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Vitalevskaya
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Chapitre 12

09h00, Appartement à New York 

RITA

Je me réveillai dans un silence presque pesant. L’appartement était calme, Rose dormait encore profondément à côté de moi, la bouche grande ouverte. Elle bavait légèrement,cette innocence me fit sourire. Elle dormait comme un bébé, insouciante, loin des tourments qui occupaient mon esprit.

Me décidant à me lever, je descendis à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Je savais que les garçons étaient de véritables morfales, alors je triplai les doses habituelles de pancakes. Une fois les assiettes prêtes, je disposai sur la table tout ce qu’il fallait : pâte à tartiner, confiture, fruits…

N’ayant pas faim, j’envoyai un message à Rose pour lui dire que le petit-déjeuner était prêt et que si elle me cherchait, je serais à la salle de sport de l’immeuble.

Avant de partir, je fis un détour par le salon où les frères zhang dormaient sur le canapé,Enfin… presque. Jun n’était pas là. Mon regard se promena autour de la pièce, mais il restait introuvable. Où pouvait-il être ? Son comportement de la veille me laissait perplexe, mais je n’avais pas envie de me poser trop de questions.

Je pris l’ascenseur jusqu’au quatrième étage et me dirigeai vers la salle de sport. Là, dans les casiers, j’avais laissé quelques vêtements. J’optai pour un short cycliste noir et une brassière assortie. Mes cicatrices étaient bien visibles, mais je m’en fichais. Peu de gens fréquentaient cette salle, et, de toute façon, qu’ils regardent s’ils le voulaient.

Après quelques étirements sur un tapis de gym, je me dirigeai vers les sacs de boxe. Mes poings frappèrent la toile avec force, évacuant toute la rage et la frustration qui s’étaient accumulées en moi. Une vie sans violence… Sans combat… Sans tuer… C’était ce que je voulais, non ?

Alors pourquoi avais-je l’impression qu’une partie de moi se sentait vide ?

Je frappai encore plus fort. Mon esprit dériva vers un souvenir que j’aurais préféré oublier.

J’avais quinze ans. Mon père m’avait envoyée en Chine avec une mission. Il disait que c’était une nécessité. Une famille puissante à abattre. Mais la cible… c’était un enfant.

Je me revis, agenouillée devant lui, un sédatif dans la main. Je n’avais pas pu lui infliger une mort brutale. Pas comme les autres. Son regard, empli de détresse et d’incompréhension, me hantait encore aujourd’hui. J’avais respecté l’ordre de mon père… Je lui avais arraché le cœur, pour lui ramener comme preuve.

Depuis ce jour, je m’étais juré de ne plus jamais toucher à un enfant. Et j’avais tenu cette promesse.

Un bruit sourd me ramena brusquement à la réalité.

Le sac de boxe venait de céder sous mes coups. Je baissai les yeux et vis mes mains en sang, la peau déchirée à plusieurs endroits.

Puis je sentis une présence derrière moi.

Je me retournai lentement et découvris les garçons : Jun, Jingwei, Tyler et Zhihao. Ils m’observaient avec un mélange d’inquiétude et d’interrogation. Seul Tyler avait un regard empreint de compréhension, comme s’il savait exactement ce que je ressentais.

Zhihao fut le premier à briser le silence.

— Veronica… tes mains. Pourquoi t’as fait ça ? Qu’est-ce qui se passe ?

Je baissai les yeux sur mes poings ensanglantés.

— Ce n’est rien, répondis-je en détournant le regard. Je vais bien.

— Non, tu ne vas pas bien, rétorqua Tyler, son ton plus doux mais ferme. Tu étais tellement dans tes pensées que tu ne nous as même pas vus entrer. On t’a parlé, mais tu n’as rien entendu. Tu frappais ce sac avec une rage… qui fait peur.

— J’étais juste dans mes pensées, c’est tout. Pas besoin d’en faire un drame, lançai-je en haussant les épaules.

Mais leurs regards disaient tout. Ils avaient vu. Mes cicatrices. Les anciennes comme les nouvelles. Les traces d’un passé qu’ils ne pouvaient pas comprendre.

Honteuse, je fis volte-face et me dirigeai vers les vestiaires. Mais Jun fut plus rapide. Il m’attrapa par le poignet avant que je ne puisse fuir.

— N’aie pas honte de tes cicatrices, dit-il d’une voix calme. Elles font partie de toi. Elles racontent ton histoire. On ne sait pas ce que tu as traversé, et on ne te forcera jamais à en parler. Mais sache une chose…

Je relevai les yeux vers lui, intriguée.

