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Chapitre 1

— Maëlys ? Maëlys !

    La jeune fille s'extirpa du lit en sursaut, un cri de surprise ridiculement aigu accompagna son geste impulsif.

— Lève-toi feignante ! hurla une voix féminine que la petite Maëlys reconnût très bien.

    S'en suivit une longue dispute amicale comme les deux filles en pratiquaient régulièrement, qui défendant son droit au repos, qui hurlant à la flemmardise exagérée. Une vraie cacophonie de cri dans la petite chambre étriquée !

    Maëlys et Sophie se côtoyaient depuis l'enfance. Dans le petit village d'Izalia, tout le monde se connaissait et les enfants grandissaient et jouaient ensemble jusqu'à ce que vînt le temps de quitter le doux cocon familial. Quand bien même, la plupart des jeunes suivaient le chemin tout tracé offert pas leurs parents. Rares étaient celles ou ceux prétendants à une autre voie, pourquoi l'auraient-ils fait d'ailleurs ? La relève des descendants restait ancrée dans les mœurs, non pas comme une obligation mais plutôt comme un devoir. Une manière de remercier leurs parents de tout ce qu'ils avaient été amenés à leur offrir.

    Toutefois, du haut de leurs treize ans, les deux amies demeuraient loin de toutes ces questions.

    Tandis que les deux adolescentes riaient maintenant de leur petite dispute matinale, quelqu'un frappa à la porte de la chambre. Après une autorisation enjouée de Maëlys, son père pénétra les lieux, une mine partagée entre agacement et amusement. De son paternel Maëlys gardait des yeux bleus clairs qu'elle-même trouvait presque insipide comparés au marron intense de sa meilleure amie. Ses cheveux  noirs, quant à eux, lui parvenaient tout droit de sa mère, son père se parant d'un châtains éclairci, encore plus depuis que le blanc avait imposé sa loi dans la tignasse bien coiffée.

— Dîtes mesdemoiselles, gronda-t-il gentiment, vous n'auriez pas quelques coups de main à donner pour les préparatifs de ce soir ?

    Maëlys et Sophie acquiescèrent, non sans l'impertinence et la nonchalance qui seyaient à l'adolescence. Le fait était qu'elles devaient effectivement venir en aide au maire. La cérémonie annuelle aux disparus restait un moment apprécié de la communauté malgré l'événement tragique qu'elle commémorait. Ou plutôt devrions-nous dire les événements tragiques. 

    Depuis toujours, l'île d'Oural à laquelle appartenait Izalia et de nombreux autres villages souffrait d'un mal sans nom qui les frappait continuellement sans que personne ne pût en déceler la cause. Chaque année voyait son lot de disparitions inexpliquées un peu partout dans toutes les régions de l'île. Bien sûr, à l'échelle du continent, on ne comptait qu'un très petit nombre de victime et il n'était pas rare que la petite bourgade d'Izalia se targuât de célébrer une année sans que la malédiction ne vînt frapper à leurs portes. 

    Mais cette cérémonie était différente car le village avait l'un de ses membre à pleurer. Un jeune homme dans la fleur de l'âge, un peu plus âgé que les deux amies : Rory, qui n'était autre que le fils du maire, celui-là même qui organisait la célébration chaque année et dont le discours risquait d'être entaché de larme pour cette fois.

    Ce malheur rappelait brutalement aux Izalois que la menace qui pesait sur eux pouvait s'abattre à chaque instant. Il est aisé de croire que le malheur n'arrive qu'aux autres, jusqu'à ce qu'il tombe si proche de nous qu'on puisse presque en sentir les effluves.

    La petite Maëlys ne le comprenait que trop bien. Pour elle, les disparitions restaient un événement du commun, si ancré dans leurs vies qu'elle ne ressentait plus le besoin de l'analyser, comme l'on s'habitue à ce que l'hiver revînt chaque année.

    Une fois quitté l'étage où se faisaient face sa chambre et celle de son paternel, ce dernier l'alpagua alors que Sophie et elle s'apprêtaient à quitter la petite maison.

