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16

Chapitre 16 - Protection et amour, ça rime?

Azriel, 22ans

Elle joue avec le feu. Et je suis le brasier.

Je la regarde s’éloigner, son carnet serré contre elle.
Mon cœur cogne. Fort. Trop fort.
Je serre la mâchoire pour le faire taire.

« Tu continues comme ça, Seraphina, et je vais oublier que je suis censé te protéger de moi. »
Putain.

J’aurais jamais dû dire ça.
Mais ses yeux, son souffle, sa voix quand elle m’a appelé "bébé"…
Elle savait ce qu’elle faisait. Elle l’a fait exprès.
Et j’ai failli y répondre. Complètement.

Je passe une main dans mes cheveux, recule de quelques pas pour reprendre le contrôle.
Pas ici. Pas maintenant. Pas elle.

Tu t’en sors bien.

Je me tourne brusquement.
Il est revenu. L’homme.
Toujours ce regard en coin, comme s’il savait plus que moi sur moi-même.

Elle est mignonne, ajoute-t-il avec un sourire qui me donne envie de frapper quelque chose.
Fous-lui la paix.
T’es nerveux. C’est marrant. Tu l’étais pas, la dernière fois qu’on a parlé de ce nom…

Je le fixe, glacé.
Tu ne prononces pas son prénom.

Il lève les mains, se recule d’un pas, amusé.
D’accord, d’accord. Mais tu sais ce que ça veut dire, pas vrai ? T’as jamais laissé personne t’approcher autant. Et elle, elle t’a eu en quelques secondes.
Un silence. Puis :
Ça devient dangereux, Azriel. Même pour toi.

Je ne réponds pas. Parce qu’il a raison.
Seraphina a franchi des murs que personne n’avait jamais touchés.
Elle ne le sait même pas.

Et le pire ?
Elle le fait sans forcer.
Elle entre, elle désarme, elle éclaire... puis elle fout le feu.

Je retourne dans ma chambre. Mes mains tremblent.
Je ferme la porte à clé. M’adosse contre.
Et je me laisse glisser au sol, tête renversée en arrière.

Elle va me tuer.
Pas avec une arme.
Pas avec une vérité.

Avec ses regards.
Avec ce foutu "bébé" murmurée comme si elle voulait jouer, sans comprendre qu’elle vient de foutre le feu à quelque chose de bien plus grand qu’elle.

Je ferme les yeux.
Et pour la première fois depuis longtemps…
J’ai peur de moi.

— Tu as changé.

Sa voix fend le silence de la pièce. Aucune émotion. Comme s’il commentait la météo.
Mais moi, je sens la pique cachée dans sa neutralité. Je détourne à peine les yeux de la fenêtre.

— Tu me fais venir pour ça ? Constater que je suis moins docile qu’avant ?

Il s’approche, croise les bras. Toujours ce regard d’analyste, celui qu’il posait déjà sur elle quand elle était allongée, inconsciente, sous nos tests.
Seraphina.

Je serre les dents.

— Elle se souvient de quelque chose ?
— Non.
— Tu es sûr ?
— Tu crois que je la lâcherais d’une semelle si c’était le cas ?

Il penche la tête, m’observe comme une bête étrange.
— Tu t’es attaché à elle.

Je ne réponds pas. Pas besoin : mon silence parle déjà trop fort.

— Ce n’était pas le plan, Azriel.

Je me lève d’un bond, traversé d’un frisson glacé.
— Le plan, c’était qu’elle se souvienne. Pas que tu la drogues comme un cobaye.
— Le plan, c’était de lui faire faire face à ce qu’elle a fait.
— Et tu crois que ça passera mieux si c’est toi qui le lui craches en pleine face ?

Un silence.

Il me jauge.

— Elle est dangereuse, Azriel. Tu l’as oubliée, toi aussi ? Tu as vu ce qu’elle est capable de faire quand elle se défend ?

Mes poings se ferment.
Il ne comprend rien. Il ne voit pas ce que je vois, ce que je sens.
Elle n’est pas dangereuse.
Elle est
brûlée. Cassée. Perdue.
Et elle croit que c’est
moi, le danger.

