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et Pof le groupe revenait dans la réalité
Le matin se leva lentement sur les hauteurs enneigées du Sky. À travers la vitre embuée de leur chambre, le ciel commençait à se teinter de nuances pâles, un bleu délavé bordé de rose timide. Il faisait encore sombre, mais ce n'était plus la nuit. C'était cette heure suspendue, cet entre-deux fragile où les rêves n'ont pas tout à fait disparu, et où la réalité murmure doucement qu'elle est de retour.
La chambre était silencieuse. Seul le craquement lointain du bois sous le froid, ou le froissement discret des draps trahissait une présence humaine. Les quatre lits alignés portaient encore les traces de la nuit : des couettes tirées jusqu'au menton, des oreillers écrasés, des corps emmitouflés, enfouis dans la chaleur rassurante.
Maéline fut la première à bouger.
Ses yeux s'ouvrirent lentement, s'habituant à l'obscurité laiteuse. Elle cligna plusieurs fois, puis s'étira discrètement, comme un chat sous une couverture trop lourde. Sa respiration était encore calme, mais son esprit s'éveillait, lucide. Elle savait qu'il faisait froid dehors - elle le sentait déjà à travers la couette - mais ici, dans ce cocon partagé, il faisait bon.
À sa droite, Eléna dormait encore, profondément. Son visage était tourné vers elle, paisible, presque enfantin. Ses cheveux blonds encadraient ses traits délicats, et son souffle régulier s'échappait en un petit nuage de buée invisible.
Maéline resta immobile, profitant de cet instant, avant de tendre doucement la main pour effleurer l'épaule d'Eléna.
- Eléna... murmura-t-elle d'une voix encore prise de sommeil, douce comme un soupir.
Un gémissement léger lui répondit, un froissement de draps. Eléna remua, puis tourna lentement la tête. Elle ouvrit un œil, difficilement, et cligna plusieurs fois, aveuglée par la lumière pâle filtrée par le rideau.
- Hmm... t'es sérieuse ? gémit-elle à mi-voix.
- On est les premières réveillées, je crois, répondit Maéline en étouffant un petit rire.
Mais elles ne l'étaient pas tout à fait.
Un autre lit remua. Celui du fond, contre le mur. Une tête rousse dépassa lentement des couvertures, suivie par une frange mal coiffée et deux tresses ébouriffées qui pendaient de chaque côté du visage encore flou de Ashlyn.
Elle se redressa à demi, une main passée dans ses cheveux en bataille, les yeux à moitié fermés. Elle portait un grand sweat gris qui lui tombait presque jusqu'aux genoux et un short bien trop grand pour elle.
- Il est quelle heure... ? marmonna-t-elle, la voix rocailleuse.
- Tôt, répondit Maéline avec un sourire complice. Mais c'est joli dehors.
Ashlyn ne répondit pas tout de suite. Elle se frotta les yeux longuement, cligna encore, puis finit par se lever lentement, traînant ses chaussettes sur le parquet gelé. Elle ouvrit le rideau à moitié, laissant la lumière grise et bleue du matin se répandre lentement dans la pièce.
- Okay... c'est joli, admit-elle dans un souffle. J'vais pas me recoucher. Trop de trucs dans la tête.
- T'as rêvé ? demanda Eléna doucement.
Ashlyn haussa les épaules.
- Je sais pas. Juste... plein de pensées. Des impressions. Comme si j'avais oublié quelque chose d'important.
À l'autre bout de la chambre, une autre couette remua.
Une jambe sortit brutalement de la couverture. Puis une voix :
- Vous êtes sérieuses à parler à cette heure ?!
Taylor, la frange ébouriffée, les cheveux hérissés dans tous les sens, s'assit dans son lit avec un air à la fois exaspéré et bougon. Ses yeux chocolat se plissèrent tandis qu'elle fixait les trois autres.
- Je dormais trop bien...
- On sait, répondit Maéline avec un sourire moqueur. T'as grogné toute la nuit.
Taylor se jeta à moitié sur son oreiller.
- Menteuse...
Eléna éclata de rire, plus doucement. Ashlyn, déjà debout, s'approcha du lit de Taylor et lui jeta un coussin avec une nonchalance calculée.
- Allez, debout, la dormeuse. Le monde t'attend.
- Le monde peut attendre que je me réveille correctement, grogna Taylor en attrapant le coussin et le serrant contre elle.
Mais elle souriait, malgré tout.
Et ce fut ça, le vrai réveil. Pas seulement celui des corps, mais celui des liens. Cette sensation de ne plus être seules, de pouvoir être fatiguées, vulnérables, maladroites, et de savoir que tout irait bien.
Ashlyn se tourna vers le coin de la pièce où étaient posées leurs affaires. Elle attrapa son sac, en sortit ses bouchons d'oreilles, et les glissa dans sa poche.
- Je vais faire un tour dehors, juste une minute. J'ai besoin d'air frais.
- T'y vas en chaussettes ? s'étonna Eléna.
- Je vais mettre mes bottes, dit-elle avec un petit clin d'œil. J'suis pas complètement folle.
Taylor se leva à son tour, s'étirant, et se dirigea vers la petite salle de bain attenante, en marmonnant quelque chose à propos de « froid dans les os ».
Maéline, restée près de son lit, regarda Eléna, puis Ashlyn. Elle inspira profondément, sentant dans ses côtes la présence de quelque chose de nouveau, de doux, de stable. Elle posa la main sur sa poitrine un instant, comme pour vérifier que c'était bien réel.
Oui. Elles étaient là. Ensemble.
Et pour une fois, elle n'avait pas besoin de faire semblant.
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Taylor était déjà assise sur son matelas, les cheveux en vrac, les yeux à moitié ouverts. Elle bâillait sans aucune discrétion, les bras écartés, son t-shirt remontant légèrement alors qu'elle s'étirait. Le bas de son pantalon long glissait sur sa cheville droite, froissé et trainant au sol. Elle avait cet air mi-réveillé, mi-grognon, typique de quelqu'un qui n'était fonctionnelle que trente minutes après un chocolat chaud.
Ashlyn, toujours blottie dans ses couvertures, avait les yeux ouverts depuis un moment. Ses deux tresses étaient défaites, ses cheveux roussâtres éparpillés autour de son oreiller. Ses joues pâles contrastaient avec les taches de rousseur qui parsemaient son visage. Elle gardait son regard fixé au plafond, sans dire un mot, comme si elle réfléchissait à un rêve dont les fragments s'échappaient doucement de sa mémoire.
Dans le lit d'à côté, Maéline était déjà assise, jambes croisées, les cheveux d'un brun foncé profond dévalant sa colonne vertébrale jusqu'au creux de son dos. Elle portait un t-shirt noir large qui cachait presque complètement son short. Son regard brun vert, presque indéchiffrable, se posait sur ses amies une à une, comme si elle analysait la température émotionnelle de la pièce. Mais elle ne disait rien. Pas encore.
Eléna, quant à elle, était debout. Pieds nus sur le parquet froid, un t-shirt blanc simple lui tombant jusqu'à mi-cuisse. Ses cheveux blond clair légèrement ondulés, qui lui arrivaient aux épaules, étaient un peu en bataille, mais ça ne faisait qu'ajouter à sa douceur naturelle. Elle clignait des yeux vers la fenêtre, les bras croisés contre elle pour se protéger du froid. Ses pupilles d'un bleu pur reflétaient la neige dehors, comme si elles étaient connectées à l'hiver lui-même.
- Vous venez ? souffla-t-elle enfin, d'une voix encore pleine de sommeil. J'ai besoin de la salle de bain. Et si je me regarde encore dans cette glace, je vais m'évanouir.
Taylor éclata de rire en se levant.
- Si quelqu'un doit s'évanouir en voyant sa gueule, c'est moi, sérieux.
Ashlyn soupira mais se redressa lentement, attrapant ses écouteurs au passage. Elle les mettait toujours dès le matin. Une manière de filtrer le monde. Pas pour s'éloigner, juste pour respirer.
Maéline se leva tranquillement, remettant en place le col de son t-shirt. Sa scoliose donnait une très légère inclinaison à son épaule gauche, mais elle s'en fichait. Elle avait appris à vivre avec. Elle marchait avec assurance, comme si tout son être criait qu'elle n'avait plus de masque à porter.
Elles quittèrent la chambre toutes les quatre dans un silence encore lourd de fatigue. La lumière du couloir était plus crue. La salle de bain leur parut trop grande, trop froide, trop réelle après la chaleur des couvertures.
La porte grinça légèrement en s'ouvrant, dévoilant l'intérieur tiède et brumeux de la salle de bain. L'air y était saturé d'humidité, la buée dessinant des formes floues sur le miroir principal au-dessus du lavabo. La lumière artificielle, blanche et crue, se reflétait à peine sur les carreaux clairs couverts de vapeur. On y distinguait vaguement des serviettes suspendues aux crochets, encore humides de la douche précédente. Un silence doux régnait, à peine troublé par le léger goutte-à-goutte du robinet mal fermé.
Ashlyn, déjà éveillée depuis un moment, était la première à y entrer. Elle avait attaché ses cheveux roux en un chignon désordonné, et portait un grand sweat d'un gris délavé, trop large pour elle, probablement celui de son pere ou d'un cousin. Ses jambes fines disparaissaient dans un legging sombre, et ses pieds nus avançaient lentement sur le carrelage froid. Elle alluma l'eau du lavabo et se pencha, le visage encore légèrement marqué par la nuit.
L'eau glacée coula d'abord par à-coups avant de se stabiliser. Elle rassembla l'eau dans ses mains et éclaboussa son visage. Une goutte s'attarda au bout de ses cils, et elle resta un instant immobile, les yeux clos, le souffle calme, comme si elle se recalait avec elle-même. Lorsqu'elle redressa la tête, ses taches de rousseur semblaient plus visibles sur sa peau pâle rougie par le froid.
Elle attrapa la petite serviette noire suspendue à côté du lavabo et tapota doucement son visage, en prenant soin d'éviter le contour de ses oreilles où des bouchons auditifs couleur chair étaient toujours en place. Elle détestait le bruit matinal - le claquement des portes, les voix trop fortes - tout sonnait trop dur à son oreille encore endolorie. Elle replaça correctement un bouchon, vérifia l'équilibre de sa sensibilité auditive, et reposa la serviette sans bruit.
Derrière elle, la porte s'ouvrit lentement à nouveau. Eléna entra, pieds nus dans des chaussettes rayées, les bras serrés autour de son t-shirt blanc trop fin pour la température de la pièce. Ses cheveux blond clair aux épaules étaient encore décoiffés, certains mèches collées à son cou. Elle ferma la porte derrière elle, et resta quelques secondes appuyée contre le bois, respirant l'air moite comme si elle cherchait à s'éveiller doucement.
- "Il fait trop chaud ici...", murmura-t-elle avec un petit rire.
- "Attends un peu. Dans cinq minutes, t'auras froid en sortant.", répondit Ashlyn, un coin de sa bouche esquissant un sourire fatigué.
Eléna s'approcha lentement du miroir, glissa ses doigts sous ses cheveux pour les détacher de sa nuque et se regarda en silence. Ses yeux bleu pur avaient encore la brillance du sommeil, et son visage semblait marqué par des pensées non dites. Elle bailla discrètement, couvrant sa bouche de sa manche.
Ashlyn, après avoir rangé ses affaires de toilette, s'installa sur le rebord de la baignoire pour laisser la place.
- "Maéline devrait pas tarder."
Presque aussitôt, on entendit la voix de Taylor, derrière la porte :
- "Vous êtes là depuis combien de temps, sérieux ?! Je meurs de froid ici !"
Eléna ouvrit la porte à moitié pour la laisser entrer. Taylor entra avec énergie, enveloppée dans une serviette sur les épaules et un jogging sombre, ses cheveux bruns caramel encore trempés dégoulinant un peu sur le tissu.
- "J'ai attendu genre sept ans dans le couloir. Je pourrais être morte là. Littéralement congelée."
- "T'exagères..." souffla Ashlyn avec un sourire moqueur.
Taylor haussa les sourcils, faussement outrée, et s'approcha du miroir pour essorer ses cheveux. Elle inclina la tête d'un côté, puis de l'autre, secouant sa frange avec ses doigts, les gouttelettes s'éparpillant sur le rebord de l'évier.
- "T'as l'air d'un caniche mouillé," remarqua Eléna en s'asseyant près d'Ashlyn.
- "C'est mon style.", répondit Taylor du tac au tac, tout en attrapant sa brosse pour démêler ses cheveux humides.
La porte s'ouvrit une dernière fois doucement, révélant Maéline. Elle portait un haut noir large à manches longues et un pantalon ample blanc à cordon. Ses longs cheveux bruns, tombant jusqu'au bas du dos, étaient légèrement emmêlés et elle avançait lentement, ses chaussettes à motifs dépareillés glissant presque sur le carrelage.
Elle entra sans un mot, salua les autres d'un petit mouvement de tête discret et posa sa trousse de toilette près de l'évier. Son regard était plus détendu que la veille, mais un reste de fatigue s'accrochait encore à ses traits.
Maéline passa un doigt sur la surface embuée du miroir, y traçant une ligne droite avant de s'observer en silence. Eléna lui lança un regard par-dessus son épaule.
- "T'as bien dormi, toi ?"
Elle hésita, puis répondit :
- "Mieux que prévu."
Leurs regards se croisèrent, puis Eléna sourit, tout doucement. Une sorte de tendresse silencieuse passa entre elles.
Ashlyn se leva du rebord de la baignoire.
- "Je vous laisse la place. J'ai fini."
Elle sortit de la pièce, laissant Maéline, Eléna et Taylor ensemble.
Taylor continua de se coiffer, mais sa voix se fit plus douce :
- "C'est calme, ce matin. C'est bizarre, non ?"
- "Un calme... étrange. Mais pas désagréable.", murmura Eléna.
Maéline, elle, commença à se brosser les dents, le regard fixe, les mouvements lents. Par moments, elle s'arrêtait, fixant son reflet avec une attention étrange, comme si elle essayait de lire quelque chose dans ses propres yeux.
- "Tu penses toujours à lui ?", demanda Taylor à voix basse.
Maéline ne répondit pas tout de suite. Elle rince sa brosse à dents, se penche pour cracher dans le lavabo, puis redresse la tête lentement. Elle s'essuie les lèvres avec le coin de sa manche.
- "Je pense à tout. Et à rien. C'est flou ce matin. Mais je crois que ça va aller."
Le silence retomba. Chacune se perdit un instant dans son propre reflet.
Puis Taylor, d'un geste soudain, prit un brumisateur sur l'étagère et vaporisa de l'eau fraîche sur le visage d'Eléna sans prévenir.
- "Hé !!" cria Elena en riant, repoussant le spray.
- "Ça réveille, t'as vu ?" ricana Taylor.
Leurs rires résonnèrent dans la salle de bain brumeuse. Et dans cet instant suspendu, simple et doux, tout semblait presque... normal.
Elles sont parties prendre le petit déjeuner
Le parfum du pain chaud, du fromage fondu et du chocolat s'élevait doucement dans l'air, s'enroulant autour des conversations, des éclats de rire et des grincements des chaises sur le sol en bois. Le chalet avait pris une nouvelle vie ce matin-là, rempli de voix encore un peu rugueuses du réveil, de cheveux en bataille, de pyjamas discrets sous les pulls épais, et d'une douce lumière dorée traversant les fenêtres aux carreaux givrés.
