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MaelineElena
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Le retour des parents de Maéline


Un rire explosa dans la pièce, suivi d'un cri étranglé — Ben venait de se prendre un rouleau de papier cadeau en pleine figure. Le chaos régnait. Ciseaux égarés, rubans dans les cheveux, et Logan qui tentait vainement de sauver un paquet qu'Aiden avait... personnalisé avec du scotch de chantier.

Maéline avait un petit sourire au coin des lèvres, accroupie près du sapin, ses doigts glissant sur un ruban satiné doré. Le bruit dans la pièce devenait un fond flou, presque apaisant.

Puis, le téléphone vibra. Une fois. Deux fois.

Elle hésita. L'écran montrait "Hôpital Sainte-Rémie".

— « Attendez... » murmura-t-elle, déjà debout.

Un silence relatif tomba sur la pièce, comme si chacun avait compris que ce n'était pas un appel anodin.

— « Allô ? » souffla Maéline en s'éloignant un peu.

De l'autre côté du fil, une voix douce, professionnelle.

— « Bonjour. Je vous appelle pour vous informer que vos parents... ils se sont réveillés ce matin. Tous les deux. »

Un frisson. Une pression dans sa poitrine.

— « Quoi ?... Vous êtes sûre ? »

Elle n'arrivait pas à y croire. Ses jambes tremblaient un peu.

— « Ils sont encore un peu faibles, mais ils vont bien. Et... ce sont bien eux, cette fois. Nous avons vérifié tout ce qu'il fallait. »

Maéline se laissa tomber sur une chaise, la gorge nouée, les yeux brillants. Une vraie émotion, pure, brute, difficile à contenir.

— « Merci... merci. »

Elle raccrocha doucement, le téléphone tremblant entre ses doigts. Les autres l'avaient vue. Personne n'osait parler. Puis Elena s'approcha, les sourcils froncés.

— « C'est eux ?... Les vrais ? »

Un hochement de tête, silencieux, presque irréel. Et là, tout le monde se leva, s'approcha, l'entoura.

Un câlin collectif s'imposa. Maéline se perdit un instant dans cette chaleur, ce soulagement étrange qui lui serrait encore un peu la gorge.

Mais très vite, elle demanda un peu de temps seule. Une heure, juste une, avant d'aller à l'hôpital. Elle devait vérifier quelque chose.

Et sans donner plus d'explication, elle enfila son manteau, attrapa son carnet de notes et fila à la bibliothèque.

Elle devait en avoir le cœur net. Elle ne comprenait pas encore tout, mais l'éveil du Cœur du Jeu... ça s'était approché d'elle, trop près. Et maintenant que ses vrais parents étaient de retour — maintenant qu'elle n'avait plus à douter de ce qu'elle ressentait — elle allait chercher. Comprendre. Trouver des réponses avant que la Patronne ne frappe à nouveau.

Elle avait dit qu'elle voulait du temps seule. Mais ses jambes la menaient déjà ailleurs.

Son téléphone toujours serré contre elle, elle s'arrêta un instant dans le couloir, face à la porte d'entrée. Sa main serrait la poignée, un peu trop fort. C'était maintenant ou jamais. Elle inspira. Une grande bouffée. L'air frais lui gifla le visage dès qu'elle ouvrit.

Elle marcha vite. Sans se retourner.

Les rues défilaient dans une sorte de flou nerveux. Elle n'entendait plus rien, que le battement sourd de son cœur. Comme si elle craignait encore un piège, une illusion, un nouveau tour de la Patronne. Mais non. Cette fois, c'était vrai. Ils étaient là. Vivants. Réveillés.

Et elle allait les voir.

L'hôpital était presque calme, étrangement silencieux. L'odeur lui piqua un peu le nez, mais elle n'y prêta pas attention. Elle se dirigea droit vers l'accueil, où l'infirmière releva les yeux avec un petit sourire.

— « Bonjour. Chambre 302. Ils vous attendent. »

Ces mots... Ils résonnèrent en elle comme une cloche au fond d'une cathédrale vide.

Elle ne répondit rien, se contentant d'avancer. Étape après étape. Couloir après couloir.

Puis elle s'arrêta. Devant la porte.

Ses doigts tremblaient en se posant sur la poignée. Cette porte... elle lui faisait peur. Elle l'avait déjà franchie, une fois. Et c'était un piège. Une illusion cruelle. Une embuscade. Mais cette fois, quelque chose était différent. Il n'y avait pas cette odeur de mensonge. Pas ce froid étrange dans l'air. Juste... une attente. Une chaleur retenue.

Elle poussa doucement.

Et là, elle les vit.

Sa mère, pâle mais éveillée, assise dans le lit. Son père, à côté d'elle, les yeux encore cernés mais ouverts. Vivants. Présents. Réels.

— « Maéline... » souffla sa mère, la voix un peu rauque.

Elle ne bougea pas. Juste... figée.

Puis ses jambes flanchèrent.

Elle courut, traversa la pièce et se jeta dans leurs bras. Un mélange de rires nerveux et de sanglots s'échappa d'elle. Elle n'avait plus de mots. Juste le contact de leurs bras autour d'elle. Leurs voix qui murmuraient son prénom. Leurs mains qui la tenaient comme si eux aussi n'y croyaient pas encore.

Elle resta là longtemps. Longtemps.

À respirer. À pleurer un peu. À ne plus penser à rien d'autre que ça.

Ils étaient là.

Les vrais.

Enfin.

