11h55, Fin de messe, l'Église Saint of Serenity Church,New York
RITA
Une vibration interrompit ma prière. Je sortis mon téléphone et lus un message de Juan :
"J’ai dû partir pour une urgence, prends un Uber."
Super... Et maintenant ? Je vais passer la journée seule, finalement. Toute cette histoire me pesait déjà assez, mais les paroles de Rose me tournaient en boucle dans la tête. Je ne savais plus quoi penser. Une part de moi savait qu’elle avait raison, mais une autre... Une autre voulait croire qu’il y avait un côté pur, presque enfantin, chez Juan. Peut-être était-il brisé, perdu ? Peut-être qu’il avait un problème psychologique qu’il cachait derrière cette façade glaciale et autoritaire ?
Les cloches de l’église retentirent, marquant la fin de la messe. Je me levai et sortis du bâtiment, essayant de repousser mes pensées. Sur les marches, je reconnus Rose, qui m’attendait. Elle semblait un peu plus détendue que tout à l’heure, mais son regard restait sévère, presque accusateur.
Je descendis lentement les marches pour la rejoindre.
-Alors, tu comptes faire quoi ? Rentrer chez toi ou repartir avec ce détraqué ? lança-t-elle d’un ton sec, les bras croisés.
-N... Non, Juan est parti. Il avait une urgence, dis-je rapidement pour éviter qu’elle s’emballe.
-Super ! Alors, on va passer la journée ensemble, dit-elle avec un grand sourire, comme si tout était réglé.
-Pas de soucis, mais... je préfère rentrer chez moi. Si tu veux, je te prépare quelque chose à manger là-bas ? proposai-je avec un sourire timide.
Rose sembla réfléchir une seconde avant d’accepter.
-Ça marche, mais juste pour te prévenir, je suis venue avec mes frères et leurs meilleurs amis. Donc, c’est eux qui nous ramèneront chez toi.
-Tant que je ne suis pas serrée dans une petite voiture, ça me va, plaisantai-je.
-Non, t’inquiète, on a un SUV. Viens, je vais te les présenter, dit-elle en m’entraînant avec enthousiasme.
Alors que nous marchions côte à côte, elle s’arrêta brusquement et me regarda de haut en bas, les yeux pétillants.
-Attends deux secondes. J’ai pas eu le temps de te dire , j’ADORE ta tenue, dit-elle avec une pointe d’excitation.
Je ris doucement, un peu gênée par son enthousiasme.
-Merci, c’est gentil.
-Non, sérieux ! Cette robe beige satinée, c’est juste... wow. Et ces détails dorés, c’est trop élégant. T’es superbe, Vero ! Tu l’as trouvée où ?
-Oh, je l’ai achetée chez Zara, répondis-je avec un sourire.
-Zara ?! Mais pourquoi quand je vais chez eux, je trouve jamais ce genre de pépites ? Tu sais quoi, la prochaine fois, je viens avec toi. Sérieusement, cette robe, c’est une tuerie. Et ces talons... Dior, non ?
-Oui, mais c’était un cadeau, précisai-je, un peu gênée.
-Un cadeau de qui ? demanda-t-elle en arquant un sourcil.
-Hmm... peu importe. Juste quelqu’un qui a bon goût, murmurai-je en baissant les yeux.
Un cadeau de Devon…
Elle hocha la tête avec un sourire complice, puis s’empara de mon bras pour m’entraîner à nouveau.
-Bon, t’as vraiment des goûts trop classe. Faudrait que tu m’apprennes. Allez, viens, je vais te présenter les gars.
Elle me guida jusqu’à un groupe d’hommes qui discutaient à quelques mètres. Mon regard fut immédiatement attiré par l’un d’entre eux : Jun. Mon cœur rata un battement.
-Alors, les gars, je vous présente Veronica, ma meilleure copine, dit Rose avec un sourire éclatant.
Elle les présenta un par un en pointant du doigt.
-Voici Tyler.
Tyler, un homme noir, assez grand, peut-être 1m85, me salua d’un léger hochement de tête. Ses tresses qui retombaient sur son visage lui donnaient un air calme et réservé, presque timide.
-Zhihao, continua-t-elle.
Je fixai Zhihao, incapable de masquer ma méfiance. Sa carrure massive et ses tatouages, visibles même sous son col, imposaient un respect instinctif. C’était clairement un homme habitué à inspirer crainte et obéissance. Un frisson me parcourut : je savais que c’était lui qui avait cherché des informations sur moi.
-Et enfin, voici mon frère préféré, Jingwei, conclut Rose avec un clin d’œil.
Jingwei, plus imposant encore que Jun, se tenait droit comme un pilier. Son regard perçant et sa posture dégageaient une autorité naturelle, presque intimidante. C’était le genre d’homme que l’on suivait sans poser de questions.
Je pris une grande inspiration pour calmer mes nerfs.
-Enchantée, Veronica, dis-je doucement en les regardant tour à tour.
Leur réaction fut immédiate, mais coordonnée.
-Enchanté, répondirent-ils tous en chœur, avec des nuances variées dans leur ton.
Une tension flottait dans l’air, mais Rose, toujours souriante, fit de son mieux pour détendre l’atmosphère.
-Bon, maintenant que tout le monde est présenté, on y va ? lança-t-elle joyeusement.
Je suivis le groupe jusqu’au SUV, une énorme voiture noire garée près de l’église. En montant à bord, je ne pouvais m’empêcher de sentir les regards pesants de Zhihao et Jingwei sur moi. Jun, lui, restait silencieux, mais son attitude trahissait une certaine curiosité. Quant à Tyler, il semblait plus détendu, presque insouciant.
