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MaelineElena
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Disscution

MINI CHAPITRE (*ᴗ͈ˬᴗ͈)ꕤ*.゚

C'est là qu'Ashlyn les aperçut.

— Elena ? Maéline...?

Le silence tomba d'un coup dans la pièce.

Tous tournèrent la tête.

Et la vue des deux filles effondrées, encore en train d'essuyer leurs joues, les glaça sur place.

Personne ne bougea.

— Qu'est-ce qui se passe ? murmura Logan.

Elena releva la tête. Son regard était encore voilé de larmes, mais quelque chose dans ses yeux avait changé. Elle n'était plus seulement triste — elle avait peur. Une peur profonde. Instinctive.

— Vous êtes en danger imminent, dit-elle d'une voix brisée.

Un frisson parcourut tout le groupe.

Maéline hocha lentement la tête, incapable de parler, mais visiblement en accord avec chaque mot.

Ashlyn s'agenouilla doucement devant elles.

— Qu'est-ce que tu veux dire, Elena ? C'est à cause de ce qu'on a vu cette nuit ? Des créatures ?

— Pas seulement ça... répondit Elena. Il y a autre chose. Quelqu'un... quelque chose de plus grand. De plus dangereux.

Aiden fronça les sourcils, tentant d'alléger un peu l'atmosphère.

— Attends, c'est une blague ? C'est quoi, ce nouveau délire ?

Mais personne ne rit. Pas cette fois.

Elena baissa les yeux. Maéline murmura enfin, d'une voix rauque :

— On vous a menti.

Le silence retomba.

Elle ajouta, presque dans un souffle :

— Mais pas parce qu'on voulait. Parce qu'on nous a obligées.

Les regards s'échangèrent dans la pièce. La méfiance, la surprise, le doute. Tous les visages s'étaient tendus, comme figés dans l'incompréhension.

Ashlyn se redressa lentement, le regard sombre.

— Alors maintenant, vous allez tout nous dire.

— Qu'est-ce que vous cachez ?!
Aiden s'était redressé, la voix tremblante, le regard brûlant.
— Vous vous cachez, vous pleurez, vous nous balancez une phrase comme ça... et vous voulez qu'on reste calmes ?!

Elena tressaillit. Pas par peur. Mais parce qu'elle savait qu'il avait raison.

Elle échangea un regard avec Maéline. Et dans ce simple regard, tout était là : la peur, la honte, la fatigue... mais aussi la décision. Celle de ne plus fuir.

Ashlyn avança d'un pas, plus calme que les autres, mais tout aussi tendue.

— Vous avez intérêt à nous expliquer maintenant. Parce qu'on est fatigués d'avoir l'impression d'être les seuls à ne pas savoir ce qu'il se passe.

Maéline releva enfin la tête. Lentement. Et dans ses yeux, pour la première fois, il n'y avait plus de masque. Plus de sourire discret. Plus de fausse innocence. Juste la vérité nue, douloureuse et terrifiante.

— On ne sait pas tout, commença-t-elle d'une voix rauque. On ne sait même presque rien. On nous a toujours dit... de ne pas poser de questions.

Elena reprit aussitôt, les mains tremblantes sur ses genoux.

— On nous a entraînées. Programmées à obéir. Il y avait des consignes, des règles, des... missions. Mais on ne nous a jamais expliqué pourquoi. Ni contre quoi. Ni jusqu'à quand.

— Par qui ? chuchota Logan. Qui vous a dit ça ?

— Lui, répondit Maéline en détournant le regard.
— Qui ça, "lui" ?! s'énerva Ben. Qui est ce type que vous voyez le soir ? Celui que vous cachez ?

Maéline baissa les yeux.

— Je l'appelle Père, souffla-t-elle. Pas parce qu'il l'est... mais parce que c'est comme ça qu'on doit l'appeler.

Elena ajouta aussitôt, la gorge serrée :

— Moi je l'appelle Monsieur. C'est obligatoire. Il veut pas d'autres noms.

Un silence glacial s'abattit dans la pièce.

Tyler prit une grande inspiration. Il s'était reculé légèrement, comme s'il essayait d'absorber l'information sans s'effondrer.

— Et... il vous a dit de faire quoi ? demanda-t-il. De nous trahir ?

