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MaelineElena
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────୨Est-ce que la maison de Maéline vas supportée leurs conneriesৎ────

Bienvenue dans se chapitre

— Les personnages rentrent vite chez eux pour prendre leurs affaires pour la nuit : pyjama, trousse de toilette, chargeurs, snacks, peluches, etc.

— Certains arrivent en avance chez Maéline (Logan, bien sûr), d'autres pile à l'heure (comme Elena et Tyler), et quelques-uns... à la bourre.

— La maison de Maéline est grande, cosy, un peu trop bien préparée pour ce genre d'événement. Lumières tamisées, coussins par dizaines, musiques étranges en fond

— « J'ai oublié mon chargeur ! » cria Aiden en courant dans la rue, son sac mal fermé cognant contre ses jambes.

Le ciel était déjà sombre, teinté de reflets orangés par les lampadaires. La soirée venait à peine de commencer, et pourtant l'ambiance, elle, était déjà bien installée.

Les membres du groupe étaient chacun passés chez eux en vitesse après le trajet en bus. Un sprint contre la montre pour choper pyjamas, snacks, chargeurs, doudous (pour certains), et tout ce qu'il fallait pour survivre à une nuit chez Maéline. L'adrénaline les poussait encore, et l'euphorie du voyage ne s'était pas dissipée.

Logan, fidèle à lui-même, était arrivé le premier. Veste ouverte, sourire en coin, il avait son sac à l'épaule et une boîte de cookies qu'il n'avait pas cuisinés lui-même (mais il ne le dirait à personne).

Il avait levé les yeux vers la maison de Maéline : grande, à deux étages, façade blanche, avec une lumière douce qui s'échappait déjà des fenêtres du salon. Et devant la porte, évidemment... Maéline.

— « T'ES LE PREMIER LOGAN ! » cria-t-elle en sautillant, vêtue d'un pantalon de pyjama rose bonbon et d'un énorme pull en laine couvert de petits fantômes.

Elle lui avait ouvert comme si elle était une présentatrice d'émission de télé, balayant son bras en direction du salon.

— « Entre dans mon humble demeure ! Tu vas voir, j'ai mis le paquet. »

Et c'était vrai. L'intérieur était parfaitement décoré, à la façon Maéline : des guirlandes lumineuses accrochées un peu partout, des coussins de toutes les formes et couleurs sur les canapés, des tapis moelleux à n'en plus finir, des plaids en pagaille, et surtout... une playlist étrange qui passait d'un remix de musiques Disney à une ambiance jazzy digne d'un café new-yorkais.

— « Ça... c'est pas mal. » commenta Logan avec un sourire en coin.

— « C'est parfait, corrige-toi. »

Il posa ses affaires, déjà prêt à s'installer. Mais la sonnette retentit.

Ding-dong.

— « J'ouvre ! » s'écria Maéline en courant comme une furie vers la porte.

C'étaient Elena et Tyler, arrivés pile à l'heure. Elena tenait une minuscule valise à roulettes, aussi bien rangée qu'un dressing de série télé. Et Tyler... ben Tyler la suivait comme un chiot discret, sac sur le dos, les joues légèrement roses.

— « Bienvenue dans mon royaume du chaos ! » lança Maéline en les tirant tous les deux par les bras.

— « On a sonné, quand même. » souffla Elena, un peu surprise par l'enthousiasme déchaîné de leur hôte.

— « Les rois et les reines n'attendent pas qu'on les annonce. »

Une à une, les portes claquaient, les rires résonnaient, et les paires de chaussures s'accumulaient dans l'entrée. Ashlyn arriva en même temps que Ben et Taylor, discutant d'un vieux film d'horreur.

— « Je vous jure, si on regarde Conjuring ce soir, je dors dans la baignoire. » râla Taylor.

— « Et si on regarde Bambi, tu dors où ? » se moqua Ben.

— « Dans ton âme détruite par l'ironie. »

Bientôt, le salon se remplit : des sacs dans tous les coins, des gens qui s'assoient partout, et une Maéline qui virevoltait d'un bout à l'autre de la pièce, fière de son organisation.

— « J'ai prévu tout un programme ! » annonça-t-elle en brandissant une feuille imprimée, couverte de post-it fluo.

— « T'as imprimé un programme ? » s'étonna Logan.

— « C'est une soirée pyjama, pas une expédition militaire. » ajouta Tyler, mi-amusé, mi-inquiet.

— « Mais justement ! L'ordre dans le chaos, c'est mon art. »

Ils découvrirent le "quartier général" : le salon, réorganisé comme un mini-campement. Des matelas gonflables, des plaids pour recouvrir les canapés, des guirlandes accrochées même sur les rideaux, une table basse pleine de snacks, de bonbons, de bouteilles de soda, de chips en tout genre.

Il y avait même une boîte avec écrit "activités spéciales" dessus, que personne n'avait encore osé ouvrir.

— « J'appelle cette boîte... La boîte du destin. » annonça Maéline avec une voix de sorcière.

— « Elle a vraiment prévu un truc flippant, hein ? » souffla Aiden à Ashlyn en lui donnant un coup de coude.

— « Si c'est encore un jeu de vérité ou gage, je saute par la fenêtre. »

Mais Aiden rigolait déjà, prêt à faire n'importe quoi. Il avait apporté une lampe de poche géante "juste au cas où", une brosse à dents électrique qui faisait un bruit de perceuse, et un pyjama recouvert de petits singes.

— « On dirait qu'un zoo s'est échappé sur toi. » fit remarquer Elena.

— « Merci. C'est l'effet que je recherche. »

Maéline fit signe à tout le monde de s'asseoir en cercle, et sortit une ardoise blanche.

— « D'abord, le plus important. LES VACANCES D'HIVER. On fait quoi ? »

— « Dormir. » proposa Ashlyn immédiatement.

— « Aller à la fête foraine ! » proposa Tyler, un peu plus fort qu'il ne le voulait.

Tous les regards se tournèrent vers lui. Il rougit instantanément.

— « Y'a... y'a une fête foraine qui ouvre demain pour les vacances. Je l'ai vue sur une affiche. »

— « Une fête foraine... puis patinoire, puis soirée film, puis neige, puis bataille de boules, puis shopping de Noël... » énuméra Taylor comme si elle cochait mentalement une liste invisible.

— « Et Noël chez moi. » ajouta Ashlyn doucement. « Comme d'habitude. »

Un silence respectueux s'installa une seconde. Tous savaient que Noël chez Ashlyn était un moment spécial, pas seulement pour elle, mais pour tout le groupe.

— « On va passer des vacances de malade. » souffla Elena avec un sourire en coin.

Le sol du salon était désormais tapissé de coussins, plaids, et quelques matelas dépliés à moitié, comme s'ils s'étaient battus pour les étendre correctement avant d'abandonner. La lumière tamisée diffusait une douce lueur orangée qui donnait à la pièce un air de campement cosy, alors que la playlist de Maéline alternait entre du jazz étrange, du K-pop beaucoup trop énergique et... le générique de Scooby-Doo à plein volume.

— « C'est l'heure des jeux de société ! » annonça Maéline comme si elle lançait un jeu télévisé.

Elle fit une pirouette totalement inutile avant de jeter plusieurs boîtes de jeux sur le tapis. Les boîtes s'écrasèrent avec un pouf dramatique, déclenchant une pluie de cartes, dés, et pièces en plastique dans tous les sens.

— « C'est pas plutôt l'heure du chaos organisé... ou du désespoir ? » marmonna Ashlyn en levant un sourcil.

— « C'est pas du tout organisé. » souligna Elena en secouant la boîte de Uno qui contenait manifestement... des cartes Pokémon, deux Tic-Tac et un ticket de métro périmé.

— « Bienvenue chez moi. » répondit Maéline avec un clin d'œil.

Ils finirent par se regrouper autour du tapis géant improvisé au milieu du salon, chacun trouvant un coin pour s'asseoir, jambes croisées ou étalés comme des étoiles de mer.

— « Okay, on commence par quoi ? » demanda Ben, une main plongée dans un saladier de pop-corn qu'il avait trouvé on ne sait où.

— « Time's Up ! » cria Aiden, avant même que quelqu'un ne propose autre chose.

— « Non, non, non ! » protesta Taylor en se couvrant les oreilles. « Aiden joue à Time's Up comme s'il était possédé par trois démons différents. »

— « Justement. » sourit Maéline.

Phase 1 : Time's Up 

Le jeu démarra en trombe. Deux équipes furent formées : les Quiches Volantes contre les Vaches Galactiques. Le nom des équipes ayant été choisis en... dix secondes.

Maéline, Logan, Elena et Ben dans les Quiches Volantes. Aiden, Taylor, Ashlyn et Tyler dans les Vaches Galactiques.

— « Top ! » cria Elena.

Maéline bondit en avant, mimant frénétiquement une girafe en train de danser.

— « C'est... une girafe droguée ? » tenta Logan.

— « Non ! C'est une métaphore ! » hurla Maéline, désespérée.

— « Comment tu veux qu'on devine une métaphore, tu mimes un animal en boîte de nuit ! »

Ashlyn se tordait de rire, le front appuyé contre l'épaule de Taylor, pendant qu'Aiden se lançait dans une explication absolument incompréhensible d'un mot simple.

— « C'est un truc que t'as quand t'as faim, mais pas vraiment, mais genre émotionnellement— »

— « La tristesse ? » tenta Tyler.

— « NON C'EST UNE PIZZA ! » s'écria Aiden, en lançant une carte en l'air.

Les cris fusaient dans tous les sens, les règles étaient oubliées à chaque tour, Maéline se roulait littéralement sur le tapis pour faire deviner "rouleau de printemps", et Logan imitait un chanteur de métal pour faire deviner "Mozart".

Phase 2 : Le Loup-Garou du chaos absolu

Après vingt minutes de Time's Up où les seules choses devinées étaient "une vache triste" et "Michael Jackson possédé par un canard", ils passèrent à un autre jeu.

— « Loup-Garou ! » lança Taylor.

Mais bien sûr, pas une version classique. Non. Ce fut une version modifiée par Maéline, avec des cartes personnalisées écrites au feutre, incluant des rôles inventés comme "Le Fromage Mystique", "La Sorcière Maladroite" et "Le Fantôme de l'Aïeule".

— « Je suis le Pigeon Intergalactique ! » déclara Aiden avec fierté, brandissant sa carte comme un trophée.

— « Ce rôle existe pas. » soupira Elena.

— « Il existe maintenant. » affirma Maéline, déjà en train de piocher un bonnet pour servir de "chapeau de maire".

Les tours s'enchaînèrent dans un désordre total. Les morts refusaient de se taire, les vivants parlaient aux morts, le maire était soupçonné d'être un vampire, et à un moment, Ben accusa la table d'être le loup-garou.

— « J'suis sûr que cette table cache quelque chose. »

— « C'est une table, Ben. »

— « Justement. Trop silencieuse. »

Les fous rires étaient incontrôlables. Elena s'était mise à pleurer de rire quand Logan avait tenté de défendre Aiden en disant — « Il est innocent, je le sens dans son aura astrale ! »

Phase 3 : Twister — L'humiliation ultime

Vers 18h passées, quelqu'un — probablement Maéline — trouva un vieux tapis Twister.

— « OUI. ON JOUE. MAINTENANT. » décréta-t-elle.

— « Je sens que je vais me casser une hanche. » grommela Tyler.

— « T'es trop jeune pour parler comme un vieux. » répliqua Taylor.

Ils s'installèrent en cercle, et commencèrent la partie.

Aiden, bien sûr, finit suspendu à l'envers, son pied gauche sur une couleur inexistante, le visage à cinq centimètres de celui de Logan, pendant que Maéline criait — « GAUCHE BLEU ! DROITE JAUNE ! CHAKRA MAGENTA ! »

Ashlyn se retrouva coincée entre deux personnes, le regard vide, en mode : "je remets en question toutes mes décisions de vie".

Tyler finit par s'effondrer sur Elena, qui éclata de rire avant de rouler sur le côté comme un burrito humain.

— « Vous êtes tous des catastrophes. » gémit Ben, coincé sous Taylor, qui chantait Let It Go à pleins poumons sans aucune raison.

Phase 4 : L'intervention désespérée de la prof (par message)

Alors que le chaos atteignait son apogée, le téléphone de Maéline vibra.

— « C'est Madame Lemoine. Elle veut savoir si on est bien tous rentrés chez nous. »

— « Tu réponds quoi ? » demanda Ashlyn.

— « Bah, la vérité. »

Maéline tapa rapidement : « Oui oui, on est TOUS chez NOUS, bien rentrés. Aucun chaos ici. Bonne soirée ! »

Elle lança un clin d'œil à tout le monde. Logan éclata de rire.