Alors ouais, j’ai menti.
Je l’ai attirée dans cette enquête.
Mais chaque jour, chaque regard, je me perds un peu plus. Pas dans le piège… mais en elle.

— Tu es trop près, Azriel.
— Elle ne se souvient de rien.
— Pas encore. Mais tu n’as pas vu comment elle te regarde ?

Je me fige.

Oui. Je l’ai vu.
Et ça me fait plus peur que tout le reste.
Parce qu’elle ne regarde pas un monstre.
Elle me regarde comme si j’étais quelqu’un de
bien.

Il s’approche. Baisse la voix.

— Le jour où tout lui reviendra, Azriel… tu penses qu’elle t’aimera encore ?

Son souffle pue le contrôle.
Moi, j’étouffe.

Je pense à ses yeux quand elle m’a murmuré "bébé", comme une provocation, une blague idiote.
Je pense à son rire nerveux, à la manière dont elle a joué le jeu sans hésiter.
Et à mon cœur, qui a sauté un battement.

Elle est en train de me transformer.
Et je ne sais pas si je veux l’en empêcher.

— Je m’en occupe, je murmure.

Il sourit.

— Très bien. Mais si elle se réveille trop tôt… je reprends la main.

Il s’en va.

Et moi, je reste là.
À me demander si je suis encore capable de la manipuler.
Ou si c’est elle, sans le vouloir, qui est en train de me sauver.

Je reste un moment immobile après son départ, le goût amer de sa dernière phrase encore sur la langue.

"Si elle se réveille trop tôt… je reprends la main."

Ça résonne comme une menace.
Pas contre moi. Contre
elle.

Je claque la porte derrière moi, les doigts tremblants. Je ne devrais pas aller la voir. Pas maintenant. Pas après ce qu’il vient de dire.
Mais mes pas me trahissent.

Je traverse le campus, la mâchoire serrée, l’orage au bord des yeux.
Je la cherche.

Et je la trouve.
Assise dans l’amphithéâtre vitré, deuxième rangée à gauche.
Un stylo coincé entre ses dents. Les sourcils froncés.
Concentrée. Belle. Pire encore :
elle-même.

Elle ne m’a pas vu.
Moi, je ne regarde qu’elle.

Il y a du monde autour, mais elle est le seul détail net dans cette pièce floue.
Je pourrais rester là des heures.

Elle mordille le bouchon de son stylo, comme toujours quand elle s’ennuie. Puis elle penche la tête sur le côté, écoute le prof… et sourit à quelque chose que Noah vient de dire. Un sourire léger. Spontané. Un de ceux qu’elle ne m’adresse jamais.

J’ai une bouffée de jalousie aussi brûlante qu’absurde.

Noah lui glisse un mot à l’oreille. Elle le pousse du coude, amusée.
Et je me demande si je suis devenu fou d’être aussi agacé par ce connard qui ne sait même pas à
quoi elle a survécu.

Je me recule légèrement dans l’ombre du couloir.
Pas qu’elle me voie. Pas qu’elle sente que je suis là.
Je n’ai pas le droit de lui appartenir.
Pas encore.

Je la regarde rire.
Et je me souviens du sang. Du cri. De la forêt.

Je me souviens qu’elle a tué.
Et qu’elle ne s’en souvient pas.

Mais moi, je m’en souviens pour deux.

Et ça me tue.

Elle relève les yeux, et même à cette distance, je sens ce que ça fait quand son regard balaie la pièce.
Il ne s’arrête pas sur moi. Évidemment. Elle ne sait pas que je suis là. Et c’est peut-être mieux ainsi.

Mais bordel…

Je n’arrive pas à décrocher les yeux d’elle.

Elle est... magnifique.
Pas dans le sens classique du terme. Pas une beauté de magazine.
Elle a ce truc — ce mélange entre une faille qu’on voudrait réparer et une force qu’on n’ose même pas regarder trop longtemps.
Un ouragan en équilibre.

Ses cheveux remontés à la va-vite, des mèches qui s’échappent.
Ses yeux qui brillent même dans la lumière triste de l’amphi.
Ce petit froncement de sourcils quand elle se concentre.
Et ce sourire. Merde, ce sourire.