— « Vous êtes là... » souffla-t-elle, blottie contre eux, incapable de relâcher leur étreinte.

Elle sentait le tissu de la blouse de sa mère sous ses doigts, la chaleur du bras de son père contre son dos. Elle aurait voulu s'y fondre, s'y accrocher pour toujours, pour effacer ces mois de peur, de doutes, d'absences. Pour faire comme si elle n'avait jamais douté, comme si elle n'avait jamais cru les avoir perdus.

Sa mère caressait doucement ses cheveux, comme quand elle était petite.

— « On est là, ma chérie. On est là... »

La voix tremblait. Elle aussi pleurait.

— « On savait pas... On savait pas si on te reverrait un jour. »

Maéline releva un peu la tête. Les yeux rouges, les joues mouillées, mais un sourire timide sur les lèvres.

— « Moi non plus. »

Son père s'écarta juste assez pour lui prendre le visage entre les mains. Il la regarda longuement, les yeux brillants, comme s'il essayait de graver chaque détail de son visage dans sa mémoire.

— « T'as grandi. »

Elle rit un peu, un son maladroit mais sincère.

— « C'est ce que les gens font quand vous dormez six mois. »

Ils sourirent tous les trois, un peu perdus dans ce mélange étrange de tristesse, de soulagement, et d'amour brut.

— « On nous a dit que t'étais restée là, tous les jours. » murmura sa mère. « Que t'étais forte. »

Maéline baissa les yeux.

— « J'ai pas toujours été forte. »

Elle pensa à toutes les nuits passées à pleurer en silence. À ses cauchemars. À la Patronne. À la peur de ne plus jamais les revoir. Et puis à Ben. À Elena. À Logan. À tout le monde. À ce qu'ils avaient vécu, ensemble.

— « Mais j'ai jamais arrêté de croire que vous étiez encore là. Quelque part. »

Son père passa une main sur son front, le geste maladroit mais plein de tendresse.

— « On est fiers de toi, tu sais ? »

Elle serra un peu plus leurs mains.

— « Moi, je veux juste que vous rentriez. Que tout redevienne comme avant. »

Ils échangèrent un regard, hésitant.

Et sa mère dit, doucement :

— « On fera de notre mieux. »

Le silence retomba, doux. Le genre de silence qu'on accepte, qu'on respire. Pas celui qui fait peur.

Maéline s'assit entre eux, leurs mains dans les siennes, les yeux fixés sur la fenêtre. Le soleil commençait à décliner lentement, comme une promesse que le jour finirait mieux qu'il avait commencé.

— « Vous m'avez manqué. » souffla-t-elle une dernière fois.

Et ils lui répondirent tous les deux en même temps, sans se concerter :

— « Toi aussi. »

 POV Maéline 

 Je suis sortie sans vraiment m'en rendre compte.

Les couloirs étaient toujours les mêmes, blancs, silencieux, un peu trop calmes pour quelqu'un qui avait le cœur en feu. Chaque pas résonnait dans ma tête comme s'il avait été trop lourd, trop réel, comme si mon corps n'avait pas encore rattrapé mon cœur.

Ils étaient vivants.
Pas un rêve. Pas une illusion.
Vivants.

Mais alors pourquoi j'avais ce goût étrange dans la bouche, comme un arrière-goût de peur ancienne qui refusait de partir ?

Je ne pleurais plus. Je crois que je ne pouvais plus. Comme si toutes mes larmes étaient restées là-bas, dans cette chambre, mêlées à leur souffle, à leurs mains autour de moi. J'aurais pu rester des heures entre eux. Mais il fallait que je parte. Je ne savais pas pourquoi. Un besoin, une urgence, comme si quelque chose m'appelait ailleurs.

Le Cœur du Jeu.

Ce nom flottait dans ma tête depuis des jours. Des semaines peut-être. Je savais qu'il était lié à tout ça. À la Patronne. À ce qu'elle avait fait. Et à moi, Elena , Ben.

Je me sentais comme un nœud serré au centre de quelque chose de plus grand. Un fil que quelqu'un tirait sans que je voie sa main.

J'ai marché jusqu'à la sortie de l'hôpital. L'air du dehors m'a frappée comme une gifle douce, presque rassurante. Le ciel s'épaississait, nuage par nuage. L'hiver déposait ses doigts froids contre mes joues.

Je savais où aller.

La bibliothèque.

La bibliothèque semblait engloutir tous les bruits autour de moi. Les pages du vieux livre s'étaient repliées sous mes doigts, les mots gravés dans l'encre noire dansaient devant mes yeux. J'avais l'impression d'être seule au monde, dans cette pièce silencieuse où l'air portait une lourde odeur de vieux papier et de poussière.

Le cœur battait fort contre ma poitrine. Le Cœur du Jeu... c'était moi. C'était moi, tout du long. Le secret que je cherchais, les indices que je suivais comme un fil fragile... tout cela m'avait menée ici, à la vérité.

Je relisais les mots encore et encore, comme si je pouvais les assimiler une nouvelle fois, espérant que tout ça ne soit qu'une erreur. Mais je savais au fond que ce n'était pas le cas. L'étrange sensation qui m'avait traversée lors de l'éveil des Phantoms, les fragments de mémoire qui n'avaient cessé de se mêler... tout cela prenait un sens. Il n'y avait pas deux fragments. Il n'y avait pas d'autre héritier du Cœur.

Le Cœur du Jeu... c'était une âme, un pouvoir. Un pouvoir que je portais sans même le savoir.

