ACTE 2
Rien n'est plus réel que la douleur d'oublier
seraphina and Azriel’s POV
Chapitre 11 - Données classé
SERAPHINA, 21ans
Je suis censée dormir. Censée oublier cette discussion de la veille, ce refus obstiné d’Azriel, ces silences qui m’étranglent plus que ses mots.
Mais je ne peux pas. Pas tant que je sens que quelque chose cloche. Pas tant que cette sensation de vide me ronge la poitrine.
Assise en tailleur sur le lit, mon ordinateur chauffe sur mes genoux. L’écran m’éclaire le visage d’une lueur blafarde. Je tape, clique, fouille. Mon accès au darkweb est instable ce soir, mais je m’y accroche comme à une bouée. Je sais ce que je cherche, même si je n’en connais pas encore la forme exacte.
Des heures que je passe de plateforme en base de données, des serveurs enterrés sous des couches de cryptage. Et puis, au détour d’une interface miteuse, mon nom s’affiche.
RAVENSCROFT, Seraphina
Statut : MINEUR PROTÉGÉ
Accès restreint - Niveau 4
Informations classées selon l’article 12C - protection d’archives sensibles
Consulter autorisé uniquement par décision judiciaire ou autorité désignée.
Je relis trois fois, sans comprendre. Mes doigts restent figés au-dessus du clavier.
Qu’est-ce que je déteste, vraiment… ce genre de flou administratif. Ce genre de secrets enveloppés dans des mots froids.
Mineur protégé ? Sérieusement ? Qu’est-ce qu’il y a à me cacher au point de me rendre invisible dans une base criminelle ?
Mon cœur cogne. J’ai la nausée, les yeux qui brûlent, la gorge trop serrée.
Je veux savoir. Mais le système me crache des lignes rouges d’erreur chaque fois que j’essaie de forcer l’accès.
Je pourrais pirater plus loin. Je pourrais. Mais mes mains tremblent.
Et une voix dans ma tête, douce mais sèche, murmure pas ce soir. Pas dans cet état.
Je referme l’ordi à contrecœur. Le clic du plastique résonne trop fort dans la chambre silencieuse.
Demain. Demain, je reprendrai. Je ne laisserai pas ça m’échapper. Mais ce soir, je vais me contenter de survivre à l’inconnu.
Je m’allonge sans retirer mes vêtements, les paupières lourdes, les pensées en vrac.
Quel genre d’histoire peut être assez dangereuse pour être effacée de ma mémoire ?
Je me tourne sur le côté, incapable de trouver une position confortable. Une tension sourde me serre le ventre. Pas la faim. Pas la fatigue. Un nœud, bien plus profond. Inexplicable, mais familier.
Le genre de sensation que j’ai appris à ignorer, à camoufler sous les lignes de code et les missions en ligne.
Sauf que ce soir, même mes habitudes ne suffisent plus.
Je suis pourtant rodée à ça. Fouiller, contourner, pirater.
J’ai déjoué des systèmes bien plus sécurisés.
J’ai trouvé des choses que personne n’aurait dû retrouver.
Alors pourquoi ce sentiment d’impuissance me colle à la peau comme une seconde sueur ?
Et puis, un détail me frappe.
Le client.
Celui qui m’avait demandé des informations sur Azriel.
Discret. Dossier flou, adresse IP mouvante. Une demande claire, mais bizarrement pressée.
Il n’est jamais revenu.
Pas de validation finale, pas de virement, pas même un message de relance.
Je fronce les sourcils dans l’obscurité.
Ce genre de clients, je les repère. Les fantômes, les commanditaires un peu trop bien informés.
Mais lui… c’était différent. Trop précis dans ses questions.
Comme s’il savait déjà ce qu’il allait trouver.
Je me redresse un peu, le cœur battant plus vite. Une sueur froide glisse dans mon dos.
Est-ce qu’il savait… ce que moi je suis en train de découvrir ?
Est-ce que j’ai marché dans un piège ?
Est-ce que… c’était pas moi la chasseuse depuis le début, mais la proie ?
Mon ventre me lance. L’anxiété monte comme une vague que je n’arrive pas à repousser.
Je ferme les yeux, une main posée contre ma peau nouée.
Demain.
Je continuerai demain.
Mais cette fois, je ne chercherai pas pour un client.
Je chercherai pour moi.
Le soleil filtre à peine à travers les rideaux sombres. Je reste allongée un moment, la gorge nouée et l’estomac encore serré par cette impression de... danger flou.
Peut-être que je me fais des films. Peut-être que je dramatise, encore. Je suis douée pour ça, après tout. Une professionnelle de l’overthinking.
Je me lève avec lenteur, comme si mon corps pesait plus lourd ce matin. Azriel n’est pas là, ou il fait mine de me laisser de l’espace. Tant mieux. Je n’ai pas envie de croiser son regard tout de suite. Pas maintenant. Pas alors que je me sens vide et transparente.