Elle est belle.

Pas "belle" comme un compliment.
Belle comme un avertissement.

Je pourrais rester planté là, dans l’ombre, encore des heures.
Mais elle se tourne à nouveau vers Noah.
Elle rit, doucement. Un rire qui me vrille la poitrine.

Il ne la mérite pas.
Mais moi non plus.

Je recule d’un pas, prêt à partir.
Je n’ai rien à faire ici. Je ne suis pas censé ressentir ça.
Et pourtant, tout mon corps reste figé. En feu.

Un mouvement me trahit.

Elle tourne la tête.

Nos regards se croisent.

Juste une seconde.

Et c’est suffisant pour que tout explose à l’intérieur.

Je m’apprête à détourner les yeux.
À faire ce que je fais depuis des semaines : fuir.
Mais un détail m’arrête net.

Sa main.

Elle prend des notes à toute vitesse, le stylo malmené entre ses doigts, mais ce n’est pas ça.
Ce sont ses doigts. Sa paume. En partie cachés sous un ruban noir, noué comme une mitaine artisanale.
Un morceau de satin froissé qui grimpe jusqu’à son poignet, maladroitement enroulé.

Je fronce les sourcils.

Pourquoi elle porte ça ?
Il fait chaud. Il n’y a aucune raison. Et surtout…
ce n’est pas un accessoire.

C’est un automatisme.

Un camouflage.

Un souvenir inconscient.

Je serre la mâchoire. Ma gorge se noue.

Elle ne se souvient pas.
Elle ne peut pas savoir pourquoi ses doigts la brûlent parfois.
Pourquoi elle ressent ce besoin irrationnel de
cacher sa main droite.

Mais moi, je sais.

Je me souviens de la terre.
Du sang sur ses phalanges.
De la façon dont elle tremblait. Dont elle pleurait. Dont elle ne pouvait plus bouger cette main.

Et là, dans cet amphithéâtre, elle recommence à la cacher.

Son corps parle à sa place.

Je me recule d’un pas, pris d’un vertige brutal.

Elle ne sait rien.
Mais quelque chose,
en elle, commence à se souvenir.

Et ça, ça me terrifie.

Je n’aurais pas dû m'approcher. 

Elle me remarque immédiatement.
Pas de surprise, pas de sourire.

Juste cette question.
Tranchante.
Déposée entre nous comme une lame sur la table.

J’ai fait quelque chose de dangereux ?

Je reste figé.

Elle penche légèrement la tête.
Et ajoute, comme si elle récitait un souvenir volé :

— J’ai vu ce terme dans mes dossiers de santé. “Mineure protégée.”
Une mention en bas de page. Petite. Presque effacée.
Mais ça m’a sauté à la gorge.

Je détourne à peine les yeux.
Mon sang se glace.

Elle continue, calme, presque trop :

— Je me dis que c’est étrange, non ? On ne colle pas ce genre de statut à quelqu’un pour rien.
Et puis… toi. Tu débarques. Tu tournes autour de moi. Tu sais des choses que je ne sais pas.

Je déglutis lentement.

Elle me fixe avec cette intensité désarmante qui me fout toujours en vrac.

— Alors ? interroge-t-elle. C’est quoi, le problème avec moi ? J’ai oublié que j’ai tué quelqu’un ? Brûlé un hôpital ? Quoi, exactement ?

Elle rit. C’est nerveux. Défensif.
Mais ses yeux… eux, ils attendent une vérité. Même petite. Même cruelle.

Je souffle du nez. Une seconde.
Je veux fuir. Je veux l’embrasser.
Je veux hurler que
non, ce n’est pas de ta faute, que c’est ma faute à moi, que c’est nous, tout ça.

Mais au lieu de tout ça, je murmure :

— T’es vraiment trop curieuse pour ton bien.

Elle sourit. Ironique.

— Tu sais que tu réponds comme quelqu’un qui cache un cadavre, hein ?

Je me penche vers elle. Elle ne bouge pas.
Ses genoux frôlent les miens. Ma main se pose sur le bord de sa chaise, comme par accident.