Le livre, ouvert devant moi, semblait me narguer. Je pouvais presque entendre la voix de la Patronne, se moquer de moi. Elle savait. Elle savait tout avant même que je ne l'apprenne. Tout ça faisait partie du jeu qu'elle avait si minutieusement orchestré. Un jeu qui m'échappait. Un piège qui se refermait.

J'ai serré les dents. "Quand tu sauras, Maéline, il sera trop tard pour revenir en arrière." Cette note griffonnée dans la marge. C'était elle, sans doute. La Patronne. Elle savait exactement où me mener. Elle savait que ce moment arriverait. J'étais le pion, et elle tirait les ficelles.

Je me levai brusquement, sentant une chaleur désagréable envahir mon corps. La pièce tournait autour de moi, le poids de cette vérité écrasant. Tout devenait plus lourd. Le monde autour de moi semblait se réduire à un simple écho de cette découverte.

Je fermai le livre avec un bruit sec, comme pour échapper à cette vérité qui m'attaquait de toutes parts. Mais elle ne me quitterait pas. Elle ne m'abandonnerait pas.

Le Cœur du Jeu, c'était moi. Et si je laissais ce pouvoir se manifester, tout pourrait basculer. Tout ce que j'avais connu, tout ce que je pensais vrai, pourrait s'effondrer.

Je restai un instant immobile, les mains tremblantes, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Je n'avais plus le choix. Je devais comprendre, je devais être prête. La Patronne allait bientôt se manifester. Elle savait que je savais maintenant.

Et ce jour-là, tout changerait.

Je ne pouvais pas m'arrêter là. La vérité, si proche, m'appelait encore. La lumière du lampadaire qui filtrait à travers la fenêtre de la bibliothèque me guidait, et mes yeux se fixaient avec insistance sur chaque mot, chaque phrase écrite sur ces pages jaunit par le temps. Je devais tout comprendre, tout savoir.

Les pages suivantes étaient plus dense, pleines de symboles que je n'avais jamais vus auparavant. Des formes étranges, presque comme des portes, des miroirs cassés entrelacés de filaments lumineux. C'était... déroutant. Mais j'avais l'impression que quelque chose se mettait en place.

Les mots prenaient une nouvelle dimension alors que je me plongeais dans le texte :

"Le Monde Miroir et la Dimension Phantom ne sont qu'un. Un monde parallèle où tout ce qui est réel s'inverse. Là-bas, les lois du temps et de l'espace sont tordues, déformées. Mais ceux qui sont liés au Cœur peuvent passer entre les deux, comme des ombres mouvantes. Ils portent avec eux le pouvoir de réécrire les règles."

Je respirai profondément, l'angoisse me rendant presque fébrile. C'était exactement ce que j'avais vécu, ce que nous avions vécu... Elena, Ben, Taylor, Tyler, Aiden, Ashlyn, Logan et moi. Nous allions dans ce monde sans même savoir pourquoi, presque chaque nuit, à chaque fois que le crépuscule tombait. Nos rêves étaient des portes ouvertes, des passages vers quelque chose de plus grand, de plus terrifiant.

Je n'avais pas compris, mais tout devenait soudainement plus clair. Le Cœur du Jeu, le pouvoir qu'il renfermait, n'était pas un simple artefact. C'était la clé. Le lien qui permettait d'ouvrir cette dimension, d'y pénétrer... et, pire encore, d'en ramener quelque chose. Peut-être pas tout de suite, mais un jour, tout cela se manifesterait. Le Cœur pourrait fusionner le Monde Miroir et la réalité.

Je me souvenais de ces nuits où, sans savoir pourquoi, nous étions attirés là-bas. Nous nous retrouvions tous dans des lieux qu'on connaissait, mais déformés, comme des copies détraquées. Les visages de mes amis se reflétaient dans des miroirs brisés. Nous nous sentions observés, comme si quelqu'un, ou quelque chose, attendait que nous franchissions une ligne invisible. Chaque nuit, c'était le même sentiment : l'inquiétude d'être suivi, de ne pas savoir où nous allions.

Et plus étrange encore : plus le temps passait, plus nous étions attirés vers ce monde. Plus la dimension Phantom et le Monde Miroir se déformaient. C'était devenu une habitude, presque une nécessité. Nous y allions, comme des rituels, comme si une partie de nous n'arrivait plus à vivre sans cette sensation d'être là-bas. Était-ce l'appel du Cœur ? Le pouvoir qui l'habite, appelant ceux qui en sont liés ?

"Les porteurs du Cœur ne peuvent échapper à leur destinée. Ils devront traverser le Miroir, affronter les épreuves du Phantom, et peut-être, s'ils réussissent, restaurer l'équilibre... ou le détruire pour toujours."

Mon regard se posa sur ces dernières lignes, écrites avec une telle urgence qu'on aurait cru que l'auteur avait pressenti la fin imminente. Qu'allait-il se passer si nous échouions ? Si cette fusion entre les mondes avait déjà commencé sans que nous le sachions ? Je frissonnai.

Le livre était un avertissement, une prophétie.

Je levai les yeux et regardai la bibliothèque autour de moi, comme si elle était soudainement devenue un piège. Les étagères, les étagères infinies de savoir, le silence... tout semblait tellement silencieux et immobile. J'étais seule. Je n'avais plus de doute : ce Cœur était en moi. Il avait été en moi depuis le début. Il avait éveillé la dimension Phantom, et à chaque nuit, il m'appelait, m'appelait avec mes amis.