— « On va finir bannis du système scolaire. »

— « Ou nominés pour le prix Nobel de la Paix. »

— « ...Pour le chaos. »

Le vacarme des jeux de société avait laissé derrière lui une traînée de pions éparpillés, de cris dans les oreilles et de coussins qui n'étaient clairement plus à leur place d'origine. Et comme tout bon chaos finit toujours par un ventre qui grogne... l'heure du ravitaillement avait sonné.

— « J'ai faim. » déclara Aiden, dramatique, affalé sur un plaid comme si la vie l'avait quitté.

— « T'as toujours faim. » répliqua Elena, assise en tailleur, le regard exaspéré mais amusé.

— « C'est biologique. Mon estomac a une autonomie de deux heures. Après ça, il déclenche le mode survie. »

Maéline, elle, bondit comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie.

— « Parfait, opération cookies en approche ! »

Elle claqua des mains, fit tourner sur elle-même comme une présentatrice de télé et disparut dans la cuisine. Derrière elle, Logan se leva sans trop savoir pourquoi, juste entraîné par l'énergie incontrôlable de la tornade Maéline.

— « Vous allez foutre le feu. » prévint Ashlyn, le dos déjà appuyé contre le mur, comme si elle prévoyait de rester le plus loin possible de cette mission.

— « Je suis un chef pâtissier dans une autre vie. » répondit Maéline depuis la cuisine.

— « Dans cette vie, t'as mis du sel à la place du sucre dans un gâteau. » ajouta Ben.

— « DÉTAILS TECHNIQUES. »

Aiden, Taylor et Logan se retrouvèrent dans la cuisine avec Maéline. Le plan était simple : faire les cookies les plus mémorables de l'histoire des soirées pyjama. Le résultat... serait effectivement mémorable.

Maéline balança de la farine un peu partout (dont une bonne partie sur Logan, qui éternua immédiatement), Aiden cassa un œuf qui décida de s'éclater au sol avec joie, et Taylor touillait la pâte avec une cuillère en bois comme si elle se battait contre un monstre légendaire.

— « J'suis sûre qu'on peut mettre des M&M's dedans. » proposa Taylor en piochant dans un sachet.

— « Et des morceaux de chips ! » lança Aiden, déjà en train d'en écraser au-dessus du saladier.

— « T'es malade. » ricana Logan.

— « Artiste incompris, merci. »

Dans le salon, pendant ce temps, Elena, Tyler, Ashlyn, Ben et les autres essayaient de nettoyer un peu le carnage post-jeu, mais sans grande motivation.

— « Tu crois qu'ils vont réussir à rien cramer ? » demanda Tyler en regardant vers la cuisine.

— « Franchement ? Non. » répondit Elena avec un petit sourire. « Mais c'est pour ça qu'on les aime. »

Elle dit ça en posant un coussin sur le canapé, tout en lançant un coup d'œil rapide à Tyler. Lui détourna les yeux, rougissant légèrement.

— « Aiden ! Ton tee-shirt ! » cria soudain Maéline.

— « Quoi ? »

— « Tu viens de l'imbiber de pâte ! »

— « C'est pas moi, c'est le saladier ! »

— « Le saladier ne peut pas t'attaquer. »

— « Ce saladier peut tout faire, il a des ambitions. »

Et là, dans un moment d'unité absolue (ou de folie), ils balancèrent tous une cuillère de pâte en l'air en criant : « Cookies Power ! »

Silence.

Le four émit un clic étrange quand Maéline l'alluma.

— « C'était normal ? » demanda Logan.

— « Je crois que oui. Peut-être. On va dire oui. »

Ils mirent les cookies sur la plaque (plus ou moins bien répartis), enfournèrent le tout, et tapèrent dans leurs mains avec fierté.

— « Mission accomplie. » déclara Taylor.

— « Pizza ! » cria soudain Aiden en sautant.

— « Quoi ? » fit Elena depuis le salon.

— « J'ai commandé une pizza y a genre... trente minutes ! »

— « TU AS QUOI ? » hurla tout le monde.

Panique. Confusion. Maéline se tapa le front.

— « MAIS POURQUOI TU L'AS PAS DIT AVANT ?? »

— « J'avais oublié ! Y avait la pâte, et les chips, et le saladier rebelle ! »

Ashlyn ouvrit son téléphone : Appel manqué - Livraison 19h42.

— « C'est officiel... ils ont dû partir. »

— « Et nos cookies sont en train de cramer. » dit calmement Logan.

Tout le monde tourna la tête vers la cuisine. Une odeur... bizarre, sucrée mais un peu trop intense, commençait à se propager.

— « NON NON NON ! »

Course jusqu'au four. Taylor ouvrit d'un coup. Une fumée épaisse s'échappa. Aiden recula avec un cri dramatique.

— « JE SUIS OUVERT AUX OPTIONS DU MICRO-ONDE. »

— « C'est pas une option ça, c'est un désespoir. »

— « Les cookies sont... croustillants. » dit Maéline en sortant la plaque, un tablier autour de la taille.

— « Ils sont carbonisés. » précisa Ashlyn.

— « C'est une forme de croustillant. »

Au final, ils posèrent les cookies noirs charbon sur la table du salon, comme si c'était un rituel. Tout le monde s'assit autour, fixant les biscuits comme une œuvre d'art moderne.

Et là... la porte sonna.

— « C'est la pizza ! » hurla Aiden en courant.

Il ouvrit, accueillit le livreur comme le messie. Une boîte, un miracle, un espoir.

— « Je suis sauvé. » murmura-t-il en posant la boîte sur la table.

— « On est tous sauvés. »

Ils mangèrent les parts comme si c'était leur dernier repas. Même les cookies carbonisés trouvèrent leur public — enfin... Aiden.

— « Franchement... ça se mange. » dit-il la bouche pleine.

— « Tu dis ça parce que t'as plus de papilles. »

Entre la fumée encore suspendue dans l'air, les miettes de pizza partout, et les éclats de rire, le salon de Maéline ressemblait déjà à un champ de bataille.

Et pourtant, tout le monde souriait.

La soirée ne faisait que commencer.

────────────────୨ৎ────────────────

Le salon était dans un état approximatif. Entre les miettes de cookies carbonisés qu'Aiden refusait de jeter (« Ils ont une âme ! ») et les cartons de pizza posés à même le tapis, on aurait dit un champ de bataille après une guerre menée par des ados affamés.

Mais dans un coin du salon, Maéline, très discrètement, avait fouillé dans une valise bizarre. Une valise pleine d'objets du voyage. Et, entre deux paires de chaussettes et un bonnet avec des oreilles de chat, elle sortit... les micros.

Deux micros sans fil, légèrement cabossés, mais toujours en état de marche. Ils avaient survécu au trajet en bus, aux jeux de société, au chaos du four. Ils étaient là. Prêts. Démoniaques.

Maéline se leva lentement, les deux micros dans les mains, comme si elle venait d'invoquer une entité maléfique.

— « Vous vous souvenez de ça ? »

Tout le monde se tourna vers elle. Aiden fut le premier à réagir.

— « LES MIIIIIICROS ! »

Il bondit du canapé, trébucha sur une boîte de cookies vides, faillit tomber sur Logan qui sirotait son soda tranquillement, et s'empara d'un des micros avec une révérence sacrée.

— « On les croyait perdus... »

— « Mais je les ai protégés. » déclara Maéline, trop fière d'elle. « Comme des enfants sacrés. »

— « T'es pas nette. » souffla Elena en croquant dans sa croûte de pizza.

— « Et vous allez adorer. »

Elle alluma les micros. Un BZZZZ sonore grésilla dans les enceintes. Tout le monde sursauta.

— « C'est le moment ou on prie pour que les voisins soient cools ? » demanda Ashlyn, déjà résignée.

Maéline monta sur la table basse, micro en main, les cheveux attachés en chignon mal fait, et leva les bras.

— « Mesdames et messieurs, préparez-vous pour le concert le plus chaotique de votre vie ! »

— « On n'a rien demandé ! » cria Ben.

— « Justement. C'est ça, l'effet de surprise. »

Elle appuya sur le bouton play de sa playlist personnelle. Une playlist qui... n'avait aucun sens.

La première chanson : Let It Go, version techno remixée.

Aiden, déjà debout, hurla :

— « C'EST MA CHANSON ! »

Et il se lança dans une danse approximative. Très approximative. Un mélange de kung-fu, de gestes désespérés et de glissades incontrôlées sur le tapis.

— « Aiden arrête, tu vas faire une commo— »

BOUM.

Il se vautra de tout son long sur le sol. Maéline éclata de rire, tellement qu'elle faillit tomber de la table.

— « Et on applaudit la grâce ! » cria-t-elle en levant le bras.

— « Je suis vivant ! » gémit Aiden.

— « Dommage. »

Logan, hilare, se laissa glisser sur un coussin pour rejoindre les autres sur le sol. Elena avait le visage dans ses mains.

— « Pourquoi j'ai accepté cette soirée ? »

— « Parce qu'on t'a promis des cookies. »

— « QUELS cookies ? Ceux qui ont carbonisé leur âme ? »

— « Oui, ceux-là. »

Maéline passa à la chanson suivante : Barbie Girl, version metal. Et là, tout dérapa. Vraiment.

Aiden remonta sur ses pieds, s'empara d'un rideau qu'il enroula autour de ses épaules comme une cape. Maéline se mit à sauter en rythme sur la table, Logan filmait tout avec son téléphone en riant comme un diable.

— « TU VEUX QUE JE TE MANGE ?! » hurla Maéline dans le micro en s'approchant d'Aiden.

— « J'SUIS UN COOKIE TROP CROUSTILLANT POUR TOI. »

— « C'est pas légal ce qu'ils font. » chuchota Tyler à Elena.

— « Et pourtant, c'est fascinant. »

— « T'imagines, on montre ça à nos enfants plus tard ? »

— « Je leur dirai que j'étais pas là. »

Changement de musique. Tik Tok de Kesha.

Ashlyn, jusque-là spectatrice stoïque, se leva d'un coup.

— « OKAY. Là, je rentre dans le game. »

Et elle s'élança, lunettes de soleil piquées dans le sac de Taylor, micro en main, prête à rapper son couplet comme si sa vie en dépendait. Tout le monde cria. Même Ben, qui restait toujours un peu en retrait, tapait dans ses mains.

Maéline et Aiden firent une chorégraphie approximative, alternant entre moonwalk dérapant, roulades sur le tapis, et portés totalement non sécurisés.

À un moment, Aiden essaya de soulever Logan.

Résultat : deux corps écroulés, un coussin éventré, et des plumes dans les cheveux de tout le monde.

— « C'est un rêve ? » souffla Taylor, hilare, en filmant la scène.

— « C'est une comédie musicale ratée. »

À 21h30, le salon ressemblait à un festival de fin du monde. Des coussins éventrés, des micros grésillants, des rires à en pleurer, et des ados qui avaient visiblement décidé que dormir serait pour plus tard.

— « On a un show de prévu demain ? » lança Aiden en reprenant son souffle.

— « Ouais. Celui de ta chute. » répondit Logan.

— « Très drôle. T'es jaloux de mon art. »

— « Je suis jaloux de ta résistance au ridicule. »

Maéline éteignit finalement la musique, encore essoufflée, les joues rouges, les cheveux en bataille.

— « Je propose une pause... »

— « Amen. »

— « ... et une attaque. »

— « Attaque de quoi ? »

Elle disparut dans sa chambre. Silence. Puis elle réapparut avec... une boîte remplie de maquillage, perruques, faux ongles, serre-têtes en forme d'oreilles de chat, et robes en satin.

— « À L'ATTAQUE DES GARÇONS. »

Les filles crièrent. Les garçons hurlèrent. Le chaos reprenait déjà forme.

💄🎀 — « Qui veut des paillettes dans sa vie ? »

Le salon était en ruine. Littéralement. Les coussins avaient perdu la guerre. Aiden portait toujours un rideau comme une cape. Logan avait une plume coincée dans les cheveux. Maéline transpirait la victoire, debout, la boîte de maquillage brandie au-dessus de sa tête comme un trophée sacré.

— « Préparez vos visages. » lança-t-elle avec un sourire de démon. « Le relooking de l'extrême commence maintenant. »

— « Euh... non. » protesta immédiatement Tyler.

— « Trop tard. Tu fais partie de la liste. »

— « Y'a une liste ?! »

— « Ouais. Je l'ai faite pendant le bus. »

— « Je veux pas savoir. »

Mais c'était déjà trop tard.

Maéline bondit sur Logan sans prévenir, l'attrapa par le bras et l'entraîna vers la "zone de relooking", un coin du salon éclairé par une lampe LED arc-en-ciel et jonché de plaids et de miroirs de poche. Logan essaya de résister deux secondes, puis soupira et leva les mains.

— « OK. Mais j'veux pas de fard à paupières rose. »

— « Mauvais choix. Tu vas en avoir deux. »

Elena, pendant ce temps, avait déjà attrapé Tyler par la manche.