La grande salle à manger avait été organisée avec soin : trois grandes tables alignées, nappes à carreaux rouges et blancs, paniers de pains variés, plateaux de beurre, confitures, jus d'orange, lait chaud, œufs brouillés, et une énorme cloche de fromage pour les plus gourmands.
Ashlyn, Taylor, Maéline et Eléna s'étaient assises à une des extrémités de la deuxième table, proches des autres, mais avec un peu de place autour d'elles. Elles formaient un carré instinctif, naturel, un petit espace où le regard de l'une croisait celui de l'autre sans besoin de mots. Maéline, perchée à moitié sur sa chaise, s'amusait déjà à faire tournoyer sa cuillère dans son chocolat chaud tout en répondant avec un demi-sourire aux blagues qui fusaient depuis la table d'à côté.
Aiden, vêtu d'un hoodie trop large et encore à moitié endormi, avait visé le coin opposé de la salle pour balancer une boule de mie de pain sur Logan, qui, lui, tenait sa tasse de thé avec un sérieux presque sacré.
- "Aiden, sérieux ?" grogna Logan sans lever les yeux, alors qu'une boule de pain roulait sur la nappe.
Ben, assis entre eux deux, gloussa comme un gosse de six ans.
- "T'as pas vu ta tête Logan, t'as l'air d'un hibou stressé."
Logan soupira, redressa ses lunettes et répondit avec un calme calculé :
- "C'est parce que je vis avec vous depuis 48 heures. Je suis en mode survie."
Tyler, de l'autre côté de la pièce, à peine réveillé mais déjà coiffé à la va-vite, rejoignit la table avec un plateau plein à craquer : trois tranches de pain grillé, deux œufs brouillés, une montagne de salade verte (personne ne savait pourquoi il en voulait le matin, mais il disait que ça « donnait du style »), et une mini montagne de raisins.
Il s'assit près de sa sœur Taylor, leur ressemblance toujours frappante - le même tourbillon dans la frange, les cheveux hérissés, la posture droite mais détendue. Il tapota l'épaule de sa jumelle avec un clin d'œil.
- "Guess who's hungry ?" dit-il en anglais.
Taylor ne répondit pas tout de suite, mâchant un morceau de pain avec un air pensif. Puis :
- "Ton estomac est un monstre. Il a besoin d'un prénom, à ce stade."
Maéline pouffa de rire en entendant ça, et leva une main, brandissant sa tartine à moitié entamée.
- "On devrait faire une cérémonie. Genre : 'nous, réunis ici, déclarons cet estomac officiellement baptisé'. Je propose le nom de Balthazar."
Elena, qui sirotait son jus d'orange en silence, faillit l'avaler de travers.
- "Balthazar ?! C'est pas un démon, ça ?"
- "Justement. Il est jamais rassasié."
Ashlyn, jusque-là silencieuse, leva les yeux vers Maéline avec un sourire fatigué mais réel. Ses doigts jouaient machinalement avec un petit sachet de thé vide, qu'elle faisait tournoyer du bout des ongles.
- "Si Tyler mange encore un croissant, il va se transformer en quiche."
Tyler, la bouche pleine, haussa les épaules.
- "J'accepte mon destin."
Tout autour, les autres élèves ajoutaient au tumulte matinal. Homar racontait avec passion son rêve où il était devenu une chèvre de compétition, tandis que Lauraina essayait de lui voler un morceau de brioche. Justine, Clara, Mathis et Angelina jouaient à une sorte de jeu étrange consistant à faire deviner des mots en ne disant que « croissant » avec différentes intonations.
- "CROISSANT ?"
- "Croiiissaaant."
- "CroissanT."
Personne ne comprenait les règles, mais ça les faisait rire.
Au centre de la salle, le professeur faisait le tour avec un thermos géant pour re-remplir les chocolats chauds, et grimaçait quand il passait à côté d'Aiden.
- "Tu comptes manger ou faire des sculptures en miettes ?"
Aiden répondit en construisant une tour de sucre. Logan leva les yeux au ciel, puis détourna le regard pour observer Elena, un instant. Son regard se fit plus doux. Mais elle ne le vit pas. Elle riait avec Maéline.
Maéline, justement, commençait à s'agiter. Elle avait terminé son petit-déjeuner depuis cinq minutes, mais ne pouvait pas rester en place. Elle tapotait du pied contre le bois, tournait sur elle-même en étant assise, jouait avec le sel.
- "Vous croyez qu'on pourra voler les chaussettes de Ben pour en faire des marionnettes ?"
Ben fronça les sourcils sans détourner les yeux de son assiette.
- "J't'entends, hein."
Elle répondit par un sourire innocent, puis se tourna vers les filles :
- "Bon, vous êtes prêtes pour le chaos du matin ? Atelier ou bataille de peinture ?"
Taylor fit craquer ses doigts.
- "J'espère qu'on va faire une fresque murale. J'ai de grandes ambitions et très peu de compétences."
Elena : "Moi je veux juste pas finir couverte de gouache. Mais avec vous, c'est mort."
Ashlyn, doucement, posa son mug sur la table. Ses yeux s'attardèrent sur le paysage dehors.
- "La neige a l'air encore plus belle aujourd'hui."
Silence. Doux. Respectueux.
Puis, une voix éclata dans la salle :
- "QUI A PRIS MA TARTINE ?!"
Tout le monde éclata de rire.
Le petit-déjeuner s'achevait sur un fond de vaisselle qui s'entrechoquait et de voix joyeuses. Dans la grande pièce commune du chalet, les tables se vidaient peu à peu, mais l'ambiance, elle, restait électrique. Certains élèves terminaient leurs chocolats chauds à grandes gorgées, d'autres raclaient leur bol de fromage blanc ou volaient une tartine de plus au dernier moment.
La lumière du matin filtrait à travers les fenêtres, dorant les poutres en bois et les manteaux suspendus. Dehors, la neige étincelait, et déjà le froid semblait appeler les plus téméraires.
Un professeur se leva au milieu du brouhaha :
- « Allez, tout le monde, direction les chambres pour vous équiper ! Groupe A : vous partez dans 15 minutes pour l'atelier créatif. Groupe B : vous partez dans 20 minutes pour le ski. Faites vite, on n'attendra pas ! »
Des soupirs, des cris d'excitation, des rires étouffés. Les élèves quittèrent la salle en grappes désordonnées, comme un essaim d'abeilles un peu trop enthousiastes.
🛏️ Chambre des filles
En haut de l'escalier grinçant, la porte de la chambre s'ouvrit en grand dans un fracas joyeux. Maéline entra la première, un bâton de pain à moitié mâché encore entre les dents.
- « J'vais être la meilleure skieuse du chalet, vous êtes pas prêtes. »
- « Et moi je sens que je vais me retrouver dans un sapin... » grogna Taylor, refermant la porte derrière elle.
Ashlyn, silencieuse, entra en dernier, enlevant calmement ses bouchons d'oreille pour les poser près de son oreiller. Elle était toujours méthodique, toujours organisée. Ses gestes étaient précis : elle défit sa veste, replia son écharpe, posa ses gants l'un sur l'autre. Puis elle s'assit sur le lit, croisa les jambes, et regarda les autres d'un air pensif.
Eléna, elle, retira son sweat d'un geste lent, révélant son t-shirt blanc un peu trop grand. Ses cheveux, coupés juste à la hauteur des épaules, retombaient légèrement en boucles floues, encadrant son visage au regard clair. Elle s'installa devant sa valise entrouverte, attrapant une paire de chaussettes blanches pliées avec soin.
- « On va faire quoi exactement, à l'atelier ? » demanda-t-elle, sans lever les yeux.
Ashlyn répondit sans hésiter, d'une voix posée :
- « Il paraît qu'on va fabriquer des objets en bois. Genre des petites boîtes, ou des décorations. Ça me va. »
- « C'est pas un peu cliché ? » soupira Eléna en souriant légèrement.
- « Peut-être. Mais au moins on sera au chaud, pendant que vous vous les gèlerez sur les pistes. »
Taylor haussa un sourcil.
- « Oh, t'inquiète pas pour nous. Moi je vais faire du hors-piste avec classe. »
- « Et moi je vais faire un hors-piste en hurlement, puis m'étaler de tout mon long comme une étoile de mer surgelée ! » cria Maéline en bondissant sur son lit, toute habillée.
Elle portait déjà un pantalon de ski noir, bien trop large pour sa silhouette mince, et un gros sweat à capuche blanc, décoré d'un petit logo délavé. Son écharpe était enroulée autour de sa tête comme une couronne tordue.
- « Je suis la reine des pistes ! »
Ashlyn leva les yeux au ciel, mais un coin de sa bouche se souleva. Eléna rit doucement, presque malgré elle.
- « Tu vas encore tomber dans la neige juste pour faire la sirène gelée, c'est ça ? »
- « Peut-être ! Mais avec dignité. Et une petite roulade. Et une caméra si possible. »
Taylor avait à peine le temps d'enfiler ses gants que Maéline courait déjà dans la chambre à la recherche de ses lunettes de ski, criant :
- « Quelqu'un a vu mes lunettes ??? Elles sont oranges, elles brillent, on dirait un poisson techno ! »
- « Elles sont sous ton oreiller, hystérique. » dit Elena, en pointant du doigt sans même lever la tête de sa chaussette.
Maéline se figea. Fouilla. Les trouva. Et s'écroula théâtralement sur le lit.
- « ELENA EST UNE SORCIÈRE. »
- « Je suis observatrice. »
Taylor en profita pour glisser une remarque plus calme :
- « Je trouve ça rassurant, en fait. Même quand on fait n'importe quoi, t'es là pour compenser. »
- « J'fais n'importe quoi, moi ? » dit Maéline en bondissant droit comme un piquet.
Ashlyn hocha la tête sans détour :
- « Constamment. »
Un silence suivit. Puis des rires. Des vrais. Profonds. Partagés.
Les filles continuèrent de s'habiller dans cette atmosphère à la fois tendre et désordonnée. Eléna enfila une veste chaude beige crème, discrète. Ashlyn opta pour une veste noire unie, presque militaire. Maéline tenta d'enfiler ses chaussettes par-dessus son pantalon de ski « pour le style ». Taylor s'aida du miroir pour replacer correctement ses cheveux hérissés, identiques à ceux de son frère.
Une discussion s'engagea, douce, à cœur ouvert :
- « Vous trouvez pas que ça passe trop vite ? » demanda Eléna. « Ce séjour. On vient juste d'arriver et j'ai déjà pas envie de repartir. »
Maéline, qui luttait contre sa fermeture éclair, répondit d'un ton plus calme qu'à son habitude :
- « Je pense que c'est parce qu'on est bien ensemble. Ça... bloque le temps. »
Taylor sourit.
Ashlyn dit simplement :
- « On devrait pas attendre la fin pour se le dire. »
Un silence encore. Mais celui-ci n'était pas vide. Il était rempli d'une chaleur invisible, mais réelle.
(Je skip ( ˶°ㅁ°) !!)
Les Rois de la Glisse... ou pas
Groupe B : Maéline, Aiden, Taylor et Logan
La neige crissait sous leurs bottes alors qu'ils avançaient à travers le petit sentier boisé qui menait aux pistes débutantes. Le ciel était d'un bleu éclatant, sans un seul nuage, et le soleil se reflétait sur la couche blanche immaculée, rendant l'atmosphère presque féérique. Mais ce n'était pas la paix qui régnait. Oh non.
- OK, les champions du monde de la glisse, lança Maéline en brandissant ses bâtons comme si elle allait partir en duel. On parie que je bats tout le monde jusqu'en bas, même les chiens de traîneau.
- Mais t'as jamais gagné une course de ta vie, répliqua Taylor en haussant les sourcils. Même en randonnée hier, t'as glissé sur une branche.
- C'était stratégique. Je testais le niveau de friction du sol, répondit Maéline d'un ton ultra-sérieux, avant de pouffer de rire.
Aiden, lui, avait déjà ses skis aux pieds - mais à l'envers.
- C'est pas comme ça que ça marche, remarqua Logan en ajustant ses lunettes.
- Moi j'fais du ski freestyle. Faut penser en dehors des normes, frérot.
- Tu penses surtout avec tes chaussettes trouées, marmonna Taylor.
Arrivés en haut de la petite piste verte, un moniteur leur indiqua la zone d'entraînement. D'autres élèves étaient présents, mais rapidement, le groupe B se fit remarquer. Et pas dans le bon sens.
Aiden s'élança sans prévenir.
- YAAAAA !!! hurla-t-il en penchant son corps vers l'avant comme un missile.
- AIDEN T'AS PAS REGARDÉ LA DIRECTION-
Trop tard.
Il dévia directement sur la butte destinée à l'exercice de virage... la sauta comme une rampe et s'écrasa de tout son long dans un petit sapin.
Un silence. Puis :
- Je vais bien ! J'ai juste... goûté un peu de neige avec mes dents...
Taylor plaqua une main sur son visage.
- Il va s'exploser un jour...
- Un jour ? dit Logan. Il le fait déjà tous les jours.
Maéline glissa jusqu'au milieu de la piste, à une vitesse raisonnable, les bras en l'air.
- REGARDEZ MOI J'SUIS LA REINE DES NEIGES !
- Non, toi t'es la Reine des gamelles, cria Taylor en s'élançant derrière elle.
Mais Maéline, dans sa majesté survolté, manqua un virage et fonça tout droit vers une bosse.
- MAÉÉÉLINE !
Elle sauta sans faire exprès... hurla un "WOUHOUUUU" incontrôlé... et atterrit dans un nuage de poudreuse juste devant un autre élève qui manqua de tomber par peur.
- Tadaaa ! cria-t-elle, les bras écartés, allongée dans la neige comme une étoile de mer. C'est bon, j'suis vivante !
Pendant ce temps, Logan, toujours plus discret, avait réussi à démarrer... sauf qu'il avait oublié de boucler ses fixations correctement.
Résultat : un ski s'envola dans la descente.
- MON SKI ! hurla-t-il en tentant de garder l'équilibre sur un seul pied.
Et comme dans un vieux cartoon, il tourna sur lui-même plusieurs fois avant de s'écrouler dans un banc de neige. Seule sa main sortait encore, tenant son bâton tel un drapeau de reddition.
Taylor, de son côté, faisait de son mieux pour rester sérieuse. Elle descendait proprement, ses mouvements bien contrôlés, esquivant les bosses et ignorant les cris des trois autres. Mais même elle, au bout d'un moment, ne put s'empêcher de rire.
- Mais vous êtes sérieux ? On dirait une vidéo de "Les pires fails au ski" !
- C'est pas un fail si je l'ai fait exprès, déclara Aiden, de retour debout... à l'envers.
- Attends... fit Taylor. T'es en train de redescendre... la piste... À L'ENVERS ?!
- YEP !
Aiden avait mis ses skis en marche arrière, glissant tête en bas de la pente, les bras écartés.
- C'EST DE L'ART, LES GARS !
- C'est de la folie surtout ! cria Logan en essayant de courir après son ski, toujours en fuite plus bas dans la pente.