Je marche jusqu’à la salle de bain.
Le miroir est toujours là, fidèle et cruel.
Je retire lentement mon haut, puis le reste. Mes doigts tremblent légèrement, mais je ne les arrête pas. Pas cette fois.
Mes yeux glissent sur mon reflet.
Et je le hais.
Encore. Et encore. Et encore.
Ce corps que je ne reconnais pas.
Ce corps que je porte comme un fardeau, un rappel constant de ce que j’ai perdu.
Ou peut-être de ce qu’on m’a volé.
Il n’y a rien d’horrible en soi. Pas de cicatrices marquées, pas de difformité évidente. Mais moi, je vois tout.
Je vois le vide dans mon ventre, le creux sous mes côtes, les os trop visibles, les marques que personne d’autre ne remarquerait mais qui, pour moi, crient.
J’ai l’impression d’habiter une enveloppe qui ne m’appartient plus.
Et parfois, quand je me regarde comme ça, je me demande…
Est-ce que lui, il me regardait comme ça aussi ?
Avant ?
Je me détourne brutalement du miroir, comme si ça pouvait effacer la sensation collante dans ma gorge.
Je laisse l’eau chaude couler sur ma peau, longtemps. Trop longtemps.
J’aimerais qu’elle lave autre chose que de la fatigue ou de la sueur.
Mais certaines choses restent.
Elles s’incrustent sous la peau, elles se tatouent dans le silence.
Je ferme les yeux. Et je compte jusqu’à vingt. Encore et encore.
Comme si je pouvais me ramener à moi-même.
Je me rhabille en vitesse, enroule mes cheveux humides dans une serviette, attrape mon téléphone et sors de ma chambre. Je sais qu’il est là, quelque part. J’ai besoin de lui, maintenant.
La lumière tamisée du couloir me guide jusqu’au salon commun. Il est affalé sur le canapé, un bol de céréales dans une main, l’autre tenant une manette.
— T’as l’air de t’être battue avec une tempête, lance-t-il sans détourner les yeux de l’écran.
— C’est pire que ça, je souffle en m’asseyant près de lui.
Il pose tout de suite sa manette, se tourne vers moi. Son regard se fait plus doux.
— Parle.
— Je crois que je deviens folle, Noah.
— T’as cinq minutes de retard sur l’annonce officielle. Je t’écoute.
Je prends une grande inspiration, mes mains tremblent à peine.
— J’ai... trouvé un fichier. Sur moi. Une base de données criminelle. Mon nom. Classé comme “mineur protégé”. Mais y’a rien. Rien d’autre. C’est vide. Et ça me fout la gerbe.
Il cligne des yeux. L’ironie habituelle s’efface.
— T’es sûre que c’était toi ?
— Nom complet. Date de naissance. Code d’identification. C’est moi, Noah. Y’avait même ma photo.
Je le vois se crisper.
— C’est... pas une erreur ?
Je secoue la tête.
— Et y’a autre chose. Azriel. Il sait. Il sait des trucs. Sur moi. Il connaît les détails, les souvenirs que j’ai pas. Ce matin, il m’a préparé un croissant-chamallow. Mis Kesi de Camilo en fond. C’est genre... des choses que toi tu sais. Et lui aussi. Mais je me souviens pas lui en avoir parlé.
Noah serre les dents.
— Tu crois qu’il a accédé à ta mémoire avant toi ? Ou que t’as tout oublié sauf lui ?
Je hausse les épaules. Je suis paumée.
— Il refuse de me parler du passé. Je l’ai harcelé ce matin, il dit rien. Et ce client, celui qui m’avait demandé des infos sur lui... il a disparu après m’avoir demandé d’arrêter. Genre, plus aucune trace.
Je me sens vidée. J’ai envie de crier, ou de dormir mille ans. Ou les deux.
Noah se lève sans un mot, va dans la petite kitchenette, attrape deux mugs et me tend un chocolat chaud qu’il vient d’improviser.
— Tu veux qu’on remonte le fil ensemble ? Que je pirate avec toi ? Ou tu veux juste t’asseoir et respirer un peu ?
Je le regarde. Ses cheveux en vrac, son sweat trop grand, ses yeux toujours trop vifs.
— Juste respirer.
Il s’assoit à côté de moi, remet une vieille série à la télé, sans le son. Et on reste là. Silencieux. Chacun tenant sa tasse comme un talisman.
Mais même sous la lumière douce du salon, mes pensées refusent de se calmer.
Noah hoche la tête sans discuter. Il s’assoit à côté de moi sur le canapé, et la vieille série à la télé démarre sans qu’on lui prête attention. Le son est coupé, mais le défilement des images familières dans l'écran vide résonne presque dans le silence entre nous. Une présence partagée.