Les deux filles restèrent muettes. Ce silence, encore, qui valait tous les aveux.

— Alors c'est ça, souffla Taylor. On est vos cobayes ?

Maéline secoua la tête, paniquée.

— Non ! Jamais on ne voulait... C'est juste que... au début, on pensait que c'était pour vous protéger. C'est ce qu'il disait.

Elena renchérit :

— Il nous répétait qu'on n'avait pas à comprendre. Qu'on devait juste obéir. "Pas d'émotions. Pas de doutes. Pas de questions."

Ashlyn, le cœur battant, murmura :

— Mais vous avez douté, pas vrai ?

Maéline hocha la tête, les larmes au bord des yeux.

— La première fois que vous avez souri. Quand vous avez ri ensemble dans le bus. Quand vous vous êtes endormis contre nous. Quand on a vu que vous...

Le silence qui régnait dans la chambre était devenu presque oppressant. Même les bruits du dehors, les pas dans le couloir ou les souffles du vent, semblaient s'être tus pour écouter.

Ashlyn, toujours accroupie devant Elena et Maéline, les observa longuement. Elle sentait son cœur battre contre ses côtes, non pas de peur, mais d'un mélange d'inquiétude et de colère retenue.

— Vous nous avez menti... murmura-t-elle à nouveau, comme pour vérifier que ses oreilles n'avaient pas rêvé.

Maéline hocha la tête, les yeux rouges, la voix étouffée :

— Oui... mais on n'avait pas le choix. On avait... peur.

Elena, elle, semblait plus lucide malgré ses larmes. Son regard s'était durci.

— Il s'appelle "Père", dit-elle. Il ne nous a jamais donné de nom. Juste ce titre. Il communique par messages, ou parfois... il apparaît. Pas toujours. Mais quand il le fait, tout en nous gèle. Il n'explique rien. Il donne des ordres, froids, directs. "Fais-le." "Ne parle pas." "Observe." "Ne ressens pas." "N'interviens pas." Rien de plus.

Ben fronça les sourcils, les bras croisés. Il n'avait encore rien dit jusqu'à présent, mais là, sa voix résonna dans la pièce, lourde.

— Et vous avez obéi... pendant tout ce temps ?

Elena sembla vouloir se défendre, mais c'est Maéline qui parla :

— Il nous faisait croire qu'on devait le faire pour votre bien. Que vous... que vous ne comprendriez pas. Que si on désobéissait, vous seriez tous en danger. Il nous disait qu'on devait veiller sur vous, mais sans intervenir. Comme des pions. On ne savait même pas pourquoi. On était juste...

— ... des exécutantes, finit Elena, la gorge serrée.

Aiden s'était levé, marchant de long en large dans la pièce.

— Mais c'est complètement malade, votre truc. Il sort d'où ce "Père" ? Et vous aviez pas pensé, genre, à venir nous voir ? À dire « Eh les gars, on a un stalker flippant qui nous donne des ordres chelous » ?

Maéline secoua la tête, presque avec honte.

— C'était pas aussi simple. Il était... partout. Il savait tout. Dès qu'on pensait à parler, on ressentait... un froid. Comme s'il nous surveillait. Il n'était même pas là, mais on savait qu'il observait.

Elena se leva lentement, les jambes tremblantes, mais elle tenait bon. Elle fit face au groupe. Sa voix était calme, mais empreinte d'une profonde douleur.

— J'ai peur que... vous ne puissiez plus nous faire confiance. Et je comprends. Je le comprends vraiment. On vous a trahis. Même si c'était sous la contrainte... c'est quand même ce qu'on a fait.

Tyler, qui n'avait pas décroché un mot jusque-là, fixait Elena intensément. Son cœur se serrait. Il savait qu'elle disait la vérité — ou du moins, qu'elle le croyait sincèrement. Et pourtant, quelque chose en lui se battait : la confiance, trahie. Le lien, fissuré. Mais aussi... une lueur de compassion.

Il inspira profondément.

— Qu'est-ce qu'il veut, ce "Père" ? Pourquoi vous ?

Elena baissa les yeux.