Maéline, toujours aussi énergique, avait trouvé une luge abandonnée près de la barrière et avait décidé de s'asseoir dedans, skis aux pieds.
- Quelqu'un veut un tour de taxi express ? Direction le chaos !
Elle lança la luge dans la descente en criant "WIIIIII", frôlant les autres skieurs et semant un vent de panique.
Le moniteur les regardait de loin, bouche bée.
- ...Ils sont avec vous ? demanda-t-il à une autre surveillante.
- Oui, mais on les laisse faire. Apparemment, ils ont signé une clause "trop bruyants pour être contrôlés".
- Ils vont bien ?
- À leur manière... oui. Toujours. Enfin, en général.
Quand ils finirent enfin tous en bas de la piste - certains debout, d'autres à moitié enterrés dans la neige - ils éclatèrent de rire, haletants et pleins de neige partout.
Taylor essuya son front avec sa manche.
- Je vais avoir des courbatures au cerveau avec toutes vos conneries.
- C'est pour renforcer l'endurance mentale, dit Logan, enfin réunifié avec son ski fugueur.
Maéline se laissa tomber dans la neige, bras ouverts.
- C'est ça le vrai ski. Pas des virages parfaits. Du freestyle émotionnel.
Aiden s'assit à côté d'elle et leva les yeux vers le ciel, les joues rouges, le souffle court.
- J'ai failli mourir deux fois. J'ai adoré.
Ils restèrent là un instant, riant encore un peu, les flocons commençant à tomber doucement autour d'eux. C'était le chaos. Mais c'était leur chaos.
Le bruit s'était un peu estompé.
Après l'euphorie de la descente à l'envers d'Aiden - à laquelle même un des moniteurs avait dû intervenir, bouche bée devant tant de chaos - le groupe s'était posé en bord de piste, non loin d'un petit chalet en bois servant de point de repos. Le soleil d'hiver se frayait un chemin entre les nuages, dessinant des taches de lumière sur la neige tassée, et les montagnes aux cimes blanches semblaient presque irréelles, suspendues dans un silence lumineux.
Maéline s'installa la première dans la neige, un peu à l'écart, le dos contre une butte, son souffle encore court. Elle avait la veste entrouverte, le casque légèrement de travers, les cheveux en bataille échappés de son bonnet.
Elle tapota la neige à côté d'elle sans lever les yeux.
- Viens t'échouer là, Logan, j'vais pas mourir seule dans un glacier, c'est nul.
Logan, essuyant ses lunettes embuées d'un geste maladroit, s'approcha et s'assit prudemment à côté d'elle, genoux ramenés contre lui. Il ne répondit pas tout de suite. Le vent était doux, piquant juste ce qu'il faut. Ils regardaient tous deux devant eux, la piste en pente douce, les autres plus loin, un Aiden en train de chanter faux et de lancer des boules de neige sur une Taylor qui faisait mine de l'ignorer.
- C'était marrant quand même, finit par dire Logan en relevant légèrement la tête.
Maéline fit un petit bruit, un mélange de souffle et de rire.
- Ouais. Tu sais que t'as crié "MA MÈRE" en descendant ?
- J'ai cru que j'allais mourir, c'est tout.
- T'étais pas si mal. Sauf que t'avais l'air d'une toupie humaine.
Un silence confortable s'installa entre eux. Logan reprit, plus bas :
- T'étais bien, toi. Tu rigolais comme une folle.
- Je suis toujours comme ça quand je m'amuse.
- Tu devrais t'amuser plus souvent.
Elle tourna légèrement la tête vers lui, sourcils haussés. Pas de moquerie dans sa voix, ni dans son regard. Juste une espèce de douceur qui flottait, maladroite.
Maéline hocha doucement la tête, plus pour elle-même que pour lui.
Un flocon atterrit sur le bout de son nez. Logan, sans réfléchir, leva la main pour le chasser, hésita, puis la laissa retomber contre sa cuisse. Elle n'avait pas bougé. Juste un souffle, un battement de paupières.
Ils se regardèrent brièvement. Rien d'exceptionnel. Un regard de rien du tout. Et pourtant...
Un détail. Ce moment infime. Ce genre de moment où les pupilles brillent un peu plus que d'habitude.
Maéline tourna la tête.
- T'as froid ?
- Un peu, ouais. Mais c'est supportable.
Elle tira sur sa manche, fit mine de s'enrouler un peu plus dans sa veste. Puis ajouta dans un souffle :
- T'as toujours les mains gelées, Logan. On dirait un fantôme.
Il sourit. Un sourire discret, un peu de travers.
- Tu touches souvent les mains des fantômes ?
Elle haussa une épaule.
- Peut-être.
Encore un silence. Mais cette fois, il vibrait différemment. Il n'était pas pesant. Pas gêné non plus. Il était juste... là. Doux. Suspendu.
Maéline joua avec une poignée de neige, la compressant sans y penser. Logan regarda ses mains fines, rougies par le froid, et ses cheveux longs qui flottaient doucement avec la brise.
Il pensa à dire quelque chose. Il n'en fit rien.
Et elle, sans le regarder, dit doucement :
- Tu sais... je trouve ça cool. D'être là. Avec vous. Avec toi.
Il tourna un peu la tête.
- Moi aussi.
Ils ne dirent rien de plus. Aucun besoin. Le silence parlait pour eux. Pas encore d'histoire d'amour. Pas de grandes déclarations. Mais une bulle fragile, formée là, dans ce petit coin d'hiver. Un lien invisible qui se renforçait, doucement, tout doucement.
Et lorsqu'ils se levèrent pour rejoindre les autres, un peu plus près l'un de l'autre qu'auparavant, personne ne remarqua.
Sauf peut-être Taylor, qui leva un sourcil en coin.
Mais elle ne dit rien.
🎨 Groupe A - Le matin : deux univers séparés, un même froid d'hiver
La salle est lumineuse, baignée par une douce lumière jaune du matin. Le plafond haut et les murs blancs créent une atmosphère calme, presque apaisante après l'agitation du réveil. L'odeur du bois frais des tables mélangée à celle des tubes de peinture rappelle des souvenirs d'enfance à certains d'entre eux.
Ashlyn s'est installée immédiatement au fond, près de la fenêtre, le regard légèrement distrait vers l'extérieur. Elle fait tourner un pinceau entre ses doigts avec une habileté presque militaire. Sa posture est droite, comme toujours, mais son visage est curieusement détendu - elle apprécie l'ambiance calme, loin des mystères qui les entourent ces derniers temps.
Eléna, quant à elle, est assise en tailleur sur sa chaise, son haut blanc bien rentré dans son pantalon large. Son regard bleu pur balaie les différents outils artistiques avec une curiosité discrète. Elle n'a jamais été particulièrement douée en dessin, mais il y a quelque chose de rassurant dans ces activités simples, presque enfantines.
Ben, silencieux comme à son habitude, a déjà entamé une esquisse au crayon sur une grande feuille blanche. Son style est brut, précis, presque architectural. Il dessine sans s'arrêter, concentré, les sourcils froncés mais sereins.
Et puis, il y a Tyler.
Assis à côté d'Eléna, il tente de se montrer décontracté. Il tient un pinceau dans une main, sans vraiment savoir quoi en faire. Son autre main tapote nerveusement sur la table. Il essaie de ne pas trop regarder Eléna, mais ses yeux s'attardent sur elle un peu plus longtemps que nécessaire chaque fois qu'elle se penche pour attraper un pot de colle ou pour choisir une couleur.
Tyler a ce coup de cœur silencieux, profond, qu'il garde bien pour lui. Il ne veut rien précipiter, il n'ose même pas nommer ce qu'il ressent, mais il sent que quelque chose le pousse à faire attention à elle. Il se surprend à sourire bêtement quand elle fait une remarque ou quand elle rit doucement à une plaisanterie d'Ashlyn.
Eléna, de son côté, semble ne rien remarquer... ou peut-être qu'elle remarque trop bien mais fait semblant de ne pas voir. Il y a chez elle une pudeur presque sacrée. Pourtant, quand Tyler l'aide à ouvrir un pot de peinture récalcitrant, leurs doigts se frôlent et elle relève les yeux vers lui - juste un instant, un instant suspendu. Elle détourne vite le regard, les joues un peu plus roses qu'avant.
Ashlyn ne dit rien, mais elle voit tout. Elle capte les petits regards de Tyler, le sourire discret d'Eléna, la gêne feinte. Elle enregistre, silencieuse, protectrice. Elle sait que ces choses doivent évoluer doucement, à leur rythme.
Ben, concentré sur son dessin, ne perçoit pas l'agitation émotionnelle de ses camarades. Il trace les lignes d'un paysage étrange, peut-être une représentation abstraite de la dimension Phantom, ou un lieu qu'il voudrait visiter loin d'ici.
- « C'est quand même super calme comparé à tout à l'heure », murmure Eléna, en testant une couleur bleue sur un coin de feuille.
- « Attends, on vient d'arriver. Je donne à peine quinze minutes avant qu'on transforme la salle en champ de bataille artistique », répond Ashlyn sans lever les yeux.
- « Je relève le défi », lance Tyler, qui essaie de garder une voix posée. Mais sa main tremble légèrement quand Eléna se penche vers lui avec un petit rire.
- « Tu paries sur quoi ? Qu'on finira couverts de peinture ? » sourit-elle.
- « Non... plutôt qu'on fera quelque chose de beau. Enfin, j'espère », lâche-t-il, un peu maladroitement, mais avec une sincérité désarmante.
Un silence doux s'installe.
Puis Ashlyn lève un sourcil, pinceau en main, et le trempe sans prévenir dans de la peinture verte qu'elle tapote subtilement sur la feuille de Tyler.
- « Voilà. Maintenant t'as un point de départ. À toi de faire le reste. »
Tyler éclate de rire, et ce rire est contagieux. Même Ben, absorbé par son croquis, esquisse un sourire discret.
Eléna baisse un peu les yeux, mais elle sourit aussi. Ce matin est étrange - serein, simple, et presque... normal. Et dans cette normalité fragile, quelque chose naît doucement, sans qu'on le dise, sans qu'on le comprenne encore vraiment.
Le cliquetis léger des pinceaux contre les pots d'eau rythme le silence de la salle. Les feuilles bruissent doucement sous les doigts, les rires sont rares, étouffés. Ce n'est pas un silence lourd - au contraire, c'est celui des mains qui créent, des pensées qui flottent.
Ashlyn a abandonné l'idée de peindre quelque chose de réaliste. À la place, elle fait glisser les couleurs en larges traits abstraits, presque instinctivement. Cela ressemble à un paysage d'émotions : des verts profonds, des bleus étalés en courbes, des touches de rouge qu'elle efface aussitôt d'un mouchoir imbibé d'eau. Son esprit vagabonde.
Ben est presque couché sur sa feuille, le menton à quelques centimètres du papier. Il trace minutieusement les ombres d'un arbre aux branches tordues, les détails d'un ciel voilé. Ce qu'il crée semble tout droit sorti d'un rêve - ou d'un souvenir. Son monde intérieur se révèle dans le silence.
Eléna, elle, hésite.
Ses doigts tremblent un peu autour du pinceau. Elle regarde sa feuille blanche comme on regarde une porte qu'on n'ose pas ouvrir. Puis elle se met à dessiner quelque chose de simple : une main tendue vers le haut, presque enfantine, aux contours flous. Ce n'est pas de l'art au sens académique, mais c'est sincère. Viscéral. Elle y met des touches de bleu clair, un bleu qui lui ressemble.
À ses côtés, Tyler la regarde du coin de l'œil. Il tente de ne pas fixer, de se concentrer sur son propre dessin - une tentative de montagne, puis un soleil, puis il rature. Il recommence. Il recommence encore. Rien ne sort comme il veut.
Mais ce n'est pas vraiment le dessin qui le gêne.
Il sent une chaleur étrange dans sa poitrine, comme une pression douce et constante. Chaque fois qu'Eléna rit doucement, chaque fois qu'elle relève ses cheveux tombés sur son visage, chaque fois qu'elle fronce légèrement les sourcils en se concentrant... il sent quelque chose.
Et il ne comprend pas ce que c'est.
Ce n'est pas comme une alerte, ni comme une peur. C'est autre chose. Plus doux. Plus silencieux. Quelque chose qui rend tout un peu plus intense, un peu plus flou aussi. Il se surprend à se demander si elle pense à lui comme lui pense à elle. Puis il secoue la tête, se rabat sur son pinceau, tremble un peu, étale sans le vouloir une grosse tâche de peinture rouge sur sa feuille.
- « Oups », marmonne-t-il, visiblement gêné.
Eléna baisse les yeux vers sa feuille et sourit.
- « On dirait une explosion. »
- « Ouais. Probablement celle dans ma tête », plaisante-t-il, un peu trop vite.
Elle rit doucement, un rire franc et court, et son regard croise celui de Tyler. Un petit éclat passe entre eux, mais aucun des deux n'ose le nommer. Il détourne les yeux en premier. Elle baisse les siens un instant plus tard.
Ashlyn, sans dire un mot, lève un sourcil. Elle n'en dira rien, pas aujourd'hui. Mais elle voit.
Ben, concentré sur les racines de son arbre, remarque à peine l'échange - ou feint de ne pas le voir.
- « Je me demandais... » dit Eléna, tout bas, sans le regarder.
Tyler relève la tête vers elle, curieux.
- « T'as déjà eu cette sensation... bizarre ? Quand t'es avec quelqu'un, que tout semble normal, mais y'a quelque chose d'autre ? Un truc que tu comprends pas vraiment ? »
Elle ne le regarde pas en disant ça. Elle parle à sa feuille, ou peut-être à elle-même.
Le cœur de Tyler rate un battement.
- « Ouais... », murmure-t-il. « Genre, comme si... t'avais envie d'être près d'eux sans savoir pourquoi ? »
Eléna hoche doucement la tête, un sourire minuscule au coin des lèvres.
- « Exactement ça. »
Leurs regards se croisent encore, et cette fois, ils ne se fuient pas immédiatement.
C'est léger, invisible pour qui ne chercherait pas à voir. Mais c'est là. Quelque chose se construit, à peine esquissé, comme un trait de crayon au bord d'une page encore blanche.
Ashlyn se lève pour rincer son pinceau, et son absence crée une bulle entre eux, une brève suspension. Tyler ose un peu plus se tourner vers Eléna.
- « Tu crois que c'est grave ? Ce truc... qu'on comprend pas ? »
Eléna cligne des yeux lentement, puis secoue la tête avec un sourire un peu fatigué, un peu ému.
- « Non. Je crois que c'est ce qui fait que tout ça vaut la peine. »
Il ne répond pas. Mais il sait, au fond de lui, que quelque chose vient de s'ancrer là. Il ne mettra peut-être pas de mot dessus aujourd'hui. Mais il s'en souviendra.
La salle créative est imprégnée de cette odeur de peinture légère, de papier froissé, de bois chauffé par le soleil à travers les grandes fenêtres. Les voix sont basses, les corps détendus. Eléna termine d'ajouter une touche de bleu à son dessin, Ashlyn essuie ses doigts tachés, et Ben rassemble lentement ses feuilles avec une méthode presque rituelle.
C'est à ce moment-là que la porte s'ouvre brusquement.
- « Groupe A, on descend manger ! », appelle un adulte d'un ton joyeux.