Je lâche, bas, grave :

— Et toi, t’as pas assez peur pour quelqu’un qui est surveillé depuis des années.

Elle se fige.

Nos regards s’accrochent.

Et pendant une seconde — une seule — tout s’arrête autour. Plus d’amphi. Plus de cours.
Juste elle. Juste moi.
Juste ce foutu secret entre nous, lourd comme un orage.

Son regard plonge dans le mien. Un instant suspendu.
Je vois la flamme dans ses yeux.
Elle veut savoir. Elle a besoin de savoir.
Mais elle ne veut pas poser cette question. Elle veut que je lui dise,
que je la libère de cette confusion qui lui ronge l’esprit.

Mais je suis trop imprudent, trop attiré par sa présence.
Je me penche encore un peu plus, mon visage proche du sien, presque trop proche.

— T’as pas peur, Seraphina, souffle-je, mon souffle frôlant sa peau, une chaleur palpable entre nous.
T’es là, à chercher des réponses, mais t’as jamais eu peur de ce qu’elles pourraient révéler.

Elle fronce les sourcils, encore plus intriguée, mais aussi plus fragile. Je vois dans ses yeux qu’elle hésite, qu’elle lutte contre une part d’elle-même qui lui dit qu’elle ne veut pas en savoir plus, mais que la curiosité est plus forte.

— T'es pas le genre de personne à se cacher derrière des secrets, n'est-ce pas ? dit-elle, sa voix devenue plus douce.
C’est pour ça que je te sens… si présent, malgré ta façon de jouer avec mes nerfs. Comme si t’étais
dans ma tête, Azriel.

Mon cœur rate un battement.
Je lève la main,
presque instinctivement, pour effleurer une mèche de ses cheveux qui est tombée sur son visage. Je suis si proche d’elle que je sens chaque vibration de sa respiration. Chaque frémissement de son corps.

— Si seulement tu savais… murmure-je, à la limite du reproche, mais aussi d’une sincérité déconcertante.
Je suis pas… celui que tu crois. Pas vraiment.

Elle me regarde, un peu perdue, un peu défiant.
Elle est belle.
Impossible de ne pas le remarquer.
Et l’intensité de ce qu’elle provoque en moi, c’est un feu incontrôlable.

Sans un mot de plus, je laisse ma main glisser lentement, trop lentement, sur son bras. La tension entre nous est palpable. Mon cœur frappe dans mes tempes. Et je vois son corps se tendre, comme si elle avait ressenti la même chose.

Elle ne dit rien pendant une seconde, deux, trois.
Mais sa respiration s’accélère.

Elle cherche mes yeux, sans vraiment vouloir les trouver.
Elle se mord la lèvre inférieure.

— Pourquoi tu me regardes comme ça, Azriel ? murmure-t-elle, presque un défi. Pourquoi… pourquoi tu es si… ?

J’approche encore.
Elle se rapproche involontairement.

— Parce que je veux te protéger, Seraphina.
Parce que si je pouvais, je prendrais tous tes cauchemars pour les garder dans ma tête à la place des miens.
Mais je sais aussi qu’il y a des choses qu’on peut pas effacer.
Et toi, t’es
trop forte pour que je te laisse dans l’ignorance.

Elle reste un instant sans voix. Ses yeux cherchent les miens, au bord du précipice, mais elle se mord la lèvre, comme si elle retenait quelque chose.

Puis, tout à coup, comme un éclair dans la nuit, elle lance :

— Tu sais que je pourrais t’embrasser maintenant.
Je pourrais. Juste là, tout de suite.
Je crois que tu le voudrais aussi.

Je la fixe, incapable de dire un mot.
Le temps semble s’étirer, et tout autour de nous devient flou.

Je peux sentir son parfum. Son corps si près du mien.
Elle ne bouge pas.
Je suis sur le point de
céder. De franchir cette frontière entre nous. Mais je sais qu’après, tout changera.

Et je ne suis pas prêt.

Alors je réponds, juste un peu plus bas :

— Et toi, Seraphina, tu sais que tu me rendras fou, si tu continues à jouer à ça.
Tu veux vraiment me pousser à tout perdre ?

