────୨‧₊˚ ☁️⋅♡🪐༘⋆ৎ────
Bonjour tout le monde
Bonne lecture˚.🎀༘⋆
(╥﹏╥)ses trop triste se qui leurs arrivent je suis un monstre mais pas grv
(˶ᵔ ᵕ ᵔ˶)///ses la vie ///(*ᴗ͈ˬᴗ͈)ꕤ*.゚
𓂃˖˳·˖ ִֶָ ⋆🌷͙⋆ ִֶָ˖·˳˖𓂃 ִֶָ
Le ciel avait cette teinte violette que seule l'hiver savait créer. Un violet doux, poudré de gris, sur lequel les premières étoiles commençaient à grésiller doucement.
Ils venaient à peine de sortir de l'hôpital.
Le froid les avait cueillis d'un coup, mordant, réel, bien plus réel que tout ce qu'ils avaient vécu ces dernières 48 heures. Le monde tournait à vitesse normale. Les voitures passaient. Les gens parlaient. Des bruits banals, trop banals, qui résonnaient étrangement à leurs oreilles.
Ils étaient huit, tassés devant le portail de sortie.
Silence. Pas un mot.
Et puis, Maéline avait simplement dit :
— « J'ai besoin d'un truc pas réel. »
Personne n'avait demandé d'explication. Personne n'en avait eu besoin.
Le plan avait été décidé en cinq phrases.
— « On va où ? »
— « La fête foraine. »
— « On y va comment ? »
— « À pied. »
— « Ok. »
Parce que c'était ça, leur groupe. Pas besoin de débattre. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé. Ce soir, la question ce n'était pas "qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" mais "comment est-ce qu'on respire ?"
Et si la réponse passait par des lumières criardes, des odeurs de gaufres brûlées et une vieille machine à auto-tamponneuses ? Alors soit.
Ils avaient marché.
Tous les huit.
Pas de voitures. Pas de taxi. Pas de parents.
Juste leurs pas dans la rue, les lampadaires, la fatigue dans les jambes, et les souvenirs trop lourds dans les poches.
La ville était presque silencieuse.
Ils avançaient sur les trottoirs glacés, des sacs de sport sur l'épaule, des bonnets tirés jusqu'aux sourcils, des mains dans les poches. Les conversations étaient brisées, en pointillés.
Logan marchait en tête, les écouteurs dans les oreilles, mais sans musique. Il voulait juste du silence, ou du moins la version du silence que les autres ne pouvaient pas envahir.
Derrière lui, Maéline suivait, légère, presque flottante. Elle observait tout : les traces de pas, les vitres des voitures, la buée qui sortait de leurs bouches. Elle avait un sourire discret, mais il y avait une lueur étrange dans ses yeux. Un genre d'étincelle. Comme si... elle mijotait quelque chose. Comme si son cerveau refusait de dormir.
Logan, sans même comprendre pourquoi, jetait des coups d'œil en arrière. Vers elle. Comme si quelque chose en lui lui disait de ne pas la perdre de vue.
Il fronça les sourcils.
Pourquoi il la regardait autant ?
Il ne se posait jamais ce genre de questions d'habitude.
Et là, il n'arrêtait pas.
— « Hey... ça va ? » demanda Ashlyn à côté de lui.
Il hocha la tête.
— « Ouais. J'crois. »
Et il sentit les yeux de Maéline croiser les siens un instant.
Juste un instant.
Mais ça le déséquilibra plus que n'importe quel looping de fête foraine.
Derrière, Tyler marchait près d'Elena, bien trop conscient de la distance entre leurs deux épaules.
Cinq centimètres.
Il s'en voulait de les mesurer.
Elle avait enroulé son écharpe deux fois autour de son cou et son bonnet lui couvrait les oreilles. Il n'arrivait pas à deviner si elle allait bien ou pas. Mais elle marchait. Et elle était là. C'est tout ce qui comptait.
— « Tu crois qu'on va tenir le coup ? » demanda-t-elle doucement.
Il mit un moment à répondre.
— « J'sais pas. Mais on est encore ensemble. C'est déjà ça, non ? »
Elle hocha la tête. Et, doucement, elle se rapprocha d'un pas.
Quatre centimètres.
Tyler essaya de ne pas sourire. Échec total.
La fête foraine apparaissait enfin au bout de la rue.
Des lumières, des cris, des sons mécaniques. Un tourbillon d'odeurs : barbe à papa, caramel brûlé, gaufres au Nutella, pop-corn trop salé. Un stand de churros fumait dans le froid.
Maéline accéléra le pas.
— « Ok, les survivants, c'est maintenant qu'on reprend le contrôle de nos vies. Objectif : sucre, bruit, et plus jamais penser à ce qu'il s'est passé. »
Elle tourna sur elle-même une fois et lança :
— « Interdiction formelle de pleurer ce soir ! »
Aiden leva la main comme en classe.
— « Et si je pleure de rire ? »
— « Validé. »
Le groupe éclata de rire.
Pour la première fois depuis longtemps.
C'était ridicule. C'était parfait.
— « OK, plan d'attaque : on divise pour mieux dominer ! Aiden, Tyler, Logan avec moi. On rase les stands de jeux. Elena, Ashlyn, Taylor et Ben, repérage des snacks. »
Ben leva un sourcil.
— « Depuis quand t'es cheffe d'armée, toi ? »
— « Depuis que j'ai survécu à une Reine du Jeu dimensionnelle. Je suis qualifiée. »
Aiden la suivit sans discuter, déjà attiré par un jeu de marteau géant.
Logan, lui, restait silencieux.
Ses yeux glissaient vers Maéline.
Encore.
Elle riait à une blague nulle d'Aiden, lançait des commentaires absurdes au vendeur de peluches, et sautait d'un stand à l'autre avec une énergie qui le fatiguait rien que de la regarder.
Mais elle avait quelque chose ce soir.
Quelque chose qui le piquait.
Comme une énigme qu'il voulait résoudre.
Ou un feu d'artifice qu'il voulait garder rien que pour lui.
Et ça, il comprenait pas.
Mais il aimait pas trop le fait que ça lui échappe.
(≽^• ˕ • ྀི≼ )
Ils arrivaient devant le premier stand, un de ces jeux à la pêche aux canards où tout est plus facile en théorie, mais bien plus difficile en pratique. Le bruit du vent, les cris des enfants, la musique électro qui se mêlait aux annonces du crieur, tout était un chaos joyeux.
Maéline, les yeux pétillants, pointa le stand du doigt.
— « Allez, les champions ! Qui est prêt à plumer des canards ? »
Aiden, comme un gamin, fonça sans attendre. Il se glissa devant le petit bassins à eau, s'empara d'une canne avec une prise sûre, et en un instant attrapa un canard jaune. Il lâcha un cri victorieux.
— « C'est moi le meilleur ! »
Logan, qui avait suivi tout ce petit monde de loin, sentit son cœur accélérer, malgré lui. Maéline et Aiden étaient déjà absorbés par le jeu. Tyler discutait avec Elena à côté, et il se retrouva tout à coup seul avec ses pensées, debout, juste là, observant la scène.
Il aurait voulu s'approcher, mais il y avait un truc, une sensation qui lui brûlait la gorge. Il la fixa un moment : Maéline, toujours aussi vive, saisi un autre canard avec une aisance déconcertante. Elle le regarda et lui lança un sourire sans même s'en rendre compte. Le genre de sourire qu'elle donnait à tout le monde, sans filtre.
Mais pour lui, ce sourire ? C'était autre chose. C'était plus qu'un simple sourire. C'était comme si elle savait tout, tout de suite.
Ses doigts se fermèrent autour du ticket qu'il avait dans la poche, la chaleur du papier se mêlant à la tension dans son estomac. Il se dit qu'il allait perdre si ça continuait comme ça. Il était trop occupé à la regarder.