— « Viens là. Tu vas voir, c'est fun. »

— « Mais j'ai rien faitsssss ! »

— « C'est pour ça que t'es puni. »

Ashlyn, elle, était déjà en train de tracer un eyeliner digne d'un défilé sur Ben, qui ne bougeait pas, trop stoïque pour protester.

— « Si je ferme les yeux très fort, est-ce que ça n'existe plus ? » marmonna-t-il.

— « Non. Mais tu seras magnifique. »

Taylor s'approcha avec un rouge à lèvres aussi rouge que le chaos dans leurs yeux.

— « t'es le prochain. »

— « Moi ?! »

— « Oui, toi. T'as une tête parfaite pour du gloss. »

— « JE REFUSE D'ÊTRE UNE VICTIME DU SISTÈME ! »

— « Trop tard. »

Maéline riait jusqu'a s'étouffer . Aiden, lui, avait déjà volé une perruque blonde dans la boîte et s'admirait dans le miroir avec un sourire de star.

— « Appellez-moi Aidena Sparkles. »

— « Non. »

— « Trop tard. C'est mon nom de scène. »

Logan avait maintenant des cœurs dessinés sur les joues, un serre-tête avec des oreilles de chat, et les lèvres recouvertes de paillettes.

— « J'ai l'air d'un cupcake démoniaque. »

— « Exactement ce qu'on visait. » approuva Maéline.

Ben ouvrit un œil.

— « Vous avez pas de la colle à faux cils ? »

Silence.

Tout le monde se tourna vers lui.

— « ... c'était une blague. »

— « Dommage. » soupira Ashlyn. « J'allais justement sortir les extensions. »

Tyler, coincé entre Elena et Taylor, avait une robe en satin à la main et une expression de pure détresse.

— « On peut discuter de mes droits ? »

— « Tu les as laissés à la porte en entrant. » répondit Elena avec un sourire d'ange.

Maéline s'approcha, armée de faux ongles.

— « Tyler... tu préfères rose fluo ou vert alien ? »

— « Est-ce que "aucun des deux" est une option ? »

— « Nope. T'as signé pour le chaos. »

Aiden faisait des selfies avec tout le monde, chaque photo plus ridicule que la précédente.

— « On va créer un calendrier 2025. Chaque mois, un garçon dans une robe. »

— « Je veux février. » déclara Logan.

— « Je prends août. » lança Ben, déjà maquillé comme une diva.

Même tyler avait cédé. Il portait maintenant un bandeau à paillettes et un collier de perles roses, les bras croisés, résigné.

— « Si jamais quelqu'un poste ça sur Insta, je le supprime de la réalité. »

— « Trop tard. » dit Aiden en montrant déjà les stories en ligne.

— « T'AS OSÉ— »

Un coussin vola.

Puis un autre.

La guerre éclata de nouveau.

Les filles hurlaient de rire, les garçons, maquillés jusqu'au front, couraient partout pour se cacher. Maéline enchaînait les "Attaque magique des sourcils !" et "Pluie de gloss sur tes joues !", poursuivant Tyler à travers tout le salon.

— « Tu m'auras jamais vivaaaaaaaaaaant ! »

— « Mais t'auras l'air FABULOUS ! »

Aiden sauta sur le canapé, lança une boule de cotillons en l'air, puis glissa et s'écrasa sur Logan qui tenait encore un miroir.

— « J'ai explosé mon charisme ! » cria Aiden, au sol.

— « Et mon nez. » gémit Logan.

— « Ça valait le coup. »

Finalement, tout le monde s'écroula. Littéralement. Épuisés de rire, de courir, de fuir les blushs assassins, ils tombèrent sur les coussins, sur les matelas, sur les plaids. Les joues rouges, les yeux pleins de larmes de rire.

Silence.

Puis...

— « On a fait quoi, là ? » murmura Elena.

— « Un rituel de passage. » répondit Ashlyn.

— « Vers la folie. » ajouta Taylor.

Maéline souriait, encore haletante, les joues pleines de paillettes, les mains tachées de fond de teint.

— « C'était... magnifique. »

— « C'était un crime contre la mode. »

— « C'était NOUS. »

Ils se regardèrent. Et explosèrent de rire encore une fois.

— « On dort jamais cette nuit. »

— « J'vous aime. » lança Aiden en se laissant tomber sur un matelas.

— « C'est le blush qui parle. »

Mais au fond... ils savaient que c'était vrai.

Et pendant un court instant, au milieu des plumes, des fards, des robes et des glitters... tout allait bien.

Il était 21h59.

Le salon avait été transformé en camping intérieur. Littéralement. Des sacs de couchage un peu partout, des matelas gonflables, des coussins en mode mur de protection, des plaids, des guirlandes lumineuses suspendues à l'arrache. Ambiance douce, presque féerique... sauf qu'Aiden venait de coincer son pied dans une housse de couette.

— « J'suis piégé ! J'suis pris au piège d'un monstre textile ! »

— « T'as mis ton pied dans ton propre sac de couchage, Aiden. »

— « Ce sont des détails. »

Ashlyn, déjà installée dans son coin avec un plaid, fronça les sourcils.

— « Bon. On regarde quoi ? »

— « Conjuring. » proposa Ben, sans hésiter.

— « Non. » grogna Tyler. « Moi je vote pour Shrek. »

— « Shrek ?! » éclata Elena. « C'est pas censé être un film d'horreur ! »

— « Mais ça l'est, psychologiquement. »

— « Si vous lancez Shrek, je me barre. » menaça Logan. « Mais vraiment. »

— « Attends attends, on fait un vote ! »

Maéline se leva d'un bond, en mode présidente du chaos.

— « Mes chers sujets ! Voici les options. Un : film d'horreur avec esprits démoniaques et cris ultra stressants. Deux : film absurde et débile où on finit tous par chanter "I need a hero". Trois : on éteint les lumières et on raconte nos pires secrets. »

Silence.

Puis Aiden, allongé de travers, les pieds sur la tête de Logan, souffla :

— « Quatre : on fusionne tout. Un film d'horreur ABSURDE et on raconte nos secrets EN MÊME TEMPS. »

— « Il est possédé. »

— « Il a faim, surtout. »

— « Shhh ! » Maéline leva la main. « On vote. »

Vote officiel :
Conjuring : 5 voix (Ashlyn, Ben, Elena, Maéline, Taylor)
Film débile genre Shrek ou Scooby-Doo : 2 voix (Tyler, Logan)
Aiden : « Je vote pour le chaos. »

— « C'est donc décidé. Conjuring. » déclara Maéline en lançant le film sur la télé.

Le générique à peine lancé, Logan se couvrit les yeux.

— « JE NE SUIS PAS PRÊT. »

— « T'as pas encore vu une seule scène. »

— « JE LE SENS. »

Le film commença.

Au début, tout le monde faisait genre de tenir. Même Aiden.

— « J'peux regarder ça sans ciller. » déclara-t-il, les yeux grands ouverts.

— « C'est pas tes yeux, c'est tes pupilles qui hurlent à l'aide. » répliqua Maéline.

Ashlyn grignotait un cookie, impassible. Elena fronçait les sourcils à chaque bruit chelou du film. Ben gardait son calme total. Et Logan... avait construit une forteresse de coussins autour de lui.

— « Je veux pas mourir ce soir. »

— « Personne meurt. » souffla Tyler.

— « Tu dis ça, mais y'a toujours UN gars qui dit "je reviens tout de suite" et IL REVIENT JAMAIS. »

— « C'est un film, Logan. »

— « UN FILM BASÉ SUR DES FAITS REEEEEELS ! »

Aiden, lui, avait trouvé une nouvelle passion : commenter chaque scène de manière dramatique.

— « Là, y'a un placard. Donc y'a un fantôme. C'est la loi. »

— « Aiden tais-toi. »

— « Là, la musique monte. Donc jumpscare. Trois... deux... AAAAAAAH— »

Et effectivement, le fantôme apparut. Tout le monde sursauta. Sauf Ashlyn.

— « Je l'avais dit. » déclara Aiden, fier.

— « J'vais t'enterrer dans la neige. » grogna Logan, encore tremblant.

— « Moi je suis prête à faire une incantation pour purifier cette maison. » lança Maéline.

— « TU veux purifier quelque chose, toi ? » rigola Elena.

— « Y'a que moi qui ai une boîte d'encens. Donc c'est MOI la prêtresse. »

Il était 23h30 quand le film se calma un peu. Les cris avaient diminué, les jumpscares se faisaient rares.

Et là... l'ambiance changea.

Un silence plus doux s'installa, alors que chacun reprenait son souffle, enroulé dans des couvertures. Les lumières tamisées clignotaient doucement, la télé diffusait encore le générique.

Ashlyn murmura :

— « C'était pas si pire. »

— « Je me sens plus vivant que jamais. » déclara Aiden, toujours allongé à moitié sur Tyler. « Genre, j'ai frôlé la mort 14 fois. »

— « C'était qu'un film. »

— « TU N'ÉTAIS PAS À MA PLACE ! »

Petit à petit, les discussions reprirent doucement. Un peu plus calmes. Plus intimes.

Taylor regardait les étoiles à travers la fenêtre, silencieuse. Elena dessinait distraitement sur un bloc-note. Tyler jouait avec un coin de plaid. Maéline, elle, fixait le plafond.

Ben murmura :

— « Vous pensez qu'on se reverra dans dix ans ? Genre... toujours amis ? »

Silence.

Puis Ashlyn répondit :

— « J'espère bien. Sinon je viens vous chercher un par un. »

— « Et moi je vous kidnappe pour une deuxième soirée pyjama. »

— « Avec encore plus de chaos. »

— « Et des vrais fantômes. »

— « Non merci. »

Les rires revinrent. Doucement. Sincèrement.

Maéline se tourna vers le groupe, la voix un peu plus sérieuse :

— « Vous savez... y'a un truc que j'vous ai jamais dit. »

Tous les regards se tournèrent vers elle.

Elle sourit, un peu nerveuse.

— « Mais j'pense que je vous aime. Genre, vraiment. Même quand vous êtes débiles, moches, ou que vous mettez du gloss rose sans consentement. »

Elena la regarda avec un sourire doux.

— « T'as un cœur, finalement. »

— « Et un gros stock de maquillage. »

Ils éclatèrent tous de rire à nouveau.

Aiden se leva d'un coup.

— « J'vous propose un hug collectif. »

— « Non. »

— « Trop tard. »

Et il sauta sur tout le monde.

Chaos.

Rires.

Cris.

Et là, juste après ce moment de paix... l'horloge sonna minuit.

DONG.

Et les lumières s'éteignirent d'un coup.

Un vent froid traversa la pièce.

Ashlyn se redressa d'un coup, le regard vide.

Ben fronça les sourcils.

— « Qu'est-ce que— »

Et là... tout bascula.

Le sol se déroba. Le silence devint assourdissant. Un voile d'ombre enveloppa la pièce.

Ils n'étaient plus dans le salon.

Ils étaient ailleurs.

Dans la dimension Phantom. 0h00

— « Aïe... ma tête... »

La voix d'Ashlyn résonna faiblement dans le néant. Elle ne voyait rien. Rien du tout. Un noir total. Pas même une ombre. Comme si la lumière avait été avalée.

Elle cligna des yeux, mais rien ne changea. Le silence était oppressant. Pas de souffle, pas de bruit de respiration, pas de rires lointains, rien. Juste elle, seule, dans une obscurité qui semblait vivante, presque collante.

— « Tyler ? Elena ?... Maéline ? »

Rien.

Elle se releva lentement, une douleur sourde lui battant le crâne. Le sol était froid. Pas glacé. Froid. Trop lisse pour être du carrelage, trop dur pour être de la terre. Comme si elle marchait sur du métal... ou pire.

Un courant d'air passa, glacial, sans origine identifiable. Ashlyn frissonna.

Puis, d'un coup, un son. Un seul. Celui d'un pas.

Scritch... scritch...

Un autre. Puis un autre.

Elle se retourna, cœur battant, muscles tendus. Une silhouette apparut, lentement dessinée par une faible lueur blanche, venue d'en haut, comme si une fissure venait d'ouvrir le ciel.

— « Logan ? » tenta-t-elle.

Mais ce n'était pas Logan.

La silhouette était humanoïde, mais distordue. Étirée. Flottante.

Et elle n'avait pas de visage.

Ashlyn fit un pas en arrière.

Puis deux.

Puis elle entendit des voix. Lointaines. Étouffées.

— « Vous m'entendez ?! »

C'était Elena. Ashlyn se retourna d'un coup, courant à l'aveugle vers ce qui semblait être la voix de son amie.

Mais le sol s'effondra sous ses pieds.

Elle tomba.

Tomba.

Encore.

Et encore.

Puis... un flash.

Une lumière bleue éclata dans la noirceur.

Et le sol réapparut brutalement sous elle. Elle chuta lourdement, roulant sur le côté, haletante. Mais cette fois, elle n'était plus seule.