— Tu fais partie de notre famille maintenant. Rose tient énormément à toi, et ça ne fait que quelques jours que vous vous connaissez. Je ne l’ai jamais vue aussi heureuse, aussi comblée.

Il marqua une pause, comme pour peser ses mots.

— Alors… merci, Veronica.

Sur ces mots, il me lâcha et tourna les talons. Les autres garçons ne dirent rien, mais je vis dans leurs regards qu’ils partageaient ses pensées.

Ils s’éloignèrent, me laissant seule.

Prenant une grande inspiration, j’attrapai un t-shirt propre, l’enfilai rapidement et remontai à l’appartement.

À mon arrivée, je les retrouvai tous sur le canapé, absorbés par The Night Agent, lançant des commentaires sur les techniques de combat et les effets spéciaux, comme s’ils étaient eux-mêmes des experts en la matière.

Mais une paire d’yeux me suivait avec insistance.

Jun.

Il détailla ma posture, puis son regard glissa jusqu’au pansement qui couvrait ma blessure d’hier soir.

D’un léger signe de tête, je lui fis comprendre que j’allais bien.

Sans un mot, je filai dans la salle de bain pour nettoyer mes mains, les désinfecter et les panser.

Peut-être qu’un jour, je leur parlerais de mon passé.

Mais pas aujourd’hui.

Pas encore.

11h00, Appartement à New York 

Après une bonne douche, je me dirigeai vers la chambre, où régnait un silence apaisant. Rose dormait encore profondément, la bouche légèrement entrouverte, son souffle régulier trahissant un sommeil paisible.

J'ouvris doucement la porte du dressing et laissai mon regard parcourir les différentes pièces de ma garde-robe. Aujourd’hui, j’avais envie d’une tenue à la fois élégante et audacieuse.

Je choisis un pull oversize en maille épaisse, d’un noir profond, dont le col en V tombait légèrement sur l’épaule, dévoilant une touche subtile de lingerie en dentelle noire. Pour compléter le look, j’enfilai une jupe en similicuir, courte mais sobre, qui épousait parfaitement mes hanches.

À mes pieds, je glissai une paire de bottes hautes en cuir noir, ornées d’un détail métallique discret sur le côté. Leur talon fin ajoutait une touche de sophistication et d’assurance à ma démarche.

Côté accessoires, j’optai pour un sac en cuir noir souple, à l’aspect légèrement brillant, que je pourrais porter à l’épaule avec désinvolture. Je mis également des lunettes de soleil noires aux lignes épurées, parfaites pour ajouter une aura de mystère.

Pour parfaire le tout, quelques bijoux : une montre en argent au bracelet épais, une fine chaîne sertie de pierres scintillantes, plusieurs bagues élégantes et une paire de petites boucles d’oreilles carrées.

Une fois prête, je me regardai dans le miroir. L’ensemble était à la fois raffiné et puissant.

Derrière moi, un léger grognement attira mon attention. Rose venait de se réveiller.

— Hmm… T’es déjà debout ? marmonna-t-elle d’une voix ensommeillée.

Je souris avant de me retourner vers elle.

— Bien dormi, princesse ?

Elle s’étira en baillant, puis posa son regard encore embrumé sur moi.

— Wow… T’as l’air badass comme ça. On va quelque part ?

Je haussai les épaules en attrapant mon sac.

— Pas toi, en tout cas.

Rose fronça les sourcils, encore à moitié endormie.

— Comment ça, "pas moi" ?

— J’ai un truc à faire. Seule.

Elle se redressa lentement, l’air intrigué.

— Un "truc" ? C’est quoi ce "truc" ?

Je me contentai de lui adresser un sourire énigmatique avant de me diriger vers la porte.

— Rien d’important. Je serai de retour plus tard.

— Veronica…

Son ton avait changé. Elle me scrutait, cherchant à deviner ce que je lui cachais.

— Ne t’inquiète pas, d’accord ? Profite de ta matinée.

Sans lui laisser le temps de répliquer, j’ouvris la porte et sortis de la chambre. Derrière moi, j’entendis Rose soupirer. Elle n’était pas dupe. Mais pour l’instant, elle n’avait pas d’autre choix que d’attendre mon retour.

J’avais quelque chose à régler.

En descendant je voyais le regard interrogateur de Jun , il me posa une question:

-Tu vas où?

-Je dois aller régler quelque chose , a tout à l'heure.

Je ne lui laissa pas le temps de répondre, et sortit de l’appartement pour rejoindre le garage.J’entra dans ma voiture , sortit du parking et me dirigea chez Juan.