Et à chaque fois que nous traversions ce Miroir, c'était pour nous préparer à ce qui viendrait. Si nous continuions à aller là-bas, si nous continuions à répondre à cet appel... tout pourrait basculer.

Je me sentis soudainement comme un pion. Un pion dans un jeu dont les règles m'étaient encore inconnues, mais que j'avais déjà commencé à jouer.

Le Cœur du Jeu, cette force mystérieuse... il était en moi, et je savais maintenant que tout était lié. Si le Cœur s'éveillait en moi, ce serait la clé pour tout changer. Mais pour quel prix ?

Les pages du livre se tournèrent sous mes doigts. La question était : étions-nous prêts à affronter ce qui allait suivre ? Et étions-nous prêts à nous sacrifier pour empêcher la fusion des deux mondes, ou... à la provoquer ?

Je tournai une nouvelle page, absorbée par les informations qui se dévoilaient peu à peu. Le livre semblait m'appeler, comme si chaque mot écrit là avait été fait pour moi. Mais soudain, quelque chose attira mon attention. Un léger bruit, comme un souffle presque imperceptible, à peine plus fort qu'un murmure dans l'air stagnant de la bibliothèque. Je levai les yeux.

Rien.

Je me dis que c'était probablement une illusion, mon esprit trop fatigué par la lecture. Je continuai, les yeux scrutant les lignes sans trop y penser. Mais le bruit persista. Un frôlement léger, un souffle, puis une ombre se déplaça furtivement dans le coin de ma vision périphérique.

Je tressaillis, mon cœur battant soudainement plus fort. Je ne savais pas si c'était la fatigue ou autre chose, mais je n'étais plus seule. Je pouvais sentir cette présence, discrète, presque imperceptible, mais indéniable.

Je fis une pause, les doigts figés sur le livre. Les yeux scrutant la pièce, je cherchais d'où cela pouvait venir. Les étagères, les rangées de livres, toutes si proches et si silencieuses, comme si elles cachaient quelque chose. Je n'avais jamais eu cette impression avant. Comme si l'atmosphère elle-même s'était alourdie.

Je jetai un coup d'œil derrière moi, mais il n'y avait rien, juste l'étagère qui bloquait la vue de l'arrière de la pièce. Pourtant, l'ombre persistait. C'était comme une forme floue, mouvante, qui ne cessait de me suivre sans que je puisse vraiment l'identifier. Elle restait à la périphérie de ma vision, comme un reflet de quelque chose que je n'avais pas le droit de voir.

Une pensée me traversa l'esprit, et mon cœur se serra. Était-ce... l'appel du Cœur du Jeu ? Ou bien la Patronne qui me suivait de loin, prête à me manipuler une fois de plus ? Les deux mondes se mêlaient parfois dans un tourbillon d'illusions et de réalité. Je ne savais plus où m'arrêter.

Je me levai précipitamment, une impulsion irrationnelle me poussant à quitter la bibliothèque. Mais, avant même que je puisse faire un pas, l'ombre bougea. Elle se déplaça plus rapidement que je ne l'aurais cru possible, glissant silencieusement à travers l'obscurité des étagères, comme un spectre.

Je ne pouvais plus ignorer cela. J'avais déjà vécu trop de choses étranges, trop d'événements inexpliqués pour croire que ce n'était qu'une coïncidence. L'ombre n'était pas une simple hallucination. Elle avait une forme, une intention.

Je me tournai brusquement, cherchant la source. Et là, dans un coin, je vis un reflet. Juste derrière moi, dans un miroir ancien qui trônait sur une étagère poussiéreuse. Un visage... ou plutôt, une silhouette qui se mouvait à peine, presque floue, comme une extension de l'ombre elle-même.

Je reculai d'un pas, mais ma respiration se coupa net. Ce n'était pas moi que l'ombre suivait. Elle semblait être attachée à quelque chose d'encore plus profond. À moi, oui, mais aussi à ce que j'étais devenue depuis que le Cœur du Jeu s'était éveillé. Une énergie invisible qui flottait dans l'air, quelque chose qui grandissait en moi.

Et soudain, je compris. La silhouette dans le miroir... n'était pas une illusion. C'était un écho, une fracture. Peut-être que ce n'était pas moi qui étais suivie, mais bien le Cœur qui avait laissé derrière lui une empreinte dans le monde des ombres.

Je ne pouvais plus reculer. Je devais savoir ce que c'était, ce qu'elle voulait. J'avançais d'un pas hésitant vers le miroir, mon reflet se déformant dans la vitre, comme si la frontière entre les mondes était devenue encore plus fine.

Et puis, dans le silence de la bibliothèque, la voix qui m'avait hantée toute la nuit résonna à nouveau. Doucement, d'abord, comme un murmure lointain.

"Viens..."

La voix semblait provenir du miroir, de l'ombre qui m'accompagnait. Elle n'était pas un simple écho, mais une invitation, un appel. Le Cœur du Jeu m'attendait peut-être, ou peut-être que ce n'était pas seulement le Cœur que je devais affronter.

Je m'approchai encore, incertaine, mais poussée par une force que je n'arrivais pas à comprendre. L'ombre grandissait autour de moi, enveloppante. Je n'étais plus seule dans cette bibliothèque. Il y avait quelque chose d'autre... quelque chose qui m'observait.

Je n'avais plus de temps pour réfléchir. L'ombre se rapprochait, effleurant la lumière, grandissant dans les ténèbres comme une présence écrasante. Un frisson glacé parcourut mon dos. Ma tête était pleine de bruits confus, mais une pensée claire traversa mon esprit : fuir.