Tyler se tourna vers Elena pour lui dire quelque chose mais s'arrêta en voyant que, lui aussi, avait cette étrange réaction.
— « Elle est... différente ce soir. » murmura-t-il plus pour lui-même que pour elle.
Elena haussait les épaules, tout en observant Maéline.
— « Qui, Maéline ? C'est juste Maéline. Elle se surpasse souvent. »
Tyler sentit un frisson de compréhension passer sous sa peau.
Oui, c'était Maéline. Mais il n'arrivait plus à la voir que comme une simple camarade. Ce soir-là, quelque chose changeait. C'était... étrange.
🎠
L'odeur de la barbe à papa flottait au loin. Le bruit des auto-tamponneuses se mêlait à la musique de fond.
Le monde semblait se rétrécir à chaque rires. Les lumières étaient un peu trop brillantes, un peu trop présentes. Ils étaient presque comme des ombres entre elles, et chaque instant paraissait suspendu dans l'air.
Aiden choisit un stand de tir à l'arc. « Pour tester mes réflexes », avait-il dit. Un peu plus loin, Ben et Ashlyn s'étaient déjà lancés dans un duel sur le jeu de fléchettes, avec des tirs à moitié réussis, des éclats de rire et des piques pour alimenter la compétition.
— « Je suis sûr que je suis plus rapide que toi », lança Ben en lançant une fléchette, manquant de peu la cible.
Ashlyn répliqua immédiatement en lançant la sienne, cette fois avec une grande précision. La fléchette se planta directement au centre. Elle se tourna fièrement vers lui, un sourire espiègle au coin des lèvres.
— « T'as encore de la route à faire ! »
Mais là, tout à coup, la scène se figea légèrement quand Logan se retrouva là, les yeux rivés sur Maéline, qui était accroupie pour regarder un autre jeu. Il n'avait pas bien saisi pourquoi il la suivait autant des yeux. Il n'arrivait même plus à s'en empêcher.
Il avait cette étrange sensation de vouloir comprendre ce qu'elle voulait vraiment. Pourquoi ce regard ? Pourquoi cette aura qui lui échappait complètement ? Qu'est-ce qu'elle cachait ?
Il s'approcha d'elle sans réfléchir, sans même s'en rendre compte. Puis, une fois qu'il fut à côté, il s'éclaircit la gorge pour se donner un genre.
— « Maéline. »
Elle tourna la tête, l'air un peu surprise, comme si elle ne l'avait pas vu venir.
Un moment d'intimité, là, au milieu du bruit, des gens, des éclats de lumière.
— « T'as pas de canard à attraper, toi ? » lança-t-elle en souriant.
Elle ne se souciait même pas de lui, de ce qu'il ressentait. Elle était juste... là. Présente. Comme un feu de joie dont il ne pouvait détourner les yeux.
Tyler, un peu distrait par ce qui venait de se passer avec Logan et Maéline, tenta de revenir à la réalité, mais il se sentait un peu décalé. Il ne comprenait pas tout. Pas ce qui se passait. Pas avec eux. Ni avec Elena. Ce n'était pas qu'il ne l'aimait pas, mais ce soir-là, l'ombre de Maéline le perturbait.
Elena, d'un geste naturel, prit son bras.
— « Tu viens ? On va voir le manège. »
Elle l'entraîna sans même qu'il ait le temps de dire un mot.
Le manège était grand, haut, un tourbillon d'acier et de couleurs. Les gens hurlaient autour. Le vent glissait froidement sur leurs visages. Et là, tout à coup, Maéline s'approcha de Logan, le fixant droit dans les yeux.
— « T'es un peu... loin de ton groupe, non ? »
Il n'eut pas le temps de répondre. Elle avait déjà sauté dans l'une des nacelles du manège, un sourire malicieux sur les lèvres. Elle l'attendait. Ou plutôt, elle l'invitait à la rejoindre.
Il était pris dans ce tourbillon, encore un peu à distance. Mais peut-être, juste peut-être, c'était là qu'il avait voulu aller tout ce temps. Vers ce feu. Vers elle. Mais il n'en était pas encore sûr.
Pas encore.
Les enfants autour de lui riaient, le bruit des manèges emplissait l'air, et pourtant Logan se sentait pris au piège d'un monde parallèle, où les bruits se faisaient lointains et où ses pensées tournaient en rond, comme un manège trop rapide. Maéline, qui était là quelques mètres plus loin, riait avec Aiden et Ben en lançant une fléchette avec une habileté presque surnaturelle. Elle était si détachée, si confiante, que Logan se sentit minuscule à côté d'elle. Il avait l'impression de flotter, et pas dans le bon sens du terme.
Il se tourna alors vers Tyler, espérant trouver une distraction, un repère. Mais Tyler était là, les yeux rivés sur Elena, comme si elle était la seule à exister pour lui à ce moment précis. Logan secoua la tête, tentant de faire taire cette pensée.
Il se retrouva seul, encore une fois, alors que tout le monde était plongé dans les jeux, la fête. L'image de Maéline, son sourire radieux, sa manière de toujours être le centre de l'attention... C'était comme si elle devenait de plus en plus difficile à atteindre.
Quand il la fixa à nouveau, un léger frisson parcourut son échine. Ce n'était pas qu'elle lui faisait peur, non. C'était plus subtil que ça. C'était comme si elle était une énigme, et lui, il n'arrivait pas à comprendre comment la résoudre.
Soudain, Maéline se tourna vers lui, son regard croisant le sien, comme si elle avait senti sa présence dans l'air, comme si elle savait exactement où il se trouvait, même sans le regarder directement. Il sentit son cœur manquer un battement.
— « Tu viens ? » dit-elle simplement, un sourire malicieux sur les lèvres, comme si elle avait deviné ce qu'il ressentait sans même qu'il ait eu besoin de le dire. Elle pointa du doigt le manège qui tournait en arrière-plan.
Ce regard, ce sourire, tout chez elle semblait... inaccessibile. Ou était-ce lui qui s'éloignait ?
Il resta un instant là, immobile, avant de se forcer à bouger, à la rejoindre. Ses jambes semblaient soudainement lourdes, comme si tout le poids du monde s'était abattu sur ses épaules.
La fête continuait, mais quelque chose avait changé. Pour Logan, pour Tyler, et même pour Maéline. Ce n'était plus simplement un jeu, un divertissement. C'était un lieu où les émotions se mêlaient et se brouillaient, où chaque geste, chaque sourire semblait prendre une autre signification.⸜(。˃ ᵕ ˂ )⸝♡(╥ ω ╥)
//
— ou comment Maéline a failli tuer Logan par pur amusement
Les cris des passants se mêlaient aux rugissements des rails, aux éclats de rire et à l'odeur sucrée de la barbe à papa. La nuit avait englouti le ciel depuis longtemps, mais la fête foraine brillait encore plus fort sous les guirlandes lumineuses suspendues comme des étoiles artificielles. Tout vibrait d'énergie. Et Maéline, elle, vibrait deux fois plus que le reste du monde.
Elle marchait d'un pas décidé devant le groupe, son écharpe volant derrière elle comme une cape, Logan à la traîne avec une expression de condamné à mort.
— « On fait le grand huit. Maintenant. »
— « C'est une blague. » souffla Logan en la regardant avec des yeux ronds.
— « Tu crois que je rigole, toi ? Monte. » lança-t-elle avec un sourire carnassier.
— « Maéline... j'vais crever là-d'dans. J'ai encore des trucs à vivre, moi. »
— « Tu survivras. Ou pas. Mais au moins, tu mourras avec du style. »
Logan leva les yeux vers le monstre de fer qui grondait dans le ciel. Le train passait à toute allure au-dessus de leurs têtes, hurlant avec la force d'un orage. Les cris des passagers fusaient à chaque virage. Rien que le bruit lui donnait envie de fuir.