JUN

Au même moment,Apprtement New York

Elle venait de sortir de l’appartement en coup de vent, sans donner la moindre explication. Sa blessure… Je ne sais même pas comment elle arrive à marcher alors que Juan l’a poignardée hier soir. Et pourtant, elle marche comme si de rien n'était, comme si la douleur ne l’atteignait pas. Une personne normale, comme Veronica Hayes est censée l’être, devrait au moins montrer un signe de faiblesse.

Mais Veronica n’a jamais été normale.

Je dois l’admettre, elle est fascinante. Sa petite taille lui donne un air innocent, presque fragile, mais une aura mystérieuse émane d’elle. Son corps est parfaitement sculpté, capable d’attirer le regard de n’importe quel homme. Ses yeux gris, froids et perçants, sont hypnotisants. Et ses cheveux de jais… Ils semblent si doux qu’on aurait envie d’y passer la main.

Et puis, il y a sa façon de s’habiller. Toujours classe, toujours impeccable, comme si elle voulait affirmer la femme qu’elle est. Tout chez elle intrigue, tout en elle pousse à se poser des questions.

Une voix me sort brusquement de mes pensées.

— Coucou les garçons !

C’est Rose, qui débarque dans le salon, sa voix encore marquée par le sommeil.

Jingwei lève les yeux et éclate de rire en la voyant.

— Bien dormi, petite sœur ? Regarde-toi… Trop mignonne dans ton pyjama Hello Kitty.

Rose lui lance un regard noir.

— Très drôle, grand frère…

Elle s’approche et scrute la pièce, avant de froncer les sourcils.

— Vous savez où est partie Veronica ?

Il y a une pointe d’inquiétude dans sa voix.

— Non, mais on va le savoir d’ici peu, répond Zhihao avec un calme déconcertant. J’ai placé un traceur sur sa voiture.

Rose cligne des yeux, incrédule.

— Attendez… Vous avez fait QUOI ?!

— Un traceur, répète Zhihao comme si c'était la chose la plus normale du monde.

— Vous êtes sérieux ?! Un putain de traceur sur la voiture de ma copine ?!

— C’est pour ton bien, et pour le sien, intervient Jingwei. Après ce qui s’est passé hier soir, mieux vaut être prudents.

J’acquiesce d’un léger hochement de tête, silencieux.

— Et vous, Jun, Tyler ? Vous êtes d’accord avec ça ? demande-t-elle, croisant les bras.

Tyler prend la parole avant moi.

— Ouais, il n’a pas tort. Mieux vaut prévenir que guérir, Rose.

Je reste silencieux un instant, puis je finis par lâcher, d’une voix neutre :

— Ils ont raison. Il va falloir t’y faire, Rose. On t’avait prévenue qu’on la surveillerait, alors ne fais pas semblant d’être choquée.

Rose écarquille les yeux, outrée.

— Alors quoi ? Vous allez mener une enquête sur elle ? Sur la femme qui vous a accueillis chez elle, qui vous a fait à manger?!

Elle secoue la tête, furieuse.

— Vous êtes des putains d’hypocrites.

Elle tourne les talons et se dirige vers la cuisine, tapant du pied. Quelques secondes plus tard, on l’entend se venger sur des pancakes, ce qui me fait légèrement sourire.

Un silence s’installe. Je repense aux cicatrices qu’on a vues sur le corps de Veronica. Ça reflétait quelque chose… De la torture. Pas juste de la douleur physique, non. C’était plus profond. Quelqu’un avait essayé de la briser, de la déshumaniser.

Jingwei, qui semble avoir la même réflexion que moi, brise finalement le silence.

— Vous avez vu ses cicatrices ? Même nous, alors qu’on fait partie de la Triade, on n’en a pas autant. Et putain… C’est une femme. Comment on peut infliger ça à un si petit bout de femme ?

Zhihao hoche la tête, pensif.

— Ouais… Franchement, je sais pas qui a pu lui faire ça, mais ce qui est sûr, c’est que Veronica Hayes n’est pas seulement Veronica Hayes. Il y a quelqu’un d’autre derrière ce masque.

Il marque une pause avant d’ajouter :

— Et vous avez vu son tatouage au bras ? Comme Jun a dit, il est exactement identique au sien.

Tous les regards se tournent vers moi. Je serre la mâchoire, mal à l’aise.

Tyler prend alors la parole, son ton inhabituellement sérieux.