— « Okay, c'est moi ou... c'est encore cette fichue dimension ? »

C'était la voix de Ben. Il était là. Il se redressait en se frottant le front, l'air à moitié endormi, à moitié paniqué.

Autour d'eux, petit à petit, les autres apparaissaient. Logan, étendu sur le ventre, grognait comme un ours.

Maéline... riait. Bien sûr qu'elle riait.

— « Hahaaa, on est revenus ! Oh j'adore cet endroit ! »

— « TU adores cet endroit ? » fit Taylor en s'ébrouant. « Moi je préférais quand on faisait des cookies et que Aiden manquait de faire exploser le four. »

— « Hey, j'étais innocent dans cette histoire ! » protesta Aiden en se redressant, décoiffé.

Mais son sourire s'effaça en voyant ce qui les entourait.

Le paysage avait changé.

Ce n'était plus une simple nuit noire.

Ils étaient dans une plaine brumeuse, éclairée par une lune trop grande pour être réelle. Le ciel semblait fissuré, comme du verre brisé prêt à tomber sur eux. Et au loin... des formes. Des silhouettes sombres, qui semblaient avancer, reculer... observer.

— « Oh non... » murmura Tyler. Il se rapprocha instinctivement d'Elena, qui était restée silencieuse jusqu'ici.

— « C'est... la même que la dernière fois... » souffla-t-elle. « Les Phantoms... »

Un long hurlement brisa le silence. Inhumain. Déchirant. Proche.

Trop proche.

Et tout le groupe se figea.

Ashlyn prit une grande inspiration.

— « Okay. Vous connaissez la règle. Pas de lumière, pas de bruit. Et on reste ensemble. »

Maéline fit mine d'applaudir.

— « C'est reparti ! »

Et à cet instant, dans un battement d'aile sonore, l'obscurité entière sembla fondre sur eux.

— Dans les ténèbres mouvantes

Un sifflement long fendit l'air, suivi d'un bruissement — comme si quelque chose rampaient juste sous leurs pieds.

— « On bouge, maintenant. » ordonna Ashlyn, déjà en train d'attraper Aiden par le bras pour le forcer à avancer.

— « Attends, j'— J'ai perdu ma chaussure ! »

— « TU VAS MARCHER SANS CHAUSSURE, T'AS COMPRIS ?! » hurla-t-elle en tirant plus fort.

Le groupe se mit en marche, titubant, courant presque, à travers une brume mouvante qui semblait changer à chaque seconde. Le sol était spongieux, comme s'ils marchaient sur une matière vivante. Parfois, il pulsait sous leurs pieds.

— « On va mourir. C'est sûr. On va finir dévorés par un monstre qui a pas mangé depuis trois cents ans. » paniqua Taylor en gardant les yeux fixés sur les ombres.

— « Chut ! Ils nous entendent ! » souffla Elena, crispée, son regard parcourant l'obscurité.

— « Mais QUI ils ?! » gémit Aiden.

— « Les Phantoms... » murmura Maéline d'un ton trop calme. « Ils sentent la peur. »

— « ... mais bien sûr. Et moi je suis une truite volante. »

— « Aiden... » souffla Logan, d'un ton un peu trop sérieux. « Ferme-la. »

Un autre cri, cette fois plus proche. Une silhouette traversa le champ de vision de Ben, à une vitesse impossible. Il hurla.

— « J'ai vu un truc ! Un genre de... de grand bras, là ! Avec des griffes ! J'vous jure ! »

— « C'est pas le moment d'halluciner ! » dit Tyler en le tirant plus près du groupe.

Ils accéléraient le pas, sans repère. Tout se ressemblait, tout bougeait. Le sol, les ombres, le ciel. Même leur respiration semblait étouffée.

Soudain, un mur. En plein milieu. Apparut de nulle part.

Ils s'arrêtèrent net.

— « C'est quoi, ça ?! »

Un mur blanc. Immense. Lisse. Aucune texture, aucune porte. Juste... là.

— « On est dans un labyrinthe. » dit Ashlyn, la gorge serrée.

Un couloir s'ouvrit à leur gauche. Puis un autre à droite. Puis un troisième, derrière eux.

— « C'est... c'est un piège. » souffla Elena.

Un silence.

Puis Maéline afficha un grand sourire.

— « J'propose qu'on se sépare. »

— « QUOI ?! » hurlèrent six voix en même temps.

— « Bah quoi ? On couvre plus de terrain. C'est logique. »

— « On est dans une dimension parallèle flippante et tu proposes qu'on joue à Scooby-Doo version cauchemar ?! » s'étrangla Logan.

— « Franchement... » marmonna Aiden, « j'préfère encore mourir que faire équipe avec elle. »

— « Tu vas surtout mourir si tu restes planté là. » répliqua Maéline.

Mais Ashlyn leva la main.

— « Non. Personne se sépare. On reste en bloc. Et on suit la gauche, comme dans les labyrinthes. »

— « Et si on tourne en rond ? » demanda Tyler.

— « Alors on tournera en rond. Mais au moins, ensemble. »

Ils avancèrent. Le couloir était étroit, les murs pulsaient doucement. Comme un souffle. Comme un cœur. Un battement de trop.

Ben se retourna brusquement.

— « Y'a quelque chose qui nous suit. »

— « Ferme ta bouche. » cracha Logan.

Mais il avait raison.

Des pas. Des bruits de succion. Des ombres mouvantes.

Puis... un cri.

Court.

Brutal.

Et Logan disparut.

— « LOGAN !!! » hurla Maéline.

Elle bondit en avant, mais le sol se referma. Avalé.

— « Non non non non NON ! »

Elle tapa contre le sol. Rien.

Silence.

Tout le monde figea.

Un vide s'installa.

Puis... un rire.

— « Qu'est-ce que... »

Le sol s'ouvrit. Logan jaillit, trempé, dégueulasse, couvert de boue.

— « J'ai atterri dans une espèce de... de bouche géante ! Avec des dents ! Et... des livres ?! »

— « Des livres ?! » fit Taylor.

— « OUI ! Y'avait un truc qui lisait des livres dans le noir ! J'vous jure ! »

Maéline explosa de rire.

— « C'est la bibliothèque des Phantoms, abruti. »

— « Quoi ?! »

Elle ne répondit pas.

Mais ses yeux brillaient. Pas de peur. D'excitation.

— « Je crois... qu'ils veulent nous montrer quelque chose. »

— « Qui "ils" ?! Tu parles comme si c'était normal ! »

— « Ce l'est. »

Ashlyn fixa Maéline longuement. Trop longuement.

Quelque chose clochait.

Et dans son dos... une ombre s'approchait.

—Ils marchaient depuis ce qui semblait être une éternité.

Le sol pulsait. Le silence pesait. Et les regards échangés commençaient à trahir une peur qu'aucun n'osait avouer à voix haute.

Ashlyn fronça les sourcils.

Quelque chose clochait.

Sa tête... bourdonnait. Comme un bourdonnement grave, étouffé, mais constant.

— « Stop. » murmura-t-elle.

Personne ne répondit.

Elle leva une main, s'appuya contre le mur vivant... et vacilla.

— « Ashlyn ? » dit Elena en se retournant.

Mais Ashlyn ne répondit pas. Son regard devenait vide. Fixe. Comme happé par quelque chose de lointain, d'invisible pour les autres.

Elle porta la main à sa tempe.

Une douleur. Une vrille glacée, comme une aiguille dans le crâne.

— « Ashlyn, ça va pas ? » demanda Tyler, inquiet.

Mais déjà, elle chancelait.

Et puis, d'un coup sec — son corps s'effondra.

— « ASHLYN ! » cria Aiden en se jetant vers elle.

Mais elle n'était plus là.

Pas vraiment.

—Le silence s'était installé brutalement. Même les murmures invisibles de la dimension semblaient s'être figés.

Ashlyn s'arrêta net.

Ses pupilles se dilatèrent, ses jambes flanchèrent. Elle porta une main tremblante à sa tempe.

— « Qu'est-ce que... » murmura-t-elle, avant de s'effondrer, raide, comme aspirée par une force invisible.

Le monde autour d'elle bascula dans le néant.

🌫️ Sa vision...

Une salle gigantesque, mais sans murs. Flottante. Suspendue dans un vide épais, aux teintes violacées. Des éclairs silencieux traversaient le ciel noir au loin, comme si le monde lui-même était en colère.

Deux formes. Floues. Inhumaines.

La première était grande, enveloppée dans une sorte de manteau sombre, sans traits nets. La voix qui en sortait était basse, rigide, métallique. Chaque mot semblait lourd, parfaitement pesé, sans la moindre chaleur.

Ashlyn ne connaissait pas son nom. Mais cette silhouette... ce ton... cette manière d'observer sans cligner des yeux. Ça lui glaçait le sang.

Elle ne le connaissait pas. Mais elle avait une idée très précise de ce qu'il était. Une présence militaire. Froide. Un général sans cœur. Une entité qui n'obéissait qu'aux règles. À la hiérarchie. Quelque chose de pas humain.

Et pourtant... il obéissait.

Car devant lui, se dressait une autre silhouette.

Beaucoup plus menaçante, bien qu'elle ne bougeait presque pas.

Une femme. Grande. Délicate dans sa gestuelle, presque élégante. Mais son visage était masqué, ou voilé — impossible à voir. Comme si l'univers refusait de révéler son identité. Une robe de velours noir se mêlait à la brume, semblant flotter à chaque mot prononcé.

Elle parlait peu. Mais chacune de ses paroles portait comme un verdict.

— « Les pièces sont en place. »

La voix du "général" répondit, neutre :

— « Ils avancent plus vite que prévu. »

— « La peur accélère la progression. L'illusion du libre-arbitre renforce le Jeu. »

Ashlyn se figea intérieurement. Le Jeu ?

— « Le Cœur du Jeu n'attend plus que l'Offrande. »

— « Ils ne comprendront pas à temps. »

La femme voilée sourit. Ashlyn ne le vit pas, mais elle le savait. Ce genre de sourire qu'on ressent dans la colonne vertébrale.

— « Qu'ils réussissent ou qu'ils échouent... le résultat sera le même. »

Et puis, d'un ton plus grave :

— « Leur unité est déjà en train de se fissurer. »

Ashlyn haleta. Elle se redressa violemment, en sueur, le souffle court.

Autour d'elle, le groupe s'était précipité. Elena la tenait. Tyler et Ben regardaient, tendus. Logan fronçait les sourcils. Maéline, droite comme un piquet, fixait Ashlyn sans cligner des yeux.

— « Tu... tu es là ? Ashlyn ? » murmura Elena.

Ashlyn resta silencieuse quelques secondes. Puis elle articula :

— « Deux personnes. Je... je sais pas qui c'étaient. »

Elle déglutit.

— « Mais l'un d'eux... celui qui parlait avec une voix froide, métallique... je sais pas son nom, mais je crois que c'est lui qu'on appelle Père. Il dégageait... une autorité glaciale. Comme un robot. Mais... pas un robot. Pire. »

Elle chercha ses mots.

— « Il n'avait pas de regard. Pas vraiment. Juste... une présence. Un vide. Et l'autre, la femme... c'est elle qui dirigeait. Il lui obéissait. »

Maéline blêmit.

— « Une femme... dans une robe noire ? Voile ? »

Ashlyn hocha lentement la tête.

— « Elle... c'est comme si l'univers la protégeait. Même la lumière ne voulait pas toucher son visage. »

Maéline échangea un regard long avec Elena. Puis elle inspira profondément.

— « On n'a jamais entendu parler de cette femme... clairement. Mais... il y a des rumeurs. »

Elena reprit, d'une voix tendue :

— « Dans certains fragments qu'on a lus... il y a des mentions. D'une entité supérieure. Une sorte de "joueuse d'ombres". Elle n'a pas de nom officiel. On l'appelle juste "La Reine sans Visage", ou... »

— « La Patronne. » compléta Maéline.

Aiden, l'air paumé :

— « Et Père, c'est qui ? Il bosse pour elle ? »

Elena haussa les épaules.

— « On sait pas. On pensait que Père était le boss. Le maître du Jeu. Mais là... »

Maéline termina :

— « Là, on vient de comprendre qu'on n'a rien compris. »

Ashlyn serra les dents.

— « Elle veut qu'on se sépare. Elle pense que nos liens vont nous affaiblir. »

Ben fronça les sourcils :

— « Alors on fait quoi ? »

Tyler releva la tête :

— « On reste ensemble. Coûte que coûte. »

Ashlyn le fixa droit dans les yeux.

— « Elle croit qu'on est des pions. Mais on est plus que ça. »

— « On va lui prouver. » ajouta Elena.

Et Maéline souffla, déterminée :

— « Le Jeu veut nous détruire. Alors on va trafiquer les règles. »

Un silence lourd planait autour d'eux. La brume de la dimension semblait les observer, comme si elle attendait leur premier faux pas.

