09h00, Appartement à New York
Une semaine plus tard…
RITA
En une semaine, tous les travaux ont été réalisés. J’ai payé Juan, bien qu’il n’était pas présent ; j’ai dû passer l’argent à un de ses sbires. Les livraisons ont été effectuées, et j’ai enfin mes papiers sous le nom de Veronica Hayes, comme je l’avais demandé. Mes inscriptions à l’université ont été finalisées : Fordham University. Une université catholique avec un programme en criminologie. Ironique pour une tueuse à gages héritière d’une mafia, non ? Je ne pourrais qu’obtenir de bonnes notes, évidemment.
En repensant à Devon, un pincement me serre le cœur. Il m’a abandonnée. Je suis seule dans cet appartement à présent.
Tu te voyais déjà te faire prendre dans toutes les pièces,murmure ma conscience d’un ton moqueur.
Pas faux. Mais maintenant, je n’ai plus aucun repère.
La rentrée est demain. Pour être honnête, je flippe un peu. Mon père ne m’avait pas préparée à ressentir ce genre de choses. Je ne devais rien ressentir. Rien. Mais maintenant que je suis loin de lui, je peux m’autoriser à éprouver quelques émotions. Cependant, je refuse de m’attacher à quiconque. Je ne veux plus jamais ressentir ce vide béant dans ma poitrine, ce même vide que le départ de Devon a laissé derrière lui.
Je chasse ces pensées en renfilant mon ensemble de jogging noir qui vient de sortir du sèche-linge. Il faut que j’aille m’acheter des vêtements, un téléphone et une voiture chez le concessionnaire.
Quelques heures plus tard, dans les rues de New York
Après avoir passé des heures dans les boutiques de vêtements de luxe de New York, j’ai opté pour un style classe, élégant. Le genre de tenues que maman adorait.
Mais tu n’auras jamais la douceur ni la pureté de ta mère.
Je le sais. Elle me manque terriblement. Maman était mon échappatoire dans ce monde de guerre et de corruption.
Je sors de mes pensées brusquement en heurtant un homme. Juan. Habillé comme toujours d’un costume noir légèrement déboutonné au col, un trench noir qui complète parfaitement sa tenue, une montre et une chaîne en or qui brillent discrètement sous la lumière.
-Eh bien, voilà une surprise. Que fais-tu dans les rues de New York, chargée de tous ces sacs ? demande-t-il, son regard perçant posant mille questions silencieuses.
-Je t’ai déjà dit une centaine de fois que ça ne te regardait pas, répliquai-je en roulant des yeux.
-Arrête ça avec tes yeux, je n’aime pas, grogna-t-il, un sourire naissant au coin des lèvres. Tu veux de l’aide ? dit-il en tendant une main vers mes sacs.
-Ce serait aimable de ta part, oui.
Je lui tends quelques sacs, un peu plus lourds.
-Alors, on va où ?
-Je dois aller m’acheter un téléphone et passer chez un concessionnaire pour une voiture.
-Je vais t’aider. Mais viens, on va poser ces sacs dans ma voiture d’abord.
Je le suivis jusqu’à une Mercedes AMG G63, bien sûr, rien de moins. Il dépose les sacs dans le coffre avec une nonchalance calculée.
Je ne vois pas pourquoi Devon m’a dit de me méfier de lui. Il a l’air vraiment gentil, pensai-je, presque amusée par ma naïveté.
Un silence paisible s’installa alors qu’il m’accompagnait vers le concessionnaire. Pas un silence gênant, mais un calme presque apaisant.
-Alors, tu veux quoi comme voiture ? demanda-t-il finalement.
-Une BMW M5 2024.
Il haussa un sourcil, impressionné.
-Très bon choix. T’es plutôt une femme de goût, on dirait.
Un rire timide m’échappa, ce qui fit naître un sourire sincère sur son visage. La tension entre nous devenait palpable. Même un aveugle aurait pu la remarquer.
En entrant dans le concessionnaire, un vendeur nous accueillit immédiatement, visiblement surpris de voir Juan avec une femme comme moi, habillée d’un simple jogging noir ample.
-Oh, bonjour Monsieur Perez. Une nouvelle voiture ? lança-t-il, tout en me lançant des regards méfiants.
-C’est pour la demoiselle, répondit Juan avec une aisance déconcertante.
-Madame, le corrigeai-je sèchement. Veronica Hayes. Enchantée. Je viens acheter une voiture.
-Bien, Veronica. Que vous faut-il comme modèle ?
-Madame Hayes, répliquai-je avec froideur. Je souhaite une BMW M5 2024.
Le vendeur bafouilla un peu sous mon regard autoritaire.
-D’accord, nous avons ce modèle en stock. Quel coloris préférez-vous ?
-Noir mat, et avec toutes les options possibles.
-Très bien, donc vous voulez le Pack BMW Driving Assistance Plus ? Affichage tête haute ? Caméras 360°, clé numérique, tout ça ?
-Oui, tout.
Après quelques minutes de discussions, il annonça le prix : 200 000 $.
Putain, je vais finir fauchée,pensai-je en me mordant l’intérieur de la joue.
-D’accord, par virement bancaire, répondis-je en essayant de cacher mon agacement.
Le vendeur s’exécuta rapidement. Une fois les formalités réglées, on se dirigea vers une boutique de téléphones.
Après avoir acheté un téléphone dernier cri, que je ne savais même pas comment utiliser, je finis par lancer la conversation avec Juan.
-D’où vient toute cette gentillesse, Juan ? demandai-je, feignant l’innocence.
-Pour être honnête, je voulais éviter une réunion avec mon père. Et tu es l’excuse parfaite, répondit-il avec un sourire éclatant, presque désarmant.
-L’excuse parfaite, hein ? Mais dis-moi, en quoi consistent tes affaires ?
-Tu poses beaucoup de questions, toi. Ça ne te regarde pas, lança-t-il en reprenant mes propres mots.
Je laissai échapper un petit rire sarcastique.
-Hm, je vois. Juste, est-ce que tu pourrais m’aider avec ça ? dis-je en agitant le téléphone dans ma main.
-Attends, t’as jamais eu de téléphone avant ?
Il éclata de rire, presque moqueur.
-Non, je n’en ai jamais eu. Et je ne vois pas ce qu’il y a de drôle, d’ailleurs. Mais si tu ne veux pas m’aider, tant pis.
-Qu’est-ce qu’il est devenu, ton copain de l’autre jour ? Il pourrait t’aider, non ?
Mon sourire s’effaça.
-Il est parti. On n’est plus en contact.
Son expression changea légèrement, mais il se contenta de hocher la tête.
-Ok. Dans ce cas, je t’aide. On va déposer tes affaires chez toi et je te montre comment ça marche.
Je lui donnai mon adresse.
-Skyline Heights Tower, 157 West 57th Street, Penthouse 50A.
Il haussa un sourcil.
-Tu pues la richesse avec ton adresse, niñita de cartera.
(Fille de portefeuille(Papa lui paye tout)).
S’il savait…
15h00, Appartement à New York
Arrivés à l’appartement, il ne jeta même pas un regard curieux autour de lui. Comme s’il connaissait déjà les lieux. Cette idée me troubla.
Alors qu’il m’expliquait comment utiliser mon téléphone, une sonnerie coupa court à notre moment de calme.
-Ouais, j’arrive. Bougez pas, grogna-t-il dans le combiné, son ton subitement glacial.
Il raccrocha brutalement et se tourna vers moi.
-Désolé, princesse, je dois filer.
Il se précipita vers la porte, sans même un regard en arrière. Un claquement de porte.
Et me voilà seule à nouveau.