Mais Maéline le regardait. Comme si c'était une mission sacrée. Et devant tout le groupe — surtout Tyler et Elena qui discutaient à voix basse en se frôlant l'épaule sans s'en rendre compte — Logan ne pouvait décemment pas faire demi-tour.
— « T'as pas le choix. » glissa-t-elle, et sans lui laisser le temps de protester, elle l'attrapa par le poignet et le tira vers la file d'attente.
Ashlyn ricana doucement en voyant Logan se faire embarquer.
— « Paix à son âme. » murmura-t-elle en croquant dans une fraise tagada.
Ben, derrière elle, hocha la tête comme s'il assistait à une cérémonie funéraire.
Aiden, lui, dansait déjà sur place.
— « WOOOOH LE GRAND HUIT LET'S GO ! SI JE MEURS, MAMAN JE T'AIME !
Quelques minutes plus tard dans le train de la mort ( grand huit)
Logan était assis à côté de Maéline, les bras crispés sur les poignées de sécurité. Il ne disait plus rien. Son visage était livide. Ses mains tremblaient.
— « Si je meurs, tu dis à Elena que je... en fait non, oublie. » marmonna-t-il.
— « Tais-toi et profite. » gloussa Maéline, les yeux pétillants.
Le train s'élança. D'abord lentement. Puis, la montée. Une montée éternelle. Les cliquetis du mécanisme grinçaient dans leurs oreilles. Tout le monde criait déjà. Sauf Logan. Lui, il retenait sa respiration, les yeux fermés.
— « C'est horrible. » chuchota-t-il.
— « C'est la vie. » répondit Maéline, hilare.
Puis vint la chute. Brutale. Infinie. Les virages. Les vrilles. Le monde à l'envers. Les cheveux dans les yeux. Les cris. Les rires. Logan hurlait plus fort que tous les autres passagers réunis.
— « JE VAIS MOURIIIIIIIR ! »
— « C'est géniaaaaaaal ! » cria Maéline, les bras en l'air.
Et au moment où le train s'arrêta enfin, Logan resta figé une bonne minute, incapable de se lever.
Maéline le fixa, hilare.
— « Ça va ? »
— « Non. J'ai revu ma vie entière trois fois. Et j'ai failli vomir sur mes baskets. »ʚଓ
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Après que Tyler ait proposé un stand de tir, et qu'Aiden ait essayé d'acheter un chapeau ridicule pour Elena (qui a poliment refusé), Maéline reposa ses yeux brillants sur une nouvelle cible : un immense palais du rire, plein de miroirs déformants, de passages tournants et de trappes invisibles.
— « C'est PARTI. » dit-elle d'un ton théâtral.
— « T'as pas eu assez de sensations fortes ?? » gémit Logan.
— « Ça, c'est pour le mental. Prépare-toi à perdre toute dignité. »
Et ils y allèrent.
Le groupe entier.
Tous les huit, prêts à entrer dans le chaos des miroirs, des sols glissants, et des murs tournants.
Ashlyn trébucha dès la première salle.
Aiden essaya d'imiter un reflet déformé et se cogna dans un miroir.
Elena se perdit dans un couloir et faillit marcher sur Logan, qui rampait au sol parce qu'il ne trouvait pas la sortie.
Ben et Taylor s'étaient enfermés dans un coin à rire devant leurs reflets ultra larges.
Tyler essayait de suivre Elena discrètement, sauf qu'il se prenait tous les pièges.
Et Maéline ? Maéline courait partout en criant :
— « ON EST DANS UNE DIMENSION ALTERNATIVE ! J'VOUS L'AVAIS DIT ! »
Il fallut quinze minutes, trois fous rires, deux collisions frontales et une chute collective dans un toboggan en spirale pour que tout le monde ressorte vivant du palais du rire.
Essoufflés. Transpirants. Mais heureux.
Logan s'écroula sur un banc, encore sonné.
— « C'est officiel... je suis mort. »
— « Pas encore. » répondit Maéline, un sourire aux lèvres.
Elle lui tendit une bouteille d'eau.
— « Et devine quoi. T'es plutôt mignon quand t'as peur. »
Logan ouvrit la bouche. Mais aucun mot ne sortit.
Son cœur, par contre, tambourinait très fort.
— ou comment une soirée tranquille peut tourner au carnage sucré
Ils étaient sortis du palais du rire avec des joues rouges, le souffle court et un rire coincé dans la gorge. L'air frais de la nuit leur claqua au visage, et les néons multicolores reflétaient sur leurs yeux encore pleins de larmes. Il était tard, mais personne ne semblait vouloir rentrer.
— « J'vous jure... j'ai cru que j'allais mourir dans ce toboggan. » haleta Ben, les cheveux décoiffés.
— « Ouais bah moi j'ai cru que j'allais me noyer dans ma propre honte. » grogna Taylor, en remettant son pull.
— « Vous êtes drôles tous les deux quand vous paniquez. On dirait deux moineaux mouillés. » gloussa Elena.
Tyler lança un regard vers elle, un petit sourire en coin. Mais il ne dit rien. Pas encore.
Pendant ce temps, Aiden tournait sur lui-même à grande vitesse, les bras en l'air :
— « C'ÉTAIT MALADEEEEEE— »
— BOOM
Il venait de foncer dans un panneau en carton géant en forme de clown. Le truc s'effondra dans un bruit sec.
— « ...j'ai rien senti. »
Ashlyn roula des yeux.
— « Il est en mousse ou en béton ce gosse ? »
Mais alors que le groupe reprenait son souffle, Maéline leva soudain un doigt en l'air.
— « Objectif suivant : le stand de tir. Et ensuite, barbe à papa. »
Tout le monde acquiesça, sauf Logan, qui marmonna quelque chose à propos de « vouloir juste respirer un peu ».
🎯
Le stand brillait de mille feux. Une musique mécanique grinçait en boucle, et des peluches ridicules étaient suspendues partout : un flamant rose fluo, une pieuvre avec un chapeau de cowboy, et même... une peluche en forme de brocoli musclé.
— « Si je gagne, je prends le brocoli. » déclara Maéline, sérieuse comme jamais.
— « T'as pas l'droit d'en faire un symbole de guerre. » murmura Ashlyn.
Ben, curieux, attrapa une carabine en plastique posée sur le comptoir.
— « Facile. Faut viser les canards. »
Taylor, intriguée, s'approcha lentement.
— « Je veux essayer. »
Elle prit une carabine elle aussi, mais son doigt tremblait légèrement.
Ben l'observa du coin de l'œil.
— « Tiens-la comme ça. Ou tu vas tirer sur la baraque à frites. »
— « C'est pas mon genre. » marmonna-t-elle.
— PAN.
Elle tira. Et toucha... le haut de l'enseigne.
— « T'as raison, c'est pas ton genre. C'est pire. »
Taylor lui donna un coup de coude, pas bien méchant, mais juste assez pour qu'il la regarde autrement. Il rigola. Et son sourire resta collé à son visage un peu plus longtemps que d'habitude.
Maéline, de son côté, enchaînait les tirs avec la précision d'une tireuse d'élite.
— Pan. Pan. Pan.
Trois canards. Alignés.
— « Le brocoli est à moi. »
Le forain lui lança la peluche avec une grimace.
— « Vous êtes flippante. »
— « On me le dit souvent. »
🍭 La barbe à papa
Le groupe se dirigea vers le stand suivant. L'air était saturé de sucre. Une machine tournait lentement, enroulant des filaments roses autour d'un bâton.
Elena en attrapa une immense, aussi large que sa tête.
Tyler, lui, la regarda en silence. Et sans trop réfléchir, il prit une petite barbe bleue.
— « C'est pour assortir à tes yeux ? » glissa Elena, malicieuse.
Il faillit s'étouffer avec un bout de sucre fondu.