— Profites-en pour passer voir ta mère, lui conseilla-t-il avec un sourire. Je suis sûr que ça lui fera plaisir.

    La jeune fille dessina à son tour un sourire sincère. Bien sûr qu'elle le ferait, comme elle s'y appliquait régulièrement depuis maintenant sept ans et particulièrement en ce jour.

    Izalia n'avait rien à envier aux hameaux alentours. Petit village dont le charme résidait en ses maisons de pierre blanche dont les fondations de bois ressortaient en quadrillage. De plus, la fin du printemps avait octroyé aux jardins de belles couleurs vives et agréables. Maëlys affectait particulièrement cette période, celle où l'on sentait le soleil commencer à chauffer durement mais sans qu'il ne fût encore trop violent pour vous incommoder.

    Le petit bourg comptait à peine trois rues pour un total d'une cinquantaine d'habitants, si ce n'était moins. À chaque porte pendait un assemblage de chrysanthème, symbole des disparus de toute sorte, que cela fût dû à une mort naturelle ou par la malédiction. Ce soir serait donné la cérémonie à la chapelle où toutes et tous pourraient écouter les mots du maire en l'honneur des victimes de l'année. S'en suivrait alors un banquet durant lequel chacun pourraient profiter du buffet collectif et de la musique. La tristesse de la chapelle envers celles et ceux qui n'étaient plus laissait place à la joie festive d'être avec ceux que la malédiction n'avait pas encore pris.

    Toute l'après-midi, les deux amies aidèrent à la préparation. Mettre les tables en place, préparer les plats, les bouquets de chrysanthèmes... Les tâches ne manquaient pas et Maëlys ne put rendre visite à sa mère que tard dans la journée.

    Lorsqu'elle pénétra dans le petit enclos au dos de la chapelle, Sophie resta quelque peu en retrait à l'entrée, comme à son habitude. Bien sûr, Maëlys ne voyait aucun inconvénient à ce qu'elle l'accompagnât, mais son amie avait toujours observé une certaine réticence à cette idée. La disparition restait pour beaucoup un sujet tabou et Maëlys avait très vite constaté le malaise que ce genre de discussion pouvait avoir sur son amie.

    Lorsque la jeune fille parvint à la petite stèle gravée au nom de sa mère, elle entreprit de retrousser son éternelle robe longue pour s'asseoir à-même le sol, le regard perdu dans le feuillage de l'arbre non loin. Quelques marguerite auréolaient la pierre, une fleur qu'elles aimaient toutes deux et que sa fille avait fait pousser en son souvenir. Elle revoyait sa mère, assise dans le jardin à en sentir les effluves. "Si tu aimes tant les fleurs, lui disait-elle lorsque Maëlys approchait sa main de la tige, alors il faut les laisser vivre ma chérie. Elle embellissent chaque lieu qu'elles touchent. Nous n'avons qu'à sortir la tête pour les admirer, pourquoi vouloir les déplacer alors ?".

    Ici, rien ne distinguait les disparus des morts. Tous bénéficiaient de leur épitaphe, conscient qu'un être frappé par la malédiction ne revenait jamais parmi les vivants. Parfois, Maëlys se prenait à imaginer sa mère au delà de l'océan, quelque part sur une île où le printemps ne finissait jamais, où tous les disparus pouvaient se soutenir les uns les autres sans manquer de rien et où les marguerites fleurissaient sans cesse. Hélas, elle devenait maintenant bien trop grande pour se bercer d'une telle utopie. Aussi se contentait-elle aujourd'hui de prendre conscience qu'elle ne reverrait plus jamais sa mère, et ce malgré la douleur que cela engendrait.

    Le cœur un peu plus lourd, elle retrouva son amie au portique. Un sourire s'étalait tout de même sur son visage quand elle annonça qu'elle était fin prête à se mettre au travail. Le passé avait fui depuis longtemps, ne lui restait plus que le présent et ceux qui l'habitait encore.