Sans réfléchir, je tournai les talons et courus, aussi vite que mes jambes pouvaient me porter. Le bruit de mes pas résonnait dans le silence oppressant de la bibliothèque. Les étagères défilaient autour de moi, comme des murs fermés qui semblaient me piéger à chaque instant. Mais je n'avais pas le temps de m'arrêter, de respirer.

Je jetai un regard par-dessus mon épaule, espérant apercevoir une silhouette, un mouvement qui me permettrait de comprendre ce qui me poursuivait. Mais il n'y avait rien. Rien d'autre que l'obscurité, l'atmosphère oppressante. L'ombre avait disparu, mais je savais qu'elle n'était pas loin, toujours présente, prête à surgir de l'ombre ou de l'air.

Une sensation de froid glacial m'envahit alors, comme si l'ombre avait envahi mes poumons, luttant pour m'étouffer. Je pressai mes bras contre ma poitrine, serrant les dents pour ne pas crier. Fuir. Fuir, fuir, fuir.

Je bousculai une pile de livres sur mon passage, mais cela ne fit qu'augmenter l'écho de mes pas dans la pièce. Un son bruyant, désordonné, qui semblait déchirer le silence. Mais l'ombre... elle était encore là. Je pouvais la sentir. Elle m'observait, quelque part, se déplaçant silencieusement, prête à m'atteindre au moindre faux pas.

J'atteignis enfin la porte de sortie, presque en désespoir de cause. J'y frappai de mes mains tremblantes, la secouant furieusement pour l'ouvrir, mais elle semblait figée. Bloquée. Non, non, non !

Un cri de frustration m'échappa alors que je me jetai contre la porte, hurlant dans un élan de panique. Mais rien. La porte ne bougeait pas. Il fallait que je trouve une issue, que je m'échappe. Où que ce soit. Tant que ce n'était pas ici, dans cette bibliothèque emplie de secrets trop lourds pour être portés.

Et c'est à ce moment-là que je vis. Dans le reflet d'une fenêtre, tout au fond de la pièce, un mouvement. Une ombre noire, se faufilant entre les étagères, se dirigeant dans ma direction. Plus proche. Si proche. Si proche que je pouvais presque la toucher.

Dans un dernier effort désespéré, je fis un pas de plus. Je me tournai brusquement vers la fenêtre, l'ouvrant sans même réfléchir, brisant l'air de mes mains tremblantes. Et je sautai.

La chute fut rapide. Trop rapide. Mais une fois dehors, l'air frais m'enveloppa immédiatement, me giflant le visage, me faisant enfin respirer, me libérant de l'atmosphère suffocante de la bibliothèque.

Je courus sans m'arrêter. Les rues étaient vides, noires, une étendue déserte sous le ciel de nuit. Je sentais mon cœur battre à tout rompre, mes jambes flageolant sous le poids de la panique. Mais je n'avais qu'une idée en tête : m'éloigner. M'éloigner de tout ça. L'ombre. Le Cœur du Jeu. La Patronne.

Je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie.

Et pourtant, je savais une chose : je ne pouvais pas fuir indéfiniment.

L'ombre ne me lâcherait pas. Elle me suivait.

Je n'avais plus de temps pour réfléchir. L'ombre se rapprochait, effleurant la lumière, grandissant dans les ténèbres comme une présence oppressante. Un frisson glacé parcourut mon dos. Ma tête était pleine de bruits confus, mais une pensée claire traversa mon esprit : fuir.

Improviser. Les mots résonnaient dans ma tête. Une règle simple, établie après tous ces événements étranges. Lorsque quelque chose se produirait... Nous n'aurions plus le temps de tout planifier. Il faudrait agir vite. Improviser.

Sans réfléchir, je tournai les talons et courus, aussi vite que mes jambes pouvaient me porter. Le bruit de mes pas résonnait dans le silence oppressant de la bibliothèque. Les étagères défilaient autour de moi, comme des murs fermés qui semblaient me piéger à chaque instant. Mais je n'avais pas le temps de m'arrêter, de respirer.

Improviser.

Je jetai un regard par-dessus mon épaule, espérant apercevoir une silhouette, un mouvement qui me permettrait de comprendre ce qui me poursuivait. Mais il n'y avait rien. Rien d'autre que l'obscurité, l'atmosphère oppressante. L'ombre avait disparu, mais je savais qu'elle n'était pas loin, toujours présente, prête à surgir de l'ombre ou de l'air.

Une sensation de froid glacial m'envahit alors, comme si l'ombre avait envahi mes poumons, luttant pour m'étouffer. Je pressai mes bras contre ma poitrine, serrant les dents pour ne pas crier. Fuir. Fuir, fuir, fuir.

Je bousculai une pile de livres sur mon passage, mais cela ne fit qu'augmenter l'écho de mes pas dans la pièce. Un son bruyant, désordonné, qui semblait déchirer le silence. Mais l'ombre... elle était encore là. Je pouvais la sentir. Elle m'observait, quelque part, se déplaçant silencieusement, prête à m'atteindre au moindre faux pas.

Je savais qu'il fallait que je garde mon calme. L'improvisation, c'était ça. S'adapter, et réagir vite.

Je vis un petit coin de lumière au bout du couloir. Une porte. L'espoir d'une issue. Je n'avais pas le temps de réfléchir. Improviser.

J'atteignis enfin la porte de sortie, presque en désespoir de cause. Je la frappai de mes mains tremblantes, la secouant furieusement pour l'ouvrir, mais elle semblait figée. Bloquée. Non, non, non !