Dans cet espace confiné, l’atmosphère était bien différente. J’allais devoir me montrer vigilante…
Rose et moi étions assises à l’arrière du SUV. Jingwei conduisait, Zhihao était à l’avant, tandis que Jun et Tyler se partageaient la banquette arrière avec nous. Mais, honnêtement, la présence des garçons semblait presque invisible tellement Rose parlait sans s’arrêter.
12h30,Sur la route,New York
-Sérieux, Vero, cette robe te va trop bien ! Je t’ai déjà dit combien je l’adore, non ? demanda Rose en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
-Oui, tu me l’as déjà dit, répondis-je en riant doucement.
-Non mais attends, faut qu’on parle accessoires aussi ! Ce collier, c’est quoi ? Il est tellement délicat et classe à la fois, s’extasia-t-elle.
Je passai une main sur mon collier en or avec une petite croix. Mon sourire s’effaça légèrement en baissant les yeux vers le bijou.
-C’est un cadeau... de ma mère, murmurai-je doucement. Elle me l’a offert pour mon baptême.
Rose, sentant un changement dans mon ton, me regarda avec attention.
-Oh... il est vraiment magnifique, dit-elle, son regard se radoucissant.
Je hochai la tête, les doigts caressant distraitement la pierre.
-Elle est décédée quand j’étais petite. Mais je porte ce collier depuis toujours. C’est comme si elle était encore avec moi... enfin, d’une certaine façon.
Le silence qui suivit était lourd de compassion. Même les garçons, jusque-là plongés dans leur propre monde, semblaient avoir capté l’émotion qui s’était installée.
Rose posa doucement une main sur la mienne, brisant finalement le silence.
-Je suis désolée, Veronica. Mais tu sais quoi ? Je suis sûre que ta mère serait super fière de toi. Genre, vraiment. Regarde-toi, t’es belle, t’es gentille, t’as un cœur énorme... et en plus, tu sais cuisiner. Elle aurait adoré te voir grandir.
Honnêtement je ne pense pas que ma mère aurait voulu voir sa fille devenir la copie conforme de son géniteur…
Je relevai les yeux, un sourire timide éclairant mon visage.
-Merci, Rose.
Elle me donna un coup de coude amical pour alléger l’atmosphère.
-Et puis, honnêtement, tu dois me dire où elle l’a trouvé. Parce que si un jour j’ai une fille, je veux lui offrir un collier aussi beau que celui-là.
Je laissai échapper un petit rire, reconnaissante qu’elle sache si bien détendre les choses.
-Qui sait, peut-être que je t’aiderai à choisir un bijou, dis-je en jouant le jeu.
-T’es obligée, répondit-elle avec un clin d’œil.
Après quelques instants, Rose changea de sujet, retrouvant son enthousiasme habituel.
-Bon, alors, qu’est-ce qu’on va faire une fois chez toi ? T’as prévu quelque chose ou on improvise ? demanda Rose, toujours curieuse et enthousiaste, tout en se recoiffant dans le reflet de la vitre de la voiture.
Je réfléchis un instant avant de répondre :
-J’allais faire un misao.
Rose fronça immédiatement les sourcils, visiblement confuse.
-Un… quoi ?
-Un misao, répétai-je en souriant. C’est un plat malgache. Tu sais, des nouilles sautées avec des légumes, de la viande et une sauce soja bien relevée.
Ses yeux s’agrandirent comme des soucoupes.
-Attends, tu sais faire des plats malgaches ? Et en plus des nouilles sautées ?! Genre… comme des plats chinois ?! s’étonna-t-elle, bouche bée.
Je haussai légèrement les épaules, amusée par sa réaction.
-Oui, ça y ressemble un peu. J’ai appris la recette après un voyage en Chine, en observant des cuisiniers préparer des plats similaires.
-Mais c’est génial, ça ! déclara Rose, visiblement impressionnée. Oh là là, attends, faut qu’on parle ! Moi aussi, je suis chinoise, enfin… nous tous, Jingwei, Jun, Zhihao et moi. Tu vois, c’est peut-être pour ça qu’on s’entend si bien, c’est le destin ! s’exclama-t-elle avec un enthousiasme débordant.
Je ne pus m’empêcher de rire devant son exubérance.
-Ah oui ? Je savais pas.
-Eh oui, madame ! Mais tu sais, être chinois dans notre famille, c’est tout un programme. Tu vois, Jingwei, c’est le grand frère ultra sérieux, monsieur “Je suis un pilier”. Toujours à faire en sorte que tout soit carré et que tout le monde aille bien. Mais franchement, il pourrait se détendre un peu. Un vrai papa ours, sérieux mais adorable.
Je jetai un coup d’œil vers Jingwei, qui, assis devant, leva un sourcil en entendant Rose parler de lui. Mais il ne dit rien, habitué à son bavardage.
-Et puis y’a Jun, continua Rose en se tournant légèrement vers moi. Lui, c’est le calme incarné. Tu sais, il est toujours là, discret, à observer, mais il peut te sortir une phrase tellement pertinente ou drôle qu’il te laisse sans voix. Par contre, tu veux pas l’énerver. Crois-moi, j’ai vu des gens essayer… Mauvaise idée.
Jun tourna légèrement la tête, un sourire discret étirant ses lèvres, mais il ne commenta pas.
-Ensuite, Zhihao, reprit-elle sans reprendre son souffle, alors là, c’est l’opposé ! Lui, il a l’air intimidant avec tous ses tatouages et sa carrure de lutteur, mais en vrai, c’est un marshmallow. Genre, il va te protéger, c’est sûr, mais il est aussi du genre à pleurer devant un film romantique s’il y a un chien ou un truc triste. Pas vrai, Zhihao ? lança-t-elle en riant.
Zhihao, au volant, roula des yeux en soupirant.
-Arrête de dire des bêtises, Rose, marmonna-t-il, mais je pouvais voir qu’il était un peu amusé.