    Tel était la mentalité des Izalois sur ce phénomène aussi cruel que millénaire.

    La journée s'écoula à une vitesse folle. Maëlys et Sophie s'occupaient toutes deux d'installer quelques décorations en l'honneur des disparus. Pour ce soir l'église se parait de draperies blanches et grises ainsi que de chrysanthèmes dont le blanc éclatant contrastait avec les visages mélancoliques que portaient les habitants en ce triste jour.

    Dans le silence quelque peu forcé de la chapelle, Maëlys pouvait entendre murmurer les ragots des curieux. Tous attendaient avec inquiétude le discours du maire. Depuis la disparition de son fils Rory, personne n'avait réellement osé aborder le sujet. Le maire avait fini par se prostré chez lui, ne s'occupant que des affaires urgentes du village, chacun lui offrant évidemment le luxe de la tranquillité que son deuil nécessitait. Pourtant, lorsque celui-ci fit son apparition quelques heures plus tard, l'homme au catogan grisonnant maintenait un visage ferme et déterminé. Seul un regard avisé aurait pu constater la lueur terne qui s'emparait de ses petits yeux fatigués.

    Le jour peinait à se maintenir en place lorsque tous les habitants furent enfin rassemblés sur les banc de bois poli de la nef. Au bout de celle-ci, une grande stèle de pierre s'ornait de souvenirs diverses. Sur sa face lisse étaient gravés plusieurs noms, dont un nouveau fraîchement sculpté était venu s'implanter. D'où elle se tenait, la jeune Maëlys ne pouvait que l'apercevoir brièvement. Elle savait que le nom de sa mère s'y trouvait, juste au dessus du fils du maire, dernière disparition en date avant celle-ci. À ses cotés, son père conservait un visage blême devant lui, il maintenait les mains jointes sur ses genoux en une prière silencieuse au repos de sa femme. Même lui n'avait su trouver les mots pour sortir le maire de son enfermement.

    Alors que le petit quatuor amateur – Désormais trio depuis la perte de Rory – terminait leur première sonate dans un ton sobre et discret, monsieur le maire se leva enfin du premier banc qu'il partageait avec d'autres habitants. À geste mesuré, il se plaça derrière un pupitre bancal légèrement excentré de la stèle afin que chacun pût la voir durant le discours.

    Le silence s'installa dans l'enceinte sacrée nimbée du halo coloré qu'envoyaient les quelques vitraux aux murs et, d'une voix calme dont le tressaillement de départ trahissait une tristesse toujours vivace, le maire entama l'oraison.

— Mes amis, résonna sa voix dans le mutisme, encore une fois nous sommes réunis dans cette église pour rendre hommage à nos oubliés. Ce fléau qui nous frappe depuis toujours ne cesse de nous prendre d'autres âmes. Vous n'êtes pas sans savoir que cette cérémonie nous marque plus que les autres. Nous avons eu la chance et le bonheur de nous voir épargnés pendant sept longues années, mais notre paisible village d'Izalia s'est à nouveau vu frappé par la malédiction...

    Dans l'assemblée, un léger brouhaha s'éleva. Certains s'étonnaient de la facilité avec laquelle le maire avait accepté la disparition de son fils, d'autres louaient le courage et la force mentale dont faisait preuve leur élu, ce pauvre homme intérieurement anéanti, mais qui n'en poursuivait pas moins sa vie et son devoir envers les habitants d'Izalia. Maëlys se souvenait parfaitement de la longue période sombre qui avait suivi la disparition de sa mère. Son père s'était muré dans la dépression, ne s'occupant plus de sa fille que par réflexe et devoir, sans jamais parvenir à faire revenir la vie dans ses yeux à présent vides. La jeune fille n'avait que six ans à l'époque. Certaines choses restaient hors de sa compréhension enfantine, elle n'en avait pas moins ressenti le vide laissé par sa mère et par la présence presque éphémère de son père.