Une envie folle de crier m'envahit, mais je la réprimai. Je devais me contrôler. Improviser. Je me retournai brusquement, cherchant une autre issue. Puis, mes yeux tombèrent sur une fenêtre ouverte, juste à côté. Une issue incertaine, mais une issue tout de même.

Sans réfléchir, je me précipitai vers elle. Mes doigts tremblaient en déverrouillant le mécanisme, puis, dans un dernier élan de panique, je poussai la fenêtre avec force. Le vent frais m'envahit immédiatement, me frappant comme un coup de fouet. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait dehors, mais je n'avais pas le choix. L'ombre me suivait, et je n'avais pas le luxe d'attendre.

Improviser.

Je sautai, sans une seconde d'hésitation. Le sol semblait loin, trop loin. Mais je n'avais pas le temps de me poser des questions. Je tombai, un instant suspendue entre le vide et la terre. Je criai, mais ma voix se perdit dans le bruit de la chute.

Je roulai sur le sol, atterrissant dans un petit jardin désert. Le vent soufflait fort, mais je pouvais entendre mes propres battements de cœur. Sursautant, je me relevai d'un bond, mes genoux tremblants. Il fallait que je parte d'ici, que je disparaisse. J'entendis un cri lointain, une silhouette qui se déplaçait encore dans la bibliothèque. L'ombre.

Je pris une grande inspiration. Improviser. L'idée que j'avais mise en place avec les autres me frappa de plein fouet. Si quelque chose arrivait, c'était à nous de réagir. Nous devions être prêts à faire n'importe quoi.

Je courus, sans but précis, loin de la bibliothèque, loin de l'ombre. Une partie de moi savait que ça n'allait pas durer, que l'ombre allait me retrouver, mais pour l'instant, je devais me concentrer sur la fuite. Je devais garder le cap.

Un bruit me fit sursauter, mais je n'osai pas me retourner. Trop tard. Il était trop tard pour ça.

Les mots de la règle résonnaient encore dans ma tête, comme un mantra : Improviser.

Maéline se retrouva dans la rue, essoufflée et le cœur battant la chamade. Elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle, se cachant dans l'ombre d'un arbre, son regard toujours fixé sur la silhouette qui la poursuivait dans la bibliothèque. Improviser... Elle n'avait plus que ça en tête. C'était son seul moyen de sortir de cette situation.

Elle leva les yeux, cherchant un endroit où se cacher, mais tout semblait trop exposé. Elle n'avait ni arme, ni plan précis, juste sa volonté de survivre. Elle sentit l'adrénaline couler dans ses veines, son esprit s'éclairant soudainement. Improviser. Si elle voulait s'en sortir, elle devait prendre les choses en main. Peu importe si c'était risqué. Elle n'avait plus le choix.

Une ruelle étroite se profilait devant elle, presque invisible à cause des ombres profondes qui s'étendaient entre les bâtiments. Elle se glissa dedans, ses pas silencieux sur le pavé humide. Si elle restait immobile, peut-être que l'ombre la perdrait de vue. Elle se cacha derrière une vieille benne à ordures, le souffle court, écoutant les bruits de la nuit.

Un bruit de pas se rapprocha. Maéline retint sa respiration. Elle se força à ne faire aucun mouvement, son corps tendu comme un arc. L'ombre se fraya un chemin dans la ruelle, glissant silencieusement, presque intangible. Elle n'avait pas vu Maéline. Pas encore.

Elle attendit un instant, espérant que l'ombre finirait par s'éloigner. Mais rien. Le bruit des pas continua, encore et encore. Elle comprit alors que, si elle ne bougeait pas, l'ombre finirait par la retrouver. Ses doigts se crispèrent sur le coin de la benne. Improviser.

Elle se tourna discrètement, observant autour d'elle. Un câble abandonné traînait par terre, juste à côté d'une boîte électrique. C'était une idée folle, mais... pourquoi pas ? Elle se précipita vers le câble, l'attrapa d'une main, et tira dessus avec toute la force qu'elle pouvait. Le câble céda dans un bruit sourd. Le courant se coucha instantanément. Une étincelle jaillit dans la boîte électrique, éclairant la ruelle d'un éclat blanc vif, avant que l'obscurité ne reprenne le dessus.

Elle n'attendit pas pour voir les conséquences. Elle se précipita à l'autre bout de la ruelle, espérant que ce petit chaos suffirait à la dissuader. Mais ce n'était pas fini. L'ombre était toujours là, toujours à sa poursuite.

Elle arriva sur une place plus grande, un endroit plus ouvert, mais il n'y avait pas de cachette ici. Elle se mit à courir, les yeux cherchant frénétiquement un abri. Un mouvement furtif au coin de la rue attira son attention. Elle aperçut un camion, stationné un peu plus loin, sa remorque ouverte. Sans réfléchir davantage, elle s'y précipita.

Elle grimpa rapidement à l'intérieur, ses doigts saisissant les parois métalliques pour se hisser dans la remorque. Les cartons et les sacs de toile étaient entassés à l'intérieur, formant une espèce de labyrinthe. Elle s'y cacha, se repliant dans un coin, son cœur battant à tout rompre, espérant que l'ombre ne la trouverait pas.

Le bruit des pas se fit plus distinct, la silhouette de l'ombre se dessinant sur la paroi métallique de la remorque. Maéline retint son souffle. Elle savait que si l'ombre la trouvait ici, elle n'aurait plus aucune chance de s'échapper. Mais elle se força à rester calme. Improviser.