-Non mais c’est vrai, je te jure, Veronica, il fait genre “je suis un dur”, mais c’est un nounours, ajouta-t-elle en me regardant avec un air conspirateur.
Je ne pouvais m’empêcher de rire à chacune de ses descriptions. Rose était une vraie pipelette, mais elle avait ce don de mettre tout le monde à l’aise.
-Et Tyler ? demandai-je, curieuse.
-Ah, Tyler, bah lui, il est spécial, sourit-elle. Bon, OK, il n’est pas chinois, mais il fait totalement partie de la famille ! On l’a adopté. C’est un peu comme un grand frère pour nous, sauf qu’il est tellement grand qu’on dirait parfois un garde du corps. Pas vrai, Ty ? demanda-t-elle avec un clin d’œil.
Tyler répondit d’un sourire tranquille.
-Si tu le dis, Rose.
-Et toi, Veronica, tu fais partie de la famille maintenant, toi aussi ! Je t’adore déjà, déclara Rose en posant une main sur mon épaule.
Son commentaire me réchauffa le cœur, mais avant que je puisse répondre, Jingwei protesta depuis le siège conducteur, sa voix calme mais autoritaire.
-Rose, arrête de dire ça. Tu ne connais pas Veronica. Elle ne fait pas partie de la famille.
Sa remarque me prit de court. Je baissai légèrement les yeux, un peu vexée.
-Non, il a raison, répondis-je doucement. Je comprends. C’est normal, on ne se connaît pas vraiment, après tout.
Rose, sentant la gêne s’installer, s’empressa de détendre l’atmosphère.
-Oh, Jingwei, t’es vraiment pas drôle ! Moi, je l’aime déjà, Veronica. Et je suis sûre qu’une fois qu’on aura goûté son misao, tu changeras d’avis aussi ! lança-t-elle avec un clin d’œil vers moi, avant de me donner une petite tape amicale sur l’épaule.
Je souris timidement, touchée par son enthousiasme malgré tout.
-D’ailleurs, Veronica, prépare-toi. Si ton plat est bon, Zhihao va sûrement te supplier de lui donner la recette pour qu’il puisse l’ajouter à son régime. Ce gars vit pour la bouffe, je te jure, plaisanta Rose en riant.
-Tais-toi, Rose, répliqua Zhihao en roulant des yeux, mais il ne pouvait s’empêcher de sourire légèrement.
L’ambiance redevint légère, et je me sentais à nouveau à ma place au sein de ce groupe. Rose avait vraiment un don pour chasser les nuages.
Rose posa une main dramatique sur son cœur.
-Non mais je t’aime encore plus maintenant. T’es belle, t’as du style et, en plus, tu cuisines ! Par contre, si tu me fais pas goûter ton misao aujourd’hui, on arrête d’être amies, prévint-elle en plaisantant.
Avant que je ne puisse répondre, Tyler, assis juste à côté de nous, se tourna avec un sourire malicieux.
-Bon en reparlant de Misao, tu dis ? Ça a l’air pas mal. On peut goûter, nous aussi ?
Jun, qui était resté silencieux jusque-là, leva les yeux de son téléphone.
-Moi, je suis partant. J’adore les nouilles sautées, surtout si c’est fait maison.
Zhihao, assis à l’avant, ricana en jetant un regard à travers le rétroviseur.
-Alors là, si Jun mange, je mange aussi. On va pas laisser passer ça.
Jingwei, toujours concentré sur la route, se contenta d’un simple :
-Si c’est prêt quand on arrive, je ne dis pas non.
Rose éclata de rire, clairement ravie que les garçons se soient invités eux-mêmes.
-Eh ben, Veronica, t’as vu ce que tu viens de déclencher ? Une armée de morfales prête à débarquer chez toi.
Je soupirai en croisant les bras, faussement exaspérée.
-Super... Ça veut dire que je vais devoir doubler les quantités, alors ?
-Triple, carrément, ajouta Tyler avec un clin d’œil.
Jun me lança un regard en coin, un sourire discret sur les lèvres.
-T’inquiète, on t’aidera à tout préparer. Pas vrai, les gars ?
-Bien sûr ! répondit Tyler immédiatement, suivi d’un vague grognement d’approbation de Zhihao.
Je souris malgré moi.
-Bon, d’accord. Mais si vous mettez le bazar dans ma cuisine, je vous interdis de revenir, plaisantai-je.
Rose me prit par le bras, toujours aussi enjouée.
-Alors, c’est réglé ! Cet après-midi, c’est misao party chez Veronica !
13h00,Appartement à New York
Arrivés devant mon building, je sortis ma clé digitale et la tendis à Jingwei pour qu’il puisse ouvrir la barrière du parking souterrain. La voiture glissa avec aisance jusqu’à une place libre, et nous descendîmes tous.
Quand nous nous dirigeâmes vers l’ascenseur, je réalisai rapidement que ce serait un peu compliqué de faire rentrer six personnes dans cet espace exigu. L’idée de me retrouver coincée dans un endroit aussi petit me fit légèrement grimacer, mais il était trop tard pour reculer.
Nous entrâmes les uns après les autres, essayant tant bien que mal de nous caser. L’ascenseur, déjà pas bien grand, paraissait minuscule avec Jingwei, Zhihao, Tyler et Jun, tous bien plus imposants que la moyenne. Quant à Rose et moi, nous étions littéralement écrasées contre eux. Je me retrouvai collée au torse de Jun, ses 1m95 et sa carrure musclée créant une barrière aussi rassurante qu'embarrassante.
-Eh ben, c’est cosy ici ! plaisanta Rose en jetant un coup d’œil autour d’elle.
Elle se tourna légèrement vers moi, un sourire espiègle sur le visage.
-Dis donc, Vero, on dirait que t’as un oreiller géant derrière toi. Avec Jun, tu pourrais presque te faire un lit de voyage.