    Aujourd'hui, elle ne pouvait qu'admirer le courage de cet homme face à l'absence.

    D'un geste de la main, le maire calma les discussions chuchotée pour reprendre la parole.

— Je... Je remercie celles et ceux venus à mon encontre. Mais nous ne devons pas oublier toutes les familles qui pleurent une disparition. Joignons notre douleur à la leur et prions pour qu'ils nous soient un jour rendus. Prenons quelques temps pour nous recueillir et restons fort les uns pour les autres.

    Le léger murmure revint tandis que le maire quittait son estrade. Les habitants commençaient à se lever, chacun étant libre de quitter l'église où de méditer en ce lieu d'échange et de réconfort. Nombreux étaient ceux partis retrouver leur bourgmestre afin de lui donner la seule compassion qu'ils pouvaient lui apporter.

    Le père de Maëlys quitta les lieux après une solide étreinte à sa fille, prétextant un travail urgent au cabinet s'apothicaire dont il était propriétaire. La cérémonie était devenu un moment particulièrement dur pour lui et il n'était pas rare qu'il restât enfermé toute la soirée, Maëlys lui apportait quelques parts de plats confectionnés par les habitants ainsi qu'un sourire plus que bienvenu. 

    Une fois parti, la jeune fille se dirigea seule vers la stèle. Un regard en arrière lui fit apercevoir un signe amical de Sophie qui l'attendait à la porte d'entrée. Sa meilleure amie appréhendait également ce jour, préférant laisser en retrait toute cette tristesse. Maëlys, quant à elle, éprouvait un besoin presque morbide de confrontation qu'elle ne s'expliquait pas. À chaque cérémonie, et ce malgré la tristesse qui lui tiraillait le cœur, elle ressentait la nécessité de s'approcher de la stèle et d'y voir inscrit le nom de sa mère en toute lettre, comme une affirmation à ce qu'il s'était passé. Le besoin de se prouver qu'elle ne vivait pas un cauchemar depuis toutes ces années.

    Léonie Lechanet. Le nom restait imprégné dans la pierre, à jamais ancré dans la réalité. Sous elle se retrouvait désormais le nom de Rory Saval auprès de qui elle reposerait à présent.

    Lentement, Maëlys accrocha ses doigts aux tracés gravés dans la pierre froide, l'espoir vain de ressentir quelque chose, une chaleur, un frisson, quoique ce fût qui aurait pu lui faire comprendre que sa mère était là quelque part à la regarder grandir. Un signe, comme aurait dit certain. Mais rien ne vint alors qu'elle ôtait ses main non sans un pincement au cœur. Foutaises tout cela ! Rien ne survenait, et rien ne surviendrait jamais. Léonie Lechanet n'était plus, voilà tout ce qu'il y avait à attendre de cette stèle. 

    Du coin de l'œil, Maëlys aperçu le Maire, quelque peu à l'écart. La foule de villageois venue lui rendre hommage semblait s'être écartée, ou bien lui même avait tenu à se laisser distancer par toute cette émotion qui l'entourait et qui devait certainement lui être particulièrement difficile à soutenir. Néanmoins, la jeune fille ne put se retenir et se dirigea vers lui.

— Bonjour monsieur le maire, annonça-t-elle avec un petit sourire triste mais sincère. Je sais très bien que les condoléances ne servent à rien dans ce genre de situation, mais je tenais tout de même à vous faire part des miennes.

    Le bourgmestre, surprit de voir une enfant arriver vers lui, reconnut sans peine la petite Maëlys. Son regard s'attarda quelques temps sur elle, un regard presque vide, comme si Maëlys l'avait tiré d'un songe si profond qu'il lui fallut un temps pour s'amarrer à nouveau à la réalité. Un léger sourire poli étira ses lèvres camouflée par une barbe et il la remercia simplement avant de s'en retourner vers les villageois qui attendait toujours dans l'église.

    La jeune fille n'aurait su dire si elle s'attendait à une réaction autre de sa part. Comment avait-elle répondu aux autres déjà ? Sûrement de ce même air absent et désintéressé du monde.