— « Quoi ?! Non. Enfin peut-être. Enfin... je sais pas. »
Elle rigola doucement, le cœur un peu trop léger.
Mais leur moment fut interrompu par Aiden, qui hurlait :
— « REGARDEZ J'AI UNE BARBE À PAPA ENORME J'VAIS FAIRE UNE PERRUQUE— »
Et il se la colla sur la tête.
Littéralement.
— « Je suis l'empereur du sucre ! »
Ashlyn explosa de rire.
Logan, qui venait juste de finir sa bouteille d'eau, fit un bond en arrière.
— « Éloignez-le de moi. Ce mec est dangereux. »
Mais ça n'était que le début.
Aiden, dans un excès de joie incontrôlé, courut vers un stand de ballons. Il brandit sa barbe à papa comme une torche, trébucha sur un câble, et...
— BOOM.
Une étincelle. Un bruit de pschhht. Puis... un immense ballon gonflable en forme de vache éclata dans un bruit apocalyptique, projetant de l'eau pailletée sur les passants.
Silence.
Tout le monde le regardait.
Il leva les bras au ciel, trempé, les cheveux pleins de sucre fondu.
— « C'était un sacrifice nécessaire. »
🎆 Fin de soirée
Ils finirent assis sur un banc, autour de ce qu'il restait d'un paquet de churros.
Maéline tenait sa peluche de brocoli contre elle comme un trophée.
Ben lançait des bouts de sucre dans les cheveux de Taylor quand elle ne regardait pas.
Tyler et Elena parlaient doucement en regardant les lumières de la grande roue.
Aiden essayait de lécher la barbe à papa dans ses cheveux, sans succès.
Ashlyn filmait discrètement.
Logan, lui, les regardait tous, sans rien dire.
Et malgré la fatigue, malgré la tempête qu'ils avaient vécue... malgré tout...
Ils riaient.
Pas parce que tout allait bien.
Mais parce qu'ils étaient ensemble.
Et ça, c'était déjà énorme.
🏃 Chaos sucré et jambes fatiguées
— « C'est loin à pied ? »
— « Trop. »
Le groupe venait à peine de quitter la fête foraine, et déjà, les jambes traînaient comme si chaque pas coûtait une vie. Aiden faisait des bruits d'agonie toutes les trois secondes, en tenant sa nuque comme s'il avait porté un frigo toute la journée.
— « J'ai de la barbe à papa figée dans le dos, j'ai collé à un banc, je suis tombé deux fois, je veux rentrer en skate. »
— « T'as pas de skate. » lâcha Ashlyn, sans même se retourner.
— « Je veux voler un skate alors. »
Ben leva les yeux au ciel.
Taylor, toujours en train d'essayer de retirer les paillettes collées sur sa veste, lâcha un rire essoufflé.
— « On te laisse faire, si t'as assez d'énergie. »
Maéline, elle, avançait avec une détermination tranquille, son brocoli musclé calé dans le bras comme un bébé démoniaque.
— « Je vous avais dit de pas en faire trop dans le palais du rire. Maintenant, regardez-vous. »
— « Toi, tu t'es prise pour John Wick avec un pistolet à ventouse, donc tu te calmes. » lança Elena.
Tyler éclata de rire, avant de baisser un peu la tête. Il avait chaud. Mais ce n'était pas à cause de la marche.
C'était à cause du regard d'Elena, quand elle souriait.
Sous les lampadaires, les vrais mots
La ville était calme, désormais. Il était tard. Les rires avaient fondu dans l'air, ne restaient plus que le bruit de leurs pas, le crissement des feuilles, et le chant lointain d'un scooter en vadrouille.
Ils marchaient en ligne un peu désorganisée, parfois en duo, parfois seuls à l'arrière, parfois à parler doucement. La fête s'était tassée dans leurs veines comme une chaleur douce.
Tyler s'était un peu écarté, marchant à côté d'Elena. Il n'osait pas trop parler. Elle non plus. Mais c'était un silence tranquille. Un de ceux qui ne gênent pas.
— « T'as été cool ce soir. » dit-elle, enfin.
Il haussa les épaules.
— « Toi aussi. Enfin... tu l'es toujours. »
Elle le regarda brièvement, un petit sourire dans les yeux.
— « Tu me regardes beaucoup, tu sais. »
Tyler sentit son cœur rater un battement.
— « Euh... j—j'ai pas fait exprès. »
— « T'inquiète. C'est mignon. »
Il ne répondit pas. Mais il souriait comme un idiot.
Plus loin, Logan traînait un peu à l'arrière. Il observait le groupe avec un calme étrange, mais ses yeux revenaient sans arrêt sur Maéline, qui marchait en avant avec Ben.
Elle parlait, mais il n'entendait pas. Il se contentait de la regarder.
— Elle a l'air tellement en contrôle... toujours.
— Et pourtant, parfois, elle déraille. Comme nous tous.
Il se frotta la nuque. Il ne savait pas ce qu'il ressentait. Mais il savait que c'était quelque chose. Quelque chose d'inconfortable, d'intrigant, de peut-être un peu trop fort.
Et il ne savait pas quoi en faire.
Aiden, lui, racontait à Taylor et Ben une histoire improbable sur une colonie de vacances où il avait cassé un drone en lançant une crêpe.
— « J'vous jure, c'était pas ma faute, le drone était trop bas. »
Ben hocha la tête, pas convaincu.
— « T'as aussi fait exploser un ballon tout à l'heure. Coïncidence ? »
— « Le destin me déteste. » répondit Aiden avec théâtralité.
Taylor riait doucement. Et à chaque fois que Ben la regardait, son sourire s'adoucissait un peu plus.
—
Ashlyn marchait silencieusement aux côtés d'Elena et Maéline, un peu en retrait, les mains dans les poches. Elle fixait les étoiles, l'air un peu ailleurs.
— « Tu penses à tout ce qu'on a vécu ? » demanda doucement Elena.
— « Ouais. Et j'me demande comment on fait pour encore rire comme ça. »
— « C'est parce qu'on est ensemble. » dit Maéline.
Ashlyn la regarda, un peu surprise par le ton.
Et Maéline, sans rien ajouter, reprit sa marche.
Ils finirent par arriver au bout de la route, là où les lampadaires devenaient plus rares, là où la ville se faisait plus discrète. Le chalet n'était plus très loin.
Le groupe ralentit, naturellement. Personne n'avait envie de rentrer trop vite.
Il y avait ce moment suspendu, ce genre de fin de soirée où les émotions flottent encore, mais plus rien ne bouge.
Et là, au milieu du silence, Maéline souffla doucement :
— « On a tenu bon. Même si elle a essayé de nous briser. »
Personne ne répondit. Pas besoin.
Ils étaient encore debout.
Ensemble.
Et ça, c'était une victoire.
🕯 POV — Maéline : « Ce n'est pas fini. »
Le silence de sa chambre était presque trop calme.
Maéline posa son sac au pied de son lit avec lenteur, son dos craquant légèrement sous le poids de la journée, du mois... de tout ce qu'ils avaient traversé. Le miroir accroché à sa porte reflétait son reflet flou, un peu défait, les yeux cernés mais vifs. Toujours trop vifs.
Elle tourna la tête vers le couloir.
Des bruits de clés, une porte refermée.
— Ils sont rentrés.
Ses parents. Enfin. Loin pendant des jours, comme toujours. Elle s'attendait à ressentir de la chaleur, du soulagement, même une vague de normalité.
Mais non. Rien.
Juste ce vide froid dans le ventre. Ce malaise discret qui rampait depuis des jours.
Elle sortit de sa chambre, croisa brièvement son père dans le couloir.
— « Vous êtes rentrés tôt. » dit-elle.
Il haussa les épaules, l'air fatigué.