Ils s'étaient tous regroupés dans un cercle maladroit, à moitié accroupis, à moitié debout. Certains encore sous le choc. D'autres déjà sur le qui-vive. Seule Ashlyn était restée assise, le regard dans le vide, une couverture de brume autour de son esprit encore engourdi par la vision.

C'est Tyler qui parla le premier.

— « Bon... on va pas juste rester là à attendre que quelque chose sorte des ombres, hein ? »

Aiden, bras croisés, opina :

— « On devrait courir. »

Elena souffla, exaspérée :

— « Non. Mauvaise idée. On sait même pas où on est. On court, on se perd. On se perd, on meurt. »

Ben intervint, calme :

— « D'accord, alors. Réfléchissons. On est dans un espace clos... ou presque. Ce n'est pas une forêt. Ce n'est pas le chalet. Ce n'est pas non plus le même endroit que la dernière fois. »

Ashlyn murmura, toujours pâle :

— « C'est un échiquier. »

Tous la fixèrent.

— « Ce monde... il est fait comme un jeu. Il y a des pièces. Des règles. Et... et des rôles. » Elle déglutit. « Et apparemment, on est les pièces. »

Un frisson parcourut la colonne vertébrale de chacun.

— « Si on est des pions, alors on peut bouger. Ensemble. » dit Maéline, à voix basse, mais avec fermeté.

Logan fronça les sourcils :

— « Mais c'est quoi le but ? S'en sortir ? Gagner ? »

Elena posa une main sur son front.

— « Peut-être... peut-être que survivre, c'est juste leur manière de nous garder dans le Jeu. »

— « Mais si on refuse de jouer ? » lança Tyler.

Aiden éclata de rire.

— « Comment tu veux "refuser" de jouer dans une dimension où y'a littéralement que ça à faire ? »

Maéline s'était levée. Elle tourna lentement sur elle-même.

— « Ce monde a été construit pour nous. Ils nous observent. Ils veulent voir ce qu'on va faire. Mais ils ont mal calculé une chose. »

— « Quoi donc ? » demanda Justine, tendue.

Maéline esquissa un sourire.

— « Nous. Ensemble. »

💬 Début du plan — Organisation dans le chaos

Ben s'accroupit, attrapa un morceau de bois qui flottait dans les ombres, et traça un cercle au sol. Un genre de mini-plan, symbolique.

— « Ok. Objectif numéro un : rester ensemble. S'ils veulent qu'on se sépare, c'est qu'il y a une raison. »

Ashlyn reprit un peu d'assurance :

— « On ne connaît pas la topographie du lieu, mais si on se déplace en formation compacte, on a plus de chances de repérer les anomalies. »

Logan sourit :

— « "Formation compacte", genre on devient un escadron de la mort maintenant ? »

— « Genre ouais. » répondit Elena du tac au tac.

— « Ça me va. » renchérit Aiden. « Mais je préviens, je marche pas à côté de Célian. Il pue. »

— « C'est pas moi, c'est toi ! » répondit Célian, vexé.

Maéline les ignora tous deux.

— « On doit aussi établir des rôles. Qui fait quoi. Si on est attaqués, qui prend la tête ? Qui protège les autres ? Qui garde le moral du groupe ? »

Taylor, douce mais ferme :

— « Ashlyn est la plus posée d'entre nous. Elle doit être en tête. »

Ashlyn se redressa. Encore faible, mais les yeux déterminés.

— « Je veux bien... Mais j'aurai besoin de soutien. »

Tyler s'approcha.

— « Je te couvre. »

Elena s'avança aussi :

— « Moi aussi. »

Ben haussa un sourcil, amusé :

— « Et moi je peux garder les arrières. J'ai une bonne vue. Et je sais quand quelqu'un ment. »

Logan leva la main.

— « Moi je fais les blagues. »

— « Non. » dirent tous en chœur.

Logan :
— « Bon ok, mais je garde une branche. Pour taper au besoin. »

🎯 Objectifs du groupe :

Rester ensemble en formation stratégique.

Identifier les anomalies de la dimension (portes, pièges, zones instables).

Observer les signes de "Père" et de "La Patronne".

Repérer les monstres ou les règles du Jeu.

Tester les limites du système (règles, communication, objets récupérables).

Protéger les plus fragiles du groupe.

Ashlyn ajouta :

— « Si La Patronne veut une offrande... on ne doit pas lui en donner. Pas même un détail. Ni une peur. Ni une faiblesse. »

Maéline, glaciale :

— « Ni un ami. »

Un bruit étrange résonna. Comme une respiration rauque. Quelque part dans les brumes.

Elena  frissonna.

— « Qu'est-ce que c'était ? »

— « Ça commence. » murmura Aiden. « On est dans leur terrain de jeu maintenant. »

Mais cette fois, le groupe ne recula pas.

Ils s'armèrent de tout ce qu'ils avaient — un bâton, un esprit rusé, une vieille lampe torche, un cœur qui bat trop vite — et avancèrent ensemble dans les brumes.

Pas comme des pions.
Mais comme une équipe.

Le groupe venait à peine de se retrouver, à peine de commencer à comprendre ce qui se passait, que tout changea.

Une lumière blanche les aveugla tous.

Et soudain, plus personne.

(Tout les pov sont en même temps)

 POV TYLER 

Tyler ouvrit les yeux.

Mais ce qu'il vit n'avait rien de réel. Pas de sol, pas de ciel, pas de murs. Juste une étendue blanche infinie, comme s'il flottait dans une pièce sans fond. Le silence était total. Une sensation étrange s'infiltrait lentement dans son ventre, un mélange d'appréhension et de confusion.

— « ...Les autres ? »

Sa voix s'éteignit aussitôt, absorbée par le néant. Il regarda autour de lui. Rien. Ni Logan, ni Aiden, ni Ben. Aucune trace de Maéline, Elena ou Ashlyn. Il était seul.

Et c'était peut-être ça le plus terrifiant.

Il fit un pas. Le sol, bien que parfaitement lisse, n'était ni dur ni mou. Il avançait sans vraiment sentir de résistance. Mais plus il marchait, plus il avait l'impression de tourner en rond. Et puis... une vibration. Un frisson qui parcourut sa colonne vertébrale.

Une silhouette apparut devant lui.

Lentement. Naturellement. Comme si elle avait toujours été là. Une silhouette identique à la sienne. Même taille. Même posture. Même regard, mais vide. Comme un reflet de lui-même.

— « Tu veux savoir, hein ? »

La voix venait de la silhouette, mais elle ressemblait trait pour trait à la sienne. Tyler fit un pas en arrière, les poings serrés.

— « C'est quoi ce délire ? »

— « Ce n'est pas un délire. C'est toi. Moi. Nous. »

La silhouette leva une main, et soudain, un écran se matérialisa dans l'air. Comme un souvenir projeté dans le vide. Il y vit Elena. Assise près de la fenêtre du bus, un sourire discret sur les lèvres. Lui, à côté, les joues rouges, regard fuyant.

— « Tu crois que ça suffit, ces regards ? Tu crois qu'elle va deviner toute seule ? »

Tyler détourna les yeux, mal à l'aise.

— « Arrête... »

Mais d'autres images s'enchaînèrent. Elena qui riait à une blague. Elena qui l'attendait dans le couloir. Elena qui posait sa main sur son bras, juste un instant.
Et lui, chaque fois, hésitant. Coincé. Trop lent. Trop flippé.

— « Ce n'est pas que tu ne ressens rien. C'est que tu refuses de comprendre. Tu préfères fuir. Tu préfères rester dans le confort du silence. »

Tyler sentit son souffle se raccourcir. Il voulait courir, sortir de là, retrouver les autres. Mais ses jambes refusaient de bouger.

— « Tu penses qu'en ne disant rien, tu ne risques rien. Mais c'est faux. Tu risques de tout perdre. »

La silhouette s'approcha, posant un doigt sur sa poitrine.

— « Alors dis-le. À voix haute. Ici. Maintenant. »

Tyler déglutit.

Son cœur tambourinait. Sa gorge était sèche. Il fixa cette version de lui-même. Il pensa à Elena. À tous ces moments. À tout ce qu'il n'a jamais osé dire.

Et d'une voix tremblante, il murmura :

— « J'ai... peur. Mais... j'aime bien quand elle est là. J'aime quand elle me parle. Et quand elle rit. Je crois que... j'ai un truc pour elle. Depuis un moment. »

La silhouette le regarda, sans un mot. Puis, lentement, elle sourit. Et disparut.

Le décor changea.

La blancheur s'estompa. Une brume douce remplaça le néant. Il entendit un bruit familier... un rire. Lointain, mais réel. Celui de Logan ? Peut-être. Il n'était plus seul. Il avait passé son épreuve.

Mais dans sa poitrine, quelque chose s'était débloqué.

Il avait compris ce qu'il ressentait. Maintenant... il lui faudrait le dire pour de vrai.

 POV TAYLOR 

La première chose que Taylor sentit, c'était le froid.

Un froid glacial, mordant, qui s'insinuait jusque dans ses os. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était allongée. Dans de l'eau. Noire, calme, silencieuse. Son corps flottait à la surface, mais elle ne bougeait pas. Immobile, comme si elle avait oublié jusqu'à l'idée de se débattre.

Autour d'elle, le noir total. Aucun repère. Aucun bruit, pas même celui de l'eau. Comme si l'univers s'était arrêté là.

— « Où... je suis ? »

Sa voix se brisa aussitôt, engloutie par le néant. Pas d'écho. Pas de réponse.

Elle essaya de bouger, mais ses bras semblaient lourds. Sa poitrine, serrée. Le froid n'était plus seulement physique. C'était un poids invisible, planté juste là, entre ses côtes. Et puis, peu à peu, sous la surface de l'eau... des formes apparurent.

Des souvenirs.

Des regrets.

Elle se vit elle-même, plus jeune, au collège. Assise au fond d'une classe, silencieuse, le regard fixé sur une feuille vide. Personne autour. Personne qui l'écoutait.

— « T'es toujours aussi forte, hein Taylor ? T'as pas besoin d'aide, jamais. »

La voix ne venait de nulle part. Ou peut-être de partout.

Une autre scène se dessina sous l'eau. Elle, repoussant quelqu'un d'un geste brusque. Une amie ? Peut-être. Une fille au regard triste, qui lui tendait la main.

— « T'as préféré être seule. Parce que t'avais peur de dépendre. »

Taylor fronça les sourcils. Le froid augmenta encore. Son corps commença à s'enfoncer, très lentement. L'eau devenait plus sombre, plus dense.

Elle tenta de nager. Rien. Ses jambes refusaient de bouger. L'eau la tirait vers le bas. Comme si ses propres souvenirs l'alourdissaient.

Puis une voix.

Douce.

Tragiquement familière.

— « T'as jamais voulu montrer que tu pleurais, hein ? Même quand c'était trop. Même quand ça brûlait. »

Et soudain, un souvenir qu'elle n'avait jamais partagé avec personne surgit. Elle, seule dans sa chambre, un soir d'hiver. La porte fermée. Les larmes silencieuses. Et cette phrase qu'elle s'était répétée, encore et encore :

— « Faut être forte. Faut tenir. »

Taylor hurla. Mais aucun son ne sortit.

Elle coulait. Lentement. Ses regrets, ses décisions, ses murs trop hauts... tout l'entraînait vers le fond. Jusqu'à ce qu'une lumière douce apparaisse au-dessus d'elle. Une main tendue. Elle ne vit pas le visage. Juste cette main.

Elle hésita.

Puis la saisit.

En un instant, l'eau disparut. Elle était de nouveau dans le vide blanc, comme Tyler avant elle. Mais son souffle était court. Ses mains tremblaient.

Elle comprenait. Que sa force venait aussi de sa vulnérabilité. Qu'elle avait le droit de tomber, parfois. Et de s'appuyer sur les autres.

Une larme roula sur sa joue. Juste une. Mais elle n'essaya pas de l'arrêter.

Quelque chose venait de changer en elle.

 POV AIDEN 

Le sol était de pierre froide. Les murs, hauts, couverts de mousse sombre. Aiden ouvrit les yeux dans un couloir sinueux, un labyrinthe sans fin. L'air était lourd, presque étouffant, et chaque bruit semblait se répercuter à l'infini.

Il tourna sur lui-même. À gauche, un couloir. À droite, un autre. Derrière lui, un mur venait de se refermer sans un bruit.

— « Génial... » grogna-t-il. « C'est quoi encore ce délire ? »

Aiden s'engagea dans l'un des chemins, ses baskets claquant sur le sol humide. Il essayait de garder contenance, de plaisanter tout seul comme d'habitude... mais il n'y avait aucun son. Aucun écho. Même sa voix semblait absorbée par les murs.

Et puis... les voix commencèrent.

D'abord faibles. Murmurées. À peine audibles.