    Sans plus s'attarder, Maëlys se dirigea vers l'entrée de l'église où l'attendait patiemment Sophie, un sourire emprunt de compassion dessiné sur son visage.

— Ca va ? demanda son amie qui ne pouvait qu'imaginer ce que ressentais Maëlys ce moment-là.

— Ca va, ne t'inquiète pas, la rassura-t-elle. J'aimerais juste faire un tour chez moi avant de commencer la fête si ça ne te dérange pas.

    Sophie acquiesça, elle ne pouvait de toute façon pas refuser quelque chose à sa meilleure amie surtout en cette soirée. Elle se dirigèrent toutes deux vers la maison de Maëlys au coin du village. Son père avait sûrement déjà dû se mettre au lit, préférant vivre cet instant seul dans son grand lit vide. Maëlys n'avait jamais compris cette excès d'auto flagellation que s'imposait son père. Elle avait le plus grand mal à côtoyer les lieux que sa mère appréciait de son vivant, alors dormir dans un lieu ou son âme devait certainement être  perpétuellement présente... Il fallait admettre qu'ils n'avaient pas trop le choix. Il leur était bien impossible de quitter cette maison qui représentait le seul bien de valeur que sa famille possédait. Bien sûr, ils auraient pu tenter de repartir pour une plus grande ville comme Léta ou Haran, son oncle y vivait et aurait pu les héberger le temps que son paternel se fît à nouveau une petite réputation en temps qu'apothicaire. Les grandes cité de ce genre ne souffraient pas trop de médecin supplémentaires. Seulement leurs vies était ici, et la tombe de sa mère resterait à jamais plantée derrière l'église de ce petit village. Quitter Izalia revenait à l'abandonner ici.

    Une fois entrées, Maëlys détecta immédiatement le petit courant d'air provenant du fond de la salle à manger. La fenêtre ouverte laissait entrer la fraicheur du vent nocturne, ce qui l'étonna. Bien que les soirées fussent plutôt agréable en cette saison, son père n'aurait sûrement pas laissé le vasistas ouvert sans être dans la pièce. Non pas qu'ils n'eussent pas confiance en leurs voisins, mais mieux valait être prudent, d'autant plus depuis que l'on parlait de personnes peu recommandables qui sillonnaient les routes.

— Papa ? demanda Maëlys qui ne décelait aucun autre bruit dans la petite maison.

    Survint alors le grincement subtil d'une porte que l'on ouvrait. Suivi d'un cri d'alerte qui retourna l'estomac de la jeune fille.

    Sans même réfléchir, elle grimpa quatre à quatre les escaliers jusqu'à l'étage, suivie de près par Sophie marmonnant d'une voix inquiète qu'il valait mieux aller chercher de l'aide. Mais la petite Maëlys n'en avait que faire. Son père était en haut, et en danger ! La raison aurait voulu qu'elle écoutât son amie, mais la panique empêchait toute réflexion plausible, la menant rapidement à l'étage où l'on pouvait voir une vive lumière violacée jaillir de la porte entrouverte de la chambre de son père. D'un réflexe mêlant son instinct de survie et une certaine naïveté, Maëlys s'empara du vase posté en décoration à côté de la porte, confection personnelle de feu sa mère, et entra arme au poing.

    Lumière vive, éblouissante. Il lui fallut un moment pour que sa vue se réadaptât. Derrière elle, Sophie criait à plein poumon. Elle aurait voulu lui dire de fuir, lui hurler qu'elle avait raison de vouloir chercher de l'aide, mais ses yeux restaient braqués sur la source lumineuse au centre de la pièce, à l'instar de son amie, comme hypnotisées. Face à elles, un être informe dont l'éclat semblait en constituer toute la substance se mouvait dans l'air comme un miasme éphémère et onirique. malgré sa couleur étincelante, la créature, la lueur, n'avait rien de bienveillant. Et elle s'avançait rapidement vers le père de Maëlys, prostré dans un recoin, le dos collé au lit et les jambes recroquevillées.