— Il y avait une rage dans ses yeux, tout à l’heure. Un putain de désir de vengeance. Elle ne nous a même pas vus arriver. Comme si elle était ailleurs… Comme si elle faisait ce qu’on lui ordonnait de faire.Elle était déconnectée.

Son regard se perd un instant, et je comprends qu’il fait le lien avec sa propre histoire. Tyler a vécu des choses similaires. Mais Veronica… Je ne connais pas encore son passé.

Mais une chose est sûre : il doit être bien plus sombre que le nôtre.

Le silence s’éternise, chacun perdu dans ses pensées.

Puis, Jingwei secoue la tête et esquisse un sourire en coin.

— Bon… assez parlé de Veronica.

Il tourne lentement la tête vers moi, un regard malicieux dans les yeux.

— Parlons plutôt de toi, Jun.

Je lève un sourcil.

— Moi ?

Tyler ricane.

— Ouais, toi.

Zhihao croise les bras et me fixe d’un air faussement sérieux.

— Parce qu’on a remarqué un truc intéressant, mon cher ami.

— Ah ouais ? Et quoi donc ?

Jingwei se penche en avant, un sourire moqueur sur le visage.

— T’as jamais remarqué comment Veronica te regarde ?

Je soupire déjà.

— Vous délirez.

— Oh que non, intervient Tyler, hilare. Elle te dévore des yeux, mon gars.

— N’importe quoi.

Zhihao éclate de rire.

— Tu parles ! Elle te mate tellement qu’on dirait qu’elle va te sauter dessus à tout moment.

Jingwei hoche la tête, faussement pensif.

— C’est vrai qu’avec ton air ténébreux et ton attitude de mec mystérieux…

— Vous êtes ridicules.

— Et toi, t’es dans le déni, réplique Tyler.

Jingwei claque des doigts.

— Attends, attends, et toi, tu la regardes comment, hein ?

Je croise les bras.

— Normalement.

Zhihao éclate de rire.

— Normalement, mon cul !

— Ouais, mec, intervient Tyler. Tu la mates comme si t’essayais de la scanner avec tes yeux bioniques.

— J’ai pas d’yeux bioniques.

— Mais t’as un crush, ajoute Jingwei avec un sourire carnassier.

Je lève les yeux au ciel.

— C’est du grand n’importe quoi.

Zhihao se tourne vers les autres.

— Il nie. C’est bon, on le perd.

Jingwei pose une main sur son cœur en soupirant.

— Ahhh, l’amour… C’est beau, hein ?

Tyler hoche la tête, faussement ému.

— Trop beau. On dirait une comédie romantique.

— Le bad boy silencieux et la fille mystérieuse au passé sombre… Le couple parfait ! ajoute Zhihao.

— Vous êtes insupportables.

— On sait, répondent-ils en chœur.

Je me lève, agacé.

— Vous avez fini ?

Jingwei secoue la tête.

— Nan, on va peut-être écrire un livre sur vous deux. "Quand un glaçon tombe amoureux…"

— Vous êtes des abrutis.

Tyler me regarde avec un sourire moqueur.

— C’est marrant, parce que tout à l’heure, t’as dit que Veronica faisait partie de la famille maintenant.

Je fronce légèrement les sourcils.

— Et alors ?

— Alors, pourquoi t’es incapable de la voir autrement que comme une inconnue ?

Un silence tombe sur la pièce.

Je serre la mâchoire.

Je n’ai pas envie de répondre.

Je détourne le regard et quitte la pièce sous leurs rires moqueurs.

Je les entends encore crier derrière moi :

— IL FUIT ! LE MEC QUI A PEUR DE SES SENTIMENTS !

— C’EST QUOI LE PLAN, JUN ? TU VAS L’IGNORER JUSQU’À CE QU’ELLE TE ROULE DESSUS EN VOITURE ?

Je claque la porte derrière moi.

Ils sont insupportables.

Le pire, c’est qu’ils n’ont pas complètement tort.

RITA

12h00, Une heure de trajet plus tard,350 Kent Avenue, Brooklyn, NY 11249.

J’arrivai chez Juan. Cette rue me provoquait toujours autant de frissons. Arrivée dans sa cour, je me garai et montai les marches de sa villa. Un garde m’interpella, son regard empli de mépris.

— Qu’est-ce que tu viens faire là, puta ?

Je soutins son regard sans ciller.

— Ton boss m’a dit de venir.

Il allait répliquer, mais une voix que je connaissais trop bien l’interrompit.

— Laisse-la entrer, Javier.

Le garde s’écarta à contrecœur et me laissa passer, me toisant comme si je n’existais pas. Dégoûtant.