— « Tu bouges tout le temps, Aiden... »

— « Tu t'attaches à rien. À personne. »

Il s'arrêta net. Son cœur se serra.

— « Tu fais le clown, mais t'as peur d'être seul, hein ? »

— « C'est n'importe quoi ! » cria-t-il dans le vide. « J'ai juste pas le temps de m'ennuyer, c'est tout. »

Il accéléra le pas, tournant brusquement à chaque intersection. Mais le labyrinthe semblait se refermer derrière lui. Chaque détour menait à un autre souvenir, un autre murmure.

Une porte. Il s'arrêta. L'ouvrit.

Une pièce vide. Une table. Deux valises. Un carton. Des murs blancs.

Il reconnut.

— « C'est... chez moi ? »

Non. Pas un chez-lui. Un autre. Et un autre. Puis un autre.

Il vit défiler tous les déménagements, toutes les chambres qu'il avait dû quitter. Les murs qui changeaient, les fenêtres différentes, les cartons jamais déballés. L'absence.

Et puis...

— « Papa rentre tard. Maman est en déplacement. On mangera demain, d'accord ? »

Aiden serra les poings.

Il revit les soirées passées seul, à manger un sandwich en silence. Les messages non lus. Les anniversaires oubliés. Les promesses jamais tenues.

— « Pourquoi t'es jamais resté ? Pourquoi j'ai jamais eu d'amis qui restaient ? »

Sa voix tremblait.

Les murs se rapprochaient. Le couloir devenait plus étroit. Les voix plus fortes.

— « C'est pour ça que tu fais le fou. Pour qu'on t'aime. »

Il courut. Sans réfléchir. Les images le poursuivaient. Une mère absente, un père fatigué, des adieux à répétition. Il n'avait jamais construit de vraie amitié avant maintenant. Jamais osé s'ouvrir.

— « Ils vont partir, eux aussi, non ? Tu sais comment ça finit. »

Il hurla. De rage. De peur.

Et soudain, un mur s'écroula.

Derrière, une lumière. Faible, mais présente. Une silhouette familière. Tyler. Ou Ben. Ou Elena. Il ne savait pas.

Mais ce n'était pas le passé.

C'était le présent.

— « J'veux pas les perdre. J'veux rester avec eux. »

Le labyrinthe s'effondra lentement. Il tomba à genoux, le souffle court.

Et il comprit.

Il n'était plus seul.

Pas cette fois.

 POV LOGAN 

Le silence. Logan en avait toujours eu une étrange relation avec lui. Quand il était enfant, il avait aimé les moments où il n'y avait pas un bruit, ces instants où l'on pouvait entendre ses propres pensées. Mais ici, ce silence était tout autre. Il était oppressant, lourd. L'air autour de lui semblait vibrer d'une présence invisible, et ce murmure... ce murmure qui l'entourait, venait de partout et de nulle part à la fois.

Logan se redressa, ses jambes tremblant légèrement sous la tension de la situation. Il se sentait enfermé, comme pris au piège dans un espace où chaque souffle semblait être aspiré par l'immensité qui l'entourait. Tout autour de lui était sombre, une sorte de brume persistante qui refusait de se dissiper. Il n'y avait aucune lumière. Pas un son de vent, rien d'autre que le bourdonnement incessant des murmures.

Il fixa l'horizon vide devant lui, espérant voir quelque chose. Mais tout ce qu'il apercevait, c'était ce voile de ténèbres. Puis, les murmures commencèrent. Légers au début, presque imperceptibles, puis ils se firent plus insistants. Une voix, puis une autre, et encore une autre.

— « Logan... tu sais ce que tu as fait... » — « Ce n'est pas ta faute... mais si... » — « Ils n'ont jamais su... »

Les voix étaient familières. Mais il n'arrivait pas à les identifier, comme si elles étaient en même temps proches et distantes. Elles se mêlaient, se superposaient, chaque mot lui glissant dessus comme une brume glacée. Il se coucha instinctivement sur le sol, fermant les yeux, essayant de se protéger de cette sensation étrange qui lui glaçait la peau.

— « Pourquoi nous avoir laissés... ? » La voix semblait pleurer, désespérée.

Logan ouvrit les yeux brusquement. La voix n'était pas seulement dans sa tête. Elle semblait émaner de l'espace tout autour de lui. Il se redressa, ses mains plaquées sur ses oreilles, cherchant à étouffer ces bruits qui le déchiraient de l'intérieur. Mais les murmures persistaient, comme une pluie fine et persistante qui martelait son esprit.

— « Tu as toujours tout gâché, Logan... » — « Tu n'as jamais su ce qu'être humain signifiait. »

Logan ferma les yeux plus fort, cherchant à ignorer les voix. Il tentait de les noyer dans ses pensées, de se concentrer sur quelque chose d'autre. Mais chaque syllabe frappait plus fort, chaque parole creusait une faille dans son cœur. Ces murmures... étaient-ils des souvenirs qu'il avait refoulés, des regrets oubliés ? Les choses qu'il avait faites, ou plus précisément, les choses qu'il n'avait pas faites.

Il se souvint alors, en une fraction de seconde, de ces moments où il avait eu l'impression de ne jamais être à la hauteur. De n'être qu'une ombre. De n'être jamais assez bon, de n'avoir jamais été à la hauteur des attentes des autres. Peut-être même des siennes.

Mais ces voix ne s'arrêtaient pas. Elles enchaînaient les reproches, les regrets, les "si seulement". Son ventre se tordait sous la douleur qui l'envahissait, et il se sentait tout petit, tout insignifiant.

— « Tu as tout gâché, Logan. »

Cette voix, là, cette dernière, il la reconnaissait. Il l'avait déjà entendue, des années auparavant. C'était celle de son frère, sa propre chair. Il avait quitté la maison avant lui. Il l'avait abandonné dans ce silence, dans cette maison vide de sens. Et maintenant, dans cette dimension étrange, c'était comme si ce frère qu'il avait perdu, ce frère qu'il avait toujours admiré, se dressait devant lui sous forme de murmures.

Logan se leva brusquement. Il ne pouvait plus supporter ça. Il ne voulait pas entendre ces voix. Il n'avait pas de réponses à leur offrir. Pas aujourd'hui.

Puis, dans un sursaut, il fit un pas en avant. Puis un autre. Il s'éloigna des voix, il s'éloigna du poids qui pesait sur lui. À chaque pas qu'il faisait, l'air semblait devenir plus léger. Il respirait un peu mieux. Et enfin, après ce qui lui sembla une éternité, les voix se mirent à se taire. Pas complètement. Mais assez pour lui permettre de retrouver un semblant de calme.

Logan s'arrêta enfin, haletant, en sueur, son corps encore secoué par l'épreuve. Il comprit alors que la bataille n'était pas contre ces murmures, mais contre lui-même. Ils représentaient des choses qu'il n'avait pas osé affronter jusque-là : ses doutes, ses erreurs, ses peurs les plus profondes. Mais maintenant, il savait quelque chose : il n'était pas seul à affronter cette dimension. Il allait devoir accepter ses failles, et apprendre à les dépasser.

Il inspira profondément, se redressant, son regard se faisant plus déterminé. Peu importe les murmures qui l'avaient assiégé, il avait un but à atteindre. Et il n'allait pas les laisser le faire tomber.

L'air semblait enfin se clarifier autour de lui. Il n'était pas vaincu. Il n'allait pas être un fantôme, un murmure dans ce vide. Il allait s'en sortir.

 POV BEN 

Le sol était sec, poussiéreux, rugueux. Ben se redressa difficilement, les yeux mi-clos. Il avait l'impression que tout son corps pesait des tonnes, comme si la gravité elle-même voulait l'aspirer dans un abîme profond. L'atmosphère autour de lui était dense, l'air lourds, chargé d'une tension qu'il ne comprenait pas.

C'était... bizarre. Comme si son esprit était pris dans un tourbillon de pensées, mais sans fin. Il cligna des yeux, cherchant à percer la brume qui l'enveloppait. Puis, il la distingua. Une silhouette, floue d'abord, mais qui se précisait. Une forme qui avançait vers lui.

Il eut un frisson. Ce n'était pas une simple silhouette. C'était elle.

— « Papa ? » murmura-t-il, la voix tremblante.

Ses mains se crispèrent. Il avait entendu sa voix avant de la voir. Il se rappela la dernière fois où il l'avait entendue, juste avant qu'il parte, juste avant que tout se brise.

L'image de sa mère apparut soudainement devant lui, dans une pièce qu'il n'avait jamais vue, mais qu'il reconnaissait quand même. Cette lumière tamisée, ce silence froid, cet espace trop vaste pour qu'il se sente à l'aise.

Elle était là, assise, les bras croisés, une expression froide sur le visage. Ben s'avança lentement, comme hypnotisé par ce qu'il ressentait.

— « Tu m'as abandonné, tu sais ? » Sa voix était faible, presque comme un murmure, mais elle vibrait d'une émotion qu'il n'arrivait pas à identifier.

Il s'arrêta net, sa gorge se nouant. Ses jambes tremblaient, son cœur battait à toute allure. La vérité le frappait comme un poing : il n'avait pas voulu voir les choses. Il ne voulait pas comprendre que sa mère, celle qui était tout pour lui, était déjà partie depuis trop longtemps.

— « Comment tu peux dire que tu n'as pas su... » La silhouette de sa mère se leva lentement, s'approchant de lui. « Tu savais, Ben. Tu savais tout. »

Les paroles frappaient son cœur comme une lame brûlante. L'image de sa mère se décomposait peu à peu, laissant place à une autre forme, un autre visage. Son père. Plus âgé, plus fatigué. Tout aussi absent.

— « T'as bien vu ce qui se passait, n'est-ce pas ? Tu savais pourquoi on était plus là. Tu savais pourquoi je t'ai laissé. »

Ben serra les poings. Il sentit ses yeux se remplir de larmes. Il ne pouvait plus le supporter. Il essayait de s'échapper, mais tout autour de lui se refermait. La lumière devenait de plus en plus faible, comme s'il tombait dans un abîme sans fin.

— « Tu crois vraiment que tu pouvais tout gérer tout seul ? » La voix de son père résonna, déformée. « Tu n'as jamais eu de contrôle sur rien, Ben. Pas sur nous, pas sur ta vie. »

Ben se recroquevilla sous les mots, comme une vague qui l'étouffait. Mais, quelque part, une petite étincelle de résistance se ralluma dans son cœur. Il se leva, tremblant, mais déterminé.

— « Je... Je ne suis pas tout seul. » Sa voix était brisée, mais il la força à rester ferme. « Je ne veux plus me cacher dans tes mensonges, dans vos silences. »

Il s'éloigna d'un pas, puis deux. La silhouette de ses parents se dissipa lentement, comme un nuage qui s'efface sous le vent.

Le labyrinthe se mit à s'effondrer autour de lui. Des murs se brisaient sous la pression de ses pensées. L'espace s'ouvrait de plus en plus, comme un espace libéré de l'étreinte de son passé.

Ben se retrouvait à l'extérieur, dans la lumière qui brillait faiblement. Il n'était plus là où il avait commencé. Il n'était plus seul non plus.

L'air semblait plus léger, plus facile à respirer. Mais il savait une chose : il ne reviendrait plus en arrière. Il était prêt à avancer.

 POV ASHLYN 

Le sol sous ses pieds semblait vaciller, se dérobant parfois, puis revenant. L'air était glacé, et tout autour d'elle se perdait dans une obscurité qui semblait s'étendre à l'infini. Ashlyn se sentait comme une particule insignifiante, perdue dans l'immensité d'un univers qui ne lui offrait ni repère ni soutien. Elle tenta de se concentrer, mais plus elle y réfléchissait, plus l'atmosphère devenait oppressante. Et puis, les voix apparurent.

— « Ashlyn... as-tu confiance en toi ? »

La voix était douce, presque caressante, mais en même temps, elle avait un ton perçant qui fit trembler Ashlyn sur place. Elle n'arrivait pas à voir d'où venait la voix, ni même ce qui la prononçait. Ce n'était pas une simple pensée, c'était comme si la voix émanait du fond même de son être.

Elle ferma les yeux, se concentrant, tentant de retrouver un semblant de logique dans ce chaos. Elle avait l'habitude des défis, des épreuves. Elle était habituée à être la leader du groupe, la force calme qui faisait toujours front, quoi qu'il arrive. Mais ici, dans cette dimension tordue, tout cela n'avait plus de sens.

— « La confiance, Ashlyn. Tu parles toujours de confiance aux autres, mais te fais-tu confiance toi-même ? »

La question la frappa comme un coup de marteau, si brutal qu'elle en perdit presque l'équilibre. Te fais-tu confiance toi-même ?