— Fuyez ! éructa-t-il d'une voix terrorisée. 

    Hélas, il ne put en rajouter davantage. La lueur s'empara de lui, l'enroulant de sa lumière tel un cocon protecteur. Il ne resta bientôt plus que le vide en lieu et place du paternel affectueux.

    Maëlys hurla sous la panique, la rage et le désespoir tandis que les événements prenaient tout leur sens dans son esprit. On lui ôtait son père ! Le seul être qu'il lui restait au monde, volatilisé comme sa défunte mère. Cela en était trop pour la petite. Elle courut vers la chose informe et immonde, vase levé telle une masse vengeresse d'un incroyable pathétisme.

    Peine perdue, on ne pouvait meurtrir l'impalpable, et Maëlys se jeta à corps perdu dans ses entrailles. Elle sentit à son tour la lueur l'envelopper de son être dans une chaleur insupportable qui parut s'insinuer en elle par chaque pore de sa peau, réduisant son être entier à une simple idée éparpillée au gré du vent, jusqu'à ce qu'il n'y est plus rien.

    Avant de s'évaporer, la petite Maëlys ressentit un léger sentiment de soulagement. Enfin, elle serait à nouveau auprès de sa mère.

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9 Comments

1 month
Ah je ne m'attendais pas à ce que tu fasses disparaitre le personnage !
L'intrigue est bien mystérieuse...

Au niveau du style, tu pourrais essayer de ne pas nommer les émotions mais de les décrire autrement en passant par les 5 sens par exemple ;)
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1 month
Bonne idée pour les émotions ! J'essayerai de y penser quand je le retravaillerai.
Merci pour ta lecture ! ❤️
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1 month
ce début d'intrigue me fait penser à ceux qu'on pourrait retrouver dans les récits d'horreur, mais le ton que tu lui donnes est sympa je trouve. La tension est là, mais sans pour autant créer l'angoisse. Je trouve que c'est agréable à lire. En tout cas, la fin de chapitre est parfaite pour pousser à continuer 👍
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1 month
Merci beaucoup ! Content de l'effet que ça donne. Merci pour ta lecture ! ❤️
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2 months
Je trouve qu'on a bien l'image et l'ambiance du village. La tension et l'intrigue est bien amené, avec les "disparitions", les sous entendus à la malédiction, puis la créature à la fin. Je ne m'attendais pas d'ailleurs à ce que cela se finissent ainsi. Du coup, je vois chapitre 1 mais je me demande presque si c'est la fin/fin ici, si tu vas poursuivre avec un autre narrateur ou si Maelys va revenir d'une manière ou d'une autre ^^
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2 months
Je voulais un premier chapitre assez fort, j'aime bien quand on entre vite dans le vif du sujet. Merci beaucoup pour ta lecture ! ❤️
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2 months
Une ambiance bien triste et morose pour ce premier chapitre, avec la grosse montée en tension à la fin. Je n’ai pas grand chose à dire parce que j’aime les histoires qui prennent le temps de se poser, et c’est le cas ici. Mais comme c’est un premier chapitre, s’il fallait faire une remarque, j’imagine que l’action pourrait être un tout petit peu accélérée pour accrocher plus rapidement les lecteurs ? J’ai repéré quelques petites coquilles, mais rien qui pique les yeux (que je peux signaler au besoin). Et sinon, je me demande si Maëlys a vraiment disparu de la même manière que sa mère ou le fils du maire ?
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2 months
La lenteur t'as dérangé ? Je voulais laisser le temps de poser le décor ici.

Merci beaucoup pour ta lecture en tout cas !
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2 months
La lenteur t'as dérangé ? Je voulais laisser le te...
Non, personnellement j’aime les récits qui prennent le temps de poser et le décor et l’intrigue ! Et j’aime le faire autant que possible aussi, mais, c’est le genre de remarque qu’on peut me faire parfois, d’où le « j’imagine ».
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