À peine ces mots prononcés, le silence tranquille se fissure, et un grondement se fait entendre dans le couloir, comme une vague de bruit qui monte.
BOUM.
La porte s'ouvre plus violemment que prévu.
- « OH. MON. DIEU. J'AI CRU QUE J'ALLAIS MOURIR. »
C'est Maéline. Rouge comme une tomate, essoufflée, hilare. Elle a de la neige collée à son écharpe, ses cheveux trempés à moitié décoiffés, son pantalon est complètement détrempé jusqu'aux genoux. Elle tient son casque sous le bras comme si elle avait combattu un ours avec.
Juste derrière elle, Aiden rigole à gorge déployée, le nez rouge, les gants trempés accrochés à son sac. Il trébuche presque dans l'encadrement de la porte, tape dans l'épaule de Maéline et crie :
- « C'ÉTAIT LÉGENDAIRE, OKAY ? TU L'AS VU DESCENDRE À L'ENVERS ?! »
- « JE CROIS QUE J'AI PLEURÉ DE RIRE ! » renchérit Taylor, en s'accrochant au mur. Ses cheveux sont complètement en bataille, il y a une trace de neige dans le col de son pull. Elle tente de retrouver son souffle.
Et pour finir, Logan entre le plus calmement possible... mais on voit dans ses yeux que quelque chose cloche.
Il retire ses lunettes pour les essuyer, les remet... et explose de rire à retardement.
- « J'étais censé filmer, et j'ai filmé mes pieds. » dit-il d'un ton très sérieux, avant de se pencher en avant de rire encore.
Le groupe A les regarde, stupéfaits.
Ashlyn hausse un sourcil.
Ben, encore avec son crayon en main, reste figé.
Tyler se redresse et lance, mi-amusé, mi-perdu :
- « Qu'est-ce que vous avez fait, au juste ? »
Maéline ouvre grand les bras comme pour expliquer l'univers :
- « TU NE COMPRENDS PAS. Aiden a décidé de descendre la dernière piste À L'ENVERS. Genre. VRAIMENT. Dos à la pente. Et il a crié tout le long comme un fou. »
- « C'était artistique ! », s'exclame Aiden.
Taylor, à bout de souffle :
- « Et après Logan s'est planté dans un tas de neige en pensant que c'était un chemin. »
Logan lève un doigt, très sérieux :
- « En ma défense, c'était un très joli tas de neige. »
Elena rit doucement, se tournant vers Tyler. Elle souffle :
- « Je crois qu'ils ont eu une journée... mouvementée. »
Tyler sourit, un peu ébahi. Il observe Maéline secouer ses cheveux mouillés en lançant des gants trempés sur Aiden. Il voit Taylor qui rigole encore en se tenant les côtes, et Logan, qui semble un peu ailleurs, mais heureux.
Il se dit que c'est... beau, cette façon qu'ils ont d'exister dans le chaos. Il ne le dira pas à voix haute, mais il admire un peu ça.
Ashlyn se lève, frottant ses mains tachées de peinture sur un mouchoir.
- « Bon, allons manger avant qu'ils dévalisent tout. »
Ben range soigneusement ses affaires, plus lent que les autres.
Le groupe A sort de la salle, Tyler marchant un peu derrière Elena, le regard parfois attiré par ses cheveux clairs qui ondulent à ses épaules à chaque pas.
Dans le couloir, Maéline est déjà en train d'embarquer tout le monde dans une imitation dramatique de la chute d'Aiden, mimant un ralenti épique en se laissant tomber contre les murs.
Taylor, au sol, rit tellement qu'elle en tape le plancher.
Aiden cherche déjà une raclette avec impatience.
Et le midi commence - dans un parfum de fromage fondu, de pain encore chaud, de salade fraîche. Une chaleur nouvelle s'installe, dans l'estomac, dans les rires, dans les petits regards.
//
Le réfectoire du chalet est baigné d'une lumière dorée. Les grandes fenêtres laissent entrer les rayons du soleil d'hiver qui dansent sur les longues tables en bois verni. Des nappes à carreaux rouges et blancs recouvrent les tables, et dans l'air flotte cette odeur divine de fromage fondu, mêlée à celle du pain chaud fraîchement sorti du four.
Des appareils à raclette sont déjà disposés sur les tables, encore silencieux mais prêts à démarrer. Autour, des assiettes bien remplies attendent les groupes : tranches de fromage, charcuterie, pommes de terre fumantes dans de grands plats, cornichons, et de la salade verte croquante pour accompagner le tout.
Le groupe A entre en premier, suivi par le groupe B qui continue à faire un raffut pas possible, comme s'ils ramenaient la montagne entière avec eux.
Maéline pousse la porte avec son sac trempé encore sur le dos, ses cheveux détachés et pleins de flocons. Elle regarde les tables avec de grands yeux brillants :
- « J'AI ATTENDU CE MOMENT TOUTE MA VIE. »
Aiden, déjà en train de renifler l'air, dit en pointant une table :
- « Là. J'veux être là. Près du fromage. »
Taylor, tout en essayant de retirer sa veste sans faire tomber son écharpe trempée, répond :
- « Si tu t'assieds là, c'est moi qui prends le contrôle de l'appareil. »
Logan, silencieux, dépose calmement ses lunettes sur la table et sort une petite serviette de sa poche pour les nettoyer. Il sourit légèrement en regardant le chaos autour de lui.
📍La disposition à table
Les adultes ont prévu de grandes tables rectangulaires pour toute la classe. Les amis se retrouvent vite côte à côte. Voici comment ils s'installent :
Tyler se retrouve entre Ben et Elena, après qu'Ashlyn lui ait tiré une chaise sans lui demander son avis.
Elena est donc placée entre Tyler et Ashlyn.
Maéline arrive et se pose à côté de Logan, qui ne proteste pas. Elle tire sa chaise bruyamment, s'assoit de travers et pique dans un cornichon sans attendre.
Taylor s'installe en face de Maéline, entre Aiden et Logan.
Tout le monde est un peu serré, ça sent , la neige fondue sur les vêtements, mais aussi cette odeur si particulière d'hiver et de retrouvailles.
Les adultes branchent les appareils à raclette. Un léger grésillement monte. Très vite, les premières tranches de fromage sont posées dans les coupelles.
Tyler regarde le fromage fondre, un peu dans ses pensées. Il entend la voix douce d'Elena, qui demande :
- « Tu veux que je te passe les pommes de terre ? »
Il cligne des yeux, revient sur terre.
- « Oh... ouais. Merci. »
Il prend le plat qu'elle lui tend, frôle ses doigts sans y penser. Mais il sent un minuscule frisson lui passer dans la nuque. Il n'ose pas regarder ses yeux. À la place, il se concentre sur sa fourchette.
De l'autre côté, Maéline commence déjà à trop s'exciter :
- « Logan, regarde ! Regarde comment ça bulle ! C'est de la magie ! C'est un fromage-magicien ! »
Logan, avec son calme naturel :
- « Tu veux dire... un fromagicien. »
Maéline explose de rire, renverse presque son verre d'eau. Elle tape sur la table. Taylor s'étrangle avec une pomme de terre en l'entendant.
Aiden, la bouche pleine :
- « Vous êtes débiles. J'adore. »
Ashlyn, qui les observe avec un petit sourire, dit à voix basse à Elena :
- « Ils n'ont pas changé. »
Eléna répond, en souriant un peu :
- « Et c'est rassurant. »
Le repas devient un véritable ballet de voix, de rires et de morceaux de pain volants (merci Aiden, encore lui). Quelques conversations s'entremêlent :
Ben explique posément à Ashlyn comment il a assemblé son collage en atelier.
Taylor raconte comment Aiden a hurlé "SUS AU DESTIN" en descendant la piste à l'envers.
Maéline parle en même temps que tout le monde, en animant la scène avec ses mains, mimant la chute de Logan dans un buisson de neige.
Tyler, pendant ce temps, jette des regards en coin à Elena quand elle parle, quand elle sourit, quand elle s'essuie la bouche avec la serviette, même quand elle ne fait rien.
Mais il ne comprend pas ce qu'il ressent. C'est pas une pensée claire, c'est diffus. C'est juste... qu'il aimerait que ça dure.
Il aime bien être à côté d'elle. C'est tout. Peut-être.
🥗 Fin du repas
Quand il ne reste plus qu'un peu de salade et quelques croûtes de pain, Maéline pousse un long soupir dramatique :
- « J'AI MANGÉ POUR DIX. »
Taylor lève un sourcil :
- « C'est parce que t'as skié comme une possédée. »
Aiden, les mains derrière la tête :
- « J'suis prêt à faire une sieste. »
Ashlyn prend une gorgée d'eau et annonce calmement :
- « Pas le temps. On va à la piscine. »
Ben lève les yeux :
- « Déjà ? »
- « L'après-midi commence maintenant. Allez, on se change. »
Les chaises grincent, les vestes se remettent, les rires ne faiblissent pas. Mais au fond de tout ça, il y a un calme qui s'installe. Un genre de paix douce, cette chaleur qu'on ressent après un bon repas partagé avec les gens qu'on aime bien... même quand on ne sait pas encore à quel point.Le repas venait à peine de se terminer, et déjà un joyeux remue-ménage s'élevait dans le grand couloir du chalet. Entre les restes de raclette fondante, les morceaux de pain encore chauds et les salades colorées à peine entamées, l'ambiance restait électrique, imprégnée de cette euphorie typique des groupes d'amis en voyage scolaire.
Les professeurs avaient annoncé une activité détente pour l'après-midi : la piscine intérieure chauffée du chalet. Une pièce lumineuse avec de grandes baies vitrées donnant sur la neige étincelante du dehors. Un contraste saisissant entre le froid du paysage et la vapeur douce qui s'élevait des eaux turquoise. Le groupe entier s'y dirigea, des serviettes sous le bras, riant et traînant des tongs sur les dalles carrelées du couloir.
Les vestiaires étaient séparés, bien sûr. Les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Maéline était l'une des premières à se changer, déjà dans son maillot noir simple, pour elle, qu'elle avait choisi pour être à l'aise. Elle attachait rapidement ses longs cheveux en une tresse lâche. Elle éclatait de rire à chaque phrase, poussait Taylor pour la faire accélérer, faisait mine de voler la serviette d'Ashlyn en courant partout dans les vestiaires, éclaboussant même un peu avec la fontaine d'eau.
- "T'as fini de foutre le bazar ou faut que je t'arrose direct à la piscine ?" lança Taylor, faussement agacée, les mains sur les hanches.
- "T'as même pas idée de ce que je vais faire là-bas, j'ai un plan, meuf. Un. Plan." répondit Maéline, l'œil brillant de malice.
Elena, un peu plus discrète, enfilait son maillot bleu pâle derrière un rideau de cabine. Elle avait attaché ses cheveux blonds jusqu'aux épaules en un petit chignon imparfait, laissant quelques mèches retomber doucement autour de son visage pâle. Elle écoutait les échanges en souriant, silencieuse, mais ses yeux pétillaient d'amusement.
Ashlyn, comme à son habitude, gardait une posture calme, mais pas distante. Elle portait un maillot une pièce kaki, simple mais qui lui allait bien, et avait gardé ses bouchons d'oreille jusqu'au dernier moment, pour se protéger du bruit encore présent dans les vestiaires.
Une fois prêtes, les filles rejoignirent la piscine. La chaleur leur caressa aussitôt la peau. Le sol était légèrement humide, et l'odeur du chlore se mêlait à celle de l'air chaud. Logan, déjà dans l'eau, faisait semblant de nager comme un dauphin, éclaboussant volontairement Aiden, qui s'énervait aussitôt.
- "LOGAN JE TE JURE, ARRÊTE ÇA OU JE TE COULE !"
- "Faut me rattraper d'abord !" cria Logan avant de plonger à moitié de travers.
Aiden, évidemment, ne se fit pas prier. Il bondit dans l'eau dans une explosion de vagues, manquant de peu d'arroser tout le bord. Maéline poussa un cri aigu et recula d'un bond, éclaboussée malgré elle.
- "Je vais vous tuer les gars !" hurla-t-elle en riant, courant vers le bord et sautant à son tour dans la piscine avec une énergie incroyable. L'eau jaillit autour d'elle comme si elle avait voulu créer un raz-de-marée.
Taylor, un peu plus prudente, entra par l'échelle, mais une fois dans l'eau, elle nagea directement vers Logan pour le tirer par les pieds et l'immerger d'un coup sec. Il refit surface en toussant et éclatant de rire.
Du côté du groupe A, Tyler observait la scène avec un demi-sourire. Il s'était assis sur le bord de la piscine, les jambes trempant dans l'eau, une serviette autour des épaules. Il jetait parfois des regards à Elena qui nageait avec lenteur dans une ligne plus calme, plus loin du tumulte.
Il ne comprenait pas bien ce qu'il ressentait. Il n'y avait rien d'évident, rien de criant. C'était... une chaleur étrange dans la poitrine quand elle souriait. Une sensation de calme quand elle était dans la même pièce. Il ne savait pas mettre de mots là-dessus. Pas encore.
Ben, à côté de lui, s'était déjà jeté à l'eau, rejoignant Logan et Aiden dans une série de jeux idiots à base de sauts de dauphin et de mini compétitions d'apnée.
Ashlyn, elle, nageait doucement, glissant sous l'eau avec la grâce silencieuse d'une anguille. Elle évitait les éclaboussures et trouvait son bonheur dans cette tranquillité en périphérie du chaos. Elena la rejoignit un moment, et elles échangèrent quelques mots, discrètement.
- "Ils sont intenables." souffla Ashlyn.
- "C'est ce qui les rend vivants, non ?" répondit Elena dans un murmure doux.
Un peu plus loin, Maéline s'était hissée hors de l'eau et courait vers le plongeoir malgré les protestations d'un professeur en arrière-plan.
- "MAÉLINE DESCENDS DE LÀ !"
- "JE FAIS UN PLONGEON CONTRÔLÉ ! J'AI UN PLAN !"
Elle plongea dans une pirouette à moitié ratée, atterrissant sur le ventre dans un grand SPLASH. Elle refit surface en toussant de rire, les cheveux plaqués sur son visage.
- "Ça fait mal, mais j'ai jamais été aussi fière !"
Logan, hilare, tenta de l'imiter, mais se coinça dans le plongeoir en grimpant, glissa et tomba à moitié dans l'eau, la tête la première mais les jambes accrochées au bord. Taylor, morte de rire, se jeta à l'eau pour le dégager.
Aiden en profita pour sauter sur eux, créant une mini-bataille aquatique au centre du bassin.
Il aurait fallu une alarme incendie ou une inondation pour calmer ce groupe. Mais là, dans la chaleur moite de la piscine, avec l'écho de leurs cris rebondissant sur les murs et la buée couvrant les vitres, plus rien ne pouvait les arrêter.
Logan, encore à moitié coincé entre le plongeoir et l'eau, s'était finalement laissé glisser. Il remonta à la surface, décoiffé, avec ses cheveux mouillés qui collaient à ses lunettes embuées.
- "J'suis un dauphin en détresse ! J'ai besoin d'un sauvetage d'urgence !" cria-t-il en tendant les bras dramatiquement vers Taylor.
