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Chapitre 2-Regard furtif

SERAPHINA, 21ans

Le matin est toujours le même. Le même café trop fort, la même lumière qui filtre à travers les rideaux, la même routine de chaque jour. Je suis assise devant mon ordinateur, épluchant mes emails avec cette sensation de déjà-vu qui ne me quitte jamais. Les demandes habituelles arrivent : des informations sur des célébrités, des fuites d'informations sur des politiques, quelques scandales à déterrer. Mais, cette fois, il y a quelque chose qui me dérange dans l'un des messages.

C’est un mail sans objet, sans signature, juste un texte froid, impersonnel.

Je recherche une personne. Renseignez-vous sur ses déplacements, ses habitudes, ses relations. Confidentialité exigée.

Le nom est écrit avec une simplicité clinique, presque trop directe pour être réel. Azriel Blackwood. Je fronce les sourcils. Le nom me dit quelque chose, mais je n’arrive pas à poser un visage dessus. Il y a cette sensation de familiarité, comme une sensation oubliée qui refait surface.

Je suis sur le point de passer à autre chose quand je remarque une photo en pièce jointe. Un homme dans un café, seul, le regard plongé dans un livre. Il n’y a rien de particulier, rien de marquant, juste une image parmi d’autres. Mais il y a quelque chose d’intrigant dans cette photo. Un détail que je n’arrive pas à expliquer. Ses traits sont lointains, presque flous, mais il me semble… différent. Peut-être la posture. Peut-être l'ombre qui tombe sur son visage. Peut-être simplement ce regard que je ne comprends pas.

Je n’ai pas envie de répondre. Ce n’est qu’une autre demande parmi tant d’autres. Mais une curiosité morbide me pousse à répondre. Une réponse froide. La même indifférence que d’habitude. Je tape les mots, hésite un instant, puis appuie sur "envoyer". C'est fait.

Un instant de silence.

Je m’étire et jette un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone. Une notification, puis une autre. Noah m'a envoyé un message. Je me laisse tomber en arrière sur ma chaise, l'ouvrant avec une moue lasse.

Alors, t’as accepté un autre boulot ?

Il ne faut pas être un génie pour comprendre de quoi il parle. Je souris en secouant la tête, même si je ne suis pas certaine que ma réponse soit plus honnête que d’habitude.

Juste un petit truc. Rien de grave.

Je ferme les yeux, mon doigt glissant sur l’écran pour effacer son message. Une petite échappatoire. Rien de grave. C’est ce que je me répète chaque fois. Mais il y a toujours ce malaise. Un petit quelque chose qui me tracasse.

Je laisse mon regard errer dans la pièce, là où tout semble à sa place, et pourtant, rien ne l'est vraiment. Mon esprit se noie dans la mer de pensées qui ne cessent de tourner, mais quelque chose me titille. Ce nom. Azriel Blackwood. Ce visage flou, ces ombres sur la photo. La demande, presque trop simple pour être vraie.

J’ai l’impression que je suis déjà en train de m’enfoncer dans quelque chose que je ne comprends pas.

Je me secoue. Non. Ce n’est rien. C’est juste une autre mission, une autre demande. Je me redresse et tape quelques touches sur le clavier, essayant de noyer le malaise dans la routine.

Le téléphone de Noah vibre à nouveau, cette fois avec une réponse plus directe, comme toujours.

T'as pas peur de t’attirer des ennuis avec ce genre de travail, sérieusement ?

Je lève les yeux au ciel.

Je sais ce que je fais.

Mais même alors, quelque part au fond de moi, je me demande si j’ai vraiment tout compris.

Je ferme l'ordinateur et m’assois à mon bureau. Les journées passent et se ressemblent, comme un film qu’on connaît déjà par cœur. Mais parfois, il y a ce frisson. Celui qui ne se laisse pas ignorer. Et, peut-être, ce frisson n’est que le début.

Je laisse mon téléphone reposer sur le bureau, sans vraiment savoir pourquoi je l’ai consulté à nouveau. C'est devenu un réflexe, ce besoin de vérifier si tout va bien, si rien n’a changé. Mais rien ne change vraiment, n’est-ce pas ? Pas vraiment.