Je montai directement à son bureau. Juan était là, assis derrière son imposant bureau en acajou, un sourire narquois accroché à ses lèvres.

— Avant d’entrer, on toque, princesa.

Je refermai la porte derrière moi et croisai les bras.

— Je fais ce que je veux, Juan. Si j’ai envie d’entrer sans toquer, je le fais.

Son sourire s’élargit légèrement, mais une lueur froide traversa son regard.

— Mais tu te prends pour qui ? Le coup d’hier ne t’a pas suffi ? Maintenant, tu es sous mes ordres. Quand je te dis quelque chose, tu obéis. Point.

Son regard s’attarda sur mon pansement, un amusement malsain dans les yeux. Fier de m’avoir marquée.

— Qu’est-ce que tu veux ? crachai-je, ignorant la douleur lancinante dans ma cuisse.

Il s’appuya contre son fauteuil, comme si tout ça n’était qu’un jeu pour lui.

— Du calme, princesa. On a le temps.

Il se leva lentement, s’approchant de moi avec cette démarche assurée qui m’insupportait. Son regard glissa sur ma tenue et un sourire en coin apparut.

— Cette belle lingerie, c’est pour moi ?

Mon regard s’assombrit aussitôt.

— Dans tes rêves. Éloigne-toi et assieds-toi. Maintenant, dis-moi ce que tu veux, que je puisse sortir d’ici au plus vite.

Juan rit légèrement avant de retourner s’asseoir. Une ombre menaçante planait autour de lui.

— Tu devrais apprendre à mieux parler, Veronica. Tu oublies qui est en position de force ici.

Il se pencha légèrement en avant, son regard planté dans le mien.

— Chaque semaine, je te donnerai un nom. Et dans la nuit qui suit, cette personne devra être morte. Tu seras payée, bien sûr. Vu le train de vie que tu mènes… ton appartement luxueux, tes petites habitudes de princesse… Il te faudra de l’argent. Et crois-moi, c’est non négociable.

Il marqua une pause, savourant son effet avant d’ajouter d’une voix glaciale :

— Vingt mille dollars par mission. Chaque semaine. Après que tu m’auras apporté une preuve de la mort de ta cible. Un souvenir… quelque chose de personnel. Des cordes vocales, une photo de famille, un collier… ou même son cœur.

Un frisson me traversa.

Un cœur.

Comme toi, papa. Comme tu me l’avais demandé.

Mon estomac se retourna, mais je n’en laissai rien paraître.

Ce qui me fit tiquer, en revanche, c’était le montant.

— Vingt mille ? répétai-je avec un rire sec. Tu me prends pour une vulgaire mercenaire ou quoi ? Ma dernière mission m’a rapporté un demi-million. Et toi, tu veux m’acheter pour des miettes ?

Juan ne broncha pas.

— Je sais que tu n’as pas les moyens, ajoutai-je en croisant les bras. Alors pour toi, ça sera deux cent mille. Non négociable. Sinon, trouve un autre larbin… ou tue Devon toi-même.

Je mentais. Je n’étais pas sereine en disant ça. Mais je ne pouvais pas me permettre d’être faible devant lui.

Un silence pesant s’installa.

Puis, Juan se mit à rire. Un rire froid, sans joie.

— Tu crois que je n’ai pas les moyens, hein ? Que je suis un pauvre gringo ?

Il attrapa son joint sur son bureau et le fit tourner entre ses doigts.

— Ok pour deux cent mille. Mais écoute-moi bien, Veronica…

Il planta son regard dans le mien, et sa voix se fit tranchante comme une lame.

— Si tu échoues ne serait-ce qu’une seule mission… Devon y passe.

Un frisson me parcourut, mais je restai impassible.

C’était la première fois qu’on me menaçait en utilisant l’un de mes proches. Mon père, lui, me menaçait toujours de ce qu’il me ferait si j’échouais. Mais la menace de Juan était bien plus puissante.

Cette fois, il ne s’agissait pas de moi.

Il s’agissait des autres.

De Jun. De Rose. De Jingwei, Zhihao, Tyler… et maintenant, Devon.

Ils comptaient sur moi.

Je ne pouvais pas les entraîner dans ma chute.

Je pris une profonde inspiration et soufflai, la mâchoire serrée.

— D’accord.

Juan sourit, satisfait.

— C’est bon, je suis d’accord. Mais épargne sa vie.

Il tira une bouffée de son joint avant de souffler lentement la fumée.

— Ça dépendra de toi, princesa.

Fin du jeu.

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