Les secondes s'étiraient, interminables. Puis, un cri de frustration. L'ombre se détourna, se dirigeant dans une autre direction. L'écho de ses pas s'éloigna, laissant Maéline dans une profonde solitude.

Elle resta là, cachée, les yeux fermés, ne bougeant pas d'un pouce. Ses pensées tourbillonnaient. Elle avait survécu. Pour l'instant. Mais tout ça n'était qu'un début. Improviser. C'était la seule règle. Et elle devait être prête à tout.

Elle se redressa lentement, sortant enfin de la remorque. Une fois dehors, elle jeta un regard furtif autour d'elle. Il n'y avait plus personne. Mais elle savait qu'elle ne pouvait pas rester ici trop longtemps. Elle ne savait pas ce qui l'attendait, mais elle était déterminée à ne pas être prise au piège. Elle devait rentrer, retrouver les autres. Ensemble, ils seraient plus forts.

Avec une dernière bouffée d'air frais, elle s'éloigna dans l'ombre de la nuit. Improviser, encore et toujours. C'était devenu son mantra.

Maéline n'avait pas un instant à perdre. Les ombres qui l'avaient traquée étaient toujours là, quelque part, dans la ville. Elle n'osait pas regarder en arrière, ne se permettait même pas de respirer trop fort. La panique, la peur, tout s'était emparé d'elle. Le bruit des pas qu'elle avait entendus se rapprocher semblait maintenant résonner dans ses oreilles, même s'il était devenu lointain. Chaque souffle, chaque mouvement de son corps semblait l'étrangler un peu plus.

Elle se précipita dans la ruelle suivante, se glissant à travers les petites étroites artères de la ville, les yeux fixés sur l'ombre qu'elle espérait avoir laissée derrière elle. Chaque ruelle semblait une éternité, chaque pas un pas de trop, mais il le fallait. Elle devait rentrer, retourner chez Logan. C'était là-bas qu'elle serait en sécurité, là-bas qu'elle pourrait respirer sans sentir la présence menaçante du monde qui l'entourait.

Elle continua à courir, son corps guidé par un instinct de survie. Le vent frappait son visage, ses cheveux se mêlant à la brume de la nuit. Le monde extérieur devenait flou. Sa tête tourbillonnait, son cœur battait à une vitesse insoutenable. Mais plus elle courait, plus l'idée de Logan et de la sécurité de sa maison prenait forme dans son esprit. Là, elle pourrait enfin s'arrêter, se poser, laisser ses émotions sortir.

Lorsque la silhouette familière de la maison de Logan se dessina au bout de la rue, un soulagement étrange envahit Maéline. Elle accéléra encore le pas, ses jambes tremblant sous l'effort. Mais elle n'avait pas d'autres choix. Elle n'avait plus la force de lutter, de fuir. Elle voulait juste retrouver la chaleur, la sécurité d'un endroit où elle ne se sentait pas traquée.

Elle arriva devant la porte, les mains tremblantes. D'un geste précipité, elle frappa contre la porte. Une, deux, trois fois, avant qu'elle ne s'ouvre enfin, laissant apparaître Logan, son visage marqué par l'inquiétude.

« Maéline ? Qu'est-ce qui se passe ? »

Elle n'eut même pas le temps de répondre. Ses yeux se remplirent de larmes instantanément. Sans un mot de plus, elle se jeta dans ses bras, se serrant contre lui avec une telle force qu'elle en tremblait.

« Je... je suis... je suis... » Maéline n'arrivait plus à formuler de mots. Les sanglots secouaient son corps, l'empêchant de respirer correctement. « Logan, j'ai eu si peur... ils m'ont suivie... »

Elle n'arrivait plus à contrôler la douleur dans sa voix. L'ombre, la sensation d'être poursuivie, tout ça l'avait submergée. Elle se souvenait des bruits de pas, de la peur qui avait envahi chaque parcelle de son être. Elle n'avait jamais ressenti une telle terreur. Mais ici, contre Logan, dans ses bras, il y avait quelque chose de plus fort. La sécurité. La chaleur.

Logan la maintint contre lui, la caressant doucement, lui murmurant des mots apaisants, même si une inquiétude profonde se lisait dans ses yeux. « C'est fini, Maéline. Tu es en sécurité maintenant. »

Mais les mots de Logan ne suffisaient pas à chasser la terreur. Maéline se recula légèrement, les larmes toujours dans ses yeux. Elle essaya de parler, mais sa voix tremblait tellement qu'elle ne réussit qu'à sortir quelques sons incompréhensibles.

« J'ai... je suis allée à la bibliothèque. Et... j'ai trouvé quelque chose... » Maéline ferma les yeux, se forçant à se calmer. « Le Cœur... du Jeu. C'est moi. C'est moi qui porte... je crois... je crois que c'est moi. »

Le regard de Logan s'assombrit. Il comprenait maintenant pourquoi elle était si bouleversée, pourquoi elle avait agi de manière si étrange ces derniers temps. Mais il savait aussi que, malgré tout, il n'y avait qu'une seule chose à faire. La protéger.

Il la prit par les épaules, la forçant à le regarder dans les yeux, bien que ses propres yeux soient pleins de confusion et de peur. « On va s'en sortir, Maéline. On va... comprendre tout ça, d'accord ? Mais pour l'instant, tu es en sécurité ici. Je vais t'aider. »

Elle hocha doucement la tête, mais ses pensées restaient floues. Elle ne pouvait pas se débarrasser de l'image de l'ombre qui la suivait, ni de la sensation de son propre cœur qui battait à toute vitesse. Le Cœur du Jeu... tout ça... c'était plus grand, plus vaste qu'elle ne l'avait imaginé.