Elle se mord la lèvre, un sourire énigmatique aux lèvres.
Elle ne dit rien. Mais son regard… son regard
me tue.

Je suis à deux doigts de craquer.

Elle se mord la lèvre, ce petit geste insupportablement attirant. Mais ce n'est pas ça qui me trouble. Non.
C'est ce
gloss. Ce brillant, là, sur ses lèvres. Juste un reflet subtil, mais impossible à ignorer.

Je le remarque tout de suite, presque contre ma volonté.
Le léger éclat de son sourire, cette
lueur douce qui capte la lumière, et la manière dont ses lèvres s’étirent lorsqu’elle parle, accentuent ce détail. Chaque mouvement qu’elle fait devient une invitation à s’approcher, à sentir ce parfum sucré de gloss et de désir.

J’ai envie de l’embrasser. Et ça, c’est le genre de pensée qui m’écrase le cœur sous son poids.
Je l’observe, incapable de détourner le regard. Elle remarque ma fixation, mais elle ne le montre pas. Elle joue. Elle
sait que je suis en train de me battre contre moi-même, mais elle pousse. Elle continue.

— Tu sais, tu pourrais arrêter de me regarder comme ça… je pourrais me sentir mal à l’aise, rigole-t-elle doucement. Ou… peut-être que j’aimerais bien, finalement.

Elle sait exactement ce qu’elle fait. Elle est consciente du pouvoir qu’elle exerce sur moi. Et ça me rend fou.
Je ne réponds pas immédiatement. Je n’arrive pas à la quitter des yeux. Ces lèvres… Elles brillent, et je suis hypnotisé.
Elle m’attire comme un magnétisme fatal.

Puis, enfin, je lâche, les mots brisant l’atmosphère comme un coup de tonnerre.

— T’as mis du gloss. Je vois ça.

Elle hausse les sourcils, mais je vois cette étincelle dans son regard. Elle sait que je sais.

— Et alors ? Je voulais que tu remarques, rétorque-t-elle, une pointe de malice dans la voix.

Ma gorge se serre. C’est un test. Un défi. Elle attend que je craque. Et tout ce que je veux, c’est le faire.
Mais je ne peux pas. Pas encore.

Je la regarde, mon regard glissant lentement vers ses lèvres, puis vers ses yeux. Chaque geste qu’elle fait, chaque mouvement de son corps, me fait perdre un peu plus de contrôle.
Je respire plus fort. Plus lourdement.

— Tu… tu n’arrêtes pas, hein ? Je croyais qu’on s’était dit qu’on ne jouerait pas à ce jeu-là.

Elle recule d’un petit pas, un sourire victorieux sur les lèvres. Elle sait que j’ai perdu une bataille, mais elle me donne un instant pour respirer. Juste un instant.
Mais je sais que
ça ne suffira pas.

Elle revient vers moi. Encore plus proche.
Je peux sentir son parfum, l'odeur du gloss, du sucre, de la tentation.

Et puis elle dit, avec ce ton plus bas, plus intime :

— Tu sais, Azriel, tu pourrais m'embrasser maintenant.
Et je ne dirais rien. Rien du tout.

Elle me défie. Elle teste mes limites. Et à chaque mot, à chaque regard, je me perds un peu plus dans cet abîme qu’elle a créé autour de moi.

Je n’arrive plus à respirer normalement.
J'ai envie d'elle,
désespérément.
Et ce gloss… Je le vois, je le sens, je l’imagine, chaque fois qu’elle parle. Chaque fois qu’elle bouge. Et c'est
trop.

Mais je ne peux pas céder. Pas encore.

Alors je laisse mes yeux s'attarder sur les siens, d’un regard presque trop lourd. Et je lui dis, d’une voix rauque, presque brisée :

— Si tu continues, Seraphina, tu vas vraiment me faire perdre la tête.

Elle sourit.
Elle
sait exactement ce qu’elle fait.

Elle m’électrocute. Chaque mot qu’elle prononce, chaque mouvement de ses lèvres.
Et moi, je suis là, à la limite du gouffre, à un souffle de tout perdre. J’ai besoin de la toucher, de la faire taire, de l’embrasser pour calmer cette
flamme qui brûle en moi. Mais elle me défie, encore et encore, et je suis à la merci de ses mains invisibles qui me tirent vers elle.