- "T'as juste l'air d'une crêpe humide !" répliqua Maéline, qui se jeta sur lui à bras ouverts, l'éclaboussant au passage d'une gerbe d'eau. Elle le coula d'un coup sec, ricanant comme une enfant enragée.
Aiden, lui, s'était mis en tête d'organiser un concours d'acrobaties aquatiques sur les épaules.
- "Allez, Logan monte sur mes épaules ! On va les éclater !"
- "Je vais mourir, c'est sûr." répondit Logan en s'approchant à reculons, les bras déjà levés pour se défendre contre l'éventuelle noyade.
À peine perché (très maladroitement), Logan était aussitôt renversé par Maéline, qui, en hurlant comme une guerrière viking, se jeta sur eux en faisant une bombe parfaite. L'eau jaillit si fort qu'elle éclaboussa jusqu'aux vitres embuées. Plusieurs élèves, assis tranquillement sur les bancs en bordure de la piscine, levèrent les bras pour se protéger.
Taylor, elle, nageait à reculons avec un air satisfait sur le visage.
- "Je suis pas responsable de ce chaos. Enfin... pas aujourd'hui."
Mais à peine avait-elle dit ça qu'Aiden hurla :
- "TAYLOR ! AFFRONTEMENT EN VUE !"
Elle eut à peine le temps de se retourner qu'il avait déjà sauté dans l'eau avec un spaghetti-pool-noodle en main, comme s'il menait un duel. Elle l'intercepta en plein vol, attrapa le spaghetti au vol, et commença à l'utiliser pour le noyer façon gladiateur romain.
Elena, de son côté, avait retrouvé un peu de calme dans le petit bassin à bulles sur le côté. Mais même là, impossible d'échapper à la tempête. Tyler, silencieux, avait fini par entrer dans l'eau et s'était installé non loin d'elle.
Ils échangèrent un regard. Juste ça.
Pas de mots. Mais dans ce silence-là, il y avait une forme de paix. De reconnaissance.
- "Ils sont fous." finit par dire Elena en regardant Maéline grimper à moitié sur un matelas flottant avant de sombrer avec lui comme le Titanic.
- "Tu trouves pas ça... génial ?" répondit Tyler, les yeux fixés sur le chaos, mais avec un sourire sincère. Il ajouta, plus bas : "T'as un rire apaisant. Je sais pas pourquoi je pense à ça maintenant."
Elena ne répondit pas tout de suite. Mais un sourire fugace glissa sur ses lèvres.
Pendant ce temps, Maéline hurlait :
- "JE SUIS LA REINE DES FLOTS !"
Elle se tenait debout sur une bouée en forme de flamant rose, bras levés, éclaboussant à tout va. Logan nageait en rond autour d'elle, criant :
- "Tout puissant flamant, guide-moi !"
Aiden, derrière, essayait d'accrocher une serviette sur le radiateur au mur, trempé de la tête aux pieds, les pieds glissant sur le carrelage.
- "JE SUIS MOUILLÉ COMME UNE SERVIETTE ! QUELQU'UN ME JETTE UNE BOUÉE ! JE RÉPÈTE, BOUÉE EN DANGER !"
Ashlyn, enfin, tentait de retrouver un coin tranquille pour respirer. Mais même elle finit par se faire éclabousser par un plongeon foireux de Taylor.
- "C'est la guerre aquatique maintenant ?" demanda-t-elle, en retirant l'eau de ses yeux d'un geste lent.
Taylor, hilare, hocha la tête.
- "Tu peux pas rester spectatrice. C'est l'heure de la révolution aquatique."
Ashlyn secoua la tête avec un demi-sourire... et se jeta à l'eau pour attraper Logan par surprise.
Une vague de cris, de rires, de courses à moitié immergées s'éleva. Quelqu'un cria qu'il avait perdu une tong, un autre qu'un spaghetti l'avait frappé à l'œil, et au fond, un prof fatigué souffla un long soupir :
- "iL reste 1 jour Jour. Ses l'avants dernier jour. Ses apres demain.."
La chaleur moelleuse de la piscine chauffée du chalet s'effaçait peu à peu, remplacée par l'air plus frais du couloir en bois. Les portes vitrées se refermèrent derrière le groupe encore trempé et bruyant, et un petit nuage de buée suivit leur passage dans les longs couloirs.
- "C'était trop bien !" s'écria Maéline, essorant ses longs cheveux dégoulinants avec une serviette éponge rayée.
Elle bondissait presque en marchant, pieds nus sur le carrelage tiède, laissant derrière elle de petites flaques d'eau en zigzag. Logan, à ses côtés, essaya d'éviter les flaques mais glissa légèrement, rattrapé de justesse par Taylor qui grommela :
- "Tu vas finir par te péter une jambe avant les mini-jeux..."
- "Ou un neurone. Mais ça, c'est trop tard," ajouta Aiden en sortant en dernier, une serviette nouée autour de la taille comme une cape royale.
Ashlyn ferma la marche, discrète mais toujours attentive. Elle tenait sa serviette pliée sur l'épaule, les cheveux en chignon rapide, jetant un regard circulaire vers les autres. Sa peau encore humide brillait légèrement sous les spots du couloir. Taylor la rejoignit, leur pas parfaitement synchronisés.
- "Tu penses qu'on aura le droit de s'échapper pendant les mini-jeux ?" demanda Taylor, demi-sourire en coin.
- "Pas si Maéline est dans les parages. Elle va retourner la salle."
Justement, Maéline s'était arrêtée au milieu du couloir, face à une grande glace fixée au mur. Elle s'y contemplait avec sérieux, les cheveux en pagaille, la serviette posée n'importe comment sur les épaules.
- "Est-ce que j'ai l'air d'une déesse de la guerre aquatique ? Ou juste d'un raton-laveur trempé ?"
- "Un raton-laveur très menaçant," déclara Logan, tout sourire.
Maéline lui tira la langue, mais un petit rire lui échappa. Et, l'espace d'une seconde, son regard croisa celui de Logan. Fugace. Mais curieusement doux.
Aiden passa entre eux avec une pirouette dramatique :
- "Moi je suis juste sublime, ça suffit."
👟 Vestiaires,
Ils rejoignirent les vestiaires réservés au groupe. L'intérieur était chaud, un peu humide, et encore couvert de l'écho des conversations des autres élèves qui avaient quitté les lieux juste avant.
Le sol était mouillé. Des serviettes traînaient. Une chaussette solitaire gisait sur un banc. Le chaos parfait.
Taylor attrapa son sac et soupira :
- "On dirait une scène de crime."
- "Sauf que la victime, c'est l'ordre."
Aiden bondit sur un banc et hurla :
- "OK ! QUI A VOLÉ MON SHORT SEC ?!"
- "C'est pas moi !" cria Maéline sans même se retourner, en train de secouer sa propre serviette pour l'étaler par terre comme tapis.
Ashlyn et Elena, déjà changées, riaient doucement dans leur coin. Elena avait noué ses cheveux blonds mouillés en une petite tresse rapide qui tombait sur son épaule. Elle portait un t-shirt blanc un peu trop large, avec un petit logo au col, et un pantalon large beige. Elle avait les joues encore légèrement rosées par la chaleur de la piscine.
Tyler, lui, s'était approché sans bruit. Il s'était changé vite, et hésitait maintenant à dire quelque chose. Il la regardait, comme on regarde un détail qu'on ne comprend pas mais qui fascine.
Il ne comprenait pas ce qu'il ressentait. Il ne comprenait même pas pourquoi ses doigts tremblaient un peu. Mais quand Elena leva les yeux vers lui, il détourna rapidement les siens, rougissant malgré lui.
Elle le fixa un instant.
- "T'as froid ? T'as les joues rouges."
Il se frotta le visage, paniqué :
- "Ouais. Froid."
Elle lui tendit une petite serviette en souriant :
- "Tiens."
Il la prit. Le contact effleura ses doigts. Il sentit son cœur louper un battement.
🧴 Senteurs de shampoing et chaos organisé
Ashlyn s'était assise au bord d'un banc, observant la scène d'un œil à la fois amusé et fatigué. Taylor, assise à côté d'elle, était en train de démêler ses cheveux avec une brosse à pique multicolore. Aiden, en fond, faisait tourner une bouteille de shampoing vide comme une toupie.
- "AIDEN !" cria Logan. "Tu viens de faire tomber MON T-SHIRT dans la flaque !"
- "C'est le destin, mec."
Maéline, elle, sautillait sur place avec son sac ouvert.
- "Bon j'ai un haut sec, mais pas de chaussettes... J'vais y aller pieds nus !"
- "Tu vas te geler."
- "J'ai survécu à cette classe. Je peux survivre à un sol carrelé."
Logan rigola, les cheveux encore mouillés, mais il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder un peu plus longtemps que nécessaire. Elle était rayonnante, pleine d'une énergie imprévisible. Et quand elle lui sourit sans raison, il sentit son ventre se tordre.
Une fois plus ou moins secs, habillés, et coiffés de façon plus ou moins contrôlée, le groupe sortit des vestiaires, éclatant de bavardages et d'énergie débordante.
Aiden portait un sweat trop grand, toujours avec sa serviette nouée comme une ceinture façon "samouraï moderne". Logan avait trouvé un vieux bonnet dans son sac et l'avait mis de travers. Taylor avait piqué une barre de céréales et la mangeait en silence, marchant juste à côté d'Ashlyn.
Maéline, elle, ouvrait la marche, les bras levés :
- "OK LES ZAMIS. L'HEURE EST GRAVE. C'EST L'HEURE... DU COMBAT DES MINI-JEUX !"
Ils passèrent le coin du couloir, et des bruits de cris et de rires leur parvinrent de la salle suivante.
- "On va tous mourir," déclara Taylor en croquant dans sa barre.
- "Mais dans la joie," compléta Aiden.
Ashlyn sourit. Le sol était encore humide sous leurs pas, mais la chaleur des rires effaçait peu à peu les frissons.
Et pendant qu'ils approchaient de la grande salle des jeux, personne ne se doutait que ce chaos qui les attendait serait l'un de leurs plus beaux souvenirs.
Les murs de bois de la grande salle d'activités vibraient déjà sous les cris étouffés et les éclats de rire qui s'y échappaient. Des tapis étaient posés un peu partout, des jeux de société empilés sur une table, et des cônes de plastique délimitaient grossièrement un terrain improvisé au centre. Quelques profs et accompagnateurs essayaient vaguement de garder le contrôle, mais la situation leur échappait déjà. Il y avait des balles molles, des sacs de sable, et un tableau à score... personne ne savait exactement comment le jeu fonctionnait, mais tout le monde jouait.
Maéline débarqua dans la pièce la première, trempée de la tête aux pieds, les cheveux gouttant encore dans son dos, son t-shirt collé contre elle.
- "J'M'INSCRIS AU TOURNOI DE LA HONTE !" cria-t-elle en levant un coussin dans les airs comme un trophée.
- "T'es même pas censée hurler maintenant," dit Aiden, hilare, en la suivant de près, lui aussi trempé, mais avec un sweat qu'il avait mis à l'envers.
- "TOURNOI. DE. LA. HONTE ! " elle insista, bondissant sur un tapis et glissant presque jusqu'au mur.
Taylor entra ensuite, les cheveux attachés en une tresse rapide, les bras croisés, l'air faussement blasé. Mais ses yeux pétillaient d'impatience.
- "OK. C'est quoi le plan ? Éliminer tout le monde ? Voler les bonbons ? Gagner la guerre sans aucune règle ?"
Logan, qui arrivait derrière avec un vieux peignoir mal fermé, leva un doigt solennel :
- "Le plan est : créer la confusion, profiter du chaos... et manger le plus de biscuits possible sans se faire repérer."
Ashlyn, qui venait tout juste d'entrer avec une serviette autour du cou, souffla, les yeux levés au ciel :
- "Je suis dans une colonie de démons."
- "Exactement." répondit Taylor avec un clin d'œil.
Jeu n°1 : Course en sac... dans le désordre
Le premier mini-jeu débuta sur un malentendu. Quelqu'un cria "3, 2, 1... partez !" alors qu'Aiden était encore en train de mettre les deux pieds dans son sac. Logan bondit en avant comme un kangourou défectueux, se mangea une chaise oubliée sur le bord, et s'écroula en riant.
Maéline sauta si violemment qu'elle perdit une chaussette en vol. Elle atterrit de travers, rebondit contre le mur de mousse, et cria :
- "Je suis née pour ça !"
Taylor, elle, n'utilisait même pas le sac correctement. Elle le portait comme une cape, avançant à grands pas, le regard concentré :
- "La vraie compétition, c'est la stratégie."
Ashlyn se contentait de marcher calmement dans son sac, presque paisible, tout en évitant Logan qui rampait au sol pour récupérer sa dignité. Elle ne disait rien, mais un sourire discret flottait sur son visage.
Jeu n°2 : Pictionnary sur tableau blanc
- "Logan, c'est pas un dragon ça, c'est une patate mutante."
- "C'était un dragon qui a connu une mauvaise journée."
Maéline, elle, avait pris le marqueur et dessinait avec une vitesse presque effrayante. Son équipe hurlait des mots au hasard.
- "Un brocoli ! Une tornade ! Un... trampoline dans un sandwich !"
- "Mais non, c'était un hamster dans une fusée !" s'exclama-t-elle.
Taylor éclata de rire en tombant à la renverse sur le tapis.
- "Ton cerveau a besoin de repos, Maé."
Mais la tension montait. Aiden s'était mis à tricher ouvertement, faisant des mimes pendant que Logan dessinait.
- "UN CHAT QUI JONGLE !"
- "Presque, c'était un kangourou dans une salle de bain."
- "Mais QUOI ??"
Elena, de loin, les observait avec un petit sourire. Tyler, assis à côté d'elle, semblait partagé entre rire et... autre chose. Il la regardait discrètement, tentant de comprendre ce qu'il ressentait exactement. Il n'osait pas parler, mais quand leurs regards se croisèrent, quelque chose passa. Doux. Silencieux. Légèrement maladroit.
Ashlyn, toujours posée, gribouilla son dessin calmement. Elle avait dessiné un soleil avec des nuages autour. Elle n'avait rien dit. Mais Taylor l'avait deviné sans hésitation :
- "La paix."
Ashlyn la fixa un instant. Puis hocha la tête.
Jeu n°3 : Le labyrinthe à l'aveugle
Le dernier jeu consistait à traverser un mini-labyrinthe monté avec des matelas debout, des coussins et des chaises. Un joueur avait les yeux bandés, l'autre devait le guider à la voix. Mauvaise idée avec ce groupe.
Aiden guida Maéline. Ou plutôt, il donna des indications comme :
- "À gauche ! Non, ta gauche !"
- "C'est CE QUE JE FAIS !"
- "Attention au..." PLOUF.
Elle s'écroula dans un amas de coussins en criant :
- "JE SUIS MORTELLEMENT TOUCHÉE ! CE MATELAS A DES DENTS !"
Taylor guida Logan.
- "Droite. Encore droite. STOP. Avance. Non, pas là !"
- "Mais j'vois rien !"
- "JE SAIS, C'EST LE BUT !"
Finalement, Logan heurta un mur de matelas et resta coincé là, rigolant trop pour s'en sortir. Taylor le libéra en lui tirant les bras.