— « Le contrat s'est annulé. On a avancé notre retour. »
Elle hocha la tête, sans rien dire de plus. Sa mère était dans la cuisine, dos à elle. Maéline la fixa quelques secondes. Quelque chose était... étrange. Un peu trop figé. Un peu trop théâtral, comme une actrice jouant la normalité.
Elle retourna dans sa chambre.
Ferma doucement la porte.
Elle se déshabilla en silence, enfila un t-shirt trop grand pour dormir, et se laissa tomber sur son lit. Les draps étaient frais, mais l'air semblait plus lourd que d'habitude. Comme s'il savait, lui aussi, que ce n'était pas vraiment la fin.
Maéline éteignit la lumière.
L'obscurité s'installa. Elle ferma les yeux.
Puis...
Toc. Toc. Toc.
Elle rouvrit les yeux d'un coup.
Ses poumons se figèrent.
Son cœur, lui, accéléra.
Trois coups. À sa fenêtre.
Elle se redressa lentement. Pas de vent. Pas de branches. Juste ces trois petits bruits, nets, discrets.
Elle s'approcha. Très doucement. Les jambes tendues comme des cordes de violon.
Sa main se posa sur le rideau.
Elle inspira. Ouvrit.
Et là...
Elle cligna des yeux.
— « Qu'est-ce que... »
Ils étaient là. Tous.
Ashlyn. Elena. Tyler. Aiden. Logan. Ben. Taylor.
Tous les sept, debout dans son jardin, éclairés par la pâle lumière d'un lampadaire lointain. Immobiles. Silencieux.
Le cœur de Maéline rata un battement.
Elle ouvrit la fenêtre en grand, passa la tête dehors.
— « Qu'est-ce que vous faites là ? Vous êtes devenus fous ? »
Ashlyn leva les yeux vers elle.
— « Il faut qu'on parle. »
Maéline referma précipitamment la fenêtre, alluma la lumière, attrapa une veste, puis ouvrit sa porte. Elle courut presque jusqu'au salon, où ses parents discutaient tranquillement.
— « Je... je vais dormir. »
Ils se retournèrent, surpris.
— « Déjà ? »
— « Je suis épuisée. J'ai besoin d'un gros repos. »
Elle prit une inspiration.
— « Évitez d'entrer dans ma chambre... pendant 24 heures. Minimum. »
Son père fronça les sourcils.
— « T'as ramené un chat malade ou quoi ? »
— « Non. Je veux juste être seule. »
Sa mère posa une main sur le dossier d'une chaise, sans parler.
Maéline la fixa un instant.
Quelque chose. Un détail. Une tension derrière le regard.
Mais elle n'avait pas le temps pour ça. Pas maintenant.
Elle tourna les talons, retourna à sa chambre, ferma à clé. Un claquement net.
Quelques minutes plus tard, ses amis étaient tous assis dans sa chambre, certains sur le sol, d'autres sur le lit ou contre les murs. L'ambiance était étrange. Pesante et électrique.
Et soudain...
Ashlyn redressa la tête.
Un bruit de pas dans le couloir.
Une voix. Une voix féminine. Douce. Autoritaire.
— « Maéline ? Tout va bien ? »
Et là, Ashlyn pâlit d'un coup.
Ses yeux s'écarquillèrent. Son souffle se coupa.
— « Cette voix... »
Maéline la fixa, surprise.
— « Tu... la connais ? »
Ashlyn hocha lentement la tête. Elle semblait ailleurs. Perdue.
— « Je l'ai entendue. Dans la dimension. Avant de m'évanouir... C'était elle. La femme. La Patronne. »
Le silence tomba comme une lame.
Et dans ce silence, le doute s'insinua dans chaque esprit.
Le silence après la phrase d'Ashlyn fut brutal.
« Je l'ai entendue. Dans la dimension. Avant de m'évanouir... C'était elle. La femme. La Patronne. »
Les mots restaient suspendus, gelés dans l'air de la chambre.
Tyler tourna lentement la tête vers la porte close. Logan s'était figé, les mâchoires serrées. Elena regardait Maéline avec un mélange d'interrogation et de peur.
Et Maéline, elle, sentait un frisson glacial lui courir dans le dos.
Un truc presque... animal.
Elle murmura :
— « Ce n'est pas possible... »
Ashlyn secouait la tête, nerveusement, les mains tremblantes.
— « Si. C'est elle. J'en suis sûre. Je l'ai entendue quand j'étais... là-bas. Dans le noir. Elle parlait à Père. C'était... pas humain. Trop calme. Trop parfait. Trop... faux. »
Aiden s'était levé, faisant les cent pas dans la chambre.
— « Bon. Peut-être que c'est juste une coïncidence de voix, non ? Genre elle ressemble à une entité démoniaque, mais elle fait de bons lasagnes, on sait jamais. »
Personne ne rit.
Et puis soudain, la lumière s'éteignit.
Un clic sec. Net.
Comme si on avait coupé le courant.
Mais rien d'autre dans la maison ne semblait affecté. À travers la fenêtre entrouverte, on voyait encore la lumière du salon. Des pas. Une silhouette qui passait.
— « C'est pas une coupure générale... » murmura Ben.
— « Elle a visé ta chambre. » ajouta Taylor, le souffle court.
Maéline se leva d'un coup, alla jusqu'à sa porte. Elle tendit l'oreille.
Rien. Plus un son.
Puis.
Un papier glissa sous la porte.
Un simple papier, blanc, plié en deux.
Elena se leva en silence, le ramassa du bout des doigts, comme s'il pouvait exploser. Elle le déplia lentement.
Tyler alluma son téléphone pour éclairer.
Et tous purent lire.
Message :
« Vous avez été trop loin. Trop tôt.
Vous deviez dormir encore.
Mais puisque vous êtes réveillés...
Bienvenue à la prochaine étape.
Patronne. »
Le silence fut brisé par une détonation sourde.
BOUM.
Quelque chose venait de tomber dans le grenier.
Un bruit sec. Épais. Comme une masse qui s'effondre.
Logan blêmit.
— « Vous avez un chien... ? Un raton laveur obèse... ? Quelque chose ? »
Maéline secoua la tête.
— « Le grenier est fermé. Toujours fermé. Depuis des mois. »
Ils restèrent tous figés. Puis un second bruit. Plus clair.
Un grattement au plafond. Lent. Ininterrompu.
Comme si quelque chose rampait juste au-dessus d'eux.
Ashlyn se leva d'un bond.
— « On doit sortir. Maintenant. »
Mais en se précipitant vers la porte, elle s'ouvrit toute seule.
Dans l'encadrement, personne.
Mais la lumière du couloir, elle aussi, s'était éteinte.
Et alors...
Une voix. Toute proche.
— « Maéline... tu aurais dû dormir. »
Elle n'était pas humaine. Elle n'était pas forte.
Elle était douce, contrôlée, parfaite.
Exactement comme dans la dimension.
Ashlyn poussa un cri.
Maéline se retourna, le cœur explosant dans sa poitrine.
Et là...
Son miroir.
Son propre miroir mural.
Il ne reflétait plus la chambre.
Il montrait une salle entièrement noire, où se tenait une femme en robe pâle, aux cheveux tirés, le regard sans émotion.
Et juste derrière elle...
Père.
Plus grand que dans ses souvenirs. Plus sombre. Presque flou.
Et les deux la fixaient.
Maéline sentit une main glacée saisir son cœur.
Et la voix résonna dans tous les esprits à la fois.
— « Maintenant que vous êtes réunis... il est temps de rejouer. »
Le miroir explosa.
Un cri s'étouffa dans la gorge de Logan, trop choqué pour réagir.
Des éclats de verre volaient encore dans la chambre, retombant au sol comme de la neige tranchante.
— « PAR LA FENÊTRE ! » hurla Elena.
Pas besoin de répéter. Tous foncèrent.
Tyler l'ouvrit d'un coup d'épaule. Maéline attrapa sa lampe torche. Taylor tira Aiden en arrière qui fixait encore le miroir brisé comme s'il y voyait son reflet.