Je fais un pas vers elle, mes lèvres prêtes à frôler les siennes, et elle se rapproche encore, cette proximité insoutenable qui fait monter la chaleur dans mes veines.

Elle me regarde dans les yeux, et je vois l’étincelle d’une provocation silencieuse. Elle veut que je cède. Et je sais que si je cède maintenant, il n’y aura plus de retour en arrière.

Soudain, une voix familière nous coupe, brisant cette tension électrisante.

Azriel ?
La voix de Noah résonne derrière moi, trop tôt, trop bruyante, presque comme un choc de réalité.

Je me fige.
Seraphina, elle, réagit instantanément. Elle
recule d’un pas, et je la vois prendre un air innocent, comme si tout ce qu’il venait de se passer n’était qu’un mirage. Mais moi, je suis trop perdu dans le vertige de ce moment pour me concentrer sur la distraction qu’est Noah.

Noah arrive, un sourire espiègle sur les lèvres, comme s’il venait d’arriver à une fête et non en plein milieu de mon compte à rebours intérieur avec Seraphina. Il jette un regard rapide entre elle et moi, et je sais que, à sa manière, il a capté une fraction de ce qui venait de se jouer.

Qu’est-ce qui se passe ici ? dit-il en haussant les sourcils, un ton amusé dans la voix.
Seraphina, tu m'as fait peur, t'étais en train de
le dévorer des yeux ou quoi ?

Je me tourne lentement vers lui, essayant de cacher l’agitation dans ma voix, de maîtriser la tempête qui gronde en moi.

— Je l'attendais, Noah, répliqué-je sèchement, mais avec une touche d'ironie.
Tu es pile à l'heure pour gâcher
tout le plaisir.

Noah éclate de rire, totalement inconscient de l'électricité entre nous deux, qui trop clairement nous fait vibrer à chaque mouvement. Il me connaît bien, mais pas au point de comprendre ce que Seraphina me fait. Ce qu’elle me réveille.

Seraphina, toujours aussi calme, joue à l’innocente.

— Oh, j'étais juste en train de discuter avec Azriel, rien de plus.
Tu sais comment il est, Noah, toujours si… mystérieux.

Elle se tourne légèrement vers moi, ses yeux pétillant de malice, mais elle ne laisse rien transparaître. Elle se joue de la situation, joue avec moi, avec lui, comme si c'était un jeu de pouvoir. Je ne peux pas la laisser gagner, mais en même temps, je veux qu'elle gagne. C’est une contradiction totale.

Noah semble ne rien voir d’autre que sa propre distraction, et un sourire s’élargit sur ses lèvres.

— Si tu dis que c'est tout, je suppose que je vais te croire. Mais je dois te rappeler que j'ai encore un rapport de chimie à finir pour ce soir, alors… on se voit plus tard ?

Je ne le laisse pas partir. Mon regard se fixe sur Seraphina une seconde de trop.

— On en reparlera, toi et moi.
C’est tout ce que je réussis à dire avant qu’il ne nous laisse seuls.

Le bruit de ses pas s’éloignant résonne dans le couloir. Le vide qui reste est lourd, implacable. Il faut que je me calme, mais Seraphina ne m’aide en rien. Elle me regarde avec cette lueur de défi dans les yeux. Chaque mouvement de son corps me donne l'impression d’être tiré dans une direction que je ne peux pas contrôler.

Je fais un pas vers elle, mes mots suffisent à peine à retenir tout ce que je ressens.

— T’es vraiment incroyable, Seraphina. Mais je t’interdis de jouer avec moi comme ça.

Elle sourit, et cette fois, il y a quelque chose de radicalement plus intime, plus provocateur dans ce sourire.

— Pourquoi ? Parce que je te fais peur ? Ou… parce que je te veux ?

Je suis à bout de souffle, et cette question résonne dans ma tête, un écho de ce que je ressens.

Elle me défie, elle m’attire.
Et je ne peux plus revenir en arrière.

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