— On ne sait pas. Il choisit. Il ne nous a jamais dit pourquoi. Il nous a "recrutées", je suppose. On était jeunes. Il est arrivé comme une ombre. Et depuis, on... on l'a toujours suivi.

— Jusqu'à aujourd'hui, compléta Maéline. Aujourd'hui, on a dit non.

Ashlyn la fixa longuement.

— C'est pour ça que vous pleuriez, quand on vous a vues ? Vous aviez rompu avec lui ?

Les deux filles hochèrent la tête à l'unisson.

— Il nous a menacées, dit Elena. Il a crié. Il a dit qu'on était des ingrates, que notre place allait s'effondrer. Il m'a traitée de « petite insolente ». Maéline a dit qu'on démissionnait. Et on est parties.

— C'est courageux, murmura Logan.

— C'est risqué, corrigea Ashlyn. Il va revenir. Il va tenter quelque chose. Et on doit être prêts.

Ben soupira, s'approchant lentement des filles. Il s'accroupit à son tour, regardant Maéline droit dans les yeux.

— Alors maintenant... tu nous dis tout. Tout ce que tu sais. Même si ça fait mal. Même si ça te fait peur. Tu nous dois ça.

Maéline prit une grande inspiration.

— Je sais qu'on n'est pas les seules. D'autres ont été approchés. On ne sait pas qui, mais il parlait parfois d'« autres agents ». Il disait que certaines missions étaient déjà en cours. Que le "jeu" avait commencé depuis longtemps. Il y a des choses qu'il a faites... qu'on ne comprend pas.

Elena poursuivit :

— Comme cette nuit. Ces créatures. Il les connaît. Peut-être même qu'il les contrôle, ou qu'il sait comment elles sont entrées dans notre monde. Il ne nous a jamais parlé d'elles directement, mais... son silence en dit long.

Ashlyn se leva d'un bond.

— Alors il va falloir qu'on découvre la vérité, avec ou sans lui. Parce qu'on ne va pas rester assis à attendre que les monstres sortent de l'ombre.

Un silence déterminé se fit.

Elena, à ce moment-là, murmura :

— J'ai peur qu'on ait déjà perdu votre confiance...

Mais Tyler répondit doucement, sans quitter Elena du regard :

— Peut-être qu'on l'a un peu perdue. Mais vous venez de faire le premier pas pour la regagner.

🌘 POV Tyler – Fragments de Cœur et de Méfiance

Ils avaient parlé. Elles avaient tout dit, ou presque.

Et pourtant, Tyler restait là, debout dans un coin de la chambre, le cœur tambourinant dans sa poitrine comme s'il courait un marathon, alors qu'il n'avait pas bougé d'un centimètre.

Ses yeux n'avaient pas quitté Elena depuis qu'elle avait avoué. Pas une seule fois. Il n'en aurait pas été capable, même s'il l'avait voulu.

Il aurait pu être en colère. Il aurait dû être en colère.

Mais non. C'était pire que ça.

C'était ce mélange indescriptible de vertige, de chaleur et de douleur. Comme un feu doux qui le brûlait de l'intérieur.

Tu nous as menti.

Cette phrase tournait en boucle dans sa tête, lancinante. Elle ne voulait pas se taire. Il essayait de la repousser, de l'étouffer. Mais chaque fois qu'il croisait le regard humide d'Elena, il se demandait : Et si moi aussi, je l'avais fait, à sa place ?

Elle n'avait pas pleuré pour faire semblant. Il le savait. Il l'avait vu, ressenti. Cette fissure dans sa voix. Ce tremblement dans ses mains. Cette peur dans ses yeux.

Pas la peur de ce "Père"... Non. Une peur bien plus simple. Plus humaine.

La peur de perdre ceux qu'elle aimait.

Il avait toujours trouvé Elena jolie. Depuis le début du voyage. Il n'osait pas trop le dire, même pas à Logan, mais c'était là. Dans les gestes. Dans les petits moments. Un sourire un peu trop appuyé. Une phrase qu'il avait gardée en tête, rien que parce qu'elle venait d'elle.

Mais là... ce qu'il ressentait n'avait rien de léger.

Il la regardait, recroquevillée contre Maéline, la peau encore mouillée de larmes, les cheveux en bataille, la voix brisée... et il se surprenait à penser qu'elle n'avait jamais été aussi vraie. Aussi forte. Aussi vulnérable.