Ashlyn avait le souffle court, mais elle n'avait pas besoin de plus d'arguments. Cette voix... Ce visage... Elle savait que c'était réel.
— « On descend où ?! » cria Ben.
— « On saute. C'est que le premier étage. Jardin. » répondit Maéline sans réfléchir.
Elle avait encore le goût du verre dans la gorge, une douleur sourde au front, mais elle forçait ses jambes à avancer.
Un à un, ils passèrent par la fenêtre, sautant dans l'herbe froide et humide.
— Plaf. Plouf. Crack.
Ils roulaient, atterrissaient dans les buissons, se relevaient à moitié.
Et ils coururent. Pieds nus pour certains, en chaussettes pour d'autres. Les pyjamas flottaient derrière eux comme des voiles ridicules. Des lampadaires diffusaient une lumière pâle, irréelle, sur les trottoirs vides.
— « Le centre de police ! » lança Logan.
— « Il est à vingt minutes à pied ! » protesta Tyler.
— « Alors on court vingt minutes ! » cria Elena.
Pas le temps de réfléchir. Pas le temps de se demander ce qui était logique. Ce qu'ils avaient vu. Ce qu'ils n'avaient pas vu.
Il fallait juste sortir de là.
🌃
Les rues semblaient plus vides que jamais.
Trop calmes. Trop parfaites. Trop... mortes.
Même les sons de la ville paraissaient étouffés. Comme si une couche invisible s'était déposée sur la réalité.
Ashlyn haletait, la main sur le bras de Ben pour se maintenir. Tyler gardait un œil sur Elena qui courait droit devant. Aiden courait en zigzag, plus par stress que par stratégie.
Et Maéline... courait comme si sa vie en dépendait.
Parce que cette fois, elle savait.
Ce n'était plus un jeu. Ce n'était plus une expérience étrange.
Ils étaient ciblés.
Et elle était là.
🧯 Arrivée au poste de police – 00h48
Quand ils déboulèrent dans le petit commissariat de quartier, le silence se brisa d'un coup.
Une policière, derrière son bureau, se leva brusquement en voyant huit ados en pyjama, décoiffés, sales, essoufflés, débarquer comme une meute paniquée.
— « Oh mon dieu. Vous allez bien ? Qu'est-ce qui se passe ?! »
Maéline s'effondra contre le comptoir, incapable de parler. C'est Elena qui prit le relais, avec une voix tremblante, mais nette :
— « Quelqu'un est chez elle. Quelqu'un de dangereux. Il faut envoyer des gens. Tout de suite. »
La policière fronça les sourcils.
— « Chez elle...? »
Tyler ajouta :
— « Elle... Elle a brisé un miroir. Mais elle était dedans. Et on l'a entendue. On a vu... on a vu... »
Il ne termina pas. Il tremblait.
L'officière échangea un regard rapide avec son collègue derrière.
— « Bon, restez ici. Je vais appeler une patrouille. Vous êtes en sécurité maintenant. »
Mais Logan, lui, regardait autour.
Tout était trop calme ici aussi.
Et ce panneau au mur, là-bas, où l'horloge digitale indiquait 00h48...
Elle avait été à 00h48 quand ils avaient quitté la maison.
Il tourna vers les autres :
— « Les gars... est-ce qu'on a VRAIMENT quitté la dimension ? »
Un silence.
Et cette voix, presque imperceptible, qui sembla s'infiltrer par les bouches d'aération :
« C'est vous qui l'avez voulue, cette réalité.
Alors profitez. »
Dans la petite salle d'attente du commissariat, le groupe était enfin assis. Enfin, plus ou moins.
Maéline tournait en rond.
Logan fixait ses mains.
Aiden s'était affalé contre le mur, tête levée vers le plafond.
Ashlyn s'était roulée en boule sur une chaise, les yeux fermés, mais totalement éveillée.
Ben tapait du pied sans s'arrêter.
Elena, les bras croisés, gardait un calme de façade.
Taylor tripotait nerveusement la manche de son pull.
Tyler restait près d'Elena, sans rien dire.
Tout le monde avait l'air cassé. Et personne ne parlait vraiment.
Mais c'est Logan qui brisa le silence.
— « On peut pas juste attendre. On doit faire quelque chose. »
Maéline s'arrêta net.
— « On a essayé de fuir. On a essayé de l'ignorer. On a essayé d'expliquer aux adultes. Et à chaque fois, ça empire. »
Aiden grogna :
— « Donc quoi ? On l'affronte ? Elle est même pas réelle. »
Ashlyn rouvrit les yeux.
— « Elle est peut-être plus réelle que tout ce qu'on a vécu jusqu'ici. »
Un silence. Un poids.
Puis Elena, d'une voix plus basse :
— « On a vu des morceaux de quelque chose. Des épreuves... comme si elle nous testait. Mais elle teste quoi ? Nos faiblesses ? Nos limites ? Notre confiance ? »
Tyler hocha lentement la tête.
— « Et si tout ça, c'était justement pour nous pousser à craquer ? À abandonner ? À céder ? »
Maéline se mordit la lèvre, puis s'avança vers eux, les yeux brillants :
— « On va faire l'inverse.
On va se regrouper.
On va tenir bon.
Et on va lui renvoyer sa propre peur en pleine figure. »
Ben haussa un sourcil.
— « Tu proposes un plan, là ? »
Elle sourit.
— « Exactement. Écoutez bien. »
🧠 Plan de survie – Étape 1 : comprendre
— « D'abord, on doit comprendre les règles.
Elle nous observe. Elle se nourrit de nos peurs, de nos blessures.
Mais aussi... de notre désespoir.
Si on reste soudés, si on reste calmes et qu'on agit ensemble, elle perd du terrain. »
Ashlyn releva la tête, sa voix plus assurée :
— « C'est pour ça qu'elle nous a séparés dans la dimension. Pour briser notre force. »
Maéline hocha la tête :
— « Donc, plus de séparation. Plus jamais. Où qu'on soit, quoi qu'il arrive, on reste ENSEMBLE. »
Tous hochèrent la tête. Même Aiden.
🎭 Étape 2 : brouiller ses repères
Tyler ajouta :
— « Si elle joue avec notre esprit, alors on doit jouer avec le sien. L'empêcher de prévoir nos actions. On improvise. On change les règles. On devient imprévisibles. »
Ben sourit pour la première fois :
— « La jouer à la Aiden, quoi. »
— « Hey ! » protesta l'intéressé.
Taylor s'approcha :
— « On peut aussi utiliser ce qu'on sait. Elle apparaît dans les miroirs, les reflets. Les bruits. Les rêves. On note TOUT. Tout ce qu'on voit. Tout ce qu'on entend. Rien n'est anodin. »
Elena sortit un carnet de sa poche.
— « On commence maintenant. »
🔐 Étape 3 : établir une base
Maéline déclara :
— « Ma chambre est plus sûre. Pas à cause de mes parents, mais parce que je la connais par cœur. Si on la transforme, on la réorganise, on la prépare, elle pourra pas nous piéger là-dedans. Ce sera notre camp. »
— « Comme un QG ? » dit Logan.
— « Exactement. Un lieu qu'on contrôle. »
Ashlyn renchérit :
— « Et si elle nous attaque de nouveau, c'est nous qui déciderons du terrain. »
—
🗝️ Étape 4 : se préparer à l'affronter
Elena ferma le carnet.
— « On va devoir trouver ses failles. Ses véritables intentions. Et là... on sera prêts. »
Tyler ajouta, d'une voix plus grave que d'habitude :
— « Ce soir, on a compris une chose :
elle n'est pas invincible.
Mais on ne pourra pas gagner en restant des ados paumés.
On va devoir devenir plus forts. Ensemble. »
Et là, pour la première fois depuis des heures... ils se regardèrent avec détermination.
