervent. À prendre en main des situations que certains manageurs ne sauraient même pas gérer aujourd'hui.

Elijah resta figée. Son souffle suspendu. Hélène parlait avec une sincérité tranquille. Ce n'était pas une flatterie. C'était un constat.

— Alors voilà, dit-elle en croisant les bras sur la table. Je pense que tu serais la bonne personne pour ce poste.

Le silence revint, plus dense.

Elijah baissa les yeux. Les mots lui manquaient.

— Je sais que t'as pas demandé ça, reprit Hélène. Et je te force à rien. Mais je crois en toi. Moi, t'as rien à me prouver. La vraie question, c'est : est-ce que toi, tu crois que t'en es capable ? Est-ce que t'as envie de le devenir, ce genre de leader ?

Un battement de cœur. Elijah inspira doucement.

— C'est beaucoup d'un coup...

— Je sais. C'est pour ça que je te demande pas une réponse aujourd'hui.

Elle se leva, fit quelques pas vers la fenêtre, le ton plus doux.

— Parles-en à Charlotte si tu veux. Laisse-toi le temps. Et quand t'auras une réponse — quelle qu'elle soit — tu viens me voir.

Elle se retourna, lui adressa un léger sourire.

— Ce que t'as déjà accompli, personne pourra te l'enlever. Et ce que t'as encore à accomplir... ça t'appartient.

Elijah hocha lentement la tête. Une étincelle, encore fragile, brillait au fond de ses yeux.

— Merci, murmura-t-elle.

— T'as déjà commencé à le mériter, Elijah. C'est juste à toi de décider si tu veux prendre la suite.

Elijah sortit du bureau d'Hélène avec le cœur en vrac. Ce qu'elle venait d'entendre tournait en boucle dans sa tête. Manager. Elle ? Elle avait beau y réfléchir, une partie d'elle se demandait encore si ce n'était pas une erreur, ou une blague un peu trop sérieuse. Dans un coin de la salle, Elijah essuyait lentement des verres, plus pour s'occuper les mains que par nécessité. Elle avait cette moue de concentration distraite, celle qui disait clairement que sa tête était ailleurs.

— Si tu frottes encore ce verre comme ça, il va se dissoudre, fit la voix moqueuse mais douce de Sabrina.

Elijah releva les yeux, un sourire furtif au coin des lèvres. Sabrina la fixa un moment, puis s'assit sur le tabouret de bar, à côté.

— Alors, tu vas dire oui ou pas ?

Elijah haussa les épaules.

— Je sais pas. C'est... beaucoup.

— T'as peur de quoi, au fond ? D'avoir des responsabilités ? Ou qu'on pense que t'as eu ce poste parce que tu partages le lit de la manageuse en chef ?

Le ton était cash, mais pas agressif. Juste... Sabrina.

— Un peu des deux, peut-être. J'ai pas envie qu'on dise que je suis là parce que je suis "avec". Et puis... je suis pas comme Charlotte. Elle impose le respect naturellement. Moi, j'ai l'impression que je dois encore tout prouver.

Sabrina la regarda un instant, plus sérieuse.

— T'as peut-être pas le même style. Mais t'es là tous les jours. T'écoutes. Tu bosses. Et t'as le respect de plus de gens que tu crois.

Elle posa une main sur son épaule.

— Ce poste, il serait à toi. Pas à ton couple. À toi. Et moi, je te soutiendrai, quoi que tu décides.

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2 Comments

1 month
Un dernier chapitre tout doux. J'aime beaucoup la conclusion de cette histoire. L'attitude de Sabrina à la fin est une surprise agréable.
Pour un retour un peu plus global sur le roman :
Quelques point négatifs: il y a quelques répétitions qui gênent la lecture, surtout au début du roman. Elles se raréfient par la suite, même si le nom de Charlotte revient beaucoup. La narration alterne entre le passé et le présent, ce qui parfois sort un peu du récit. Les personnages gagneraient à mon avis à être un peu plus caractérisés. J'ai eu un peu de mal à m'attacher à Charlotte, qui parfois me semble un peu manquer de relief (qu'aime-t-elle faire dans la vie ? Que fait-elle en dehors de son travail ? Avec qui s'entend-elle dans l'équipe ? On ne sait pas grand chose sur le personnage. Au global, ça participe à un style épuré qui est très agréable à lire, mais je trouve que ça manque un peu.)
Les points positifs : J'ai beaucoup apprécié ce roman. C'est une romance toute douce, l'histoire est assez simple mais très bien racontée. Pour moi, le gros point fort du livre, c'est le style : épuré, intime, assez poétique. On rentre dans le ressenti et le point de vue des personnages de manière très fine et subtile, avec beaucoup de précision. Par ailleurs, le rythme est bien géré, et contribue à rendre le livre très agréable à lire. Enfin, les descriptions sont très chouettes. Je l'ai dit plusieurs fois, mais on se figure très bien les ambiances, la perception des personnages. Les évènements ont des significations émotionnelles très fortes pour les personnages, qui permettent vraiment de comprendre leur réaction. Aussi, il y a très peu de fautes d'orthographe, ce qui contribue à rendre la lecture agréable.
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1 month
Merci pour ton retour je vais faire attention à tous ca
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