Et il ne savait pas quoi faire de ça.

Pourquoi je ressens ça maintenant ?

Une partie de lui voulait courir vers elle, lui dire que ça allait, que c'était fini, qu'elle avait eu raison de parler. Qu'il la croyait. Qu'il la comprenait.

Mais une autre partie – une partie plus sombre – restait figée.

Parce qu'au fond, une voix murmurait : Et si elle recommence ? Et si tout ça n'est qu'un nouveau rôle ?

Il voulait lui faire confiance. Mais il avait peur de retomber.

Et pourtant, à travers le vacarme de ses pensées, il y avait ce moment. Ce court instant où leurs regards s'étaient croisés. Juste après qu'elle a dit "J'ai peur qu'on ait déjà perdu votre confiance..."

Elle l'avait regardé, lui. Pas les autres.

Et dans ce regard, il y avait eu quelque chose. Une demande muette. Une détresse silencieuse.

Et lui, il avait répondu, d'un ton plus doux qu'il ne l'aurait cru :

Peut-être qu'on l'a un peu perdue. Mais vous venez de faire le premier pas pour la regagner.

Il ne savait pas d'où il avait sorti cette phrase. Ce n'était pas réfléchi. C'était juste sorti. Brut. Sincère.

Et en la voyant hocher lentement la tête, les yeux encore brillants, il avait compris.

Il n'en avait pas fini avec elle.

Il ne savait pas encore s'il allait pouvoir lui faire confiance complètement. Il ne savait pas s'il en avait la force.

Mais il voulait essayer.

Parce qu'elle, c'était Elena.

Et que, même perdue dans une mer de secrets, elle restait celle qui faisait battre son cœur un peu plus vite chaque fois qu'elle entrait dans la pièce.

🌘 POV Ashlyn – La faille dans la glace

Elle restait debout.

Droite. Silencieuse. Comme si le moindre mouvement pouvait faire tout s'effondrer.

Elena venait de tout lâcher. Maéline aussi. Et maintenant, le silence s'était installé, glacé, étouffant. Presque sacré.

Ashlyn ne savait plus quoi dire.

Et ce simple fait la terrifiait.

Elle, c'était la fille aux solutions. Celle qui savait toujours quoi faire, quoi dire, comment apaiser. C'était elle qui guidait le groupe dans les moments critiques, celle qu'on regardait naturellement quand les choses commençaient à déraper.

Mais là...

Je ne comprends pas tout. Et je n'ai pas le contrôle.

Et dans sa poitrine, un poids énorme venait de s'installer. Une tension qui refusait de se dissoudre. Un fil tendu à l'extrême.

Elle regardait les deux filles, recroquevillées l'une contre l'autre, leurs épaules encore secouées par les sanglots. Leurs visages étaient défaits, ravagés par des jours de mensonges et de pression.

Mais c'était la sincérité qui les rendait plus dévastatrices encore.

Vous êtes en danger imminent.

Ces mots d'Elena avaient résonné dans sa tête comme un gong.

Ashlyn avait revu, comme un flash, les créatures de la nuit, les ombres aux sourires déformés, aux griffes longues comme des couteaux. Elle avait revu la lumière tremblante, les courses effrénées dans cette dimension impossible. Et à présent, elle comprenait que ce n'était qu'un morceau du puzzle.

Quelque chose, quelqu'un, tirait les ficelles.

Et Maéline... Elena...

Elles avaient été les pions.

Je vous en supplie, avait murmuré Maéline. On ne voulait pas... C'était pas notre choix. C'était des ordres. Des ordres qu'on n'a jamais compris.

Ashlyn avait senti son cœur se tordre. Pas de haine. Pas encore. Juste... une faille.

Une fissure dans la glace.

Elle aurait voulu hurler. Demander pourquoi. Comment. Depuis quand. Qui était ce "Père". Pourquoi Elena, pourquoi Maéline. Pourquoi personne n'avait rien vu.

Mais elle s'était retenue.