Ashlyn savait qu'elle avait toujours été celle sur qui les autres comptaient, la « maman » du groupe, celle qui savait toujours quoi dire, quoi faire, qui apaisait les inquiétudes. Mais à cet instant, dans ce silence glacial, la vérité lui frappait au visage. Elle n'avait jamais pris le temps de s'interroger sur elle-même, sur ses propres faiblesses. Elle s'était toujours vue comme un pilier, mais qu'était-elle sans ce rôle ? Et plus encore, pouvait-elle faire confiance à ceux qui étaient censés être ses amis si elle n'arrivait pas à avoir confiance en elle ?

Les voix se faisaient plus insistantes.

— « Quand la dernière fois as-tu pris une décision pour toi-même, Ashlyn ? Quand as-tu arrêté d'être la parfaite leader et commencé à être toi ? »

Elle s'arrêta de marcher brusquement. Une chaleur froide parcourut son dos, et un frisson glacial s'empara d'elle. Ses yeux s'écarquillèrent. Le monde autour d'elle semblait se déformer. La brume se resserrait, et elle se sentit à nouveau comme enfermée.

Ashlyn secoua la tête, rejetant la question. Elle ne voulait pas y penser. Elle avait toujours été forte, n'est-ce pas ? Elle avait toujours su comment gérer. Mais et maintenant ? Pourquoi était-ce si difficile de rester forte dans cette dimension ?

Elle se laissa tomber à genoux sur le sol, tentant de reprendre son souffle. La pression sur sa poitrine était devenue insupportable, comme un poids invisible qui écrasait son cœur. Ses pensées se bousculaient.

— « Tu n'es qu'un reflet, Ashlyn... tu n'es qu'une illusion qui croit encore en l'idée de la perfection. »

Les mots lui fouettaient l'âme, plus durs encore que le froid qui envahissait ses os. Elle ferma les yeux. Elle voulait se réveiller. Elle voulait revenir à la réalité, où les murmures n'avaient pas de place, où les illusions n'étaient pas autorisées à se jouer d'elle.

Mais au fond d'elle, un autre sentiment commença à naître. Un tout petit détail, une idée qui glissait lentement dans son esprit. Peut-être que la perfection n'était pas ce qu'elle avait toujours cherché à incarner. Peut-être qu'accepter ses failles et ses doutes était la clé. Peut-être que la véritable confiance ne venait pas d'une façade de force, mais de l'acceptation de sa propre vulnérabilité.

Elle se releva lentement, l'air autour d'elle se faisant moins oppressant, comme si les ténèbres s'éclaircissaient un peu. Elle regarda autour d'elle, les voix s'éloignant. Ashlyn inspira profondément. Peut-être que cette dimension était en train de lui enseigner quelque chose qu'elle avait longtemps ignoré. La confiance ne résidait pas dans l'illusion de la perfection, mais dans la capacité à être soi-même, même quand tout semblait s'effondrer.

— « La confiance... » murmura-t-elle à voix basse, une détermination nouvelle dans le regard. « La confiance, c'est d'accepter les failles, pas de les fuir. »

Elle n'avait pas la réponse à tout. Mais elle savait désormais que la confiance, c'était aussi s'accepter dans ses moments de faiblesse. Et c'était exactement ce qu'elle comptait faire ici. Dans cette dimension étrange, au milieu des ténèbres et des murmures, Ashlyn choisissait de se faire confiance.

Elle serra les poings, se préparant à continuer le chemin. Ce n'était pas fini, pas encore. Mais elle savait maintenant qu'elle pouvait avancer, sans se cacher derrière des faux-semblants, sans prétendre être celle qu'elle n'était pas.

Elle n'avait pas besoin d'être parfaite pour être forte.

 POV MAÉLINE 

Le sol sous ses pieds tremblait légèrement, comme si la dimension elle-même était en perpétuelle transformation. Un frisson parcourut le dos de Maéline alors qu'elle se trouvait dans ce qui semblait être un labyrinthe de murs mouvants, s'étendant et se rétrécissant à mesure qu'elle avançait. Le tout était enveloppé d'une obscurité épaisse, créant l'illusion que l'espace était sans fin. Ses pas résonnaient dans ce vide, comme si chaque mouvement était amplifié, exposant davantage l'isolement dans lequel elle était plongée.

Elle tenta de se concentrer, de repérer un indice, quelque chose qui pourrait lui permettre de sortir de ce lieu étrange. Mais tout ici semblait changer à une vitesse déroutante. Une fois qu'elle croyait avoir trouvé un chemin, les murs se rétractaient, réarrangeant le labyrinthe, la forçant à repartir de zéro.

Maéline n'était pas quelqu'un qui paniquait facilement. Depuis toujours, elle avait appris à s'adapter, à se faufiler dans l'ombre, à manipuler les autres à sa guise, mais ici, dans ce labyrinthe mouvant, même elle avait l'impression de ne pas avoir le contrôle. Elle était la première à voir les failles dans tout ce qu'elle faisait, mais cette dimension semblait la tester d'une manière qu'elle n'avait pas anticipée.

Elle s'arrêta un instant, fermant les yeux, respirant profondément. Elle se sentait perdue. Mais en même temps, il y avait quelque chose d'intriguant dans cet endroit. Chaque nouvelle intersection, chaque nouveau mur semblait refléter une partie d'elle-même qu'elle avait soigneusement cachée.

Si je me perds ici, qui suis-je vraiment ?

Elle secoua la tête. Pas de temps pour des réflexions existentielles. Elle devait trouver une sortie. Mais plus elle avançait, plus elle se sentait comme piégée dans un jeu qu'elle n'avait pas choisi. Un labyrinthe dont les murs ne cessaient de se resserrer autour d'elle. Pourtant, au fond de ses tripes, elle sentait que ce labyrinthe avait un sens plus profond, un lien avec ses propres tourments intérieurs.

Elle se souvenait de ces moments où elle avait eu l'impression de tout contrôler, mais où, au fond, elle avait parfois agi dans l'ombre des autres, cherchant à manipuler les situations plutôt qu'à les affronter directement. Elle n'avait jamais montré ses faiblesses. Les autres la voyaient comme celle qui savait tout, mais en réalité, Maéline avait toujours eu peur de se retrouver seule avec ses pensées.

Les murs autour d'elle semblaient se rapprocher, et la pression dans sa poitrine augmentait. C'était comme si cet endroit cherchait à faire éclater ses secrets, à la forcer à les confronter.

Soudain, un cri perça le silence. C'était elle, une version d'elle-même, ou du moins une illusion d'elle-même, qui se tenait dans un coin du labyrinthe, l'air brisé.

Pourquoi es-tu ici, Maéline ?

La voix de cette illusion d'elle-même était faible, brisée, comme si chaque mot portait la douleur de toute une vie de secrets et de mensonges. Maéline se figea, regardant cette version d'elle qui lui ressemblait. La peur, la culpabilité, l'incertitude se mêlaient dans cette silhouette. C'était la Maéline qu'elle avait toujours cachée, celle qu'elle ne voulait jamais laisser sortir. Mais ici, dans ce labyrinthe, elle n'avait plus d'échappatoire.

Elle s'approcha de l'illusion d'elle-même, un air résigné sur le visage. Il n'y avait plus de place pour les faux-semblants. Peut-être que, dans cette dimension, elle allait devoir accepter tout ce qu'elle avait évité.

C'est toi qui as fait tout ça, n'est-ce pas ? C'est toi qui nous as piégés ici...

La Maéline d'illusion baissa les yeux, les larmes glissant sur ses joues. L'image la brisa un peu plus. Ce n'était pas seulement une illusion. C'était une partie d'elle-même, une part de ses choix et de ses peurs, de tout ce qu'elle avait tu. Tout ce qu'elle avait rejeté.

Non... ce n'était pas moi. Je...

Elle s'arrêta, comme figée par une prise de conscience. Ce qu'elle disait n'était pas totalement faux. Cette dimension, ces épreuves, ce labyrinthe, tout cela faisait partie d'elle. Elle avait toujours manipulé, caché, mais maintenant... maintenant, elle ne pouvait plus fuir cette part d'elle-même. Elle ne pouvait plus l'ignorer.

Elle se redressa, une lueur nouvelle dans ses yeux. Elle comprenait maintenant. Ce labyrinthe n'était pas là pour la détruire, mais pour lui faire comprendre quelque chose d'essentiel : il fallait accepter ce qu'elle avait été, pour pouvoir évoluer, sortir de ce piège.

Je vais me libérer. Je vais sortir de ce labyrinthe.

Elle inspira profondément, et sans hésiter, elle tourna le dos à l'illusion d'elle-même. Les murs, comme par magie, commencèrent à s'éloigner. La brume se dissipa. Maéline avait enfin compris. Elle n'avait plus besoin de fuir, elle n'avait plus besoin de se cacher.

Le labyrinthe n'était plus qu'un souvenir. Elle se sentait plus légère, prête à affronter la suite, et à enfin faire face aux conséquences de ses actions, peu importe où cela la mènerait.

 POV ELENA 

Elena n'avait jamais été une personne facilement impressionnable, ni du genre à se laisser abattre par des épreuves mentales ou émotionnelles. Son calme et sa rationalité étaient des qualités qu'elle avait toujours mises en avant. Mais ici, dans cette dimension étrange et tordue, ses certitudes semblaient se dissoudre. L'air autour d'elle était lourd, et chaque mouvement semblait plus difficile que le précédent, comme si la réalité elle-même se tordait à chaque respiration.

Elle se retrouva dans une pièce vaste et vide, au centre d'un espace déconcertant, presque irréel. Les murs semblaient distordus, oscillants comme si l'espace lui-même était fluide. Pas un bruit. Rien. À part les battements de son cœur résonnant dans ses oreilles.

Où suis-je ? Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?

Elle s'avança d'un pas prudent, mais l'instant suivant, une voix résonna dans sa tête. Doucement au départ, puis de plus en plus forte.

Tu crois vraiment que tu peux comprendre ? Tu crois que tu as tout sous contrôle, Elena ?

Elle se figea, ses muscles tendus. Elle ne l'avait pas entendu de l'extérieur, mais la voix... c'était comme si elle venait de son propre esprit. Elle se secoua, essayant de repousser cette intrusion mentale, mais la voix ne s'éteignit pas. Elle grandissait, envahissant son esprit.

Tu n'es rien d'autre qu'une image, un reflet, une façade. Derrière tout ça, tu n'as jamais été capable de te connaître vraiment, Elena.

Les mots s'enchaînaient dans sa tête, s'immisçant dans chaque recoin de ses pensées. Ils étaient acérés, comme des épines, chaque phrase la frappant plus durement que la précédente. Elle déglutit, essayant de se concentrer, de repousser cette voix.

Ne lutte pas. L'acceptation est la clé. Accepte la vérité. Tu sais au fond de toi que tout ce que tu as fait n'a été que pour fuir tes vraies émotions. Cette façade que tu t'es construite, elle tombe peu à peu. Qu'est-ce que tu as derrière, Elena ?

Le sol sous ses pieds sembla trembler, et elle se retrouva soudain face à un miroir géant. Ce n'était pas un miroir ordinaire. Les contours étaient flous, déformés. Elle ne se voyait pas clairement, mais ses yeux, ses yeux... ils étaient différents. Plus sombres. Le reflet n'était pas celui qu'elle s'attendait à voir. Elle semblait... perdu, brisé.

C'est ça, Elena. Ce que tu essaies de fuir. Regarde-toi. Tu crois que tu es une personne forte, mais tu es faible. Tu n'as jamais affronté ta vulnérabilité, n'est-ce pas ? Tu as tellement peur de t'effondrer...

Elle se sentit mal, comme si le sol se dérobait sous ses pieds. Elle recula, cherchant à s'échapper, mais les murs semblaient se rapprocher, se resserrant autour d'elle. La voix était maintenant omniprésente, un bourdonnement incessant dans son esprit. Ses jambes tremblaient. Elle se haïssait de se sentir si vulnérable.

Pourquoi cette peur ? Pourquoi cette incapacité à accepter tes véritables sentiments, tes faiblesses ? Pourquoi cette lutte constante contre ce que tu ressens vraiment ?

Les mots la frappaient encore et encore, la faisant vaciller, la forçant à se confronter à la vérité qu'elle avait toujours ignorée. Elle s'était toujours efforcée de paraître forte, de ne jamais laisser transparaître ses faiblesses. Mais dans cette dimension, cette illusion l'obligeait à tout affronter, à voir la vérité en face. Les murs bougeaient maintenant, pressant son corps, l'enserrant. Elle avait du mal à respirer. Ses mains tremblaient.

Les souvenirs affluèrent alors, envahissant son esprit. Les moments où elle avait rejeté ses propres émotions, où elle avait mis une barrière entre elle et les autres. Elle avait appris à se couper de ses sentiments, à ne pas les laisser prendre le dessus. Elle pensait que c'était le moyen de survivre, mais aujourd'hui, cette façade était en train de se fissurer.