Je pouffai de rire malgré moi, rougissant légèrement. Jun, lui, leva un sourcil, amusé, mais ne répondit pas.
-Sérieux, reprit-elle, vous, les gars, vous devriez vraiment arrêter d’aller à la salle. Vous êtes tellement larges qu’on pourrait vous confondre avec des frigos américains.
-Oh, tu crois ? répliqua Zhihao avec un sourire en coin, croisant ses bras pour mettre en avant ses biceps tatoués.
-Non mais vraiment, Zhihao, t’as pas honte ? poursuivit-elle avec une mine faussement choquée. T’as l’air de manger des haltères au petit-déjeuner. Sérieux, à un moment, faut dire stop.
Tyler éclata de rire et tapa Zhihao dans le dos.
-Elle t’a eu, mec. Même moi, je vais peut-être revoir mes plans à la salle, vu comment elle nous démonte.
Rose hocha la tête avec enthousiasme.
Elle se tourna ensuite vers Tyler, qui, à côté des autres, avait une allure plus élancée.
-Et toi, Tyler ? Toi, t’es pas dans la catégorie "biceps explosifs", mais qu’est-ce que tu fais pour être aussi grand ? Tu t’es fait greffer des échasses ou quoi ?
Tyler éclata de rire, secouant légèrement la tête.
-C’est tout moi, répondit-il en haussant les épaules. Pas besoin de muscles, j’ai la hauteur.
Rose hocha la tête, faussement impressionnée.
-OK, OK. Mais laisse-moi te dire, mec , tu ferais un excellent lampadaire. T’as juste besoin d’une ampoule sur la tête.
-Je prends ça comme un compliment, répondit-il en riant.
Jingwei, jusque-là silencieux, se racla légèrement la gorge.
-Et moi ? T’as rien à dire sur moi, Rose ? demanda-t-il avec un sourire qui cachait mal son amusement.
Rose se tourna vers lui, l’air faussement sérieuse, et posa une main sur son menton comme si elle réfléchissait profondément.
-Toi, grand frère, t’es carrément une armoire à glace. Genre, si quelqu’un veut te doubler dans cet ascenseur, il devra d’abord demander un laissez-passer.
Tout le monde éclata de rire, moi y compris. Même Jingwei esquissa un sourire plus large que d’habitude.
-Et Jun, alors ? reprit Rose, se tournant cette fois vers lui.
Je crus apercevoir un léger rougissement sur les joues de Jun, ce qui était assez surprenant.
-Jun, c’est l’homme silencieux et mystérieux, dit-elle en mimant un geste dramatique. Mais attention, sous ses airs calmes, il cache sûrement un entraînement secret de ninja. Avoue, Jun, tu fais des arts martiaux en plus de la muscu, non ?
Jun haussa légèrement les épaules, un sourire discret aux lèvres.
-Peut-être, répondit-il simplement, ce qui fit encore plus rire tout le monde.
-Vous êtes tous trop carrés, sérieux, conclut Rose en secouant la tête. Si on veut survivre dans cet ascenseur, va falloir que vous fassiez une diète collective.
-Et toi, alors, Rose ? lança Tyler en souriant. Avec toutes tes blagues, t’as dû brûler plus de calories que nous à la salle aujourd’hui.
-Exactement, répondit-elle en bombant fièrement le torse. Moi, mon sport, c’est de faire rire les gens. Et clairement, je suis la meilleure dans ce domaine.
Je riais tellement que mes joues en faisaient mal. Même la sensation d’être coincée dans un espace aussi restreint semblait s’évaporer grâce à la bonne humeur de Rose.
Lorsque l’ascenseur arriva à mon étage et que les portes s’ouvrirent, nous sortîmes tous dans le couloir, encore en train de rire des blagues de Rose.
-Bon, les gars, dit-elle en se tournant vers eux, maintenant que vous êtes dans l’immeuble de Vero, essayez de ne pas casser ses meubles, OK ? Parce que vu vos épaules, je parie qu’une chaise ne tiendra pas longtemps.
Je secouai la tête, un sourire toujours accroché à mes lèvres.
-Rose, t’es incorrigible, dis-je en riant doucement.
-Mais c’est pour ça que tu m’aimes, répondit-elle en m’adressant un clin d’œil.
Les garçons, eux, semblaient aussi amusés qu’un peu exaspérés, mais l’atmosphère restait légère et agréable.
Arrivés devant ma porte, je sortis mes clés pour déverrouiller et désactiver le système d'alarme. Le bip sonore attira l'attention des garçons, et Tyler demanda, intrigué :
-T’as un système d’alarme ici ? Pourquoi, t’as peur qu’on te vole tes chaussons panda ou quoi ?
-Très drôle, Tyler, répondis-je en levant les yeux au ciel. C’est juste par précaution. On sait jamais, surtout en ville.
Après ça, je leur laissai carte blanche pour visiter mon appartement. Ils se dispersèrent dans les pièces, curieux. Zhihao s'attarda devant une bibliothèque, faisant glisser ses doigts sur les tranches des livres, tandis que Jun observait les cadres accrochés au mur. Tyler s'installa sur le canapé comme s'il était chez lui, et Jingwei jetait des coups d'œil méthodiques dans chaque pièce, comme pour s'assurer que tout était en ordre.
Pendant ce temps, je montai rapidement me changer. J'échangeai ma tenue un peu trop formelle contre un jogging noir large et un T-shirt blanc tout aussi ample. À mes pieds, mes chaussons tête de panda ajoutaient une touche amusante à mon look. Une fois prête, je descendis dans le salon, où Rose m’attendait déjà, l’air impatiente.
-Ah, voilà la chef cuistot ! dit-elle avec un sourire en coin en me voyant arriver.
-Oui, oui, c’est moi. Et maintenant, au boulot, répondis-je en me dirigeant vers la cuisine.