Parce que sous le choc, elle voyait déjà que tout le groupe vacillait. Logan fixait le sol, incapable de soutenir leur regard. Ben semblait bouillonner de colère silencieuse. Taylor, bras croisés, mâchoires serrées, essayait de dissimuler son trouble. Aiden... avait les yeux ronds comme s'il venait de comprendre qu'il vivait une autre réalité depuis le début.

Ashlyn, elle, ne pouvait pas se permettre de s'effondrer. Pas maintenant.

Alors elle avait fait ce qu'elle faisait toujours : elle avait protégé.

Elle avait reculé de quelques pas, les bras croisés contre elle-même. Elle avait parlé, sans trembler :

— Bon. Vous avez parlé. Et maintenant... on va comprendre. Ensemble. Parce que si quelque chose de plus grand nous menace, alors on n'a pas le choix : on fait front. Tous. Même vous.

Elle avait vu Elena relever la tête, surprise. Et Maéline ouvrir les lèvres sans qu'un son n'en sorte. Juste un souffle.

Tu veux toujours de nous dans le groupe ? avait fini par chuchoter Maéline.

Ashlyn avait soutenu son regard.

— Je ne fais pas confiance aveuglément. Mais je ne vous abandonne pas non plus.

Et là, pour la première fois, elle avait vu la peur dans leurs yeux se transformer. En gratitude. En soulagement. Peut-être même en loyauté.

Ashlyn n'était pas sûre d'avoir pris la bonne décision.

Mais elle savait une chose : si elles avaient vraiment décidé de changer de camp... alors ce n'était plus le moment de douter. C'était le moment d'agir.

Parce qu'on était peut-être des cibles.

Et maintenant, on devenait des menaces.

— Scène de discussion et début de plan —

La pièce était toujours silencieuse, mais d'un silence oppressant. Ce n'était plus le calme d'avant. C'était le genre de silence où le moindre mot pouvait faire exploser la pièce.

Ils étaient tous assis en cercle, sur les matelas ou les tapis, les jambes repliées, certains le regard bas, d'autres fixant Maéline et Elena avec une méfiance assumée.

Maéline avait toujours la tête baissée. Elena, elle, regardait tout le monde, droite mais fragile. Leurs épaules se frôlaient, comme si le simple fait de ne pas se lâcher leur permettait de tenir debout.

Ashlyn brisa enfin le silence :

— Très bien. Maintenant que tout est dit... on doit comprendre.

Ben acquiesça lentement.

— Ouais. Et poser les vraies questions.

Taylor, d'un ton tranchant :

— D'accord. J'en ai une : c'est qui ce Père dont vous parlez ?

Maéline ferma les yeux une seconde. C'était Elena qui répondit, la voix douce mais grave :

— On n'a jamais vu son vrai visage. Juste une silhouette. Et une voix.

— Une voix ? demanda Logan.

— Froide. Autoritaire. Inhumaine, souffla Maéline. Il... nous donnait juste des ordres. Jamais d'explication. Jamais de choix.

— Et vous lui obéissiez ? gronda Aiden, le regard noir. Juste comme ça ? Sans poser de question ?

Elena secoua la tête.

— On avait peur. Il menaçait. Il disait que si on refusait, d'autres allaient mourir. D'autres allaient souffrir.

— Et vous avez pensé que ça serait nous, les autres ?! répliqua Logan, furieux.

Ashlyn leva une main.

— Stop. On est pas là pour s'entretuer.

Un silence tendu s'installa. Chacun reprit une respiration plus lente.

Taylor croisa les bras.

— Donc, si je résume. Quelqu'un, ou quelque chose, vous contrôle. Vous êtes des pions. Vous ne comprenez pas pourquoi, mais vous étiez censées... quoi ? Nous trahir ?

— Nous surveiller, répondit Maéline, à peine audible. S'assurer qu'on suivait ce que Père voulait. Mais on ne savait pas exactement quoi. Il disait juste... de rester proches. D'écouter. D'obéir. Et surtout... ne jamais douter.

Pas douter. Pas ressentir, ajouta Elena, en un écho tremblant. Ce sont ses mots. Toujours.

Ashlyn fronça les sourcils. Une phrase lui revenait.

— La nuit où on vous a vues dans la neige... tu disais quelque chose. Quelque chose comme "tu vas trop loin".

— Parce que je sentais que c'était plus que de l'obéissance, répondit Maéline. Que ça devenait dangereux.