Je me lève lentement, mes jambes me portant d’un pas mécanique jusqu’à la fenêtre. À l’extérieur, les feuilles tombent avec une lenteur hypnotique, comme si le monde entier s’efforçait de se défaire des restes de l’été. L’air frais pénètre par la vitre entrouverte, mais il n’atteint pas ma peau. Il n’y a rien de froid en moi, juste une chaleur persistante, comme un feu que je garde au fond, étouffé sous des couches de pudeur et de prudence.

Je regarde dehors, mais je ne vois rien. Pas vraiment. C’est une habitude. Je me trouve là, souvent, juste avant que la journée commence à me happer. Le monde se réveille autour de moi, mais moi, je suis encore là, suspendue, une silhouette qui attend d’être remplie.

C’est ce vide qui me colle à la peau. Une absence, une sensation de quelque chose qui me manque, et que je n’arrive pas à combler. Cette nuit, encore, j’ai rêvé de choses impossibles à saisir, des bribes de souvenirs qui m’échappent à chaque réveil. La vérité se dérobe toujours à mon esprit, et malgré mes efforts pour l'attraper, je n'arrive qu'à la voir s'éloigner. Si je pouvais juste… comprendre pourquoi, pourquoi tout est flou à l’intérieur.

Un léger bruit me tire de ma contemplation. Je me retourne pour voir Noah qui entre sans frapper, comme toujours, l’air de rien. Il se laisse tomber dans le fauteuil en face de mon bureau avec cette manière de s’installer qui n’a rien de discret. Noah, avec son humour facile et son regard toujours un peu trop pénétrant, n’est jamais en retard pour m’arrêter dans ma spirale de pensées.

T’es encore là, à t’enfoncer dans ta tête ? Il sourit, comme si la question n’était qu’une plaisanterie, mais je sais qu’il sait. Il voit bien que mes pensées m’échappent, qu'elles flottent quelque part entre ce que je suis et ce que je ne sais pas.

Je lève les yeux vers lui, un sourire rapide qui se forme malgré moi, mais il ne fait que m’observer, comme s’il attendait que je lui révèle la vérité, ou quelque chose du genre.

Tu sais, ça sert à rien de te noyer dans des trucs que tu ne peux pas contrôler, Seraphina. Il jette un coup d’œil à l'écran de mon ordinateur, mais je n’ai pas l’intention de lui expliquer ce mail. Pas encore. Je n’ai même pas envie de comprendre pourquoi il m’a perturbée.

Sa remarque me laisse de marbre. Je suis quelqu’un qui déteste l’idée de ne pas avoir le contrôle. Que ce soit sur une situation, sur un projet ou, comme maintenant, sur ma propre vie. Et pourtant, il y a des parties de moi que je ne peux pas saisir. Ce vide dans ma mémoire, ces petits morceaux de ma vie que j’ai égarés sans savoir comment ni pourquoi.

Noah n’est pas du genre à s’inquiéter pour moi. Il me connaît bien, sans doute trop bien, et il sait que je suis capable de tenir tête à tout ce qui se présente à moi. Mais ce n’est pas de la fierté. C’est juste que je suis plus déterminée que je ne le laisse paraître. Il sait que je ne vais jamais m’arrêter avant d’avoir découvert ce qui se cache dans l’ombre de mon passé.

Mais là, ce n’est pas ce qu’il faut. Pas encore.

Il se redresse, son regard devenu soudainement plus sérieux, un soupçon de méfiance qui se glisse dans ses traits. Il a cette capacité à me voir autrement, comme si, même quand je suis là, il y a quelque chose qui m’échappe. Et il a raison.

Tu vas encore partir en quête de… Il hésite un instant. D’une vérité qu’il n’est pas certain que tu veuilles vraiment connaître ?

Il a raison, mais je ne peux pas lui dire que ce qu’il décrit est plus qu’une quête. C’est une compulsion, quelque chose de plus grand que moi, qui s’est ancré au plus profond de ma chair, un appel que je n’arrive pas à ignorer.

Je le fixe un instant, cherchant les mots. Mais il n'y a rien à dire. Pas encore. Pas à lui.

Je suis juste en train de m’occuper, Noah. Je dis ça d’un ton désinvolte, un sourire maladroit qui ne cache rien. Je n’ai pas besoin de lui dire que je suis en train de regarder des détails dans une photo d’un homme qui ne me dit rien, qui pourtant me touche. Que je suis en train de prendre une mission de plus, sans même savoir ce que cela implique vraiment.