Je serre ma tasse dans mes mains, cherchant un peu de chaleur. Mais même sous la lumière douce du salon, mes pensées refusent de se calmer. Elles tournent en rond, comme un cerf-volant pris dans un vent trop fort.
Mon regard se fixe sur les images floues de la télé, mais elles ne me distraient pas. L’odeur du café me pique le nez, mais même ça, ça ne suffit pas. Il y a cette tension dans l’air, ce vide dans mon estomac que je n’arrive pas à faire partir. Je sens la question qui me brûle la gorge. La même question que j’ai évitée pendant trop longtemps, mais maintenant, c’est comme un poids lourd que je ne peux plus ignorer.
Je me tourne finalement vers Noah, brisant le silence.
— Tu crois qu’on peut vraiment ignorer tout ça ? Le passé, je veux dire. Nos… erreurs.
Il m’adresse un petit sourire, mais je vois la nervosité dans ses yeux. Un sourire qui cherche à rassurer. Mais il sait aussi, comme moi, que ça ne fonctionne pas.
— C’est pas une question de l’ignorer, Seraphina. Mais il y a un moment où tu dois décider ce que tu veux faire de tout ça.
— Et toi, tu fais quoi de ton passé ?
Il soupire, se laissant tomber en arrière, ses bras tendus derrière sa tête.
— Je suppose que je l’utilise pour avancer. Ou du moins, j’essaye. Parce que si tu t’accroches trop au passé, tu risques de te perdre dedans. Tu m’as toujours dit que tu voulais être quelqu’un de plus… libre.
Il marque une pause, son regard s’éteignant un instant, avant qu’il ne se tourne vers moi.
— Si tu continues à te perdre dans ce que tu as fait avant, tu vas t’effacer. C’est ça que tu veux, vraiment ?
Je n’ai pas de réponse immédiate. La chaleur de la tasse se dissipe, mais pas la froideur dans mon estomac. Ce n’est pas aussi simple. Parce que tout est lié. Parce que, malgré ce que je pourrais essayer de me dire, chaque fichier piraté, chaque nuit passée à chercher des réponses, chaque pièce du puzzle qui se dévoile… tout ça me ramène à lui. À Azriel.
Je ferme les yeux quelques secondes, respirant profondément. Je m’accroche à la dernière bouffée d’air, comme si je pouvais y trouver une solution.
— Et si je veux juste comprendre ce que j’ai oublié ?
— Et si comprendre n’était pas la solution ?
— Et si c’était la seule chose qui pourrait me sauver ?
Je jette un coup d'œil vers l'écran de la télé, mais ça me paraît encore plus vide. Je n’arrive pas à laisser partir l’idée que tout ce que je cherche, tout ce que j’ai découvert, ne sert à rien. Que peut-être je devrais abandonner.
Mais l’ombre de la peur, l’instinct de tout fouiller encore, est plus fort que ça.
Il faut que je sache. Peu importe les conséquences. Peu importe si ça me détruit.
— Tu crois que je devrais arrêter de chercher ?
Noah hésite. Il regarde ses mains, ses doigts qui s’entrelacent, comme s’il voulait en faire quelque chose, comme s’il cherchait une réponse dans le vide.
— Non. Mais je crois que tu devrais peut-être ralentir un peu, Seraphina. Ne pas laisser cette obsession te dévorer. T’as encore du temps. On a le temps.
Je hoche la tête, mais même si je le lui dis, je sais au fond que je ne vais pas arrêter. Je vais aller jusqu’au bout, même si ça me brise en deux. Même si tout me crie de fuir. Parce que ce qui se cache dans le passé est peut-être ce qui pourrait me rendre entière. Ou ce qui pourrait me faire sombrer.
Je me lève enfin, brisant le silence. La tasse vide repose sur la table, mais le poids de la conversation me suit. Le vide dans mon ventre est toujours là, mais j'ai autre chose à faire maintenant. J'ai cours.
Je prends un moment pour respirer, pour m'assurer que je ne laisse pas trop de pensées noires m'envahir avant de sortir. Je n’ai pas envie d’aller en cours, pas aujourd’hui. Mais je n'ai pas le choix. Le quotidien m'attend.
Je regarde Noah, qui est toujours assis, ses yeux sur son téléphone. Il lève la tête et sourit doucement.
— Bonne chance pour la journée, Seraphina. Tu sais où me trouver si t’as besoin de parler.
— Merci, Noah.
Je sors du dortoir, le couloir est calme, presque trop calme. Quand je franchis la porte de l’immeuble, la brise fraîche me frappe en plein visage. Je me force à avancer. Une fois dehors, je fais quelques pas avant de rejoindre le bâtiment de l’université.
