Comment te dire ce que ça m’a fait le jour où on m’a annoncé que tu étais partie ?
A jamais.
Pouf.
Plus là.
En un battement de cils.
Comment te parler maintenant que tu n’es plus là ?
A qui me confier ?
On m’a dit : elle est morte.
Et il y a un seul endroit où je me voyais pleurer,
tes bras.
Dans tes bras.
Comment faire le deuil de toi alors que tu es celle qui m’a montré que cette vie valait la peine?
Ô comme c’est injuste,
cruelle ironie.
Tu es cruelle.
Et d’ailleurs, c’est des conneries.
Le temps ne fait rien du tout.
A part t’effacer un peu plus chaque jour de ma mémoire.
La poignée de terre que j’ai avalée en pensant qu’on m'enterrait avec toi me pèse toujours sur l’estomac.
Peut-être je n’arrive pas à faire le deuil de toi, parce que je n’arrive pas à faire le deuil de moi.
Je n’arrive pas à quitter cette ado joyeuse et souriante qui est morte en même temps que toi ce jour-là.
Elle me manque.
Des jours, je vendrais un de mes reins pour la retrouver.
Je veux la prendre dans mes bras, la consoler, absorber sa colère, lui dire de vivre ses émotions, au lieu d’user d’artifices pour les endormir.
Pour qu’une part d’elle survive quelque part en moi.
J’ai beau chercher, je ne la trouve pas, si ce n’est dans mes souvenirs.
Ici, il n’y a que l’adolescente triste et en colère, qui en veut au monde entier, et qui se déteste tellement, que ça m’en retourne l’estomac.
J’ai grandi depuis.
Je ris à nouveau bien sûr.
mais, il y a ce petit quelque chose en moi qui a cédé ce terrible jour, et non seulement je n’ai jamais réussi à le réparer, mais je n’ai jamais vraiment trouvé qu’est-ce qui avait cassé.
Peut-être étais-je trop occupé à réconforter tout le monde pour me rendre compte que moi aussi, il fallait que quelqu’un me serre fort dans ses bras pour éviter que les morceaux qui cassent ne tombent et soient perdus pour toujours.
Tu en as fait verser des larmes.