Je sortis tous les ingrédients pour le misao : des filets de poulet, des aubergines, des poivrons, des petits pois, des courgettes et des haricots verts. Une fois tout disposé sur le plan de travail, je me lava les mains avant de me tourner vers le groupe.
-Allez, les gars, c’est pas un restaurant ici, ordonnai-je en tapant dans mes mains. Lavez-vous les mains et venez m’aider !
Les garçons se regardèrent, un peu surpris, avant d’obéir. Tyler fut le premier à réagir.
-Hein ? On doit bosser ? Je pensais qu’on allait juste manger, moi !
-Si tu veux manger, tu aides, rétorqua Rose en haussant les sourcils. Sinon, tu peux regarder et mourir de faim.
-Ok, ok, ça va, je m’y mets, dit-il en riant avant de se diriger vers l’évier.
Une fois les mains propres, les garçons se mirent au travail sous mes instructions.
-Toi, Tyler, et toi, Zhihao, vous vous occupez des légumes, leur dis-je en leur tendant les planches à découper et les couteaux. Coupez tout finement, OK ?
-Genre… comme des chefs étoilés ? répondit Zhihao avec un sourire en coin.
-Exactement, répondis-je avec un clin d’œil.
Pendant ce temps, je me tournai vers Jun et Jingwei.
- Et vous deux, les montagnes ambulantes, vous coupez le poulet. Faites des morceaux pas trop gros, mais pas trop petits non plus.
Jun hocha la tête en silence, tandis que Jingwei esquissa un sourire amusé.
-Ça marche, chef, répondit-il simplement avant de se mettre au travail.
Rose et moi nous installâmes sur des tabourets de bar près du plan de travail pour les observer. Très vite, les rires fusèrent.
-Tyler, c’est quoi ces morceaux ? s’exclama Rose en riant. On dirait que t’es en train de sculpter une œuvre d’art abstraite.
-Hé, c’est pas ma faute si ces légumes ont une forme bizarre ! répliqua-t-il en riant.
Zhihao, lui, faisait preuve de plus de précision, mais Rose ne put s’empêcher de le taquiner.
-Et toi, Zhihao, t’es en mode samouraï ou quoi ? On dirait que tu te bats avec les légumes.
Zhihao leva un sourcil et fit tournoyer le couteau dans sa main comme un pro, ce qui déclencha un éclat de rire général.
De leur côté, Jun et Jingwei travaillaient tranquillement, mais Rose ne les épargna pas non plus.
-Jun, t’as vu la taille des morceaux que t’as coupés ? On dirait que t’as préparé un ragoût pour géants !
Jun jeta un coup d’œil à sa découpe, haussa légèrement les épaules et répondit calmement :
-Je suis un géant, non ?
Sa réponse fit rire tout le monde, et même lui esquissa un léger sourire.
-Et toi, Jingwei, reprit Rose en pointant son frère. Tu vas bien ? Pas trop dur de couper du poulet avec ces gros bras ?
-Ils sont utiles, répondit-il avec une pointe d’arrogance. À quoi bon aller à la salle si c’est pas pour être efficace en cuisine ?
Rose roula des yeux, et je ris avec elle.
-Vous êtes vraiment pas possibles, dis-je en secouant la tête.
Pendant toute la préparation, l’ambiance resta légère et joyeuse. Rose et moi ne pouvions pas nous empêcher de commenter et de faire des blagues, tandis que les garçons, malgré leurs protestations, prenaient leur tâche au sérieux.
-Tu sais quoi, Veronica ? déclara Rose en me jetant un regard complice. Avec une brigade comme ça, t’as plus besoin d’aller au resto.
-Pas faux, répondis-je en souriant. Bon, maintenant que tout est prêt, passons à la cuisson !
Elle se tourna vers moi, un air curieux sur le visage.
-D’ailleurs, Veronica, sérieusement, ton appartement est un truc de fou. Je me demande comment tu as bien pu te le payer, ça fait rêve, ce truc. C’est genre un palace pour une seule personne !
Je haussai les épaules, une touche de fierté dans la voix.
-Eh bien, c’est un héritage, répondis-je tranquillement. C’était celui de mon père.
-Ah, l’héritage du père, hein ? C’est donc pour ça que tu brilles comme ça dans ce décor hyper classe ! Tu as de la chance, Veronica. Moi, je dois toujours traîner dans mon petit appart’ tout basique…
-Ce n’est pas juste de la chance, Rose. Disons que mon père a bien fait ses affaires. Et il m’a tout laissé.
Rose hocha la tête, admirant un peu trop mon intérieur à mon goût.
-J'avoue que ça a un sacré style. Avec ça, t’es sûre de te sentir chez toi. Pas étonnant que tu sois toujours aussi calme et détendue. Tout ça, ça en jette.
Je souris et haussai les épaules de manière décontractée.
-Bon, c’est aussi parce que j’aime la simplicité. Mais ce petit luxe, je ne vais pas mentir, ça me plaît bien, aussi.
Et avec l’aide de cette joyeuse équipe, le misao commença à prendre forme, dans une cuisine remplie de rires et de bonne humeur.
Quelques Minutes plus tard, Appartement à New York
Je m’affairai à faire cuire les nouilles, tout en surveillant attentivement la cuisson des légumes et du poulet. Une fois tout bien préparé, je commençai à ajouter les ingrédients restants : une bonne dose de poivre, un filet de sauce soja sucrée. Le parfum était déjà délicieux.
-Ça sent déjà trop bon, commenta Rose en s’installant confortablement sur le canapé, tout en jetant un regard admiratif vers le plan de travail.
-Tu vas voir, ça va être encore mieux quand tout sera mélangé, répondis-je en souriant tout en remuant les ingrédients dans la poêle.
-Si ça ne l’est pas déjà, je suis prête à t’épouser, dit-elle en riant.
