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PetitePlume
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Chapitre 13 - Ce qu'on n'attendait pas

Charlotte avait passé l'après-midi à tout préparer. La table était dressée, simple mais élégante: deux assiettes, deux verres à pied, une bougie allumée au centre. Dans la cuisine, un plat mijotait doucement, et une playlist discrète tournait en fond. La lumière était tamisée, les rideaux à demi tirés. Tout respirait une forme de calme et de tendresse. C'était leur moment.

Elijah arriva peu après vingt heures. Elle retira ses chaussures à l'entrée, accrochait son manteau au porte-manteau, et resta figée un instant en découvrant le salon. Une chaleur douce lui monta aux joues.

— C'est pour nous, tout ça ? murmura-t-elle.

Charlotte hocha la tête en s'approchant, un sourire timide aux lèvres.

— J'en avais envie. Juste nous. Une vraie soirée. Une vraie nuit.

Le regard d'Elijah brilla brièvement. Elle acquiesça, incapable de formuler ce qu'elle ressentait. Dans son ventre, c'était une tempête douce, un mélange de joie, d'attente,

d'émotion contenue.

Le dîner se passa dans une bulle feutrée. Elles mangeaient à petites bouchées, entre deux éclats de rire, deux silences tendres. Par moments, Charlotte posait sa main sur celle d'Elijah, sans rien dire. Et Elijah la serrait doucement, comme si ce simple contact suffisait à dire "je suis prête".

Après le dessert, Elijah alla prendre une douche rapide. Charlotte débarrassa, alluma une bougie supplémentaire dans la chambre. Elle avait même changé les draps ce matin, sans savoir pourquoi, juste... un pressentiment.

Mais au moment de retourner au salon, on frappa à la porte.

Charlotte fronça les sourcils. Elle ne s'attendait à personne. Elle ouvrit.

— Maman ?

La femme entra presque sans attendre de réponse. Grande, soignée, une veste parfaitement cintrée sur les épaules. Son regard balaya la pièce, s'attarda sur les deux verres à pied, sur la table débarrassée. Puis elle vit les chaussures d'Elijah à l'entrée.

— C'est donc vrai.

Charlotte referma doucement la porte, tendue.

— Tu fais quoi là ? Tu m'avais pas dit que tu passais.

— Et si je l'avais fait, tu aurais ouvert ? rétorqua la mère, acide.

Charlotte allait répondre quand Elijah revint dans le salon, les cheveux encore humides, vêtue d'un pull large qui glissait un peu sur son épaule. Elle s'arrêta net en voyant la scène.

— Bonsoir, dit-elle, un peu confuse.

La mère de Charlotte la fixa, comme si elle était une étrangère indésirable. Le silence se fit plus lourd.

— C'est donc elle, souffla-t-elle.

Charlotte se plaça entre elles, instinctivement.

— Qu'est-ce que tu veux, maman ?

— Que tu ouvres les yeux. Tu gâches ta vie. Tu crois vraiment qu'elle t'apportera quelque chose de stable ? Tu crois que tu peux tout effacer comme ça ?

Elijah recula d'un pas.

— Madame, je...

— Toi, tais-toi. Je ne t'ai rien demandé.

Charlotte se redressa, la voix plus ferme :

— Tu ne lui parles pas comme ça.

— Non, bien sûr. Toi, tu la défends. Comme une adolescente amoureuse, aveugle. Tu crois quoi ? Qu'elle va rester ? Qu'elle est là pour toi ? C'est une passade, Charlotte. Tu vas tout perdre.

— Je préfère perdre tout ça que de continuer à faire semblant, répondit Charlotte.

Elijah, elle, avait baissé les yeux. Elle attrapa doucement son sac.

Mais Charlotte réagit aussitôt. Elle fit un pas vers elle et lui saisit la main. Fermement. Doucement.

— Non. Tu restes.

Elijah releva la tête, surprise, fragile. Charlotte ne la lâcha pas du regard. Elle se tourna ensuite vers sa mère, la voix plus assurée qu'elle ne l'aurait cru possible.

— Toi, tu sors.

Sa mère haussa les sourcils, presque choquée.

— Tu me mets dehors ? Pour... elle ?

Elle désigna Elijah d'un geste sec, le regard dur.

— Tu réalises qu'elle pourrait être ta fille ? Tu crois que c'est ça, ta vie ? Cacher une gamine chez toi ? Tout ça pour quoi ? Une passade ? Une illusion de nouveauté ?

Charlotte sentit quelque chose craquer à l'intérieur. Elle raffermit un peu sa prise sur la main d'Elijah.

— Ce que je ressens, c'est pas une illusion. C'est la première fois depuis des années que je me sens vivante. Et tu sais quoi ? J'ai plus envie de me cacher. Pas pour toi. Pas pour personne.

— Tu fais une erreur, Charlotte. Tu te laisseras détruire pour quelqu'un qui ne restera même pas.

— Tu te trompes. Mais si c'est ça que tu crois, alors... tu peux partir. Et revenir seulement quand tu seras capable de voir que je suis bien.

Sa mère resta un instant figée, puis tourna les talons, glaciale. Un claquement sec de porte plus tard, le silence retomba.

Charlotte resta là, immobile, le regard encore tourné vers le vide. Puis elle ferma les yeux un instant, très lentement, comme pour avaler la dernière gifle du passé. Un souffle. Juste un. Et elle se tourna vers Elijah.

La main d'Elijah était toujours dans la sienne. Légère. Tremblante. Mais là.

— Je suis désolée, murmura Charlotte. Tellement désolée que t'aies eu à vivre ça. C'est pas ce que je voulais... pas comme ça.

Elle baissa un peu la tête, puis releva les yeux avec plus de force, plus de vérité.

— Je veux pas que tu doutes. Tout ce que j'ai dit, tout ce que j'ai fait, c'était sincère. Je t'aime, Elijah. Je t'aime. Et je veux pas que ça te fasse peur.

Un silence s'installa. Elijah avait les lèvres entrouvertes, les yeux embués, le souffle court. Elle n'arrivait pas à répondre tout de suite. Et quand les mots vinrent, ils étaient fragiles, brisés au bord du cœur.

— J'ai besoin... J'ai besoin d'un peu d'espace. Là. Je... je tombe aussi amoureuse de toi, mais... j'ai besoin de respirer. De temps. D'un peu de recul. Je suis désolée.

Charlotte resta là, le regard doux, même si ses traits étaient tendus par l'émotion.

— Je comprends, souffla-t-elle, sans rien forcer. Prends le temps qu'il te faut. Je... je suis là.

Elle lâcha sa main. Lentement. Comme si elle avait du mal à le faire, mais qu'elle savait qu'il le fallait.

Elle tourna les talons, fit quelques pas vers le couloir. Puis se retourna, encore.

— Si t'as besoin... tu sais où me trouver. Parce que moi, je bouge pas. Je reste là. Et je t'attends.

Elle n'ajouta rien.

Et disparut dans le couloir, laissant derrière elle un salon un peu trop silencieux... et un amour qui, malgré tout, ne vacillait pas.

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1 Comment

1 month
Quelle ******** la mère de Charlotte ! Purée, la manière dont elle parle à Elijah, ça m'a mise en colère, y'a de quoi se sentir déstabilisé
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