Elle ferma les yeux un instant, puis se força à les rouvrir. Elle devait faire face. Elle n'avait pas le choix. Tout autour d'elle, tout était une illusion, une épreuve mentale pour la pousser dans ses derniers retranchements. Elle respira profondément, les mots de la voix résonnant toujours dans son esprit.

Tu crois pouvoir comprendre qui tu es ? Que tu es plus forte que ça ?

Elle secoua la tête, fermant les yeux pour ignorer les voix, le miroir, les murs qui se resserraient autour d'elle. Un instant de clarté s'installa alors. La vérité se faisait jour dans son esprit : ses peurs, ses doutes, tout ce qu'elle avait ignoré, elle devait maintenant les accepter. Elle devait se permettre d'être vulnérable. De ressentir. De comprendre que ce n'était pas une faiblesse, mais une force.

Je suis moi-même, avec mes faiblesses. Et c'est ça qui me rend forte.

Un frisson traversa son corps tandis que l'illusion se dissipa lentement. Les murs reculaient. La pièce s'éclaircissait. La voix, elle, disparut. Elle était seule. Elle se sentait... différente, plus forte. Moins en proie à ses doutes.

Elle inspira profondément, s'épanouissant dans cette nouvelle compréhension d'elle-même. Elle savait maintenant que, même dans l'obscurité, même dans ses faiblesses, elle pouvait être plus forte.

Je suis prête.

  Encore le POV TAYLOR

Taylor se retrouva soudainement immergée dans l'eau. Pas un océan, pas un lac. Non, c'était comme si l'eau était partout, tout autour d'elle, la submergeant sans qu'elle ne puisse respirer, bouger, s'échapper. Elle se sentit noyée, non pas physiquement, mais dans une mer d'émotions. L'eau était froide, presque glacée, et chaque goutte semblait comme une image glacée de ses regrets.

Comment suis-je arrivée ici ?

Elle chercha instinctivement à nager, à se propulser vers la surface, mais c'était comme si l'eau la retenait. Ses bras semblaient alourdis par des chaînes invisibles, ses mouvements ralentis, et la panique commençait à se frayer un chemin dans sa poitrine. L'eau, froide et implacable, l'enveloppait entièrement. Chaque fois qu'elle se battait pour remonter, une vague plus forte l'enfonçait encore plus profondément.

Tout autour d'elle, des ombres floues se formaient, des silhouettes mouvantes, mais elle ne pouvait pas les discerner clairement. Tout ce qu'elle entendait était le bruit assourdissant de l'eau, et pourtant, dans ce vacarme, il y avait une voix. Sa voix.

T'es encore là à te cacher, Taylor ? C'est ça ta solution ?

Elle frissonna. La voix semblait venir de l'eau elle-même, vibrer dans les profondeurs comme un écho de ses propres pensées. Un sentiment de honte, de culpabilité, la submergeait. Elle repensa à ses erreurs, à toutes les fois où elle avait été égoïste, où elle avait agi sans réfléchir, sans penser aux conséquences. Ces moments où elle avait fuis la vérité, où elle avait mis de côté les autres pour se protéger elle-même.

Les souvenirs affluèrent alors qu'elle luttait pour respirer. Chaque regret surgissait comme une vague, la frappant de plein fouet.

Tu n'as jamais su te poser les bonnes questions, Taylor. Regarde où tu es maintenant. Tu veux vraiment continuer à fuir ?

Elle ferma les yeux, mais l'image des événements passés ne cessa de la hanter. Les moments où elle avait blessé les autres, où elle avait laissé tomber ses amis, où elle avait agi par pure impulsivité. La colère qu'elle avait ressentie, les mensonges qu'elle avait laissés derrière elle. Et tout ça l'avait menée à un endroit où elle se sentait impuissante. Faible.

L'eau l'enveloppait de plus en plus, son corps devenant lourd, et son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Elle était au bord de la noyade, non pas parce qu'elle ne pouvait pas respirer, mais parce qu'elle ne pouvait plus échapper à cette mer de regrets. Elle se sentait tellement petite, tellement insignifiante. Chaque erreur la tirait vers le fond.

Tu n'as pas le droit de fuir tes erreurs, Taylor. Pas cette fois.

Elle voulait crier. Elle voulait se libérer de cette sensation oppressante, de cette mer de culpabilité qui la retenait. Mais, au fond d'elle, elle savait que cette lutte, cette noyade, c'était ce qu'elle méritait. Elle avait agi sans réfléchir, et maintenant elle devait faire face aux conséquences.

Les images de ses actions passées se superposaient à l'eau, se fondant dans un tout. Chaque erreur était une goutte d'eau qui l'alourdissait davantage. Mais dans cette mer de douleur, elle commença à percevoir une petite lueur. Une lumière pâle, fragile, qui se trouvait en elle-même. Une lueur d'espoir.

Je n'ai pas à fuir. Je peux réparer. Je peux m'excuser. Ce n'est pas trop tard.

Elle se souvint alors des moments où elle avait pu apporter quelque chose de positif, des moments où elle avait été là pour ses amis, où elle avait pris soin d'eux. Ces souvenirs étaient comme une bouée de sauvetage dans l'océan de ses regrets.

La lueur devint plus forte, plus présente. Et peu à peu, l'eau autour d'elle se dissipa, comme si la mer elle-même reconnaissait sa décision de faire face à ses erreurs. La lumière grandissait, et elle sentit une force nouvelle se lever en elle. Elle n'était pas condamnée à se noyer dans ses regrets. Elle pouvait avancer.

Elle se concentra sur cette lueur. Elle respira profondément. Une première bouffée d'air frais. Puis une autre. Finalement, elle émergea des profondeurs, la surface de l'eau se brisant autour d'elle comme un mur de verre. Le silence autour d'elle était presque sacré. Elle se trouvait à nouveau dans une espace vaste, sans eau, sans chaînes.

Elle s'épanouit dans cette nouvelle compréhension. Elle savait que la route ne serait pas facile, qu'il y avait encore beaucoup à faire pour réparer ce qu'elle avait cassé. Mais elle ne fuirait plus. Elle avait compris que ses regrets étaient un fardeau qu'elle pouvait transformer en force.

Je peux avancer. Je vais réparer ce que j'ai brisé. Pour moi. Et pour eux.

Elle sourit faiblement. Elle savait maintenant que, malgré ses erreurs, il y avait une chance de tout recommencer. Tout comme l'eau s'était retirée, la pression de ses regrets s'était dissipée. Elle était prête à faire face à ce qui venait. Et cette fois, elle ne fuirait pas.

Les yeux de Taylor s'ouvrirent lentement, un éclat de lumière vive pénétrant dans sa vision floue. Elle cligna plusieurs fois des yeux, essayant de s'adapter à l'intensité de la lumière blanche de l'hôpital. Une sensation étrange de lourdeur envahit son esprit, comme si quelque chose clochait. Le silence qui régnait autour d'elle était oppressant, presque trop calme.

Elle tourna légèrement la tête et aperçut une silhouette. Non pas une, mais plusieurs. Tous étaient dans des lits voisins, dans cette pièce stérile, semblant également endormis. Le cœur de Taylor s'emballa. Que se passait-il ? Où étaient-ils ? Pourquoi étaient-ils là ?

Au même instant, elle entendit un murmure.

Maéline, la première à avoir repris conscience, se leva lentement de son lit. Elle fixa Taylor, son regard empreint de soulagement mais aussi de quelque chose d'indescriptible. Elle sembla hésiter un instant, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Tyler se redressa aussi, puis Aiden, Ashlyn, Elena, et enfin Logan et Ben.

Tous étaient là, autour d'elle. Tous dans la même situation, avec les yeux fatigués, mais empreints d'une certaine compréhension. Ils semblaient... avoir attendu ce moment.

"Taylor...", dit Maéline d'une voix douce mais chargée de sérieux. "Tu es enfin réveillée."

Elle mit quelques secondes avant de réaliser l'ampleur de la situation. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda-t-elle, sa voix encore faible, tremblante. "Où sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ?"

Les souvenirs de la dimension Phantom se précipitèrent dans son esprit. Les monstres, les épreuves, la lutte... mais aussi l'eau, et ces voix. Elle avait l'impression que tout était un rêve lointain. Mais en même temps, chaque détail semblait si réel.

Aiden était le prochain à prendre la parole, son visage marbré de confusion. "Tu es restée inconsciente pendant un jour, Taylor. Tu as été piégée là-bas... dans la dimension. C'est après un choc... on a tous été pris au piège, un par un."

Elle frissonna. Un jour... Un jour complet ? Elle se sentait tellement faible. Comment avait-elle pu rester aussi longtemps dans cet état ?

Tyler s'avança à son tour, les yeux remplis de compréhension. "On a été attaqués mentalement." Il s'arrêta un instant, scrutant les autres, comme pour vérifier qu'ils étaient tous d'accord sur ce qu'ils allaient dire. "Maéline a été la première à se réveiller. C'est elle qui a compris ce qui se passait. Nous étions tous piégés, mais chacun de nous, à un moment donné, a été confronté à ses pires peurs."

Taylor tourna la tête vers Maéline, ses yeux pleins de questions. "Tu... tu savais ? Ce qui nous arrivait ?"

Maéline hocha lentement la tête, un léger sourire en coin. Mais ce sourire était teinté d'une certaine gravité. "J'ai compris. Je savais que ça allait arriver. Que la Patronne allait essayer de nous attaquer au moment où nous serions les plus vulnérables."

Ashlyn, dont les yeux étaient aussi sombres que ceux de Taylor, ajouta d'une voix basse : "On a tous été testés, chacun à notre façon." Elle fit une pause, puis baissa les yeux avant de poursuivre, presque comme une confession : "Nous avons tous été attaqués dans nos points les plus faibles. Mais... Maéline, tu... tu as été celle qui a vraiment compris ce qui se passait. Tu nous as aidés à tenir."

Taylor se sentait déstabilisée par cette révélation. Elle se souvenait de la lutte dans la dimension, mais tout semblait flou, incompréhensible. Tout le monde semblait aussi affecté, comme si une part de leur esprit avait été arrachée durant ces événements.

"Et nous ?" murmura Logan, les yeux rivés au sol. "On s'est tous réveillés avant toi, mais... il fallait qu'on se fasse passer pour inconscients." Il se tourna vers les autres, les yeux chargés de sérieux. "Maéline avait vu venir ça. Elle savait que nous devions être à l'écoute de ce qu'il se passait. On a décidé de ne pas trop bouger, de jouer le jeu pour ne pas que la Patronne nous repère."

Une brève pause s'installa entre eux, chacun réalisant l'intensité de l'épreuve qu'ils venaient de traverser. Mais ils savaient maintenant que la dangerosité de la dimension n'était pas uniquement physique. "C'était mental.", expliqua Ben, qui, contrairement à ses habitudes, semblait plutôt réservé. "La Patronne savait qu'on était plus vulnérables dans nos moments de faiblesse. Mais Maéline, tu as vu ça avant nous."

Elena hocha la tête, un regard lourd d'émotions. "Elle a attaqué chacun de nous là où ça faisait le plus mal." Elle se tourna vers Taylor. "Toi, avec tes regrets. Moi, avec mes peurs. Et les autres..." Elle s'interrompit, comme si elle n'était pas prête à partager davantage.

Maéline, qui était restée en retrait, fixa Taylor avec une intensité nouvelle. "Je savais qu'il fallait qu'on tienne bon, que chacun d'entre nous trouve la force. Mais il fallait qu'on se protège tous, mentalement. Si l'un de nous craquait, c'était fini." Elle marqua une pause, puis, son regard se fit plus doux, presque réconfortant. "Tu as été plus forte que tu ne le pensais, Taylor. On t'a vue lutter."

L'atmosphère dans la chambre d'hôpital était lourde. Ils étaient tous là, ensemble, mais ils savaient qu'ils n'étaient pas encore hors de danger. Leurs corps étaient là, vivants, mais leurs esprits... les attaques mentales de la dimension Phantom n'étaient pas aussi faciles à oublier. Ils avaient survécu à l'épreuve, mais le plus dur restait à venir.

"On doit trouver un moyen d'arrêter la Patronne," dit Maéline d'une voix ferme, déterminée. "Elle sait maintenant que nous sommes plus forts qu'elle ne le pensait. Mais on doit garder la tête froide et réfléchir ensemble."

Chacun d'entre eux savait que, même si la menace semblait éloignée, leur combat contre la dimension Phantom n'était pas terminé. Ils avaient compris que la vraie bataille allait commencer maintenant : affronter non seulement leurs démons intérieurs, mais aussi cette entité maléfique, la Patronne, qui cherchait à tout prix à les détruire.

Dans un silence lourd de compréhension, ils se regardèrent tous, sachant qu'ils devraient avancer ensemble. Pas question de reculer.

La guerre contre la Patronne ne faisait que commencer. Et cette fois, ils étaient prêts à tout.

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Fait pas Maéline

La pression psychologiquejadore pour cette histoire >⩊<

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