Oui, ils avaient peur.
Oui, ils étaient encore tremblants.
Mais ils n'étaient pas seuls.
Et pour la première fois, ils avaient un plan.
Elle s'était éloignée du groupe.
Juste un peu.
Pas assez pour qu'on s'en inquiète.
Mais assez pour enfin craquer.
Le commissariat était plongé dans un silence pesant, seulement rompu par quelques murmures lointains de policiers.
Elle était là, dos au mur froid d'un couloir, les bras croisés sur sa poitrine, le front appuyé contre ses mains tremblantes.
Et les larmes étaient revenues.
Doucement d'abord. Puis tout, d'un coup.
Elle ne pleurait jamais devant les autres.
Jamais.
Mais là...
C'était trop.
Le plan, c'était bien.
Les autres, elle les aimait.
Mais une question tournait dans sa tête, comme un poison silencieux :
Et moi ? Je vais où, maintenant ?
Sa maison n'était plus un refuge.
Ses parents ? Ils étaient revenus... mais ils n'étaient plus des parents. Pas vraiment.
Elle ne savait même pas s'ils l'avaient toujours été. Ou s'ils avaient toujours joué un rôle, comme des marionnettes.
Et même dans le groupe...
Elle sentait ce regard. Cette tension.
Ils l'aimaient, oui.
Mais ils la craignaient aussi.
Comme si, à tout moment, elle allait exploser. Ou trahir. Ou disparaître.
Ses épaules tremblaient. Elle mordit sa manche pour ne pas faire de bruit.
Je suis censée être forte. Je suis censée guider.
Mais là... là j'ai juste envie de disparaître.
Puis une autre pensée, plus sombre, plus brutale :
Est-ce que j'ai encore une place ici ?
Elle pensa à Elena.
À leurs silences partagés, leurs révoltes communes, leurs peurs tues.
Elle pensa à Ashlyn, toujours si stable... et pourtant en train de s'effondrer à petit feu.
À Logan, qui la regardait autrement ces derniers jours.
À Tyler, si silencieux.
À Aiden, fidèle malgré ses bêtises.
À tous.
Et elle se demanda... si elle les perdait aussi,
qu'est-ce qui resterait d'elle ?
Ses genoux cédèrent. Elle s'assit au sol, les bras autour des jambes.
Elle voulait hurler.
Dormir.
S'enfuir.
Revenir en arrière.
Mais surtout, elle voulait juste... un endroit. À elle. Un vrai. Pas une façade. Pas un mensonge.
Quelqu'un s'approcha. Des pas légers.
C'était Ashlyn.
Elle ne dit rien.
Elle ne fit que s'asseoir près d'elle, et poser doucement sa tête contre son épaule.
Maéline pleura un peu plus.
Mais cette fois, ce n'était pas que de la douleur. C'était aussi... un peu de soulagement.
Je vais où maintenant ?
Peut-être ici.
Avec elles.
Avec eux.
Peut-être que ça peut encore suffire.
Pov de Logan
Il la regardait de loin.
Maéline.
Assise contre ce mur, recroquevillée sur elle-même.
Et il avait senti quelque chose se tordre dans sa poitrine.
Pas de la pitié. Pas vraiment.
C'était autre chose. Quelque chose de plus... profond. De plus intime.
Elle était forte. Trop forte. Toujours.
Le genre de fille qui sourit quand elle brûle de l'intérieur, qui organise des pyjamas de l'enfer tout en gardant ses cauchemars pour elle.
Et lui...
Lui, il la voyait. Un peu plus à chaque fois. Comme si chaque fissure dans sa carapace le laissait entrer, doucement.
"T'as pas le droit de pleurer comme ça quand j'suis là."
Il ne l'avait pas dit.
Mais il le pensait si fort que ça lui faisait mal.
Il n'était pas censé s'attacher autant.
Pas à elle.
Pas maintenant.
Mais chaque regard fuyant, chaque rire qu'elle lâchait quand elle était mal, chaque moment où elle détournait les yeux au lieu de parler... ça l'aspirait.
Il aurait voulu aller la voir.
S'asseoir à côté d'elle, comme Ashlyn venait de le faire.
Mais quelque chose l'en empêchait.
La peur ?
La culpabilité ?
Ou peut-être ce foutu truc dans sa poitrine qui tambourinait un peu trop fort quand elle était dans les parages.
Et puis, il avait ses propres ombres à gérer.
Il repensa à ce qu'il avait vécu dans la dimension Phantom.
Cette pièce vide.
Ces voix.
Ces murmures dans le silence.
Elles savaient tout.
Elles l'avaient déshabillé mentalement. Arraché ce qu'il cachait au fond de lui.
Sa peur d'être inutile.
Son besoin maladif de contrôler les choses, parce qu'il n'arrivait pas à contrôler lui-même.
Son impression de ne jamais être à la hauteur... surtout face à elle.
"Je te regarde et je me demande si j'ai une chance.
Pas de te plaire.
Juste... d'exister pour toi."
Il se frotta les yeux, discrètement.
Il était fatigué.
Brisé.
Mais étrangement plus lucide qu'avant.
Quelqu'un le bouscula légèrement en passant — Tyler, perdu dans ses pensées.
Elena jetait des regards inquiets vers Maéline, elle aussi.
Logan vit tous les morceaux du groupe, éparpillés dans cette salle trop blanche.
Et il comprit.
Ils étaient tous brisés.
À leur manière.
Mais ils étaient encore là.
"Je te jure, Maéline... même si t'y crois pas, on est là. Je suis là."
Il finit par s'asseoir au sol, de l'autre côté de la pièce. Pas près d'elle. Pas encore.
Mais pas loin non plus.
Et ça, c'était déjà un début.
Pov d'ashlyn
Elle avait toujours cru que garder la tête froide, c'était ce qui les sauverait.
Qu'elle devait être le roc. Celle qui ne vacille pas, même quand tout explose.
Mais là, maintenant... elle tremblait.
Ses mains étaient posées sur ses genoux, ses doigts entrelacés si fort que ses jointures étaient blanches. Elle avait l'impression que son cœur cognait contre sa cage thoracique comme un oiseau paniqué.
Ce qu'elle avait vu. Ce qu'elle avait entendu.
Deux silhouettes.
Une voix glaciale.
Et une autre, plus... lourde. Plus menaçante encore.
"Alors, tu penses qu'ils sont prêts ?"
"Ils sont brisés. Ils le seront. Et elle aussi."
Elle avait reconnu cette voix.
Celle de "Père", du moins... c'est ce qu'elle pensait.
Pas exactement. C'était plus une intuition viscérale.
Et l'autre voix... La "Patronne". Celle qui semblait tout orchestrer depuis les coulisses.
Ashlyn avait senti le sol se dérober sous elle.
Le monde avait chaviré.
Et elle s'était effondrée.
"J'ai failli... Je les ai presque perdus."
Elle leva les yeux. Maéline était en train de pleurer, cachée contre le mur, soutenue par Elena.
Logan était assis plus loin, en silence, le regard posé sur elle avec une douceur qu'elle n'avait encore jamais vue dans ses yeux.
Aiden tournait en rond comme un lion en cage.
Ben fixait le sol, livide.
Tyler observait Elena en silence, et Elena tenait Maéline sans rien dire, les yeux brillants de fatigue et d'émotion.
Ils étaient tous là.
Tous revenus.
Mais... ils avaient changé.
Quelque chose s'était brisé.
Elle avait envie de crier. De dire que ce n'était pas juste. Qu'ils avaient déjà vécu assez d'horreurs, qu'ils méritaient la paix.
Mais aucun son ne sortait.
"Pourquoi moi ? Pourquoi cette vision ? Pourquoi maintenant ?"
Elle ne comprenait pas pourquoi la "Patronne" l'avait laissée entendre cette conversation. Était-ce un avertissement ? Une manipulation ? Un test ?