Ashlyn et Elena observaient la scène, hilares malgré elles. Elena, assise en tailleur, dessina quelque chose sur sa main avec un feutre pendant que Tyler l'observait du coin de l'œil.
Il finit par lui tendre une des barres de céréales posées sur la table :
- "Tu vas avoir besoin d'énergie. T'es entourée de fous."
Elle prit la barre en souriant, ses doigts frôlant les siens. Il sentit son cœur se serrer, sans savoir pourquoi
Le début de l'activité avait déjà été bien bordélique, mais rien ne comparait à ce qui attendait la classe dans la seconde partie. Les animateurs, désespérés mais pas encore à bout de nerfs, avaient installé plusieurs "zones de jeux" dans une grande salle décorée avec des guirlandes en papier et des banderoles écrites à la main. L'ambiance était un mélange d'anniversaire de CE2 et de soirée de camp de vacances.
Tyler, Elena, Ashlyn et Ben se tenaient dans un coin, en train d'écouter vaguement les règles d'un jeu de relais qui impliquait des cerceaux, des balles, et un gilet de ski fluo trop petit.
Ashlyn fronça les sourcils :
- "Tu crois qu'on va mourir aujourd'hui ou demain ?"
Ben répondit :
- "Moi je dis : aujourd'hui. Si Aiden passe en premier, on est foutus."
Elena gloussa doucement, puis regarda Tyler, qui semblait ailleurs. Il tenait une balle dans ses mains, la tournant lentement, fixant le sol sans vraiment le voir. Elle lui donna un petit coup de coude.
- "Hé. Tu rêves ?"
Tyler leva les yeux vers elle. Et là, sans prévenir, il la vit dans toute sa lumière : ses cheveux d'un blond presque argent, attachés rapidement en demi-queue, son sourire en coin, et cette façon qu'elle avait de le regarder comme si elle savait déjà qu'il n'était pas tout à fait lui-même.
- "Hein ? Non. J'écoutais."
- "Tu dis ça avec une voix de menteur."
Il détourna les yeux, le cœur un peu secoué.
Ashlyn, qui n'en perdait pas une, arqua un sourcil en observant la scène, mais ne dit rien.
🟢 jeu n°4 : Course à l'aveugle
- "Bon, pour ce premier jeu," annonça l'animateur avec l'enthousiasme désespéré d'un animateur scout à bout, "un binôme va devoir guider l'autre, les yeux bandés, à travers un parcours rempli d'obstacles mous. Celui qui est guidé ne doit pas toucher les objets !"
- "QUI me guide ?!" cria Aiden, déjà en train d'essayer le bandeau avant qu'on le désigne.
Ashlyn et Ben s'étaient portés volontaires pour commencer, et c'était Ben qui avait les yeux bandés.
- "Marche... encore... encore... TROP À GAUCHE ! NON À L'AUTRE GAUCHE !"
Ben trébucha dans un coussin gonflable en forme de banane géante. Ashlyn leva les bras au ciel.
Pendant ce temps, un autre groupe se formait. Elena se retourna vers Tyler :
- "On le tente ?"
Il bégaya un peu :
- "Ouais... Si tu veux."
Elle sourit. Elle lui mit le bandeau sur les yeux. Il sentit ses doigts sur ses tempes, le tissu serré doucement derrière sa tête.
- "Je promets de pas te faire tomber. Enfin... pas exprès."
Il rit. C'était nerveux, mais sincère.
Elle le guida avec calme, une main légère sur son épaule, et sa voix douce dans son oreille :
- "Un pas à droite... OK. Maintenant deux pas... STOP ! À gauche maintenant."
À chaque mot, il avait l'impression que sa peau devenait plus sensible, plus chaude. Il ne voyait rien, mais il la sentait partout autour de lui.
Quand il arriva au bout du parcours sans tomber, elle applaudit discrètement.
- "Franchement, pas mal. Même Ben s'est mangé un coussin."
Tyler retira le bandeau, un peu étourdi. Pas par le jeu. Par elle.
💥 Maéline & Logan - micro scène de chaos
Un peu plus loin, Maéline avait réussi à trouver un mégaphone oublié sur une table.
- "TEST MICRO. TEST. ICI LE GÉNÉRAL DU BORDÉLIQUE ARMY. SOLDAT LOGAN, ON SE RAPPROCHE DE L'ENNEMI !"
Logan leva les mains comme un acteur de théâtre dramatique :
- "Capitaine Maéline, je suis prêt à mourir pour la patrie !"
Il se jeta sur un matelas géant en mousse et roula jusqu'au mur, manquant d'emporter une décoration.
- "Il va nous faire virer," marmonna Taylor en passant à côté, les bras croisés.
Mais au fond, elle souriait.
🎈 jeu n° 5 : Le ballon maudit
On leur fit ensuite un jeu simple : chaque équipe devait faire passer un ballon d'un bout à l'autre de la salle, sans utiliser les mains.
- "QUOI ?! s'étrangla Aiden. "Mais comment on fait ?"
- "Avec la tête. Le dos. Le coude. Soyez créatifs."
Elena et Tyler furent encore mis ensemble. Elle lui tendit le ballon :
- "Alors... On tente un transfert épaule à épaule ?"
Tyler hocha la tête. Le ballon glissa et atterrit entre eux. Leurs torses s'effleurèrent. Il se figea. Elle aussi, peut-être. Mais elle garda son calme.
- "OK. Doucement."
Ils avancèrent pas à pas. Chaque fois qu'il sentait son souffle contre sa joue, il avait l'impression que le sol tremblait. Ils finirent par faire tomber le ballon à la fin, mais tous deux éclatèrent de rire.
C'était léger. Vraiment léger. Mais pour Tyler, ce petit moment avait tout d'un orage intérieur.
☕ Pause & bilan du chaos
Les animateurs déclarèrent une courte pause.
Tout le monde se dirigea vers les tables disposées avec des biscuits, des jus, et quelques chaises.
Ashlyn s'assit tranquillement, observant le groupe. Taylor se cala à côté d'elle, en train de boire un jus avec l'intensité d'un soldat revenu du front.
Tyler, lui, cherchait un moyen de calmer son cœur. Elena était partie parler à Justine, et il l'observait à distance.
Et sans qu'il ne s'en rende compte, Maéline et Logan passèrent derrière, éclatant de rire à propos d'une blague incompréhensible qu'ils venaient d'inventer. Leur amitié semblait faite de langage secret, de gestes rapides, et de silences qui voulaient dire "je te comprends même quand je parle trop vite".
La lumière dorée de l'après-midi commençait lentement à s'atténuer, s'étirant doucement à travers les grandes fenêtres du chalet comme des doigts tièdes caressant les meubles et les visages fatigués. Le sol encore humide de la piscine et les cris des mini-jeux résonnaient faiblement dans les souvenirs des élèves, désormais remplacés par un calme presque feutré. Les rires s'étaient atténués, remplacés par les chuchotements, les pas traînants et les soupirs heureux.
Les élèves étaient revenus au chalet, certains encore en serviette, les cheveux en bataille et la peau rougie par le chlore, d'autres déjà changés, affalés dans les canapés ou accoudés près des grandes tables communes. L'air sentait encore un peu l'eau de piscine, mêlé à celui du bois chaud et du chocolat qui commençait à fondre dans une grande casserole laissée sur la cuisinière. Une ambiance de fin de journée s'était installée, entre la chaleur du feu et les éclats de voix plus doux, plus posés.
Dans un coin du salon, Maéline riait à demi avec Aiden, les deux encore essoufflés de leurs dernières pitreries. Aiden s'était étalé par terre, une serviette en boule sous la tête comme oreiller, le regard perdu dans le plafond. Maéline, toujours pleine d'énergie mais calmée par la chaleur ambiante, tapotait distraitement le sol avec ses doigts en racontant une anecdote sans queue ni tête à Taylor, qui hochait la tête avec un demi-sourire, visiblement à la fois amusée et fatiguée.
Logan était resté silencieux un moment, assis au bord d'une marche, essuyant la buée sur ses lunettes. Son regard s'était attardé sur Maéline un bref instant. Juste un petit moment. Puis il avait détourné les yeux, comme s'il ne savait pas lui-même pourquoi ce regard avait été plus long que d'habitude.
Du côté du groupe A, Tyler s'était installé dans un fauteuil, un coussin serré contre lui. Ashlyn était en train d'expliquer quelque chose à Elena, un chocolat chaud fumant entre les mains. Elena hochait la tête doucement, son regard distrait passant parfois sur Tyler, parfois sur les flammes du poêle. Elle avait remonté ses jambes contre elle, le t-shirt un peu trop grand qu'elle portait glissant doucement sur son épaule. Tyler ne disait rien, mais il n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil discrets dans sa direction, tentant sans succès d'analyser ce qu'il ressentait. Quelque chose de flou, de subtil. C'était doux, paisible. Mais ça le troublait aussi, d'une manière qu'il n'osait pas nommer.
La pièce semblait respirer au ralenti, bercée par cette ambiance de fin de journée, où chacun reprenait doucement son souffle avant la prochaine vague d'énergie. Le moment suspendu.
Bientôt, les animateurs allaient commencer à mettre en place la salle principale pour la soirée. Une fête était prévue. Les élèves le savaient, et certains commençaient déjà à plaisanter à ce sujet. Mais pour l'instant, le chalet flottait dans une paix rare. Ce genre de calme qui ne dure jamais bien longtemps.
Et c'est dans cette atmosphère de chaleur tranquille, entre odeur de bois, électricité de fin de journée et liens discrets qui se tissent sans qu'on y prenne garde, que la soirée allait commencer à s'installer...
Le calme du chalet ne dura pas très longtemps. À peine quelques minutes après que les élèves aient retrouvé leur souffle et que les animateurs aient disparu dans la grande salle commune, une agitation subtile reprit dans les couloirs. On entendit d'abord des bruits de vaisselle déplacée, des cartons ouverts, des chaises traînées contre le sol... puis des éclats de voix :
- « Okay tout le monde, on prépare la salle pour ce soir ! »
Un mélange de cris, de rires et de pas précipités se fit entendre dans l'instant qui suivit.
Les élèves commencèrent à s'activer. Le mot "fête" avait suffi à raviver leur énergie. Certains se ruèrent dans leurs chambres pour enfiler des tenues plus festives - ou au moins plus confortables que des vêtements trempés de piscine. D'autres restèrent pour aider à installer la déco, posant des guirlandes lumineuses, soufflant dans des ballons à moitié en riant, à moitié en râlant.
Dans la salle commune, les animateurs avaient ouvert les grandes fenêtres, laissant entrer l'air frais de la fin d'après-midi. Les lumières du chalet avaient été tamisées, et des guirlandes multicolores étaient en train d'être installées le long des poutres. Un petit coin avait été aménagé avec une enceinte bluetooth et des playlists variées, préparées à l'avance par la classe.
Ashlyn, fidèle à elle-même, gardait un œil critique sur la déco, corrigeant discrètement les guirlandes trop basses ou les ballons trop écartés. Elle ne disait rien, mais son regard précis suffisait à faire comprendre qu'elle voulait que ce soit parfait.
Elena, elle, s'était assise quelques minutes sur le rebord d'une fenêtre ouverte, les joues encore un peu rosées de la piscine, les cheveux encore humides. Elle observait tout ce monde s'agiter, les traits détendus, une douceur tranquille dans les yeux. Elle vit Tyler passer dans la salle, un carton dans les bras. Il s'arrêta en la voyant, hésita... puis fit comme s'il ne l'avait pas remarquée, posant le carton et rejoignant Ben de l'autre côté. Mais son cœur battait un peu plus fort qu'il ne voulait l'admettre. Et Elena... elle tourna à peine la tête, un léger sourire au coin des lèvres, imperceptible.
Dans leur chambre, Maéline et Taylor étaient en train de fouiller dans leurs sacs.
- « Tu penses qu'on peut mettre ça ? » lança Maéline en sortant un t-shirt à paillettes qui tranchait complètement avec ses habits habituels.
Taylor éclata de rire.
- « Toi ? Des paillettes ? Qu'est-ce que tu mijotes encore ? »
Maéline haussa les épaules avec un sourire en coin.
- « J'ai envie de choquer un peu. Et puis... c'est une fête. »
Elle finit pourtant par enfiler un grand t-shirt blanc avec des motifs discrets et un pantalon ample noir. Fidèle à elle-même... mais avec cette petite étincelle dans le regard. Elle se tourna vers Logan, qui passait devant la porte ouverte, les cheveux encore en bataille, et lança :
- « Logan ! T'as prévu de mettre un costume de pingouin ou c'est juste ta tête qui fait ça ? »
- « Je t'emmerde, Maéline. » répondit-il sans se retourner, ce qui déclencha l'hilarité générale.
Dans les couloirs, ça se croisait dans tous les sens. Aiden courait avec une guirlande dans les bras, passant à deux doigts de faire tomber un vase. Il fut stoppé net par un regard noir d'un animateur, marmonna un "pardon" rapide, et continua à courir, cette fois en crabe contre le mur comme s'il allait éviter les problèmes en devenant invisible.
Ben, toujours un peu plus posé, était en train de mettre de l'ordre dans les tables installées contre le mur. Il était rejoint par Ashlyn qui lui fit un petit signe de tête. Ils n'avaient pas besoin de se parler beaucoup - une simple organisation tacite s'installait entre eux, efficace, fluide.
Pendant ce temps, Elena rejoignit doucement le groupe qui décorait le coin "photo souvenir", où quelques accessoires avaient été posés pour faire des clichés drôles entre amis. Elle se mit à accrocher de petites guirlandes autour du cadre, et Tyler finit par la rejoindre, sans dire un mot. Juste eux deux, côte à côte, silencieux... mais bien là.
Il y avait quelque chose dans ce moment : une tension douce, une envie de se dire quelque chose sans savoir quoi. Tyler la regarda du coin de l'œil, puis détourna le regard en se frottant la nuque.
- « Tu veux que je t'aide ? »
- « C'est bon, je gère... mais merci. »
Elle lui répondit avec un regard franc, calme. Et pour la première fois, il crut peut-être ressentir... quelque chose. Pas un coup de foudre. Pas une révélation. Mais un frisson. Une impression floue. Comme si quelque chose se dessinait à l'arrière-plan.
Petit à petit, tout se mit en place. Les lumières, la musique de fond en test, les rires qui revenaient, les dernières blagues échangées. Les animateurs firent une dernière annonce depuis la salle :
- « Dans dix minutes, on commence ! Tout le monde est prêt ? »
Et dans tout ce vacarme joyeux, quelque chose flottait. Comme un air de fin de séjour. De moment précieux à savourer. Parce que demain, il faudrait déjà penser au retour.
Mais ce soir, ils allaient danser.
Retour rapide aux chambres - L'entre-deux Se préparer à nouveau
Dans leur chambre déjà bien en désordre à cause des activités de la journée, les quatre filles étaient à nouveau plongées dans un moment de complicité imprévue.
- « Bon... pour rigolez. On se change, mais version gala du chaos ! », lança Maéline en sautant littéralement sur son lit, un sourire espiègle aux lèvres.
Ashlyn leva un sourcil, adossée à son lit, ses tresses retombant sur ses épaules.