Mais Noah sait. Comme toujours. Et il ne presse pas. Il reste là, silencieux, à attendre que je finisse par craquer, même si je ne lui en laisse jamais l’occasion. Je suppose qu’il m’a acceptée comme je suis. Fragile, déterminée, confuse.

Tout à la fois.

Tant que ça ne te met pas en danger… Il hausse les épaules, comme s’il acceptait la règle tacite que nous avons : il ne pose pas trop de questions, et je ne dis pas tout. Mais parfois, il me regarde d’une façon qui m’effraie. Comme si un jour, tout ce que j’essaie de cacher se retournerait contre moi.

Je hoche la tête, me tournant de nouveau vers mon ordinateur. La conversation s’éteint, mais cette tension invisible reste suspendue dans l’air. Et, tandis que je retourne à ce mail, je sais que je m’engage sur une route dont je ne maîtrise pas encore les contours.

Je ne suis pas certaine de ce que je cherche, mais j’ai ce pressentiment que ça me concerne plus que je ne le pense.

Et que ce nom, Azriel Blackwood, est peut-être la clé de tout.

Je me suis perdue dans la répétition de mes gestes, mais je sais que quelque chose m'échappe. Depuis quelques jours, une sensation étrange s'est installée en moi, insidieuse, persistante. Comme une pression invisible, un poids que je ne peux pas ignorer. Je sens que ce qui m'attend, ce qui se cache derrière ces pensées confuses, va bouleverser tout ce que je croyais savoir.

La demande, je l'ai déjà reçue. Une fois. Peut-être deux. Ou peut-être que je l'ai simplement imaginée. Mais je la sens toujours, comme une marée montante qui menace de tout engloutir. C'est l'idée d'être surveillée, de devoir surveiller, qui m'obsède. Je sais que ce n'est pas juste une mission ordinaire. Ce n'est jamais aussi simple, pas quand mon instinct s'y mêle. Pas quand quelque chose d'invisible, d’inquiétant, semble tordre chaque détail.

Azriel Blackwood. Le nom m’échappe encore, comme un souvenir trop flou pour être saisi. Il me hante, se faufile dans chaque recoin de mon esprit, se glisse sous mes paupières lorsque je ferme les yeux. Pourquoi ce nom m’a-t-il autant marquée ? Je devrais simplement oublier. Passer à autre chose. C’est ce que je fais d’habitude, après tout. Mais là, c’est différent. C’est plus fort que moi.

Je m’observe dans le miroir, m’étudie un instant. Qui suis-je vraiment, au fond ? La Seraphina qui me regarde en retour n’est qu’un reflet pâle, trop lisse, presque irréel. L’idée que tout cela puisse être une erreur, une confusion passagère, semble impossible. Pourtant, je ne sais pas encore comment tout ça va m’affecter. Il y a des choses que je sens sans pouvoir les nommer, des bribes de souvenirs que je ne parviens pas à saisir. Un doute persistant, une question à laquelle il me manque une réponse.

Je repousse mes pensées et me concentre sur le présent. Je dois me concentrer sur mes cours, sur les projets qui m'attendent. Mais c'est plus difficile aujourd'hui. Le bruit de la bibliothèque, les voix des étudiants autour de moi, tout cela semble trop lourd, trop bruyant. J'ai l'impression de marcher dans un monde qui ne m'appartient pas, d'être une étrangère dans une vie qui n'est pas la mienne. J'ai l'impression de tout effleurer, de n'être jamais vraiment là.

Azriel Blackwood. Je ne sais pas pourquoi son nom résonne encore dans ma tête. Mais je sais une chose : je ne peux pas l'ignorer. Pas cette fois. Pas quand chaque fibre de mon être me crie que je dois comprendre.

L’idée de me plonger dans cette enquête, d’observer cet homme, de découvrir ce qu’il cache, m’effraie et m’excite en même temps. Une partie de moi hésite, veut reculer, fuir cette ombre qui se rapproche. Mais une autre partie, plus sombre, plus curieuse, me pousse à avancer. Et, malgré tout, je ne peux m'empêcher de me demander si tout cela n’a pas un lien avec ce que j’ai oublié. Si, peut-être, tout cela fait partie de quelque chose de plus grand. Quelque chose qui m’échappe encore.

Je ferme les yeux un instant, inspirant profondément. Ce n’est que le début, je le sais. Le début de quelque chose que je ne suis pas prête à affronter. Mais c’est déjà trop tard. La vérité, qu’elle soit belle ou brisée, m’appartient désormais.

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