Je tente de me concentrer sur la journée qui m'attend, mais chaque mouvement me paraît lourd. L’odeur du café de ce matin, les éclats de rire lointains, tout semble flou autour de moi.
Je rentre dans la salle de cours, les murs blancs et le sol froid me rappellent la réalité. Les chaises métalliques grincent sous le poids des étudiants qui s’installent. Je jette un coup d’œil autour de la pièce. Et là, je le vois. Azriel. Il est là, près de la fenêtre, comme d’habitude, avec son air distant et inaccessibile.
Tout à coup, mon cœur rate un battement. Je me fige. La gorge serrée, mes jambes deviennent lourdes. Je prends une profonde inspiration, mais ça ne change rien. Je me force à avancer, mais quelque chose en moi me dit de m’éloigner. De l’ignorer.
J’aurais dû m’asseoir plus près de lui, peut-être discuter, mais je me trouve une place au fond de la salle, aussi loin que possible. Je m’assois, mon esprit tout à coup embrouillé, alors que je sens ses yeux sur moi, comme s’il savait exactement ce que je ressentais. Il ne bouge pas. Il semble me regarder d’un air calme, mais je préfère détourner les yeux.
Je me concentre sur les feuilles devant moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’à chaque minute qui passe, la distance entre nous devient plus grande, comme si la simple idée de le regarder me faisait perdre pied.
Je le sens, pourtant. Il est là, tout près, mais je ne peux pas. Il y a quelque chose dans son regard qui m’engloutit, un vide que je ne sais pas comment combler.
Alors je me tais, comme une ombre, une présence qui refuse de se laisser engloutir.
Le professeur entre finalement dans la salle et commence à parler, mais mes pensées sont ailleurs. Je suis consciente de chaque mouvement d’Azriel, de la façon dont il croise les bras, de la manière dont il observe l’enseignant sans vraiment prêter attention. Tout en lui dégage cette aura que je ne comprends pas, une aura qui me perturbe.
Je serre mes dents, mes doigts qui tapent nerveusement sur le bureau. J’essaie de suivre le cours, mais je n’y arrive pas. Il est trop présent dans chaque coin de ma tête. Il n’a même pas bougé, mais il m’envahit.
Je ne peux plus l’ignorer. Mais je n’ai plus la force de lui faire face non plus.
Le silence s’étend entre nous, lourd et palpable. Je me concentre sur mon stylo, mes doigts crispés autour de lui, mon regard fixant les lignes de la page devant moi comme si elles pouvaient me sauver. Mais il y a cette sensation étrange, presque étouffante, comme si quelqu’un me scrutait, attendant que je réagisse. Et je le sens, ce poids. Je sais qu’il est là, près de moi.
Puis, il brise le silence. Sa voix est calme, presque trop calme, comme s’il attendait que je m’effondre.
— Tu m'ignores.
Je relève les yeux, mais seulement assez pour capter son regard. Il est là, juste à côté, son visage impassible. Et je n’ai aucune envie de lui céder. Pourquoi maintenant, pourquoi à cet instant, alors que tout ce que je veux, c’est éviter cette confrontation ?
Je le fixe un instant, le cœur battant plus vite. Je sais ce qu’il attend, il veut une réaction. Mais il n’obtiendra rien de moi. Je n’ai aucune intention de lui accorder cette faiblesse. Ni maintenant, ni jamais.
Je serre mes dents, essayant de maîtriser cette tension qui me ronge de l’intérieur. Je ne vais pas lui donner ce qu’il veut. Je ne vais pas lui donner ce pouvoir. Pas encore.
— Je ne t'ignore pas, je réponds d’une voix ferme, presque trop assurée.
Je dévie mon regard, me concentrant à nouveau sur la feuille devant moi. C’est ridicule. Pourquoi est-ce qu’il me fait ça ? Pourquoi il insiste ?
Mais il ne me laisse pas de répit. Il attend, peut-être qu’il me pousse encore plus loin, peut-être qu’il veut voir jusqu’où je vais. Mais je ne vais pas céder. Je refuse.
— Tu mens, dit-il d'une voix plus basse, presque chuchotée, mais pleine de certitude.
Je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale, mais je refuse de le laisser voir. J’incline légèrement la tête, et je lève les yeux vers lui, mes sourcils légèrement froncés, comme si son observation m’importait peu.
— Tu te trompes, je réponds, mon ton sec.
Il la laisse tomber, enfin. Il reste silencieux un instant, et je sais qu’il essaie de me déchiffrer, de percer ma façade. Mais je ne lui donnerai rien. Pas aujourd’hui.
Je m’enfonce davantage dans mon propre univers, me concentrant sur mon stylo, sur ce que je dois faire. Lui, il reste là, calme, mais je vois bien dans ses yeux qu’il ne renoncera pas si facilement.
Il essaiera encore. Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'il brisera ce que j’ai mis des années à bâtir.