Je laissai mijoter encore quelques minutes, puis ajoutai enfin les nouilles. Le tout commença à prendre une belle couleur dorée, et je laissai le tout mariner tranquillement.
Pendant ce temps, les garçons avaient pris place devant la télé et semblaient plus intéressés par le combat de boxe thaï que par la cuisson du repas.
-Non mais regardez-moi ce KO, s’exclama Tyler, les yeux écarquillés. Si j’étais ce gars, je me serais roulé en boule sur le sol comme une crevette.
-C’est clair ! répliqua Zhihao. Il est tombé comme un sac de patates. T’as vu l’impact ? Il va sûrement se réveiller dans un autre univers.
-Non, mais là… tu vois ce coup de genou ? demanda Jingwei, en pointant l'écran. Si quelqu’un m’en met un comme ça, je ne suis plus jamais le même.
-Si quelqu’un t’en met un comme ça, tu fais un aller simple direct à l’hôpital, répondit Jun, sans quitter l’écran des yeux.
Ils continuaient à commenter le combat de manière absurde, se lançant des remarques de plus en plus farfelues. Je les observai en rigolant pendant que je laissais les nouilles s’imprégner de la sauce.
-Allez, bande de gosses, c’est bon, on passe à table, lançai-je après 10 minutes de cuisson.
Les garçons se levèrent d’un bond, abandonnant leur combat de boxe pour se diriger vers la table, avec des sourires affamés. Dès qu’ils s’assirent, je servis les assiettes. Les odeurs avaient envahi la pièce, et je pouvais voir les yeux des garçons briller.
Tyler prit sa fourchette avec empressement et enfonça une bouchée de nouilles dans sa bouche.
-Oh mon Dieu… c’est une explosion de saveurs ! s’exclama-t-il, les yeux écarquillés. Sérieusement, Veronica, tu es une magicienne !
-T’es sûr que tu n’es pas payé pour dire ça ? répliqua Rose en rigolant. Parce que là, t’es en train de vendre la marchandise à fond !
-Franchement, je n’ai jamais mangé de nouilles comme ça dans ma vie, ajouta Zhihao, en se léchant les lèvres. Tu devrais ouvrir un restaurant. Tu as déjà pensé à ça ?
-Restaurant Veronica’s Kitchen, hein ? C’est pas bête ! s’exclama Jingwei avec un sourire malicieux. Je viendrais manger tous les jours, je te le promets.
-Je veux bien être ton premier client alors, répondit Jun, en attrapant une autre bouchée. Mais tu m’offres un abonnement, c’est deal ?
-Bien sûr, mais que si tu arrêtes de couper les légumes comme si tu étais un géant, répondis-je avec un clin d’œil.
Tous éclatèrent de rire, et ils se mirent à manger avec enthousiasme.
-Honnêtement, je vais venir chez toi tous les jours pour manger, déclara Tyler, la bouche pleine. Tu as des stocks de poulet ?
-Un peu plus que tu ne pourrais en manger, répondis-je, amusée. Mais je vais devoir te charger des frais de port pour chaque repas, désolée.
-Ouais, t’as raison, faut bien faire marcher l’économie, ajouta Zhihao, en avalant une autre bouchée. Tu vois, moi, je me vois déjà revenir à l’heure du dîner tous les jours. "Salut Veronica, c’est moi, Zhihao, j’ai pas mangé depuis trois heures, je suis en mode famine, je veux des nouilles !"
-Non mais attends, si tu nous prépares ça tous les jours, j’économise sur ma carte de fidélité au resto du coin, intervint Jingwei en souriant. Franchement, Veronica, tu vas être la nouvelle star du quartier.
-Faudrait peut-être que tu nous dises comment tu fais cette sauce secrète, insista Tyler, en prenant une grosse cuillère de misao. C’est quoi ton secret ?
-Disons juste que c’est l’amour, répondis-je en haussant les épaules.
-L’amour, hein ? Vraiment ? Parce que là, c’est plus de l’amour, c’est de la magie ! s’écria Jun en levant les mains comme s’il venait de découvrir un trésor caché.
Les garçons se mirent à éclater de rire, appréciant chaque bouchée avec enthousiasme. Rose, elle, ne pouvait s’empêcher de sourire.
-Bon, je crois que je vais m’inscrire sur ta liste d’attente pour un repas régulier. C’est décidé, je viens chez toi tous les jours pour goûter à tes recettes.
-Très bien, mais tu paies ta part, préviens ! répondis-je en riant. C’est pas un restaurant caritatif ici !
Le repas se déroula dans une ambiance détendue et joyeuse, avec des commentaires hilarants et des blagues sur les capacités culinaires de chacun. Et bien que le combat de boxe thaï à la télé n'ait duré qu'un instant, les garçons avaient trouvé un tout autre combat à mener , celui de se battre pour avoir la dernière bouchée.
Alors que tout le monde continuait à discuter et à plaisanter autour de la table, une sorte de silence s’installa entre Jun et moi. Les autres étaient trop occupés à se battre pour la dernière bouchée de poulet ou à faire des commentaires absurdes sur la cuisine, mais de mon côté, j’étais un peu plus concentrée sur mon assiette… et sur lui.
Je levai les yeux discrètement vers Jun, qui, lui aussi, semblait un peu perdu dans ses pensées. Il était assis à côté de moi, un peu plus calme que d’habitude, mais je pouvais sentir qu’il n’était pas totalement avec le groupe. Nos regards se croisèrent furtivement, puis il détourna légèrement les yeux, mais je pouvais voir qu’il souriait à peine. Un sourire à peine perceptible, mais suffisant pour faire battre un peu plus vite mon cœur.
-Tu vas nous laisser finir ton assiette ou tu vas la regarder encore une heure ? me lança Tyler, brisant le moment.
