Se réveiller un jour et apprendre qu’une personne qu’on aime est morte.
Que son cerveau a cessé de fonctionner.
Que son coeur ne pompe plus.
Que son corps est froid.
Inconcevable
Brutale
Déchirant
Injuste
On a mal à des endroits qui ne sont même pas en nous.
Partout.
Voir un proche mourir, on se dit qu’il n’y a rien de pire.
Puis…
Il y a des jours comme aujourd’hui.
Des jours où elle aurait fêté ses vingt-cinq ans.
Et tu veux lui chanter “joyeux anniversaire”
Tu imagines ce qu’elle serait devenue.
Serions-nous encore amies ?
La perdre à quinze ans a rendu votre amitié immortelle paradoxalement.
Tu souris à cette idée.
Puis la réalisation soudaine : tu ne te souviens plus du son de sa voix.
Coup de poignard.
La plaie se rouvre.
Tu la perds une seconde fois.
Tu te maudis.
Tu vis ton deuil une nouvelle fois.
Le choc de ne plus te souvenir.
Le déni en essayant de replacer les sons en fonction de la forme de ses lèvres sur les photos.
La culpabilité de ne plus être capable de faire vivre sa voix.
La colère de ne pas avoir pris plus de vidéo.
La tristesse d’avoir l’impression de la trahir.
Et l’acceptation : le temps fait son œuvre.
C’est ça le deuil.
C’est accepter l'inacceptable encore et encore.
Et espérer qu’un jour ça ne fasse plus du tout mal.
Le jour où tu perds quelqu’un, c’est le plus facile. C’est tous les jours qui suivent qui vous mettent plus bas que terre.