Un moment de silence.

Puis Ben, plus calme :

— Vous avez eu raison d'arrêter.

Elena hocha la tête.

— Mais maintenant, on est avec vous. Plus avec lui. Et... on veut vous aider.

Aiden, plus méfiant :

— Ok. Alors aide-nous à comprendre. C'est quoi, son but ? Pourquoi nous ?

Maéline leva enfin les yeux, et ce qu'elle dit glaça la pièce.

— Il veut récupérer quelque chose. Quelque chose qu'on a, ou qu'on est... mais on ne sait pas quoi. Il disait juste que notre groupe... est essentiel. Et qu'il ne doit pas se disloquer. Jamais.

Taylor murmura :

— Comme si on était... un noyau.

Ben compléta, pensif :

— Ou un catalyseur.

Ashlyn sentit un frisson la parcourir.

— Il savait. Il nous surveillait depuis plus longtemps qu'on croit.

Ils se regardèrent tous, la gorge serrée.

— Il faut qu'on réagisse, dit Elena. Avant qu'il ne recommence. Avant qu'il n'envoie quelqu'un d'autre.

Aiden haussa un sourcil.

Quelqu'un d'autre ?

— Oui. On n'était peut-être pas les seules. Il y a peut-être encore des pions parmi vous.

Le silence fut immédiat.

Tous échangèrent un regard inquiet.

Logan murmura :

— Et s'il savait qu'on est tous ensemble ici... en train d'en parler ?

Maéline répondit du tac au tac :

— Il savait tout. Mais maintenant qu'on ne répond plus à ses ordres, peut-être qu'il cherche déjà un plan B.

Ashlyn sentit un étau dans sa poitrine.

Alors il fallait agir. Et vite.

Elle inspira lentement, puis se redressa.

— OK. On fait un plan.

Tous la regardèrent.

— On va agir en deux temps. D'abord, on garde le silence. Pas un mot de tout ça à l'extérieur. On joue les élèves normaux. On le rend aveugle.

Ben acquiesça.

— Et ensuite ?

— Ensuite, on observe. On prend des notes. On surveille tout le monde. Les gens. Les profs. Même les lieux. On rassemble les indices. Et si ce « Père » réapparaît, ou essaie de vous contacter...

Elena répondit avec une lueur dure dans les yeux :

— Cette fois, on lui répondra pas.

— Cette fois, ajouta Maéline, on le piégera.

Et pendant une seconde, dans cette pièce figée, une étincelle de feu venait de s'allumer. Une révolte silencieuse.

Mais vivante.

— L'étreinte —

Le silence qui suivit leur déclaration n'avait plus rien à voir avec les précédents. Ce n'était pas un silence pesant.

C'était un silence rempli de compréhension.

De cette compréhension muette qu'on partage avec ceux qui ont vécu l'incompréhensible, mais qui ont choisi de rester. Ensemble.

Ashlyn s'approcha doucement des deux filles. Elena l'observa, surprise, mais ne recula pas.

Et sans un mot, Ashlyn la prit dans ses bras.

Fermement. Chaleureusement.

Maéline hésita un instant. Puis elle s'y joignit, doucement, en glissant ses bras autour des deux.

Ce fut ensuite Ben qui s'avança, puis Taylor. Logan s'agenouilla à leur hauteur, les yeux brillants mais sans mot.

Tyler, lui, mit quelques secondes de plus. Son regard était posé sur Elena. Elle avait les yeux fermés contre l'épaule d'Ashlyn, et pour la première fois depuis longtemps... elle semblait en sécurité.

Il les rejoignit, lentement, et les entoura à son tour.

Et ce fut comme une chaîne. Une étreinte maladroite, mais réelle. Un nœud de bras et de chaleur, de souffles retenus et de cœurs battants à l'unisson.

Aiden, en dernier, grogna :

— Pfff, bon, c'est quoi ce truc de bisounours, là ?...

Mais il se pencha aussi, et glissa un bras autour de Logan.

Personne ne dit rien. Ils n'avaient pas besoin de mots. Parce que malgré le doute, malgré la peur, malgré les trahisons...

Ils étaient encore ensemble.

Et c'était peut-être leur plus grande force.

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