-Ouais, t’as vu comment elle le regarde, là ? Ça devient un peu gênant, ajouta Zhihao, en rigolant. Vous avez des affaires à régler, ou quoi ?
Je rougis légèrement, jetant un regard rapide à Jun, mais il semblait totalement indifférent aux taquineries des garçons. Il n’avait pas l’air dérangé, bien au contraire, il gardait cet air tranquille, comme s’il était dans une autre dimension. Une dimension où il ne m’avait pas encore remarquée… ou où il préférait ignorer ce moment étrange entre nous.
-Vous savez, c’est l’assiette qui est trop bonne, répondit Jun avec un ton légèrement amusé, les yeux brillants.
-Bah, si tu veux, je peux toujours t’en donner plus, proposai-je, en attrapant une cuillère et en me dirigeant vers son assiette.
-Non, non, ça va, je vais me contrôler… pour une fois, répondit-il, tout en me jetant un regard furtif.
Nos regards se croisèrent à nouveau, un peu plus longtemps cette fois. Un échange silencieux, presque imperceptible aux yeux des autres, mais suffisant pour que l’air autour de nous semble un peu plus dense. Je pouvais sentir cette tension subtile, cette petite étincelle qui n’avait pas besoin de mots pour exister. Ni lui ni moi ne disions rien, mais dans cette bulle silencieuse, on se comprenait parfaitement. Il n’y avait que lui, moi, et ce moment.
Rose brisa finalement la tension avec un grand sourire et un regard complice.
-Alors, Veronica, tu vas l’inviter à venir cuisiner pour toi tous les jours ou quoi ? Parce que, sérieusement, tu vois bien qu’il veut tes nouilles, hein !
-Non, mais arrête, Rose ! Pas de mise en scène, lui répondis-je en riant, en essayant de cacher la légère gêne qui montait en moi.
Jun, lui, resta calme et souriant, sans rien ajouter. Peut-être qu’il ne voulait pas casser cette petite bulle qu'on avait créée tous les deux. Ou peut-être qu’il savait que rien n’avait besoin d’être dit. Il s’étira un peu et se concentra à nouveau sur son assiette, tout en lançant un regard furtif vers moi. Comme si tout allait se jouer dans ces petits instants de complicité silencieuse.
Je pris une autre bouchée de nouilles, mon esprit un peu distrait par la situation. Tout autour de nous, la discussion allait bon train, mais moi, je restais dans cette bulle, là, à savourer ce moment étrange et agréable, partagé uniquement avec Jun.
18h00,Appartement à New York
Après une journée passée dans la joie et les blagues, j'ai enfin pu oublier, même si ce n'était que pour un instant, ce cauchemar persistant où je vois ma mère se faire tuer. Les garçons et Rose étaient sur le point de partir quand je proposai à Rose :
-Rose, tu veux rester dormir à la maison ? On ira en cours ensemble demain, comme ça.
-Ah mais grave, moi ça me va, répondit-elle avec enthousiasme. Jingwei, je peux ? Elle se tourna vers son grand frère pour lui demander son avis.
-Oui, mais faites attention, répondit Jingwei en levant les yeux vers nous.
Une fois que les garçons étaient partis, Rose et moi nous posâmes sur le canapé, prêtes à regarder Twilight. Le film venait tout juste de commencer quand Rose, avec son habituel sourire espiègle, lança :
-Franchement, Jarod et Edward, c’est pas du tout le même genre, hein !
-Ah non, ça n’a rien à voir, répondis-je en rigolant. Edward, c’est le vampire parfait, t’as vu comment il brille sous la lumière ?
-Ouais, il brille, mais franchement, Jarod, il a un côté un peu plus... "brutal" qui me plaît, tu vois ce que je veux dire ? répondit-elle avec un clin d’œil, avant de lever les sourcils. Lui, il n'a même pas besoin de lumière pour attirer l’attention.
-Oh, toi alors ! dis-je en rigolant.
-Mais sérieusement, si Jacod me regardait comme ça, je serais prête à tout, même à me transformer en vampire, ajouta-t-elle, se repliant dans le canapé avec un air faussement songeur.
-Tu veux dire pour qu’il te mordille un peu ? lâchai-je, souriant d’un air malicieux.
-Ah, tu vois ! Tu sais ce que je veux dire ! Et puis, avec ce regard intense qu’il a, là, on dirait qu'il pourrait me dévorer... mais pas dans le sens "coup de dents", si tu vois ce que je veux dire, rigola Rose.
-Rose ! arrêta-je en éclatant de rire. Je vais avoir des images dans la tête maintenant !
-Bah, t'es bien là avec moi à regarder Twilight, non ? Et Edward, franchement, même s’il brille comme une guirlande de Noël, on sait tous que ce mec a un côté un peu trop lisse pour être totalement honnête.
-Hahaha, t'as raison, Edward il a trop l’air du prince charmant parfait. Je crois que Jarod a plus de charme, il a ce côté sauvage.
-Ah, tu le dis comme si tu connaissais bien le type ! Mais franchement, Jarod, je suis sûre qu'il me ferait fondre en un clin d’œil. Edward, c’est plus... "regarde mes yeux brillants et mon sourire mystérieux", mais Jarod, il arrive et bam, il te cloue au sol avec un regard. Il sait ce qu’il veut !
-Rose, t’es incorrigible ! C’est vrai que Jarod a ce côté... "dominant". Et puis, en plus, il a un petit côté mystérieux aussi, non ?
-Ah, ça, on peut dire ça ! Si je devais choisir entre les deux, je crois que mon cœur pencherait plus du côté de Jarod, franchement, il a ce petit truc en plus. Mais bon, faut pas dire ça à Edward... il pourrait me lancer un regard perçant. Et moi, tu vois, je me sens trop vulnérable face à un regard comme ça !