Elle se leva, vacilla, mais tint bon.
Elle marcha lentement vers le groupe, ses jambes lourdes comme du plomb.
Quand elle s'arrêta à leur hauteur, tous les regards se tournèrent vers elle.
— J'ai entendu quelque chose, dit-elle d'une voix faible. Quand j'étais inconsciente. Deux personnes. Une femme... et un homme. Elle l'appelait "Père". Mais... elle était au-dessus de lui. Elle lui donnait des ordres. Et ils parlaient de nous.
Un frisson parcourut l'assemblée.
Ashlyn respira profondément, et ajouta :
— Je crois... que ce qu'on a vécu, là-bas, c'était voulu. Que c'était fait pour nous briser. Mais on est revenus. On est ensemble. Alors maintenant... on doit réfléchir. Se battre. Et plus jamais... leur laisser l'occasion de nous séparer.
Elle n'avait pas crié.
Elle n'avait pas pleuré.
Mais ses yeux, eux, étaient remplis de flammes.
Et cette fois, pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait plus seule.
Le groupe était toujours là, assis dans la salle d'attente exiguë du commissariat, les épaules collées, les jambes enroulées sous eux, certains encore tremblants du froid de la nuit. L'air sentait le vieux café et les papiers mal rangés. Il était tard. Ou tôt. Personne ne savait plus vraiment.
Ashlyn tournait nerveusement une mèche de cheveux entre ses doigts, Logan tapait du pied contre le sol sans s'en rendre compte, et Maéline, recroquevillée entre Elena et Tyler, n'avait pas dit un mot depuis qu'ils étaient arrivés.
Le silence avait laissé place à des murmures hésitants. Elena, posée mais épuisée, lançait des idées à voix basse :
— "On peut pas rester ici éternellement. Il va bien falloir que quelqu'un nous dise quoi faire..."
Aiden, affalé sur la chaise d'à côté, leva les yeux au plafond.
— "J'peux dormir ici, perso. C'est pas le pire endroit où j'ai squatté."
Tyler ne réagit même pas. Il regardait Maéline, inquiet. Elle était là, physiquement, mais son regard restait figé dans le vide. Un truc clochait. Elle était brisée d'une manière que personne ne savait comment réparer.
Et puis, une porte s'ouvrit. Le claquement sec résonna comme une alerte. Un policier s'avança dans la pièce. Il était grand, les traits tirés, les yeux fatigués, mais son ton était direct.
— "Suivez-moi, tous les huit."
Ils échangèrent un regard, puis se levèrent sans protester. Trop fatigués pour contester. Trop perdus pour refuser.
Explications et révélations
Ils furent guidés dans une petite salle de réunion. Rien d'extraordinaire. Une table, des chaises, des murs gris. Mais au moins, c'était calme. Le policier ferma la porte derrière eux, puis croisa les bras.
— "On sait que ce que vous vivez dépasse ce que des jeunes de votre âge devraient affronter." Il marqua une pause. "Votre témoignage est déroutant. On ne comprend pas tout, mais... vous semblez dire la vérité. Et ce que vous décrivez, aussi irréel que ça paraisse, concorde avec certains éléments que nous avons observés."
Un frisson parcourut le groupe. Il les croyait ? Enfin ?
— "Ce qui est sûr, c'est que vous avez été en danger. Et cette maison, celle de Maéline..." Il regarda la jeune fille, qui leva à peine les yeux. "...ne peut plus être considérée comme un lieu sûr."
Un silence épais tomba.
Puis le policier reprit, plus doucement cette fois :
— "Il va falloir qu'on vous place temporairement dans un environnement sécurisé. Et on va commencer par une question simple..."
Son regard se posa sur les autres membres du groupe.
— "Est-ce que l'un de vous aurait la possibilité d'héberger Maéline pour quelques jours, le temps qu'on clarifie la situation avec ses parents ? Elle ne peut pas rentrer chez elle pour l'instant je vais appelez vos parents pour savoir et venir vous récupérer ."
Après plusieurs discussions avec les services sociaux, après les questions, les papiers, les regards fatigués des adultes... une décision tomba.
Le policier revint dans la salle d'attente, où le groupe était affalé dans un silence presque apaisé, comme si leur simple présence les réconfortait les uns les autres.
Il s'approcha de Maéline et déclara simplement :
— "Tu vas pouvoir rester chez Logan. Ses parents ont accepté, et ils vont passer te chercher avec lui dans quelques minutes. C'est juste pour quelques jours, mais... tu y seras en sécurité."
Maéline releva la tête lentement. Elle avait pleuré, discrètement, sans bruit, pendant que tout le monde discutait. Pas parce qu'elle avait peur, mais parce que l'incertitude lui faisait mal. Et maintenant, ce simple mot — sécurité — sonnait presque comme une utopie.
Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de murmurer :
— "Merci..."
Logan, surpris mais étrangement serein, hocha la tête doucement.
— "T'inquiète. Mes parents t'aiment bien. Et j'ai déjà caché des chats errants plus longtemps que ça."
Il lui lança un petit sourire. Un truc à moitié sérieux, à moitié tendre. Maéline esquissa un sourire timide. Elle n'avait pas la force de répondre, mais dans son regard, il y avait de la gratitude. De la vraie.
Le trajet du silence
Quand les parents de Logan arrivèrent, le groupe les salua à peine. Trop fatigués. Trop vidés. Ils se contentèrent de serrer Maéline dans leurs bras, un par un, sans besoin de mot. Juste des regards. Des gestes.
Ashlyn fut la dernière à la prendre dans ses bras.
— "Si y'a quoi que ce soit, tu m'envoies un message, direct."
Maéline hocha la tête.
— "Promis."
Puis elle monta dans la voiture avec Logan, en silence.
Le trajet jusqu'à chez lui fut court, mais pas désagréable. Le ciel était encore noir, la ville dormait, et la banquette arrière semblait presque confortable après toutes les heures passées sur des chaises en plastique. Logan restait à côté d'elle, silencieux. Il ne parlait pas beaucoup, mais il lançait parfois des petits regards sur elle, juste pour vérifier qu'elle respirait encore.
Et c'était suffisant.
Chez Logan
Quand ils arrivèrent, la maison était plongée dans une semi-obscurité rassurante. Les parents de Logan étaient discrets, doux. Sa mère posa juste une main sur l'épaule de Maéline et lui dit :
— "Installe-toi. Si t'as besoin de quoi que ce soit, frappe à notre porte, même en pleine nuit."
Puis ils montèrent à l'étage, laissant les deux ados seuls dans le salon.
Logan l'aida à poser son sac, sortit un matelas qu'il installa dans sa chambre à lui — il n'y avait pas de chambre d'amis libre — puis se gratta la nuque en lançant :
— "C'est pas le grand luxe, mais... t'auras ton espace."
Maéline, debout au milieu de la pièce, observa un instant les murs, les posters, les objets un peu en désordre. Et puis elle le fixa droit dans les yeux.
— "Merci, Logan. Vraiment."
Il haussa les épaules, mal à l'aise.
— "Tu ferais pareil pour moi."
Silence.
Puis, sans prévenir, Maéline s'assit doucement sur le matelas, ramena ses genoux contre elle, et resta là, les yeux dans le vide.
— "J'ai l'impression d'avoir plus de maison, en fait..." souffla-t-elle.
Logan s'accroupit à côté d'elle.
— "T'en as une ici. Tant que t'as besoin."
Il se releva, éteignit la lumière, et s'allongea dans son lit, de l'autre côté de la pièce. La nuit reprit sa place dans le silence.
Et pour la première fois depuis longtemps... Maéline sentit quelque chose d'inattendu.
Un peu de paix.
FINI (PAS L'HISTOIRE )LE CHAPITRE 😭 (Suis-je la seule a pleurer)
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Fait par Maéline