Logan la serra à nouveau contre lui, lui murmurant doucement, comme pour apaiser ses tourments. « On le fera ensemble. Mais maintenant, repose-toi. Laisse tes pensées se calmer. »

Maéline ferma les yeux, encore sous l'emprise de la peur et de la confusion, mais dans ses bras, elle savait une chose : elle n'était pas seule.

Maéline se força à respirer profondément. Le souffle encore saccadé, elle recula légèrement pour regarder Logan, les yeux toujours pleins de larmes. Ses mains tremblaient, mais elle savait qu'elle devait tout lui dire, qu'elle ne pouvait pas garder ça pour elle. Ce qui venait de se passer, ce qu'elle avait découvert à la bibliothèque, tout était lié. Il fallait qu'elle lui explique, même si ça la terrifiait.

Elle s'assit sur le canapé, repliant ses jambes contre elle comme pour se protéger un peu plus, comme si cette posture pourrait lui offrir un peu de réconfort. Logan s'installa en face d'elle, les mains toujours posées sur ses genoux, attendant qu'elle parle. Il ne disait rien, mais son regard était suffisamment lourd de questionnement pour qu'elle sente le besoin de s'expliquer.

« Je... » Sa voix se brisa un instant. Elle prit une grande inspiration et continua. « Je suis allée à la bibliothèque. Tout à l'heure, après l'appel de l'hôpital, je pensais pouvoir me concentrer sur autre chose, faire quelque chose de normal. Mais... j'ai trouvé un livre. Enfin, je crois que c'est là que tout a commencé. »

Elle s'arrêta un moment, les mots se bousculant dans sa tête. L'image du livre, des pages couvertes de poussière, de l'obscurité de la bibliothèque la submergeait à nouveau. Elle n'avait pas pu éviter de plonger dedans, de comprendre ce qui se cachait derrière. Mais maintenant, tout était confus, tout s'entrechoquait.

« Ce livre... il parlait de l'artefact, du Cœur du Jeu. » Elle haussait un peu les épaules, comme si cette simple phrase pouvait effacer toute l'ampleur de ce qu'elle venait de découvrir. « Il... il n'est pas ce que je croyais. C'est pas juste un objet, Logan. C'est une intention, une force. Et je crois que... je crois que je porte une partie de ce Cœur en moi. »

Logan resta silencieux, la fixant intensément, comme s'il attendait qu'elle ajoute quelque chose de plus, comme si une simple explication ne suffirait pas.

Elle le sentit. Elle savait qu'il avait compris. Mais il fallait qu'elle poursuive. C'était à elle de mettre des mots sur la peur qui la rongeait.

« Je... je crois que c'est pour ça que la Patronne s'intéresse à moi, que tout est arrivé. Elle cherche à fusionner ce monde avec celui des Phantoms. » Elle s'interrompit, les mots se heurtaient à son esprit. « Elle manipule tout ça. Elle sait que si elle arrive à me faire activer le Cœur, tout pourrait basculer. Elle veut que le monde des Phantoms devienne notre réalité. Et... si ça arrive, Logan, je... je pourrais être la clé de tout ça. »

Le silence s'installa entre eux, lourd, dense, comme si l'air lui-même avait cessé de circuler. Logan écoutait attentivement, mais sa propre confusion semblait aussi l'envahir. Il se pencha en avant, les yeux fixés sur Maéline, cherchant à comprendre.

« Mais tu n'as pas activé ce Cœur, pas vrai ? » demanda-t-il, une lueur d'inquiétude dans sa voix.

Maéline hocha lentement la tête. « Non. Je n'ai rien fait. Mais je... je sens quelque chose, Logan. C'est comme si une partie de moi était... connectée à ça. Comme si je n'avais aucun contrôle. »

Elle leva les yeux, ses mains tremblantes serrées contre ses jambes, se forçant à contenir la peur qui revenait, à la repousser.

« Et l'ombre... celle qui me suivait... » Sa voix se fit plus basse, plus tremblante. « Je crois que la Patronne l'a envoyée. Elle m'observe. Elle ne me laissera pas tranquille. »

Logan se leva alors, s'approchant d'elle, posant ses mains sur ses épaules avec douceur. « On va s'en sortir, Maéline. On va te protéger. Tu n'es pas seule dans tout ça. »

Elle ferma les yeux un instant, savourant la chaleur de sa présence. Mais une pensée persistait, une pensée qu'elle n'avait pas partagée avec lui : Et si je n'étais pas celle que je croyais être ?

La question restait sans réponse, lourde dans son esprit. Elle avait l'impression d'être au bord d'un gouffre, d'un abîme qu'elle ne comprenait pas entièrement. Mais elle savait une chose : elle ne pourrait pas le faire seule. Elle devait leur dire, à eux tous, tout ce qu'elle savait. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était se raccrocher à la certitude qu'elle avait quelqu'un sur qui compter.

Les bras de Logan autour d'elle étaient tout ce qui la séparait de la panique totale.

« Je vais t'aider à comprendre, Maéline. On va le faire ensemble, d'accord ? »

Elle hocha la tête, une larme roulant lentement sur sa joue, mais un petit espoir naissant dans son cœur . 

Et lui expliqua son passée

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