Nous éclatâmes de rire, et pendant quelques instants, tout le stress du quotidien sembla disparaître. Ces moments-là, simples et légers, étaient comme une bulle d’air frais, un peu de répit dans ma vie.
23h00, Appartement New York
Après avoir mangé et pris une douche, Rose et moi nous installâmes confortablement dans mon lit. Le calme s'était installé entre nous, et nous profitions de ce moment de détente. La lumière tamisée de la chambre créait une atmosphère apaisante, mais la conversation ne tarda pas à devenir plus intime.
-Alors, raconte-moi tout, Veronica, lança Rose en se couchant sur le dos, les bras derrière la tête. T’as déjà eu des histoires sérieuses, ou t’es du genre à t’amuser un peu sans attaches ?
-Hmmm… T’as vu un peu la question ? répondis-je en riant. Eh bien, j’ai eu quelques relations, mais rien qui m'ait vraiment marquée, tu sais. Des histoires d'un soir, des relations un peu légères... Et toi ?
-Oh, tu sais, moi c’est un peu pareil, sauf que je me laisse un peu plus aller. J’aime bien m’amuser, mais à un moment donné, tu te dis que ça ne va nulle part, et tu cherches autre chose, expliqua-t-elle en souriant.
— Ouais, je vois, c’est comme si tu te disais "et après, qu’est-ce que je vais faire de tout ça ?"
— Exactement, mais bon, tant que ça reste fun, ça va, non ? Parce qu’au final, les mecs sérieux... Pfff, c’est pas toujours ce que j’attends, ajouta-t-elle en se repliant un peu dans les couvertures.
— C’est clair. Les mecs sérieux, ils peuvent devenir un peu lourds. T’as pas envie de ça, surtout quand tu veux juste profiter de l’instant.
— Oui, c’est pour ça que j’aime bien les bad boys, tu sais ? Ceux qui te regardent d'une manière qui te fait perdre la tête, mais tu sais que tu ne vas rien attendre d’eux. Juste... le moment.
— Ah, ça, les bad boys, je connais ! Mais des fois, tu te dis que ça peut devenir addictif. T’as beau savoir que c’est pas bon pour toi, tu veux toujours plus, répondis-je en riant.
— Bah ouais, mais à la fin de la soirée, tu rentres chez toi avec des souvenirs, mais tu n’attends rien d’autre. C’est ça, la magie du bad boy.
— Oui, mais parfois, ça fait un vide, non ? Parce qu’au bout d’un moment, t’as juste envie de quelqu’un qui soit là pour toi. Pas juste pour le fun.
— Exactement, c’est un peu ça le problème. Mais bon, pas encore prête à m’engager, j’ai trop de trucs à vivre avant ça. Et toi ? Tu as eu des relations un peu plus sérieuses ?
— Quelques-unes, mais c’est toujours la même chose. Au début, ça paraît super, mais au bout de quelques mois, tu te rends compte que tu t’ennuies ou que l’autre ne te correspond plus.
— Je suis d'accord... Mais parfois, tu rencontres ce type qui te fait perdre l’équilibre, tu sais ? Celui qui te fait réfléchir, mais à la fois, tu sais que ça va finir en chaos.
— Ah, les mecs qui te retournent la tête... Mais tu sais, parfois, je me demande si je suis vraiment prête pour ça. Peut-être que je devrais juste profiter de la vie, tu ne crois pas ?
— Franchement, je pense que c'est la meilleure option pour l'instant. Profiter, tester, apprendre, sans se prendre la tête, ajouta Rose en se calant un peu plus dans le coussin.
Le silence se fit un instant, avant que Rose ne commençât à s'endormir. Elle ferma les yeux, sa respiration se calma, et elle finit par s'endormir profondément. Je restai là, allongée, perdue dans mes pensées, mais bientôt, je sentis mes yeux se fermer aussi. La fatigue du jour m’envahit.
Quelques heures plus tard, je me réveillai en sursaut. La scène de mon cauchemar me revenait immédiatement, comme un film qu'on ne peut pas arrêter. Je me retrouvais une fois de plus à voir ma mère se faire tuer sous mes yeux. Mon cœur battait à tout rompre, mes mains étaient moites, et une chaleur envahissait tout mon corps.
— Maman ! criai-je, presque hystérique, tout en me redressant d’un coup, le souffle court.
Je me retrouvai en sueur, le corps tremblant, comme si j'avais couru un marathon. J’avais du mal à respirer.
Rose se réveilla en sursaut, visiblement inquiète. Elle se redressa, les yeux grands ouverts.
— Veronica ? Qu’est-ce qui se passe ? T'as fait un cauchemar, hein ? Elle s'approcha de moi, presque paniquée.
— Ça va, t’inquiète, je vais bien, répondis-je d’une voix tremblante, essayant de masquer ma panique. C’était juste un rêve, rien de plus.
— Un rêve ? Tu es blanche comme un linge et tu trembles de partout, dit-elle en me touchant le bras, l'air vraiment préoccupée.
— Je te dis que ça va, Rose, répondis-je d’une voix plus ferme, en essayant de la rassurer. Je vais prendre une douche froide, ça va me calmer.
— Mais... tu veux en parler ? T’as l’air bouleversée, Veronica, qu’est-ce qu’il y a ? Elle me fixa, l’inquiétude marquée sur son visage.
— Je vais bien, Rose, je t’assure. Laisse-moi juste quelques minutes, je reviendrai, répondis-je, me levant précipitamment.
Je partis rapidement vers la salle de bain, fermant la porte derrière moi. L’eau froide coula sur ma peau, mais malgré la fraîcheur, je n'arrivais pas à calmer le tourbillon dans ma tête. Les images du cauchemar, les cris de ma mère, tout cela me hantait. Je savais que je ne pouvais pas en parler à Rose, pas encore. Pas dans cet état.