- « Tu veux dire... on se change juste pour se changer ? »
- « Exactement ! » s'écria Elena avec un éclat de rire, en ouvrant sa valise. Ses longs cheveux blond clair tombaient sur son visage alors qu'elle fouillait frénétiquement à la recherche d'une robe qu'elle n'avait même pas prévu de porter.
Maéline, elle, s'était déjà levée en trombe. Elle attrapa une robe noire simple, arrivant aux genoux, et, sans hésiter une seconde, y ajouta une cravate droite noire qui traînait mystérieusement au fond de son sac.
- « Voilà. Élégance et menace. »
Taylor, qui s'était levée quelques minutes plus tôt pour aller se recoiffer dans la salle de bain, revint à ce moment précis. Elle entrouvrit la porte et leva immédiatement les yeux au ciel.
- « Vous êtes sérieuses ? On devait juste descendre à la fête... et vous, vous refaites un défilé de mode ? »
Maéline tourna sur elle-même avec un petit rire exagéré.
- « C'est l'art de faire une entrée. Si on ne fait pas tourner les regards, à quoi bon ? »
Elena sortit finalement sa robe : un vêtement blanc fluide, simple mais élégant, presque un peu magique sous la lumière douce de la chambre. Elle la passa rapidement, ses cheveux tombant avec douceur sur ses épaules.
- « Elle est trop longue, j'vais tomber... mais j'aime bien. »
- « Si tu tombes, tu tomberas avec grâce, » répondit Maéline avec un clin d'œil.
Ashlyn, elle, s'était redressée, observant la scène avec une certaine tendresse dans le regard. Elle se leva lentement et secoua la tête.
- « J'me change pas, hein. J'ai déjà mis trop d'efforts à faire exactement rien pour cette fête. »
- « Tu seras notre rock, Ashlyn. Solide, stable, pas influencée par la pression sociale, » dit Taylor avec un ton faussement théâtral.
Taylor, elle, était repartie dans la salle de bain et ressortit quelques minutes plus tard, ses cheveux légèrement plus ordonnés, mais toujours hérissés à la Taylor. Elle portait la même tenue, mais avec un collier en plus, un détail subtil, discret.
Le miroir dans un coin de la chambre devint rapidement le théâtre de quelques grimaces, tests de poses, ajustements de robes, et même un mini-défilé improvisé.
- « Sérieux, c'est quoi cette robe avec une cravate ? » gloussa Taylor en regardant Maéline.
- « C'est l'union sacrée entre les mondes. Élégance du chaos, je t'ai dit ! »
Ashlyn secoua la tête en riant doucement, pendant qu'Elena rajustait discrètement les plis de sa robe avec ses petites mains fines, concentrée mais légèrement gênée par le regard admiratif que Maéline lui lançait.
- « Vous êtes parfaites toutes les trois, » dit-elle avec un petit sourire timide.
Maéline sauta à côté d'elle et l'enlaça brusquement, manquant presque de faire tomber Elena.
- « Et toi t'es notre fée lumineuse. Tu fais des étincelles sans faire exprès, c'est trop énervant. »
Elena rougit un peu, mais ne répondit pas. Elle se contenta de tapoter l'épaule de Maéline avec un air mi-exaspéré, mi-amusé.
- « On va finir par rater le début de la fête, » rappela Ashlyn, calmement, tout en ajustant ses écouteurs autour de son cou.
Mais personne ne bougeait. Il y avait quelque chose de doux dans ce moment. Les rires, les regards échangés, les éclats de voix qui montaient par la fenêtre ouverte. Un moment suspendu entre l'agitation de la journée et l'excitation de la soirée.
Puis Taylor ouvrit la porte avec grand bruit :
- « Bon ! Qui est prête à faire une entrée légendaire ? »
Les quatre filles se regardèrent. Elles n'étaient pas juste prêtes. Elles étaient ensemble.
Et c'était tout ce qui comptait.
🎉 LA FÊTE - Le chaos bien organisé )
La salle commune avait été complètement transformée. Les tables avaient été repoussées contre les murs, laissant un grand espace au centre de la pièce. Une guirlande de lumières multicolores serpentait au plafond, donnant à la salle une ambiance presque magique. Des enceintes grondaient déjà d'un beat pop entraînant, et l'odeur du pain chaud et de gâteaux encore tièdes flottait dans l'air.
Quand Maéline, Elena, Taylor et Ashlyn franchirent la porte, toutes les têtes se tournèrent vers elles.
Maéline, dans sa robe noire aux genoux avec sa cravate parfaitement droite, marchait comme une rockstar, les mains dans les poches. Elena, en robe blanche élégante, avançait timidement mais avec une petite étincelle dans le regard. Taylor, coiffée à la perfection, salua en levant les bras comme une star. Et Ashlyn... Ashlyn restait elle-même. Intacte, solide, et étrangement charismatique dans sa nonchalance totale.
- « OK, là on a clairement changé de dimension, » marmonna Logan à Aiden en les voyant arriver.
- « Ouais, c'est pas légal d'être aussi cool, sérieux. » répondit Aiden avec un petit rire.
La musique monta d'un cran.
Ben, Tyler et Logan étaient déjà dans un coin avec d'autres élèves, en train de discuter... ou plutôt, d'essayer de lancer un concours de blagues les plus nulles. Et bien sûr, Aiden avait trouvé le micro.
- « Oyez oyez peuple du chalet ! Ce soir, pas de règles ! Pas de limites ! Pas de... bon, sauf casser les trucs, hein. Ou vomir dans les coussins. »
La classe éclata de rire.
Mathis courait déjà dans tous les sens, poursuivi par Justine qui tenait un rouleau de papier toilette.
- « Rends-moi ça, espèce de voleur de salle de bain ! »
Andrea et Clara étaient dans un coin en train de lancer une bataille de guimauves avec Angelina et Lauraina. Les guimauves volaient à travers la pièce à une vitesse impressionnante.
- « OK, nouvelle règle : si tu te prends une guimauve dans l'œil, tu gagnes le respect éternel du groupe, » déclara Homar, accroupi derrière un canapé comme s'il menait une opération militaire.
Maéline rejoignit Aiden au centre de la pièce et s'empara du micro.
- « Ce micro est à moi maintenant, » dit-elle solennellement. « Voici la première épreuve de la soirée : la Danse la Plus Absurde du Chalet. Celui ou celle qui réussit à faire danser quelqu'un de totalement coincé gagne une part de gâteau en plus. »
- « Genre Ashlyn ? » lança quelqu'un dans le fond.
- « Ashlyn ? Coincée ? Elle peut te battre à une battle de hip-hop en moonwalk. » répliqua Maéline avec un sourire.
Taylor, elle, dansait déjà sans aucune retenue avec Andrea. C'était un mélange improbable de pas de disco, de saut de grenouille et de twerk catastrophique. Mais l'ambiance était telle que tout le monde suivait.
Tyler, un peu rouge, avait gardé une distance prudente au début, jetant quelques coups d'œil vers Elena qui riait aux éclats aux côtés d'Ashlyn. Mais finalement, il se laissa entraîner par Ben dans un jeu stupide : le défi du "petit-pas-de-danse-le-plus-nul".
Logan, qui essayait de faire passer son gobelet de jus sans qu'on lui vole, se fit happer par Maéline.
- « Toi, là. Viens. T'as pas le droit de rester assis comme un vieux dans un bal de promo. »
- « Je suis pas assis, je suis observateur stratégique, » protesta-t-il, les lunettes légèrement de travers.
Mais Maéline avait déjà attrapé son poignet et l'avait tiré dans la mêlée.
Et c'est là que le bordel absolu commença.
Quelqu'un mit une chanson hyper rapide. Clara cria : « C'EST L'HEURE DU CONGAAAA ! »
Et sans prévenir, un conga géant se forma. Une vingtaine d'élèves dansaient en file, tournant en rond à travers la pièce, passant entre les tables, sous les guirlandes, criant des trucs insensés :
- « Vive la raclette ! »
- « J'ai perdu ma chaussette ! »
- « Qui a volé mon cookie ? »
Une assiette tomba. Quelqu'un marcha sur une guimauve collante. Angelina lança un coussin au visage de Homar. Elena faillit s'étaler mais se rattrapa avec une grâce inattendue, éclatant de rire. Ashlyn restait en retrait, mais son petit sourire en coin montrait qu'elle n'en perdait pas une miette.
Tyler, complètement dépassé mais hilare, se retrouva malgré lui embarqué dans une valse improvisée par Taylor.
- « C'est notre moment frère-sœur. Fais pas ton timide. »
- « J'ai jamais valsé ! »
- « Juste tourne et tais-toi ! »
Et pendant tout ce chaos, des petits détails passaient inaperçus.
Tyler jetant un coup d'œil vers Elena, et détournant aussitôt les yeux.
Logan qui riait doucement aux blagues de Maéline, sans oser répondre trop fort.
Maéline qui s'arrêtait une demi-seconde pour observer tout le monde avec une lueur étrange, puis recommençait à crier comme si de rien n'était.
Puis le gâteau arriva.
Un gâteau énorme, ridiculement décoré avec des bonbons et des figurines en chocolat.
Le professeur tenta de dire un mot.
- *« Bon, les enfants, avant que vous... »
- « TROP TARD ! » cria Aiden.
Et le gâteau fut attaqué comme s'il s'agissait du dernier trésor du monde.
Des rires, des voix, des chansons fausses, et des souvenirs qui s'imprimaient sans qu'ils le sachent.
Une soirée complètement folle, peut-être un peu trop, mais profondément vivante.
Et pendant que les élèves s'effondraient les uns après les autres sur les canapés ou les tapis, que la musique devenait un peu plus douce, les regards continuaient à se croiser. Certains ne s'étaient pas encore dit ce qu'ils ressentaient. D'autres ne s'en étaient même pas encore rendu compte.
Mais tout cela... viendrait plus tard.
Pour l'instant, la fête battait encore son plein.
(Ils sont abusé du champomi)ദ്ദി ˉ͈̀꒳ˉ͈́ )✧Surtout taylor
La pièce est en sueur.
Pas littéralement, enfin... si, un peu. L'air est lourd, saturé de chaleur, d'éclats de voix, de parfum sucré et de cette effervescence électrique qu'on ne ressent que dans les soirées où personne ne veut que ça s'arrête.
La guirlande multicolore clignote au rythme de la musique, des ombres dansent sur les murs. Et au centre, il y a une tornade humaine.
Justine s'est emparée d'un chapeau de Père Noël qu'elle a trouvé on ne sait où, et le porte de travers en dansant avec une énergie quasi démoniaque. Mathis a trouvé un bâton de ski et essaie d'improviser une chorégraphie "artistique" avec Clara. Ça finit par un grand BAM, un cri, et beaucoup de rires.
Taylor est montée sur une chaise.
- « OKOKOK ! Tout le monde ! Silence ! Écoutez votre queen ! »
Un silence partiel s'installe. Une guimauve rebondit sur une tête au fond. Taylor ignore.
- « Prochain défi : danse en duo ! Mais vous tirez votre partenaire au hasard ! »
Elle brandit un sac avec des papiers.
- « Un nom chacun. Et pas de "non merci je suis fatigué", ou je vous fais danser avec Aiden. Pieds nus. Dans la neige. »
Un rire collectif fuse. Aiden crie :
- « J'suis flatté ou menacé, là ? »
Les tirages commencent.
Ben se retrouve avec Justine. Elena avec Mathis (qui rougit à mort). Taylor avec Clara (évidemment, elles hurlent de joie). Tyler, lui, tire... Elena.
Silence léger. Juste un souffle. Puis un éclat de rire de Mathis :
- « C'est moi ou c'est de la triche cosmique ? »
Elena sourit doucement. Tyler, les joues roses, marmonne un truc inaudible.
- « Allez viens, » dit-elle.
Et ils dansent. Pas bien. Pas synchro. Mais doucement, leurs mouvements s'accordent. Les regards se croisent un peu plus longtemps. Tyler ne comprend toujours pas ce qu'il ressent, mais il y a quelque chose dans l'éclat du regard d'Elena qui le rend à la fois nerveux et apaisé. Comme une énigme qu'il veut décoder sans la briser.
À l'autre bout de la pièce, Maéline et Logan ont fini par se retrouver dans le chaos.
- « On est les deux seuls qui n'ont pas été appelés, » note Maéline, bras croisés, regard vers la salle en feu.
- « Probablement pour notre sécurité. »
- « Ou celle des autres. »
Ils échangent un sourire. Rien de romantique, rien de trop visible. Mais quelque chose d'infime, de sincère, de presque imperceptible, se glisse dans la complicité naturelle qu'ils ont construite.
Et puis c'est reparti : musique qui change brutalement. Quelqu'un met une chanson des années 2000, personne ne connaît vraiment les paroles, alors ils hurlent des syllabes au hasard en sautant dans tous les sens.
Ashlyn observe depuis le fond, un verre de jus à la main. Elle ne parle pas beaucoup, mais elle garde tout en mémoire. Chaque rire, chaque interaction, chaque infime changement dans les dynamiques du groupe. Elle voit ce que les autres ne remarquent pas encore.
Il est tard. Très tard.
Les élèves tombent peu à peu comme des dominos. Certains s'effondrent sur des canapés, d'autres s'étalent sur des tapis, les bras en croix. Il y a un petit groupe qui chante encore autour de la guitare de Ben, mais la voix est pâteuse, les rires plus étouffés.
Maéline s'est posée au sol, le dos contre un fauteuil, ses jambes repliées, la tête penchée légèrement sur le côté. Logan est juste à côté, lui aussi assis par terre. Ils ne parlent pas, mais ils n'ont pas bougé depuis un moment. Leur silence n'est pas gênant. Il est doux. Flottant.
Un peu plus loin, Elena et Tyler sont assis côte à côte, leurs épaules se touchant à peine. Ils n'ont rien dit depuis plusieurs minutes.
- « C'était bien, » murmure-t-elle enfin.
- « Ouais. »
- « Tu danses comme un alien. »
Il rit, un peu embarrassé.
- « Merci. Je prends ça comme un compliment. »
- « Ça l'était. »
Ashlyn s'approche lentement d'eux, avec un plaid qu'elle lance sur leurs genoux.
- « Il commence à faire froid. Restez pas plantés là à grelotter. »
Elle repart aussi vite qu'elle est venue.
Taylor, elle, s'est allongée par terre, en travers de deux coussins, un cookie à moitié mangé encore dans la main. Elle chante faiblement une vieille chanson, les yeux mi-clos.
Le professeur arrive, fatigué mais attendri.
- « Allez, les artistes. Il est tard. Une dernière chanson et on remballe. »
Personne ne proteste vraiment. C'est la fin.
Pas la fin d'un simple soir. La fin de ce moment où tout était simple. Où ils n'avaient que la fête, les rires, les lumières. Une dernière respiration avant que d'autres choses ne reviennent. D'autres vérités. D'autres combats.
Mais pour ce soir, ils sont ensemble.
Ils sont heureux.
Ils sont jeunes.
Et ils ont oublié, juste un instant, que tout pourrait changer bientôt.
La porte se referme dans un clac discret.
Dans la pénombre douce de la chambre, seules quelques veilleuses tamisées projettent leur lueur orangée sur les lits défaits, les chaussettes éparpillées, les tasses de chocolat à moitié vides et les oreillers en bataille. L'air sent la lessive, le sucre, et un peu de parfum fruité - celui de Taylor, probablement.
Les quatre filles rentrent épuisées mais encore traversées d'adrénaline, leurs rires se transformant peu à peu en soupirs contents.
- « Je crois que j'ai plus de pieds, » souffle Ashlyn en se laissant tomber face contre son oreiller.
- « J'ai crié si fort que ma voix est toute cassée, » marmonne Elena en se laissant tomber à côté de son lit, incapable pour l'instant de grimper dedans.
Taylor, elle, fait un tour sur elle-même, les bras en croix, en chantant faux :
- « C'était... TELLEMENT BIEN ! »
Elle s'effondre elle aussi, mais sur le tapis, en riant. Maéline s'avance en traînant les pieds, la robe encore à moitié froissée, sa cravate de travers autour du cou, les joues roses d'avoir trop rigolé.
- « J'vous jure... si demain quelqu'un me réveille avant 10h, je le tue avec mon oreiller. »
- « Noté, » glisse Ashlyn sans bouger.
Un instant passe.
Puis Maéline éclate de rire.
- « Logan est tombé dans la piscine AVEC le bonnet de Santa sur la tête ! »
- « OUI ! » crie Taylor depuis le sol. « Il a dit "je suis le roi des glaces" avant de glisser comme une crêpe ! »
Elles éclatent toutes de rire, presque en chuchotant, mais pas tout à fait. C'est une de ces fins de soirées où tout semble drôle, tout semble précieux, et même les choses simples deviennent des souvenirs en or.
Elena grimpe enfin sur son lit, s'assoit, et reste là, les genoux repliés, regardant la chambre sans rien dire pendant quelques secondes.
Ashlyn la fixe du coin de l'œil.
- « T'as aimé danser avec Tyler ? »
Silence. Elena rougit très légèrement.
- « C'est... un bon danseur. »
- « C'est faux, » répond Maéline sans réfléchir, déjà allongée, le bras sur les yeux.
- « Mais c'était mignon, » murmure Taylor, la tête posée sur un coussin à même le sol. « Vous aviez l'air... bien ensemble. »
Elena baisse les yeux. Elle ne dit rien. Juste un petit sourire timide, à peine visible dans la lumière tamisée.
De son côté, Maéline, allongée sur le dos, les bras écartés comme une étoile de mer, regarde le plafond sans le voir.
- « Vous croyez que ça va rester comme ça ? »
Taylor lève un sourcil.
- « Quoi ? »
- « Le groupe. Les rires. Ce genre de soirée. Tout. »
Un silence, cette fois. Pas pesant, mais... plus dense.
Ashlyn répond, la voix calme :
- « Rien reste exactement pareil. Mais... ce qu'on construit, même si ça change, ça reste là. Quelque part. »
Maéline ne répond pas. Mais elle ferme les yeux.
Elena se glisse sous sa couverture.
Taylor monte enfin dans son lit, tirant sa couette sur elle en marmonnant quelque chose d'inaudible.
Et peu à peu, le silence se fait. Un silence doux. Serein. Juste entrecoupé de respirations lentes, de tissus froissés, de quelques soupirs de fatigue.
Juste avant de s'endormir, Maéline chuchote, à voix presque inaudible :
- « J'veux que ça dure. »
Elle n'est pas sûre que quelqu'un ait entendu.
Mais dans le noir, Ashlyn, les yeux ouverts, répond très doucement :
- « Moi aussi. »
Il ne reste que le tic-tac léger de la vieille horloge murale, et le léger souffle du chauffage. Les rires ont fini par s'éteindre, remplacés par ce silence si particulier des fins de soirée - ce genre de silence où les cœurs parlent plus fort que les voix.
Dans le lit du fond, Ashlyn tourne la tête vers l'ombre d'Elena, dont les cheveux retombent sur l'oreiller.
- « Vous réalisez qu'on part demain ? »
Un blanc. Puis un soupir, un peu déçu, un peu résigné. Taylor répond d'un ton traînant, étouffé par sa couette :
- « Ugh... ne me le rappelle pas. »
- « On part à 14h. » précise Maéline, le ton trop calme pour être innocent. « Donc faut ranger la chambre avant de dormir. »
- « Non... » gémit Elena, qui se retourne lentement. « J'ai pas envie. J'veux rester ici encore trois jours. Ou dix. »
- « Ou toute l'année, » ajoute Taylor en lançant une chaussette en l'air, sans force.
Maéline éclate de rire doucement, la voix chargée de tendresse :
- « On survivrait pas une semaine sans faire exploser le chalet. »
- « Speak for yourself, » répond Ashlyn avec un petit sourire.
Mais derrière leurs mots, une petite boule s'installe dans leurs ventres. Ce sentiment que tout ce qu'elles viennent de vivre - la fête, la piscine, les mini-jeux, les fous rires, les maladresses, les regards - c'est un trésor fragile qu'elles vont devoir laisser derrière elles au lever du jour.
Elena se redresse un peu sur un coude, sa voix à peine audible :
- « C'était une des plus belles semaines de ma vie. »
Taylor lève la tête.
- « Pareil. »
Maéline, plus calme tout à coup, tourne les yeux vers le plafond. Sa voix baisse d'un ton, presque murmurée.
- « Vous pensez qu'on sera encore aussi proches dans... je sais pas, trois mois ? »
Ashlyn inspire lentement. Puis :
- « Oui. »
- « Comment tu peux en être sûre ? » demande Taylor en se frottant les yeux.
- « Parce que quand c'est vrai... ça reste. Même si ça change un peu. »
Un silence suit. Puis Elena glisse, doucement :
- « On pourrait faire une soirée souvenir ? Genre dans un mois ? On se retrouve, on cuisine, on regarde les photos, on raconte encore les mêmes blagues nulles... »
- « Et Logan refait son imitation de Ben ! » ajoute Taylor en éclatant de rire.
Maéline sourit doucement. Son regard se perd, un peu ailleurs. Puis, elle se lève brusquement, attrape une couverture et la met autour de ses épaules comme une cape.
- « Bon ! Si on veut garder de bons souvenirs, faut pas que la prof trouve notre chambre en mode apocalypse demain matin. »
- « Attends, tu veux RANGER maintenant ? » s'étrangle Elena.
- « Non mais juste... faire genre. Enlever les chaussettes, les tasses vides, remettre les sacs de couchage dans les valises... »
Ashlyn s'étire longuement, puis descend de son lit avec un soupir de martyre.
- « Allez. Une dernière mission. Opération nettoyage éclair. »
Et en quelques minutes, dans le fou rire général, les filles se mettent à ramasser, plier, ranger, à moitié sérieuses, à moitié chaos. Maéline trébuche sur un pull, Taylor se prend la tête dans un rideau, Elena retrouve un chausson qui n'est pas à elle, Ashlyn essaie de tout coordonner mais finit par ranger à l'aveugle.
Puis, une fois tout terminé - ou du moins, presque acceptable pour les yeux d'un adulte - elles retombent dans leurs lits en silence.
Des respirations profondes s'installent.
Puis, au moment où le sommeil commence à les attraper, Maéline murmure dans l'ombre :
- « Je veux pas oublier cette nuit. »
- « Tu l'oublieras pas, » dit doucement Elena.
Et dans la lumière faible de la veilleuse, un dernier soupir, un dernier sourire partagé.
Demain, ils partiront. Le bus les attendra. Le monde reprendra sa forme habituelle.
Mais pour cette nuit encore, elles sont ensemble, dans ce petit coin de magie volé au quotidien.
La lumière tamisée de la lampe de chevet baignait la chambre d'une teinte chaleureuse, douce comme un souvenir en train de se former. Il était tard - très tard - et pourtant, les quatre filles n'avaient aucune envie de fermer l'œil. Leur chambre, autrefois bien rangée pour l'arrivée, s'était lentement transformée en un champ de bataille de vêtements éparpillés, de valises entrouvertes et de souvenirs en désordre.
Ashlyn, fidèle à elle-même, n'avait pas changé de tenue après la fête. Encore habillée de son pull un peu large et de son pantalon confortable, elle s'était allongée en travers de son lit, les jambes dans le vide, les bras étendus au-dessus de sa tête. Elle fixait le plafond d'un air pensif, les joues encore légèrement rosies par les rires de la soirée.
Maéline, de son côté, s'était emparée d'une couverture et l'avait nouée autour de ses épaules comme une cape. Elle faisait de grands mouvements dramatiques devant le miroir, mimant un discours héroïque dans un murmure à peine contenu, jusqu'à éclater de rire. Ses longs cheveux lui tombaient dans le dos, ondulés par l'humidité de la soirée, et la robe qu'elle avait remise pour rigoler pendant la fête froissait un peu quand elle tournoyait.
- "Je suis Maéline, grande souveraine de cette chambre chaotique !" lança-t-elle, les bras en l'air.
Eléna, agenouillée à côté de sa valise à moitié faite, leva les yeux vers elle, un sourire amusé accroché à ses lèvres.
- "Tu ferais une souveraine très désorganisée," commenta-t-elle, en essayant de replier une chemise de nuit avec soin. Elle portait toujours sa robe blanche longue, celle qu'elle avait remise juste pour s'amuser, et ses cheveux pâles tombaient en mèches un peu folles autour de son visage. Son regard bleu pur brillait dans la lumière douce, serein, fatigué, mais content.
Taylor, quant à elle, s'était isolée un moment près de la petite glace accrochée au mur. Elle s'était recoiffée rapidement avant de revenir dans la pièce, une brosse à cheveux toujours à la main. Elle ne disait rien pour l'instant, mais observait les autres avec une tendresse silencieuse. Quand elle parlait, c'était pour signaler qu'il faudrait bientôt penser à tout ranger.
- "Après Demain on doit rendre la chambre à quatorze heures. On pourrait essayer de dormir un peu, et ranger un minimum ce soir, non ?"
- "On pourrait..." répondit Ashlyn d'un ton las, sans pour autant bouger d'un millimètre.
Il y eut un silence. Pas gênant. Plutôt de ceux qui rassurent. De ceux où personne ne se sent obligé de meubler, parce que les liens sont là, invisibles mais présents.
Puis Maéline s'assit sur son lit, croisant les jambes.
- "Je sais pas vous, mais j'ai pas envie que ça se termine."
- "Moi non plus," souffla Eléna, sans la regarder. "C'était bizarrement parfait."
Ashlyn acquiesça, doucement.
- "On est peut-être pas les plus calmes, ni les plus normales, mais... ouais. C'était bien."
Un petit rire discret échappa à Taylor. Elle laissa tomber la brosse dans son sac et s'assit sur son lit, en face de Maéline.
- "On a vécu des trucs intenses. Et je pense qu'on n'a pas encore tout compris."
Elles se regardèrent un moment. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus.
Le silence s'installa à nouveau, chargé cette fois de fatigue, d'émotion et de cette étrange sensation qu'ont les ados à la fin d'un voyage, quand le monde semble un peu plus grand, un peu plus vrai. Un instant suspendu.
Et dans cette chambre en désordre, à la lumière vacillante, les rires étouffés et les gestes tendres devinrent la dernière ritournelle d'une journée trop belle pour s'éteindre sans résistance.
👁️ Minuit - Point de vue de "Père"
- Introduction de la Reine / la Patronne
Le silence régnait dans la salle depuis des heures. Une de ces pièces sans fenêtres, où le temps s'efface, étouffé par la pierre et le métal. Le genre de silence qui respire lentement, comme un monstre endormi.
Un tic-tac discret, presque inaudible, marquait la progression vers minuit. Et à mesure que l'aiguille s'approchait, quelque chose, dans l'air, s'éveillait.
Le Père était là, comme toujours. Silhouette droite, rigide, les bras croisés dans le dos. Les murs autour de lui vibraient légèrement, comme s'ils anticipaient, eux aussi, ce qui allait se produire. Ses gants noirs, usés sur les phalanges, serraient un dossier. Il ne le lisait pas. Il n'avait plus besoin de lire. Il connaissait déjà la conclusion.
« Elles ont quitté la partie. »
Les mots flottaient dans l'air, lourds, sans écho. Pas une plainte. Une constatation. Deux lignes effacées du schéma.
Maéline. Elena.
Deux pions, deux messagères, deux armes parfaitement affûtées. Elles avaient été tout ce qu'il avait construit : loyales, précises, brillantes.
Mais elles s'étaient retournées.
Non par haine.
Par amour.
Par choix.
Et cela les rendait dangereuses.
« Elles ont quitté la partie... mais pas le plateau. Elles croient avoir fui la partie, mais elles respirent encore son air. Elles sont toujours dans l'arène, simplement tournées du mauvais côté. »
Le Père se déplaça lentement vers le centre de la pièce. Son pas était silencieux, mécanique. Il s'arrêta devant une immense dalle de verre, incrustée dans le sol, sous laquelle coulait une lumière pâle, presque liquide.
Il posa la main sur le verre.
La température chuta.
Et tout doucement...
Un frisson traversa la pièce.
Elle s'éveillait.
La Reine. La Patronne.
On ne prononçait jamais son nom. Ce n'était pas un oubli. C'était une règle. Car nommer cette entité, c'était lui accorder une forme. Et elle n'en avait pas.
Ou plutôt... elle en avait trop.
Un murmure parcourut l'air. Aucun mot. Juste une pression, une conscience. Elle ne dormait jamais vraiment. Mais à minuit, chaque nuit, elle ouvrait un œil.
Le Père ferma les siens.
Il savait ce qui allait suivre.
« Le lien est toujours là. Entre elles deux. Trop fort pour être rompu. Trop fragile pour être ignoré. Si nous les laissons respirer ensemble, elles contamineront les autres. Elles leur transmettront... la désobéissance. L'idée que tout ceci... peut être refusé. »
Le verre frémit sous sa paume. L'air devint plus lourd.
Elle écoutait.
« Le garçon commence à voir clair. Ashlyn entend des choses. Et cette nuit encore... six d'entre eux vont franchir la barrière. Ils croient que c'est un cauchemar. Mais nous savons tous ce que c'est. »
Un souffle.
Léger.
L'invisible frôlant sa nuque.
Elle n'était pas tout à fait réveillée.
Mais elle approchait.
« Le jeu est vieux. Le jeu est ancien. Mais il tient encore. Et tant que la boucle n'est pas brisée... tout peut encore être repris. »
Il releva enfin les yeux. Dans la dalle de verre, une forme se dessinait.
Pas un visage.
Pas une silhouette.
Juste... une présence.
Comme si quelque chose très loin, très bas, très ancien, le fixait depuis l'obscurité. Une intelligence froide, patiente, cruelle.
« Elles croient qu'elles ont le choix... »
Il posa les deux mains sur le verre.
Sa voix descendit d'un ton. Plus rauque. Presque tendre.
« ...mais le jeu est déjà écrit. »
De l'autre coté du coté de Maéline , Eléna , Taylor , Ben , Ashlyn , Aiden , Logan , Tyler
Ils étais dans la dimension Phantoms ୨ৎ
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Fait par Maéline ˙✧˖°📷 ༘ ⋆。˚── .✦
( ≧ᗜ≦)ducouppppp!!!?????? c'est commenttt ˚ ༘ ೀ⋆。˚
❀ n'aie pas peur je mange pas(ෆ˙ᵕ˙ෆ)♡